/ ! \ Rien dans Love in the Air ne m'appartient, je n'ai fait qu'écrire cette histoire. L'image que j'ai utilisé pour la fiction n'est également pas à moi, j'ai cru comprendre qu'elle appartenait à nnartss. Merci d'avance à tous ceux qui liront cette histoire et n'oubliez pas que chaque commentaire est le bienvenu.
« Les rois sont reines »
Rain ne pensait pas pouvoir être plus heureux. Il réussissait bien dans ses études d'architectures, son meilleur ami avait enfin fait la paix avec lui-même et surtout, il vivait le parfait amour avec P'Phayu.
Bien sûr, tout n'était pas toujours rose. Il lui arrivait d'avoir des projets si longs et importants qu'il devait sacrifier ses heures de sommeils et son temps passé avec Phayu. De temps en temps, des personnes beaucoup trop arrogantes pour leur propre bien venaient défier Prapai et Phayu lors des courses illégales, ne manquant pas de rendre Rain et Sky inquiets. Et parfois, Sky ou Rain replongeaient dans leurs souvenirs de Gun et Stop, obligeant leurs petits-amis à les rassurer et les tenir pendant des heures. Mais ce n'étaient que les aléas de la vie, des choses sans importances qu'ils pouvaient surmonter ensemble.
Le véritable problème de Rain qui l'empêchait de complétement apprécier son bonheur était tout autre. Il avait un secret. Un secret honteux et inavouable. Un secret qu'il voulait enfouir au plus profond de lui-même pour continuer sa vie comme si de rien n'était. Mais il savait que cela finirait par sortir et il voulait que cela se fasse à sa manière. Il préférait le dire à Phayu en face-à-face, l'affronter directement et ainsi lui prouver qu'il lui faisait confiance plutôt que de le mettre, lui et leur couple, dans une position délicate quand tout serait finalement révélé.
Personne n'était au courant à part Sky. Même sa mère ignorait tout de ses penchants pour le moins… particuliers. P'Phayu était déjà conscient de son appréciation prononcée pour les costumes mais il n'en connaissait pas toute l'ampleur. Parce que ce que Rain préférait était de se travestir. Lorsqu'il était plus jeune, beaucoup le confondait avec une fille et cela lui plaisait. Il adorait laisser pousser ses cheveux et porter des couleurs pastelles pour confondre les gens. Il n'avait jamais avoué à sa mère pourquoi il tenait autant à ce style vestimentaire que peu de garçons arboraient, ce qui l'avait obligé à couper ses cheveux et porter de nouveaux vêtements quand il était rentré au collège. C'était alors devenu son petit secret. A cette époque-là, ce n'était pas encore quelque chose de réellement inavouable. Mais cela n'avait fait qu'empirer au fils des ans. La première fois qu'il avait porté des vêtements féminins était lors de sa deuxième année de collège. Sa mère s'était absentée pour la journée, laissant Rain seul à la maison. Il n'avait pas eu l'intention de fouiller mais il s'ennuyait. A la recherche d'aventure, il avait exploré les recoins de la maison dans lesquels il ne se rendait jamais. Comme la chambre de sa mère. Il n'avait honnêtement pas trouvé grand-chose de digne d'intérêt à l'exception d'une vieille robe blanche qui était beaucoup trop courte pour sa mère. Il savait aujourd'hui que c'était la robe qu'elle avait porté le jour où elle avait rencontré son père. Elle l'avait gardé toutes ses années pour des raisons purement sentimentales, ne pouvant se résigner à la jeter quand bien même elle ne pouvait plus la porter depuis longtemps. Lorsqu'il l'avait vu, Rain avait été fasciné. A quoi ressemblerait-il avec ça ? Cela lui irait-il ? Incapable de résister à la tentation, Rain avait essayé la robe. Elle était un peu trop tombante pour lui et les manches trop longues pour ses bras frêles. Pourtant… Rain s'était trouvé beau. La robe faisait ressortir ses traits délicats et sa couleur blanche crystalline contrastait délicieusement avec sa peau frugalement halée. La sensation de légèreté que lui procurait la robe était si agréable qu'il n'avait plus envie de porter autre chose. A ce moment-là, ses cheveux longs lui manquaient et il n'avait qu'une envie : ressembler un peu plus à une fille.
Mais il était rapidement revenu à la raison.
Ce n'était pas normal. Aucun garçon ne voulait porter de robe. Les garçons aimaient le football, les filles avec des grosses poitrines et les vêtements de sports. Ils n'aimaient pas le rose, les fleurs et les robes.
Après cette expérience, il avait nié toutes envies féminines vers lesquelles son esprit se tournait. Il refusait d'accepter sa différence. Et si son regard s'attardait un peu trop sur les vitrines des magasins de vêtements féminins ou que sa main se tendait inconsciemment vers le maquillage de sa mère quand il occupait la salle de bain, personne n'avait besoin de le savoir.
Et un jour, il avait craqué. C'était Halloween et tout le monde se déguisait. Il avait à l'origine prévu de s'habiller en vampire comme tout adolescent en manque d'imagination mais il n'avait pu ignorer la petite voix dans sa tête qui lui disait que c'était le seul jour de l'année où il pourrait être lui-même sans que personne ne le remarque. Après tout, qui ferait attention à un costume un peu trop de mauvais gout ?
Il s'était rendu dans la chambre de sa mère, récupérant secrètement la robe blanche qui avait été la racine du problème. Il s'était dirigé vers la salle de bain, cachant du maquillage dans ses poches. Puis il s'était réfugié dans sa chambre, verrouillant la porte derrière lui. Il avait longtemps regardé les affaires de sa mère, hésitant à faire le premier pas, avant de finalement enfiler la robe. Cette fois-ci, la robe lui allait parfaitement, paraissant taillée pour lui. Surement devait-il avoir la même carrure que sa mère à son âge. Il s'était ensuite rapproché de son miroir et avait appliqué du rouge à lèvres cerise sur son visage. Un peu de fard à paupière et d'eyeliner plus tard, Rain avait fini son œuvre. Ses traits de maquillages étaient tremblants, exposants à la vue de tous son inexpérience dans le domaine et pourtant, il se sentait enfin comme lui-même.
Ce qu'il avait éprouvé à cet instant lui avait fait promettre de ne plus jamais se mentir. Il pouvait vivre en gardant le secret mais il ne pourrait pas continuer à repousser sa nature profonde.
Après cette fameuse nuit d'Halloween, Rain avait commencé à accumuler son trésor : des robes, des jupes, des produits cosmétiques et du maquillage. Au début, il se contentait de les utiliser dans sa chambre, à l'abri des regards. Mais avec le temps, il avait pris confiance en sa capacité de métamorphose, à tel point qu'il osait à présent sortir habillé comme ça. Il ne parlait bien sûr à personne, de peur que la supercherie ne soit révélée mais il se sentait si bien quand il recevait un « bonjour, mademoiselle. » d'un commerçant ou un « excusez-moi, madame » d'un passant maladroit qui l'avait malencontreusement bousculé.
Rain avait continué à assouvir ses fantasmes féminins pendant des années de cette manière. Il se pensait intouchable, trop expérimenté pour être piégé. Mais c'était sans compter la perspicacité de Sky qui était beaucoup plus intelligent qu'il ne voulait le laisser paraitre. Quand son meilleur ami lui avait montré une photo d'une fille qu'une personne au hasard avait posté sur les réseaux sociaux en lui déclarant de but en blanc ''C'est toi, n'est-ce pas ?'', Rain avait vu son monde s'effondrer. Ça y était, le rêve était brisé. Il avait senti les larmes couler sur ses joues avant de pouvoir les retenir et n'avait su que dire pour empêcher son ami de l'abandonner. Heureusement, il n'en avait pas eu besoin. Sky s'était contenté de le prendre dans ses bras en lui murmurant un léger ''Je suis ton ami, Rain''. Et ça avait suffi.
Rain était tellement reconnaissant envers Sky de l'avoir accepté tel qu'il est, juste comme ça, sans jugement. Mais il était aussi conscient que peu de monde était ouvert d'esprit comme son ami. Combien de personnes le critiqueraient s'il décidait d'avouer au monde ce qu'il est ? Et combien le soutiendraient ? Il ne pouvait pas le prévoir mais il savait que le ratio ne serait pas équitable.
Sa peur s'était décuplée quand il avait rencontré son P'Phayu. Phayu était le roi de la faculté d'architecture. Il était beau, gentil et poli. C'était un prince inaccessible que beaucoup enviait ou désirait. Pourtant, cet homme si parfait l'avait choisi lui, Rain. Il savait que l'amour de Phayu était sincère mais Rain ne voulait pas le décevoir. Son ainé avait déjà dû s'occuper de lui, lui apprendre à être responsable et avait même été humilié, frappé pour lui, Rain ne voulait pas encore rajouter autre chose à la liste. Et si Phayu décidait qu'il ne voulait pas de cette partie de Rain, qu'allait-il faire ? Déciderait-il de l'abandonner ? Essayerait-il de le changer ? Rain ne voulait définitivement pas savoir.
Il était néanmoins conscient qu'un secret ne durait jamais très longtemps. Il était même étonné que Phayu n'est pas déjà découvert la vérité. Combien de fois l'ainé avait-il faillit trouver son trésor, caché sous le lit de sa chambre ? Combien de fois avait-il utilisé le téléphone de Rain, tombant sur d'innombrables publicités destinées à une public féminin ? Combien de fois Sky avait-il manqué de lâcher le morceau, trop habitué à la chose pour se souvenir que ce n'était pas le cas de tous ?
Le temps de Rain était compté. Il devait faire face à Phayu.
L'occasion se présenta sous la forme de la fête d'anniversaire du neveu de P'Chai. Pour remercier Phayu et Prapai de leur investissement dans les courses illégales, ceux-ci avaient été convié à la fête. Et comme Phayu et Prapai s'accompagnaient toujours de Rain et Sky, les deux jeunes hommes avaient aussi été invités en tant que plus uns.
Phayu avait déjà participer à des évènements de ce type et avait expliqué à Rain que ''fête d'anniversaire'' signifiait ''grande salle de type boite de nuit dans laquelle de nombreuses personnes dansaient sur de la musique trop forte au milieu de lasers de couleurs après avoir bu une forte dose d'alcool''. Phayu avait bien insisté sur le fait que si Rain ne voulait pas y aller, ils n'iraient pas. Mais Rain y voyait l'occasion qu'il attendait : le neveu de P'Chai et P'Phayu n'avaient pas de liens directs donc si besoin, ils pourraient quitter la fête sans répercussions. De plus, c'était le genre d'évènement où il était facile de se fondre dans la foule, aussi excentrique soit-on. Et cerise sur le gâteau, Sky serait avec lui. Si jamais les choses tournaient au vinaigre, il pourrait compter sur son meilleur ami.
Rain prépara tout ce qu'il lui faudrait et rassembla l'ensemble de son courage. Il n'avait rien dit à Phayu, préférant lui montrer directement. Il savait que s'il s'installait devant lui pour lui parler, il n'aurait pas la force d'aller jusqu'au bout de la conversation.
Le jour J, Rain et Sky avaient réussi, par on ne sait quel miracle, à convaincre Phayu et Prapai d'aller à la fête en premier. Les deux cadets devaient les rejoindre directement là-bas, venant grâce à la voiture de Rain.
Autant qu'il voulait en finir rapidement, Rain mis plus de temps que nécessaire à se préparer, ne se sentant jamais assez parfait pour confronter P'Phayu. Sky du le trainer de force vers la voiture pour que Rain abandonne finalement et accepte que ce qui devait arriver arriverait.
Quand ils atteignirent le lieu de la fête, l'ambiance était déjà bien ancrée et les invités déjà bien enivrés. Ils cherchèrent leurs petits-amis, Rain se cachant autant que possible derrière Sky. Celui-ci essaya de détacher son ami de son bras mais il savait qu'il n'y arriverait pas tant qu'il n'aurait pas amener Rain à P'Phayu.
Ils dénichèrent Prapai et Phayu près du bar, les deux hommes discutant avec un couple que Sky pensait avoir aperçu une fois aux courses. Rien qu'à leur attitude, il sut que les deux ainés avaient bu. Ce n'était pas un problème en soi, leurs petits-amis tenaient l'alcool. Sky craignait seulement que cela n'altère les capacités de jugement de P'Phayu.
Sky sentit Rain se tendre dans son dos, signe que son ami avait repéré Phayu. Il lui chuchota des encouragements à l'oreille, rappelant à Rain tout ce que Phayu et lui avaient traversé ensemble et le guida vers le bar.
Dès que Prapai vit Sky, son visage s'illumina et il abandonna toute conversation pour venir prendre son petit-ami dans ses bras. Il ne semblait même pas être conscient de la présence de Rain et de son accoutrement. Cela libéra un peu de poids des épaules de Rain qui était heureux d'avoir un peu de temps de répit avant de devoir faire face au jugement de P'Pai.
Après un ultime signe encourageant de la part de Sky, Rain s'approcha timidement de Phayu. Celui-ci avait écourté sa discussion avec le couple quand Prapai s'était rué sur Sky. Rain le vit balayer la salle des yeux et il ne doutait pas que son P' le cherchait. Il put déterminer très exactement le moment où il le trouva : les yeux de Phayu s'écarquillèrent et sa bouche s'ouvrit légèrement dans une expression inconsciente de son incrédulité. Il ne fallut pas longtemps à cette expression pour disparaitre et être remplacée par un sourire en coin. Rain connaissait ce sourire, c'était celui que Phayu arborait quand il voulait le taquiner.
Peut-être que cela aurait dû l'inquiéter mais en voyant le sourire narquois de P'Phayu, Rain se détendit complétement. Phayu l'acceptait.
L'ainé s'écarta du bar pour rejoindre Rain. Il passa immédiatement ses bras autour de la taille du plus jeune et déposa un baiser sur son front. Une de ses mains vint écarter une mèche de cheveux du front de Rain et il détailla son petit-ami de haut en bas.
Rain portait une robe rose classique dont le col était fait de dentelles. Une délicat collier en argent et des boucles d'oreilles assorties venaient illuminés la tenue tandis que la perruque et le maquillage rendait le tout très féminin. Si Phayu ne connaissait pas le visage de son Rain par cœur, surement n'aurait-il pas été capable de dire que Rain était un homme.
Voir Rain habillé comme cela était putain d'excitant. Cela faisait ressortir tous les instincts de domination que Phayu gardait habituellement enfouis (en public du moins).
« J'ai l'impression qu'une vilaine fille essaye d'exciter son papa. » Susurra Phayu à l'oreille, ne manquant pas d'appuyer sa phrase du coup de langue aguicheur.
Rain gémit un « P'Phayu » comme seul lui en avait le secret et ce fut tout ce dont Phayu avait besoin pour tirer Rain par le bras, le ramenant à sa voiture.
Phayu assit Rain sur le siège passager et prit place au volant, les ramenant tous les deux chez eux. Heureusement pour lui et ses capacités de contrôles, la fête ne se déroulait pas loin de la maison. Sans même se poser la question de savoir si Saifah était là, Phayu poussa Rain sur le canapé à peine eurent-ils passé la porte.
Autant qu'il avait l'habitude de taquiner Rain et de faire durer les choses, Phayu peinait vraiment à se retenir. Rain avait toujours été irrésistible à ses yeux mais le voir comme cela était au-delà de tout ce qu'il avait pu imaginer.
Perdu entre luxure, plaisir et jouissance, Phayu et Rain s'embrassaient, s'échauffaient et se caressaient. Ils s'égaraient l'un dans l'autre, perdant complètement pieds avec la réalité. Ils ne surent combien de temps ils sombrèrent dans leur amour, leur conscience s'évaporant peu à peu à mesure que la nuit les enveloppait.
Phayu se réveilla avec un mal de tête lancinant. Il savait que cela ne pouvait venir que d'une mauvaise gueule de bois mais il avait du mal à se rappeler des évènements de la veille. Que s'était-il passé ? Il plongea dans sa mémoire, cherchant à dénouer le nœud de souvenirs qui l'assaillait.
La fête du neveu de P'Chai. Il s'y était rendu avec Pai. Rain et Sky devaient les rejoindre mais ils étaient en retard. Pour noyer leur impatience (et leur irritation), Pai et lui avaient commandé quelques shots en attendant leurs petits-amis. Et après…
Une robe rose.
Un maquillage brillant.
Des bijoux argentés.
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Une fille.
Phayu se voyait enlacer cette fille, la ramener dans la voiture, la coucher sur le canapé…
Il secoua la tête. Ce n'était pas possible. Il aimait Rain. Cela n'avait pas pu arriver. Ignorant la douleur dans son crâne, Phayu se leva et se posta devant son miroir. Ses cheveux étaient en bataille et des suçons recouvraient son torse. Rien qui sortait de l'ordinaire si ce n'était la marque de rouge à lèvre qui s'étendait à la base de son cou.
Ses genoux le lâchèrent et il dû se rattraper pour ne pas tomber. C'était vraiment arrivé. Il avait couché avec une fille la nuit dernière. La robe rose qui dépassait de sous le lit n'était qu'une autre preuve de sa faute.
Il avait trompé Rain.
Pris de panique, Phayu enfila des vêtements à la hâte et rejoignit sa moto en toute discrétion. Il pouvait entendre Rain fredonner dans la cuisine et il ne voulait pas le confronter. Pas encore. Pas maintenant. Rain méritait le meilleur et ce n'était certainement pas Phayu mais même si c'était égoïste, Phayu voulait le garder un peu plus longtemps pour lui.
Grillant les feux de circulation et dépassant les limitations de vitesse, Phayu rejoignit l'entreprise de Pai où il savait que son ami devait se trouver. Il n'eut pas besoin d'attendre qu'on l'accueil, tous les employés sachant déjà qui il était. Il se précipita vers le bureau de son ami, dans un besoin urgent de se sentir en sécurité. Les secrétaires qu'il dépassa lui lancèrent d'étranges regards mais il les ignora.
Il put dire que Pai était plus que surpris quand il claqua la porte de son bureau mais son ami ne fit aucune remarque. Phayu se doutait que son apparence en disait assez pour que Pai sache que quelque chose n'allait pas. Son ami s'éloigna de son bureau et vint s'asseoir sur le canapé de la pièce, faisant signe à Phayu de s'asseoir avec lui.
Phayu avança lentement, comme s'il craignait quelque chose. Prapai pouvait voir les larmes refoulées et cela lui faisait peur. Phayu paraissait si… vulnérable. Il savait que son ami n'était pas aussi fort et confiant qu'il le faisait croire mais c'était la première fois qu'il avait l'air aussi bouleversé.
Avant même d'être complètement installé, Phayu chuchota :
« Prapai, j'ai trompé Rain hier soir. »
Comme si le dire à voix haute rendait tout plus réel, les larmes qu'il essayait de retenir dans une vaine tentative de conserver ce qui lui restait de dignité se mirent à couler à torrent. Phayu s'étouffa dans les sanglots, sa tête venant se poser contre la poitrine Prapai qui était trop déconcerté pour agir. Tromper Rain ? C'était inconcevable. Phayu était aussi amoureux de Rain qu'il l'était de Sky, comment cela avait-il pu arriver ?
Prapai attendit que Phayu se calme assez pour qu'il puisse parler avant d'interroger son ami. Il parvint à comprendre les grandes lignes du récit de Phayu et ce qu'il dit lui pinça le cœur. Prapai n'avait également que quelques souvenirs flous de la fête d'hier mais il se souvenait avoir vu une fille qui correspondait à la description de Phayu, confirmant que celui-ci n'avait rien inventé.
« Qu'est-ce que tu comptes faire ? » Demanda finalement Prapai à Phayu, incapable de lui prodiguer quelques conseils que ce soit.
« Je ne sais pas… » Avoua Phayu d'une voix hésitante. Il n'avait que deux choix : faire comme si de rien n'était pour garder Rain à ses côtés (tout en sachant qu'il avait à jamais brisé sa confiance) ou bien lui avouer la vérité et le laisser partir pour se reconstruire sans lui. Phayu avait toujours prôné l'honnêteté et la responsabilité, c'était littéralement ce qu'il s'était tué à enseigner à Rain. Il ne pouvait décemment pas être hypocrite au point de lui cacher la vérité. Phayu l'avait déjà trahi, il ne pouvait pas lui faire ça.
« Je vais lui dire. » Affirma-t-il d'une voix qui se voulu confiante. Prapai le regarda sans rien dire, demandant silencieusement à son meilleur ami s'il était sûr de son choix.
Phayu hocha la tête. « Je l'aime, Pai. Je n'ai pas le droit d'être égoïste après ça. Il a le droit de savoir et de choisir. Et si il- » Sa voix se brisa mais Phayu n'avait pas besoin de finir cette phrase, Prapai ne comprenait que trop bien.
Phayu resta longtemps aux côtés de Prapai avant de se décider à affronter son petit-ami. ''Plus tôt je le confronterais, moins la séparation sera douloureuse'' se répétait-il dans un vain effort d'auto-réconfort.
Quand il ouvrit la porte d'entrée de la maison, il tomba sur Rain assit anxieusement sur le canapé. Celui-ci tourna immédiatement la tête vers Phayu et se leva pour lui faire face.
Ça y est. Je vais le perdre. Pensa Phayu en fermant fatalement la porte derrière lui.
Rain ne s'attendait pas à ce que la nuit se déroule ainsi. Il avait imaginé tout un tas de scénarios mais jamais il n'aurait pu prévoir une telle réaction de la part de P'Phayu. Il s'était préparé aux questions, aux critiques voire au rejet mais il n'avait jamais pensé que son penchant féminin réveillerait les instincts de Phayu comme cela. La dernière fois qu'ils s'étaient emportés de cette manière datait de la victoire de Phayu face à Stop.
A cet instant, dans son lit, allongé à côté d'un Phayu encore endormi, Rain se sentait idiot d'avoir douté de son petit-ami. Il aurait dû lui faire confiance plutôt que de cacher cette part de lui-même pendant autant de temps. Mais surtout et avant tout, il se sentait comblé. Qu'avait-il fait pour mériter P'Phayu ? Il ne le savait pas et s'en moquait, son P' l'aimait et c'était tout ce dont il avait besoin.
Décidant de laisser son petit-ami se reposer un peu plus longtemps, Rain descendit dans la cuisine pour préparer le petit-déjeuner. C'était habituellement Phayu ou Saifah qui s'en occupait mais Rain voulait remercier son P'Phayu et quoi de mieux qu'un déjeuner de roi pour le faire ?
Chantonnant en accomplissant sa tâche, Rain n'entendit pas l'agitation à l'étage. C'est seulement quand il se décida à réveiller Phayu qu'il se rendit compte que quelque chose n'allait pas. Le lit était vide, les vêtements qui trainaient sur le sol avaient disparu et la porte arrière de la demeure était grande ouverte.
Rain sentit son cœur se serrer. Phayu avait-il fuit ?
Il secoua la tête pour chasser ces pensées. Il ne devait pas sauter aux conclusions. Phayu avait peut-être eu une urgence. Après tout, n'avait-il pas lui-même fait cela quand sa mère l'avait appelé la dernière fois ? Rain attendrait d'obtenir des explications avant de porter un jugement.
Il réprima la colère et l'anxiété qui montaient et attendit P'Phayu.
Il fallut presque deux heures entières à Phayu pour traverser la porte d'entrée. Dès qu'il le vit, Rain sauta sur ses pieds. Il voulut sauter dans les bras de Phayu mais hésita. Il regarda de haut en bas son petit-ami. Phayu avait les cheveux en désordre, ses vêtements étaient débraillés et une expression inquiète déformait son visage. Cela aurait dû inquiéter Rain de le voir dans cet état mais ça le rassura dans son idée que Phayu était parti à la hâte à cause d'une urgence. Il n'avait pas fui.
Se confortant dans cette hypothèse, Rain s'approcha de Phayu et lui prit les mains.
« Tout va bien, P'Phayu ? Où étais-tu ? Il s'est passé quelque chose ? »
Phayu ne savait pas quoi répondre. Il savait ce qu'il devait dire mais il n'était pas prêt à faire face aux conséquences. Pas quand il savait que parler signifiait perdre Rain. Il se maudit intérieurement pour sa couardise. Plus il attendrait plus Rain souffrirait mais il ne pouvait pas se résoudre à avouer son péché. Il avait besoin de temps. Il voulait garder Rain pour lui juste un peu plus longtemps.
« J'étais chez Prapai. Il avait besoin d'aide avec sa voiture. Désolé d'être parti comme ça, Rain. »
Le mensonge avait laissé un gout amer sur sa langue et cela ne s'arrangea pas quand il vit la manière dont le corps de Rain se détendit soudainement à ces paroles. Son innocent et gentil Rain qui s'inquiétait pour lui alors que Phayu l'avait trahi de la pire des manières. La culpabilité que Phayu ressentait déjà l'assaillit en une violente vague. S'il ne s'était pas détourné pour faire semblant de s'intéresser à la table dressée, Rain aurait assurément remarquer ses yeux larmoyants.
« Tu as préparé le petit-déjeuner ? » Demanda Phayu d'une voix aussi maitrisée que possible. Dès que sa question fut posée, Rain bondit joyeusement vers la table en tirant P'Phayu par le bras.
« C'est probablement froid maintenant mais je peux tout réchauffer rapidement. Tu n'as pas mangé n'est-ce pas ? Je voulais te remercier de m'aimer comme je suis, P'Phayu, alors j'ai cuisiné pour toi. Je sais que je n'ai pas autant de talent que P'Phayu et P'Saifah mais je pense que tu devrais quand même aimer. J'ai fait tous tes plats préférés. »
En temps normal, Phayu n'aurait senti que de l'affection en voyant Rain s'exciter de cette manière mais son cœur serré l'empêchait de ressentir quoi que ce soit d'autre que de la haine de soi et de la culpabilité. Il ne pouvait pas faire ça.
« Je- J'ai mangé avec Pai. Tu devrais plutôt mettre les plats au frigo, on les mangera plus tard. » Rétorqua-t-il quand Rain l'appela pour s'asseoir. Phayu n'attendit pas de voir la déception sur le visage de Rain et lui tourna le dos pour monter à l'étage.
« Je vais prendre une douche. »
Rain se tenait debout à côté de la table, confus, blessé. Pourquoi P'Phayu agissait ainsi ? On aurait dit qu'il ne supportait même pas de regarder Rain dans les yeux. Phayu avait-il été rebuté par lui à ce point ? Cette pensée lui paraissait si incompatible avec son P'Phayu, surtout à après la nuit qu'ils avaient passée. Mais il n'y avait pas d'autre explication à ce comportement. Après tout, Phayu était ivre la nuit dernière. Peut-être n'avait-il réalisé que ce matin ce qu'il avait fait ?
Rain rangea la nourriture, le cœur lourd. Il aurait voulu jeter le tout à la poubelle dans un geste de colère irréfléchi mais il n'aimait pas le gaspillage. Une fois la nourriture à l'abri dans le frigo, Rain écrivit un mot sur un post-it à destination de Saifah.
J'ai un peu trop cuisiné, sers-toi P'Saifah :-)
Vu ses actions, il était sûr que Phayu ne mangerait pas ce qu'il avait préparé pour lui de toute façon.
Maintenant sa tâche accomplie, Rain ne savait pas quoi faire. Quand il se sentait confus comme cela, il allait généralement chercher du réconfort près de Phayu mais ce n'était évidemment pas une option.
Rain ne pouvait pourtant pas éviter la question et faire comme si de rien n'était. Il devait parler avec Phayu avant que les choses ne dégénèrent trop. Pour son P'Phayu, Rain était plus que volontaire pour tirer un trait sur ses envies bizarres.
Habité par une détermination nouvelle, Rain se dirigea d'un pas décidé vers la chambre de Phayu. Il ne laisserait pas cette relation à la dérive pour une raison aussi triviale.
Alors qu'il s'approchait de la porte, Rain entendit s'élever la voix de Phayu. A qui parlait-il ? N'était-il pas censé se doucher ? Collant son oreille à la porte, Rain écouta la conversation téléphonique.
« … sais ça. Mais je ne peux pas lui dire. Tu t'imaginerais avouer quelque chose comme ça à ton garçon ? »
Phayu fit une pause, surement que son interlocuteur lui répondait.
« Ecoute Pai, c'est profondément égoïste mais je préfère ignorer la chose plutôt que de mettre fin à ma relation avec Rain. »
Le sang de Rain se glaça. Alors c'était bien ça. Pensa-t-il.
Pourquoi avait-il pensé que sa déviance pourrait être acceptable pour qui que ce soit ? Certes, Sky l'avait accueilli tel qu'il était mais, soyons honnête, Sky était aussi brisé que lui. Phayu était différent. Rain ne comprenait même pas comment quelqu'un comme Phayu avait pu tomber amoureux de quelqu'un comme lui. Son P' avait une tolérance et une bienveillance incroyable mais même lui avait ses limites. Et Rain n'aurait certainement pas dû essayer de dépasser ces limites. Il avait eu trop confiance en lui-même et maintenant, il risquait de perdre la meilleure chose qui lui était arrivée dans la vie.
Il ne pouvait pas laisser faire ça. Phayu avait dit à Prapai être prêt à faire comme si de rien était. Rain pouvait encore sauver leur relation. Il n'aurait qu'à lui dire qu'il avait perdu un pari ou quelque chose comme ça et peut-être alors Phayu lui laisserait une seconde chance.
Rain, trop profondément plongé dans sa tête, n'avait pas fait attention à la suite de la conversation téléphonique et entra dans la chambre. Phayu sursauta légèrement, ne s'attendant clairement pas à l'arrivé de son petit-ami. Il marmonna un ''Je te rappelle plus tard'' à Prapai et raccrocha pour se concentrer sur Rain. Celui-ci n'attendit pas que Phayu engage la conversation, préférant le devancer avant que son P' ne dise quelque chose qu'ils regretteraient tous les deux.
Tombant à genoux devant Phayu, Rain baissa la tête en signe de soumission et déclara d'une voix tremblante : « Je suis désolé, P'Phayu. S'il te plait, ne me quitte pas. Je te promets que je serais parfait, je ne ferais plus jamais rien de bizarre ou quoique ce soit pour te contrarier. Je peux être un bon garçon. Je- »
Tous le discours que Rain avait mentalement préparé fut interrompu quand Phayu s'agenouilla à son tour pour faire face à son cadet. Rain fut surpris de voir une expression de dévastation pure sur le visage de Phayu. Était-ce trop tard ? Phayu allait-il l'abandonner ? Avant qu'il ne puisse même commencer à supplier, Phayu prit la parole. Sa voix était brisée comme jamais Rain ne l'avait entendu.
« Rain, mon bon garçon, tu es parfait. Tu l'as toujours été. Je t'aime. »
« Alors pourquoi as-tu dit à Prapai que tu pensais me quitter ? Je sais que c'est de ma faute mais si je- »
« Je t'ai trompé. »
La phrase fit l'effet d'une bombe tombée dans la pièce. Elle avait un gout de fatalité qui brisa le cœur de Rain. Ça ne pouvait pas être vrai. Pas lui, pas Phayu. Phayu était un homme respectueux, gentil, sincère, responsable. Il ne pouvait pas être capable de faire quelque chose comme ça. Mais un regard suffit à Rain pour savoir qu'il disait la vérité. Phayu avait la tête baissée de honte. Lui qui se tenait toujours fièrement n'osait même plus regarder Rain dans les yeux.
Rain sentit ses yeux s'embuer mais il ne voulait pas pleurer. Pas maintenant.
« Comment ? » Demanda-t-il d'une voix froide.
Les épaules de Phayu se recroquevillèrent de défaite. La voix de Rain n'avait jamais sonné ainsi, pas même quand il s'adressait à Gun ou Stop.
C'était la fin.
« Hier soir, je- J'ai bu trop de verres et il y avait cette fille qui- Je ne sais pas. Je ne sais même pas à quoi je pensais mais je me souviens de l'avoir- Nous avons- »
Phayu ne pouvait pas finir sa phrase. Il ne pouvait pas le dire. A ce niveau, le déni ne servait plus à rien mais il était tout simplement incapable de prononcer ces mots.
Rain aurait voulu être en colère mais tout ce qu'il pouvait ressentir était un sentiment de trahison si intense que cela en devenait physiquement douloureux. Oh, qu'est-ce qu'il aurait dû écouter Sky. Quand son meilleur ami avait décider de lui raconter comment avait tourné sa relation avec Gun, il n'avait cessé de lui répéter de se méfier des personnes comme lui. Dès le début, il s'était méfié de Phayu là où Rain ne faisait que le poursuivre comme un chiot perdu. Il aurait dû savoir que le grand Phayu, le roi de la faculté d'architecture, ne se contenterait jamais de quelqu'un comme lui. Mais il avait au moins cru que Phayu aurait la décence de le quitter proprement une fois qu'il en aurait eu assez de lui. Tout le monde l'avait toujours traité d'idiot mais Rain ne les avait pas écoutés. Il se rendait à présent compte à quel point il avait eu tort.
« Je comprends, P'Phayu. Sky m'a toujours répété que les gens se lasseraient toujours de garçons comme nous. Je suis juste désolé de ne pas avoir su te contenter. » Rain eu un rire dérisoire, rempli de haine de soi. Il ne vit pas comment Phayu écarquilla les yeux et se mit à secouer violement la tête. « Est-ce que je peux au moins te demander de dire à P'Pai que s'il se lasse de Sky, qu'il le lui dise avant de se tourner vers quelqu'un d'autre ? Il ne mérite pas ça. Pas encore. »
« Nonononon. Rain, tu n'es pas en faute. Tu es parfait. Je sais que tu ne pourras probablement plus jamais me faire confiance mais s'il te plait, crois-moi quand je te dis que tout est ma faute. Je n'aurais jamais dû faire ça alors que j'avais mon bon garçon à mes côtés. Tu ne peux pas imaginer à quel point je suis désolé. Prapai aime Sky, il ne ferait jamais cela. Je l'en empêcherais. J'aurais aimé pouvoir me rendre compte de la chance que j'avais avant de faire quelque chose comme ça. »
« C'est bon, P'Phayu. Une relation se fait à deux, je sais que j'ai aussi une part de responsabilité. Je suis désolé. »
Phayu se noyait dans la culpabilité. Il avait essayé de montrer à Rain que la responsabilité et la tolérance étaient importantes dans la vie mais jamais il n'aurait pensé que son Nong prononcerait des choses comme cela. Vraisemblablement, Phayu ne s'était pas seulement trompé en couchant avec cette fille.
« J'imagine qu'elle devait être magnifique pour avoir attiré ton attention, P'Phayu ? » Demanda Rain dans une veine tentative de cacher sa douleur. Surement que la réponse que son P' allait lui donner ne ferait que lui faire plus mal mais il voulait savoir. Il avait besoin de savoir ce qu'il lui avait manqué pour garder Phayu à ses côtés.
La question brisa encore un peu plus le cœur de Phayu, si cela était même possible. Il se souvenait à peine de cette fille. Comment avait-il pu tout foutre en l'air pour une fille au hasard ? Il ne connaissait même pas son nom, bon sang ! Tout ce qu'il savait c'était que-
« Elle te ressemblait. » Souffla-t-il sans s'en rendre compte.
« Quoi ? »
Alors c'est pire que tout. Pensa Rain. Cela voulait bien dire qu'il était le problème. Si Phayu l'avait choisi parce qu'elle lui ressemblait, cela signifiait surement que son P' avait été sincère avec lui : le problème était que Rain était un homme. Phayu l'aimait mais il avait préféré choisir une version féminine de Rain. Tout à coup, tout lui semblait plus logique.
Je ne lui ai jamais réellement convenu.
Si seulement ce qu'il devenait quand il s'habillait de cette manière pouvait devenir le vrai lui, peut-être pourrait-il s'accorder avec Phayu ?
Arrête de réfléchir à l'impossible, Rain. Cette version de toi n'existe pas. P'Phayu t'a littéralement vu comme ça et il a pourtant couché avec une fille après… Après avoir couché avec… Toi ?
Rain se figea.
Ça ne collait pas. Phayu avait explicitement dit qu'il l'avait trompé hier. Pourtant, il avait tout le temps été avec Prapai ou lui, comment aurait-il pu tromper Rain avec une fille sans qu'il ne s'en rende compte ? Cela n'avait aucun sens.
« P'Phayu, à quoi ressemblait cette fille ? » Demanda-t-il, ses sourcils se fronçant.
« Je ne me souviens pas assez pour te le dire, Rain. » Soupira son P' en fermant fatalement les yeux.
Rain lui attrapa les épaules d'une poigne serrée et le força à le regarder dans les yeux. « J'ai besoin que tu te souviennes. A quoi ressemblait-elle ? »
« Je ne sais pas. » Répéta Phayu, ressentant un léger agacement qu'il n'avait aucun droit de ressentir.
« P'Phayu. » Prévint Rain d'une voix ferme et menaçante.
Phayu ne comprenait pas. Qu'est-ce que cela changerait de savoir à quoi ressemblait cette fille ? Il soupira et se concentra. Il en avait trop fait pour contrarier Rain plus que ça.
« Elle avait des cheveux longs ? Et les mêmes yeux que toi. Je me souviens de ses yeux parce qu'ils te ressemblaient tellement. »
« Comment était-elle habillée ? »
« Une robe rose avec de la dentelle, je pense. Mais Rain, pourqu- »
« Oh mon Dieu… » Chuchota Rain. Cette situation était tellement… dérisoire. Il n'y avait pas d'autre mot. Après avoir ressenti autant de sentiments négatifs, Rain ne put retenir un violent rire de soulagement. C'était lui ! C'était lui tout ce temps !
Il riait si fort que cela lui fit mal aux abdominaux. Il n'avait jamais pensé qu'un malentendu pareil pouvait arriver autre part que dans les séries télévisées de mauvais gout.
Il lui fallut un moment pour se calmer et quand il le fit, il dû trouver un mouchoir pour essuyer les larmes qui avaient coulé sur ses joues. Entre le soulagement et le trop plein de rire, Rain n'avait pas pu retenir ses yeux de pleurer.
Quand il regarda finalement Phayu, Rain pu voir un mélange d'émotions variées se combattre sur son visage. C'était rare de voir Phayu si expressif. L'incompréhension, la culpabilité, la haine de soi, le désespoir, toutes ses émotions qui traversaient son P' étaient affichées à la vue de Rain.
Celui-ci s'apprêtait à dire toute la vérité quand une idée lui traversa la tête. Il allait se venger.
« P'Phayu, va dans le salon et ne t'avise pas de partir. » Déclara-t-il d'une voix aussi froide que possible.
Phayu, trop choqué par toute la situation pour réagir, se contenta d'obéir. Dès qu'il eut quitté la pièce, Rain récupéra ses affaires et s'enferma dans la salle de bain. Quand il en ressortit, plusieurs dizaines de minutes plus tard, il s'était transformé en cette version féminine de lui-même qu'il aimait tant.
Rain comprenait que Phayu n'était coupable de rien si ce n'est d'avoir été séduit par son propre petit-ami. Cependant, après la matinée d'enfer que Rain avait passée, une petite revanche paraissait appropriée. Et quoi de mieux que de confronter P'Phayu à la fameuse fille avec laquelle il avait couché ?
Un sourire mi-narquois mi-séducteur accroché à ses lèvres, Rain descendit les escaliers. A l'instant où il entendit le bruit des pas dans les marches, P'Phayu se releva et attendit que Rain le rejoigne. Il ne savait pas ce que son Nong avait fait pendant ce temps seul mais il ne pouvait qu'imaginer Rain en train de rassembler ses affaires pour le quitter. Cette simple pensée était une pure agonie.
Alors qu'il s'attendait à voir un Rain portant de lourdes valises, Phayu se retrouva nez-à-nez avec la fille de la veille. Il ne put empêcher la réaction instinctive de son corps. Celui-ci s'était tendu et ses jambes avaient manqué de céder sous son poids. Que faisait-elle là ? Rain l'avait-elle vu ?
Pris de panique, Phayu se retrouvait figé sur place, incapable de penser à autre chose qu'à tous les horribles scénarios qui pourraient se dérouler devant lui si cette fille et Rain se rencontraient.
Alors, il croisa les yeux de la fille. Des yeux si similaires à ceux de son Rain.
Non.
Ils n'étaient pas similaires. Ils étaient identiques.
Parce qu'il ne regardait pas une fille, il regardait Rain.
C'est à ce moment précis que les liens se firent dans la tête de Phayu. L'attitude étrange de Rain avant la fête, la demande de Sky de se préparer et de les rejoindre avec Rain seulement, la fille qui ressemblait autant à Rain, son envie sortie de nulle part de coucher avec une fille, l'angoisse de Rain ce matin… Tout avait tellement plus de sens à présent.
Phayu ne l'avait pas trompé.
Le soulagement qu'il ressenti fut si violent qu'il s'effondra sur le canapé derrière lui. Toute sa force l'avait abandonné et sa tête vint se loger entre ses mains. Il tira sur ses cheveux d'agacement. Il se sentait tellement stupide. Comment avait-il pu aussi mal comprendre la situation ? Rain avait surement rassemblé tout son courage pour se montrer tel qui est et Phayu l'avait involontairement repoussé. La confiance que Rain avait placé en lui s'était probablement complément évaporé à l'heure qu'il était. Pire encore, Rain avait dû se sentir tellement trahi.
« P'Phayu … ? » La voix hésitante de Rain le ramena à la réalité. En voyant le doute qui peignait son visage à la vue de sa propre réaction, Phayu se fustigea mentalement. Tu vas continuer à foirer encore longtemps, Phayu ?
Phayu ouvrit ses bras en grand, invitant Rain à venir se loger entre eux. Il n'en fallut pas plus à Rain pour se jeter sur son P'.
« Je suis désolé, mon bon garçon. Tu es tellement parfait. »
« C'est bon, P'Phayu. Je suis désolé aussi. »
Phayu se détacha légèrement de Rain et le regarda dans les yeux. « Hey, Rain, écoute-moi. Tu n'as pas besoin de t'excuser. Tout ce qu'il s'est passé était un gros malentendu parce que ton P' avait trop bu. Je promets que ça n'arrivera plus. »
« Mais, P'… »
« Pas de ''mais''. Je t'aime peu importe ce à quoi tu ressembles et ce que tu aimes. Mon amour n'est pas conditionnel, d'accord ? »
Rain hocha la tête et laissa un sourire tendre s'installer sur ses lèvres. « Je t'aime aussi, P'Phayu. » Marmonna-t-il dans l'oreille de l'ainé avant de venir taquiner son lobe d'un coup de langue. Cela eu pour effet de donner la chair de poule à Phayu et celui-ci se délecta du frisson d'excitation qui le parcouru.
« Mon bon garçon devient une méchante fille ? » Répliqua Phayu aux taquineries de Rain. Le ton dominant qu'il avait pris suffit à réveiller complétement l'intimité du plus jeune qui vint se frotter contre Phayu. La robe qu'il portait vint s'emmêler dans les jambes de l'ainé, ne le rendant que plus conscient de la tenue particulièrement excitante qui habillait son amant.
Tout malentendus derrière eux, Phayu se releva et Rain s'enroula instinctivement autour de lui. Il transporta le plus jeune vers leur chambre, non sans partager de nombreux baisers passionnés en chemin.
Et si Saifah était rentré juste à ce moment-là sans que le couple ne le remarque, ils n'avaient pas besoin de le savoir. Phayu ne serait pas content d'apprendre que son frère l'avait pris en photo dans une situation compromettante avec son petit-ami pour pouvoir potentiellement le faire chanter plus tard. Vraiment, ils n'avaient pas besoin de savoir.
