Titre : Le pouvoir des mots

Auteur : Lady Zalia

Disclaimers : Prêts pour l'apocalypse ? Ah pardon, faites comme si je n'avais rien dit. MERCI pour vos nombreuses reviews de fou au chapitre précédent ! Elles m'ont vraiment motivé et m'ont fait très plaisir ! J'adore écrire et savoir que vous prenez autant de plaisir que moi dans la lecture, ça me rend HEUREUSE, donc merci encore mille fois ! Bonne lecture ! 💙💜

Résumé du chapitre précédent : Harry et Voldemort ont une longue discussion où Voldy accepte de dévoiler quelques détails intimes sur sa vie. Voldemort admet à Harry qu'il veut le garder à ses côtés, mais qu'il veut qu'il soit consentant. Il lui laissera donc le choix, mais lui donne un ultimatum. À la fin de la traduction, il pourra voir ses proches et décider librement de rester à ses côtés ou de mettre fin à leur relation, mais sa décision sera définitive. Par la suite, ils se rendent au QG des Mangemorts où Aren le vampire se révèle être un potentiel allié de Voldemort.


Chapitre 14

De retour dans la demeure de Voldemort, Harry ne pouvait s'empêcher de penser à Aren et Remus. Le loup garou était-il au courant que son compagnon était un vampire ? Et plus important, était-il un allié ou un ennemi du mage noir ? Il avait été terrifié par son regard, bien loin de la cordialité affichée lorsqu'il l'avait rencontré. Il lui avait paru menaçant, terriblement inhumain, et il ne savait trop comment le considérer désormais.

Et que penser de la mise en garde faite à Voldemort ? Y avait-il une chance que la traduction puisse libérer le monstre gigantesque et tentaculaire vénéré par le village roumain ?

- Tu m'as l'air bien pensif.

Il sursauta, n'ayant pas entendu son amant dans la pièce. Peu après leur retour, le mage noir s'était absenté pour se changer et prendre une douche tandis que Harry était resté dans le salon. Il avait prétendu vouloir lire pour se changer les idées, mais il était incapable de se concentrer sur les mots devant ses yeux, tant les pensées se bousculaient dans sa tête.

Il bascula sa tête en arrière, s'offrant avec soulagement à la caresse de son amant. Voldemort avait glissé ses mains de chaque côté de son cou et il pouvait sentir la chaleur de ses paumes malgré ses vêtements.

- Ça ne te fait pas peur, la mise en garde du vampire ?

- Quelle mise en garde ?

- Il a dit qu'on allait permettre à une entité surpuissante d'accéder à notre monde. Et si c'était le monstre que vénéraient les habitants du village ?

- Ne me dis pas que tu as peur ! Je ne crois pas à ces idioties, ce ne sont que des mises en garde pour effrayer les faibles d'esprit et empêcher que n'importe qui ne s'empare de ce pouvoir. C'est exactement comme pour la magie noire. Seuls les plus déterminés y parviennent, et cette fois encore ce sera moi.

Son regard était moqueur et son air arrogant. Il ne semblait pas avoir le moindre doute à ce sujet, et Harry se laissa gagner par sa confiance. Il sourit et se détendit alors que les mains le plaquaient plus fermement contre le dossier de la chaise.

- Tu es tellement orgueilleux ! À t'entendre, on dirait que les créatures qui nous ont attaquées étaient aussi inoffensives que des Botrucs.

- Je suis le Seigneur des Ténèbres, je suis allé plus loin que quiconque d'autre sur la voie de l'immortalité et JE suis celui qui terrifie les gens. Pour quelle raison n'aurais-je pas confiance en moi ? Mon assurance est un élément clé de l'admiration de mes Mangemorts.

Le libraire soupira. Quand il était entre ses bras, lui-même se sentait intouchable et cette sensation était dangereusement addictive.

- Je suppose que je n'ai d'autre choix que de croire en toi. Il ne reste plus que quelques pages. Si un rituel se trouve dans ce grimoire, il doit forcément se trouver là.

- Il y est. J'ai parcouru le grimoire et même si je n'ai rien vu qui ressemblait à une formule, j'en suis persuadé. Le roumain médiéval est tellement obscur à mes yeux. Combien de temps as-tu mis pour l'apprendre ? Tu es jeune et pourtant tu parles couramment une dizaine de langues différentes. C'est pour le moins impressionnant.

- Je parle seulement sept langues couramment : anglais, allemand, français, latin, roumain, russe et suédois. J'ai encore trop de difficultés avec le serbo-croate et l'arménien pour prétendre les maîtriser parfaitement. Et pour les langues anciennes, une fois qu'on connaît le slave et le germanique, ça devient assez facile. Honnêtement, je ne sais pas combien de temps j'ai mis. J'ai commencé à étudier le latin à Poudlard, et pour le français, je suis allé à Beauxbâtons pendant 6 mois au cours de ma 6e année. Une fois mon ASPIC en poche, j'ai pu passer une équivalence en France. Après j'ai passé un an en Allemagne, puis en Russie… Je pense que ça me suffit pour apprendre une langue.

Flamby apparu, transportant à bouts de bras un large plateau surmonté d'une théière fumante. Deux tasses leur furent bientôt servies tandis que Voldemort s'asseyait à ses côtés. Le fauteuil avait été transformé en canapé et le mage noir avait passé un bras derrière son dos pour le garder près de lui.

- Tu as beau dire, cela reste une prouesse dont peu sont capables. Tu peux être fier, il n'y a pas beaucoup de personnes dont j'admire l'intelligence…

Le Gryffondor éclata de rire.

- Ça c'est parce que tu as un égo surdimensionné. Mais je prends le compliment. Après tout, c'est grâce à mon talent que j'ai trouvé grâce à tes yeux, même si je n'arrive pas encore à déterminer si c'est une bonne ou une mauvaise chose.

Il avait détourné le regard, et le Serpentard en profita pour embrasser son cou, arrachant un soupir de plaisir à son amant.

- C'est une bonne chose. Si tu restes à mes côtés, je m'efforcerai de te rendre heureux. Je veux te voir sourire et t'épanouir. Tu vois, je suis toujours sûr de moi, mais tu es le seul capable de me faire sentir vulnérable.

Harry se retourna brusquement pour le regarder dans les yeux, sondant les prunelles carmines pour y chercher la moindre trace de mensonge.

- Tu es sincère ?

- Je te dis la vérité.

Le libraire ferma les yeux, posant doucement son front contre l'épaule de son amant. Ici, il envisageait presque sérieusement de devenir le compagnon du Seigneur des Ténèbres. Parce qu'ici, Voldemort se montrait comme nulle part ailleurs. Tendre, attentionné, protecteur… Ici, il arrivait à oublier sa mère, ses amis et le destin du monde sorcier… Et il se sentait tellement bien !

Voldemort ne lui avait jamais dit qu'il l'aimait, pas avec ces mots-là tout du moins, mais c'était tout comme. Il avait l'impression de détenir un pouvoir inestimable. Lui, Harry Potter, était la clé de la vulnérabilité du Seigneur des Ténèbres.

Il se redressa pour l'embrasser et le mage noir s'empressa d'y répondre, fermant ses bras autour de son torse.

Il aurait voulu changer la réalité. Être transporté ailleurs, dans un endroit où le mage noir ne pourrait plus faire de mal à qui que ce soit. Dans un endroit où il pourrait l'aimer, sans se préoccuper des conséquences. Sans ressentir cette culpabilité qui lui dévorait l'estomac.

Il avait l'impression que plus le temps passait et plus la décision qu'il devait prendre se transformait en dilemme cornélien. Et c'était de sa faute. En acceptant l'affection de Voldemort, il avait laissé son amour pour lui gagner en force, s'enracinant dans son cœur comme un lierre insidieux. Aujourd'hui, il n'arrivait plus à y résister. Les émotions étaient si fortes, si éclatantes… Chaque fois que le mage noir le serrait contre lui, l'embrassait, le caressait, il se sentait transporté, son rythme cardiaque s'accélérait et son corps gagnait en température, le laissant fébrile et totalement offert.

Cette fois, c'était lui qui avait initié le baiser, et ce n'était pas moins bon, bien au contraire. Bien entendu, la langue du Serpentard était autoritaire, mais Harry ne voulait pas s'arrêter. Il était assoiffé de ce contact, excité, désespéré presque.

Finalement, ce fut Voldemort qui mit fin au baiser, le transperçant de son regard rubis.

- Tu m'embrasses comme si c'était la dernière fois…

- Non. Mais je veux en profiter.

Il avait chuchoté sa réponse, n'osant rajouter "tant que je le peux encore". Son amant détourna le regard pour observer le vide devant lui. Il ne l'avait pas repoussé, mais Harry pouvait sentir tout son corps raidit, froid.

- Tu comptes m'abandonner.

Ce n'était pas une question, et le son de sa voix sonna terriblement douloureux aux oreilles du Gryffondor.

- Je ne sais pas. J'aimerais ne pas avoir à faire ce choix. Quelle que soit la décision que je vais prendre, ça va me déchirer… Je ne sais pas, putain ! Ça me fait peur, ça me terrifie plus que tous les monstres de ce grimoire de merde ! Je ne veux pas te perdre. Je veux rester à tes côtés.

- Alors reste à mes côtés. Tu sais que je ne te ferais jamais aucun mal. Je te donnerai tout ce que tu as toujours rêvé, je t'emmènerai voyager à travers le monde. Tu pourras faire ce que tu veux.

Harry ferma brièvement les yeux. Malgré toute sa volonté, Voldemort était incapable de comprendre ses véritables désirs.

- Mais tu ne pourras jamais m'offrir la présence de mes amis ni le bonheur de ma mère. Si je te choisis toi, je sacrifie tous mes proches. Je ne pourrais plus jamais les revoir. Je deviendrai un traître à leurs yeux.

- Je pourrai leur faire croire que je t'ai enlevé, que je te retiens contre ton gré…

- Ça ne changerait rien. J'ai envoyé une lettre à Hermione, mais je suis presque sûr qu'elle a déjà prévenu tout l'Ordre du Phénix depuis plusieurs jours. Dumbledore sait que tu as le grimoire, n'est-ce pas ?

Le mage noir se passa une main dans les cheveux, et Harry compris à travers ce geste inhabituel combien il était las.

- La première partie était entre les mains de Nicolas Flamel mais depuis que tu es allé à Poudlard pour faire des recherches sur Paul de Tudèle, il a probablement deviné que j'avais récupéré les trois autres parties…

- Et si Dumbledore soupçonnait que tu étais William Peverell ? S'il avait fait part de cette hypothèse à Hermione… Alors elle saurait. Et elle aura compris que je suis fou amoureux de toi.

- Quoi que je te dise, tu iras à ce fichu rendez-vous, n'est-ce pas ?

- Oui, j'y tiens. Je prendrai ma décision à ce moment. Je veux voir leur réaction avant de faire mon choix.

Le Serpentard eut un rire cynique.

- Devenir mon compagnon est tout sauf une décision rationnelle. Mais laisse-moi chercher à te convaincre cette nuit encore…

Sans lui laisser le temps de réagir, il le fit léviter à l'aide de sa magie avant de se lever à son tour, et transplana jusqu'à sa chambre… leur chambre. Harry avait poussé un petit cri de stupeur en se sentant soulevé du canapé, et il s'était instinctivement raccroché au cou de Voldemort, mais lorsque ce dernier l'avait étendu sur le matelas, il s'était laissé faire, sachant pertinemment ce qui allait suivre.

Un clignement plus tard, le mage noir avait fait disparaître leurs vêtements pour la plus grande satisfaction du jeune sorcier. Il aimait l'empressement de son amant à ce propos, et il tendit la main pour caresser la peau offerte.

- Tu es magnifique.

Le Serpentard n'attendit pas et le rejoignit sur le lit, plaquant son corps contre le sien et provoquant un soupir de contentement chez les deux sorciers.

- Tu es le seul.

Harry allait l'embrasser, mais il se recula soudain pour le regarder dans les yeux.

- Quoi ?!

- Tu es le seul à m'avoir fait ressentir ça. Le seul à qui je me sois dévoilé à ce point. Et tu seras le dernier.

Il n'avait pas besoin d'expliquer pourquoi. Si Harry faisait le choix de le quitter, la douleur serait si forte, que jamais plus il ne voudrait s'ouvrir à qui que ce soit. Et si Harry restait à ses côtés, il lui serait éternellement fidèle. Le Gryffondor sentit son cœur se serrer à cette idée. S'il abandonnait Voldemort, il détruirait tout ce qu'il restait d'humain en lui. C'était une certitude.

Il entoura sa nuque de ses bras pour le serrer contre lui et il sentit leurs peaux se réchauffer mutuellement à ce contact. C'était si bon. Cette douceur, cette paix… Il huma son odeur, embrassa doucement la clavicule offerte avant de retourner à ses lèvres tentatrices.

Comme toujours, le mage noir ne resta pas passif bien longtemps. Appuyé de tout son poids contre le libraire, il s'empara de ses mains pour les plaquer au-dessus de sa tête, puis il empoigna sa verge entre ses doigts fins, les glissant jusqu'au gland avec une lenteur diabolique. Il ne l'avait pas lâché des yeux, scrutant son visage pour y lire la moindre lueur de douleur ou d'inconfort. Avec un regard concupiscent, il le fit durcir jusqu'à lui arracher des gémissements de plaisir, puis il descendit jusqu'à pouvoir engloutir sa verge entre ses lèvres. Harry expira bruyamment alors qu'une chaleur moite entourait brusquement son sexe. Il avait à peine eu le temps de s'y préparer, que déjà Voldemort le suçait, augmentant la pression dans son membre hypersensible.

- Oh bon sang… C'est si bon !

Tout son corps s'était arqué sous le coup du plaisir, sa tête avait basculé en arrière et regardait le plafond sans le voir tandis que ses doigts s'étaient resserrés autour du drap pour avoir une accroche, quelque chose pour évacuer un peu de la tension qui l'habitait.

Ses gémissements étaient devenus une litanie de syllabes incohérentes et il n'était pas vraiment attentif à son environnement immédiat, cependant lorsque le mage noir relâcha sa verge avant de lui avoir offert la libération, il redressa immédiatement la tête pour l'observer. Quelle ne fut alors pas sa surprise de le voir se positionner directement au-dessus de son sexe avant de descendre lentement pour l'enfoncer en lui.

Harry avait déjà pénétré un homme par le passé, mais la sensation était si inattendue, si surprenante qu'il avait l'impression que c'était la première fois. Voldemort était serré… Peut-être était-il vierge de ce côté, et le Gryffondor stoppa immédiatement tout mouvement pour lui laisser le temps de s'habituer à cette sensation. Au-dessus de lui, le corps s'était fait plus lourd, l'empêchant d'initier les pénétrations, mais il ne comptait pas rester totalement passif. Il relâcha les draps et tendit la main pour attraper son sexe, le caressant de haut en bas pour l'aider à se détendre.

- Tu aurais dû me dire que tu voulais…

- Je veux tout connaître de toi, tout goûter. Je veux posséder ton corps de toutes les manières possibles. Laisser mon empreinte en toi et sur toi…

Il siffla, murmurant peut-être quelque chose en fourchelang, et se souleva de quelques centimètres avant de s'empaler à nouveau sur la virilité tenue entre ses doigts. Harry gémit et raffermit sa prise sur le membre de son amant, s'efforçant de lui transmettre le plaisir que lui-même ressentait. Il était frustré de ne pas pouvoir diriger le mouvement, mais il savait que ce serait trop demandé pour un homme pour qui l'absence de contrôle était insupportable.

- Voldemort. Encore… Penche-toi un peu en arrière.

Il releva les genoux pour lui offrir un support et sentit avec satisfaction le mage noir suivre ses conseils. Sa verge était lubrifiée par la salive, cependant les mouvements de Voldemort étaient encore lents et précautionneux. Soudain, un sursaut le saisit, et Harry sut qu'il était au bon endroit. D'un coup de rein, il frappa à nouveau le point stratégique, et son amant poussa une nouvelle exclamation de stupeur, laissant sa magie envahir la pièce.

- Harry !

Plaquant ses deux mains sur son torse, il l'immobilisa à nouveau, mais cette fois il avait compris comment faire, et le mouvement gagna en vitesse. Harry pouvait voir l'abandon et le plaisir se peindre sur le visage du mage noir, et il en ressentit un plaisir intense. Il lui avait offert un peu de ce que lui-même ressentait lorsqu'il le pénétrait, et en cet instant, il savait que Voldemort était heureux, comme n'importe quel être humain.

Son amant était souple, et il accéléra encore le rythme, étouffant presque le Gryffondor par ses allées-et-venues sur son sexe jusqu'à la délivrance. Il avait joui, maculant son torse de sa semence tandis que Harry s'était libéré en lui, son sexe encore prisonnier de ses chairs.

Son cœur peinait à reprendre un rythme apaisé, et il resta allongé, immobile, tandis que Voldemort prenait place à ses côtés.

- Tu… Merci. C'était tellement intense.

- Habituellement ça dure plus longtemps…

- Je suppose que tu as moins l'habitude de ce genre de position. Mais c'était époustouflant. Je ne sais même pas comment le dire. Je suis… touché que tu aies accepté de faire cela avec moi.

- Je te l'ai dit, tu es le seul. Tu m'obsèdes, Harry. Je ne comprends pas pourquoi je ressens autant de désir pour toi, mais c'est un fait. Je veux que tu m'appartiennes, que tu sois à mes côtés pour toujours.

Il s'était tourné vers lui et s'était saisi de ses poignets, comme s'il risquait de s'enfuir dans l'instant. Harry lui sourit doucement, s'approchant pour caresser sa joue. Il ne savait pas quoi répondre. Il aurait voulu lui promettre, le rassurer, lui dire qu'il ne partirait jamais, mais il en était incapable.

Il imaginait déjà la détresse et la rage se peindre sur les traits de son amant, se transformant en une énergie destructrice incontrôlable. Une telle passion ne pouvait pas s'éteindre paisiblement, c'était une évidence, et chez le Seigneur des Ténèbres, elle serait synonyme d'apocalypse.

Au final, ne devrait-il pas rester à ses côtés, pour le bien de l'humanité ? Il pourrait le modérer, l'inciter à pacifier sa politique…

Oui, c'était pour le mieux. Il allait revoir une dernière fois Hermione, Neville et Luna, leur dire qu'il partait vivre aux côtés de l'homme qu'il aimait. Il allait rassurer sa mère, lui dire qu'il était en bonne santé, que son compagnon prendrait soin de lui. Puis il allait les quitter pour devenir véritablement le partenaire du Seigneur des Ténèbres…

Il l'embrassa d'un bref baiser.

- Je t'aime Voldemort. Moi aussi je veux rester à tes côtés. Je ne t'abandonnerai pas. Je te le promets.

Pressé contre lui, il comprit à son absence de réaction que sa décision ne serait crue qu'une fois le rendez-vous passé. Il ferma les yeux.

Il savait qu'il existait un cœur au sein de Lord Voldemort et il allait tout faire pour le protéger, quitte à faire le sacrifice le plus douloureux de toute son existence…

***/+/***

Voldemort avait laissé Harry le pénétrer. Il l'avait accueilli en lui et l'expérience avait été bien meilleure que ce à quoi il s'était attendu. Il avait ressenti la chaleur, le plaisir intense, l'excitation. C'était différent mais tout aussi bon. Le libraire s'était montré parfaitement docile et à aucun moment il n'avait éprouvé cette terrifiante perte de contrôle qu'il redoutait tant. Ça avait été une union exceptionnelle. Par ce geste, il lui avait prouvé jusqu'où il était capable d'aller pour l'exhorter, le persuader de rester à ses côtés, et manifestement son amant n'y avait pas été insensible. Juste avant de s'endormir, il lui avait murmuré les mots qu'il avait tant attendus. Une promesse. Celle de rester à ses côtés.

Bien entendu, il était trop tôt pour crier victoire. Il restait encore cette fameuse rencontre entre Harry et ses proches. Il était évident qu'ils allaient tout faire pour lui faire changer d'avis et Voldemort n'était pas encore convaincu qu'ils n'y parviendraient pas.

Pour l'heure, l'incertitude était douloureuse, mais elle signifiait aussi l'espoir, et il s'y accrochait de toutes ses forces. L'idée que son amant reste à ses côtés, l'accepte tout entier… Il se sentait capable de faire n'importe quoi pour cela. N'importe quoi ou presque…

Et une fois enchaîné à lui, il ne le laisserait plus jamais s'éloigner. Il avait déjà en tête un bijou pour empêcher quiconque d'autre que lui de le toucher, un autre pour pouvoir le localiser en toute situation. Il allait faire de Harry Potter la plus précieuse et la mieux protégée de ses possessions. Et bien sûr, il trouverait un moyen de le rendre immortel.

Il était impatient de pouvoir concrétiser toutes ces idées, mais en attendant, il devait supporter l'idée que peut-être il allait le perdre. Et c'était sans doute la sensation la plus désagréable qu'il avait ressenti depuis bien longtemps. Bien pire que de devoir diviser son âme…

Il ne restait que quelques pages à traduire et il décida de consacrer la matinée à entraîner Harry à l'Occlumancie. Il voulait le prémunir de toute tentative de possession spirituelle, et heureusement, une fois le principe compris, le libraire s'était révélé plutôt bon.

Ils transplanèrent ainsi au quartier général en début d'après-midi, mais lorsque Harry se retrouva devant le grimoire, Voldemort ressentit un étrange sentiment d'angoisse s'emparer de lui.

- C'est la dernière fois. Quoi qu'il arrive, tu n'auras plus jamais à retourner dans ce grimoire. Sache que je serai à tes côtés. Je ne m'éloignerai pas de toi, et je ne laisserai rien de mal t'arriver, mais si jamais tu transplanes, tu auras ta baguette avec toi cette fois.

Le Gryffondor semblait aussi nerveux que lui, et il attrapa sa baguette d'un geste vif, comme s'il craignait qu'il ne change d'avis. Il la mit dans sa poche avant de s'emparer de la plume qui reposait sur le bureau.

- Merci. Je ne compte pas laisser Paul de Tudèle voler mon corps, je te rassure. J'ai des choses bien trop importantes à faire ici. Et je n'ai pas l'intention de trahir ma promesse.

Il ouvrit le grimoire à l'endroit où il s'était arrêté et lui offrit un dernier sourire avant de se pencher sur les lignes. Immédiatement, son souffle s'accéléra, ses membres se tendirent en une rigidité douloureuse et son visage prit une mine angoissée. Les souvenirs, les émotions de Paul de Tudèle avaient envahi son esprit, et Voldemort grimaça à cette idée. Il devait se retenir pour ne pas l'arracher à ce grimoire, se souvenir qu'il touchait au but.

Comme la fois précédente, il se positionna juste derrière le libraire, impatient à l'idée de découvrir ce rituel si ardemment désiré. Le pouvoir de contrôler le temps. Plus puissant qu'un Retourneur, on disait que ce rituel permettait de devenir le maître de toutes les possibilités.

Il savait exactement pour quoi il allait s'en servir. Tout d'abord, il allait tuer Dumbledore à une date bien précise. Ce jour où il était venu le chercher à l'orphelinat. À l'époque, il n'était pas encore directeur de Poudlard, mais il avait déjà prouvé qu'il comptait le tenir à l'œil. Il s'était amusé à l'effrayer, lui le petit garçon qui ignorait encore tout de la magie. Il l'avait obligé à rendre tout ce qu'il avait volé, ses maigres trésors de guerre, sans chercher à connaître les histoires qui se cachaient derrière.

Une fois débarrassé de Dumbledore, l'histoire changerait pour le mieux. Personne ne se méfierait de lui, le professeur Dippet, le directeur de l'époque, lui mangeait dans la main. Sans le vieux fou, il n'aurait sans doute eu aucun mal à obtenir le poste de professeur de Défense contre les Forces du Mal…

Il revint dans le présent en entendant la plume gratter frénétiquement le parchemin. Harry semblait empressé, comme si Paul de Tudèle était à nouveau contraint de fuir, et Voldemort lu par-dessus son épaule l'histoire qui se dévoilait sur le carnet.

J'étais parvenu à transplaner à la surface. J'étais sauf, mais pour combien de temps ? Il fallait que je fuie la ville, que je récupère un cheval, des vivres et que je m'échappe de cet Enfer.

Paniqué, je courus jusqu'à la demeure du seigneur Vasilescu pour chercher mes quelques effets personnels. Je pensais la ville déserte, mais alors que je tournai dans une ruelle, je vis soudain une porte s'ouvrir et un homme en sortir.

Il portait la même tenue jaune que ses condisciples, et je m'apprêtai à transplaner, lorsqu'il leva les mains en l'air, et l'une d'elle tenait une baguette.

- N'ayez pas peur, je ne vous veux aucun mal, je suis un sorcier moi aussi !

Sidéré, je m'arrêtai immédiatement, gardant malgré tout une distance de sécurité, prêt à invoquer un bouclier au moindre geste suspect. L'homme semblait être d'un âge avancé, car il avait une longue barbe blanche. Son crâne était chauve, et ses yeux étaient lourdement cernés, comme s'il avait cessé de dormir depuis plusieurs jours.

- Qu'est-ce qui me prouve que vous voulez m'aider ?

- Je n'ai pas succombé à la folie, contrairement à mes concitoyens. J'ai assisté à la venue de cet étrange culte et j'ai décidé de le surveiller pour tenter de le comprendre. Je suis sincèrement désolé, si j'avais deviné que vous étiez un sorcier, j'aurais tenté d'intervenir plus tôt.

Cette fois, ce fut la colère qui me fit réagir. Je serrai les poings, sous le coup de la fureur. Cet homme prétendait qu'il aurait pu nous sauver et n'avait rien fait ?! Je me rapprochai et le saisis par le col de sa tunique.

- Intervenir !? Mais… comment ?! Vous saviez… vous saviez que Vasilescu comptait nous sacrifier ?!

- Je vous en prie, calmez-vous. Je n'avais aucune certitude, mais je les étudie depuis plusieurs années à présent. Je sais combien ils sont violents et irrationnels. Peut-être que j'aurais pu vous prévenir, mais m'auriez-vous seulement cru ? Depuis l'apparition de cette nouvelle religion, je suis obligé de me cacher pour survivre, sans quoi j'aurais connu le même sort que vos condisciples. Ils tuent sans la moindre pitié tous ceux qui ne suivent pas les préceptes de leur dieu !

Je le relâchai et reculai à nouveau d'un pas. Je me sentais épuisé, déprimé… La tristesse m'envahit en repensant à tous ceux que j'avais perdus.

- Ce sont des fanatiques ! Ils ont… ils ont tué tous mes compagnons…

- Tous ne sont pas… maîtres d'eux même. Certains se complaisent dans ce culte sanglant. Lucian Vasilescu en fait partie. Certains ont peur et se montrent plus zélés que les autres dans l'espoir d'avoir la vie sauve. Et puis il y a ceux qui ont succombé à la folie. Tout d'un coup, ils perdent toute rationalité et se mettent à tuer parents et enfants dans le seul but de réveiller le monstre. Ceux-là sont les plus dangereux.

- Certains de mes condisciples ont brutalement changé de comportement. Est-ce… est-ce qu'il y a un sorcier parmi eux ? Quelqu'un qui utiliserait la magie ?

Le sorcier inconnu secoua la tête et me fit signe d'entrer dans sa maison.

- Pas un sorcier à proprement parler… mais, venez. Il ne vaut mieux pas rester dehors, ils ne vont pas tarder à remonter. J'ai protégé ma demeure avec un sortilège pour les repousser, mais je suis bien obligé de sortir pour chercher à manger. J'utilise des maléfices de confusion et parfois l'Imperium pour avoir la paix. Personne ne viendra vous chercher ici.

Curieux, je jetai un coup d'œil à l'intérieur, mais sa demeure semblait minuscule et sentait le renfermé. Le rez-de-chaussée était une petite pièce encombrée par des tables, guéridons et étagères, elles-mêmes recouvertes par des rouleaux et grimoires disposés de manière chaotique. Dans un coin brûlait un feu au-dessus duquel était accroché un chaudron, et au milieu, un large bureau supportait quelques écuelles salles, une bouteille au contenu trouble, du matériel d'écriture et plusieurs parchemins. Au fond, un escalier menait à l'étage.

La seule fenêtre semblait faite de corne, car elle diffusait une lumière jaunâtre qui peinait à éclairer véritablement la pièce. Je m'immobilisai sur le seuil.

- Écoutez, je vous remercie pour ces informations, mais je voudrais profiter qu'ils soient encore en bas pour prendre un cheval et m'enfuir. Ensuite j'essaierai de galoper jusqu'à la frontière.

- Si vous faites cela, c'est la mort assurée. La nuit est sur le point de tomber, et dehors, les chiens de Tindalos ne feront qu'une bouchée de votre monture. Vous aurez beau transplaner, ils vous rattraperont. La précipitation ne vous mènera nulle part.

- Alors c'est fini ? Je suis condamné à rester ici, à me terrer comme un lapin dans son terrier ?!

Mes jambes cédèrent sous mon poids. Cet homme n'avait sans doute aucune intention de m'aider. Il était seul depuis si longtemps qu'il allait probablement tout faire pour me garder à ses côtés…

Il reprit la parole, mettant fin à mon monologue mental.

- J'ai peut-être une solution. Un rituel. Il vous permettrait de couper le cours du temps, de changer ce qui a été et de voyager n'importe où... Cependant je doute qu'il soit sans conséquence.

- Qu'est-ce que vous entendez par là ? Je pourrais… ressusciter mes camarades ?

- Fermez la porte. Asseyez-vous. Tout d'abord, il faut que vous compreniez que Cthulhu existe réellement. Ce dieu n'est pas dans notre monde, mais il peut… s'y infiltrer. Envoyer des émanations. Ses pouvoirs sont vastes, bien plus qu'aucun sorcier connu. Il peut courber la réalité selon sa volonté, et ainsi contrôler le temps et l'espace. J'ignore pourquoi il a choisi ce village pour se manifester, mais c'est un fait. Un beau jour, des hommes ont été pris de visions mystiques, des phénomènes étranges se sont produits, des créatures inconnues sont apparues… Au départ, c'était fugace, presque imperceptible. Je ne me suis moi-même aperçu de rien avant que cela ne devienne un culte officiel.

Je pénétrai enfin dans la masure et refermai la porte derrière moi, cependant ma fébrilité ne m'avait pas quitté et je refusai de m'asseoir, préférant faire les cent pas.

- Je n'ai pas besoin d'un cours d'histoire, je veux savoir comment rentrer chez moi ! Et empêcher mes camarades de se faire tuer !

- J'y viens. Dans la théorie, je suppose qu'en voyageant dans le passé, vous pourriez sauver vos camarades, mais je n'en ai aucune certitude. J'ai trouvé ce rituel en volant un de leurs livres mais sa simple lecture m'a provoqué… des visions. Des hallucinations effroyables. Cependant il m'a permis d'apprendre de nombreuses choses sur leur culte et leur dieu.

- Et donc ?

- Cthulhu se nourrit des âmes torturées. C'est pour cela que ses fidèles se montrent aussi cruels, ils veulent éveiller leur dieu dans notre monde. Les quelques rituels décrits dans ce livre ne sont pas tous mauvais en soi, mais je n'ose imaginer quels usages pourrait en faire une personne néfaste. Lucian Vasilescu a beau n'être qu'un simple mortel sans pouvoir, il arrive à puiser dans la magie de son dieu pour utiliser ces sortilèges. Peut-être est-ce ainsi qu'il provoque la folie. Quoi qu'il en soit, j'ignore ce qu'il se passera quand vous tenterez de l'utiliser, mais vous semblez être suffisamment désespéré pour prendre le risque, j'imagine…

Il avait dit cela avec un rictus un peu cruel, comme si tout cela n'était qu'une expérience à ses yeux. Je fis un geste nerveux de la main.

- Je ferai n'importe quoi pour sauver les membres de ma caravane. Tous ces hommes et ces femmes qui ont perdu la vie par ma faute ! Je dois faire quelque chose, même s'il n'y a ne serait-ce qu'une seule chance.

- Soit, je suppose que votre détermination devrait être suffisante. Je vais vous le montrer. C'est une simple formule. Elle n'est ni en roumain, ni en latin, c'est une langue étrange, comme leurs prières. Je n'ai pas osé l'essayer moi-même, et de toute façon je n'ai personne à sauver.

Il se dirigea vers l'une des bibliothèques pour en sortir un grimoire qu'il déposa sur le bureau. Il semblait assez lourd et sa couverture était étrangement boursouflée. Il le feuilleta jusqu'à trouver la bonne page et la présenta sous mes yeux avides. Elle était là. Plus qu'une formule, c'était une série d'incantations.

Hun piah lamah.

Khawvel piah lamah.

Arsi lam panna kawngkhar chu hawng rawh.

I chanvo thlang rawh.

Fasciné, je répétai mentalement plusieurs fois le cérémonial pour le mémoriser. Il fallait que j'essaye, quels que soient les risques. De toute façon, sans cela, j'étais perdu. L'étrange sorcier avait raison. Dehors, les monstrueuses créatures qui nous avaient attaquées à l'aller étaient sans doute toujours présentes, et seul, je n'avais aucune chance d'atteindre la frontière. C'était ça ou rester en ville et m'installer dans une demeure comme un parasite pour y vivre seul avec mes regrets… J'allais finir aussi fou que les cultistes…

Le paragraphe qui surplombait la formule donnait des informations précises sur la manière dont le rituel devait être opéré : Debout, yeux fermés, concentrés sur le lieu et la période dans laquelle nous souhaitions réapparaître. C'était presque trop simple. Il ne nécessitait ni ingrédients, ni gestes particuliers. Le dieu monstrueux était censé répondre à notre appel et nous envoyer à l'endroit et l'époque désirés. Comme un transplanage mais en bien plus puissant, libéré des contraintes de distances et de frontières. Libéré même de cette route immuable qu'était le temps.

Exalté par cette possibilité, je décidai d'essayer sans attendre. Je ne voulais surtout pas retarder l'échéance, au risque d'hésiter et de prendre peur. Il était de mon devoir de sauver mes compatriotes sacrifiés de manière inique, même si je devais abimer mon esprit dans l'opération.

Je fouillai dans mes poches à la recherche de quelques objets de valeur afin de remercier ce mystérieux sorcier. Il restait quelques pièces dans ma bourse, mais j'avais sur moi une petite statuette en or qui m'avait été confiée par un ami superstitieux. Elle ne m'avait guère été utile, sauf à considérer que c'était grâce à elle que j'étais en vie…

Je déposai mes maigres ressources sur la table et les poussai dans sa direction.

- Voici tout ce que j'ai. Je vous remercie pour ce rituel. C'est inespéré. Vous… vous me sauvez, moi et mes compagnons.

Il jeta un regard dédaigneux à l'or et m'offrit un sourire moqueur.

- Vous ne devriez pas me remercier et encore moins me rétribuer, je n'ai aucune certitude que cela va fonctionner. Je suis peut-être en train de vous envoyer tout droit à la mort !

La pièce était exiguë et je décidai de reculer avant de commencer l'incantation. Mon cœur battait à un rythme effréné, et je m'imaginai un instant face à ce monstre gigantesque vénéré par les cultistes, avant de secouer la tête. Je devais être concentré, ne surtout pas me laisser distraire.

- Je ne connais même pas votre nom…

- Razvan Ardelean.

- Paul de Tudèle. J'espère ne jamais vous revoir.

Il m'observait depuis l'autre coin de la pièce, ses yeux bougeant frénétiquement comme s'il s'attendait à ce que quelque chose apparaisse soudain devant lui. Je pris une grande inspiration et fermai les yeux. Il était temps. Étrangement, alors même que je le redoutais, la formule me sembla aisée à prononcer. On aurait presque dit qu'elle voulait être utilisée… Et lorsque je déclamai le dernier mot, l'air me sembla soudain s'épaissir autour de moi.

Mes muscles se raidirent, tétanisés. J'avais l'impression d'avoir été plongé dans une eau épaisse et glacée, ou un sirop de mélasse, cependant je résistai à l'envie de me débattre pour tenter de remonter à la surface. Je craignais plus que tout que le rituel échoue et je me fis violence pour ignorer les signaux envoyés par mon corps.

Bientôt, l'air me manqua, et je m'aperçus que j'avais cessé de respirer depuis plusieurs secondes. J'ouvris la bouche, mais ce fut pour vomir tout ce que contenait mon estomac, tant mon corps était compressé. Pire qu'un transplanage, mille fois pire. Je n'avais toujours pas osé ouvrir les yeux, cependant la brusque sensation d'un sol dur sous mes pieds me fit tomber en avant.

Il y avait de l'herbe sous mes doigts, et je sursautai en entendant soudain le chant d'un oiseau. Un oiseau ô combien familier puisqu'il s'agissait d'une mouette caractéristique de ma région natale ! Je rouvris les yeux et me mis à pleurer. J'étais exactement à l'endroit que j'avais visualisé : une étendue verdoyante, et un peu plus loin les falaises de la côte d'albâtre, le port et ses impressionnants voiliers trois-mâts. De là où je me trouvais, je pouvais apercevoir Sanwic et Leure ainsi que l'Abbaye de Graville.

Le bonheur, le soulagement me submergèrent. Cela avait fonctionné. J'étais retourné en France et je n'avais aucun doute que j'étais dans le passé. Ma ville semblait exactement telle que je l'avais laissée et même si cela ne faisait que quelques mois, cela me paraissait être des années.

Haletant, je me remis péniblement sur mes pieds. Je voulais rentrer chez moi, embrasser mes parents, mais ensuite… ensuite je me rendrai sur Paris. J'avais un certain voyage à empêcher…

***/+/***

Pour la première fois, Harry émergea par lui-même du grimoire, et le sentiment d'accomplissement qu'il ressentit lui fit éprouver une joie similaire à celle de Paul de Tudèle. Il avait réussi, il avait terminé sa traduction du grimoire et en était sorti vivant. Il releva la tête, un large sourire au visage, cependant l'expression de Voldemort était si éloignée de la sienne qu'il se figea, incertain de la réaction à avoir.

- J'ai terminé la traduction !

- Je vois cela.

La voix du mage noir était grinçante, et Harry grimaça, perplexe face à sa froideur.

- Ça n'a pas l'air de te faire plaisir…

- Le rituel, où est-il ?

Il baissa les yeux sur la traduction. Le carnet était toujours ouvert sur le bureau et il relut brièvement ses dernières notes jusqu'à pointer du doigt la formule.

- Là. C'est juste une incantation. Pas d'ingrédients, pas de gestuelle…

- Sauf que je suis incapable de lire ce qui est écrit ici. Que ce soit dans le grimoire ou sur ta traduction, je ne vois qu'un gribouillage.

- Et si je la répétais mots par mots ? "Hun" ensuite "piah" puis "lamah".

- Il y a quelque chose… qui m'empêche de distinguer les mots que tu utilises. C'est incompréhensible !

- Peut-être est-ce une nouvelle forme de protection ? Peut-être faut-il… traduire le grimoire soi-même pour en faire usage ?

À cette suggestion, Voldemort balaya la surface du bureau de sa main, envoyant voler plumes, encriers et parchemins en direction du mur le plus proche.

- Par Salazar, c'est impossible !

Le mage noir semblait d'assez méchante humeur et Harry prit une moue boudeuse. Il avait fait son travail, ce n'était tout de même pas sa faute si la formule en elle-même n'était lisible que par une personne ayant lu l'intégralité du grimoire ! Bien sûr, il en était assez soulagé, car cela signifiait que Voldemort ne pourrait jamais faire usage de cette magie, mais d'un autre côté, cela voulait aussi dire qu'il était désormais le seul capable d'utiliser ce pouvoir. D'ailleurs, il semblait que son amant avait suivi le même cheminement de pensées, car il se retourna brusquement pour le saisir par les épaules.

- Toi, tu connais la formule, n'est-ce pas ? Tu penses que tu pourrais m'emmener quelque part ? Faire une sorte de transplanage d'escorte, mais dans le temps ?

Harry soupira.

- Je ne sais pas, je suppose qu'il suffit d'essayer, mais… S'il te plait, ne m'oblige pas à faire ça pour de mauvaises choses. Tu sais que cela me répugne. Je voudrais te faire plaisir mais… pas au prix de la vie d'innocents.

- Et si c'était pour tuer Dumbledore ? Tu le détestes autant que moi, non ? Tu n'auras qu'à m'emmener à une date précise. Le 31 juillet 1936 à Londres. Et c'est moi qui me chargerai de mettre fin à sa misérable existence.

Il eut du mal à maintenir son regard. Souhaiter la mort de quelqu'un était une chose, y participer activement en était une autre.

- Je vais… y réfléchir.

À peine eut-il formulé sa réponse qu'un bruit strident retentit autour d'eux, comme un chuintement suraigu. Harry se pencha instinctivement en avant pour boucher ses oreilles de ses mains tandis que Voldemort sortait sa baguette.

- Des intrus ! Qui ose m'attaquer dans mon propre repaire ?!

Il fit plusieurs arabesques compliquées du bout de sa baguette et poussa un grognement de rage avant de se tourner vers lui et le désarmer d'un informulé.

- Non ! Dis-moi qui c'est ? Pourquoi est-ce que tu me prends ma baguette ?!

Le mage noir plissa les yeux, et Harry comprit à son regard l'identité des assaillants. Pour qu'il décide immédiatement de le priver de sa baguette, c'est qu'il s'agissait de ses amis.

- Ils sont 11. J'ai ordonné à mes Mangemorts de nous rejoindre. Toi tu restes derrière moi.

- Arrête ! Ne me laisse pas en dehors de ça !

- Hors de question. Seras-tu capable de t'opposer à ta mère ou à tes amis venus te sauver ? J'en doute fort.

Dehors, des bruits de combat résonnaient déjà et Harry sentit son sang se glacer dans sa poitrine.

- Et si… Si je leur expliquais que je voulais rester avec toi ?

Son amant eut un rire cynique et lui tourna le dos. Il ne s'était même pas donné la peine de lui répondre, comme si sa remarque était ridicule, et Harry serra les poings. Il était évident qu'il n'allait pas laisser sa mère et ses amis être blessés sous ses yeux, mais serait-il capable de quoi que ce soit alors qu'il était désarmé ?

Il envisagea de faire le tour du bureau, mais Voldemort lui jeta un Incarcerem qui le fit tomber en avant, ligoté des chevilles aux épaules.

Il hurla, et quelques instants plus tard, la porte fut violemment défoncée, emportant un morceau de mur avec. Le mage noir avait fait exploser le panneau de bois pour blesser son agresseur, mais il s'agissait d'Aren Dickinson, le vampire, et les fragments de bois ne semblèrent être qu'une pluie de confettis à ses yeux.

Il était suivi par Remus Lupin, Albus Dumbledore ainsi que Lily Potter, et cette vue retourna l'estomac de Harry. Sa mère était venue pour le sauver, pour lui elle n'hésitait pas à prendre des risques, quitte à affronter des Mangemorts et le Seigneur des Ténèbres en personne.

- Dumbledore !

- Bonjour, Tom. Cela faisait longtemps.

- Longtemps car tu te terrais à Poudlard comme un couard ! Je ne pensais pas que tu viendrais, mais je vais en profiter pour mettre fin à tes jours ici et maintenant !

Sans attendre, il leva sa baguette, prêt à se plonger dans le combat. Son premier geste produisit un jet de lumière verte qui fila tout droit en direction de Dumbledore, cependant ce dernier parvint à le dévier, zébrant le mur d'une crevasse. Le directeur fit un geste vif de sa baguette, et ce fut cette fois un jet de lumière incandescent qui en sortit, obligeant Harry à fermer les yeux tant il était intense. Le sortilège était adressé à Voldemort, pourtant il sentit toute sa peau se couvrir de chair de poule lorsqu'il traversa la pièce.

Il prit conscience à quel point sa situation était précaire. Il se trouvait à deux mètres de Voldemort, uniquement séparé par le bureau du mage noir, et il pouvait se prendre un sortilège perdu d'un instant à l'autre. Il tenta de ramper sur le sol, mais les liens étaient trop serrés et il put tout juste se mettre sur le côté pour pouvoir observer le champ de bataille dans une position un peu moins inconfortable.

La destruction partielle du mur permettait d'apercevoir la salle du trône, et Harry vit d'autres sorciers en train de combattre des Mangemorts. Il reconnut les cheveux blonds de Luna qui combattait dos à dos avec son époux Rolf Dragonneau, Hermione et Neville mais aussi quelques membres de l'Ordre qu'il ne connaissait que vaguement. Face à eux, tout le clan Lestrange avait rappliqué, ainsi que Severus Rogue et d'autres fidèles de Voldemort, dont il n'avait pas retenu les noms. De la fumée avait déjà partiellement envahi la pièce et les éclairs jaunes, rouges, verts et violets clignotaient ça-et-la comme de fugaces feux d'artifices.

Dumbledore et Voldemort semblaient décidés à régler leurs différends, car ils ne cessaient de s'envoyer des maléfices toujours plus violents, obligeant les autres à se réfugier en arrière, mais nul doute qu'ils étaient prêts à intervenir si le chef de l'Ordre en manifestait le besoin.

Pour Harry, il était évident qu'ils étaient en face de deux mastodontes surpuissants, et il ne pouvait s'empêcher d'en être fasciné. Aucune formule n'était prononcée, les sortilèges se succédaient comme s'ils ne faisaient que se renvoyer une balle. L'un comme l'autre manipulaient la magie avec une telle aisance que leurs visages semblaient presque sereins.

Bien entendu, la haine de Voldemort déformait ses traits, mais il ne transpirait pas ni ne rougissait, et son souffle semblait parfaitement maîtrisé.

- Tu es pathétique, Dumbledore. Tu arrives trop tard. Harry a traduit l'intégralité du grimoire pour moi, et maintenant je détiens le pouvoir ultime.

- Tu te trompes, Tom. Je vais t'arrêter ce soir et tu n'iras nulle part.

- Comme si j'avais peur de toi ! Je vais te tuer Dumbledore, je n'ai aucune intention de fuir !

Le libraire avait un peu l'impression que le vieux directeur provoquait le mage noir, et il en eut la confirmation lorsque ce dernier invoqua un Feudeymon pour engloutir ses adversaires.

Dans la pièce, la température avait brutalement augmenté, et Harry gémit. Il avait envie de se terrer dans un trou tant la chaleur était intense, heureusement Dumbledore contre-attaqua bientôt avec un sort de glace. En un instant, le sol se transforma en miroir scintillant, les vitres se recouvrirent de givre, et le serpent de flammes s'évapora en une fumée noire.

Le brusque contraste entre les deux températures généra une vapeur opaque, et Voldemort se mit à hurler de rage alors que ses adversaires étaient escamotés par la fumée.

Harry de son côté claquait des dents. Il ne voyait strictement rien, mais il comprit que cet enchaînement avait été prévu lorsqu'une silhouette massive s'empara de lui. Il n'avait même pas eu le temps de crier qu'il était soulevé et entraîné hors de la pièce.

Il essaya tant bien que mal de se débattre, cependant il était toujours attaché, et l'emprise était bien trop forte pour qu'il puisse faire quoi que ce soit. Il gémit aussi fort qu'il le put. Il refusait d'abandonner, néanmoins sa tentative resta vaine. La main sur sa bouche étouffait tout bruit de sa part.

Les larmes lui vinrent alors qu'il était emmené loin de Voldemort, l'homme dont il s'était épris. Il savait que c'était un sorcier puissant, mais il n'était pas invulnérable pour autant et il était face à Dumbledore mais aussi Remus Lupin, et d'autres membres de l'Ordre du Phénix pouvaient se joindre au combat.

- Harry, mon chéri !

La voix de sa mère juste au-dessus de lui le fit sursauter. Il rouvrit les yeux. Il avait été emmené dans le hall par Aren, le petit ami de Remus.

Lily dissipa immédiatement le sortilège qui le retenait prisonnier, cependant le vampire ne le lâcha pas pour autant.

- Méfiez-vous. La dernière fois que je suis venu, il ne semblait pas vraiment retenu contre son gré !

- C'est mon fils ! Il ne ferait jamais une chose pareille !

Harry ferma les yeux alors que la réalité de sa trahison se refermait sur lui tel un serpent monstrueux. Sa mère croyait en lui, elle était à cent lieues d'imaginer qu'il était tombé amoureux de Voldemort, le meurtrier de son père et de tant d'autres. Comment lui dire qu'il avait songé à les abandonner pour rester à ses côtés ? C'était impossible.

- Ma… Maman…

Sa voix était éraillée, et il se racla la gorge, tentant de réfléchir à toute vitesse. Il craignait aussi la présence du vampire qui le maintenait fermement, et il aurait aimé être seul pour pouvoir avoir cette discussion avec sa mère.

- Harry ! Il t'a fait du mal ?

Il secoua la tête.

- Non, il voulait simplement que je traduise son grimoire. Au début, il s'est fait passer pour… quelqu'un d'autre. Lundi dernier, Hermione a eu des doutes et m'a prévenu. Quand je suis allé le confronter, j'ai découvert qui il était vraiment.

- Mon chéri ! Tout va bien, nous sommes là maintenant. Aren, ne devriez-vous pas être aux côtés de Remus ? Il faut mettre fin à tout ça. Il faut le tuer.

Elle avait sa baguette à la main, et Harry vit dans son regard une lueur qu'il ne lui avait jamais vue… une lueur meurtrière. Elle voulut l'aider à se lever pour qu'il les rejoigne dans le combat, mais Aren le repoussa d'une main.

- Je ne laisserai pas ce garçon combattre à nos côtés. La dernière fois que je suis venu ici, il était libre de ses mouvements, et Voldemort se montrait plutôt… amical avec lui. Je ne lui fais pas confiance.

Harry lui jeta un regard plein de hargne, cependant il était incapable de lutter avec la force physique du vampire.

- Arrêtez-ça ! Je ne ferais jamais aucun mal à qui que ce soit !

- Harry, qu'est-ce qu'il raconte ?

Cette fois, il baissa les yeux. Il aurait voulu que le vampire comprenne combien cette nouvelle risquait de détruire Lily Potter. Si elle apprenait la vérité, il n'était pas certain qu'elle s'en remette, et il ne voulait surtout pas la faire souffrir.

- Il m'a fait chanter. Il dit qu'il irait torturer et tuer mes proches si je ne coopérais pas. C'est lui qui a ma baguette, et c'est pour ça que je me suis montré aussi docile. J'avais peur qu'il vous fasse du mal. Maman, ces Mangemorts sont dangereux, maintenant que je connais leur identité, ils seront prêts à tout pour m'empêcher de partir. J'aimerais que tu rentres à la maison.

- Hors de question ! Je suis une sorcière, Harry, et je compte bien défendre mon fils ! Tu es le seul qu'il me reste, ils m'ont déjà pris tant de monde ! Je ne te laisserai jamais combattre seul. Je refuse de me cacher alors que mon garçon est en danger.

Elle tenta à nouveau de le relever, et cette fois Aren consentit à se reculer. Cependant son regard était clair. Au moindre mouvement suspect, il l'attaquerait.

De toute façon, Harry n'avait pas de baguette, il ne pouvait donc pas faire grand-chose. Il s'avança néanmoins dans la grande salle et regarda autour de lui. Les lieux s'étaient transformés en champ de bataille et les sortilèges explosaient dans tous les sens. Les combattants du bien semblaient avoir l'avantage. Luna et Rolf se battaient contre un couple de Mangemorts, mais ils avaient réussi à les faire reculer jusqu'à un coin de la pièce et leurs visages exprimaient une détermination farouche.

Un peu plus loin, Neville et Dedalus Diggle affrontaient les frères Lestranges tandis qu'une amie de sa mère, Hestia Jones, affrontait Bellatrix, en revanche les vainqueurs semblaient cette fois plus incertains. Des cris de douleur ou de rage retentissaient à intervalles réguliers, et les combattants du bien avaient manifestement déjà été touchés par quelques sorts vicieux. Hestia Jones saignait abondamment de l'arcade sourcilière tandis que Dedalus semblait bouger avec moins d'adresse que d'habitude. Heureusement, Neville semblait en pleine forme, car il rendait coups sur coups, bombardant Rodolphus et Rabastan de ses sorts fétiches.

Soudain, Hestia fut touchée par un maléfice lancé par Bellatrix qui poussa un caquètement suraigu. La sorcière de l'Ordre s'effondra sur le sol, son corps secoué de tremblements, et Lily se jeta dans la mêlée, sous le regard impuissant de Harry.

Il se sentait terriblement faible sans sa baguette. Bellatrix Lestrange était une sorcière puissante, quant à sa mère, elle n'avait plus combattu depuis plusieurs années. Il voulut aller chercher quelqu'un pour l'aider, qui que ce soit, mais Aren était manifestement retourné auprès de Remus, car il ne le voyait nulle part.

Il décida de retraverser la salle en sens inverse à la recherche d'un allié, et dut esquiver quelques sortilèges perdus, heureusement personne ne l'attaquait sciemment. Les Mangemorts ignoraient que la traduction était terminée, et ils avaient toujours pour consigne de le protéger, quant aux membres de l'Ordre, ils étaient venus pour le sauver, et avaient déjà bien assez de leur adversaire pour s'occuper.

Alors qu'il s'approchait du bureau du mage noir, il tomba sur le potionniste de l'Allée des Embrumes… Severus Rogue, si ses souvenirs étaient exacts, et il repensa aux propos de Voldemort. Si cet homme avait d'antan supplié son maître pour sauver la vie de Lily Potter, peut-être serait-il capable de l'aider encore aujourd'hui ?

Il décida de tenter sa chance, et se mit sur son passage, ses deux mains bien en évidence.

- Monsieur ! Ma mère est en train d'affronter Bellatrix Lestrange. Je n'ai pas ma baguette, je ne peux rien faire pour l'aider.

- Potter ! Vous ne croyez tout de même pas que je vais devenir un parjure pour vos beaux yeux !?

- Je veux juste que ma mère reste en vie. S'il vous plaît…

Le ténébreux sorcier le fusilla du regard, sa baguette pointée sur son torse.

- Dégagez, vous êtes sur mon passage.

Harry s'écarta et le regarda partir vers la grande salle. Quelque chose lui disait qu'il pouvait faire confiance à cet homme, et il décida de suivre son instinct. De toute façon, que pouvait-il faire d'autre ?

Immédiatement, ses pensées revinrent vers Voldemort. Sans doute était-il encore en vie, car s'il avait été tué, Dumbledore n'aurait pas manqué de crier sa victoire pour mettre en fuite les Mangemorts, cependant il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour lui. Il ressentait un besoin urgent de le voir, et il continua plus en avant. Il avait aperçu Hermione un peu plus tôt, et il espérait qu'elle ne soit pas blessée, mais son principal sujet de préoccupation restait le mage noir.

Il croisa deux Mangemorts inconscients, manifestement assommés, et lorsqu'il atteint enfin le bureau de Voldemort, celui-ci était désormais face à Dumbledore, Remus, Aren et Hermione. Les trois sorciers combattaient coude à coude tandis que le vampire semblait prêt à bondir à travers la pièce, une épée à la main. Les murs étaient noircis, le carrelage fissuré, le bureau effondré. L'air était lourd, comme saturé de magie, et une odeur de soufre avait envahi la pièce.

Harry s'immobilisa immédiatement à sa vue. Voldemort avait été touché. Son bras gauche pendait d'une manière peu naturelle, et il avait quitté son sourire arrogant. Il devait affronter quatre adversaires dont son ennemi juré, et aucun Mangemort n'était venu à son secours.

Son arrivée avait attiré l'attention des différents protagonistes, mais soudain, le combat reprit. Comme au ralenti, le libraire vit Dumbledore brandir sa baguette comme s'il s'était agi d'un fouet. Une longue flamme mince fusa alors de son extrémité et s'enroula autour de Voldemort qui n'eut pas le temps de le dissiper. En même temps, Hermione et Remus avaient jetés un Expelliarmus en direction du mage noir, et Aren s'était élancé, sa lame pointée en avant.

Et Harry hurla. La baguette avait volé en l'air tandis que l'arme du vampire avait transpercé le corps de Voldemort, produisant une impressionnante gerbe de sang. Le mage noir s'était arqué en arrière sous le coup de la douleur, avant de s'effondrer, les yeux écarquillés par la surprise. Il n'avait pas fait un geste de plus, pas même pour porter sa main à sa blessure. On aurait dit que le coup l'avait plongé en état de choc, et il s'était affalé mollement, comme une poupée désarticulée. Harry s'était jeté en avant, tous ses muscles tendus vers son but. Il avait traversé la pièce en un instant, sans que quiconque ne songe à l'arrêter.

Il avait vaguement entendu Hermione prononcer son nom, mais son esprit était obnubilé par son amant. Désespérément immobile. La manière dont il s'était effondré donnait à son corps une forme grotesque, comme un mannequin démembré au milieu d'un tas de chiffons noirs. Aren avait récupéré son épée, mais s'il se tenait toujours à côté du corps, il ne fit rien pour intercepter Harry.

Il se jeta sur le corps sans vie de Voldemort, ignorant le sang et les éclats qui parsemaient le sol. Cela ne pouvait pas se terminer ainsi.

- Non… NON ! Voldemort ! Ne me laisse pas. Je ne veux pas que tu meures. JE T'INTERDIS DE MOURIR !

Sa propre magie était agitée, et il la sentit réagir à son appel. Il refusait que les choses se passent ainsi, et sans doute restait il encore un soupçon de vie dans le mage noir, car une sphère de lumière apparu autour d'eux, sans qu'aucun sort n'ait été prononcé.

Immédiatement, Aren fit un moulinet de son épée, comme pour le décapiter, mais la lame rebondit sur le dôme de magie, et le vampire fut repoussé en arrière.

De l'autre côté de la pièce, plusieurs cris avaient retenti, cependant Harry était comme sourd et aveugle. Plus rien ne comptait si ce n'est ce corps entre ses bras qui s'était remis brusquement à battre. Voldemort avait ouvert les yeux et prit une inspiration avant de cracher le sang qui résidait encore dans ses poumons.

- Harry…

Sa voix était éraillée, sa respiration laborieuse, néanmoins il avait détourné le regard pour observer ses adversaires étaient encore présents.

- Arrête ça. Fuis avec moi… S'il te plait. Je ne veux pas te perdre.

Il avait murmuré ces paroles, mais son amant l'avait ignoré.

- Non. Je les tuerai tous s'il le faut. Si je m'arrête maintenant, tout ce que j'aurais accompli auparavant n'aura aucun sens.

Le repoussant d'une main tremblante, le Serpentard se redressa lentement avant de prendre sa propre baguette. Il l'avait mise dans sa poche après l'avoir désarmé, et Harry ressentit un goût amer à cette vue. Son regard était chargé de haine, et il n'osa pas le maintenir au sol. Mais alors que le libraire regardait à son tour les membres de l'Ordre, il tressaillit à la vue de sa meilleure amie.

- Harry, qu'est-ce que tu as fait !?

L'expression de son visage fut comme une gifle. Elle semblait désespérée. Totalement désemparée par son geste. Elle était incapable de comprendre, de rationnaliser ce qu'elle venait de voir. À ses côtés, Remus semblait déçu… trahi. Quant à Aren, il était meurtrier.

Harry ferma les yeux, les mains sur le visage. Il n'arrivait pas à affronter leurs regards. Il avait agi par amour, se contentant de suivre son instinct, et désormais il était condamné à voir son amant ou ses amis se faire tuer sous ses yeux.

Il secoua la tête. Il devait y avoir une solution. Il ne pouvait pas laisser les choses se dérouler ainsi. C'était hors de question.

Il se griffa le visage. Il avait envie de s'arracher les cheveux, de se taper le crâne contre un mur. À côté de lui, les échanges de sorts avaient repris, mais Voldemort semblait avoir retrouvé toute son énergie, car il parait coups sur coups tout en repoussant les attaques du vampire. Le bouclier d'énergie s'était dissipé lorsqu'il s'était relevé pourtant le Serpentard paraissait intouchable, et il combattait avec sa baguette comme si c'était la sienne.

Harry se leva. La magie à laquelle il avait fait appel l'avait étourdi, et il dû se tenir contre le mur pour ne pas retomber. Il avait l'impression qu'il venait de faire la pire erreur de sa vie, pourtant il ne s'imaginait pas revenir en arrière. Mais alors qu'il pensait cela, il eut soudain une idée.

Il y avait une manière pour que ni Voldemort ni ses proches ne se fassent tuer. Un moyen pour mettre fin à la guerre… Une méthode qui lui permettrait de continuer à vivre à ses côtés… à condition qu'il la lui pardonne.

Il était évident que le mage noir n'allait guère apprécier son idée, mais il n'avait pas le choix. C'était la seule solution…

Le regard désormais déterminé, il inspira longuement. Il aurait aimé pouvoir dire un dernier mot à sa mère, Hermione, Neville, Luna et Remus. Ils avaient tout risqué pour venir le sauver et il n'avait fait que les mettre en difficulté. Il aurait voulu s'excuser auprès d'eux, avant de disparaître. Mais il n'avait pas le temps de rédiger un testament. Il devait agir, maintenant.

Fermant les yeux, il commença à marmonner la formule à voix basse, pour ne pas attirer l'attention de son amant.

- Hun piah lamah ; Khawvel piah lamah ; Arsi lam panna kawngkhar chu hawng rawh ; I chanvo thlang rawh.

Il la connaissait par cœur, tout comme Paul de Tudèle, et juste avant de prononcer les derniers mots, il s'était accroché de toutes ses forces autour de la taille de Voldemort.

Il allait l'emmener loin, si loin qu'il ne pourrait plus jamais menacer ses amis. L'avenir serait libéré de l'angoisse perpétuelle du Seigneur des Ténèbres. Quant à lui, il allait refaire sa vie dans une autre époque. Ça ne lui faisait pas peur. De toute façon, il avait sa magie avec lui. Que pouvait-il risquer ?


Fin du chapitre 14 et fin de la 1e partie

TADAM ! Ce chapitre m'a tellement hypé à écrire ! J'étais à fond, d'ailleurs il fait quasiment 2000 mots de plus que les précédents, XD

Merci pour vos nombreuses reviews et votre enthousiasme lors du précédent chapitre ! 😘 Ca m'a vraiment fait chaud au coeur ! J'étais déterminé à vous offrir un chapitre épique, et j'espère que vous apprécierez le résultat.

Alors, des pronostics sur l'endroit et l'époque où Harry a-t-il bien pû emmener Voldy ? 😏