Chapitre 7.

Severus devait revenir depuis ce matin au château, et Minerva s'inquiétait de son absence.

Miss Granger avait elle aussi déserté Poudlard, et la directrice espérait vraiment que la jeune femme avait eu assez à faire avec ses parents pour oublier un peu le maître des potions. Néanmoins, il n'était guère du genre de Severus Snape de manquer un rendez-vous, et elle devait s'assurer tout de même qu'il revienne en un seul morceau.

Bien sûr, l'endroit dans lequel elle l'avait envoyé était extrêmement isolé, mais aussi d'une tranquillité reposante. Elle n'avait eu aucune nouvelle de lui, hormis une lettre de l'horticulteur ayant confirmé le retrait de sa commande.

Peut-être avait-il oublié le portoloin… A moins qu'il ne lui soit arrivé quelque chose. Après tout, il ne sortait jamais de cette école, et c'était même pire depuis la fin de la guerre ! Personne n'était à l'abri d'une mauvaise rencontre, même dans un endroit aussi perdu de la côte italienne. La maison demeurait dans un village moldu, l'habitation ayant appartenu à Robert McGregor, le frère de son amour d'enfance. A priori, rien de dangereux ne pouvait s'y passer, mais qui sait jusqu'où la communauté sorcière de Grande Bretagne avait pu s'étendre en Europe ? C'était que Severus Snape avait toujours aussi mauvaise réputation, avec son passé de mangemort et le reste.

Ainsi, Minerva avait rejoins rapidement la maisonnée que feu son ami lui avait laissé. Elle n'y avait pas remis les pieds depuis tant d'années.

Il fallait dire que cela lui faisait remonter bien trop de mélancolie. Pour avoir passé du temps ici à se revigorer la tête et le corps, elle n'avait cessé de s'y rendre qu'après l'arrivée d'Harry Potter à l'école.

Symboliquement, ces lieux étaient toujours imprégnés d'une énergie si reposante, et Minerva avait ainsi espéré que cela soit contagieux pour son collègue.

La directrice souffla un peu de soulagement en percevant une fenêtre ouverte au loin. Lorsqu'elle s'approcha du portail non verrouillé, elle s'amusa de percevoir un air d'Aretha Franklin sortant de la cuisine, ainsi qu'un doux fumet. Sans aucun doute, il devait avoir passé d'excellentes vacances, même si elle doutait que cette chanteuse ne se range dans ses gouts musicaux et que ce son provenait sans doute d'un de ces CD laissés par Robert.

Une fois passée la grille d'entrée, la sorcière décida de le surprendre en pleine préparation, peut-être aussi pour en profiter afin de glisser une allusion ou deux sur le bénéfice de prendre du temps pour soi, même si elle ne se priverait tout de même guère pour le gronder d'avoir fouillé dans ses affaires et d'avoir manqué son retour au château.

Connaissant les lieux comme sa poche, la vieille sorcière contourna la maison. Une fois arrivée dans le jardin, elle poussa la porte arrière en bois pour tomber directement sur la cuisine, boisée elle aussi aux couleurs crème.

Cette dernière était sommaire, mais baignée toujours d'une lumière chaleureuse qui était plus plaisante encore en une fin de journée telle que celle-ci.

Minerva resta une seconde plantée dans le chambranle de la porte, jusqu'à ce que son sourire ne fonde soudain comme neige au soleil.

Severus buvait un verre de vin rouge et versait le reste de la bouteille dans une immense marmite. Ce n'est qu'après que Minerva remarqua le dos d'une femme sur lequel il se blottissait. Ses cheveux frisottés étaient ramenés en un chignon sommaire laissant sa nuque dégagée. Le maître des potions était baissé vers elle et gardait son menton posé sur son épaule, ainsi qu'une main sur sa taille. Ils riaient bêtement en répétant en rythme « Just a little bit », accompagnant la voix d'Aretha, ce qui ne laissa soudain aucun doute à Minerva quant à l'origine de la tonalité suivant celle de son collègue.

« Miss Granger ! s'écria la directrice, entre colère, trahison et effarement. »

La jeune femme sursauta comme un chat pris sur le fait, tout autant que Snape d'ailleurs. Ce dernier manqua de faire tomber son verre par terre avant qu'ils ne se tournent tous les deux vers la provenance de ce cri d'un même homme. Minerva ouvrit la bouche en grand comme un poisson hors de l'eau, remarquant le tablier porté par la Gryffondor taché de sauce tomate et de farine ainsi que leurs mains tout aussi peu propres.

Le pire étant sans doute la proximité dans laquelle elle les avait retrouvé !

« Minerva, mais qu'est-ce que vous foutez là ?! s'emporta Snape.

_ Moi, ce que je fais là ? Tu te moque de moi Severus, je peux savoir ce que vous fabriquez ici tous les deux ?!

_ Une bolognaise. »

Soudain, la directrice serra les dents et elle pourrait tout aussi pu se transformer en un véritable dragon, sa respiration hachée à deux doigts de sortir de ses narines en des volutes de fumées brulantes et sifflantes.

« On peut tout vous expliquer, commença Hermione en s'essuyant les mains sur le tablier qu'elle portait autour de sa taille.

_ Je vous croyais en Australie, lâcha la directrice en une grimace consternée.

_ Bien sûr que non enfin, elle est ici avec moi depuis dix jours, intervint Snape d'un ton agacé. »

Doux Jesus, ils avaient passés leur vacances ensembles ?! A la plage, dans un endroit complètement désert… Oh Albus avait raison, elle n'aurait jamais du s'en mêler !

« Professeur, vous n'avez pas l'air bien, lâcha Hermione avec inquiétude.

_ Non, en effet, répondit Minerva, à deux doigts de la syncope.

_ Vous voulez aller vous asseoir ? »

La Gryffondor accompagna la directrice jusqu'au salon. Cette dernière s'écroula sur le sofa, sonnée

« C'est peut être le voyage en portoloin, suggéra Hermione. Vous voulez une tasse de café ? Du thé peut être ?

_ Non Miss Granger. Ce que je veux, c'est comprendre ce qui a bien pu vous passer par la tête ! »

La jeune sorcière resta silencieuse, les lèvres plissées et Snape soupirait derrière elle, l'air fatigué.

« Severus mais enfin, puis-je savoir pourquoi tu as soudain décidé d'embarquer Miss Granger ici avec toi alors que tu aurais tué pour éviter la colocation avec elle il y a plus de trois mois de cela ?! »

La question ressemblait presque en tout point à celle que Snape avait dites en parlant des raisons pour lesquels il avait caché cela à Minerva. Ainsi, Hermione et le maître des potions se jetèrent un regard bizarre, et le rictus caché difficilement par la jeune femme manqua de les faire tomber dans une hilarité commune.

Face à cette complicité d'autant plus inconvenante, Minerva se senti vraiment au bord de la crise de nerfs. Remarquant son regard, Snape se ressaisit et se redressa un peu.

« Pourquoi es-tu venu jusqu'ici ? demanda-t-il tout en évitant sa précédente question.

_ Tu étais censé rentrer hier.

_ Non.

_ Si.

_ Le portoloin est programmé pour demain matin.

_ Il l'était pour ce matin, rectifia la directrice. Je me suis inquiété de votre absence c'est pourquoi j'ai décidé de venir jusqu'ici. Mais maintenant que je vous ai tous les deux sous la main, vous serez je suppose très heureux d'apprendre que les cachots viennent d'être réaménagés durant votre absence. »

Tout à coup, un silence lourd s'abattît dans la pièce. Minerva fut quelque peu surprise de les voir l'observer de leurs deux grandes paires d'yeux ronds. Toute couleur semblait s'être perdue sur leurs visages rendus pâles.

Un instant, la sorcière regretta de leur avoir annoncer cela d'une manière aussi brutale. Mais qu'y pouvait-elle ? Cette situation avait toujours été amenée à demeurer temporaire et il était de son devoir de directrice de trouver une solution pour que les cours de potions reprennent dans de bonnes conditions. Bien sûr, elle n'avait pas prévu de leur dire tout de suite… Mais s'eu été plus fort qu'elle lorsqu'elle les avait vu aussi complice l'un avec l'autre.

Peut être que le rappel qu'il demeure son professeur pouvait enfin les faire réagir ?

« Oh, finit juste par expirer Severus Snape.

_ J'ai fais des pieds et des mains pour convaincre les sirènes de déguerpir de la Severus, souligna la vieille sorcière sous le ton du reproche. Sans compter sur le fait que nous avons réussi à sauver un bon nombre de matériel pour que vous puissiez reprendre vos classes. Les Serpentard vont enfin pouvoir retrouver leur salle commune, ce qui nous permettra également d'arrêter de résoudre sans arrêt leurs conflits avec les autres à propos de broutilles.

_ C'est une… bonne nouvelle, bafouilla-t-il. »

Il pouvait sentir d'ici la jeune femme à ses côtés se tendre. Elle commençait à trifouiller ses doigts, de stress, d'angoisse, de tristesse ? Il n'en savait rien. Et il ne pouvait décemment le lui demander devant Minerva ou pire encore, poser sa main dans son dos. C'était en général un des seuls gestes qui pouvait calmer le genre de torrent émotionnel qu'elle pouvait traverser.

« Ce voyage m'a épuisé, soupira la directrice en se massant les tempes. Je sais qu'il n'y a que deux chambres ici et je n'avais pas prévu que vous soyez accompagné, mais…

_ C'est bon Minerva, trancha le maître des potions. Vous pouvez prendre l'autre, nous nous débrouillerons autrement.

_ Bien, soupira-t-elle. Désolée pour… le dérangement mais je pense que je ferais mieux d'aller me coucher maintenant pour être capable de me lever demain matin. J'ai réussi à convaincre le ministre de me proposer un autre portoloin d'urgence vers 7h. Bonne soirée. »

Hermione observa la directrice monter les escaliers et échapper rapidement à leur champ de vision. A son départ, elle se permit enfin de prendre une grande inspiration avant de sentir ses yeux brûler d'humidité.

« Cette vieille bique n'aura de cesse de me pourrir l'existence, chuchota Snape. »

Mais Hermione ne répondit pas et déglutissait pour tenter d'empêcher l'émotion qui lui étreignait la gorge, de sortir par sanglot.

Snape remarqua son tourment, sans savoir vraiment comment agir pour la réconforter.

« Allez, venez manger, lui dit-il en un murmure près de l'oreille.

_ Je n'ai plus faim, laissa-t-elle échapper d'une voix étranglée avant de retirer son tablier rapidement avant de monter les escaliers un peu trop précipitamment. »

Snape se pinça la bouche avant de soupirer. Il retourna dans la cuisine et grogna en s'appuyant contre le plan de travail, pensif.

Quel idiot il avait pu être.

Cette cohabitation avait amené tant d'insouciance dans leurs existences qu'il n'avait pas songé au moment où il devrait y mettre fin. L'idée soudaine de retrouver ses cachots froids et lugubres, sa solitude et le silence mordant de ses quartiers lui fit un noeud à l'estomac, de telle sorte que tout appétit foutu le camp.

Ainsi, le sorcier sortit sa baguette et rangea d'un sort tout le bazar présent dans la cuisine. Il en lança un autre sur ses chaussures pour les empêcher de faire du bruit et décida de monter les escaliers. Ces derniers grinçant comme le feraient ceux d'une vieille maison, c'est dans un calme plat qu'il arriva jusqu'à la porte de leur chambre.

Le sorcier retint sa respiration en la poussant, priant pour ne faire aucun bruit. Puis, il se hissa de l'autre côté tout doucement et chuchota un « Silencio » sur l'entrée.

Lorsqu'il se tourna, il la vit allongée tout habillée dans le lit. Que pouvait-il bien lui dire après tout ? Il aurait du anticiper ce qu'il se passait et s'en voulu pour s'être laissée aller de la sorte sans prévenir le mal que son départ pourrait lui causer… leur causer. Mais comment aurait-il pu après tout ? Il avait été si persuadé à l'époque qu'ils finiraient pas se bouffer le nez à force de vivre sous le même toit.

Lentement, le maître des potions s'avança vers le lit et s'assit sur le bord du matelas, juste derrière elle. Il hésita un court instant avant de lever la main pour lui caresser doucement le dos.

Jamais personne ne s'était mit dans cet état pour lui. Pire encore, la majorité des gens l'évitaient et auraient tué pour se soustraire à sa présence. Snape soupira et, percevant les soubresauts silencieux de la jeune femme, décida de venir se blottir derrière elle, comme il le faisait chaque nuit.

Hermione sentit sa main sur ses joues sécher maladroitement les sillons silencieux de ses larmes, et ferma les paupières. Il se guidait un peu à l'aveugle et ses doigts frôlaient ses traits avant qu'il ne les retire avec pudeur.

« Miss Granger se laisse abattre ? chuchota-t-il contre son oreille. »

Il sentit simplement sa tête acquiescer sans répondre tout à fait.

« J'ai lancé un sonorus sur la chambre. Il ne manquerait plus que Minerva sache que je suis monté ici. »

D'un geste, Hermione se retourna pour se blottir dans ses bras, avec tant de force qu'il émit une expiration étouffée en la cueillant dans son geste.

« Tout est terminé, sanglota-t-elle.

_ Hermione, soupira Snape. Vous vous souvenez quand vous m'avez demandé si nous allions rester proches lorsque vous vous en irez ? »

La jeune femme acquiesça de nouveau, faisant rebondir ses boucles sous son visage.

« Alors, on ira ensemble en Australie pour désensorceler vos parents cet été, lâcha-t-il en passant ses doigts dans ses cheveux.

_ C'est vrai, vous m'y accompagnerez ? minauda-t-elle d'une petite voix.

_ Je ramènerais un troupeau de kangourous dans la forêt interdite, Minerva va me tuer et Hagrid va m'adorer. »

Hermione rit parmi ses larmes et renifla un peu en prenant place dans ses bras, ses jambes entre les siennes.

« J'espère que je verrais ça, souffla-t-elle.

_ Bien évidemment.

_ Merci, murmura-t-elle. »

Hermione reprit un peu contenance, avant de se redresser pour fixer ses pupilles entre les siennes, un peu rouges, toujours humides certes, mais un faible sourire venait enfin lui redonner un peu de joie.

« Vous devez me trouver idiote, lâcha-t-elle gravement. »

Snape émit un faible soupir expiré, un peu amusé, touché également sans pour autant le dire tout à fait. Il la trouvait assez… attendrissante, à sa façon. C'était qu'il n'était guère habitué à manquer à quelqu'un et une partie de lui ne la comprenait pas. Bien sur, jamais il ne lui aurait communiqué ses insécurités, et il décida même de les effacer de sa tête, parce qu'il en avait assez de souffrir.

Le sorcier glissa sa main vers sa joue et sa nuque, avant de lui offrir un maigre rictus.

« Je ne vous ai jamais trouvé idiote, souffla-t-il.

_ Vous me draguez là ?»

Snape pouffa un peu et elle en fit de même avant de reprendre sa posture contre lui.

« Ou alors vous avez fini la bouteille de vin qui était resté sur le plan de travail.

_ Ne me tentez pas. »

Hermione rit plus franchement et prit une inspiration avant de soupirer.

« J'aurais aimé en profiter pour manger des spaghettis bolognaises dans le jardin avec les cigales en guise d'ambiance sonore.

_ Il ne vaut mieux pas tenter le diable, à moins que vous vouliez que Minerva nous croise, sortant de la même chambre.

_ Non, en effet. Et je n'ai pas envie que l'un de nous passe sa nuit sur le canapé, nia-t-elle.

_ Dans ce cas… commença Snape. »

Hermione se leva et Snape fronça les sourcils en l'interrogeant du regard.

« Si vous croyez que je vais dormir dans cette jolie robe, balança-t-elle en la retirant sans aucune pudeur.

_ Mais qu'est-ce que vous faites, s'exclama-t-il en une aspiration lorsqu'elle se retrouva en simple sous vêtements.

_ On a pris notre douche ensemble une fois, ne faites pas votre choqué. Ma nuisette est dans la salle de bain, et comme vous venez de le dire, on risque de se griller si on sort de là. »

Snape prit une inspiration et afficha une mine pensive et contrariée à la fois.

« Quoi ? demanda-t-elle en s'installant.

_ Vous faites ça avec tous vos amis ?

_ Non, juste avec vous, ricana-t-elle. »

Le maître des potions leva les yeux au plafond. Non, cette fois, c'était trop pour lui.

Il avait déjà eu bien du mal à penser à autre chose la première fois qu'elle s'était affichée avec cette petite robe en soie devant ses yeux.

« Et vous, vous allez dormir habillé peut-être ? »

Snape ne trouva rien d'autre à faire que de marmonner. Alors, Hermione leva les yeux au ciel, usée par ses manières.

« Vous exagérez.

_ Vous mettez juste mes… nerfs à rude épreuve.

_ Moi ?! Mais je n'ai rien dis, se défendit-elle mal.

_ Restez dans votre innocence, sorcière. »

Hermione fronça les sourcils dans le vide, avant de jeter un regard discret sur ce qu'elle portait. Un ensemble en dentelle noir, pour une fois assorti… Oh.

« Oh, répéta-t-elle en rougissant. »

Hermione se racla la gorge, mal à l'aise et Snape manqua de se mettre une claque mentale pour sa maladresse.

« Je ne vais pas vous sauter dessus, détendez-vous, marmonna-t-il.

_ Je ne m'inquiétais pas à ce propos enfin ! Je voulais juste vous dire que… disons que je ne vous en voudrais pas si votre corps exprime quelque chose contre votre gré.

_ Miss Granger, grommela-t-il en pressant ses mains sur son visage, au comble du malaise.

_ En plus, c'est déjà arrivé alors, vous savez…

_ Quoi ?! beugla-t-il.

_ Un matin, mais vous dormiez à poings fermés alors je n'ai pas ressenti le besoin de vous réveiller, surtout si c'était pour vous mettre mal à l'aise. »

Snape s'enfonça dans le matelas, et il bénit l'obscurité qui cacha parfaitement son rougissement flagrant.

« Oh je commence à être soudain content de retrouver les cachots.

_ Ne dites pas de bêtises. »

Hermione l'entendit grogner comme un ours, et s'en amusa.

« Bon allez, retirez votre pantalon, qu'on dorme une bonne fois pour toute.

_ Je vous déteste. »

Hermione se retint de pouffer de nouveau lorsqu'il se contorsionna pour s'exécuter, grognant dans sa barbe. Snape prit une profonde inspiration en se retrouvant en caleçon et la retourna d'un habile jeu de bras pour se positionner derrière elle, comme ils en avaient pris l'habitude de le faire. Seulement, la situation était bien différente et ce geste couplé à leurs tenues légères le fit grimacer.

Snape tenta de penser à beaucoup de choses tout autre que ce qu'il venait de faire, mais la texture de la dentelle de sa culotte contre ses doigts pressés sur sa hanche l'en empêcha.

Hermione ferma les yeux et se mordit la lèvre en sentant quelque chose de différent dans son dos. Elle tenta de faire comme si elle n'avait rien remarqué, mais elle se racla encore la gorge et Snape serra les poings, agacé.

« Je vais dormir sur le canapé, balança-t-il en voulant se lever.

_ Non ! protesta-t-elle vivement en reprenant son bras pour le remettre sur elle. Restez. S'il vous plait. »

Snape soupira en retombant dans le matelas assez lourdement. Hermione se pinça la bouche, lorsqu'il se positionna de nouveau derrière elle, sans un mot.

Heureusement, les réactions de son propre corps ne se voyaient pas, contrairement au sorcier derrière elle. Hermione soupira en gigotant un peu, ne sachant plus comment faire maintenant pour cesser le tiraillement qui avait commencé à prendre place dans son entrejambe.

« Arrêtez de faire ça, murmura-t-il. Sinon, je vous jure que je m'en vais. »

De nouveau, Hermione serra un peu les cuisses et ferma les paupières, tentant de trouver le sommeil… sans grand succès, bien sûr. Le pire était que la bosse qui était pressée dans le bas de son dos ne cessait pas, et que cela avait vraiment de plus en plus d'effets sur elle.

« Vous vous rendez compte que c'est sans doute la dernière fois qu'on dort ensemble, chuchota-t-elle comme pour se changer les idées.

_ Et on a choisi de le faire en sous-vêtements. »

Hermione pouffa un peu. Elle parcourut ses doigts sur le plat de la main de Severus, traçant pensivement chacune de ses veines. Elle vit du coin de l'oeil les frissons sur son avant-bras. Un peu flattée de l'effet qu'elle lui provoquait, ses ongles s'aventurèrent sur sa peau avant de revenir sur sa main en un va et viens hypnotique. Machinalement, lui commença à lentement caresser son ventre, ce qui la fit tressaillir à son tour. Hermione soupira une première fois en comblant davantage l'espace entre son dos et le torse du maître des potions.

« Hermione, murmura le potionniste d'une voix tremblante, protestant autant qu'il le pouvait compte tenu de son érection pressée contre les reins de la jeune femme. »

Cela faisait des lustres qu'il ne s'était même pas adonné à un seul plaisir solitaire à cause de leur colocation. Autant dire qu'elle le soumettait à une véritable épreuve de résistance. Ce fut pire encore lorsque sa petite main pris la sienne pour la glisser sur sa hanche avant de le guider timidement vers ses fesses. Le message était là, implicite, mais pourtant impossible à rater.

Snape laissa un instant sa paume s'attarder sur l'arrondi de son cul rebondi avant de soupirer en posant son front sur son épaule, d'ores et déjà essoufflé par l'excitation qui avait pris place dans son corps tout entier.

« Vous avez chaud, soupira-t-elle. »

Snape déglutit difficilement. En effet, il n'avait jamais été aussi bouillant de son existence.

« Vous préférez que je m'en aille ? demanda-il tout bas. »

La question lui avait été murmuré, et sonnait tellement à double sens. Snape ôta sa main de l'endroit où elle l'avait placé, et Hermione réfléchit un peu rapidement à la situation.

Elle était dans un état d'excitation telle que l'exercice était bien plus difficile que prévu. Sa raison lui hurlait d'arrêter cette folie, mais son corps lui, lui dictait de faire tout l'inverse. Et ne pas l'écouter était de l'ordre de l'impossible, car elle avait été extrêmement chaste depuis trois mois, ne s'accordant elle non plus, aucun moment seule avec son unique plaisir.

« Non… chuchota-t-elle. »

Cette fois, elle le laissa venir et se demanda un instant s'il le ferait. Elle resta ainsi dans l'attente une trentaine de secondes avant de fermer les paupières quand la main de son professeur se remit sur sa hanche, glissant le long de sa cuisse avant de revenir en un geste lent et lascif.

« Désolé, lui glissa-t-il en restant bien trop respectueux pour aller plus loin. »

Hermione recula instinctivement ses fesses contre son entrejambe, et les doigts de l'homme se serrèrent un peu contre elle. Merlin, il était brulant et sa peau ressemblait à de la lave en fusion sur la sienne qui était si fraiche. Sans réfléchir, elle prit ses doigts et les amena lentement vers son visage pour y passer chastement sa bouche.

Snape dut fermer les yeux, avant de soupirer en sentant ses lèvres se poser lentement sur chacune de ses phalanges les unes après les autre. Il remua un peu ces dernières et toucha pensivement sa bouche de son pouce.

Il devait se ressaisir, c'était vital ! Mais elle le faisait tourner en bourrique, comment pouvait-il seulement résister ? Ne pas la voir vraiment rendait l'exercice encore plus compliqué. Tout devenait chimérique en quelque sorte, presque irréel.

Il ne put s'empêcher pourtant de poser sa bouche sur l'épaule de la jeune femme qui eut un nouveau frisson avant de gémir. Dieu, elle était si sensible.

« C'est une mauvaise idée, vous le savez ça, lui glissa-t-il au creux de l'oreille. »

Hermione plissa un peu son épaule tant la sensation de son souffle contre sa nuque était bonne.

« Je sais, déglutit-elle. C'est juste que…

_ Que quoi, demanda-t-il d'une voix grave.

_ On ne fera rien bien sûr, mais… disons que je ne dormirais jamais dans l'état dans lequel je me trouve, avoua-t-elle enfin. »

Snape serra sa hanche de nouveau avant de réfléchir à toute vitesse.

Il fallait qu'il ait le contrôle de la situation. Il fallait qu'il puisse la maitriser, pour ne pas aller trop loin… Même s'ils avaient déjà franchi une énorme limite.

Sans réfléchir, l'homme décida de diriger sa main vers sa culotte, la touchant plus franchement cette fois. Et il lui fallut un self control d'acier pour ne pas céder lorsqu'il la sentit d'ores et déjà trempée d'humidité et Hermione s'accrocha soudain aux draps comme si elle allait tomber à la renverse.

Sans plus de cérémonie, il plongea ses doigts dans son sous vêtement et la toucha. Hermione ne s'attendant pas à tant aspira l'air bruyamment tout en s'accrochant au lit pendant qu'il parcourait ses plis. Puis, il trouva son clitoris et elle se pensa définitivement perdue. Tout ce qu'il voulait était de lui offrir ce qui leur permettrait à tout deux de se tenir durant toute une nuit sans se jeter l'un sur l'autre comme des animaux.

Hermione se tendit en serrant son avant bras, avant qu'il ne caresse doucement son bouton, d'un toucher habile. Ni trop fort, ni trop peu, il appuyait à divers endroits, s'attardant autour puis changeant la cadence de temps à autre. C'était si bon qu'elle lâcha petit à petit sa prise, les mains tremblantes.

La respiration hachée, elle ne cacha plus ses gémissements alors qu'il se jouait d'elle. Pire encore, elle se mit à gigoter encore plus, ce qui frotta agréablement l'érection du sorcier contre ses fesses. Bientôt, ses gestes se firent plus équivoques, et la respiration intense de Snape contre son oreille n'arrangeait en rien ses affaires.

Hermione se passa une main sur le visage, avant qu'il ne l'empêche de bouger d'une prise ferme.

Snape venait d'entourer son autre bras autour de sa taille pour l'entraver avant d'accélérer la cadence, alternant son index entre son bouton et son entrée, la rendant plus moites de partout si ce n'était pas plus possible. Au comble de l'excitation cette fois, Hermione sentait qu'elle était trempée, son entrejambe si moite que ses cuisses elles aussi, commençaient à être imbibées. Elle songea qu'il était en train de la rendre complètement folle.

Lorsqu'il la pénétra légèrement, elle gémit plus fort encore et passa son bras en arrière afin de saisir la nuque du potionniste pour l'empêcher de partir. Il n'en avait aucune intention de toute façon, et ses dents mordillèrent sa peau quand elle ondula de nouveau malgré la force qu'il employait à ce qu'elle ne le fasse pas.

Jamais encore elle n'avait connu d'instant aussi érotique. Elle avait eu d'autres partenaires, Ron, Viktor, mais ils avaient été tous deux jeunes et inexpérimentés. Ils n'avaient même pas su préparer le terrain convenablement.

Snape lui, savait exactement où la toucher, et il ne lui sautait pas dessus pour aller plus loin, au contraire. Elle se sentait presque gauche face à lui, un peu égoïste, car elle était tellement transportée par ses doigts, sa main, par son énorme érection allant et venant entre ses fesses qu'elle se perdait elle-même dans son propre plaisir.

Enfin, Snape la retourna une bonne fois pour toute afin de la plaquer contre le matelas et de faire aller ses doigts en elle sans plus de délicatesse. Hermione aspira l'air avec une détresse certaine, pressant ses paumes contre ses yeux, ses joues, sa bouche afin qu'elle se taise.

Bientôt, son bassin ondula dans le vide, seul contre la main du potionniste dont la respiration était tout aussi saccadée. La sensation n'avait jamais été si forte alors que le plaisir montait encore et encore. Hermione vint réfugier alors son visage dans le creux de sa nuque, s'y accrochant alors qu'il serrait sa peau tout en allant et venant en elle avec autant de douceur que d'intensité.

Il ne cherchait même pas à épancher son propre désir, ne se concentrant que sur elle et chacun parcelle, chaque geste l'amenant aux portes de la jouissance.

Hermione finit par descendre sa propre main vers son entrejambe, activant ses doigts autour de son clitoris alors qu'il demeurait en elle, tournoyant les siens pour lui donner la sensation de la posséder. Snape accrocha l'arrière de la tête d'Hermione pour la maintenir contre lui alors qu'elle était sur le point de jouir, comme il le pressentait. Il sentait les doigts de la jeune femme s'activer plus franchement autour de son bouton au fil des secondes alors qu'il s'enfonçait en elle avec autant de fermeté que de profondeur, s'aidant de sa cuisse afin de donner plus de force à son mouvement.

C'était comme s'il supportait son plaisir, comme s'il en prenait un plus grand encore à le lui accorder et Hermione se réfugia dans son cou, si essoufflée. Sans un mot, il se baissa assez pour capturer sa bouche violemment avant qu'elle n'explose en un cri dans sa gorge.

Hermione se figea, tous ses muscles tendus alors qu'il gardait ses deux doigts en elle, figés au plus profond de son antre, supportant les spasmes de son sexe autour de son index et de son majeur trempés. Il l'embrassa comme une friandise avant de poser sa bouche sur sa joue, son front, ses tempes moites de sueurs. Hermione redescendit de son nuage avant qu'il ne l'embrasse une dernière fois avec douceur et elle crut fondre.

Elle se détendit enfin, et il la laissa se remettre de son orgasme. Lentement, son bassin redescendit sur le matelas et il ôta ses doigts d'elle. Quand elle ouvrit les paupières, elle vit son regard qui parcourait son visage comme s'il venait de tomber sur la huitième merveille du monde.

Il avait envie de lui dire qu'elle était belle, qu'elle était touchante. Il avait envie de lui dire que ses gémissements s'apparentaient à la meilleure musique qui soit. Son cœur battait plus fort encore que s'il avait joui lui même, mais il se contenu et lui sourit un peu à la place. Penché ainsi sur elle, il passa pensivement le plat de sa main sur son visage un peu rougi par l'effort alors que ses yeux ressemblaient à ceux d'une biche qui aurait vu le plus beau des cerfs.

« Mieux ? lui demanda-t-il en passant ses phalanges sur sa joue. »

Hermione lui sourit à son tour, acquiesçant silencieusement entre fatigue et tendresse avant qu'il ne l'amène contre lui en une étreinte douce et chaste. Elle ferma ainsi les paupières, songeant qu'il n'en avait même pas profiter pour se soulager à son tour avant que le sommeil ne l'attrape sans qu'elle ne parvienne à lutter contre lui.