Chapitre 5.

« Albus, je ne sais vraiment plus quoi faire, je suis au bout du rouleau, soupira Minerva en avançant sa tour sur le plateau de l'échiquier. »

Le tableau de feu Albus Dumbledore observait le jeu, imperturbable. L'homme passait son index autour de sa bouche d'un air concentré, avant de prononcer un « fou en D5 » et de redresser enfin son regard vers sa collègue de toujours.

« Vraiment Minerva, vous semblez surprise de la situation.

_ Vous vous rendez compte Albus, que je les ai trouvé en train de se balancer des bouts de caoutchoucs dans tout le château avec des pistolets en plastique ? articula la professeur de métamorphose. Bien sur que je suis surprise, je suis même complètement consternée !

_ Qu'espériez-vous en les faisant cohabiter au juste ? demanda l'ancien directeur en redirigeant ses yeux vers l'échiquier. »

Minerva elle, se fichait désormais du jeu. Elle afficha une mine atterrée, se contentant d'une expiration brève. S'en suivit un long silence, qu'Albus brisa en faisant avancer sa reine.

« Mais enfin, Albus ! Je m'attendais à ce qu'ils se comportent comme des adultes. J'ai manqué de sauter de joie lorsque le nom de Miss Granger est sorti du choixpeau avec presque autant d'excitation que cet objet avait eu à m'envoyer chez les Gryffondors ! Le pire que j'aurais pu redouter aurait été de jouer le rôle de médiatrice pour les empêcher de s'étriper, mais voilà qu'à la place, ils s'entendent comme larrons en foire et que je me suis retrouvée à devoir spécifier cette ligne ridicule dans le règlement à propos des jeux moldus dans l'enceinte de l'école !

_ De ce que j'en sais, Severus a toujours été quelqu'un d'extrêmement introverti, au même titre que Miss Granger. Et saviez-vous, ce genre d'individus certes, obtus et maniaques du contrôle, ont eux aussi, besoin de souffler de temps en temps ? J'estime que cela était prévisible, étant donné que vous avez décidé de réunir deux véritables bombes à retardement dans la même pièce jour et nuit. »

Minerva leva les bras, interdite, avant de les laisser retomber le long de son corps. Albus se tourna alors de nouveau vers elle avec un espèce de sourire malicieux sur le visage.

« Imaginez depuis combien de temps Severus n'a pas eu l'opportunité de se laisser aller, par solitude, par dévotion pour sa mission. Et que dire à propos de Miss Granger, cantonnée aux allers retours entre la bibliothèque et ses quartiers, ne laissant rien ni personne pénétrer dans le petit monde sécurisant qu'elle s'est créé. Et je ne parle même pas du fait que Severus est un Serpentard aussi passionné qu'Hermione Granger puisse l'être envers sa maison. De ce que j'en ai appris durant ma carrière de directeur, ce mélange ne fait guère bon ménage.

_ Que voulez-vous dire ?

_ Que le courage et la fourberie alliés ensemble forment autant d'ennemis féroces que d'alliés redoutables. »

Comme pour ponctuer sa dernière affirmation, Albus avança son roi qui fit exploser la dernière pièce maitresse du jeu de Minerva, laquelle clôtura sur un échec et mat cuisant.

« Cela n'a rien à voir avec ça Albus, soupira la directrice.

_ Cela a tout à voir ma chère. Ces deux-là sont bien trop similaires, ne l'aviez-vous jamais donc remarqué ? »

Minerva fronça alors les sourcils, son regard fuyant vers un point invisible sur le mur devant elle.

Elle avait déjà eu l'occasion de visiter son collègue chez lui, une fois, et elle pouvait affirmer que sa bibliothèque pleine à craquer devait sans doute déborder autant, voir même plus encore que celle de Miss Granger.

Ils avaient en commun cet attrait similaire à l'art des potions, ce sens de l'attention, de la rigueur, de la discipline. Dans un sens, ils possédaient cette même intelligence si vaste, cette passion académique, ce talent certain pour tout ce qui touchait à la magie, mais aussi ce défaut à enterrer leurs émotions au plus profond d'eux-même sans compter sur leur difficulté commune à se mélanger aux autres. Bien évidemment, Hermione avait cette capacité que n'avaient personne d'autre à comprendre la peine et les difficultés rencontrées par Severus, ça ne faisait aucun doute. Il n'y avait qu'une personne dotée d'un fort sens de l'empathie pour le supporter. Après tout, durant la guerre, la jeune femme s'était elle aussi, sacrifiée pour la cause d'Harry, elle s'était oublié également. Il y avait même eu quelques épisode où elle avait fait preuve d'un certain sens de la mesquinerie, en enfermant cette pauvre Rita Skeeter tout un été dans un bocal par exemple, chose que Severus aurait été tout à fait capable de faire à bien y réfléchir.

Quand Minerva retrouva le regard d'Albus, elle portait l'étincelle de la réalisation dans ses pupilles. Albus se contenta ainsi d'hausser les épaules, désabusé.

« Ecoutez, vous allez me prendre pour une folle, chuchota-t-elle soudain, mais je crois même que je les ai interrompu durant une douche commune hier.

_ Une douche commune ?

_ Elle avait les cheveux mouillés, se pelotonnait dans son peignoir encore à moitié trempée, Severus est arrivé dans son salon d'un naturel déconcertant avec une petite serviette nouée autour de sa taille !

_ Connaissant Severus, je serais surpris par la possibilité qu'il se lance dans une relation de ce genre.

_ Mais, n'avez-vous pas justement dit qu'ils étaient extrêmement similaires, que leur compatibilité ne faisait aucun doute et que cela sautait aux yeux ?!

_ Oh bien sûr, je ne nie pas ça, spécifia Albus. Ce que je veux plutôt dire est que d'ici à ce que le pauvre Severus se rende compte de la relation qui se tisse entre lui et Miss Granger, il aura eu le temps de demeurer dans un déni tel que vous risquerez de vous rendre à leur mariage après que la pauvre sorcière ait pris sa retraite. »

Minerva prit une profonde inspiration, hésitante.

« Alors… vous voulez dire que je n'ai pas m'inquiéter, c'est cela ?

_ Je vous invite plutôt à observer la capacité surréaliste de votre collègue à nier la réalité avant qu'elle ne lui péte à la figure.

_ Mais, Albus… Ne devrais-je pas finir par l'aider enfin ? Ou alors tout arrêter ! Elle est encore son étudiante je vous rappelle.

_ L'aider ? Je croyais que vous ne vouliez pas qu'il se passe quoique ce soit, et Merlin, tant qu'elle restera son élève, je vous encouragerais sur cette voie Minerva. Quant à intervenir pour les séparer, je ne vous le conseille pas. »

La sorcière soupira de nouveau, et acquiesça. Puis, elle se déroba à sa séance de jeu d'échec avec le tableau d'Albus, dépitée et surtout, incertaine.

xXx

Snape tirait sa langue d'un air concentré, le souffle court et les muscles figés. Hermione quant à elle n'en demeurait pas moins tendue, et était accoudée sur ses genoux, le visage en avant, imperturbable.

La porte de ses appartements toqua, mais Hermione l'ignora royalement.

« Vous devriez y aller, finit par balancer Snape.

_ Et vous laisser gagner ? Plutôt crever.

_ Je gagnerais quand même. »

La porte émit de nouveau un bruit caractéristique qui la fit soupirer en plus de la déconcentrer un instant.

« Entrez ! cria Hermione, agacée. »

L'ouverture du tableau grinça alors, mais ni l'un, ni l'autre n'y prêtèrent attention.

« Quoi Ron ? finit par demander Hermione sans décoller son regard de l'écran.

_ Comment tu sais que c'est moi ? couina le garçon avec prudence.

_ Ta façon d'insister.

_ Qu'est-ce que vous voulez Weasley ? demanda Snape, d'une voix grave, mais ne détournant pas plus ses yeux de l'écran.

_ J'avais besoin d'aide pour aller chercher un manuel, mais… enfin, qu'est-ce que c'est que ça ?

_ Ça ne se voit pas ? ironisa Snape.

_ Attendez, c'est vous qui conduisez cette chose ?

_ Non, c'est le pape.

_ Comment avez-vous réussi à faire marcher de la technologie moldu à Poudlard ?

_ Vous posez toujours des questions comme ça ? On dirait Granger.

_ Hé ! »

Comme pour se venger, Hermione amena sa voiture virtuelle, une sorte de Lamborghini noire aux jantes argentés s'éclater contre le flanc de la Ford mustang jaune pétante de Snape dont la peinture s'éclata contre les protestations de ce dernier.

« Cassez vous ! Beugla-t-il en paniquant autour de son joystick.

_ C'est le jeu, vous croyez que je vais vous laisser gagner peut-être ?

_ Je peux jouer ? intervint Ron.

_ Non, balancèrent Hermione et Snape d'une même voix. »

Le rouquin leva un sourcil, puis se mit à regarder cette course de voiture avec attention, guidant à demi mot Snape qui, bien qu'il se soit bien défendu, termina 3ème.

Il pesta lourdement en soufflant, agacé, avant de reposer la manette sur la table.

« Je suis sure que vous vous êtes entrainé ! accusa Hermione.

_ Ah oui ? demanda-t-il innocemment. Et quand est-ce que j'aurais pu faire ça dites-moi ?

_ Le mardi. Vous finissez à 15h et bizarrement, vous êtes toujours ici quand je rentre.

_ Mais je suis toujours ici de manière générale je vous signale.

_ Oui, et étrangement, ça fait 3 jours que vous jouez beaucoup mieux.

_ On supporte mal la défaite Granger ?

_ Vous devriez organiser un tournoi, je suis sure que des gens parieraient sur vous, lâcha le sorcier derrière eux. »

Snape fronça soudain les sourcils, tournant les yeux vers Ron avant que Hermione et lui ne se regardent de nouveau avec un drôle d'air.

« C'est une mauvaise idée, trancha-t-elle.

_ Vous plaisantez j'espère ? Vous connaissez très bien le prix du gagnant, ça en vaut largement la peine.

_ Forcément, vous avez le temps de vous perfectionner, vous !

_ Je peux inviter des gens ? intervint de nouveau Ron sans qu'ils ne l'écoutent.

_ Au moins, il y aura des témoins, impossible de nier.

_ Ce sera quoi les prix ? demanda Ron d'un air intéressé.

_ Elle regardera l'Exorciste jusqu'au bout, lança Snape dans sa direction d'un air défiant.

_ Vous savez que je déteste les films d'horreur. Non, je préfère Black Mirror.

_ Hors de question, trancha Snape. Elle m'a fait regardé le premier épisode, elle m'a obligé ! Vous savez ce que c'était ?

_ Le quoi ? demanda Ron, totalement perdu.

_ Le gars s'est envoyé en l'air avec un cochon, balança Snape sans tenir compte de la question du rouquin.

_ Oh ça va, balança Hermione d'un air désabusé. La suite est meilleure.

_ Comment diable pouvez-vous dire une chose pareille ? Cet homme a finit par baiser une putain de truie en direct à la télé, vous êtes marteau ! »

Ron observa leur échange comme il le ferait d'un match de tennis, réalisant qu'ils ne le remarquaient même plus.

« Très bien, finit-il par s'agacer. Je vous donne une semaine, 1h tous les soirs pour vous entrainer, et je vous lamine pour qu'on puisse enfin finir le film.

_ Mais j'ai peur ! protesta Hermione d'une voix réellement effrayée.

_ Oh je vous en pris, s'agaça-t-il en levant les bras au ciel. Seigneur tout puissant, donnez-moi la force de supporter cette froussarde une seconde de plus ! »

Ron ne put s'empêcher de pouffer un peu. Il repartit ainsi en « notant » mentalement le jour présumé de ce « tournoi », réalisant, une fois revenu avec Harry, qu'il avait complètement oublié de supplier Hermione de l'accompagner à Pré Au Lard.

xXx

Snape mangeait paisiblement à la table des professeurs, ignorant les remarques bizarres de Minerva sur le fait qu'il ait acquis « bien plus d'appétit ». Qu'elle se mêle de ses vieilles fesses ridés, avait-il pensé, tout en niant totalement le fait que Granger s'amusait à lui ramener du fast food tous les quinze jours.

Distraitement, le maître des potions écoutaient les conversations de ses collègues portant sur une chose aussi banale que la météo de cette fin d'automne plutôt clémente avant qu'il ne se fige.

« Filius, rassurez-moi à propos d'une chose : quelle date sommes-nous ?

_ Le 22 si je ne dis pas de bêtises.

_ Quoi ?! beugla Snape. »

Effrayé, l'homme jeta un coup d'oeil aussi discret qu'atroce vers Hermione, avant de commencer à manger à une vitesse ahurissante.

« Dinky ! se mit-il à appeler avec frénésie tout en chuchotant néanmoins le prénom de l'elfe compulsivement, ce qui attira l'attention du professeur de sortilége ainsi que de la directrice.

_ Monsieur m'a appelé ? demanda l'elfe en apparaissant discrètement.

_ Vous avez bien un restant de ce gâteau au chocolat ignoble dans les cuisines n'est-ce pas ?

_ Dinky s'excuse monsieur Snape, mais il n'y en a plus.

_ Quoi ? Qui a tout mangé ? gronda-t-il d'une voix sombre. »

L'elfe parut totalement perdu, et devant son air, Snape s'accrocha au bord de la table avec hargne, le regard noir.

« Severus, vous détestez le chocolat, releva Minerva, usée.

_ Je crois que vous ne réalisez pas l'urgence de la situation Minerva. Nous sommes le 22 voyez-vous, le putain de 22. Ce qui veut dire que je dois faire une réunion de crise pour survivre comme je me dois de le faire durant environ 4 jours tous les mois.

_ Je crains de ne pas comprendre, balança Filius.

_ Et moi, je crains que si, balança Minerva en soupirant. Vous exagérez surement, comme d'habitude.

_ Moi j'exagère ? Si je ne ramène pas du sucre à Granger, je suis mort d'accord ? Vous connaissez la définition de ce mot ? Je préférerais encore assister à une réunion chez Malfoy sous couverture avec feu le seigneur des ténèbres derrière mon épaule durant une nuit toute entière plutôt que d'affronter Hermione Granger sans que je ne puisse lui balancer des carrés de chocolat depuis l'autre bout de la pièce pour la calmer.

_ Vous faites vraiment ça ? demanda Filius. A sa place, moi aussi je vous tuerais.

_ Ça tombe bien, vous n'êtes pas à sa place, ni à la mienne. Dinky ! Prenez des notes.

_ Euh oui, d'accord, bafouilla l'elfe.

_ Vous allez au McDo d'à côté, vous me ramenez un big mac, vous me ramenez un McFlurry double nappage caramel, une boite de 20 nuggets, un milkshake à la vanille et une énorme part de brownie. Ensuite, vous vous démerdez pour trouver cette chose horrible qu'elle aime, je crois que c'est un espèce de chocolat noir à la menthe, écoutez. Peu importe combien ça coutera, prenez tout ça et ramenez les maintenant dans nos quartiers, sinon je préfère encore retourner me noyer dans les cachots. Oh et seigneur, faites disparaître Conjuring du lecteur DVD, sinon je vais finir par gagner ma carte de membre permanente au club des Chausseurs sans tête. Mettez une connerie à la place, genre Dirty Dancing. »

Filius leva un sourcil, avant de voir Snape donner précieusement un tas de gallions à l'elfe, lui tenant la main au passage, fixant son regard dans le sien en balançant un dramatique « bon courage ».

« Allons bon Severus, vous êtes l'homme le plus radin que je n'ai jamais rencontré, souleva soudain le professeur Chourave d'un air décontenancé. Qu'est-ce qui vous prends ?

_ Je tiens à la vie.

_ Hé bien, c'est une drôle de façon de le dire, mais moi je trouve ça très mignon, balança Pompom.

_ Mignon ? Elle a dit mignon, balança Snape, désabusé.

_ Oui regardez ça, en plus vous avez pris des joues, ce qui signifie que vous préférez passer du temps à vous goinfrer avec Miss Granger plutôt que d'arpenter les couloirs nuits et jours pour traquer les élèves, sans compter sur le fait que vous lui ramenez des tonnes de nourriture pour lui faire plaisir.

_ J'ai dis que c'était pour survivre ! Pour ce qui est de mes joues, sachez que je mange pour oublier mes problèmes.

_ Si vous le dites, balança Minerva en retournant à son assiette.

_ Oh mais qu'est-ce que vous croyez à la fin ? Bien sur, durant ces jours, je fais en sorte de remplir les appartements de sucre, mais n'allez pas imaginer autre chose. Etant donné que le meurtre d'élève est interdit, je me contente de l'insulter si elle dépasse les bornes et parfois, je me venge en piégeant ses fringues ainsi que la robinetterie de la douche. Et n'allez pas imaginer que je lui laisse le lit, plutôt mourir.

_ Je retire ce que j'ai dis, soupira la professeur de botanique. »

Snape grogna comme un animal avant de se lever pour s'en aller sous le regard un poil désabusé de ses collègues le prenant pour un véritable goujat sans qu'il n'en ait rien à faire.

Lorsqu'il parvint jusqu'à ses quartiers, il pencha la tête vers le canapé dans lequel Hermione était prostrée.

Snape s'approcha ainsi prudemment d'elle, avant de s'agenouiller pour être à sa hauteur.

« Ça va ? lui chuchota-t-il. »

Hermione renifla et se passa un mouchoir sous le nez avant de secouer la tête, le bras tenant son ventre et les yeux humides.

« J'ai demandé du fast food à Dinky, lui glissa-t-il.

_ C'est vrai ? minauda-t-elle en relevant le visage vers lui.

_ Vous avez pris des antidouleurs ?

_ Oui, mais ça ne passe pas, grimaça-t-elle. »

Snape soupira. Il se glissa au bout du canapé, et la laissa poser ses pieds sur ses genoux avant qu'il ne se mette à les masser.

« Vous êtes trop gentil avec moi, gémit-elle.

_ Je vous ai gueulé dessus hier. Et je viens de faire croire à tout le monde que vous étiez une hystérique pendant vos règles. Il ne manquerait plus qu'ils s'imaginent des choses. »

Hermione ne l'écoutait pourtant plus, terrassée par la douleur irradiant son bas ventre. Elle se prostra plus encore, et ne mangea que sous l'insistance de Snape après que Dinky lui ait tout ramené comme convenu.

Allant se coucher à reculons, ce soir-là, l'homme fixait le plafond en soupirant, en proie à une terrible insomnie. Il tourna la tête pour distinguer l'ombre de la jeune femme, allongée en position foetale, et frissonnante de douleur, surement aussi de froid. Il avait peut-être joué à l'insensible devant ses collègues pour garder la face, mais nul doute que la vérité était tout autre.

Il savait depuis le temps que chaque cycle de la jeune femme était extrêmement désagréable et éprouvant pour elle. Elle en était si fatiguée qu'il avait lui-même pris l'initiative de la gaver de sucre durant ces quelques jours par mois. Trop usée pour protester, elle n'était en réalité, en rien désagréable avec lui, demeurant surtout triste et douloureuse, ainsi qu'extrêmement frileuse. Alors, il faisait en sorte de lui ramener des potions, quelques médicaments moldus sans grands effets ainsi qu'un plaid supplémentaire qui ne servait pas plus, sans compter sur son intention d'être le moins casse pied possible, ce qui lui était bien plus salutaire qu'il ne voudrait bien l'admettre.

« Il faut que vous dormiez, lui glissa-t-il en un chuchotement concerné.

_ Désolée, mais j'ai trop mal pour ça, gémit-elle.

_ Vous avez cette fichue bouillotte avec vous au moins, rassurez-moi ?

_ Figurez-vous que je l'ai perdu.

_ Mais vous auriez pu me le dire, protesta-t-il soudain.

_ Je n'avais pas envie de vous embêter.

_ La petite leçon du début de notre colocation ne vous a visiblement pas servi Miss Granger. »

Hermione ne répondit pas, se contentant d'un soupir. Snape ferma ainsi les paupières, attendit, compta jusqu'à 50, mais rien à faire.

Il avait malheureusement remarqué qu'à force de dormir avec la jeune femme, son sommeil s'était calé au sien et que si elle ne dormait pas, il en demeurait de même pour lui, à son plus grand désarroi.

« Hermione, j'espère que vous ne m'en voudrez pas pour ça.

_ Pour ça quoi ? »

Snape soupira et se tourna pour se blottir contre son dos, l'entourant de son bras afin que sa main se pose sur son ventre.

Hermione sursauta, les yeux ronds.

« Qu'est-ce qui vous prends ? se figea-t-elle.

_ Vous êtes toujours en train de vous plaindre que je suis un radiateur ambulant. Désolée, mais si vous ne dormez pas, je ne dormirais pas non plus, ce qui signifiera que je serais encore plus infect que d'habitude demain. Vous voulez en être responsable ? »

Sa voix se percutait dans son thorax et, de facto, le long de sa colonne à elle. Hermione ferma les yeux et soupira d'aise, tout en discrétion néanmoins. Elle avait souvent froid la nuit, et ses pieds étaient gelés. Passée les premiers instants de gêne, elle les laissa un peu couler le long de ses jambes bien plus chaudes et respira un peu, car ses mains posées sur son ventre soulageaient un peu ses douleurs.

« Je suppose que non, soupira-t-elle.

_ Supposez-bien, oui. »

Hermione ne put s'empêcher de sourire, soufflant son amusement par une expiration légère par le nez. Sans le réaliser tout à fait, Snape passa lentement son pouce sur sa peau, et le mouvement de ce dernier la berça tant et si bien que ses dernières résistances cédèrent et qu'elle s'endormit ainsi en à peine quelques minutes.

Lorsqu'elle se réveilla, ce ne fut qu'au petit matin. Elle s'était tournée vers Snape qui avait à présent son bras enroulé autour de sa taille alors qu'elle avait l'oreille posée sur ton torse ainsi que sa jambe entre les siennes. Hermione prit une profonde inspiration, se retournant de l'autre côté du lit, mais il suivit son mouvement et grogna au passage en reprenant la même position que celle dans laquelle ils s'étaient endormis. A sa respiration, elle jurerait qu'il dormait encore. D'avance, Hermione éteignit son réveil.

Snape finit par émerger, non parce qu'il le fallait, mais parce qu'il aurait bel et bien juré entendre les cloches habituelles sonnant le début de la classe.

« Quelle heure il est ? demanda-t-il à semi conscient. »

Hermione ouvrit soudain les yeux, et se leva d'un bond.

« Oh mon dieu, habillez-vous, vite !

_ Quoi ? »

Grimaçant, le maître des potions se tourna vers le réveil de la jeune femme et en fit tout autant lorsqu'il vit quelle heure il était.

Ayant raté une rangée de boutons pour l'un, et mis sa cape à l'envers pour l'autre, Hermione et Snape avaient du mettre une dizaine de minutes tout au plus à se vêtir pour se rendre tout deux dans la même partie du château, à savoir la salle sur demande, réaménagée occasionnellement pour accueillir les cours de potions dans un confort bien rudimentaire d'ailleurs.

« On est ridicule, ridicule, répéta Snape, hors de lui, alors que la jeune femme peinait à suivre la cadence de ses pas.

_ Désolée, je dormais bien, se plaignit-elle.

_ Ce n'est pas une raison enfin, je ne suis jamais arrivé en retard à un cours depuis le début de ma carrière.

_ Ça vous arrive sans arrêt pour les réunions.

_ C'est différent, protesta Snape, désabusé. Minerva me gonfle, et les fauteurs de trouble à l'origine des dites réunions, vous savez très bien ce que je voudrais leur faire au lieu de discuter de leur sort autour d'une table, forcément que j'y vais à reculons.

_ C'est bon, heureusement que vous êtes avec le professeur Slughorn, il a du assurer en attendant que vous arriviez, tenta de relativiser Hermione en attachant maladroitement ses cheveux qui, d'ordinaire, étaient bien mieux coiffés. Et attendez. »

Hermione le fit tourner vers elle avant qu'il n'ouvre la porte, pointant sa baguette sur son visage.

« Il ne manquerait plus que vous vous pointiez avec la marque de l'oreiller sur la joue, vous imaginez, gronda-t-elle, les yeux ronds.

_ Rassurez-vous comme vous le voulez.

_ Qu'est-ce que vous voulez dire ?

_ Que nous arrivons en retard d'un bon quart d'heure au premier cours de la matinée, bien évidemment en même temps, avec notre bonne vieille tête du matin et que nous arrivons ensemble. Concluez-en ce qu'il faut avant que d'autres ne le fassent à votre place. »

Hermione fronça les sourcils avant de soudain, afficher un regard d'horreur. Snape se contenta d'acquiescer gravement, avant de mettre sa main sur la poignée de la porte, mais Hermione l'en empêcha juste à temps.

« Vous rigolez, chuchota-t-elle. J'y vais d'abord, vous attendez cinq minutes.

_ Hors de question, trancha-t-il. Je ne peux pas faire ça, mais vous, si.

_ Si je fais ça, vous allez me retirer des points dés que j'arriverais, vous le faites sans arrêt.

_ C'est pour la bonne cause.

_ Elle a bon dos la bonne cause, fulmina-t-elle.

_ D'accord, s'agaça-t-il. Je vous retire 5 points, mais Horace vous en redonnera forcément si je vous laisse la parole pour répondre à quelque chose.

_ Ça me paraît un peu déloyal.

_ Hermione, mais faites un effort bon sang ! »

Mais soudain, la porte s'ouvrit sur nul autre que Slughorn qui les dévisagea soudain avant de lever les sourcils et que sa bouche ne forme un o en une expression surprise presque cartoonesque.

« Severus ? Moi qui commençait à m'inquiéter.

_ Nous résolvions un problème avec Minerva qui nous a fait demandé à la dernière minute, improvisa le sorcier. »

Hermione se figea, et afficha un espèce de rictus crispé. Discrètement, le sorcier lui envoya un coup de pied mais elle resta stoïque.

« Etrange, elle ne m'en a pas parlé tout à l'heure.

_ Nous avons eu un problème, enfin, vous connaissez bien les soucis de plomberie. Un classique, je ne vais pas vous faire un speech supplémentaire qui nous planterait dans ce couloir 10 minutes de plus n'est-ce pas ? J'espère que vous avez réussi à tenir la classe tout ce temps seul Horace, enfin. Ce n'est pas une mince affaire, nous continuons sur l'étude des potions d'Amnésie ? »

Snape entra ainsi dans la salle avec un naturel déconcertant, et Hermione le suivit, mal à l'aise, jusqu'à s'asseoir au bord d'une paillasse en évitant les regards de ses camarades. Elle se racla la gorge, avant que Harry ne se penche vers elle d'un air suspect.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-il en un murmure.

_ J'ai éteins le réveil et je me suis rendormie.

_ Oh d'accord. »

Harry reprit sa position, avant de froncer les sourcils dans le vide.

« Attend, commença-t-il. Attend, ça veut dire quoi ça ?

_ C'est compliqué.

_ Vous avez le même réveil ? demanda le survivant, éberlué.

_ J'ai dis que c'était compliqué, Harry.

_ Vous ne partagez pas la même chambre tout de même, ricana-t-il tout bas. »

Hermione prit une profonde inspiration, et continua de suivre le cours d'un air imperturbable, sans répondre à la « blague » de son meilleur ami. Ce dernier perdit alors tout à coup son précieux sourire face à son mutisme.

« Vous dormez dans la même chambre ?! s'exclama-t-il d'une voix basse, outré.

_ Chut enfin ! s'agaça Hermione d'un regard rond. Ça se voit que tu n'as jamais dormi une nuit entière dans le canapé, ça devenait ingérable, met-toi deux minutes à notre place, gronda-t-elle les dents serrées. D'autant plus qu'il n'y a qu'une chambre dans mes quartiers, nous n'avions pas le choix.

_ Il ne manquerait plus que tu me balances que vous partagez le même lit aussi. »

Hermione ferma alors soudain la bouche, avant de se racler la gorge nerveusement.

« Ne sois pas ridicule, lâcha-t-elle, la voix chevrotante. »

Harry arrondit le regard avant que des mains ne se plaquent rudement sur sa paillasse.

« Potter ! Pourquoi êtes vous le seul à ne pas prendre de notes et, de surcroit, à déranger vos camarades avec vos babillages inutiles ?! »

Le survivant prit une inspiration et se figea plus encore en sentant d'ici cette odeur subtile de shampooing à la pêche qu'il ne connaissait que bien trop… Pour l'avoir déjà senti sur les cheveux d'Hermione Granger.

Le garçon resta ainsi sans voix, et Snape lui retira placidement 10 points avant de revenir sur son cours.

xXx

Les journées tout comme les nuits s'enchaînèrent, et se ressemblaient pour cette fois. Ce ne fut qu'au début du mois de février qu'enfin, Hermione passa une soirée seule.

Ce fait était assez rare pour être souligné, après tant de semaines de cohabitation forcée.

Snape avait assisté à une réunion interminable, puisque les vacances de printemps s'apprêtaient à arriver. Ainsi, il avait du boucler ce premier trimestre ainsi que le bilan fait sur les étudiants. Peu habituée à faire face à des quartiers déserts désormais, Hermione y avait erré comme une âme en peine.

Oh, au début de cette soirée, elle avait été ravie, mais bien vite, un sentiment puissant de solitude s'était emparée d'elle. Plus rien ne semblait avoir de saveur, les livres comme les émissions télé, les jeux vidéos, comme les cours, les sucreries comme son sempiternel jeu d'échec moldu.

Alors, elle était sortie s'aérer l'esprit, cherchant Ron, Harry, Ginny voire même Luna partout dans le château, en vain. Elle avait fini par rentrer dans ses quartiers, et avait profité de ce temps pour réfléchir.

Désormais, sans les Weasley, sans ses amis, elle risquait de finir le plus souvent seule, comme ce soir. Et ce constat lui avait fait bien plus de mal qu'elle ne l'avait imaginé. Elle s'était détesté ! Comment avait-elle pu être si… passive face à cet état de fait ?

Bien sur qu'elle ne resterait pas toute sa vie à Poudlard. Elle finirait sans doute par trouver un poste de gratte papier quelque part, avant de gravir les échelons. Mais avant, elle se trouverait un appartement, sans personne pour l'accompagner. Car Ron avait sa famille, Harry avait Ginny, et elle… Personne. Sans pour autant ajouter qu'il lui était de plus en plus douloureux de passer toutes ses vacances chez les Weasley.

Elle les adorait, aucun doute là dessus, mais cet esprit de famille la renvoyait vers une douleur bien trop présente, celle de ses parents qui demeuraient si loin, et qui étaient toujours sous le coup du sort d'amnésie qu'elle leur avait lancé durant la guerre. Oh, elle avait déjà la contreformule, mais n'avait pas vraiment trouvé le temps ni l'énergie pour s'en occuper. Depuis la fin de la guerre, il lui était devenu assez difficile de se trouver du temps libre, entre la reconstruction de l'école, les cours, l'ampleur médiatique de la fin de Voldemort, sans compter sur son implication bien sûr à la guerre ainsi qu'à tout le reste. Puis, il y avait eu son histoire avec Ron qui avait été si compliquée à gérer.

Dire qu'ils avaient accompli le miracle de rester amis après tout ça… Leur idylle n'avait pas duré bien longtemps et dans le fond, c'était un peu prévisible. Ron avait attiré son attention durant son adolescence, peut-être oui, mais une fois adulte, le poids des responsabilités et des différences avaient mis à mal ce début d'histoire. Au moins, elle avait eu la lucidité de tout arrêter avant qu'ils ne réalisent leur incompatibilité trop tard. Ainsi, tout avait été préservé, pour le bien d'Harry qui enfin, ne se trouvait plus sans cesse entre eux.

Dans tous les cas, tout cela couplé de surcroit, par l'arrivée fracassante de Snape dans son quotidien avait bousculé plus d'habitudes dans son existence que sept ans de tumultes ainsi qu'une année entière passée en tant que fugitive.

Hermione songea à tout cela une fois allongée dans son lit, seule. Et ne sursauta même pas lorsque la porte de la chambre s'ouvrit doucement plusieurs heures plus tard.

Comment une réunion avait-elle pu prendre quatre heures à se dérouler au juste ? La jeune femme était partagée entre tristesse et colère, joie et ressentiment. Elle lui en voulait de l'avoir laissé comme ça. Et c'était vraiment idiot de sa part, elle le savait.

Snape s'avança prudemment jusqu'au lit, mais au lieu de l'enjamber pour reprendre sa position, elle sentit sa main se poser sur son bras. Hermione eut un mouvement de recul réflexe, et Snape grogna. Lui qui n'avait fait ce geste que pour la réveiller un peu plus en douceur.

« Qu'est-ce que vous voulez, marmonna-t-elle.

_ Je vous ai cherché partout.

_ J'étais là, lança-t-elle d'une voix monotone.

_ Je pensais que vous étiez au match préparatoire de la coupe, il s'est terminé encore plus tard que ma réunion.

_ On ne m'y a pas invité, marmonna-t-elle.

_ C'est ce que j'ai cru comprendre quand je ne vous ai pas vu dans les gradins lorsque j'ai été réprimandé le score lamentable de l'équipe de ma maison… »

Hermione ne répondit que par un soupir. Oui, il fallait définitivement qu'elle s'y fasse.

« Je m'attendais à vous voir dans le salon, lâcha-t-il.

_ Arrête de tourner autour du pot, répondit Hermione d'une voix toujours aussi trainante. Je me demande ce que vous attendez pour me charrier.

_ A quel propos ? »

Hermione se redressa un peu sur ses coudes et fixa difficilement Snape dont la silhouette se fondaient dans l'obscurité.

« Qu'est-ce que vous avez pris pour ôter tout sarcasme de votre bouche ? demanda-t-elle avec suspicion.

_ J'ai quelque chose à vous demander. »

Hermione soupira enfin de lassitude en se laissant tomber lourdement sur le matelas.

« J'en étais sure.

_ Ecoutez ce que j'ai à vous dire avant de grogner comme un ours mal léché, sinon je change d'avis.

_ Qu'est-ce que vous voulez ?

_ Qu'avez-vous de prévu durant les vacances de printemps ?

_ Quoi ? demanda-t-elle les sourcils froncés. »

Snape se racla la gorge, mal à l'aise.

Pour lui, la soirée n'avait pas été de tout repos également.

La réunion avait duré bien trop longtemps, sans compter sur le fait que les directeurs de maison avaient été conviés à assister à la fin des préparatifs pour le dernier match de Quidditch de la saison.

Autant dire que Snape s'était ennuyé comme un rat mort, mais le problème n'était pas tant venu de là.

En réalité, Minerva l'avait pris à part durant près d'une demi heure après tout cela afin d'avoir une « discussion » autour d'une tasse de thé. La directrice avait passé du temps à parler de sa cohabitation avec Granger, en toute innocence dans un premier temps. Puis, elle avait fini par fatalement lui glisser insidieusement qu'il restait son professeur, quoiqu'il en soit.

Bien sûr, Snape avait rétorqué qu'il ne pouvait assurer ce rôle constamment dans ces conditions et qu'à fortiori, cela ne devrait pas représenter tant que cela de problème étant donné que Granger n'était notée que par Horace, mais Minerva s'était montrée plus intransigeante malgré ce point.

Concernant les vacances scolaires et supposant que Miss Granger les passeraient à Poudlard ou encore en Australie, Minerva avait pris la décision de proposer une bien étrange escapade à son collègue. Ce dernier la soupçonnait de n'avoir fait cela que pour l'éloigner du château et laisser la jeune femme souffler en dehors de sa présence.

« Je vous explique la situation. Minerva s'est mit en tête de m'envoyer à l'autre bout de l'Europe pour aller récupérer une commande pour un nouveau saule cogneur. Entendez que la guerre a bien trop fragilisé celui présent dans la cour et que le pauvre est en train de mourir. De plus, elle souhaitait que je ramène d'autres plantes possiblement interessantes à enseigner aux étudiants. »

Hermione fronça les sourcils, avant de s'asseoir définitivement dans le lit, l'air interrogatif.

« L'affection que vous portez à cet arbre me dépasse. Cependant, je me posais deux questions essentielles.

_ Quelle surprise, lâcha Snape, laconique.

_ La première : pourquoi est-ce que le professeur McGonagall ne fait pas venir cet arbre d'elle-même jusqu'à Poudlard ?

_ Parce que, soupira Snape en la poussant pour prendre place plus confortablement à ses côtés. La sécurité du château a été renforcée. En dehors des professeurs et des étudiants, plus personne n'est autorisé à pénétrer dans l'enceinte ni dans les alentours, y compris Pré-Au-Lard. Un arbre de cet envergure coutant relativement cher, elle ne peut pas envoyer n'importe qui sur place.

_ D'accord, mais pourquoi vous et quel est le rapport avec mes vacances ? demanda Hermione.

_ Je n'ai aucune vie sociale décente. »

Hermione ne put s'empêcher de pouffer de rire.

« Vous vous moquez, mais vous non plus je vous signale, accusa-t-il. Et comme vous êtes passée experte dans l'art des sorts d'extension.

_ Attendez, vous voulez que je vienne avec vous ? »

Snape souffla dans sa bouche, le faisant gonfler ses joues avant qu'il ne hausse les épaules. Mais il ne vit même pas le regard illuminé d'Hermione.

« Disons que je ne voulais pas partir… seul, le soucis étant que je suis majoritairement seul dans ma triste et misérable existence.

_ Où est-ce que c'est ? demanda Hermione avec intérêt en repliant ses jambes sous elle.

_ En Italie, dans un village proche de la côte. Minerva m'a confié posséder une maison sur place qui aurait appartenu à une de ses connaissances qui le lui aurait légué. J'ai un mauvais pressentiment là dessus, je le sens moyennement.

_ Pourquoi ?

_ Elle a des gouts désastreux. »

Hermione pouffa un peu avant de poser sa joue sur ses genoux, retrouvant le sourire aux lèvres.

« Dites-moi que vous allez m'y accompagner par pitié, murmura Snape d'un air suppliant. Ce qu'elle fait s'apparente à un exil pur et simple.

_ Ce sont des vacances, vous exagérez, appuya Hermione. Mais je viendrais. Je viendrais même avec plaisir… »

Snape ne put s'empêcher de soupirer de soulagement, ce qui fit rire Hermione.

« J'ai juste une question : est-ce qu'elle est d'accord avec le fait que je vous y accompagne ?

_ Parce que vous croyez vraiment que je lui en ai parlé ? demanda Snape d'un air fatigué. Si je le fais, elle va me gonfler avec ses questions insupportables.

_ Du genre ?

_ Du genre « pourquoi avez-vous soudain décidé sur une lubie d'embarquer Miss Granger avec vous alors que vous cherchiez à tout prix à éviter de vivre avec elle en colocation i peine trois mois de cela ? »

_ A vrai dire c'est plutôt une excellente question, souleva la jeune femme.

_ Oh vous n'allez pas vous y mettre vous aussi. »

Hermione ricana de nouveau, avant de se secouer la tête. Elle resta silencieuse en se pinçant la lèvre. Elle rougissait en observant ses mains avant de diriger de nouveau ses yeux vers Snape. Elle avait tellement envie de le remercier pour avoir pensé à elle qu'elle ne songea même pas à la bizarrerie de la situation.

« Bon, levez-vous, on doit tout préparer.

_ Quoi, maintenant ?!

_ Oui, maintenant, insista Snape. Je n'ai pas envie de trainer, et Minerva a activé un portoloin que vous devrons prendre demain matin à sept heures. J'ignore si c'est légal de faire lever les gens de si bonne heure, mais que voulez-vous. »