NDA 07/10/23 : Bonjour à tous! J'ai une incroyable nouvelle à partager avec vous! Le tome 1 est bouclé! Depuis quelques jours maintenant. Tout ça pour dire que je suis très fière d'être arrivée jusque là et plus que ravie de voir que vous me lisez. D'ailleurs, j'attaque l'écriture du second tome, en espérant ne pas vous perdre d'ici là. Merci à tous pour vos reviews, ça me touche sincèrement!

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture!


Chapitre 28 : L'héritage d'une âme.

Il ne restait que deux semaines avant la dernière tâche. Cette dernière devait se tenir le 24 juin, un lundi, jour d'épreuve d'histoire de la magie. Les examens s'étendaient sur chaque jour de la semaine qui allait le précéder, malgré le tournoi, afin d'espacer les après-midis et permettre aux champions ainsi que leurs camarades, de se reposer et se détendre.

Sacha, dans la salle qu'elle occupait avec Rusard, n'était pas du tout enjouée à l'approche de cette date, et redoublait d'effort dans la maitrise de son saut pour les limbes. Elle était cependant, un peu plus avancée sur les dons qu'elle possédait. Car après de longues recherches, elle avait découvert un registre de toutes les divinités grecques et romaines, ainsi que leurs habilités. Enfin, elle : Argus avait trouvé.

Et puisqu'elle portait le nom de Sélené, pour rester le plus cohérent possible, ils avaient décidé de garder les mythes grecs, d'autant qu'elle n'était, techniquement, plus chez elle. Pas de romains à combattre, donc autant rester dans un thème que les sorciers étaient plus habitués à croiser coté mythologique. Sacha était donc héritière de la déesse de la lune Sélené, celle qui se lie pour l'éternité avec un humain. Mais aussi Chioné, qui maitrisait la neige et le froid, l'hiver. Perséphone s'était montré une seule fois, mais ça restait tout de même fou, et enfin, Hadès, qui pouvait librement se balader dans les limbes.

Trois divinités issues des 7 principales avaient donné vie à ses pouvoirs. C'était à la fois incroyable et terriblement effrayant. Et parmi tout ça, elle avait tout de même gagné le combo du couple des enfers. C'était risible, quand on savait à quel point la vie sentimentale de Sacha était un carnage.

Et Dieu savait combien Meleth nin lui manquait. Il lui arrivait parfois de rêver de lui… Vraiment. Pas une vision, et pas non plus leur lien. Seulement un rêve, comme tout être humain lambda serait capable d'avoir. Un rêve où elle le voyait rentrer dans sa chambre, lui dire à quel point il était fatigué, que la chaleur de l'été ne l'aidait pas à travailler, qu'il voulait piquer une tête dans un lac. Que les voisins le prenaient pour un fou, ou qu'il voudrait apprendre à jouer d'un nouvel instrument. Elle rêvait qu'il l'embrassait dans la nuque, comme lors du bal, et se réveillait en pleurant.

Parce qu'elle savait que ce n'était pas vrai.

« Je t'ai fait un parcours, aujourd'hui. Tu as trois petits galets peints à récupérer. » Lui expliqua Argus, lorsqu'elle reprit conscience de son environnement. « Un en salle de divination » Elle était sûre qu'il l'avait fait exprès. « Un autre en salle de sortilège, d'ailleurs, attention, les 7e années ont cours en ce moment même, tu devras donc être plus discrète. Et le dernier est tenu par ton amie, dans les jardins du parc. » Sacha inspira une grande goulée d'air par le nez.

« Génial. Et j'ai combien de temps pour ça ? » Le visage de son vieil ami étira un sourire moqueur.

« Il te reste huit minutes maintenant. »

Sacha grossit des yeux et commença à râler, mais le tapotement du cracmol sur sa montre à gousset la fit taire. Fermant les yeux, elle se concentra. Le nuage de poussière noire mauve la saisit, et elle disparut dans un monde sans couleur.

Les limbes, monde monochrome où le temps diffère dans un sens puis l'autre. Les silhouettes des vivants étaient bien sûr, présentes, mais ce n'était justement que ça. Des silhouettes floues, comme derrière une vitre carrelée grossissante. Jurant contre Argus, qu'elle voyait désormais totalement immobile, elle se mit à courir, la salle de divination n'était pas tout à côté, et outre la distance, elle avait une floppée de marche à traverser, plus cette foutue échelle !

Esquivant les silhouettes floutées bloquées dans leur temporalité, Sacha manqua de se prendre un élève de Dumstrang, alors qu'elle tournait à l'angle d'un couloir. Mal engagée, elle se rattrapa au bras d'un garçon figé, et fut surprise de constater qu'elle arrivait à voir ses traits, contrairement aux autres. C'était comme si… Potter était moins flou que les autres, elle pouvait voir sa mâchoire fine, et les montures de ses lunettes. À côté, Weasley était aussi flou que le reste.

Poursuivant sa course dans les limbes, malgré l'épuisement causé par l'effort, elle parvenait à garder la tête froide, ne pas s'oublier. Grimpant l'échelle menant à la trappe, elle ignora l'étrange nuage d'encens flottant qui envahissait son nez, malgré l'absence d'odeur normale dans ce monde. Avisant le galet peint d'une jonquille sur le bureau de la prophétesse alcoolisée, La noiraude le prit et le fourra dans sa poche, avant de repartir dans l'autre sens.

Le tour pour la salle de sortilège lui prit plus de temps, parce qu'il y avait beaucoup de monde, déjà, et surtout, parce que le professeur était métis. Lui aussi, portait des couleurs trop vives pour un monde en noir et blanc. Pire encore, elle voyait qu'il captait sa présence, la silhouette vibrait de magie. Se mettant à courir après avoir récupéré le galet marqué d'une violette, elle pria pour que l'enseignant ne se souvienne de rien.

Il ne restait que les jardins du parc, avec la roseraie. Manquant de se tuer dans les couloirs une nouvelle fois, elle jura à l'arrivée devant les escaliers mouvants. Escaliers qui eux, étaient encore dans les airs.

« Merde ! » Sa voix fut reprise par l'écho mortifère de l'endroit.

Elle frissonna. C'était assez horrible comme sensation, que d'entendre une voix se dilater pendant de nombreuses secondes, alors que l'endroit ne le permettait pas. Un écho impossible. Elle rebroussa chemin, cherchant un placard à balais pour revenir du côté des vivants. Le retour des couleurs et du brouhahas autour lui fit foncer les sourcils et grimacer. C'était désagréable de passer de rien à tout. Et l'autre sens était pire.

Se précipitant hors du placard, elle nota la présence d'un élève de Dumstrang qui la fixait étrangement. Peut-être le fait que ce n'était pas trop normal qu'une élève jaillisse d'un endroit de ce genre ? Elle n'en savait rien. Elle ne remarqua pas non plus l'expression douloureuse dans ses prunelles, puisqu'elle traça vers les escaliers mouvants, en choppant un pour atteindre le rez-de-chaussée. La patience la quitta, lorsqu'elle profita d'une absence de circulation pour repartir aussi sec dans les limbes.

Ignorant les perles grises qui l'avaient vu faire.

Poussant la porte qui menait au grand hall en courant, le souffle lui manquait atrocement, mais il fallait faire vite. Elle avait déjà trainé à cause de ce foutu retour à la normale pour les escaliers. Dégringolant les marches qui menaient à la grande-salle, un raté manqua de la faire tomber. Heureusement pour elle, sa main s'était naturellement rattrapée à la rampe solide.

« Mais c'est pas vrai ! » La panique dans sa voix fut reprise encore et encore.

Les murs tremblèrent. Même le bourdonnement sourd en arrière-plan sembla touché par sa manifestation vocale. Se jurant de ne plus ouvrir la bouche dans cet endroit, tant ça devenait effrayant et désagréable pour ses oreilles, Sacha se remit en route. Atteindre la roseraie ne fut pas plus difficile que le reste, au final.

Récupérer la pierre, en revanche, l'obligeait à revenir du côté des vivants, car Luna l'avait bien serrée au creux de sa main, et qu'elle ne pouvait pas faire lâcher quelqu'un de figé. D'ailleurs, la demoiselle était, au même titre que Harry Potter, particulièrement visible. La noiraude en fronça les sourcils. Pourquoi est-ce qu'elle voyait Luna comme si elle était avec elle dans les limbes, et non… Floue, de l'autre côté ? Elle ne le savait pas.

Mais l'adolescente blonde était parfaitement visible, pire, elle rayonnait de couleur. Comme elle. Etait-ce le sang d'une créature magique qui coulerait dans ses veines, qui serait à l'origine de ce phénomène ? Sacha n'en avait absolument aucune idée. Mais il allait falloir creuser. Se cachant dans un buisson, elle retrouva le monde des vivants dans un bond poussiéreux. Les rires des autres élèves, présents dans le parc, l'assaillirent. Trop de bruits d'un coup.

« Me voilà, Luna. » Annonça Sacha en sortant de sa cachette.

« Oui. Te voilà. Il te reste beaucoup de temps ? » La serdaigle se mordit la lèvre.

« Je dirais… trois minutes ? J'ai fait un saut par les escaliers. Je te dis à plus tard ? » La petite blonde lui offrit son galet, peint d'une jolie rose, et Sacha s'enfuit de plus belle en courant.

Rusard arrêta sa montre à gousset lorsque le nuage de poussière dévoila Sacha devant lui.

« Tu as mis 6 minutes et trois secondes. Pour faire trois fois le tour de Poudlard. »

Essoufflée, la Serdaigle déglutit, et posa sa main sur sa poitrine, puis sur son cou, pour mesurer les palpitations.

« C'est encore … Encore trop. » Il ne répondit rien. C'était bien vrai. Beaucoup trop pour sauver Cédric. Elle n'avait pas encore compris comment elle pourrait se déployer d'un endroit à l'autre sans avoir à faire l'effort d'y aller à pieds dans les limbes. Soit en passant par les courants infernaux directement.

« Comment tu te sens ? spirituellement, j'entends… » Argus avait pris l'habitude de demander, après les évènements liés aux pouvoirs de Perséphone et Chioné. Un point de vue extérieur aurait pu penser qu'il voulait goûter à la magie de nouveau. Mais la vérité, c'était qu'il était terrorisé à l'idée d'avoir forcé son amie et le décès brutal de Miss-Teigne.

« Ça va… Je crois… j'ai l'impression d'avoir… Des bouffées de chaleur. Mais je ne sais pas si c'est lié au passage dans les limbes, à la saison, ou… autre chose. »

« Tu penches pour quoi ? » Sacha s'était assise sur un bureau, la main de retour sur sa poitrine. Elle était un peu pâle et en sueur.

« J'ai besoin d'une douche… D'air frais… De thé glacé… Et que tu prennes un peu de pouvoirs… J'ai l'impression que ça ne va pas aller sinon. »

« Tu es sûre ? »

Un hochement de tête plus tard, les deux s'entaillèrent la main et les mêlèrent. Une nouvelle surprise les attendait cependant. Car Argus ne récupéra pas le symbole de la déesse neigeuse. Non. Il récupéra une marque étrange, semblable à un P couché. Une marque que Sacha connaissait. Reconnaissait. Mais qui n'était pas logique, et en même temps, particulièrement instable.

« Oh non. » Désormais plus blanche encore, elle se précipita sur le livre de symboles divins qu'avait trouvé son ami.

« Qu'est-ce qu'il y a ? Lequel ai-je prit ? Perséphone ? » C'était le plus effrayant parmi tous, pour le concierge.

« Non… Tu en as pris un… Un… »

« Et bien ! Dis-moi ! »

Sacha lui montra la page réservée aux informations sur Hadès. Les divers artefacts qu'on lui attribuait, son histoire, son lien avec la fille de Déméter, bien entendu, et toutes les épopées qu'on pouvait croiser dans l'Illiade et l'odyssée où il apparaissait.

« C'est… »

« Hadès lorsqu'il commande son armée infernale… Le symbole sur son casque… Celui de Cerbère… »

« Ce n'est pas celui que tu portes lorsque tu voyages… » Se contenta-t-il d'observer.

« Non… » Sacha secoua la tête.

« Mais tu sais ce que ça veut dire. » Constat pur. « Tu sais quels sont les dons transmis. »

« Oui… » Sacha déglutit. Ce qui venait de se produire était une passation. Cela signifiait donc qu'elle en portait l'origine. « L'art d'invoquer les créatures des enfers. Les cerbères, les barghest, et même les démons… »

Argus portait le même pouvoir que sa meilleure amie, dans l'autre monde. Lyanna pouvait ramener n'importe quel monstre issu des enfers, les gardant dans les limbes pour remplir le moindre de ses désirs sans être vus des mortels. Un pouvoir dangereux si non maitrisé. Était-ce un doublon ? Parce qu'elle pouvait voyager, alors elle portait cette capacité-là ? Ou bien était-ce finalement autre chose ? Comment savoir ? Sœur Catherine n'était pas là pour lui expliquer.

« Il va falloir faire très attention, toi comme moi. Ce symbole là… Fait apparaître des monstres pires que tout ce que tu pourrais imaginer. Faisant passer les animaux de Hagrid pour des angelots. »

Un silence pesant s'installa dans leur pièce. Ni l'un ni l'autre ne savait quoi dire pour le coup. La mise en garde était plus que déplaisante. Dangereuse. Autant de pouvoirs, c'était risquer la surcharge, et ça… C'était vraiment dangereux. Ils ne pouvaient pas prendre le risque d'invoquer un démon cannibale, surtout pas dans une école pleine d'élèves sorciers.

Plus encore, cette situation ramena Sacha plusieurs mois en arrière. Lorsque quelque chose l'avait envouté et mené jusque dans le stade de Quidditch. L'animal qui avait voulu s'en prendre à elle, et qu'elle faisait semblant d'avoir oublié. Elle le savait. C'était un démon. Quelqu'un l'avait invoqué dans ce monde pour l'attaquer. Et si Sacha supposait que les sorciers aussi pouvaient le faire, moyennant de longues incantations, une petite voix dans sa tête ne cessait de lui répéter…

Et si c'était un héritier ?

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Avoir autant de pouvoirs qui se pointent, ce n'était pas bon signe. Sacha en était bien consciente. Les héritiers développaient plus de pouvoirs lorsqu'une menace romaine approchait. Et la jeune femme ne pouvait s'empêcher de faire le lien avec la dernière tâche. D'ici une dizaine de jours, Cédric et Harry allaient être envoyés au cimetière de Little Hangleton, où son cousin perdrait la vie de la main de Pettigrew, et Harry serait contraint d'aider à ramener Voldemort aux pleins pouvoirs.

Était-ce pour cette raison que le symbole de Pluton était apparu ? Parce que la menace grandissait ? Comment savoir ? Elle n'était pas de ce monde… Mais quelque chose l'avait attaqué quand même. Et ça… C'était une menace. Pouvait-elle la relier à Voldemort et son influence ? Non. Du moins elle n'avait aucun moyen de le faire. Elle avait chaud. Il faisait chaud dans les cachots. Ou bien était-ce une impression ? Elle n'en savait rien.

La migraine était là.

À force de se torturer mentalement sur le contexte, elle en oubliait ses problèmes majeurs. Faire évoluer son déplacement dans les limbes pour sauver Cédric, et que faire une fois l'année terminée. Il fallait qu'elle réponde à Narcissa Malfoy, aussi. L'émancipation directe était possible à condition de trouver une preuve de maltraitance profonde sur l'enfant. Le problème, c'est que sans aucun souvenir de la vraie Sacha, il était impossible de savoir s'il y avait des preuves de mauvais traitements avec elle.

« Ça va, Sacha ? » Demanda Hermione qui passait tout près de sa paillasse d'assistante.

La noiraude cligna des yeux et observa la lionne un instant, comme perdue.

« Je ne sais pas. » Hermione reposa les ingrédients qu'elle était allée récupérer dans l'armoire sur la table de la Serdaigle assistante, et vint lui presser gentiment l'épaule.

« Sacha ? Est-ce que tu as besoin de quelque chose ? » Oui ? Non… Elle ne savait pas.

Elle avait chaud, ou froid ? ça non plus, ce n'était pas clair. Et du mal à respirer. Une crise d'angoisse ? Presque. Noyade sèche. La crise d'angoisse viendrait après. Une part d'elle-même était encore lucide, et se disait que tout cela était ridicule, l'autre, cherchait désespérément de l'air. Une toux violente la prit, alors que ses lèvres bleues témoignaient de son état.

« Ecartez-vous, Granger. Un mot, une explosion, ou quoi que ce soit en mon absence et vous serez tous renvoyés. » Furent les seules paroles du potioniste, alors qu'il se saisissait de Sacha comme s'il s'agissait de son fardeau habituel, et l'emportait derrière, dans une petite salle attenante qu'on supposait être son laboratoire personnel.

Dans une gestuelle devenue mécanique, il fit apparaître un ballon d'air froid qu'il pressa contre les lèvres de son élève. Forcée d'avalée la bouffée gelée, Sacha se calma plus ou moins. La toux cessa, et tout fut normal à nouveau. Presque, du moins. Elle était encore plus mal à l'aise et fuyait l'enseignant du regard.

Severus, lui, voyait de plus en plus les symptômes de l'obscuriale chez cette jeune fille. Le traumatisme de la noyade en était un. Et heureusement, il avait réagi à temps une fois encore. La température avait chuté drastiquement dans toute la pièce, sauf prés de miss O'Nigay. En revanche, de son côté c'était l'air qui venait à manquer, et il avait écarté la gryffondor assez rapidement pour ne pas qu'elle s'en rende compte.

Il était au courant pour sa demande d'émancipation. Le dossier lui était parvenu au même titre que son collègue, le professeur Flitwick, et ils en avaient parlé lors de la dernière réunion au sujet des élèves à problèmes. Cette demande corroborait les hypothèses au sujet de la famille O'Nigay. Plus encore, le fait que le dossier soit tenu par Narcissa Malfoy, voulait tout dire. Il y avait quelque chose qu'il ne savait pas mais qui était définitivement assez important pour que la sang-pur accepte cette affaire.

Bien entendu, tous allaient devoir participer au jugement de son dossier, lors du 5 aout, à la cour du magenmagot. Pour autant, le manque de preuve tangible permettant de soustraire la garde à la famille était terrible.

« Lorsque vous êtes arrivés dans mon cours, lors de votre première année, vous refusiez de remonter vos manches d'uniforme, y compris sous la menace d'heures de retenues. » Cette information eu le mérite de calmer Sacha pour de bon, et elle l'écouta sagement tout en poursuivant ses exercices respiratoires avec le ballon d'air gelé. « Si j'ignore la raison de ce refus, j'en parlerais lors de l'audience pour votre émancipation. » La noiraude acquiesça, n'ayant pas droit de parler, et seulement de respirer dans un contexte pareil.

Pour autant, ce qu'il venait de dire la faisait désormais douter.

Car Sacha aussi, dans son monde, avait dû plus d'une fois cacher ses avant-bras aux yeux de tous. En été, il lui était arrivé de couvrir sa peau avec des manches ajustables, afin que personne ne puisse apercevoir les tracés verticaux rouges, faits aux couteaux. Sa semaine avec Quency l'avait obligée à changer de zone, et les scarifications s'étaient poursuivies sur sa poitrine et ses cuisses. Invisibles aux yeux du garçon et la soulageant tout de même.

Sans Meleth Nin, elle aurait poursuivi ce traitement sur elle-même pour soulager sa conscience. Mais il lui avait fait promettre de ne plus jamais se scarifier. Et malgré elle, Sacha ne pouvait rompre une promesse volontairement.

Etait-ce ce que cachait la véritable Sacha ? Sous ses airs de tortionnaire, elle serait victime d'une famille abusive ? Sacha l'héritière n'en avait aucune foutue idée. La famille avait certes d'horribles manières avec elle, mais elle n'avait pas été frappée, ni même moquée, ou quoi que ce soit d'autres. Ils passaient juste leur temps à vouloir qu'elle se souvienne pour retrouver la parfaite petite pimbèche de Serdaigle, qui aimait la mode et les jolis garçons.

« Restez ici le temps que la crise passe. Je retourne avec vos imbéciles de camarades. » Annonça Severus avant de se détourner de l'élève pour rejoindre la petite porte hors de la pièce qui servait de bureau de correction.

« …Professeur… ? » La voix rauque de Sacha le fit frissonner, et il tourna légèrement la tête dans sa direction, signe d'écoute.

Mais Sacha ne dit plus rien. L'impulsion avait franchi ses lèvres dans un besoin urgent, mais le reste avait disparu avant d'être dit. Quelque chose l'avait retenue, et elle ne savait pas quoi. Un soupir plus tard et il quitta la salle, retournant à ces idiots pas foutus de touiller dans le sens des aiguilles d'une montre. La fragilité de Sacha O'Nigay n'avait d'égal que sa dangerosité. Autant la garder à l'abri de toutes contrariétés le plus longtemps possible.

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Sacha fixait avec circonspection la lettre manuscrite entre ses doigts. Les symboles écrits dessus ne laissaient aucun doute sur sa provenance. C'était du russe. De fait, la lettre en question venait forcément d'un élève de Durmstrang. Le souci, c'était que si elle savait dire quelques mots dans cette langue, le quelque pouvait se compter sur une seule main. Et là, il y en avait beaucoup trop. Plus encore, elle ne lisait pas le cyrillique.

Elle ne connaissait personne de cette école. Du moins directement. Le seul avec qui elle avait beaucoup parlé, même si ce n'était pas très gentillet, c'était Krum.

Le repas du soir allait bon en train, les discussions à la table des Serdaigles variaient selon la zone. La leur était d'ailleurs très fournie. En milieu de table, la présence de Cédric apportait Cho et Marietta, ce qui provoquait donc des disputes puériles avec Béatrice, qui n'aimait vraiment pas la chinoise. Luna expliquait à Cédric que plus ils avançaient dans le temps, et moins il était entouré de joncheruines.

Fawley les écoutait, pensivement, tout en jetant de fréquents coups d'œil à Pénélope Deauclair, à l'autre bout de la table. Il s'attendait à prendre un sort de nouveau. Et à coté, tout en mangeant, Truman lisait TinTin et le temple du soleil, éclatant de rire à chaque fois que le capitaine Haddock subissait les crachats des lamas qui leur servaient de monture. La noiraude se leva, lettre en main, sous les yeux bleus soudainement inquiets de son cousin.

« Où vas-tu ? »

« Calme toi, je vais juste voir Krum un moment. Je reviens. » Et elle lui offrit un sourire dans lequel transparaissait son exaspération. Il avait eu vent de son malaise en potion, et s'inquiétait toujours plus.

S'écartant de la table, elle fouilla la grande-salle des yeux, avant de les arrêter sur le champion de Durmstrang, assis à Gryffondor, à côté d'une Hermione ravie, et d'un Ron faisant clairement la gueule. Prenant son courage à deux mains, elle fit le tour et arriva à leur table.

« Bonsoir, excusez-moi de vous déranger tous deux, mais, je peux t'emprunter Viktor un instant ? s'il te plaît ? » Le bulgare la fixa avec suspicion. Ce n'était pas vraiment l'amour fou entre deux.

« Pourrquoi veux-tu me parler ? » Sacha roula des yeux, tout le monde lui demandait toujours des comptes en public, ça devenait lassant !

« Parce que j'ai besoin de ton aide… »

« On peut savoir pourquoi ? » Cette fois, c'était Hermione, qui paraissait légèrement jalouse. Mais peut-être était-ce dû au fait que Sacha tenait une lettre étroitement serrée entre ses doigts, et qu'elle ressemblait beaucoup aux mots que le champion lui avait envoyé.

« C'est privé… » Roulant des yeux, Sacha renonça à la discussion seule avec le bulgare, et acquiesça. « Bon, tu peux venir aussi, Hermione. Mais pas demain… »

Et sans même attendre, elle fit demi-tour pour quitter la grande-salle. Le couple fit rapidement signe qu'il revenait et prit sa suite. Fred les suivit des yeux tous trois, soupirant lourdement, avant de replonger dans son assiette. Il n'arrivait plus à parler avec elle. Plus du tout. La tension entre eux était électrique, et avant même d'avoir réussi à comprendre, ils s'insultaient. Il regrettait cet état de fait. Sincèrement. Mais immédiatement, la colère remplaçait sa terreur pour elle lorsqu'ils se croisaient.

C'était… Etrange.

Dans une sorte de bureau abandonné se trouvait désormais Hermione, Viktor et Sacha. Cette dernière vint s'asseoir sur le bureau en question, leur désignant les deux chaises abimées en face.

« Est-ce que l'un de vous pourrait jeter un sort de silence, s'il vous plaît ? »

« Pourrrquoi ? » demanda le bulgare en croisant les bras.

« Je m'en charge. » répondit automatiquement Hermione.

Si elle ignorait ce que voulait la Serdaigle, elle avait compris que lorsqu'elle demandait d'être coupée des autres, c'est qu'une information ne devait pas être ébruitée. Le sort fut jeté, sans plus une once de jalousie pour la magie de la sorcière. Sacha avait bien assez de complications avec ses propres pouvoirs, pour regretter ceux des sorciers.

« Donc. Que veux-tu ? » Demanda finalement Viktor en croisant les bras.

« Je t'échange une information sur le tournoi en échange de ton aide pour traduire quelque chose. »

« Une information ? Tu ne voulais pas dire du tout à propos du tournoi… »

« C'est de la triche au passage, si tu lui dis comment ça va se passer ! » Les deux se regardèrent, et Hermione rosit, consciente que son sens de l'équitée était parfois un peu trop démesuré. Viktor ne dit rien, il trouvait ça admirable.

« Ce ne sera pas pour le faire gagner, ni quoi que ce soit du genre. Mais ça le concerne directement quand même. » Là, Hermione comprit.

« Tu as eu une vision… »

« Bon, c'est ok pour l'échange ou pas ? » s'impatienta la noiraude.

« Oui. Montrrre moi ta lettre. » Elle lui tendit automatiquement le papier qu'elle avait froissé malgré elle.

Les yeux du brun parcoururent le parchemin dans un sens, puis l'autre, avant de revenir sur la destinataire. Ils brillaient désormais un peu, admiration et surprise s'y lisait.

« Alors ? »

« Tu connaitre l'envoyeur ? »

« Non. Pas du tout. Je sais dire trois mots de russe, mais pas le lire. » Viktor étira alors un grand sourire un peu moqueur.

« Arman Jørgensen ? » Elle secoua la tête négativement. Hermione en revanche, fronça durement les sourcils.

« Ce n'est pas ce dernier-année avec la… » Elle montra sa nuque d'un geste vague avec une grimace.

« Si. Ça bien être Arman. » Mais Sacha n'avait toujours aucune idée de qui ils parlaient.

« Ça ne me dit pas qui c'est. »

« C'est un élève en dernière année, cursus magie noire et élémentaire. Il a… » Hermione marqua une petite pause, ne sachant pas comment s'exprimer. « Il a combattu un dragon à main nue. Et c'est pour ça qu'il a une cicatrice sur tout le cou. » Par réflexe, Sacha se couvrit elle-même la nuque, sous son col d'uniforme.

« Il devait participer au tirage pour le tournoi. Mais il a refusé. Quand notrre directeur a voulu le forcer, il a menacé de le tuer s'il mettait son nom sans accord dedans. »

« Pourquoi ? » Le mot avait franchi ses lèvres de lui-même.

« Parce que Arman ne voulait pas combattre des innocents pour le spectacle. » Cette réponse laissa l'héritière de Séléné un peu perplexe.

Le garçon semblait particulièrement dangereux et puissant, vu ce qu'ils venaient de dire. Mais il avait refusé de participer au tournoi pour ne pas blesser des adolescents ?

« Bon. Et du coup, il me veut quoi ? »

« C'est toi. »

« Justement, je demande, qu'est-ce qu'il me veut ? » Ne comprit pas immédiatement la noiraude.

« Toi. » Hermione jeta un regard à la Serdaigle, puis à son petit ami, et rosit. L'éclair de lucidité traversa ensuite les yeux noisette de Sacha.

« Oh. Moi dans ce sens-là… » La grimace était bien visible. « Il dit quoi, précisément ? »

« Arman dire que tu es jolie comme la lune, que ta lumière est vue parmi tous les astres. Et que parce qu'il est de terre, il fera tout pour protéger toi, de l'obscurité tant qu'il sera ici. » Enonça Viktor de sa voix grave.

Hermione trouvait ça particulièrement adorable, et loin d'être grivois, ou d'imposer une future relation. C'était chevaleresque.

Sacha, elle, y voyait autre chose. Un sous-entendu qui ne la rassurait pas du tout. L'astre lunaire. Sélené. L'homme de la terre, Endymion. Voué à la protéger à cause de son envoutement. Désormais un peu plus pâle, elle fouilla dans son sac qu'elle emportait partout, et nota à la suite du parchemin, la traduction faite par le champion. Ainsi que le nom de son expéditeur, et une brève description de lui.

« Merci. J'irais lui dire que ce n'est pas réciproque, du coup. » Mais si quelqu'un la connaissant bien l'avait entendu, il aurait perçu une autre phrase.

« Merci, que je sache de qui je dois me méfier, du coup. »

Aucun des deux étudiants ne lisaient entre ses lignes, ici. Se raclant la gorge, Sacha rangea la lettre entre deux feuilles de son carnet, un portrait de Luna, et celui d'un étrange animal, semblable à un chien à trois queues de diable, et au poil hirsute.

« Un échange est un échange. Viktor, quelqu'un hors du tournoi, va s'en prendre à toi pour viser… Potter. Il te lancera un impero pour ça. Alors, fais attention, et essaie de t'en prémunir. Parce que tu pourrais tuer un innocent. » La mise en garde était trop complète, et le fait de prévenir Hermione, c'était aussi prévenir Harry.

« Alors, Harry était visé… Pour vrai. » Le constat du bulgare fit grimacer la lionne.

Ils évitaient d'en parler pour ne pas rentrer en conflit, mais il était désormais évident qu'ils allaient le faire. Sacha les laissa ainsi et retourna manger, cherchant avec le plus de discrétion possible, le garçon décrit par les deux amoureux. La discrétion s'arrêta au moment où elle l'aperçu.

En fait, Sacha se demanda même comment elle n'avait pas pu le voir avant. Le pire ? C'est qu'elle l'avait vu. Croisé brièvement, pour être plus précis. C'était le type devant le placard dont elle était sortie pour son entrainement quelques jours auparavant. Sauf que tellement pressée, elle n'avait pas fait attention du tout à son apparence. Maintenant, elle était bien obligée de reconnaître qu'il pouvait facilement devenir l'objet de divers fantasmes. Avec les filles, le combat aurait été clair pour obtenir ses faveurs. Du moins, entre Elena et Lyanna.

Dans le cas de Sacha, son cœur avait appartenu à Meleth Nin dès qu'elle s'y était liée, et ce, même sans comprendre ce qu'elle ressentait. Pourtant, même en aimant un homme - qu'elle n'avait vu en tout et pour tout qu'une heure et deux minutes dans sa vie entière - comme s'ils s'étaient toujours connus, ce garçon, Arman, lui faisait de l'effet.

Il n'était pas beau, il était captivant, effrayant et charismatique tout à la fois. Le visage assez carré, aux traits bien dessinés, il avait le teint légèrement basané de ceux qui travaillent les champs. Le nez droit, les pommettes hautes rendant ses joues un peu creuses, un début de moustache à peine visible et une chevelure mi-longue brune plaquée en arrière. Mais ce qui était le plus marquant, c'était ses yeux. D'un vert d'eau profond, sous des sourcils marqués et épais. Un regard qui avait vu le monde et les horreurs qui l'accompagnaient.

La cicatrice, monstrueuse, qui prenait tout son cou, remontait sur son menton par la droite. Cela accentuait drastiquement l'air pincé et austère qu'il arborait. Même son sourire poli, derrière ses lèvres pulpeuses, lui donnait ce côté dangereux. Il était de ce genre de personne qu'on ne pouvait pas juger. Bon ou mauvais, impossible à déterminer. Mais puissant, aucun doute là-dessus.

Autour de lui, les élèves parlaient, mangeaient… Mais se retournaient toujours, comme attendant son approbation pour chaque sujet. Et il la donnait, ou bien contredisait les propos tenus. De sa place, Sacha n'entendait rien, bien entendue, mais elle le voyait. Voldemort devait être de la même trempe, à son époque, elle en était certaine.

Arman se servit un verre, et le porta à ses lèvres sans qu'elle n'ait baissé les yeux. C'est lorsqu'il la salua avec sa coupe, que son sang ne fit qu'un tour. Se détournant brusquement de son observation, elle fit dos à la table des serpentard et colla sa main contre son front. Prise en flagrant délit, ce n'était pas bien. Elle qui voulait l'esquiver, elle venait littéralement d'attirer son attention. Bien joué.

« Tout va bien, Sacha ? » Demanda Cédric en la voyant se cacher.

« Super. » L'envie de crever se fit sentir.

oOoOoOo

« NON ! »

Perdue dans sa course contre la montre, Sacha s'était trompée de quelques mètres en rejoignant le monde vivant. Mais c'était trop tard. La chute allait être ignoble, elle le savait. Rater une fenêtre de trois étages, se retrouver dans le vide. Tout le monde n'y survivait pas. Si la nuit était tiède en ce mois de juin, l'air vrilla son corps durant sa descente forcée. Des flashs colorés frappèrent sa vue, sans qu'elle n'en détermine la provenance, mais elle qui avait toujours eu peur du vide, c'était infernal. Alors, sentant la zone d'impact approcher, elle clôt ses paupières.

L'héritière percuta les toits des serres violemment, et son corps roula le long du verre, avant de venir s'écrouler dans l'herbe dans un bruit mat. Sa seule pensée fut que le cracmol allait attendre un moment avant de la voir revenir, et qu'elle avait foiré sa session d'entrainement. Combien de côtes cassées ? De muscles déchirés ? Elle n'en savait rien, la douleur avait explosé avant de ne laisser qu'une étrange sensation de vertige.

« Ulykke ! » La voix, chaude et grave, sembla venir du ciel.

Face contre terre, Sacha ne savait pas ce qu'il allait se passer désormais. Allait-elle mourir ici ? Sans que personne ne la trouve avant le lendemain ? Après tout, il faisait nuit. Personne n'était dehors à trois heures du matin. Oui, mais cette voix ? Probablement un délire de sa part, il n'y avait personne. Argus s'en était assuré.

« Jeg ber deg, Sacha. Du må ikke dø. » Avec prudence, on retourna son corps, la mettant sur le côté, puis s'assurant de sa respiration, la personne qu'elle n'était pas certaine de réellement voir, la saisit comme une poupée.

Arman.

Il faisait nuit, et aucun sort n'éclairait la baguette du sorcier, pourtant, ses yeux verts luisaient d'une lueur spectrale. C'était effrayant. Et Sacha s'en fit la réflexion, alors qu'il la rapprochait de son torse comme on protège un nouveau-né. C'était chaud, et plutôt agréable, ça combattait le vertige. Le garçon en lui-même sentait la menthe et le vétiver, et la peau, bien que boursoufflée sous sa joue, était douce.

Les paroles qu'elle percevait tout juste, près de son oreille, n'avaient strictement aucun sens. Si elle avait reconnu son prénom, ça s'arrêtait là. À 24 ans, Sacha se trouvait dans les bras nus d'un athlète de 17 au maximum. Et si elle ne trouvait pas cette chose normale du tout, ce serait mentir que de dire qu'elle voulait être ailleurs. Ce type était bizarre, vraiment. Pour lui faire autant d'effet. La douleur, déjà relayée dans un coin par son cerveau, finit par disparaître totalement, et ce fut le déclic.

Ecarquillant les yeux d'horreur, Sacha repoussa comme elle put l'intru, se débattant pour qu'il la laisse, et les bras - atrocement musclés - le firent. À moitié vautrée par terre, la noiraude prit conscience qu'elle y voyait comme en plein jour, l'homme en face d'elle, et ce, alors que sa baguette était toujours posée par terre. Pourquoi ? Comment ? Et ces foutus iris fluorescent !

« T'es qui putain ? Et qu'est-ce que tu m'as fait ? » Le souffle court, Sacha angoissait.

Le grand brun - parce que oui, il était grand, monsieur dépassait le même nonante - avait sur le torse, à moitié effacé par sa brûlure ignoble, un arbre de vie tatoué. Le symbole des druides. Cette réalisation tenta de se frayer un chemin dans l'esprit torturé de Sacha.

« Je ne voulais pas te faire peur. Seulement te protéger, c'est mon devoir. »

Mais Sacha n'avait pas écouté plus. Elle s'était redressée sur ses jambes tremblantes et était repartie en courant. Priant d'une part, pour qu'il ne la suive pas, et de l'autre, qu'il ne voit pas son saut dans les limbes.

Cette nuit-là, elle ne sut pas comment expliquer son retard à Argus, et encore moins lui dire qu'un sorcier fanatique de sa nature se trouvait dans les parages. Comment le pouvait-elle ? Tout empirait drastiquement. Au fond d'elle, la petite voix qui doutait de tout lui fit remarquer que la sensation de ses bras était la même que celle de Meleth nin.

Et c'était inconcevable.