Autatrice : lasurvolte (de pseudo) ou mari (mais vous pouvez m'appelez aussi Plectrude si ça vous dit ^^)
Disclaimer : MHA appartient à Horikoshi. CCS appartient aux CLAMP
Couple : BKDK
Katsuki Bakugo chasseur de cartes.
— Carte de Clow CREEEEEEEEEEVE et reprends ta forme originelle, je te l'ordonne !
La carte obéissante à la formule reprit sa forme de carte et Bakugo, un adolescent blond à la coiffure en pétard, la ramassa pour y écrire son nom.
— Le crève était en trop, combien de fois dois-je te le dire ? ronchonna une petite peluche jaune volante à côté de lui.
Bakugo l'ignora tandis que s'approchait en courant, une caméra à la main, un jeune garçon aux cheveux verts.
— Tu étais génial Kacchan ! s'exclama celui-ci.
Le dénommé se contenta d'un haussement d'épaule faussement modeste, puis se tourna vers la bestiole jaune :
— Y combien de cartes ?
— Deux répondit la peluche.
— Lesquels ?
La peluche haussa les épaules, incertaine.
Bakugo soupira :
— Si elles apparaissaient toutes ensemble, ça irait plus vite pour les capturer, ronchonna le blond.
L'animal volant commença à s'énerver, expliquant – sans doute pour la millième fois – que les cartes n'apparaissaient que quand elles le voulaient bien et que ce serait trop dangereux si elles se montraient toute en même temps et patati et patata.
Bakugo l'ignora et se tourna vers l'adolescent aux cheveux verts :
— Deku, on rentre. J'ai pas fini mon devoir de maths et il est hors de question que je me prenne une sale note.
Le dénommé Deku, de son vrai nom, Izuku, acquiesça. Il savait comme Bakugo était pointilleux quand il s'agissait d'être le meilleur partout.
Les deux adolescents vivaient dans le même quartier donc ils pouvaient rentrer ensemble. Comme Izuku était venu en vélo, Bakugo utilisa la carte du vol pour faire pousser des ailes au véhicule. Izuku monta sur la selle et Bakugo sur le porte-bagage, se laissant véhiculer par l'adolescent aux cheveux verts. La bestiole jaune les suivit en continuant de ronchonner après Bakugo qui, d'après lui, était le pire chasseur de cartes possible, et qu'il n'avait pas eu de chance d'être tombé sur lui.
— La ferme la peluche où je te fais exploser !
— Je ne m'appelle pas la peluche, je suis le grand Kerobero, marmonna l'animal.
Bakugo ouvrit la bouche pour sans doute pour lancer quelques jurons bien sentis, mais Izuku le coupa :
— Kacchan tu ne devrais pas te battre avec Kero, il est quand même le gardien du livre.
— Un gardien qui faisait une sieste au mauvais moment et incapable de garder ce maudit livre, maugréa Bakugo.
Izuku soupira alors que Kero et Bakugo recommençaient à se disputer. Depuis le début de cette histoire, ces deux-là ne s'entendaient guère. Le caractère explosif de Bakugo se mariait mal à la susceptibilité de Kero.
Izuku connaissait Bakugo depuis l'enfance, il avait appris à composer avec lui, avec ses humeurs, ses cris. Mais Bakugo n'était pas que ça, c'était aussi quelqu'un d'ambitieux avec un grand sens de la justice. Et quelque part, enfoui sous son sale caractère, il avait du cœur. Il avait beau faire semblant de rechigner, dès qu'une carte faisait son apparition, Bakugo se précipitait pour la capturer et protéger les gens qu'elle pourrait mettre en danger. Izuku l'admirait et c'était pour cette raison qu'il le suivait et le filmait pour garder un souvenir de ses exploits. Et puis ça lui permettait d'en apprendre plus sur les cartes de Clow qui le fascinaient.
De plus, comme Bakugo était devenu un genre de magical girl, il lui avait fallu une tenue appropriée à ses captures, et c'était Izuku qui se chargeait de l'habiller avec les plus jolies tenues et les plus classes possible. Au début le blond avait râlé, mais il s'y était fait et avait même fini par admettre (à contrecœur) que ça ne lui allait pas si mal. D'autant plus qu'Izuku connaissait ses goûts et s'arrangeait pour utiliser beaucoup d'oranges, la couleur préférée du chasseur de cartes.
Izuku se gara devant chez Bakugo et les ailes sur le vélo disparurent.
— Bonne nuit Kacchan ! lui dit-il alors que le blond descendait du véhicule.
— C'est ça le nerd, bonne nuit !
Izuku repartit, et Bakugo utilisa la carte du saut pour passer par la fenêtre de sa chambre à l'étage, qu'il avait laissée ouverte exprès. Il ne valait mieux pas que sa mère connaisse ses sorties nocturnes, ou elle allait péter un câble. Pour l'instant il avait eu de la chance et ses parents n'avaient rien découvert sur son petit secret, et Bakugo comptait bien que ça dure.
Bakugo se remit sur ses devoirs de maths, tandis que Kero, qui vivait avec lui, alla s'installer dans le tiroir que le blond lui avait emménagé pour qu'il ait un endroit à lui. Parce que même s'ils se disputaient, Bakugo n'était pas un bourreau et ne détestait pas Kero.
Le blond termina ses devoirs et partit se coucher. Il était épuisé et il était déjà tard, la nuit allait être courte. Mais il avait l'habitude maintenant, ce n'était pas comme au début où apprivoiser ses pouvoirs lui coûtaient beaucoup d'énergie.
Dire qu'avant, il avait une vie tranquille et peut-être un brin trop banal pour quelqu'un comme lui. Et que maintenant, il courait partout à travers la ville pour capturer des cartes, peu importe l'heure du jour ou de la nuit.
Bakugo ferma les yeux et se remémora comment tout avait commencé.
xxx
Les parents de Bakugo étaient absents ce jour-là. À dire vrai, ce n'était pas rare, puisque Mitsuki et Masaru étaient archéologues. Ils adoraient se trainer dans la poussière pour découvrir des secrets de l'ancien temps. Leurs maisons étaient remplies de bibelots et de trucs découverts sur les chantiers. Ils avaient aussi une immense bibliothèque poussiéreuse dans la cave.
Bakugo ne souffrait pas vraiment de leur absence, il aimait ses parents bien sûr, mais il s'était habitué. Et puis passer du temps loin de la sorcière qui lui servait de mère n'était sans doute pas si mal.
Quand il était seul, Bakugo n'avait aucun problème pour s'occuper. Soit il appelait des amis (et quand on parlait d'amis, on ne parlait pas de ce nerd de Deku) pour jouer aux jeux vidéo ou se faire une soirée pizza devant la télé. Soit il trainait en ville. La plupart du temps, il faisait ses devoirs et faisait du sport. Entretenant ainsi son corps et son esprit. Il se couchait tôt, prenait soin de lui et contrairement à quelques jeunes de son âge, il évitait l'alcool et la clope.
Bakugo voulait rester le meilleur partout et il s'en donnait les moyens. Il mêlait intelligence et force physique. Sans son fichu sale caractère, il aurait sûrement fait craquer plus d'une personne, mais il ne courrait pas après l'amour. En revanche il avait vite compris qu'il avait des facilités, ce qui avait fait enfler ses chevilles. Il aimait un peu trop qu'on le félicite, qu'on le suive sans condition. Et pour garder cette place, et bien il bossait vraiment dur. Tout ça ne faisait pas forcément de lui une bonne personne, il en avait bien conscience. Bakugo n'avait qu'à regarder Deku. Se comparer à lui. Lui qui faisait aussi énormément d'efforts, mais qui savait rester modeste et timide. Et qu'est-ce que cela agaçait Bakugo, sans trop qu'il ne comprenne pourquoi. Il aurait dû s'en foutre, mais ça le gonflait tellement qu'il avait un peu fait de Deku son bouc émissaire. Tout ça parce que le garçon aux cheveux vert était le genre de gars à lui tendre la main s'il tombait. Mais Bakugo, lui, voulait se relever tout seul, pas qu'on le prenne de haut.
Bakugo ne s'attendait pas à ce qu'un maudit livre chamboule toute sa vie. Même son avis sur ce nerd de Deku avait été modifié.
Donc. Ce jour-là, il était simplement en train de chercher une encyclopédie dans la bibliothèque de ses parents pour un exercice, lorsqu'un livre était tombé des étagères. Bakugo s'en approcha, dans l'optique de le ranger. Mais mue par une curiosité par ce livre qui ne portait que comme nom « the clow », il enleva le loquet et l'ouvrit. Ça avait été une grosse erreur de sa part, mais ça, il l'ignorait encore. Le livre était creux et contenait un tas de cartes, qui ressemblaient à des cartes de Tarot. Bakugo n'était pas vraiment supersiticieux et ne croyait pas qu'on pouvait lire l'avenir avec ce genre de cartes. Et ça ne l'intéressait pas non plus. Ce livre devait être un souvenir que ses parents avaient découvert sur leurs chantiers. Pourtant, malgré son manque d'intérêt, Bakugo prit la première carte pour l'observer. Des noms étaient inscrits en anglais sur chacune d'elle. Celle qu'il tenait en main s'appelait « explosion ». Elle représentait un homme dont les mains semblaient provoquer des déflagrations. D'où le nom, supposa à raison Bakugo. Machinalement, sans y penser vraiment, il murmura le nom marqué sur la carte.
— Explosion.
Aussitôt la carte se mit à briller et le monde autour de Bakugo explosa. Pas de manière très forte, la carte ne détruisit rien, mais provoqua un souffle suffisamment puissant pour propulser les autres cartes en l'air et les disperser.
Bakugo resta là, coi, sans savoir quoi faire. Est-ce que c'était de la magie ? Ou bien était-il en plein délire ? En train de rêver ?
Il était seulement en train de se dire qu'il venait d'avoir une hallucination quand une espèce de petite peluche jaune à moitié endormie sortit de la couverture du bouquin. Bakugo /paniqua/ ne paniqua pas, car Bakugo ne paniquait jamais. Mais pour être sûr d'être en sécurité, il donna un coup de livre sur la tête de la bestiole. Celle-ci se retrouva avec une grosse bosse sur le crâne et se réveilla d'un coup en gueulant :
— Qui ose frapper le grand Kerobero ?
— C'est moi Katsuki Bakugo, se dénonça Bakugo alors qu'il tenait toujours le livre comme une arme, prêt à frapper à nouveau s'il le fallait.
La bestiole jaune regarda le livre vide, puis la carte que Bakugo tenait dans l'autre main.
— Où sont les autres cartes de Clow ? interrogea la peluche.
Comprenant de quoi il parlait, le blond lui répondit :
— J'en sais rien moi, elles ont disparu quand celle-ci a explosé !
La peluche sembla tout à coup horrifiée. Oublia qu'il venait de se faire frapper et s'approcha de Bakugo :
— Ça ne va pas du tout ça, il va falloir les récupérer !
— C'est pas mon problème, ronchonna Bakugo qui n'avait qu'une envie, reposer le livre, faire disparaître la bestiole jaune et reprendre sa vie comme si rien n'était arrivé.
— Si c'est ton problème maintenant ! s'exclama la peluche. Tu vas devoir devenir chasseur de cartes ! Et toutes les récupérer !
Bakugo donna un nouveau coup de livres à la peluche qui se retint de l'insulter.
— Me donne pas d'ordre la bestiole !
— Je m'appelle Kerobero ! Et arrête de me frapper ! Ça fait mal, crétin !
Bakugo en avait assez vu et entendu, il devait sortir de cette bibliothèque, se passer la tête sous l'eau fraiche et reprendre ses esprits. Les cartes ne pouvaient pas exploser, et des peluches jaunes ailées ne pouvaient pas parler. Il se dirigea dans la salle de bain et se plongea la tête sous le robinet, mais quand il releva la tête, la peluche était toujours là, l'air un brin agacé, le regardant avec suspicion. Bakugo hésita à lui donner un troisième coup de livre.
— Disparais fichue bestiole.
— Je m'appelle Kerobero, s'entêta ladite bestiole.
— Peu importe comment tu t'appelles bidule, tu dégages de chez moi !
Kerobero croisa les bras et secoua la tête :
— Tu ne comprends pas gamin, je ne peux pas partir, il va falloir que tu retrouves les cartes. Sinon de grands malheurs vont arriver.
— Et en quoi ça me regarde ?
— C'est toi qui as libéré les cartes ! Donc c'est à toi de les retrouver.
— Cause toujours, marmonna Bakugo.
Puisque la peluche ne voulait pas disparaître, Bakugo allait se contenter de l'ignorer. Il alla dans sa chambre et commença à faire des étirements tandis que Kerobero lui tournait autour en blablatant dans le vide, parce qu'il était hors de question que Bakugo écoute les élucubrations d'une hallucination.
Il pensait qu'il y échapperait s'il restait calme (difficile pour lui) et qu'il faisait abstraction de la peluche. Mais des heures plus tard, elle était toujours là. Elle s'était tue, mais sa présence était toujours aussi évidente. Bakugo n'avait que quinze ans et il devenait déjà complètement fou, y avait de quoi avoir les jetons, mais le blond n'allait pas commencer à flipper pour ça, il allait seulement trouver un moyen de s'en débarrasser.
— Je vais te refiler à quelqu'un qui pourra vraiment t'aider, dit-il finalement à Kerobero au bout d'un long moment à faire semblant de ne pas le voir.
— Il n'y a que toi qui puisses m'aider, chasseur de cartes !
— Non non, je connais un type, un nerd, du genre très sympa, prêt à adopter les animaux errants. Il sera sûrement très heureux de t'aider et de te garder, tu verras ce sera super pour toi.
— Malheureusement, c'est toi qui as utilisé la carte « explosion » et qui a perdu les cartes, c'est devenu ta mission de les retrouver.
Bakugo, bien sûr, n'écouta pas et pour la première fois depuis des années il composa le numéro de Deku. Numéro qui n'avait pas changé malgré le temps passé où ils ne s'étaient pas appelés (la faute à Bakugo et sa putain de fierté même s'il ne le disait pas). Il n'en revenait pas de devoir demander de l'aide à Deku, mais la situation était grave, et ses autres potes allaient se moquer de lui. Surtout Eijiro.
— Tu ne dois en parler à personne, fit Kerobero.
Mais Bakugo l'ignora encore et quand il entendit la petite voix hésitante de Deku à l'autre bout du fil, il lui demanda de venir chez lui.
— Ramène tes fesses à la maison, j'ai un problème urgent.
— Tu as un problème avec la dissertation ? interrogea Deku.
— Deku, je n'ai jamais aucun problème avec mes devoirs, et si j'en avais c'est pas à toi que je demanderais. Donc maintenant tu bouges ton cul et tu viens !
Deku accepta finalement, avec dans la voix de la timidité, mais aussi de la surprise. Pourquoi est-ce que Bakugo l'appelait ?
Il devait penser que Bakugo allait lui jouer un nouveau tour et d'une certaine façon c'était ce qu'il faisait. Mais ça n'empêcha pas Deku de partir de chez lui pour rejoindre la maison de Bakugo.
— C'est un secret, insista Kerobero, tu ne dois en parler à personne tu m'entends !
— Deku s'occupera de toi, s'entêta Bakugo.
Et au moins, si Deku ne voyait pas la bestiole jaune, Bakugo saurait qu'il avait un vrai problème mental. Il devrait donc trouver un moyen de se soigner. Dans le cas contraire, il serait au moins rassuré de savoir qu'il n'hallucinait pas.
Bakugo tourna en rond dans sa chambre jusqu'à ce que la sonnerie retentisse. Il alla ouvrir. Devant lui se trouvait Deku, plus petit que lui, un peu moins musclé, et l'air un peu perdu.
— Salut Kacchan, dit-il avec hésitation.
Il n'y avait que ce nerd pour l'appeler « Kacchan », et n'importe qui d'autre aurait essayé aurait essuyé des coups. Simplement, de la part de Deku qu'il connaissait depuis quasiment toujours, il s'était habitué.
Bakugo fit un pas de côté pour laisser Deku entrer chez lui. Puis il le fit monter les escaliers jusqu'à sa chambre.
Izuku connaissait bien les lieux, même s'il n'était pas venu depuis longtemps, peu de choses avaient changé, sauf peut-être qu'il y avait plus de bibelots qu'avant. Arrivé dans la chambre, Bakugo pointa du doigt une sorte de peluche jaune ailée, assise sur son bureau :
— Voilà le problème ! s'exclama Bakugo. Je veux que tu t'occupes de lui.
Izuku fronça les sourcils et s'approcha de la peluche :
— Tu me donnes une peluche ?
— Ce n'est pas une peluche, marmonna Bakugo, enfin pas tout à fait. C'est un gardien de livre ou un truc comme ça. Il s'appelle Karibou je crois.
Izuku ne comprenait rien.
— Karibou ?
— Ou un truc du style, on s'en fout.
Izuku s'approcha de la peluche et la fixa de ses grands yeux verts. Elle paraissait plutôt neuve. Mais le jeune garçon ne comprenait rien. Est-ce que Kacchan avait pris un coup sur la tête ? Il n'y avait que ça qui puisse expliquer qu'il l'appelle lui, après tant d'années, pour lui donner une peluche.
— Je ne comprends pas Kacchan, dit-il.
Bakugo attrapa alors violemment la peluche et commença à la secouer dans tous les sens :
— Allez Karibou, refais ton numéro ! Montre à Deku que tu sais parler.
Bakugo sentait le regard de Deku sur lui, il devait le prendre pour un fou et ce n'était pas une sensation agréable du tout.
— Bon je vais te montrer le livre et la carte alors, fit-il.
— Le livre et la carte ? questionna Izuku.
Bakugo attrapa le livre qui reposait sur son bureau et le jeta à Deku qui le rattrapa au vol. Le garçon n'eut pas le temps de regarder l'objet, Bakugo qui serrait trop fort la peluche dans sa main se fit mordre par celle-ci. Il relâcha aussitôt la bestiole jaune et celle-ci se mit à voleter dans la chambre en râlant :
— Je t'avais dit que c'était un secret, tu ne peux pas avouer comme ça à tout le monde mon existence et celle des cartes de Clow.
Bakugo lui aurait bien lancé un tas de jurons bien senti, mais Izuku se rapprocha de la peluche jaune. Normalement il aurait dû être surpris, s'exclamer « au secours une peluche qui parle », mais à la place il demanda :
— Tu as bien dit Clow ?
— Oui c'est ce que j'ai dit, marmonna la peluche.
— Comme les cartes de Clow ?
— Oui ! Exactement !
Izuku baissa les yeux sur le livre et la carte à l'intérieur et soudain ses yeux s'illuminèrent :
— Alors ce n'était pas une légende, s'emporta-t-il, les cartes de Clow existent vraiment ? Et toi tu dois être… Kerobero leur gardien ?
— Comment tu es au courant de tout ça ? interrogea Kerobero avec méfiance.
— C'est un fichu nerd, grommela Bakugo peu surpris, il s'intéresse à des légendes et autres trucs inutiles.
— Ce ne sont pas des trucs inutiles, fit Izuku, d'après le peu que j'en ai découverts Clow Read était un très grand magicien !
Bakugo leva les yeux au ciel, se fichant de tout ça.
Izuku, lui, se plia en deux de manière respectueuse devant la peluche jaune :
— Je suis enchanté de vous rencontrer maître Kerobero.
Kerobero se rengorgea :
— Prends-en de la graine Bakugo ! Voilà comment tu dois me traiter.
— Bon tu vois, fit Bakugo, le nerd est parfait pour la mission, donc maintenant vous sortez tous les deux de chez moi où je vous botte le cul.
— Ce n'est pas possible, insista Kerobero, c'est toi le chasseur de cartes puisque tu as réussi à les libérer et tu dois accepter cette mission. Tu n'as pas vraiment le choix.
Bakugo allait dire quelque chose de bien senti quand il croisa le regard de cet imbécile de Deku. Celui-ci avait les yeux écarquillés d'admiration comme si Bakugo s'était soudainement transformé en son super héros préféré.
— Tu vas devenir chasseur de cartes, s'extasia le jeune adolescent aux cheveux verts.
Bakugo grinça des dents et souffla.
— Tu vas être un héros Kacchan !
Être un héros hein ? C'était tentant quand on y pensait. Mais ce fut quand même avec toute la mauvaise volonté du monde que Bakugo se tourna vers la peluche jaune :
— Bon admettons que je devienne chasseur de cartes. Dis-moi ce que je dois faire, Karibou !
— Je m'appelle Kerobero, pas Karibou, pesta le gardien du livre.
— Ouais c'est ça la peluche.
— Kerobero, insista l'autre.
Bakugo serra les dents très fortes et siffla à contrecœur :
— Kero…
La peluche se satisfit de ce diminutif, et lui tendit alors une petite clé. Il lui expliqua que c'était avec elle qu'il pourrait attraper les cartes ou les utiliser.
— Attends, tu veux dire que je vais pouvoir utiliser les cartes ?
— Celles que tu auras capturées, oui.
— Tu aurais dû le dire plus tôt Kero, fit Bakugo avec un sourire carnassier en regardant la carte « explosion ». Imagine tout ce que je vais pouvoir faire exploser avec cette carte, un vrai feu d'artifice !
— Les cartes ne sont pas là pour satisfaire tes besoins personnels, s'indigna Kero.
— Non bien sûr, ce ne serait que dans l'intérêt public, ajouta Bakugo.
Mais son sourire inquiétait un peu Kero.
Izuku intervint :
— Maintenant que Kacchan a la clé, comment il s'en sert ?
Kero reprit sa leçon et donna à Kacchan les formules magiques pour activer la clé. Le garçon obtempéra et transforma la clé en sceptre. Les yeux brillants de Deku firent lever le nez de Bakugo fièrement. Mais ce fichu nerd cessa bien vite de le regarder pour se préoccuper de Kero et lui poser dix mille questions, sur les cartes, sur Clow, sur Kero lui-même. Il sortit même un cahier pour prendre des notes.
Bakugo ronchonna dans son coin. Il n'était plus sûr que faire venir Deku avait été une bonne idée. À la base il l'avait appelé pour se débarrasser de Kero. À la place, il avait fini par accepter cette situation bizarre et voilà que maintenant il devenait chasseur de cartes, sous les ordres d'une bestiole jaune et aux côtés d'un nerd vert. Il avait l'impression d'être tombé dans un piège.
C'était donc ainsi que tout avait commencé. Bakugo avait réussi à capturer plus tard sa première carte, puis les autres au fur et à mesure de leurs apparitions. Il utilisait souvent la carte explosion contre elles, car c'était sa préférée, et selon lui, la plus efficace. Mais parfois les autres cartes aussi lui étaient utiles. Vol, saut, épée, foudre…
En revanche certaines cartes n'avaient, selon lui, aucun intérêt et il remettait en cause leur existence. La carte du sucre et la carte des fleurs en étaient le parfait exemple.
Deku le suivait la plupart du temps, en le filmant. Soi-disant pour marquer l'événement et garder des souvenirs impérissables des moments héroïques de Bakugo. Le nerd avait même eu cette idée ridicule de lui confectionner des tenus pour qu'il ait l'air d'un vrai héros chasseur de cartes. Bakugo avait rechigné, mais il devait admettre que les vêtements lui allaient bien.
Au lycée, Bakugo et Izuku s'étaient rapprochés, ils parlaient ensemble de la mission de Bakugo et tout le monde avait été étonné les premiers temps de les voir discuter, sans se disputer, sans que Bakugo pète les plombs contre Izuku. Eijiro avait interrogé Bakugo, pour savoir s'il avait pris un coup sur la tête, mais il s'était fait remettre à sa place par son ami par un « ta gueule, ça te regarde pas ! ».
Bakugo n'aurait jamais cru se rapprocher à nouveau de Deku de cette façon. Ils avaient été amis d'enfances, quasi inséparables et puis Bakugo l'avait repoussé. Parce que Deku paraissait le regarder de haut, voir ce que Bakugo était vraiment, et que ça avait quelque chose d'effrayant. À partir de là Bakugo avait essayé de lui faire comprendre qu'il était plus fort et plus intelligent que lui en le maltraitant un peu. Il avait repoussé Deku si fort, lui qu'il voyait comme un ennemi, comme quelqu'un de trop bon pour lui. Et maintenant, il était la première personne qu'il appelait quand il y avait une carte qui foutait le bordel. Deku le filmait, mais il arrivait aussi qu'il se sente obligé de participer.
Comme pour la carte de l'arbre. Bakugo s'était retrouvé enfermé entre les branches de l'arbre, sans moyen d'utiliser ses pouvoirs, et Deku était intervenu. Et de toutes ses forces, de toute sa volonté il avait arraché les branches pour le libérer. Il s'était retrouvé blessé, mais il n'avait pas baissé les bras pour sauver son Kacchan. Bakugo avait compris ce jour-là que Deku était prêt à tout pour lui, pour le protéger. Et cette révélation l'avait rendu étrange un temps. Il s'était senti inquiet pour Deku qui, lui, n'avait aucun pouvoir pour se protéger, mais en même temps une chaleur bizarre s'était logée dans son estomac et dans son cœur. Son regard envers le nerd avait changé. Un sentiment qui foutait la trouille s'était enroulé autour de son cœur, et Bakugo se forçait à le faire taire à tout prix.
xxx
Bakugo se réveilla tôt, il avait mal dormi et trop peu. Du coup quand son réveil sonna, il le jeta à l'autre bout de la pièce, l'éclatant contre le mur. Sa mère débarqua alors dans sa chambre en criant :
— Tu as encore détruit un réveil Katsuki ! Je vais le prendre sur ton argent de poche.
— Gnnnn
— Allez debout, plus vite que ça !
Elle ouvrit les rideaux, lui vola sa couette et le secoua sans ménagement pour l'éveiller. Bakugo ronchonna, mais se redressa dans son lit et se frotta les yeux.
— Je comprends pas ce qu'il t'arrive en ce moment Katsuki ! J'ai l'impression que tu te couches tard le soir, toi qui étais si sérieux avec les horaires avant.
Bakugo ne pouvait pas expliquer à sa mère les vraies raisons de sa fatigue. C'était vrai, avant cette histoire de chasseur de cartes, c'était un couche tôt. Mais il n'allait pas raconter à sa mère que c'était souvent la nuit qu'il courrait après les cartes de Clow, et que par conséquent son sommeil en pâtissait.
— Lâche-moi vieille sorcière, maugréa-t-il.
Sa mère éleva le son de sa voix pour se plaindre de lui et de sa crise d'adolescence puis sortit enfin de la pièce, le laissant seul. Bakugo remarqua que malgré le bruit, Kero dormait toujours. Un côté pervers lui donnait envie de le réveiller lui aussi, mais il abandonna l'idée. Il ne voulait pas se prendre la tête avec la peluche dès le matin. Il enfila son uniforme puis descendit prendre son petit déjeuner. Il salua son père et fusilla sa sorcière de mère des yeux.
À peine avait-il fini de préparer ses affaires et d'enfiler les chaussures qu'il entendit le cling cling du vélo de Deku. Depuis que Bakugo était devenu chasseur de cartes, ils avaient pris l'habitude d'aller au lycée ensemble. Deku pédalait, Bakugo se laissait emmener, le cul sur le porte-bagage. Il aurait sans doute préféré une limousine, mais le vélo, c'était pas mal aussi.
Deku discutait en chemin. Il parlait des deux cartes manquantes.
— J'ai répertorié toutes celles que tu avais capturées. Certaines étaient très dociles, mais d'autres se sont montrées dangereuses, comme l'épée ou le tonnerre. Je pense que les deux dernières ne seront pas si simples à avoir.
— Et pourquoi ça le nerd ?
— Parce qu'on approche de la fin, c'est comme dans tous les mangas, il faut que le héros soit bien préparé pour l'épreuve finale.
— On n'est pas dans un manga crétin de Deku. Dis-moi plutôt les cartes qu'il manque.
— Je ne sais pas, répondit Izuku, je t'ai déjà expliqué que les informations sur les cartes de Clow ne sont pas complètes. Je n'en connaissais que quelques-unes et tu les as déjà capturés. Mais…
Izuku s'arrêta au milieu de sa phrase et Bakugo impatient le relança :
— Mais quoi ? Parle !
— Et bien tu as déjà capturé des cartes sur les éléments, l'eau, le vent, le feu… Il manque donc…
— La terre, le coupa Bakugo. Tu penses qu'une des dernières cartes et la terre.
— Oui ça me semblerait logique.
— Et la dernière ?
— Pas la moindre idée, désolé.
Bakugo resta silencieux. Mais Izuku reprit la parole :
— Je pense que pour la terre tu ne pourras pas utiliser la carte explosion, tu risques d'empirer les effets. Je sais que c'est ta carte préférée, mais il vaudrait mieux privilégier la carte de l'arbre.
— Ou je lui explose la tronche avant qu'elle puisse attaquer, marmonna Bakugo.
— Ou bien, soupira Izuku pas convaincu.
— Tu aurais dû devenir chasseur de cartes à ma place, le nerd, lâcha sincèrement Bakugo.
— Mais non, c'est ton rôle.
Bakugo ravala sa fierté et marmonna :
— Non, tu aurais fait un meilleur chasseur de cartes que moi.
— Pas du tout ! insista Izuku. Tu te débrouilles vraiment bien.
— Je n'ai pas dit le contraire, s'agaça Bakugo. Je dis ça parce que…
Parce que quoi ?
Parce que Deku se sentait encore plus investi que lui.
Parce que Deku voulait protéger tout le monde.
Parce que Deku connaissait les cartes, réfléchissait à leur capture, à leurs pouvoirs.
Bakugo aimait bien l'idée d'être un héros et bien sûr qu'il voulait sauver des gens, seulement, il était parfois trop impulsif, très porté sur la carte explosion, il avait mauvais caractère et s'entendait peu avec Kero.
— Deku tu es un fichu nerd, marmonna-t-il, tu aurais fait un chasseur de cartes à la hauteur.
Bakugo ne savait pas si c'était de la jalousie ou autre chose qu'il ressentait. Peut-être un brin d'inquiétude.
— Ton problème, commença-t-il, c'est que…
Il se tut. Izuku attendit un temps avant de le relancer :
— C'est que ?
— Tu ne te préserves pas assez, tu penses aux autres avant toi, et tu finis blessé sans t'en soucier.
Pourquoi avait-il ce genre de conversation dès le matin franchement ? Bakugo se maudissait, la fatigue baissait ses barrières et il parlait trop. Vraiment trop.
— Laisse tomber sale nerd et pédale plus vite, je veux pas arriver en retard.
xxx
La carte de la terre finit par se manifester comme l'avait prédit Izuku. Les deux garçons étaient au zoo avec leur classe quand elle avait provoqué des tremblements de terre. Les élèves apeurés avaient été guidés par les profs là où ils se penseraient à l'abri. Bakugo quant à lui, accompagné d'Izuku, s'était planqué dans un coin pour transformer sa clé en sceptre et utiliser ses pouvoirs.
Il avait envie d'utiliser la carte explosion, évidemment, mais cela aurait mis les gens et les animaux en danger à ce moment-là. Ils étaient trop près de la population. Il fallait trouver un moyen d'éloigner la carte dans un espace moins craignos pour les gens.
Bakugo était très fort pour provoquer et attirer les cartes à lui.
— Eh carte de mes deux, cria-t-il, tu peux te mettre à genoux et crever, ça me rendrait service !
Sans y penser, alors que la carte commençait à ouvrir le sol en direction de Bakugo et Izuku, ces deux-là se mirent à courir jusqu'à la plaine où personne ne serait mis en danger. La carte atteignit Bakugo qui trébucha sur la fissure sous ses pieds. Deku fit alors ce qu'il faisait toujours, il s'arrêta et lui tendit la main.
Il y a des années, Bakugo avait détesté cette main tendue, il l'avait vécu comme une humiliation. Il ne voulait pas d'aide. Surtout pas venant de Deku.
Mais là.
Son corps bougea tout seul et il attrapa la main de Deku, qui l'aida à se relever. Ils coururent ensemble sans se lâcher, jusqu'à être assez loin du zoo et de la population.
Seulement à cet instant, Bakugo lâcha Deku et lança la carte explosion à la tronche de la terre, mais celle-ci accusa le coup sans problème. Izuku poussa Bakugo quand le monde trembla sous ses pieds, lui évitant de tomber dans la fissure. Il se cassa la figure et se cogna violemment les genoux sur le sol. Cet imbécile de nerd, ragea intérieurement Bakugo, il s'était blessé pour le sauver. Encore. Toujours.
Très bien, la carte de la terre allait lui payer ça.
— Putain de carte de l'arbre, confie-moi tes pouvoirs, je te l'ordonne et bouge-toi le cul !
Comme l'avait dit Deku, les racines de l'arbre s'accrochèrent à la terre et la bloquèrent. Ce sale nerd, vraiment. Il avait eu raison.
Bakugo captura la carte de la terre en rageant après elle, puis il écrivit son nom sur la carte. Ensuite, il se dirigea au pas de course vers Izuku. Ce dernier avait le genou en sang, mais souriait comme un imbécile.
— Tu as été super Kacchan.
Puis il se tapa le front avec sa main :
— Dommage que je n'ai pas pu te filmer !
Bakugo lui cria dessus, le traitant d'imbécile idiot de nerd inconscient. Deku avait l'habitude et se contenta d'attendre que la tempête passe, mais Bakugo semblait vraiment énervé, il tremblait presque.
— Tu aurais pu te faire tuer !
— Tout va bien Kacchan.
— Non rien ne va bien, je veux que tu arrêtes de te sacrifier comme ça !
— Mais je devais te sauver !
— Je ne veux pas que tu me sauves, hurla Bakugo, je veux que tu ailles bien !
Izuku écarquilla les yeux tandis que Bakugo s'agenouillait pour regarder sa blessure. Ça ne paraissait pas grave, il faudrait juste désinfecter la plaie. Izuku était surpris. Il ne pensait pas que Bakugo s'inquiétait pour lui. Il n'avait jamais pensé qu'à le soutenir et le protéger du mieux qu'il voulait, de se montrer utile comme il le pouvait. Mais ce jour-là Bakugo avait accepté de lui prendre la main et maintenant il louchait sur la jambe d'Izuku qui saignait, avec colère et anxiété.
— Allez viens, fichu nerd, râla Bakugo en l'aidant à se remettre debout et en passant son bras autour de lui pour l'aider à marcher.
Izuku, qui depuis très longtemps, admirait son Kacchan, n'avait jamais remarqué que parfois, en sa présence, son cœur battait plus vite. Il mettait ça sur l'adrénaline, mais peut-être qu'il s'agissait d'autre chose.
Peut-être que…
Ses pensées furent coupées par un Kero qui arrivait à toutes ailes vers eux :
— Bakugo, Izuku, est-ce que ça va ? J'ai senti le pouvoir de la carte et j'ai fait aussi vite que j'ai pu pour vous rejoindre.
— Tout va bien, le rassura Izuku.
— Tout ne va pas bien, ronchonna Bakugo, tu es vraiment inutile la peluche !
— Je ne suis pas une peluche, s'agaça Kero. Tu as capturé la carte de la terre, donc il ne reste qu'une seule carte.
— Laquelle ? interrogèrent Izuku et Bakugo en même temps.
— Je n'en ai pas la moindre idée, soupira Kero.
— Peluche inutile, grogna Bakugo.
— Je pensais que la carte de la terre serait la dernière, mais je ne me rappelle pas laquelle est manquante.
— De toute façon, il suffira que je lui explose la tronche et de la capturer, marmonna Bakugo.
Puis il tourna son visage vers Deku :
— Et je t'interdis de t'en mêler, je te préviens, s'il t'arrive quelque chose je te tue ! Izuku acquiesça presque timidement.
Ils rejoignirent finalement le reste du groupe. Les profs hésitèrent entre les engueuler pour s'être mis en danger en quittant le groupe ou être simplement soulagés de les savoir vivants. Le médecin du Zoo s'occupa de nettoyer la plaie d'Izuku sous les yeux de Bakugo, comme s'il surveillait qu'on n'amputait pas l'adolescent aux cheveux verts.
Ce soir-là c'est Bakugo qui pédala sur le vélo et ramena Deku chez lui.
— Tu te reposes ! ordonna le blond.
— T'inquiètes pas pour moi Kacchan.
— Qui a dit que je m'inquiétais ? ronchonna le blond.
Puis il rentra chez lui. Sa mère se jeta sur lui à peine eut-il franchi la porte :
— J'ai eu si peur Katsuki, ce tremblement de terre au zoo alors que je savais que t'y étais.
— Tout va bien m'man, dit-il. C'était qu'un petit tremblement de terre de rien du tout.
Il n'ajouta pas qu'il lui avait botté le cul, elle n'aurait pas compris.
Plus tard, allongé sur son lit alors qu'il avait fini ses devoirs, il réfléchissait. Kero tournait en rond dans la chambre un peu comme une mouche énervante.
— Kero, commença le blond d'une voix plus calme que d'habitude.
La peluche s'arrêta et le regarda :
— Si la dernière carte apparaît, je ne veux pas que Deku soit là.
— Et pour quelle raison ?
— Ce sale nerd m'a dit qu'en gros la dernière carte serait comme le boss final. Il a déjà été blessé, je ne veux pas qu'il lui arrive quelque chose.
Kero parut troublé. C'était rare que Bakugo s'ouvre de cette façon. Il paraissait ébranlé, comme s'il venait de se rendre compte qu'Izuku était fait de chair et d'os et qu'il n'était pas à l'abri du danger.
Non.
En fait Bakugo le savait déjà. Mais pendant tout ce temps il avait fait semblant de l'ignorer, parce qu'il voulait détester Deku, parce que s'il ne l'aimait pas, c'était plus facile de supporter son sens du sacrifice.
Mais il ne pouvait pas fuir éternellement ce qu'il ressentait. Il avait pris la main de Deku alors qu'il l'avait toujours refusé. Et il avait senti son cœur s'arrêter en pensant que Deku allait tomber dans la fissure provoquée par la carte de la terre.
Peut-être que Bakugo était bourré de fierté, mais il n'était pas con non plus. Il sentait bien que quelque chose se passait avec Deku. Cet idiot de Deku. Ce crétin de nerd. Il aurait beau le fustiger dans sa tête, son cœur criait tout à fait autre chose.
Izuku Midoriya.
Seulement voilà, il ne savait pas que Deku penserait de tout ça. Il ignorait si le nerd tentait de le protéger comme il l'aurait fait pour sauver n'importe qui, ou si ça avait un autre sens pour lui. S'il y avait un sens sur le fait qu'il se mettait en danger pour sauver Bakugo, ou s'il aurait fait pareil pour le premier crétin venu. Parce que connaissant Deku et son sens aigu du sacrifice, il était possible que ça n'ait rien à voir avec Bakugo et tout à voir avec sa fichue envie d'aider tout le monde.
Bakugo n'en savait rien.
Et tant qu'il ne saurait pas, il décida que les choses ne changeraient pas entre lui et cet imbécile de nerd.
Il ne restait plus qu'une carte, une carte oubliée par Kero, une carte dont même le nerd ne savait rien. Le boss final. Bakugo s'en fichait, peu importe la carte, il lui exploserait la tronche et la capturerait comme il l'avait fait avec toutes les autres. Tout irait bien.
xxx
Les jours passèrent sans que la carte ne pointe le bout de son nez. Bakugo crevait d'impatience et se montrait exaspéré, que ce soit avec ses potes, ou avec Deku quand ils se parlaient.
Où pouvait bien se planquer cette fichue carte et pourquoi n'apparaissait-elle pas ? Les autres n'avaient jamais rechigné à foutre le bordel, pourquoi celle-ci continuait-elle de se cacher ? Et le fait que Kero n'ait aucune réponse à lui donner agaçait encore plus Bakugo. Stupide peluche.
Dommage que ce crétin de Clow Read n'avait pas pensé à inventer une carte qui permettrait de retrouver les autres, ça aurait été tellement plus simple. Mais non môsieur préférait sucrer son café ou faire apparaitre des lucioles.
L'humeur de Bakugo se dégradait au fil des jours, pour « passer le temps », il travaillait ses devoirs encore plus qu'avant et faisait du sport jusqu'à l'épuisement. Il finit aussi par retomber dans ses travers, aimer se faire mousser et ignorer Deku à l'école ou l'engueuler :
— À quoi tu me sers le nerd si tu ne peux même pas trouver de renseignements sur la dernière carte ?
Après, Bakugo regrettait. Mais il avait du mal à s'excuser alors il ne le faisait pas. Il se disait que de toute façon Deku avait l'habitude.
Même si Izuku connaissait le caractère de feu de Bakugo, il s'était tellement attaché à lui au cours de leur course contre les cartes, que désormais ses mots le blessaient plus qu'avant. Il encaissait, il ne disait rien, il se contentait de frapper son oreiller le soir en ronchonnant « crétin de Kacchan ». Il désespérait de plus en plus, et les sentiments qu'il éprouvait pour Bakugo lui faisaient tellement mal parfois qu'il aurait voulu pouvoir s'en débarrasser. C'était nul d'avoir mal.
Plusieurs semaines plus tard, Bakugo et Izuku étaient au lycée, chacun de leur côté. Leur relation s'était envenimée petit à petit et ils ne se parlaient quasiment plus. Ce qui les blessait tous les deux, mais aucun des deux ne savait comment y remédier. Bakugo était trop fier et Izuku craignait d'empirer les choses en tentant une approche.
Bakugo discutait avec Eijiro d'un sujet quelconque et Izuku à l'autre bout de la pièce, relisait ses notes sur les cartes de Clow pour essayer de deviner quelle était la dernière et pourquoi elle n'apparaissait pas. Il aurait voulu trouver la réponse, pour la donner à Bakugo, pour que celui-ci lui parle à nouveau. De temps à autre, il jetait un regard vers Bakugo qui paraissait l'ignorer totalement. C'était comme si rien n'était arrivé. Comme si tout ce qu'ils avaient bâti en semble n'avait été que du vent. Izuku se sentit soudainement vraiment découragé. Peut-être que lui et Bakugo n'étaient pas destinés à rester amis, ou même peut-être ne l'avaient-ils jamais été. Izuku avait la boule au ventre. Une boule qui se mit à grossir, à grossir, à grossir, et tout à coup tout devint noir.
Même si Izuku ne s'en rendait pas compte, Bakugo le regardait du coin de l'œil. Il cherchait le moyen d'aller lui parler, mais à part pour les cartes, n'avaient-ils vraiment rien à se dire ? Le blond regrettait de se comporter comme un crétin, mais il avait tellement eu l'habitude de martyriser ce crétin de Deku avant l'apparition des cartes de Clow dans leur vie, qu'il ne trouvait plus comment se comporter avec lui. Alors qu'il avait envie d'être près de lui, il restait éloigné. À cause de sa fierté, à cause de sa maladresse.
Eijiro parlait fort d'un nouveau jeu vidéo, et Bakugo se demandait ce que son ami penserait s'il savait la vérité à son sujet. Parce que devenir chasseur de cartes, c'était comme si le jeu vidéo était devenu réel. Sauf que là, Bakugo était devant un dilemme, et il n'avait pas les solutions inscrites sur le net pour lui venir en aide. Il se sentait aussi perdu que s'il avait été coincé dans la carte du labyrinthe.
— Et donc dans le jeu, disait Eijiro, tu as le choix entre différents pouvoirs selon le super héros que tu veux devenir. Y en a un, tu dois même bouffer un cheveu pour avoir tes pouvoirs. C'est hyper drôle et un peu crado.
Mais Bakugo n'écoutait plus. Deku venait de se lever de sa chaise, l'air sombre et commença à se diriger vers la sortie de la classe.
— Eh Deku ! appela Bakugo sans y penser.
Mais l'adolescent ne répondit pas et continua son chemin.
Depuis que Bakugo était chasseur de cartes, il pouvait parfois les sentir, et là, la magie de Clow Read paraissait entourer Deku. Abandonnant Eijiro à sa conversation sans même lui donner d'explication, Bakugo se leva à son tour et suivit le nerd.
Deku avançait vite, il avait commencé à monter les escaliers et Bakugo avait beau l'appeler, l'autre n'avait aucune réaction.
— Arrête-toi Deku bordel !
Mais Deku ne s'arrêtait pas, et quand Bakugo se mit à lui courir après, Deku courut plus vite encore. Ce n'était pas normal, l'adolescent aux cheveux verts ne courait pas plus vite que Bakugo, il était porté par quelque chose.
Deku ouvrit la porte qui menait sur le toit et s'arrêta au milieu, alors que Bakugo le rejoignait enfin.
— Deku, reviens vers moi, dit-il, je crois que tu es possédé par la dernière carte.
C'était déjà arrivé, qu'une des cartes utilise un humain pour ses méfaits. Comme la carte de l'épée. Mais ce n'était jamais Deku qui avait été pris pour cible. Et ça faisait flipper Bakugo, d'autant plus qu'il ne savait pas ce que cette fichue carte voulait au nerd.
Bakugo transforma sa clé en sceptre, mais il ne savait pas quelle carte utiliser pour ne pas blesser Deku. De toute façon, il n'eut pas vraiment le temps de réfléchir, soudain Deku se remit à courir en direction du bord du toit.
Bakugo se jeta en avant et réussit à l'attraper par le poignet au dernier moment, alors que Deku avait bondi pour se jeter dans le vide.
— Qu'est-ce que tu fous crétin de nerd ? cria Bakugo.
Le regard de Deku était vide. Complètement vide. Mais il essayait de se débarrasser de la poigne de Bakugo. Celui-ci resserra sa prise :
— Putain Deku arrête tes conneries, tu vas tomber.
En plus, dans le feu de l'action, Bakugo avait lâché son sceptre, il ne pouvait même pas l'utiliser. Qu'est-ce que c'était que cette foutue carte ? Deku l'aurait deviné, il aurait su, il l'aurait conseillé, filmé et encouragé. Mais là, il ne faisait rien, à part tenter de forcer Bakugo à lâcher prise.
— Dis-moi c'est quelle carte Deku ! tenta Bakugo.
Une voix qui n'était pas celle de Deku sortit de sa bouche :
— Le néant.
— Tu déconnes ? Pourquoi est ce que cet enfoiré de Clow Read aurait crée une carte aussi dangereuse ?
Bakugo n'obtint aucune réponse, mais Deku secoua à nouveau son bras pour le faire lâcher.
— Arrête Deku ! tenta désespérément Bakugo.
L'autre continua sans l'écouter. Bakugo sentit qu'il relâchait sa prise et il paniqua, il supplia :
— Deku, s'il te plaît, bas toi, reviens, je ne veux pas te perdre.
— Tu le traites mal ! fit la voix désincarnée.
— Je sais bien, je suis nul ! Mais je ne veux pas qu'il meure pour autant. Je veux… Je veux… rester avec lui.
— C'est inutile !
— Deku écoute moi, je suis désolé d'accord ? Je suis désolé et ensemble on va tout arranger, mais je ne peux pas le faire sans toi, je ne peux pas être chasseur de cartes, je ne peux pas être moi-même si tu n'es plus là.
Les mouvements de Deku se firent plus faibles, mais la main de Bakugo glissa et il ne se cramponnait plus qu'à la main de l'adolescent. Bientôt, il lâcherait et alors…
— Deku, appela-t-il de plus en plus fort.
Puis sentant qu'il allait lâcher il hurla :
— Izuku n'abandonne pas, je t'aime !
Soudain, le vide dans les yeux d'Izuku disparut et se réveillant, il eut le réflexe de tendre son autre main vers Bakugo. Celui-ci l'attrapa et réussit à faire remonter l'adolescent aux cheveux verts. Une fois tous les deux en sécurité, Bakugo oublia la carte et serra Izuku dans ses bras. Très fort. La tête reposant sur son épaule. Les larmes coulant de ses yeux. Izuku referma ses bras autour de lui et ils restèrent là un moment sans rien dire.
Puis Izuku murmura :
— Ce n'est pas vraiment la carte du néant, je crois, dit-il.
Bien qu'il n'ait pu rien faire, Izuku se souvenait de tout ce qu'il s'était passé.
— Je m'en fiche, elle a essayé de te tuer !
— Oui, mais je crois que c'était à cause du vide que je ressentais, son pouvoir est à double tranchant. Quand la personne se sent abandonnée, elle agit de manière négative, mais sinon… C'est une bonne carte, je pense.
— Alors, dis-moi, murmura Bakugo, dis-moi quelle carte c'est.
— La carte de l'amour. C'est la carte de l'amour Kacchan.
Bakugo se recula, regarda Deku, son Izuku bien vivant, bien là, qui lui souriait, les joues un peu rouges. Bakugo comprit alors le sens de ses paroles et se souvint de ce qu'il avait hurlé plus tôt. Il baissa la tête et piqua un fard. Izuku le trouva mignon.
— Tu sais Kacchan, moi aussi je t'aime, dit-il.
— Oh ça va, ronchonna le blond toujours plus rouge.
Izuku eut un petit rire content, puis Bakugo pour cacher sa gêne, dit :
— Bon ben je vais capturer la carte, d'accord.
Izuku attrapa son poignet :
— Mais tu ne vas pas oublier hein ?
— Oublier quoi ?
— Que tu m'aimes, répondit Izuku d'une voix timide.
Bakugo aurait pu avoir de la fumée qui lui sortait des oreilles tellement son visage chauffait.
— Non je n'oublierai pas, je te le promets, maugréa-t-il sans oser regarder Izuku.
Il attrapa son sceptre et captura la carte. Elle ressemblait à une femme ailée qui tenait un gros cœur entre ses doigts.
— Fichue carte de merde, gronda Bakugo en y inscrivant son nom.
Puis il se tourna vers Izuku.
— Tu m'aimes toujours ? demanda celui-ci.
Bakugo soupira et au lieu de répondre, s'approcha d'Izuku, leva son menton en posant ses doigts dessous. Puis il approcha son visage, assez doucement pour qu'Izuku puisse le repousser s'il le voulait. Mais l'adolescent ne repoussa pas le blond, il entoura ses bras autour de lui et posa sa bouche sur la sienne.
Et pour Bakugo ce fut une véritable explosion. Plus forte que la carte elle-même. Il aimait cet imbécile de nerd, il en était dingue, et ce baiser le rendait tout aussi fou, et il adorait ça.
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Avec la capture de la dernière carte, Kerobero avait retrouvé sa forme originelle, celle d'un gros lion gentil, mais cela n'empêchait en rien Bakugo de le traiter de peluche ou de bestiole. D'autant plus que Kero préférait rester sous sa petite forme, qui était plus discrète et plus pratique.
Toujours en guerre Bakugo et Kero passaient leur temps à se chamailler, mais c'était rassurant de voir que tout n'avait pas changé. Izuku s'amusait de leurs bagarres et tentait de les calmer tous les deux, sans pour autant choisir un camp. Bakugo était certes devenu son petit ami, Kero restait un ami cher à ses yeux. Et puis il savait dans le fond que Bakugo appréciait Kero, sinon pourquoi mettrait-il une part de dessert de côté quand il le pouvait ?
Les cartes étaient à nouveau enfermées dans le livre de Clow et pour le moment, Bakugo chasseur de cartes se retrouvait à la retraite. Ce qui ne le dérangeait pas, parce qu'il allait pouvoir à nouveau se concentrer sur ses études et se coucher tôt ! Et puis, rien ne l'empêchait d'utiliser les cartes de temps en temps, maintenant qu'elles lui appartenaient. Après tout, il devait avouer que quand il cuisinait des pâtisseries, la carte du sucre pouvait s'avérer utile.
Tout cela avait un goût de fin, mais en vérité rien n'était fini. Bakugo avait bien capturé toutes les cartes et pourtant il avait l'impression que l'histoire commençait à peine. Parce que désormais il avançait main dans la main avec Izuku. Et ils ne s'en cachaient pas.
Eijiro l'avait taquiné à ce sujet, mais Bakugo l'avait remis à sa place et personne d'autre n'avait osé ouvrir sa bouche.
Bakugo ne s'était jamais senti aussi complet que depuis qu'il avait admis ses sentiments pour le nerd et que ceux-ci s'étaient avérés réciproques. Il se sentait bien, presque apaisé (même si ça ne l'empêchait pas de piquer des colères, parce que Bakugo était Bakugo). Cette histoire de chasseur de cartes avait été positive au final, il avait pu se rapprocher de la plus belle personne du monde, la plus gentille. Et Bakugo protégerait Izuku, pour la vie.
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Tous les deux allongés sur le toit de la maison de Bakugo (grâce à la carte du vol), le blond et Izuku regardaient les étoiles.
— Tu crois qu'il va se passer quoi maintenant ? demanda Bakugo.
— Je ne sais pas, peut-être que tu vas pouvoir créer tes propres cartes, ou alors peut-être que tu finiras par fermer le livre à nouveau jusqu'à ce qu'un autre chasseur de cartes le trouve par mégarde.
— Ce serait ennuyant, grommela Bakugo, j'aimais bien mon statut de héros.
— Tu as fini par t'habituer à être chasseur de cartes, s'amusa Izuku.
— C'est bien possible. D'ailleurs si maintenant je devais inventer une carte, je sais ce serait laquelle.
— Laquelle ?
Bakugo se tourna vers son petit ami, se rapprocha de lui si près que leurs souffles se mêlèrent.
— La carte du baiser, dit-il.
Et il embrassa le sourire d'Izuku.
Quand ils se reculèrent pour reprendre leur souffle, la main de l'adolescent aux cheveux verts toujours dans les cheveux du blond, Izuku rit et murmura :
— Je crois qu'il n'y a pas besoin de cartes pour ça.
Et leurs lèvres se rencontrèrent une nouvelle fois.
Fin.
L'autatrice : je ne sais pas quelle mouche m'a piqué, mais j'imaginais tellement bien Bakugo en chasseur de cartes. Cette idée ne m'a pas lâché si bien que j'ai fini par l'écrire. Je sais que j'ai modifié quelques trucs du monde de Card Captor Sakura, pour les besoins du scénario. Comme par exemple l'invention de la carte explosion qui convient bien à Bakugo. En bref, j'ai adapté l'univers à ma sauce, et j'espère que cette fic vous aura tout de même plu.
