Disclaimer: Tout l'univers de Saint Seiya que vous reconnaîtrez aisément appartient à Masami Kuramada. Les autres personnages sont à moi et ceux de la mythologie à tout le monde.


J'ai accidentellement posté un commentaire sur cette histoire alors qu'il était destiné à une autre. N'en tenez pas compte et veuillez m'excuser. Oui, je suis un boulet… ^^


Le Sanctuaire Oublié

Chapitre 9

Sanctuaire d'Athéna, début mars 1998…

Cela faisait un peu plus de deux mois maintenant que les Chevaliers d'Or avaient été "ressuscités". Aldébaran, qui désormais voulait qu'on l'appelle par son véritable prénom Fabio, Shaka, Aïolia, Aïoros et Shura s'étaient engagés dans des missions humanitaires à travers le monde sous la direction de la Fondation Graad avec Marine et Shiryu. Ils avaient rapidement appris à maîtriser les technologies modernes et communiquaient souvent par e-mails avec ceux qui étaient restés au Sanctuaire. Il en fallait bien pour tenir la boutique ! Mû était indispensable pour réparer les armures, Shion était très pris avec la gestion du Domaine Sacré, Kiki avait deux apprentis dont il devait s'occuper tout en suivant l'enseignement de Mû. Les jumeaux avaient besoin de temps pour se connaître et on ne les voyait plus l'un sans l'autre. D'ailleurs, Aphrodite les charriait en disant que s'ils rencontraient une fille, elle en avait deux pour le prix d'un.

Death Mask avait laissé tomber ce surnom macabre pour reprendre son prénom de naissance Angelo, et s'il conservait son caractère emporté et violent, il essayait de se maîtriser et de se montrer aimable. Ces tentatives étaient louables, même si elles n'étaient pas toujours couronnées de succès. Dohko aidait Shion, ils avaient plus de cinq cents ans d'expérience à eux deux, ce qui était quand même un sérieux atout. Milo était trop content de retrouver ses amis et il en profitait un maximum. Camus, toujours aussi glacial, faisait des efforts pour se sociabiliser. Comme ce n'était pas vraiment une de ses qualités, il s'efforçait de commencer avec des personnes proches de lui avant de se lancer dans le vaste monde, plein d'inconnus.

Quant à Aphrodite, qui avait également repris son prénom de baptême Mikael, il voulait montrer à tous qu'il n'était pas l'assassin froid et implacable que Saga avait fait de lui, lorsqu'il était Grand Pope. Il voulait que tous sachent qu'il gagnait à être connu. Il avait recréé sa roseraie et ne manquait jamais une occasion de la faire admirer. Il s'occupait des jardins du Palais avec trois jardiniers qui suivaient ses directives avec une certaine crainte. Quand on a affaire à un homme qui peut vous tuer avec une simple rose, ça calme de suite…

Shun, Hyoga et Ikki étaient en charge de l'entraînement des novices avec Orphée, Shaina, Jabu, Ban et June alors que tous les autres Chevaliers de Bronze et d'Argent étaient partis dans les différents camps qui avaient été remis en activité depuis ces trois dernières années. Il restait sept Chevaliers d'Or, huit avec Shion à qui Hadès avait offert son Surplis dans un geste de paix vis-à-vis de sa nièce, un Marinas Général du Dragon des Mers, trois Chevaliers Divins, deux d'Argent et trois de Bronze. Le Domaine Sacré était en sécurité et la Paix régnait. Saori avait demandé à Athéna de la laisser repartir au Japon où la Fondation avait grand besoin d'elle. La Déesse avait accepté à condition qu'elle revienne quelques jours par mois au Sanctuaire.

Ce matin-là, après leur entraînement dans leur arène, Saga, Kanon, Angelo, Milo et Camus avaient décidé de faire quelques longueurs de piscine. Ils avalaient leur deuxième kilomètre quand Milo sortit de l'eau, suivit par les autres sauf Kanon qui lui avait plus de cinq cents mètres d'avance sur ses amis. Normal pour un Marinas. Il avait obtenu de Poséidon de rester vivre au Sanctuaire pour être avec son frère, ce que le Dieu des Océans lui avait accordé.

— C'est l'anniversaire de Mikael la semaine prochaine, fit remarquer Milo en se séchant avec une serviette.

— On devrait commencer à penser à c'qu'on va lui offrir et où on va organiser la petite fête, poursuivit Saga. Et y faudra téléphoner à Marine le dix-huit.

— Je suis sûr que cet idiot va faire en sorte qu'on oublie, râla Angelo.

Il adorait le Poissons, mais celui-ci avait tendance à trop s'effacer et ça l'énervait au plus haut point.

— Y a aucun risque, on a au minimum un anniversaire par mois à fêter, le rassura Camus.

— Qu'est-ce qu'on fait alors ? demanda Milo assit sur un transat.

— Déjà, y faudrait qu'on aille faire un tour à Rodorio ou Athènes, proposa Kanon qui prenait la conversation en cours, histoire de trouver chacun un cadeau. Et quand on saura où on le fait, on le tiendra éloigné.

— Dis donc t'as l'air de t'y connaître pour préparer des p'tites sauteries, lui lança Camus avec un sourire en coin.

— J'travaillais avec Sorrento quand Julian Solo faisait ces réceptions, il aimait le fast et être entouré. Quand tu dois recevoir trois ou quatre cents invités, crois-moi, ça fait du boulot. Alors une fête entre potes, c'est pas bien difficile surtout si on s'y met tous.

— Kanon, tu es officiellement l'organisateur des soirées du Sanctuaire, décréta Saga en riant avec tous les autres.

— Faut pas oublier de prévenir Mû, leur rappela Milo. Je vais en ville cet après-midi. Qui vient avec moi ? On pourrait prendre vos cadeaux si vous nous dites exactement ce que vous voulez.

Kanon et Angelo levèrent la main.

— Si on rencontre des filles, on les invitera, fit Angelo narquois.

— Hein ! firent les autres d'une seule voix.

— Euh... C'est l'anniversaire de Mikael, lui rappela Saga. Tu veux qu'y nous crucifie avec ses roses ou quoi ?

— Ramenez des mecs plutôt, plaisanta Milo.

— Désolé, j'sais pas draguer un mec moi, même si j'les apprécie à l'occasion, fit Kanon.

— C'est plutôt eux qui te draguent, le taquina son frère

— Bon, faut remonter maintenant, fit Angelo découragé à cette simple idée même si son Temple n'était que le quatrième.

— Attends, l'arrêta Saga en posant une main sur son bras.

Il enflamma légèrement son cosmos. "Shion tu peux baisser la barrière, on sort de la piscine et on est crevé"

"Allez-y", fit la voix du Grand Pope dans leur tête, "mais faut pas qu'ça d'vienne une habitude"

— Saga je t'aime ! cria Milo en lui collant un gros baiser sur la joue.

Une seconde plus tard, ils étaient tous dans leur Temple respectif, prêts à passer sous la douche.

Au début de l'après-midi, Kanon commença à descendre vers le Temple du Bélier sachant que Milo et Angelo ne tarderaient pas à le rejoindre. L'endroit était silencieux.

— Mû, t'es là ?

Le silence lui répondit. Il continua son avancée.

— Mû ?

— Ah c'est toi ? fit la voix du Bélier.

— Angelo, Milo et moi on va en ville pour commencer les préparatifs pour l'anniversaire de Mikael.

— Ça n'aura rien d'une surprise vu qu'on a décidé de les fêter tous, fit le gardien du premier Temple en entrant dans son appartement suivit de Kanon.

— C'est pas grave, c'est l'intention qui compte.

— C'est vrai, t'as raison. J'vous aurez bien accompagné, mais j'ai encore des armures à réparer.

— Dis-moi c'que tu veux lui offrir, j'le prendrai pour toi. Les autres nous ont donné leur liste.

— Non c'est gentil. Un cadeau c'est personnel, je trouverai le temps d'y aller. Où comptez-vous faire la soirée ?

— Angelo nous prête son Temple.

— Angelo ? sourit Mû légèrement incrédule. J'espère qu'il a changé la déco…

— Il fait de gros efforts pour faire oublier comment il était et ce qu'il a fait, le gronda gentiment l'ex-Marinas.

— Je sais, j'plaisantais. Va falloir tenir le Poissons à l'écart alors…

— Ce serait bien pour pas gâcher la surprise même s'il s'y attend…

— C'est mardi c'est ça ?

— Salut vous deux, fit la voix de Milo derrière eux.

— Kanon t'a briffé ? demanda Angelo.

— Ouais, il m'a tout raconté. Soyez discrets quand vous reviendrez, Mikael descend parfois jusqu'ici.

— On te contactera mentalement avant de nous pointer chez toi la gueule enfarinée avec nos paquets cadeaux, plaisanta le Scorpion.

— Bon, les gars on y va ? À plus tard Mû !

Et tous les trois sortir du premier Temple en direction de la petite ville de Rodorio ou ils avaient l'intention de commencer leurs recherches.


À chaque fois que des Chevaliers du Sanctuaire se rendaient en ville, ils étaient le point de mire de tous les regards, aussi bien féminins que masculins. Il faut dire qu'ils étaient plutôt agréables à contempler. Surtout ces trois-là. En jeans moulant, blouson de cuir, bottes et lunettes de soleil, leur côté bad boys les faisait tous et toutes craquer. Il n'y avait pas plus sexy qu'eux à des kilomètres à la ronde. Kanon entra dans une bijouterie et retira ses Rmega polarisées. Aussitôt la jeune employée lui sauta dessus, ravie de voir un aussi magnifique spécimen mâle dans la boutique.

— Je peux vous aider, minauda-t-elle d'une voix soyeuse.

— Oui, justement… Je cherche un pendentif en forme de rose. Est-ce que vous avez quelque chose de ce genre ?

— Dans cette vitrine, nous avons des pièces représentant toutes sortes de fleurs. Nous avons des lys, des trèfles à quatre feuilles, des fleurs fantaisie et voici des roses.

Kanon repéra immédiatement celui qu'il voulait. Une petite rose en or avec une aigue-marine au centre des pétales. Il demanda à la jeune femme de lui faire un paquet cadeau et paya avec la carte bancaire que Saori avait fait faire à tous les Chevaliers. Le crédit n'était pas illimité, mais suffisant pour ne se priver de rien raisonnablement. Ils étaient tombés d'accord avec Saga pour offrir un bijou à chacun de leurs compagnons, quelque chose qui soit unique et représentatif. Pour Shura, Saga avait trouvé un artisan qui avait fabriqué une petite épée en or de trois centimètres de long avec un rubis facetté en forme de navette serti sur la garde. Camus avait eu droit à un superbe cristal de glace en or avec un petit diamant au centre. Les deux Chevaliers en avaient eu les larmes aux yeux, ce qui pour Camus n'était pas peu dire, et aucun des deux ne quittait plus son pendentif. Concernant Mû, et Shion, ils commençaient déjà à se creuser la tête, même si leurs anniversaires étaient plus tard.

Il retrouva Angelo et Milo devant la bijouterie qui discutait avec trois jeunes filles en l'attendant. Elles étaient vraiment ravissantes et n'avaient pas l'air farouches du tout. Kanon grava leur visage dans un coin de sa mémoire et envisagea de revenir un autre jour pour tenter une approche plus… intime.

Ils avaient trouvé à peu près tout ce que leurs amis leur avaient commandé sauf pour Camus. Il voulait offrir à Mikael une petite serpe pour couper et entretenir ses rosiers avec une lame en alliage or et acier pour pouvoir l'aiguiser, un peu comme celles que les druides celtes utilisaient pour couper le gui. Enfin c'est ce que disaient les légendes. Il devrait aller à Athènes pour dégoter un tel objet. Shion avait déjà fait ses emplettes. Le Grand Pope avait acheté une bouteille de cognac, Mikael adorait ça et Dohko avait découvert un rosier d'une espèce que le Poissons n'avait pas dans son jardin. Angelo lui avait pris une eau de toilette et Milo des produits pour le bain. Quant à Mû, bien malin celui qui pourrait dire ce qu'il allait lui offrir.


Sanctuaire d'Athéna, 10 mars 1998, vers 18 h…

Temple des Poissons

Mikael se doutait que ses compagnons allaient préparer une petite fête pour son anniversaire. Il s'habilla donc en conséquence. Il enfila un jean délavé moulant, déchiré à plusieurs endroits… stratégiques, des Santiags noires aux pieds, une ceinture en cuir clouté d'acier, une chemise bleue assortie à ses yeux. Il passa deux bracelets de force à ses poignets. Il termina en brossant sa magnifique chevelure et en s'aspergeant de l'eau de toilette Jean-Paul Gauthier. Il adorait le flacon qui représentait un buste masculin des épaules à mi-cuisses. Le verre dépoli stylisait la Marinière si chère au cœur du grand couturier. Ce n'était pas parce qu'il était homosexuel que Mikael était efféminé. Bien au contraire. Il dégageait beaucoup de charisme et une virilité indéniable et raffinée. Il était capable de séduire aussi bien les femmes que les hommes, même si ses préférences allaient à ces derniers.

Il jeta un énième regard au miroir, satisfait par l'image qu'il lui renvoyait. Il attrapa son Perfecto et allait sortir de chez lui pour commencer à descendre les interminables marches lorsque le téléphone sonna. Il ignorait quel serait le Temple qui accueillait la soirée, mais qu'importe. Si quelqu'un lui demandait où il allait, il pourrait toujours dire qu'il se rendait en ville pour une raison quelconque. Mais il savait que ça n'arriverait pas.

— Oui, allo ? fit-il en décrochant.

Salut! C'est Angelo! Comme c'est ton anniversaire, je voudrais t'inviter au resto, ça te dit?

— C'est gentil de penser à moi, mon p'tit chou. J'allais descendre, j'avais l'intention d'aller à Rodorio, mais on a qu'à s'y rendre ensemble.

Ça roule! Le temps qu't'arrives, je s'rais prêt.

Mikael raccrocha avec un sourire aux lèvres. Ainsi c'était le Cancer qui prêtait son Temple ce soir. Il secoua la tête, amusé, mais il devait bien s'avouer que l'attention lui allait droit au cœur. Tout le long du chemin, il se demanda ce qu'ils avaient bien pu lui préparer.


Temple du Cancer

— Allez, planquez-vous, les houspilla Angelo, j'sens son cosmos !

Dans l'appartement du Cancer, Kanon avait fait des miracles. Des guirlandes de lampions lumineux pendaient au plafond, trois tables avaient été nécessaires pour contenir le buffet froid, il avait loué tout le matériel pour sonoriser et éclairer la soirée. Les meubles du salon avaient été poussés dans les coins afin de créer un espace pour danser.

Mikael se présenta à l'entrée du Temple et ne sentit que le cosmos du Cancer. Il fut un peu décontenancé, mais après tout, les autres avaient très bien pu camoufler le leur. Il entra le plus naturellement possible.

— Angelo ?

— Entre. J'arrive, je suis presque prêt !

Il obéit docilement. La ruse était grossière, mais tellement adorable. Il se dirigea vers la porte de l'appartement de son ami et gagna le salon plongé dans le noir.

— Angelo, tu fermes les volets maintenant ? T'as peur des cambrioleurs ou quoi !

— Surprise !

Tous ses compagnons surgirent de tous les côtés comme des diables de leurs boîtes et une version rythmée de "Joyeux anniversaire" sortit des haut-parleurs. Même s'il s'y attendait, Mikael sursauta et éclata de rire, heureux d'être là. Il se sentait si vivant… Commença alors le défilé des embrassades et des remerciements. Shion lui tendit une coupe de champagne et tout le monde trinqua.

— Bon c'est pas tout ça, fit Milo d'une voix forte pour couvrir le bruit, mais je crois qu'tu dois faire un discours !

Tous approuvèrent et le Poisson n'eut pas d'autre choix que de se plier à la volonté de la majorité.

— Ok ! commença-t-il. J'vais être honnête, j'm'y attendais un peu vu qu'on a décidé d'fêter tous les anniversaires. Mû, Shion, le prochain c'est vous, poursuivit-il avec un sourire charmeur aux Béliers qui haussèrent les épaules l'air de dire qu'ils savaient.

— Mon plus beau cadeau, poursuivit-il, et pour tous les anniversaires à venir, et j'espère qu'ils seront très nombreux, c'est cette nouvelle vie qui m'a été accordée. Mais sans votre présence à vous tous, ce cadeau, j'en aurai pas voulu. En fait mon plus beau cadeau, c'est vous ! J'vous aime !

— Mon Poissons adoré ! lança Milo, les larmes aux yeux en serrant Mikael dans ses bras.

— Nous aussi on t'aime, lui dit Saga en le serrant contre lui et Mikael fut troublé par ce contact, plus qu'il ne l'aurait voulu.

— Kanon ! Envoie les décibels ! cria Angelo.

La musique enveloppa la petite soirée de ses rythmes rock ou techno. Les spots éclairaient les danseurs de lueurs étranges et fantomatiques. À l'occasion d'un zouk, Mikael attrapa Shaina et ils se lancèrent dans un corps à corps torride, tandis que Shun tenait June dans ses bras. Mû et Angelo se déchaînaient et Kanon avait entraîné Shion. Orphée, qui n'était pas aussi réservé qu'on aurait pu le croire, tentait de montrer quelques pas à Dohko qui se sentait complètement largué.

L'alcool commençait à faire son effet, il était temps de penser au buffet. Kanon baissa le son, et invita tout le monde à prendre une assiette. Le foie gras fit l'unanimité, les pâtés en croûte étaient divins, les salades composées délicieuses, le tout arrosé de vin rosé français conseillé par Camus. Les conversations allaient bon train et Mikael était sans cesse sollicité. Il évoluait d'un groupe à l'autre, charmant, charmeur et parfaitement à son aise. Il aimait bien être l'objet de toutes les attentions. Il reçut de nombreux coups de téléphone des Chevaliers qui n'étaient pas présents, mais ils voulaient qu'il sache qu'ils pensaient à lui. Même Athéna l'appela et Mikael en fut profondément touché.

Il était presque dix heures du soir quand Kanon annonça l'arrivée du gâteau et de l'ouverture des cadeaux. Les applaudissements fusèrent et Mikael se retrouva encore être le point de mire. Il souffla les bougies, découpa le magnifique framboisier et fit la distribution. Un verre de champagne à la main, on lui souhaita à nouveau un joyeux anniversaire et il fut dirigé vers la table basse qui croulait sous les paquets colorés, ornés de jolis nœuds brillants. Il en prit un au hasard, pas trop volumineux. Une eau de toilette Hugo Boss d'Angelo que le Poisson s'empressa d'embrasser. Il en saisit un plus gros, plat, mais pas trop lourd. Il déchira le papier et poussa un petit cri de stupeur. C'était un tableau, une aquarelle, le représentant avec son armure d'Or et ses roses et en arrière-plan, les colonnes d'un Temple. Il le retourna face à ses amis qui furent tous aussi surpris que lui.

— Je sais pas qui c'est, fit Kanon, mais c'est un artiste, sans aucun doute !

— Que le coupable se dénonce ! lança Orphée.

— La signature est illisible, constata le Poissons.

— C'est moi, fit une voix douce.

Ils se tournèrent vers Shun qui fit un pas vers Mikael.

— Shun, c'est magnifique ! Je savais pas que t'avais un tel talent ! Viens là mon p'tit cœur que j't'embrasse !

C'est les larmes aux yeux qu'il serra le Chevalier d'Andromède dans ses bras.

— J'vais l'accrocher dans ma chambre… non ! Dans mon salon pour que tous mes visiteurs puissent l'admirer.

— Je suis content que ça t'plaise !

— Tu rigoles ! J'en suis fou !

Le Poisson prit un autre paquet et en sortit une petite serpe en or que Camus avait fait faire spécialement. Il trouva ensuite la bouteille de cognac de Shion, les produits pour le bain de Milo, et Dohko l'emmena dans le jardin pour lui offrir un rosier. Mikael ne doutait pas des bonnes intentions de la Balance, mais en matière de rosiers, il pouvait se vanter d'être le plus expert de tout le Sanctuaire. Jusqu'à ce qu'il voie le rosier.

Mikael inspira brusquement et plaqua ses mains sur sa bouche, les yeux écarquillés. Il n'arrivait pas à croire ce qu'il voyait. Dohko tenait dans ses mains un petit pot avec un rosier, portant deux petites fleurs à peine écloses et un bouton… bleus. Des larmes brillèrent dans ses yeux et roulèrent sur ses joues tant il était ému. Le Poissons savait que de nombreuses tentatives, en particulier en génie génétique, avaient été faites pour obtenir des roses de cette couleur, mais jusqu'à présent aucune n'avait abouti.

— Dohko… comment…

— Les hommes cherchent parfois à créer ce que la nature leur offre. Il pousse à l'état sauvage près des Cinq Pics de Rozan. Je m'y suis rendu il y a quelques semaines et je l'ai mis dans le pot en espérant que ça ne lui soit pas fatal. Maintenant c'est à toi d'en prendre soin.

— Merci… je sais pas quoi dire… c'est une pure merveille. J'ignorais qu'il en existait dans la nature.

— Je t'emmènerai avec moi pour te les montrer.

— Ah oui ! Je veux bien !

Il serra si fort Dohko qui celui-ci suffoqua presque, puis ils retournèrent à l'intérieur, car il restait encore des cadeaux à ouvrir. Les Chevaliers de Bronze et d'Argent s'étaient cotisés pour lui acheter un immense aquarium avec de magnifiques poissons exotiques qu'ils avaient installé dans le hall du Temple.

Il ne restait plus que deux paquets. Mikael en ouvrit un et découvrit un tissu tibétain et une petite boîte contenant une minuscule créole en or.

— Je veux que tu te fasses percer l'oreille pour la porter, lui dit Mû. Je sais que c'est quelque chose qui va très bien t'aller. Et l'autre c'est un tissu mural. La couleur s'accorde avec celle de ta chambre.

Mikael prit l'Atlante dans ses bras et lui murmura un remerciement à l'oreille.

— Il n'en reste qu'un, c'est celui des jumeaux, je suppose.

— Difficile de s'tromper ! fit Kanon avec un sourire.

— Je l'ai même pas vu, lui chuchota Saga.

— Le paquet était fait, j'allais pas l'ouvrir, mais t'inquiètes pas, tu s'ras pas déçu !

Se doutant qu'il s'agissait d'un bijou, Mikael ouvrit la boîte, les doigts tremblants. Un hoquet de surprise et la bouche en O fit sourire les deux frères.

— C'est magnifique ! Vous avez le chic tous les deux pour trouver ce qui nous symbolise.

— Attend, je vais te l'attacher, fit Saga en prenant le pendentif.

Il passa la chaînette autour du cou de Mikael qui souleva ses cheveux. Il sentit sur sa nuque le souffle chaud du Gémeaux et son sang ne fit qu'un tour. Quand les doigts de Saga touchèrent sa peau pour positionner correctement le collier, un frisson aussi inattendu qu'incontrôlable le parcourut. Chacun s'approcha pour admirer la petite rose en or avec l'aigue-marine. Il remercia Kanon en lui posant un énorme baiser sur la joue et pris Saga dans ses bras. Ce contact l'électrisa.

Bon sang! Qu'est-ce qui m'arrive? songea Mikael alors qu'il prolongeait cet enlacement.

La main de Saga glissa le long de son dos pour se placer dans le creux des reins. Il eut la sensation qu'elle accentuait sa pression, le collant davantage contre le Chevalier des Gémeaux, mais se fut si furtif qu'il se demanda s'il n'avait pas rêvé. Ils se séparèrent et leurs yeux se rencontrèrent l'espace d'une seconde et cette fois, Mikael fut certain d'avoir vu passer une lueur bien plus qu'amicale dans ceux de Saga. Troublé, il se détourna, mais ne s'éloigna pas.

Le champagne coulait à flots et le temps passa. Bientôt les Bronze et les Argent regagnèrent leurs appartements les uns après les autres. Il ne restait plus que les Or et Shion. Kanon choisit une musique d'ambiance douce et plus calme. Il observa un instant ses amis et remarqua que Shion et Dohko ne s'étaient pas quittés de la soirée. Quant à son frère, il avait bien vu qu'il ne regardait pas Mikael comme un ami en regarde un autre. Et il était même persuadé que le Poisson était très réceptif au charme de son double. Angelo, lui, était très éméché, heureusement qu'il était chez lui.

Mikael était sorti dans le jardin. À l'intérieur la chaleur était étouffante et l'alcool avait émoussé ses sens. Il avait un grand besoin d'air frais pour remettre ses idées en place et tenter de comprendre ce qui lui arrivait. Kanon avait eu la bonne idée d'accrocher quelques lampions pour éclairer le patio d'ordinaire complètement plongé dans l'obscurité. Il s'assit sur la balancelle et joua avec sa flûte de champagne, le regard rivé sur le rosier bleu.

Depuis leur retour, il n'avait eu que des aventures d'une nuit, physiquement satisfaisantes, mais sentimentalement vides. Il sentait que ça ne lui convenait plus. Il avait besoin de plus, de tomber amoureux, d'aimer et d'être aimé, vraiment pour lui-même et pas seulement pour sa beauté aussi incroyable qu'ensorcelante.

— Pourtant je n'ai que vingt-deux ans, je devrais m'amuser au lieu d'avoir envie de stabilité, pensa-t-il tout haut.

— Peut-être parce que t'es tombé amoureux, fit une voix toute proche.

— Saga !

— J'te dérange dans tes réflexions ?

— Non, pas du tout, sourit-il, même si les anniversaires sont souvent l'occasion d'une introspection. Viens, assieds-toi.

Le Gémeaux prit place à son tour sur la balancelle qui émit un grincement de protestation. Il était juste à côté du Poisson alors qu'il aurait pu s'installer à l'autre bout.

— T'as été gâté, lui dit-il pour engager la conversation.

— Mouais ! C'est bon l'amitié ! Il a fallu que j'meurs et que j'ressuscite trois fois pour en prendre conscience. Je pourrais plus me passer d'vous.

— Nous non plus on pourrait plus s'passer d'toi !

— "Serait-ce une allusion cachée? Arrête de t'faire des idées, Mikael, se dit-il, tu sais même pas c'que toi-même t'éprouves à son égard".

— Fais voir un peu cette rose ?

Saga s'inclina et pris le bijou entre ses doigts.

— Je l'ai même pas vu, c'est Kanon qui est allé l'acheter, ajouta-t-il.

Le Poissons avait de plus en plus de mal à respirer normalement. Il voyait le visage de Saga penché sur son torse, ses doigts qui touchaient sa peau en manipulant le pendentif le faisaient frissonner. Il ferma les yeux pour tenter de contrôler son trouble.

— Mikael, ça va pas ?

Il souleva ses paupières pour plonger dans les yeux verts du Gémeaux qui le regardait, un peu inquiet. Il aurait pu se perdre pour l'éternité dans ces prunelles.

— Non… ça va… ce doit être le champagne…

— Tu veux que j't'raccompagne ?

C'était une véritable torture. Là, en l'espace d'une seconde, il vit défiler les deux mois qui venaient de s'écouler. Les regards qu'il lançait à Saga quand celui-ci ne le voyait pas, ces continuels allers-retours entre les deux Temples dans l'espoir de le croiser, ses sursauts à chaque fois qu'il prenait un coup à l'entraînement, et cette envie, ce besoin qu'il avait de le voir au moins une fois par jour. Près de lui, Mikael avait l'impression qu'il respirait mieux, qu'il voyait mieux, qu'il entendait mieux, bref il se sentait vraiment vivant. Il n'était pas seulement attiré par Saga, il en était amoureux, et il l'aimait. Et ce qui le bouleversa, c'est qu'il comprit que ça faisait des années. Pourtant à une époque, le Gémeaux avait fait de lui un tueur cruel et sans état d'âme. Il lui avait enlevé toute humanité. Malgré ça, il avait développé des sentiments très forts. Mais tout était pardonné maintenant.

— Oui, j'veux bien. Tu m'aideras à porter tous mes p'tits cadeaux…

Ils retournèrent dans le salon où Angelo avait sombré dans les bras de Morphée. Les autres commençaient à récupérer leurs affaires et s'apprêtaient également à rentrer chez eux. Après avoir embrassé Mû et Kanon qui devaient redescendre, aidé de Saga, Milo, Shion, Dohko et Camus, Mikael entreprit de monter jusqu'à son Temple. Ils laissèrent Shion et Dohko devant le Temple de la Balance.

— Tu crois qu'y vont passer la nuit ensemble ? chuchota Milo avec un sourire libidineux.

— Ben quoi... Ils sont bien assortis, non ? rétorqua Camus.

Milo les abandonna au Temple du Scorpion et Camus devant celui du Verseau.

— Heureusement qu'y en a pas quatre-vingt-huit comme les constellations, râla Mikael en reprenant son souffle.

— J'te jure que si on était pas presque arrivé, j'reste ici sur les marches et j'dors à la belle étoile, se récria Saga.

— C'est pas humain de nous faire subir un truc pareil ! On est plus en guerre merde !

— Voilà on y est ! Tu te sens mieux ?

— Laisse-moi une minute, ça va aller !

Ils entrèrent dans le dernier Temple et posèrent leur chargement sur la table du salon.

— Oh la vache ! jura Saga d'un air catastrophé

— Quoi ? Qu'est-ce qu'y a !

— On a oublié l'aquarium ! Va falloir qu'on redescende !

— Hein ?

Mikael regarda son ami se demandant s'il plaisantait ou pas. Devant la tête du maître des lieux, le Gémeaux ne put garder son sérieux plus longtemps. Il éclata de rire bientôt, suivi par celui-ci.

— Tu t'fous d'moi là !

— Si t'avais vu ta tête… ça valait l'coup !

— Saga, t'es ignoble ! Après la soirée qu'on a passée à boire et ces putains d'marches, tu m'sors qu'on retourne chercher l'aquarium ? Mais j'vais te tuer !

— Non ! Ça va ! Arrête ! cria-t-il, éclatant de rire et s'enfuyant pour échapper aux griffes d'un piranha enragé. Enfin plutôt à ses dents.

— Viens ici que j't'arrache les yeux !

Ils se poursuivirent dans tout le Temple, à rire comme des gosses. Saga buta contre une dalle inégale du sol et s'étala de tout son long suivit par Mikael qui, trop près, ne put l'éviter. Ils terminèrent en un magnifique roulé-boulé. Le Poisson se retrouva sur le dos avec le Gémeaux en travers de la poitrine.

— Putain Saga, t'es lourd !

— Tu t'es fais mal ?

— Non, j'suis juste en train d'étouffer…

Le Gémeaux prit appui sur ses mains pour soulever ses quatre-vingt-sept kilos de muscles. Il se trouvait au-dessus de Mikael qui n'osait faire un geste. Saga tourna la tête et le regarda. Un rayon de lune éclairait faiblement l'entrée du Temple où ils étaient tombés, projetant une lueur crépusculaire sur le visage du Chevalier de la douzième Maison, lui donnant un air irréel. Alors, parfaitement conscient de ce qu'il faisait, le troisième gardien s'approcha et embrassa le Poissons qui répondit à peine, trop surpris, trop heureux, craignant qu'en faisant un geste, ce moment qu'il attendait depuis si longtemps ne s'évapore dans la fraîcheur de la nuit. Le baiser était léger, tout juste un effleurement. Voyant qu'il ne réagissait pas trop, Saga prolongea ce contact qui le troublait. Non bien plus que ça, il était dans tous ses états. Mikael ressentit une chaleur exquise naître dans son bas-ventre et il posa une main sur le flanc du Gémeaux. Encouragé, le gardien du Troisième Temple entrouvrit les lèvres et sa langue caressa celles de son compagnon. Il remarqua sa respiration anormalement courte et saccadée. "Se pourrait-il que Mikael éprouve la même chose que moi" ? pensa-t-il alors qu'il sentait sa bouche s'animer sous la sienne. Saga se recula, observa son ami, puis s'assit en le tirant à lui. Ils étaient l'un à côté de l'autre, face à face.

— Qu'est-ce qui nous arrive Mikael ? souffla Saga en plongeant dans les yeux de son compagnon.

— Je sais pas… ou plutôt si, je sais, et ça m'déplait pas, murmura le Poissons en rapprochant son visage.

— Moi non plus, en fait j'aime ça…

— On peut continuer, si tu veux…

— Tu parles que j'veux…

Saga attrapa le visage de Mikael et l'embrassa ardemment. Celui-ci, loin d'être surpris ou choqué, réagit de la même manière. Leurs langues se trouvèrent, s'enroulant l'une autour de l'autre, se perdant et se joignant encore. Mikael glissa ses mains dans le dos de Saga et le serra contre lui en ronronnant de plaisir. Il s'affaissa dans ses bras et se retrouva allongé sur les jambes du Gémeaux qui passa sa main sous la chemise qu'il faillit déchirer en la sortant du pantalon. Saga la déboutonna et parcouru le flanc et le torse du Poisson faisant naître un incendie dans son corps et des gémissements dans sa gorge.

— Sagaaah… souffla-t-il entre deux respirations.

— Mmm…quoi ?

— On est… annh… au milieu du Temple…

— Ah ! Ça craint…

— Ben… un peu…

— Viens…

Ils se levèrent et, main dans la main, coururent dans l'appartement de Mikael qui ferma la porte à clé avant de tirer Saga jusqu'à sa chambre. Là, ils reprirent où ils s'étaient arrêtés. Il poussa Mikael contre le mur et se colla à lui. Ce contact enflamma leurs sens. Il passa sa jambe entre celles du Poissons, ses mains frôlaient ses flancs, ses cuisses, son ventre, il embrassait son cou et ses épaules, caresses et baisers que lui rendait son amant. Le Gémeaux se recula et ôta son t-shirt tandis que le Mikael enlevait sa chemise. Ils s'observèrent mutuellement, se touchant des yeux, allumant un vrai brasier dans le corps de l'autre. D'un même geste, ils s'attaquèrent à leur ceinture pour retirer leur pantalon.

Ils étaient nus, se regardant, sans gêne, leurs virilités fièrement dressées. Ils s'emplissaient de l'image de l'autre. Saga tira Mikael vers lui, l'enlaça, le coucha doucement sur le lit et s'allongea sur lui. Le contact de leurs sexes gonflés de désir inassouvi leur arracha un gémissement de plaisir qu'ils étouffèrent dans un baiser. Leurs mains étaient folles, ne sachant plus où se poser. Saga rejeta les bras de Mikael au-dessus de sa tête et les tint d'une main pendant que l'autre se faisait vagabonde et audacieuse. Elle se referma sur le membre dressé du Poisson qui poussa un cri de surprise et de plaisir.

— Hnn… J'adore c'que tu me fais…, souffla Mikael entre deux gémissements.

— Tant mieux, moi aussi j'adore c'que j'te fais…

Le Gémeaux embrassait le torse, les flancs, le ventre de son amant lui arrachant des cris, des sursauts, des frissons horriblement délicieux. Il était fou du corps de Mikael. Il se demandait comment il avait pu attendre si longtemps. Il lâcha les bras et descendit plus bas. Sa bouche dériva jusqu'à l'aine, sa joue contre le sexe chaud et doux. Il tourna autour un moment avant de poser ses lèvres dessus. Il le parcourut de la langue sur toute sa longueur, écoutant les gémissements de Mikael.

— Sagaaaah… tu m'rends fou !

— Mmm… oui… je sais…, sourit-il malicieusement en regardant le Poisson qui avait relevé la tête pour le voir.

Lorsqu'il l'engloutit en caressant les bourses d'une main, Mikael poussa un cri et son corps s'arqua de plaisir. Il entreprit un mouvement lent sur toute la longueur en alternant avec des coups de langue, l'amenant aux frontières de l'extase. Il sentit le membre tressauter et Mikael se répandit dans sa bouche avec un cri rauque qui se termina dans un râle. Ne lui laissant pas le temps de reprendre ses esprits, Saga rampa jusqu'à ses lèvres et l'embrassa à l'étouffer, lui faisant goûter à sa propre saveur. Le Poissons tendit le bras vers la table de nuit, sortit un flacon du tiroir et le lui donna.

— Aime-moi Saga… Viens…

— Oh oui j'vais t'aimer… à en mourir…

Le Gémeaux ouvrit le tube et tout en continuant à l'embrasser, il caressa son intimité et la détendit. Mikael haletait de plaisir sous le supplice délicieusement sadique de son amant. Celui-ci ne se lassait pas de le voir se tordre de volupté sous ses effleurements. Il voulait le noyer de sensations, lui faire éprouver ce que personne ne lui avait fait ressentir avant lui. Oui, il voulait le rendre fou, fou de désir, fou de plaisir, fou de lui. Il continua longuement à le caresser de l'intérieur. Lorsqu'il estima qu'il était prêt, Saga se plaça entre les jambes de Mikael, enduisit son propre sexe de lubrifiant et s'approcha.

Avec une incroyable lenteur, il força le passage étroit, le pénétrant délicatement, attentif aux moindres réactions du Poisson. Avec un feulement de plaisir, se mordant les lèvres, il s'immobilisa, savourant la sensation magnifique d'être enfin en lui, comme entouré de soie chaude. Il allait pouvoir donner tout ce qu'il avait d'Amour pour emmener Mikael au septième ciel. Celui-ci n'en revenait pas de tant d'attention et de tendresse. Il n'était pas sûr d'en mériter autant. Jamais aucun de ses amants n'avait été si prévenant. Il n'avait ressenti aucun inconfort, que du plaisir pur et de l'Amour.

Il l'avait lu dans les yeux de Saga, le Gémeaux l'aimait, il en était certain. Personne ne pouvait donner autant de bonheur sans Amour. Il regardait son magnifique amant, ses yeux glissant sur la peau sous laquelle il voyait jouer les muscles puissants à chaque mouvement. Il l'attira sur lui et enroula ses jambes autour de sa taille. Il voulait le sentir contre lui, s'imprégner de son odeur, modeler son corps pour qu'il s'emboîte exactement au sien comme les deux seules pièces d'un puzzle dont ils seraient le motif.

Saga bougeait ses hanches, des mouvements amples, profonds et puissants. Il voulait se perdre dans ce corps qui le rendait fou de désir. Il le sentait sur toute sa longueur, si doux, si chaud. Les sentiments qui déferlaient en lui étaient si forts que ça lui faisait peur.

Leurs respirations s'accéléraient à mesure que des vagues de volupté les balayaient, de plus en plus nombreuses, s'intensifiant toujours plus. Saga se redressa sur ses genoux, remontant les jambes de Mikael sur ses épaules, changeant l'angle de pénétration, faisant naître de nouvelles sensations dans leurs reins. Le Poisson cria lorsque Saga heurta la source interne de son plaisir. Comment avait-il su que c'était exactement ce que Mikael souhaitait à cet instant ?

Ils ne gémissaient plus, ils haletaient. Mais le Gémeaux menait le jeu et il ne voulait pas en rester là. Dans un effort surhumain pour se contrôler, il calma les choses, laissant retomber le désir. Très lentement pour ne pas le blesser, il se retira et il reprit le sexe dans sa bouche quelques instants. Puis il bascula sur le dos attirant Mikael.

— Viens sur moi, chuchota-t-il dans son cou, lui embrassant l'épaule et le torse.

Son amant le chevaucha et le guida en lui. Mikael s'empala avec une sensualité féline. Il ouvrit la bouche, laissant échapper un râle. Il entreprit des mouvements de haut en bas, la tête rejetée en arrière, les lèvres entrouvertes, les yeux clos. Saga se cambra de plaisir contenu. Il voulait retarder le plus longtemps possible sa jouissance pour permettre à Mikael d'en profiter un maximum. Il se redressa et entoura de ses bras le torse du Poissons. Il le couvrit de baisers, titillant les perles de chair, traçant de sa langue des sillons incandescents. Mikael lui faisait l'effet d'une drogue infiniment puissante à laquelle on est accro dès la première prise.

Dans cette position plus passive, il apprécia la douceur de la peau, sa carnation, la musculature fine, mais forte. Méritait-il un homme comme lui ? Il se rallongea sentant Mikael accélérer la cadence les menant inexorablement vers la fin sublime de leur étreinte. Saga était au bord de l'explosion, il enveloppa le membre de son amant avec sa main et le caressa au même rythme. Leurs cris se mêlèrent, leurs râles s'entrechoquèrent, leurs corps ne leur appartenaient plus, ils n'étaient plus qu'Amour et plaisir. Leurs cosmos s'embrasèrent sans qu'ils les sollicitent, illuminant la chambre d'une incroyable lueur dorée, s'entremêlant l'un à l'autre et dégageant une puissance qu'ils n'avaient jamais vue.

Parvenus aux limites de leur résistance, leur jouissance les balaya comme un raz-de-marée, un tsunami de volupté, de sensations, de délices, de plaisirs qu'ils ne n'arrivaient plus à assimiler. Chacun cria le nom de l'autre lorsque leurs corps s'arquèrent et se tendirent dans un dernier sursaut convulsif. Saga crispa ses doigts dans les hanches du Poissons, se propulsant le plus loin possible dans son corps. Mikael retomba sur sa poitrine comme une poupée désarticulée. Deux bras puissants l'entourèrent pour le serrer très fort. Leurs respirations se calmèrent doucement, leurs esprits se remirent à fonctionner. Leurs corps étaient luisants de sueur. Le Gémeaux sentit la langue de Mikael sur sa peau qui gouttait cette saveur salée, faisant déjà renaître le désir en lui. Délicatement, le Poissons se souleva et roula sur côté. Il se cala dans le creux de l'épaule, un bras sur le ventre de son amant qui lui caressait la main.

— Qu'est-ce qui s'est passé avec nos cosmos ?

— Aucune idée… On demandera demain à Shion, peut-être qu'il saura…

Ils échangèrent des baisers et des caresses d'une folle tendresse, appréciant ce moment de sérénité et de plénitude qui suit toujours l'union des corps.

— Saga…, murmura Mikael après quelques secondes de silence, je t'aime…

Il sentit le Gémeaux se figer. Il leva la tête pour le regarder, pour savoir si ce qu'il avait cru lire plus tôt durant leur étreinte passionnée était toujours présent. Saga plongea ses yeux dans l'azur de ceux du Poisson et sut à cet instant que lui aussi l'aimait, et depuis bien longtemps. Il resserra son bras, rapprochant son visage de celui de l'homme de sa vie.

— Si tu savais comme j'ai rêvé t'entendre prononcer ces mots… Des années que j'attends ça… J'veux plus qu'on se quitte, Mikael ! Je t'aime tellement…, souffla-t-il en resserrant son étreinte.

— Si tu t'installes avec moi, ton frère va s'retrouver seul.

— Ne dis pas "Si". Je viens vivre avec toi. Kanon aura le Temple pour lui. Il comprendra, il m'aime lui aussi…

— Tu sais quoi ? murmura Mikael après quelques minutes de silence.

— Mmm ?

— Mon plus beau cadeau d'anniversaire, c'est toi !

Saga se tourna vers son amant avec un sourire qui illumina son beau visage pour embrasser Mikael avec une douceur qui émut le Poissons au plus profond de son âme.

Ils s'aimèrent encore longuement, tendrement, découvrant leur corps, parsemant leur peau brûlante de baisers humides et de caresses incendiaires. Il leur sembla qu'ils flottaient dans une brume cotonneuse faite d'Amour et de volupté. Plus rien, ne comptait, ils étaient seuls au monde, ils s'appartenaient enfin, corps et âmes, pour l'éternité.

Ils s'endormirent dans les bras l'un de l'autre, heureux…

À suivre…