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(Longues) Notes de l'Auteure :

Bon... À chaque fois que je subis un choc, je me réfugie dans mes Mondes et ça se traduit souvent par de l'écriture frénétique. Comme en 2021, lorsque mon ancien propriétaire m'a foutu dehors en me virant de mon appartement, j'ai couru au Pays des Merveilles en écrivant une longue saga du nom de : 'Le Valet de Cœur'.

Et... Cette année n'échappe pas à la règle. Il se trouve que j'étais en train de regarder les deux films de 'Venom' sur Netflix (et de baver sa race devant Eddie Brock, je ne vais pas vous mentir...) lorsque j'ai reçu cette horrible nouvelle jeudi après-midi et, depuis...

Pouf ! Disparition !

Je me suis enfermée dans mon écriture et dans plusieurs Mondes.

Hier soir, après avoir écrit et publié : 'Let there be love' je me suis posée sur Netflix pour revoir les 'Venom' puis pour switcher sur une série nommée : 'Taboo'.

Je vous laisse regarder le trailer sur YouTube.

Et si vous êtes physionomiste, vous remarquerez que l'acteur qui joue Eddie Brock dans 'Venom' est celui du rôle principal de 'Taboo'. Comme par hasard...

Allez, pour cette histoire aussi improbable que la précédente, j'ai choisi la chanson :

'The Dark Side' de Muse, ça correspond carrément à mon état d'esprit...

Et, au moment où j'écris cette introduction, j'écoute ma musique à fond dans mes oreillettes, il est 8h30 et je ne sais pas encore quoi raconter comme histoire, mais je vais laisser ma dissociation s'occuper de tout ça... Aussi, je n'ai vu que 2 épisodes sur 8, donc je pars en roue libre totale !

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« I have lived in darkness,
For all my life, I've been pursued,
You'd be afraid if you could feel my pain,
And if you could see the things I am able to see. »

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1814 – Connemara :

Je ne voulais tellement pas quitter ma belle Irlande, ma splendide Verte Érin. J'aurais pu rester dans mon Cottage Irlandais, au pied de la montagne sacrée de Maamturks dans le Comté du Connemara. Malheureusement, j'ai vu une ombre dans le vent, un murmure porté par les esprits Celtiques et qui soufflait trois mots.

Trois mots. Un nom. Une identité.

'James Keziah Delaney'

Puis, la magie ancestrale de Maamturks me donna une vision.

Je voyais... Londres.

Cette horrible et vieille Londres, la capitale que je haïssais, porteuse de mes traumas les plus enfuis.

Mais, je suis une Sorcière et si les spectres veulent que je me rende en Angleterre, alors j'irais.

J'ai pris le premier bateau en partance de Dublin pour amerrir à Holyhead, au Pays de Galles. En passant par Cardiff, puis Cheltenham, j'ai mis plusieurs jours pour arriver à Londres.

Je ne savais pas à quoi m'attendre, bien sûr. Les entités ne sont certainement pas très loquaces lorsqu'il s'agit de donner des indications claires et précises.

Mais, j'étais enfin au milieu de la capitale grouillante et puante d'Angleterre.

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1814 – London :

Instinctivement, mes pas m'ont portés vers mon ancien orphelinat, celui-là même où j'avais passé plus de la moitié de ma vie, avant de m'en échapper à l'âge de 18 ans, avec mon meilleur ami Jem.

J'ai désormais 33 ans et pourtant, je revoyais les souvenirs dans mon Palais Mental comme s'ils ne dataient que d'hier.

Jem est mort.

Retrouvé et assassiné par l'affreuse Dr Hess, la Directrice de l'orphelinat Kendricks. Maintenant que j'étais devant l'établissement, je découvris que l'orphelinat n'existait plus. La bâtisse fut transformée en Bordel.

Je ne sais pas lequel est le pire.

J'ai relevé le pan de ma robe et j'ai quitté ce taudis.

Je portais une longue parure sombre, avec un corset qui étouffait chacune de mes respirations et expirations. Une grande cape noire traînait dans mon dos, au rythme de mes pas, tout comme mon imposante tresse couleur chocolat. J'avais la peau aussi pâle que le ciel Anglais et les yeux aussi noirs que la rivière Tamise. Ce fut d'ailleurs vers ce point d'eau que je me suis dirigée, je voulais me désaltérer au Pub 'The Admirals', mais un frisson parcourut mon corps tout entier et je compris que je devais suivre les esprits vers une autre direction.

Je fis donc demi-tour et j'ai marché le long d'une rue étroite pour arriver devant un bâtiment en bois usé, dont l'enseigne indiquée :

'Le Choix de Buscarron'.

Peu importait.

Je voulais simplement descendre une Pinte de Guinness, pour retrouver le goût de ma belle Irlande. En entrant dans l'antre, l'odeur de la bière et de la fumée me prit le nez avec répugnance. Je me suis dirigée vers le bar et l'affreux homme me dévisagea comme si je portais la Peste.

Ah, oui, les femmes ne sont pas vraiment bien vues dans les Tavernes.

Ah, si tu savais...

Lorsque j'ai commandé ma Guinness, il a râlé dans sa barbe blanche et broussailleuse.

Aussi, les Irlandais ne sont pas non plus les bienvenus.

Les Anglais ont de sacrés problèmes psychologiques, de toute évidence. En attendant que ma Stout soit tirée, comme souvent lorsque je dissocie ou je réfléchis, j'ai trituré le collier en argent que je portais autour du cou.

C'était un cadeau des esprits : une chaîne en argent qui tenait un médaillon en forme de cœur, couleur azur. Le pendentif s'ouvrait sur... Rien. Il n'y avait aucune photo à l'intérieur, seulement des initiales :

'A.K.D'

Je n'ai jamais compris ce que cela signifiait, je m'appelle 'Alisone Davies' donc les lettres 'A' et 'D' devaient provenir de mon nom, mais pour le 'K' ?

Mystère.

- Six pence ! hurla le barman.

J'ai sursauté avant de fouiller dans la poche secrète de ma robe pour en sortir sa monnaie, que j'ai jetée sur son bar avec autant de colère que lui. J'ai attrapé ma Pinte pour me diriger vers le feu de cheminée qui crépitait dans un coin du Pub.

Seulement, les fantômes ont murmuré autre chose :

- … à gauche... fenêtre...

Comme toujours, j'ai écouté mes guides et je me suis dirigée vers la fenêtre de gauche.

Cependant... La table ronde en bois était déjà occupée, par un homme. Alors que je me demandais si j'avais bien compris les murmures, les entités ont repris :

- … ouiiiiiii... luiiiiii...

D'accord.

J'ai appris à ne jamais contredire les fantômes.

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« Break me out, break me out,
Let me flee,
Break me out, break me out,
Set me free. »

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L'homme m'a vu et m'a fait signe de venir s'asseoir en face de lui. Ce que j'ai fait. Ses yeux ne me quittaient pas du regard et je l'ai seulement entendu murmurer :

- Bienvenue... Alisone...

Ah...

Il buvait une Pinte de bière ambrée et grâce à la bougie entre lui et moi, j'ai pu analyser son physique avec plus de clarté. Il devait être à peine plus âgé que moi, fin de la trentaine. Il avait d'intenses yeux bleus qui semblaient comme jeter du feu, accentué par une étrange cicatrice en forme de 'Y' sous son œil gauche. Sa barbe rongeait un visage fin, fatigué, et ternit par des cernes noirs. Il portait un costume obscur qui dévoilait néanmoins sa nuque et une partie de son torse, recouvert de tatouages ébène en formes de motifs tribaux. Il portait un haut chapeau qui cachait la moitié de son regard hypnotisant, et qui lui donnait un côté mystérieux de mauvais augure.

Malgré tout, je souris en comprenant à mon tour l'identité de cette personne :

- James Keziah Delaney ?

Pour toute réponse, il esquissa un sourire.

Il but une bonne lampée de sa bière avant de me dire, d'une voix grave et profonde :

- Je savais que tu allais venir. Je l'ai vu.

Ah... Intéressant...

- Est-ce que tu sais pourquoi tu es là ? reprit-il, en sirotant sa Pinte.

J'ai fermé les yeux pour me concentrer sur les voix. Les bruits blancs se dissipèrent petit à petit :

Le crépitement de la cheminée, le brouhaha du Pub, le cliquetis des verres que le barman nettoyait, la respiration calme de James, tout cela diminua jusqu'à n'entendre que les murmures dans le vent.

Je n'étais pas sûr de comprendre leurs mots, je les ai néanmoins formulés à voix haute pour l'étrange homme :

- 'Nootka... Sound...' ?

J'ai rouvert les yeux et James souriait. Il termina sa Pinte et lâcha calmement :

- Suis-moi.

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« I hail from the dark side,
For all my life, I've been besieged,
You'd be scared living with my despair,
And if you could feel the things, I am able to feel. »

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Sa demeure, bien qu'immensément grande, était plutôt simple et banale une fois à l'intérieur. Plusieurs mobiliers en bois croulaient sous le poids de centaines de grimoires, registres, documents, lettres et autres gribouillages en tout genre. La cheminée était déjà allumée pour réchauffer le bureau principal, même les bougies brillaient déjà pour éclairer la fin de journée.

James retira son chapeau et son long manteau de cuir, puis il appela quelqu'un.

Cinq secondes plus tard, un vieil homme entra dans la pièce pour jeter un regard tantôt à son hôte, tantôt à moi :

- J'ignorais que nous allions avoir de la visite.

Sans même lui jeter un regard, James ordonna :

- Fais-nous du thé, Brace.

Le servant quitta le bureau, puis James attrapa une lettre en haut d'une pile de dizaines d'autres missives, me la donna et je commençai à la lire en diagonale. Je n'étais pas sûr de comprendre ce que mes yeux lisaient. Il était encore question de 'Nookta Sound', apparemment une terre portuaire que James venait d'hériter de son défunt père. Ensuite, je compris que tout ceci devait avoir un rapport avec la guerre entre l'Angleterre et les États-Unis, ainsi qu'une entreprise marchande nommée 'East India Company'.

Lorsque le thé fumant arriva sur un plateau que portait le pauvre Brace, James me fit signe de m'asseoir en face de lui pour m'expliquer son histoire dans les grandes lignes.

Il était Londonien, mais venait de passer 12 ans en mission en Afrique, 12 années durant lesquelles il avait changé en tout point. Outre ses nombreux tatouages tribaux et ses dizaines de cicatrices, il se considérait désormais comme un fervent adepte du Mysticisme. Il touchait à la Magie Noire, parlait directement aux morts et aux Dieux Africains. Je n'étais personne pour juger, puisque j'entendais la voix des esprits Celtes, la Religion Irlandaise me guidait jour après jour.

Était-ce la raison pour laquelle mes petits fantômes m'ont fait revenir à Londres ?

Après une longue discussion, James ordonna à Brace de lui apporter une bouteille de Brandy, puis nous nous sommes mis au travail. Nous voulions savoir.

Nous devions savoir...

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« Break me out, break me out,
Let me flee,
Break me out, break me out,
Set me free. »

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La nuit venait de tomber et la pleine lune éclairait le ciel nuageux de la capitale. Pourtant, James et moi étions toujours barricadés dans son bureau. En face de la cheminée, nous étions tous les deux assis en tailleur sur le sol poussiéreux. James enleva sa vieille chemise pour se retrouver totalement torse-nu. Ce qui n'était pas pour me déplaire, il avait un physique absolument satisfaisant à regarder. Sa peau entière était soit recouverte de tatouages ébène, soit de cicatrice écarlate. Il passa un collier Africain autour de son cou et attrapa cinq bougies rouges qu'il alluma grâce au feu de la cheminée. Ensuite, il brûla un bouquet de feuilles sèches que je ne pus identifier.

Et, enfin, il murmura quelques prières inintelligibles pour moi, c'était le langage Twi, dont j'ignorais la signification, mais il psalmodiait ses mots magiques :

- 'Animuonyam nka Agya ne Ɔba no ne Honhom Kronkron no. Sɛdeɛ ɛte mfitiaseɛ no saa ara nso na ɛte seeisei ara, ɛbɛ yɛ saa daa mfennsa mu mfennsa. Ɛnyɛ hɔ.'

Avant de tomber totalement en transe, il attrapa rapidement ma main et mon esprit partit en même temps que le sien.

Dans une tornade d'étoiles et de galaxies, je pouvais sentir les fantômes tout autour de moi.

Les miens.

Et les siens.

Nos corps étaient toujours assis devant la cheminée, en cette nuit de pleine lune, mais nos âmes se promenaient dans la demeure, désormais sous un soleil de plomb, illuminant la rue brillante et grouillante de Monde.

Le futur.

Nous étions dans le futur.

- Trois ans... répliqua James, avec mystère.

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1817 – London, dans l'Autre Monde :

C'était comme marcher dans un épais brouillard, dans des nuages denses. Je voyais tout, mais me mouvoir était difficile, plus difficile que de mettre un pied devant l'autre avec mon corps. Piloter une âme n'avait rien d'aisé. Heureusement, James me tenait toujours par la main pour nous guider au milieu des rues, traversant les gens qui ne pouvaient pas nous voir.

Car nous n'existions pas.

Pas encore.

- … je ne comprends pas... murmurais-je.

James se tourna vers moi et observa avec intensité le médaillon que je portais autour du cou. Il tendit sa main droite vers moi pour ouvrir le pendentif.

À ma grande surprise, l'intérieur n'était plus vide. Non, une minuscule photo trop floue à mes yeux se trouvait dedans, et James sourit en lisant l'inscription.

- Mmmm... Je m'en doutais...

- … Quoi ? m'inquiétais-je.

Mais lui, il n'était pas du tout inquiet. Il plongea ses yeux bleus dans les miens et dit, le plus naturellement possible :

- 'A.K.D', ce sont tes futures initiales : Alisone Keziah Delaney.

C'était surtout son nom à lui.

Est-ce que mes esprits Irlandais m'ont forcé à retourner à Londres pour James ?

Je pensais être venu pour l'aider dans sa quête, mais...

… Était-ce donc lui qui devait m'aider dans la mienne ?

Sauf que... Je n'ai jamais eu de quête.

Ou...

Pas encore ?

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« Break me out, break me out,
Let me flee,
Break me out, break me out,
Set me free,
Save me from the dark side,
Break me out, break me out,
Set me free. »

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1814 – London :

Le retour dans le présent fut très violent, comme si je venais de tomber du ciel, je me suis étalée devant la cheminée avec douleur, tandis que James bougea à peine, toujours assit en tailleur.

- Tu t'y habitueras, Alisone.

Malgré mon souffle coupé, j'ai maugréé :

- Je ne suis pas sûr de ça, non.

- Mmm...

Il sourit.

Enfin, il se leva pour m'apporter une tasse de thé, désormais froide, mais qui me fit beaucoup de bien. Surtout avec une bonne lampée de Brandy en guise de sucre, ça passe toujours bien mieux.

James renfila sa vieille chemise abîmée.

Dommage.

Mais, à part me rincer l'œil, je ne savais pas trop pourquoi je me trouvais ici, à Londres, dans cette demeure en particulier. Comme s'il lisait dans mes pensées, mon hôte m'avoua mystérieusement :

- Je sais, Alisone, c'est compliqué à comprendre. Mais, je suis sûr que la raison pour laquelle nos Dieux nous ont rapprochés, c'est justement pour... Nous.

Une migraine fulgurante vrilla mon pauvre crâne.

- Par la barbe de Merlin, je ne comprends décidément rien à ce que tu racontes...

La tasse en porcelaine vacilla entre mes doigts tremblants. James l'attrapa avant qu'elle ne s'écrase sur le sol. Il la posa délicatement sur la table avant de prendre mes mains entre les siennes.

Comme dans l'Autre Monde, il plongea son regard océan dans mes yeux sombres.

- Alisone... Tu es ma Quête Présente et je suis ta Quête Future. Tu porteras mon nom, dans trois ans, sauf que tu seras veuve.

J'ai sursauté de peur, mais James me retint et me rassura :

- Je ne sais pas encore qui va me tuer, mais je sais qu'il ou elle fait partie de la 'East India Company' et que tout à un rapport avec mon héritage maudit de 'Nookta Sound'. Tout est lié. Entre nous.

- Comment ?

Mon mal de tête ne voulait pas passer et la présence de James ne m'aidait pas à me concentrer sur les tambours qui cognaient dans mon crâne.

Ils frappaient en quatre-temps :

Un, deux, trois, quatre.

James me rapprocha de lui et murmura presque :

- La personne qui se trouve derrière ce complot se nomme... Dr Hess.

Mon cœur rata un battement.

Au rythme de mes tambours.

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Je tremblais et bégayais, choquée :

- Dr Hess, c'est...

James posa un doigt sur mes lèvres, tout en chuchotant simplement :

- Chuuuuut... Je sais quel affreux personnage elle est...

Avant que je ne puisse poser mes millions de questions, James m'embrassa langoureusement.

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FIN

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08.10.2023

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