Chapitre 373 : Mindless self indulgence
"La forme, Lévichoute ?"
"Bah oui. Je m'éclate avec le démon Michaelis. Merci pour le cadeau, Lune !..."
"Tu me l'as juste piqué, je te rappelle. En aucun cas je te l'ai cédé."
Je ris. "Pas faux."
"Alors avec Livaï et Sebastian j'ai laissé filé mais jamais, ô grand jamais, tu ne t'aventures à lorgner du côté de Al-chou !..."
"Sois tranquille."
"Ouais, tu dis toujours ça. Mais euh... j'aimerai quand même savoir... qu'est-ce qui te plaît autant chez Sebastian ?"
"D'être de la même souche ?... D'apprécier les mêmes jeux pervers ?..."
"OK, c'est bon, j'ai compris, pas la peine d'entrer dans les détails."
"Tu mens souvent ?..." tête reposant sur son torse après l'amour, m'amusant avec les doigts de sa jolie main au dos marqué du sceau.
"Presque par principe." sur un petit sourire. "Le seul qui soit épargné par la tactique demeure mon maître puisque cette règle fait partie de notre pacte. Je ne peux certes plus proférer de mensonges en sa présence... par contre, rien ne m'empêche d'utiliser la manipulation classique pour parvenir à mes faims." changeant volontairement le terme. "Lorsque je me serai nourri de son âme... je vous reviendrai plus affamé encore que je ne le suis actuellement."
"Affamé de sexe ?..."
"Assoiffé dans ce cas. Le sexe demeure une véritable liqueur à mes sens. Et c'est bien la première fois, de ma longue existence, que je le pratique sans arrière-pensée. Pour mon seul et unique plaisir. Et cela change diablement la donne."
"T'aurais-je converti à ma religion, démon ?..." amusée.
"Totalement." perdant les doigts de l'autre main dans ma chevelure basculée du côté de son flanc. "Je me laisserai crucifier pour une nuit avec vous."
"Tu blasphèmes."
"Apologies." n'en croyant pas un mot.
Je roule sur le ventre, m'en approchant, tenue sur les coudes, avisant sa bouche que je prends avec gourmandise. Nos langues se saluent immédiatement, dans et hors des cavités.
La sienne... par Hadès, quelle agilité !...
"Pourtant... tu n'es pas à moi..."
"Me pousseriez-vous au vice de courir deux lièvres à la fois ?..." amusé par mon syndrome de possession.
"Je sais que cela heurte ton esthétisme."
"Cela tient au fait que je sois devenu gourmet plutôt que gourmand."
Je le cherche de la main sous le drap immaculé, le flattant de quelques caresses, pouce à l'appui sur son frein sensible, le faisant tressaillir. La fameuse bien nommée trigger zone.
"Ton grain de peau est fabuleux, Michaelis..." cherchant sa peau pour en goûter la saveur exquise.
"Puis-je me permettre un retour de compliment ?..."
Je lui souris.
"Je ressens davantage le plaisir que peuvent éprouver les hommes en se retrouvant entre vos mains."
Je glisse plus bas, avisant son sexe qui rigidifie, me concentrant, de la pointe de la langue sur le frein, faisant le tour de la couronne ultra-sensible, le faisant se tendre d'un seul tenant, érection gagnant jusqu'à son accomplissement.
"There."
Petit rire. "Use it."
"At your command, Sir." me soulevant pour l'insérer lentement. Très lentement...
"Haaaah... God, yes !... Inch by inch..."
Religieux, vous dis-je !...
"Je note que tes infidélités ne nuisent pas à ton service." grimace Earl.
"Je vous remercie de m'en faire la remarque, young Master." sur une légère courbette en avant.
"Tu n'as aucun mérite. Redescends."
Petit sourire. Earl a beau être jeune... son insolence tient des adultes.
"Pas aussi irréprochable que cela puisque vous avez noté mes absences malgré le soin que j'y apporte pour les camoufler." s'autoflagelle Sebastian.
"Rassure-moi, tu ne vas pas renier tes principes esthétiques ?" sirotant un thé de prestige.
"Rassurez-vous. Je n'ai guère revu mes exigences à la baisse dans le domaine."
"Tu dois m'assurer la revanche. Ensuite tu te nourriras de mon âme. Puis tu seras libre."
L'aplomb avec lequel ce jeune garçon décrète cela remue toujours Sebastian. D'autres humains se feraient dessus ou prendraient la fuite... lui pose simplement les choses. Quel aplomb pour un humain d'à peine treize jeunes années !...
Je m'avance, sur les genoux, passant les bras de part et d'autre de ses épaules, les nouant sur le devant, placée dans son dos, langue cheminant dans sa nuque en partie dégagée, le faisant frissonner de délice.
"Il n'y a définitivement rien à jeter chez toi, Sebastian."
Petit sourire flatté. "Vous me flattez." me récupérant d'une main à l'aveugle, tournant le visage vers moi pour un baiser totalement fou. "Une fois de plus, je ne puis que vous retourner le compliment."
Ma main voyage le long de son gilet, le long de son torse puis ventre, finissant par échouer sur le renflement de son sexe.
Il lève légèrement le menton lorsque j'atteins ma cible, lèvres s'entrouvrant de délice, libérant un geignement allumé.
J'ai le menton posé sur son épaule, regard allant des jeux de ma main à son visage, ne manquant aucune variation de ses traits ténébreux.
"Aussi beau à regarder... qu'à gâter..." mordillant sa joue.
Il m'offre un baiser plus intense que le précédent, englouti de sensations montantes, paupières papillonnant de délice, langue furieusement en chasse de la mienne, pupilles étroites partant à la dérive.
"Tu y... prends vraiment goût... démon..." souriant dans le baiser.
"On ne m'avait... jamais... proposé autant... jusqu'à présent..." portant sa main sur la mienne pour y exercer une pression qui le comprime alors qu'il pointe outrageusement.
"Tu te souviendras... longtemps de mon prénom..."
"Pas que de votre... mmm... prénom..."
Je bascule sur le devant, d'un mouvement félin de corps, bassins en contact étroit, initiant quelques mouvements qui l'emballent de bonheur.
Je prends un air ennuyé. "Une lettre de ma tante."
"Oh ?..."
"Elle demande à ce que je repasse par Roquevaire, en ta compagnie, pour que tu enseignes à la plus greluche de ses domestiques quelques rudiments."
Rire du démon. "Votre tatie ne doute vraiment de rien."
"Je n'ai jamais pu encadrer Rosine. Aussi dinde que cruche."
"Songeriez-vous à une... expédition punitive ?..." regard brillant à la perspective réjouissante de la mettre plus bas que terre.
"Nous allons faire de la vie de cette petite dinde un enfer."
"Huhuhuhu. Dois-je comprendre que vous me laissez carte blanche pour... corriger ses vilains défauts ?..." embrassant le dos de ma main.
"Cela va sans dire, Sebastian."
"Ma nièce !..."
Son accueil sonne faux. Je note que son regard fouille partout pour trouver Sebastian.
La silhouette désirée se découpe enfin de la calèche, furtive.
"Sebastian, quelle joie !..."
"Tout le plaisir est pour moi, Madame." penchant légèrement le haut du buste en avant.
En chemin :
"Rosine, malgré l'attention que lui portent les autres domestiques, est une piètre soubrette qui se sert volontiers de ses charmes pour échapper aux corvées."
Bref échange de regards entre Sebastian et moi.
"Puis-je m'entretenir avec elle dès que possible ?" questionne Sebastian.
"Oh mais bien sûr, mon petit Sebastian !... Rosine !..." tapant des mains pour la faire venir.
Sebastian se tient droit devant elle, l'avisant d'un regard chargé de condescendance.
"C'est vous, donc, qui donnez peine à votre maîtresse ?... Auriez-vous oublié ce à quoi sont tenus les domestiques ?"
Le regard de Rosine est fuyant. Sebastian l'attrape par les joues, main gantée en tenaille. "Regardez-moi lorsque je vous parle, ma fille !"
Nous assistons à l'entretien, ma tante et moi, et je me dois d'avouer que le spectacle nous est plaisant.
"Que les choses soient claires : je ne partirai pas d'ici avant de vous avoir inculqué les rudiments. Je serai continuellement sur votre dos. Chaque échec de votre part entraînera son lot de sanctions."
"Quelle poigne !... J'en envierai presque Rosine..." glisse ma tante à mon attention, s'éventant de son éventail déplié.
Ce faisant, il sait parfaitement qu'il aiguise nos appétits...
La domestique négligente en a les larmes aux yeux tant Sebastian s'adresse durement à elle.
"Apprenez également à vous comporter convenablement envers votre jeune maître. Si je vous surprends dans quelque position compromettante, vous serez de corvée jusqu'à la fin de vos jours." index dressé devant son visage. "Disposez, à présent." la laissant filer.
Quelle prestation !... J'aurai presque envie d'applaudir !...
"Ce service est déplorable." assène Sebastian qui assiste au repas, observant attentivement ce qui se passe à table. "Faut-il que je me procure une cravache pour vous corriger telle une vulgaire mule, ce qu'assurément vous êtes ?" placé dans son dos. "Quelle empotée vous faites !..." affecté, se chargeant lui-même que la pince à pain qu'elle peine à manipuler convenablement. "La nature vous aurait-elle dotée de deux mains gauches ?!"
"Son cas m'apparaît désespéré, Sebastian..." soupire ma tante.
Évidemment Sebastian en rajoute à plaisir.
L'incompétente vient de se replier contre le mur.
"Vous n'êtes bonne qu'à travailler dans les champs, ma pauvre fille." lui assène Sebastian.
"Having fun ?..." alors qu'il prépare la table à l'extérieur.
"Yes." dressant la nappe immaculée, regard virant au carmin, nature démoniaque éveillée.
"Je suppose que tu ne vas pas t'arrêter en si bon chemin."
"Vous lisez si aisément en moi..." amusé.
Rosine quitte son lit, gorge sèche, se rendant dans la cuisine pour y puiser un verre d'eau lorsque soudain... une forme furtive passe devant la fenêtre, telle une ombre.
Elle recule d'un pas puis de deux, perdant une pantoufle.
La porte se referme d'un coup comme si le vent venait de l'actionner.
La forme se prolonge dans la cuisine, dessinant les contours d'une bête à crocs.
Un cri. Elle trébuche et tombe. Sebastian s'amuse comme un petit fou !...
La vapeur sombre passe sous mes draps, caressant mon corps avant de prendre forme sur moi, bouche cherchant la mienne pour se livrer à des baisers irraisonnés.
Le souffle lui échappe, forme pas totalement élaborée, passant entre mes jambes, finissant par se dessiner ces talons aussi vertigineux que sculptés. The devil in my bed.
Nos langues n'en finissent pas de saluer l'outrage.
Il se redresse sur ses bras tendus, jambes écartant les miennes, bassin adoptant des mouvements évocateurs, sexe se faisant outrancier.
Mes geignements saluent cette initiative, paumes glissant le long de ses bras.
Son souffle raccourcit à mesure que son sexe durcit.
"Haaaah... Sebastiaaaan..." extasiée qu'il prenne ainsi les devants avec une détermination qui ne laisse guère place au doute quant à ses intentions.
J'aime la couleur vive de nos jeux !...
Il se redresse sur ses genoux, passant un bras solide sous mes reins pour me soulever à sa hauteur, sexe passé entre la raie de mes fesses, s'y caressant tout en grognant son plaisir.
Je m'attache aux draps, les froissant dans mes poings. Il me fait... un bien de chien !
Il se voûte soudain, sexe quittant mes fesses et il se met à dévorer mon sexe, totalement avide, paumes passées sous mes fesses.
"HAAAAAAAAAAAAAAAN ! SE... BAS... !"
Il connaît diablement son affaire, s'en nourrissant véritablement.
Mes palpitations se rapprochent et je jouis violemment. Sa langue pénètre avant son sexe, s'y mouvant avec une aisance monstrueuse, dopant mes chairs gorgées.
"Mademoiselle a... toujours aussi bon goût..." sourit dans l'obscurité.
"Bas... tard !..."
"You ain't seen nothing yet."
Son regard m'est visible dans la pénombre.
Maintenant qu'il a dominé, il veut être dominé.
Aussi s'installe-t-il en bord de lit, m'invitant à passer devant, dos tourné vers son torse, jambes repliées, paumes en appui sur ses genoux.
Son sexe coulisse en moi, il s'y guide d'une main tenant la base.
Mains passées derrière, bras tendu, il donne des hanches, heurtant mes fesses à chaque poussée.
Sa volonté arrive à bout de course. Il lui devient impératif de jouir. Et il ne s'en prive pas, nous faisant basculer en arrière tandis qu'il s'épanche généreusement, contractant son corps entier à chaque nouvelle, vigoureuse salve.
"L'air du Sud... te réussit... butler..." souffle court.
"Taisez-vous..." sourire audible.
"Tenue. Dos droit." sur deux coups de stick. "Cessez de crisper le visage. Ayez l'air digne."
"Dieu, Sebastian, vous allez me la briser en deux !..." s'amuse ma tante.
"Ne vous inquiétez pas, Madame, la vermine est résistante. Cependant, au vu de ses piètres qualités de service, je préconise un placement dans une étable. Peut-être se montrera-t-elle plus douée pour tirer le lait."
Rosine s'effondre soudain, en larmes, sanglotant.
"Aaah... Sebastian." agacée par la tournure que prennent les choses.
"Veuillez vous relever immédiatement et poursuivre le service." impassible, la regardant de haut.
Elle poursuit ses geignements.
"Sebastian, please. Elle gâche notre repas." dis-je.
"Relevez-vous, que diable !" l'attrapant par le bras pour la conduire dehors et la réprimander plus que sévèrement avant de reprendre le service. "Veuillez m'excuser."
"Vous abandonnez, mon petit Sebastian ?"
"Ce terme ne fait pas partie de mon vocabulaire, Madame. S'il n'en tenait qu'à moi je lui ferai passer la nuit dans les bois, histoire de lui couper l'idée de se servir de ses larmes pour échapper à son devoir."
"Je ne vous voyais pas aussi sévère, Sebastian."
"Tatie, Seb..."
"Ah, ne m'appelle pas ainsi !" irritée.
Le majordome a du mal à conserver son sérieux devant nos chamailleries familières.
"Je disais que Sebastian a éduqué plusieurs servants et connaît la méthode la plus appropriée."
"Et nous partions de loin, permettez-moi vous le signifier." servant le thé dans des manières distinguées.
"Où vous cachez-vous ?..." sachant pertinemment qu'elle vient de se terrer sous le meuble de rangement de la vaisselle.
Les pas de Sebastian dans la pièce lui parviennent à l'oreille, talon tapant le sol en tomettes. Soudain, le son se mût en quelque chose de plus subtil.
Des pieds bottés, à bout recourbés et talons ouvragés, s'arrêtent devant le meuble.
"Sortez immédiatement de votre cachette ou je vous livre à toutes les bêtes féroces des bois."
"J'ai... peur..." sanglote sa voix.
"Cessez." faisant vaciller la flamme des chandeliers muraux. "Cessez ou je vous consume par le feu."
Il s'installe en bord de lit, vêtu, retirant patiemment l'attache de ses gants.
"Une dinde possède davantage de cervelle que cette pauvre fille." soupiré.
"Ma cousine serait présente, elle te dirait que tu ne feras jamais d'une mule un cheval de course." amusée, abandonnant ma lecture. "Tu as cependant bien bataillé. Où est-elle ?"
"Sous le meuble à vaisselle."
J'éclate de rire.
"Ah hah. On ne pose pas ses sales pattes sur la marchandise." intervient Sebastian, abaissant le tranchant de la main, emportant celles du mafieux qui demeure un instant incrédule face à ce qui vient de tomber au sol dans des gerbes sanglantes. Puis le cri.
L'analogie avancée par le démon ne sied guère au jeune Comte. "Ménage tes propos, Sebastian."
"Navré. Mais ainsi ligoté, vous faites penser à une vulgaire chenille, young Master."
"Délivre-moi au lieu de parler pour ne rien dire. Et occupe-toi de lui." désignant le mafieux nommé Azzurro Vanel.
Sebastian rompt les cordes qui tient captif le corps chétif de son Maître.
Puis il se redresse et marche vers le mafieux, effondré au sol, se tordant tel un ver, posant la main sur son épaule, air faussement concerné.
"Vous, les Italiens, appréciez parler avec les mains, non ?"
Il le fixe avec hargne.
Sebastian fléchit les jambes, affichant un sourire de façade. "Je crois qu'il est grand temps que tu te signes. Parce que tu n'en as plus pour bien longtemps."
Sebastian ne se contente pas d'infliger des sévices. Ce qu'il kiffe avant tout c'est d'être remarqué, sur le devant de la scène. Le démon est du genre narcissique. Et pour parvenir à ce résultat, il ne recule devant rien.
Butler, certes. Mais de haute volée.
