Bonjour à tous.
Un nouveau projet : je suis tombée sur cette fiction et elle m'a vraiment accrochée par son originalité et son traitement des personnages de la saga. Je pense sincèrement qu'elle vaut le coup d'être lue ! Je la traduis seulement, son auteur étant Caeria. Vous trouverez le lien vers l'histoire originale dans mes favorites.
Comme c'est une traduction, ce projet avancera rapidement. Les 3 premiers chapitres sont actuellement traduits. Quand je vois la motivation que vous m'aviez apportée sur "collection de thés", je ne doute pas de terminer ce travail rapidement.
Bonne lecture !
Disclaimer original : Ni Severus ni Hermione ne m'appartiennent. Tout appartient à JK Rowling. Je viens seulement jouer dans le bac à sable qu'elle nous prête.
Merci à raven gr, Liz, Peri et queenp pour m'avoir aidé à rendre cette histoire présentable.
Chapitre 1 – Ecouter aux portes
Severus savait qu'il valait mieux ne pas arborer un sourire suffisant quand sa collègue était dans un tel état de rage. Lui faire remarquer l'aggravation de son accent écossais – au point de rivaliser avec celui d'un docker d'Édimbourg – n'était certainement pas la ligne de conduite la plus sûre non plus.
Cela dit, il mentait à un psychopathe fou furieux depuis 20 ans et était reconnu pour sa capacité à mettre Albus Dumbledore en colère, juste pour le plaisir de voir disparaître cette fichue étincelle de son regard… Alors au fond, que savait-il des lignes de conduite sûres ?
Pour l'incroyable prudence dont il faisait preuve dans sa vie quotidienne, il était - d'après les standards d'un bon Serpentard – totalement téméraire dans ses relations avec ceux qui avaient le pouvoir de le blesser.
Alors, vraiment, il ne pouvait pas laisser passer l'occasion de rendre Minerva McGonagall folle de rage, au point de la faire bafouiller. De plus, s'il interprétait bien son attitude – et il avait passé la grande majorité de sa vie à déchiffrer et comprendre correctement les gens – il ne manquait plus qu'une toute petite chose pour la faire basculer. Le fait qu'il pourrait, dans le plus parfait style serpentard, retourner un vieux couteau dans les plaies d'Albus… serait juste la cerise sur un gâteau déjà délicieux.
- Vraiment, Minerva, dit-il d'une voix traînante, du ton de quelqu'un qui ne comprenait vraiment pas toute cette agitation, c'était juste une blague entre les garçons.
- Une… blague ? répéta Minerva, outragée. La petite blague de Malefoy a presque tué Harry ! Il est totalement inacceptable qu'un étudiant mette délibérément la vie d'un autre étudiant en danger. Par Sainte Brigitte, Severus ! Si monsieur Weasley n'avait pas écarté Harry du chemin, il serait mort ! Je veux que Malefoy soit expulsé. Je n'accepterai pas que vous couviez, que vous protégiez une fois de plus ce meurtrier, cet animal. Il faut mettre un terme à son comportement.
Severus eut un sourire sans la moindre chaleur.
- Je trouve étonnement… approprié que vous compariez Malefoy à un animal. Je crois savoir que vos très chers et très protégés Gryffondors le comparent justement à un furet. Mais voyez-vous professeur, gronda-t-il, cela fait de cet incident le parfait reflet d'un précédent incident.
Il arbora un air d'intense réflexion, comme s'il essayait de se remémorer un très vieux souvenir, avant de se tourner légèrement vers Albus, qui était toujours assis derrière son large bureau.
- Rappelez-moi les détails, Albus, si vous le voulez bien. Je crois que dans le premier incident, il était question d'un chien. Est-ce bien cela ?
Il agita la main, comme si ce n'était pas important, avant même qu'Albus puisse répondre.
- Mais les détails importent peu, après tout. Un chien… Un furet… C'est la même chose, au fond.
Alors que sa collègue directrice de maison ouvrait la bouche pour protester de nouveau, Severus la coupa.
- Monsieur Malfoy ne sera PAS expulsé. Il ne présentera AUCUNE excuse, ses privilèges et sa liberté de mouvement ne seront pas réduits. Pour ce qu'il a fait, il recevra UNE semaine de retenue qu'il effectuera avec Rusard et c'est tout.
Minerva retrouva la voix, outragée par cette proposition.
- Une semaine ? Vous ne pouvez pas penser sérieusement que la vie d'un autre étudiant vaut une semaine de retenues !
- Ce n'est pas moi qui le pense, Minerva. Notre cher et estimé directeur a décidé lui-même la punition adéquate pour le crime en question. Oh, oui. Avant que j'oublie la meilleure partie… Monsieur Potter devra jurer de ne plus jamais mentionner cet événement devant la moindre personne, et encore moins en parler à ses petits amis.
Il savait qu'il n'aurait pas dû y prendre tant de plaisir, mais il éprouvait une certaine réjouissance à l'idée de lui dévoiler la suite.
- Une chose encore, Minerva. Si, dans son arrogance, monsieur Potter choisissait de briser son serment et de parler de cette blague, il serait immédiatement et sommairement expulsé.
Severus se tourna vers Albus, qui était resté étonnamment silencieux durant leur échange.
- Si vous voulez bien m'excuser, Directeur, je vais de ce pas informer monsieur Malfoy des modalités de sa punition.
Il salua ses deux collègues d'un léger signe de tête, adressa à nouveau un sourire suffisant à Minerva, puis sortit du bureau du directeur dans un tourbillon de robes noires. Sa cible principale partie, Minerva tourna sa colère vers Dumbledore.
- Albus, vous ne pouvez quand même pas accepter cette… cette parodie de justice. Aucun favoritisme n'est acceptable quand la vie d'un autre étudiant est en jeu.
Dans son agitation, Minerva ne vit pas l'expression de chagrin passer sur le visage d'Albus, à ces mots. Elle remarqua cependant sa lassitude quand il soupira.
- S'il vous plaît, Minerva, asseyez-vous.
Bien trop en colère pour s'asseoir, elle resta cependant debout, raide d'indignation.
- Vous êtes tellement féroce dès qu'on menace l'un de vos lionceaux, lui dit Albus avec un sourire affectueux.
Son sourire s'altéra doucement en une expression que Minerva fut incapable de reconnaître.
- Minerva, asseyez-vous s'il vous plaît. C'est tellement…
Sa voix s'estompa un instant avant qu'il ne reprenne.
- J'ai tant de choses à vous expliquer.
Finalement, la lassitude qui transparaissait dans la voix douce d'Albus retint son attention. Lentement, sa posture droite et rigide s'adoucit. Elle prit l'un des fauteuils devant le bureau du directeur et s'installa confortablement dans les coussins. Son regard, cependant, resta affûté comme un silex et ne quitta pas un instant le visage d'Albus.
- Alors expliquez-moi.
- Bien que je comprenne votre désir de voir le jeune monsieur Malefoy expulsé, je ne peux pas l'autoriser. Poudlard et moi avançons sur un fil avec le Ministère, comme vous le savez. Même après la blague d'aujourd'hui, Severus pense que monsieur Malefoy n'a pas encore choisi son camp.
- Albus, je ne vois pas en quoi l'éventuelle rédemption de Draco Malefoy lui donne le droit de bénéficier de votre protection et de celle de cette école contre ses crimes. Il est évident qu'il y a derrière tout ça plus que vous ne voulez bien le dire. En tant que directrice adjointe, je vous ai soutenu pendant des années, Albus. Vous et vos décisions. Cependant, je n'accepterai pas que des étudiants aient le droit de mettre la vie d'autres étudiants en danger. Peu m'importe si Severus croit que le sujet est clos…
Albus la coupa sèchement.
- Le sujet est clos, Minerva.
Elle fut choquée par la dureté de son ton et de ses yeux bleus. Elle savait depuis longtemps qu'il y avait autre chose derrière le personnage du directeur que son image de grand-père aimant et excentrique. Mais comme à chaque fois, elle était surprise quand elle avait un aperçu du sorcier que beaucoup considéraient comme le plus puissant du monde.
En quelques mots, il l'avait réduite au silence. Elle cligna des yeux, stupéfaite. Puis, presque aussi rapidement qu'elle était arrivée, la lueur dure disparut de son regard et le puissant sorcier fit de nouveau place au vieil homme un peu toqué. La rapidité de ce changement lui coupa le souffle.
- Pardonnez-moi, vous avez raison. Il y a plus que vous ne l'imaginez, derrière toute cette situation. Severus a ses raisons de penser que, sur ce sujet, je serai… de son côté, en quelque sorte. Je vais essayer de vous expliquer. Mais pour vraiment comprendre, vous devez vous souvenir que cette histoire commence avant même la première montée de Tom au pouvoir. C'était l'époque où il commençait seulement à se faire un nom dans le cercle des sangs-purs. Tom gagnait en puissance et je savais qu'en quelques années, il deviendrait la plus grande menace que notre monde ait connue depuis Grindelwald. Même en ce temps là, je pouvais voir ce qu'il allait devenir. Malheureusement, personne ne voulait me croire. Mes croyances, ma crainte de l'avenir ont eu une grande influence sur ce qui s'est passé. Pour comprendre mes choix lors de « l'incident », vous devez garder tout cela à l'esprit.
Minerva observa Albus alors qu'il s'arrêtait un instant. D'un doigt, il massa l'arrête de son long nez tordu. Elle fut surprise de voir de légers tremblements perturber la fermeté habituelle de sa main. Quoi qu'Albus fût sur le point de confesser, ça avait encore le pouvoir de l'affliger après toutes ces années. Elle était toujours en colère et ne partirait pas sans réponse, mais elle ressentit le besoin de consoler cet homme qui avait toujours plus ou moins fait partie de sa vie.
- Albus… Je suis sûre que vos choix de l'époque, quels qu'ils furent, étaient les bons. Vous avez toujours fait de votre mieux pour veiller aux meilleurs intérêts du monde magique.
Cependant, sa réponse ne fit qu'augmenter son malaise grandissant.
- Oh, très chère. J'aimerais tant pouvoir le croire. J'ai en réalité provoqué les événements que je cherchais tant à éviter.
Il s'interrompit un instant, les yeux vagues, alors qu'il se remémorait un vieux souvenir.
- Il y a tant de choses que je ferais différemment aujourd'hui, » murmura-t-il doucement. Tant d'erreurs.
Le directeur secoua légèrement la tête et son regard se focalisa de nouveau sur sa collègue, bien que sa voix conservât une pointe de tristesse.
- Pardonnez à un vieil homme ses divagations. Cela faisait longtemps que je n'avais pas repensé à toutes ces choses.
Avec un petit soupir, il reprit son explication.
- Je savais ce qui allait arriver, voyez-vous, et j'étais déjà en train de me préparer. Cela fait bien longtemps que je sais que, peu importe à quel point vous essayez, il est impossible de protéger les enfants de tous les malheurs du monde. Je savais donc que tous les enfants que je voyais passer deviendraient finalement des combattants dans la guerre à venir. Ma première erreur fut de me soucier plus de certains enfants que d'autres.
Le malaise que Minerva avait ressenti un peu plus tôt revint en force. Elle savait où cette histoire la conduisait. Ou du moins, elle pensait le savoir.
- Vous parlez de James, Sirius, Peter et Remus.
Albus acquiesça.
- Oui. Ils étaient lumineux, forts et courageux. Je savais qu'ils seraient essentiels dans le combat à venir. J'avais besoin d'eux et de tous ceux qui leur ressemblaient.
- Mais ces quatre là étaient spéciaux pour vous.
Un sourire attendri éclaira le visage du directeur, à leur souvenir.
- Oui, ils étaient spéciaux. Vous vous souvenez d'eux, Minerva. Leur amitié était si forte, leurs rêves si lumineux et plein d'espoir.
Même après toutes ces années, alors même que seul Remus vivait encore et que Peter s'était tourné vers le côté obscur, Minerva pouvait entendre dans la voix du directeur toute l'affection qu'il leur portait. Puis elle se souvint que cette discussion devait éclairer les rapports entre Gryffondors et Serpentards.
- Et ils étaient des Gryffondors, ajouta-t-elle.
- Oui. Comme le dit Severus, c'était mon propre préjugé de Gryffondor.
A peine eut-il prononcé ces mots qu'Albus se leva brusquement.
- Voudriez-vous un peu de thé ?
Il se détourna avant même qu'elle puisse répondre.
Minerva cligna des yeux une nouvelle fois, confuse. Elle n'avait encore jamais vu son vieil ami faire preuve de nervosité. Elle était de plus en plus persuadée que quelque chose se cachait derrière cette histoire. Et si permettre à Albus de reprendre ses esprits lui permettait de raconter cette histoire avec plus d'aisance, elle acceptait de se montrer patiente.
- Oui, Albus. Une tasse de thé serait la bienvenue. Merci.
Elle l'observa prendre son temps pour préparer le thé, dans un coin de son bureau. Il ne lui demanda pas, mais il prépara son thé exactement comme elle l'aimait : avec deux cuillères de sucre et une tranche de citron. Son répit ne dura que le temps de retourner à son bureau et de lui tendre sa tasse de thé, alors qu'elle ne le quittait pas du regard.
- Assez tergiversé, Albus, lui dit-elle, même si son ton habituellement sec laissait entendre une certaine gentillesse. Je vous connais depuis trop longtemps. Vous savez que ce que vous avez à dire ne va pas me plaire, mais cette situation me déplaît déjà. Je ne vois pas en quoi elle pourrait être pire.
Jouant avec la cuillère qu'il avait utilisée pour remuer son thé, Albus se réinstalla correctement dans son fauteuil.
- Vous me connaissez trop bien, Minerva. Je suppose que je peux commencer par m'excuser auprès de vous. Il s'est passé des choses, en ce temps-là, dont j'aurais dû vous parler. Ou au moins, j'aurais pu vous demander votre avis. Ma seule excuse était que je pensais savoir ce qui était le mieux. Pure arrogance de ma part, vraiment. C'est une erreur que je n'ai pas encore su corriger, si j'en crois la colère d'Harry et l'érosion de sa confiance en moi.
- J'ai laissé mon arrogance et mes préjugés conduire mes décisions. J'ai laissé entrer Remus Lupin comme élève à Poudlard. J'ai décidé seul. Je ne vous en ai pas parlé, ni à vous en tant que directrice de maison, ni aux autres professeurs. Remus et moi avons trouvé une solution que j'estimais fonctionnelle, qui devait lui permettre de suivre sa scolarité et de sortir de la solitude qu'il avait toujours connue. Cette solution lui permettait de se faire des amis de son âge tout en protégeant les autres élèves.
Minerva but une gorgée de thé avant de répondre.
- Excusez-moi, Albus, mais je savais déjà tout cela. Je sais que vous enfermiez Remus dans la cabane hurlante. Cependant, si vous voulez vraiment connaître mon sentiment sur le sujet, sachez que quand j'ai appris la condition de Remus, j'ai été vraiment très en colère contre vous pour ne pas me l'avoir dit dès le début.
- Je me souviens, ma chère. Vous êtes une femme de tempérament. Je suis loin d'avoir oublié que vous avez métamorphosé toutes mes chaussettes en cafards.
Son brusque amusement laissa rapidement place à plus de sérieux.
-Je pense que je vais à nouveau perdre mes chaussettes quand vous aurez entendu la fin de mon histoire. A l'époque, je peux seulement dire que j'étais très préoccupé de maintenir le secret. Vous veniez juste de devenir directrice de maison et vous vous ajustiez à ce nouveau poste. Vous aviez d'autres choses à penser, même si ce n'est pas une bonne excuse. Ce que j'ai fait, je n'aurais pas dû le faire sans vous en parler.
Albus resta silencieux un instant.
-Vous vous souvenez qu'à cette époque, Severus était la cible principale des blagues de James et ses amis ?
Minerva acquiesça à cette soudaine digression : elle ne comprenait pas le brusque changement de conversation.
- Je me souviens. Peu importe mes discours ou les punitions, je n'ai jamais pu faire cesser leur animosité. Je me souviens également que Severus envoyait autant de sorts à Sirius et James que l'inverse. Même si j'avoue que j'ai toujours trouvé injuste qu'ils soient à quatre contre un, Severus semblait capable de gérer la situation seul. Je sais qu'il n'est jamais venu se plaindre ou demander de l'aide pour les arrêter, même si j'ai toujours fait de mon mieux pour les détourner de Severus.
Minerva se remémora un moment cette époque, les sourcils froncés.
- Il m'a toujours semblé que leur haine s'était empirée vers la moitié de leur scolarité, déclara-t-elle finalement.
- Perspicace, comme toujours, ma chère. Durant leur sixième année, leur haine a dépassé de loin la simple rivalité scolaire.
Le directeur fit une pause, le temps de trouver les bons mots.
- C'est cette année-là que Sirius a tenté de tuer Severus en se servant de Remus.
Minerva bondit hors de la chaise.
- Quoi ?
- Pour défendre Sirius, je n'ai pas cru – et je ne crois toujours pas – que Sirius ait réellement voulu tué Severus. Severus n'a jamais partagé mon opinion, cependant. Vraiment, je ne pense pas que Sirius ait réfléchi aux conséquences de son acte. C'était l'acte d'un garçon arrogant et gâté. Mes propres actions ne peuvent être si facilement expliquées, cependant, même si mon arrogance a également joué.
Minerva commença à comprendre en quoi cette histoire était comparable à ce qui s'était produit un peu plus tôt dans la journée, entre Harry et Draco. Elle comprenait mieux la réaction de Severus, également.
- Que s'est-il passé ?
- En résumé, Sirius a utilisé les faiblesses de Severus contre lui. Il a brisé sa promesse en révélant le passage secret qui menait à la cabane hurlante. Puis il a donné à Severus juste ce qu'il faut d'informations pour qu'il soit incapable de résister à la tentation d'entrer dans le tunnel et de découvrir le secret qu'il savait y être caché.
Minerva était horrifiée.
- Albus… Etes-vous en train de me dire que Sirius a envoyé Severus vers Remus, alors que ce dernier était transformé en loup-garou ?
- Oui. Et si James n'avait pas appris l'information de Sirius à temps et tiré Severus hors de danger à la dernière minute, Remus aurait, dans le pire des cas, tué Severus et, au mieux, il l'aurait changé en loup-garou comme lui.
- Je viens de dire à Severus qu'il était inacceptable qu'un étudiant mette la vie d'un autre en danger, intentionnellement.
Minerva regarda Albus comme si elle ne l'avait jamais vu.
- C'était inacceptable. N'est-ce pas, Albus ?
- Malheureusement, c'était à la fois acceptable et nécessaire. C'est du moins ce que j'ai cru, à l'époque. Quand cet… incident est survenu, j'ai paniqué. J'avais permis à Remus, un loup-garou, d'entrer dans l'école. Je sais que les garçons étaient devenus des animagi pour courir avec Remus dans les bois, quand il était transformé. Même s'ils ne savaient pas que j'étais au courant. Je le savais et leur avais permis de compléter leur transformation. A cette époque, mon raisonnement était que je leur permettais de prendre des responsabilités, les préparant aux responsabilités que la guerre à venir allait leur donner.
Il s'interrompit une seconde avant de poursuivre.
- Et puis, il y avait Sirius. Il était le premier Black en huit générations à ne pas être réparti à Serpentard. J'ai vu la bonne influence que son amitié avec les autres avait eue sur lui. Ils l'aidaient à devenir l'homme bien que je voyais en lui. Un de mes préjugés Gryffondor, une fois de plus. Serpentard n'était pas une maison assez bien. J'étais en train de le sauver, voyez-vous, quand il a piégé Severus. J'ai eu peur qu'en l'expulsant, il soit condamné à la haine et l'amertume, peur que tous les bénéfices précédents soient perdus. J'avais peur qu'il se tourne vers Tom, qui était de plus en plus populaire.
Il secoua la tête.
- Je devais aussi penser à ma position. J'avais fait une erreur avec Remus et Sirius avait presque tué un autre étudiant. Il y aurait eu une enquête du ministère. J'aurais pu être démis de mes fonctions de directeur très facilement. Avec l'avenir que je voyais concernant Tom, je ne pouvais pas prendre le risque. Je ne pouvais pas perdre Poudlard et perdre le lien avec des enfants dont j'aurais un jour besoin.
- Vous avez préféré sacrifier Severus.
Albus entendit clairement l'accusation, dans sa voix. Il s'y était attendu.
- Oui. Et à ma plus grande honte, j'ai même pensé à l'époque que ce n'était pas une grande perte. C'était lui faire un grand tort. Je ne l'ai jamais oublié et il ne m'a jamais laissé l'oublier. J'ai transféré mes craintes et ma déception concernant Sirius sur Severus, me laissant convaincre que Severus était en tort. Qu'il n'aurait pas dû mettre son nez dans des affaires qui ne le concernaient pas, qu'il n'aurait pas dû espionner, qu'il avait obligé Sirius à prendre des mesures, que…
- Qu'il avait provoqué la situation.
Albus plongea son visage dans ses mains.
- Oui. J'ai blâmé la victime pour l'attaque.
- Qu'en est-il des autres propos de Severus, ce soir… concernant l'absence de punition pour Malefoy et de l'obligation pour Harry de garder le silence ?
Redressant la tête, Albus joua un instant avec quelques rouleaux de parchemin éparpillés sur son bureau.
- Tout est vrai. Peter n'était pas impliqué dans l'affaire. Je n'ai jamais pensé que James ait été complice de cette blague et Remus était tout autant une victime que Severus. J'ai donné à Sirius une semaine de retenue avec Rusard et j'ai fait jurer à Severus qu'il ne parlerait jamais de ce qui s'était passé.
Quand il rencontra la froide colère qui animait les yeux de Minerva, Albus tressaillit.
- Albus Dumbledore. Etes-vous en train de me dire que vous avez dit à un enfant traumatisé, qui venait juste de passer à un cheveu de la mort que… que… Grands dieux, Albus. Quels qu'aient été vos intentions ou vos objectifs, vous avez en gros dit à Severus que sa vie n'en valait pas la peine et vous lui avez ensuite interdit d'en parler. Ce n'est pas étonnant qu'il se soit arrangé pour révéler l'information, quand Remus était professeur. Ce n'était pas simplement le fait qu'il soit un loup-garou. Ça n'a jamais été simplement pour ça.
- J'ai fait des erreurs que je ne peux pas corriger. Je peux seulement dire pour ma défense qu'en ce temps-là, je devais protéger…
Minerva le coupa, les lèvres plissées d'indignation.
- Protéger ? Vous avez protégé votre poste et Sirius. Qui protégeait Severus ?
Plusieurs étages en dessous, Hermione Granger – amie d'Harry Potter et Grand Cerveau de Gryffondor – restait les bras ballants, en état de choc. Elle fixait un petit machin de cuivre qui tourbillonnait lentement, chaudement niché dans un petit creux du mur de la bibliothèque.
Elle n'avait pas cherché l'objet. Ce n'était même pas comme si elle avait délibérément voulu espionner la conversation. C'était juste un accident. Le livre en haut de sa pile avait commencé à glisser et, dans une tentative de le rattraper, elle avait trébuché et percuté un lourd bouclier ornemental, accroché au mur. Etonnamment, le bouclier n'était pas tombé, mais il avait pivoté pour révéler un petit compartiment bien caché. Le professeur Snape n'aurait pas vu cela comme un accident. Et Dumbledore ? Elle n'était même pas sûre que les autres professeurs connaissent l'existence de l'objet.
Et si elle en avait trouvé un, il en existait certainement d'autres.
En lui-même, le petit truc aurait été suffisant pour piquer sa curiosité naturelle. En quelques secondes, les autres livres qu'elle portait avaient rejoint le premier sur les dalles. La surface de cuivre poli avait reflété son image déformée. Sans le bouclier qui le recouvrait, elle pouvait entendre le bourdonnement provoqué par les petites pales incurvées qui tournoyaient sur sa surface. Elle n'avait pas pu résister quand elle s'était aperçue que le truc avait des boutons.
Pouvait-elle se défendre d'une expulsion en invoquant l'attrait irrésistible d'un bouton à pousser ?
Le directeur ne retiendrait certainement pas contre elle le fait qu'appuyer sur le petit bouton violet avait inversé le fonctionnement de ce qui, avec le recul, était certainement un moyen d'écoute. Un moyen d'écoute qui fonctionnait très bien, d'ailleurs. Un objet qui – comme lui rappela sa petite voix intérieure, terrifiée – lui avait permis d'écouter une conversation entre professeurs.
Hermione tenta de maîtriser la panique qui montait en elle. Non, elle n'allait pas être expulsée. C'était horrible. Vraiment très très horrible. Expulsée. Il n'y avait aucun doute : elle allait être expulsée. Mais elle n'avait pas pu s'arrêter d'écouter.
Elle n'avait pas cessé en entendant les remarques sarcastiques du professeur Snape. Elle n'avait pas cessé quand le professeur McGonagall avait questionné le directeur. Elle n'avait pas cessé pendant l'explication du directeur. C'est seulement après avoir entendu l'histoire entière qu'elle avait de nouveau appuyé sur le bouton violet d'une main tremblante.
Immédiatement, les voix de son professeur et du directeur avaient disparu.
Très prudemment, elle s'assura d'effacer toute trace qui aurait prouvé qu'elle avait touché à l'objet. Elle s'assura qu'il ne restait pas une empreinte sur le cuivre brillant, pas un cheveu dans le compartiment. Avec autant de précautions, elle replaça correctement le bouclier. Puis, ramassant ses livres, elle retourna à la table à laquelle elle s'était installée.
La bibliothèque était aussi vide et aussi silencieuse qu'à son arrivée. Rien n'avait changé. En revanche, elle ne pouvait pas en dire autant d'elle-même. Sa curiosité avait emporté le meilleur d'elle-même cette fois. Et pour la première fois de sa vie, elle ne savait pas quoi faire de ses nouvelles connaissances.
Elle avait entendu l'histoire de cette « blague » par Sirius et Remus, ce fameux soir de leur troisième année, dans la cabane hurlante. Mais d'une certaine manière, la courte explication qu'ils avaient donnée à l'époque ne correspondait pas bien avec l'histoire qu'elle venait juste d'entendre. Sirius n'avait pas le moindre remord. Elle se souvenait encore de son commentaire, comme quoi « Snape l'avait mérité ». Même le professeur Lupin – le gentil et doux Remus – avait minimisé l'importance du danger encouru lors de cette lointaine nuit.
Et qu'en était-il des actions du professeur Snape, cette nuit-là, dans la cabane hurlante ? Il avait montré sa haine de Sirius. Sa méfiance de Remus. Elle se souvint soudain que Snape les avait crus en danger. Il voulait capturer Sirius, mais il voulait aussi les protéger de ce qu'il croyait être un grand danger. Il les avait suivis pour se jeter dans une situation où il n'avait pas l'avantage du nombre. Les Serpentards ne faisaient pas ça. Les Serpentards cherchaient des alliés et amenaient des renforts.
Elle s'émerveilla du courage qu'il avait fallu au professeur Snape pour s'engager seul dans le tunnel sous le Saule Cogneur, pour venir les chercher en pensant qu'un meurtrier et un loup-garou l'attendaient au bout. Le même loup-garou qui l'avait presque tué, dans le même tunnel, bien des années auparavant.
Ses pensées l'amenèrent à Dumbledore.
Elle savait depuis la fin de sa cinquième année que les adultes autour d'elle étaient humains et faillibles. Cette leçon avait été difficile à apprendre et sa vision du monde évoluait encore pour s'adapter à cette découverte.
Désormais, deux nouvelles variables bousculaient sa vision du monde.
Albus Dumbledore n'était pas tout-puissant. Elle le savait déjà, mais elle ne l'avait pas réellement intégré, jusque là. Elle avait déjà envisagé que les elfes de maison et les tableaux fassent des comptes-rendus au directeur. Cependant, elle n'avait jamais soupçonné que les étudiants aient été espionnés directement. Le bidule bourdonnant en cuivre démentait cette idée. Il n'était plus si étonnant que Dumbledore semble toujours savoir ce qu'elle et les garçons s'apprêtaient à faire. Il pouvait les écouter directement. Et elle n'avait aucun doute quand au fait que l'école était remplie de ces dispositifs d'écoute.
Alors que les minutes passaient et que le tourbillon de ses pensées s'apaisait, ce ne fut pas la découverte d'être espionnée qui la choqua le plus. Sur un plan intellectuel, elle en comprenait la nécessité. Il était impossible qu'une douzaine de professeurs puisse maintenir l'ordre dans une école de plusieurs centaines d'élèves doués de magie sans bénéficier d'une assistance - qu'elle soit magique ou non.
Non, ce qui la surprit le plus fut la colère brûlante qui s'emparait d'elle à chaque fois qu'elle pensait à l'injustice faite à un Severus Snape adolescent. Elle était révoltée. Positivement furieuse.
Elle se sentait en colère pour le professeur Snape, pour un événement qui avait pourtant eu lieu bien avant sa naissance.
Même reconnaître l'absurdité de cette situation ne l'empêchait pas de vouloir – malgré le respect qu'elle éprouvait pour ses professeurs depuis longtemps – faire irruption dans le bureau du directeur et lui envoyer un coup de poing pile sur son long nez tordu.
Elle se sentait encore plus en colère que quand elle avait découvert l'existence des elfes de maison. Elle avait accepté l'idée que les elfes tirent leur fierté et leur joie de leur travail. Elle pensait toujours que le monde magique tirait avantage de leur besoin de servir. Mais si elle pouvait donner aux elfes une porte de sortie, elle ne pouvait pas tous les forcer à accepter des vêtements, malgré son envie de le faire.
L'injustice dont elle venait d'être le témoin la mettait autant en colère. Elle voulait réagir. Elle voulait protester. Elle voulait entamer un piquet de grève dans le bureau du directeur. Elle voulait créer des badges et les vendre un gallion. Elle soupçonnait cependant que le professeur Snape détesterait ses actions au moins autant que les elfes de maison en leur temps.
Elle aurait voulu être plus raisonnable.
Malheureusement, elle se sentait incapable d'ignorer ce qu'elle venait de découvrir.
Et voici pour ce premier chapitre qui met les choses en place. J'espère qu'il vous intriguera pour la suite ! N'hésitez pas à laisser un petit mot en partant, pour encourager la traductrice ;) Bises et à bientôt.
Lena.
