Bonjour à tous !

Et oui, me voici avec une nouvelle histoire pour égayer un peu cet hiver qui n'en finit pas !

Ca faisait trèèès longtemps que j'avais envie d'écrire un univers alternatif dans lequel Peter serait le fils biologique de Tony, la principale difficulté étant que pour moi, Peter est la personne qu'il est parce qu'il vient d'un univers très différent de celui de Tony - et justement, ce qui est intéressant est un peu le choc des deux. Il fallait donc justifier qu'il soit son fils MAIS ne le savait pas et inversement, sans TROP aller dans le drame (mais on y est quand même). Et j'avais aussi très envie d'écrire une histoire dans laquelle Tony n'est pas immédiatement le papa poule qu'on adore imaginer, mais plutôt un homme qui apprend qu'il a un fils et n'a AUCUNE idée de quoi faire avec (avec un supplément "mon fils est un super-héros ohmygod qu'ai-je fait").

On rajoute aussi le fait que j'avais très envie d'écrire de nouveau sur le quotidien de Tony et Peter et, après quelques noeuds au cerveau, voici le prologue de cette nouvelle histoire ! Elle ne prend absolument RIEN en compte haha, tout est arrangé, il y a de nouveaux personnages et un méchant bien connu de l'univers de Spider-Man, je vous laisse découvrir tout ça !

(Et le titre vient de The Last of Us Part II, je n'ai pas encore vu la série mais c'est évidement l'un de mes points de référence s'agissant d'une relation parent/enfant merveilleusement bien écrite et qui brise le cœur)

Pour le rythme de publication, je n'ai rien prévu, je me laisse porter par le vent (et par les échéances au boulot, ew).

Bonne lecture !


— C'est une blague ? Toi, tu vas devenir père ?

Tony pressa son front contre ses mains. Déjà, la migraine commençait à cisailler son œil droit.

— Ouais, il paraît.

Il n'avait jamais ressenti une telle envie de se noyer dans un verre de scotch. Ou deux. Ou cinq.

Face à lui, James Rhodes le contemplait d'un air où s'entremêlaient surprise, incrédulité et scepticisme. C'était le même cocktail que lui avaient réservé Happy et Pepper lorsqu'il leur avait parlé du garçon, à croire qu'il venait de leur annoncer sa décision de devenir danseur de ballet. Ou de créer un numéro de marionnette avec une poupée de Steve Rogers dans le rôle principal.

Était-ce si étrange, si inconcevable de l'imaginer être père ?

Oui. Totalement. D'après Pep, tu n'es même pas capable de t'occuper de toi-même, alors pourquoi diable vouloir ajouter dans l'équation un gamin dont tu ne connaissais pas l'existence, vingt-quatre heures plus tôt ?

— Répète-moi ça. Plus lentement, ordonna Rhodey. Tu as un enfant dont tu n'avais jamais entendu parler, un garçon…

— … un garçon dont les parents sont morts dans un accident d'avion lorsqu'il était encore très jeune, récita Tony.

Il avait tant de fois répété ces mots qu'il les connaissait désormais par cœur.

— Il s'est retrouvé tout seul, alors les services sociaux l'ont pris sous leur aile. Ils ont regardé s'il avait encore de la famille en vie, ont ratissé son arbre généalogique, mais ont fait chou blanc. Puis, à la lecture des dernières volontés de sa mère, plot-twist : elle y a révélé que son époux n'avait jamais été le père biologique du gamin, qu'il s'agissait en vérité d'un homme avec lequel elle avait eu une très brève relation cinq ans plus tôt, c'est à dire moi-même ici présent, et qu'elle souhaitait qu'il ait une chance de vivre avec moi. Tu vois la carte d'Uno qui te permet de renverser la partie ? C'était un peu l'idée, lorsqu'elle a rédigé ces mots.

— Mais c'était il y a des années, et tu n'en as jamais rien su, objecta son ami.

Il eut soudainement l'air soupçonneux :

— Tu n'en as jamais rien su, n'est-ce pas ?

— Bien sûr que non ! riposta vivement Tony. Sinon, tu crois vraiment que j'aurais dormi pendant toutes ces années aussi sereinement ? En sachant qu'il y avait, quelque part à New-York, un échantillon de mon ADN qui se promenait en toute insouciance ?

Son indignation devait se lire sur son visage, car Rhodey leva les mains d'un air apaisant, comme si Tony avait braqué le canon de son armure entre ses yeux.

— Je te crois, mon vieux, ne me saute pas à la gorge. Que s'est-il passé, ensuite ?

Les épaules de Tony se détendirent. Il soupira et revint à son récit :

— Personne ne l'a crue. Tout le monde a pensé qu'elle délirait, que son dernier écrit n'avait aucune autre valeur que celle du papier sur lequel étaient couchés ses mots. Les personnes aux mains desquelles a atterri le testament ont bien rigolé, puis l'ont soigneusement rangé dans un petit classeur et ont quand même placé l'enfant dans un orphelinat. Et bien entendu, personne n'a songé à m'en avertir.

— Pauvre gosse. Il est resté là-bas combien de temps ?

— Pas très longtemps. Une famille l'a rapidement adopté, mais ils l'ont rendu quelques mois plus tard. Incompatibilité de caractères, selon eux. Son attitude leur déplaisait, ou quelque chose comme ça.

— Attends, l'interrompit Rhodey qui semblait tout à coup offusqué. Ils l'ont rendu ? Comment ça, rendu ?

— Ouais, moi non plus je ne suis pas très à l'aise avec ce terme, mais c'est celui qu'a utilisé la personne en charge de son dossier. Apparemment, c'est assez courant. Les gens adoptent les enfants parce qu'ils les trouvent mignons, sans réfléchir à toutes les conséquences que ça peut entraîner, et finissent par s'en lasser et les remettre là où il les ont trouvés. Bref, ils l'ont rendu et une autre personne l'a finalement adopté, une sorte de policier sans histoire qui avait déjà une petite fille à sa charge. Pas un mauvais profil, selon mon interlocutrice. Tout se passait bien, jusqu'à ce que notre ami flic se mette en tête de lire le testament laissé par la mère du petit. Il voulait savoir combien d'argent, exactement, le garçon avait sur son compte en banque. En prévision de ses frais scolaires, selon lui.

— Sauf que son testament ne parlait pas d'argent, mais de toi.

— Exactement. Mais lui, contrairement aux services sociaux, y a cru. Il a réussi à dégoter un peu de mon ADN, va savoir comment (je suppose qu'en tant que policier, il a ses sources), et il a fait faire un test de paternité au petit. Et là…

Il mima une explosion avec ses mains :

— Boum ! Résultat positif, je suppose qu'il a sorti le champagne et les cotillons pour fêter la nouvelle. Puis il m'a écrit pour m'informer de la situation, il y avait même une photo du gamin en pièce-jointe. Aucune idée de la façon dont il a dégoté mon e-mail, je suppose que j'aurais quelques mots à toucher au NYPD quand cette histoire sera réglée.

Rhodey haussa un sourcil, perplexe. Quelque chose, dans le récit de Tony, semblait le troubler :

— Il t'a écrit comme ça ? Par pur acquis de conscience ? Félicitations, vous avez un beau garçon de soixante-dix kilos, venez le chercher ?

Tony soupira à nouveau — un soupir plus long que le précédent, qui sembla s'arracher de sa gorge. Cette partie-là du récit n'était pas particulièrement glorieuse :

— Non, bien sûr que non, ces gens ne sortent pas de Disney Chanel. Il m'a écrit pour m'informer qu'il était prêt à renoncer à sa garde et à me laisser l'adopter, contre une certaine somme d'argent qui, tu t'en doutes, contenait suffisamment de chiffres pour donner le tournis à un présentateur du Loto.

Sur le visage de Rhodey, la perplexité fit place au dégoût. Il semblait avoir mordu dans une botte de coriandre particulièrement savonneuse, et Tony décela une pointe de mépris dans sa voix lorsqu'il s'enquit, le regard sombre :

— En gros, il t'a proposé de te l'échanger ?

— Oui.

— Contre des milliers de dollars ?

— Oui.

— Et tu as accepté ?

— Oui.

— Pourquoi ?

Tony s'était attendue à cette question, et il répondit mécaniquement :

— J'aurais vraiment laissé un enfant sous la garde d'un homme prêt à le donner contre un gros chèque ? Ça aurait été immoral… Et très mauvais pour mon karma. D'après Pep, on ne rigole pas avec ces choses-là.

L'argumentation ne parut pas convaincre son ami.

— Tu fais ça pour… ton karma ?

— Et pour aider un enfant. Tu n'as pas entendu le début de ma phrase ?

Rhodey haussa les sourcils, mais eut le mérite de ne pas poser d'autre question. A la place, il se contenta d'émettre un étrange sifflement, qui aurait tout aussi bien pu signifier "quelle histoire rocambolesque !" que "t'es franchement mal barré, mon pote".

— Tu vas donc avoir un fils, dit-il finalement après quelques instants de silence, sans cesser de le fixer comme s'il craignait que des paillettes de sang se mettent soudainement à jaillir de ses narines.

— Voilà. Un adolescent qui n'avait aucune idée que j'étais son père jusqu'à hier, et ça tombe bien, puisque le sentiment est réciproque.

En prononçant ces mots, il sentit la migraine émigrer du côté de son hémisphère gauche, envoyant un flot de lave en fusion sur ses neurones rescapés.

Il avait définitivement besoin d'un scotch. Et d'une triple dose d'aspirine.

— Eh bien. Te voilà coincé dans une sacrée situation, mon vieux, soupira Rhodey.

Tony approuva et s'enfonça un peu plus profondément dans son canapé, attachant son regard au plafond avec un mélange d'abattement, d'épuisement et de résignation. Il avait l'impression d'avoir couru un demi-marathon avec une jambe cassée et l'autre attachée à un boulet de canon. Devinant sa détresse, Rhodey lui servit un verre d'eau.

Un putain de verre d'eau.

Il aurait encore préféré ingurgiter le contenu de son flacon de parfum préféré. Au moins, ça aurait contribué à apaiser le bourdonnement qui parasitait ses pensées et lui donnait le tournis.

— Quel âge a-t-il ? s'enquit soudainement Rhodey.

— Euh… Treize ans ? Quatorze ? Quelque chose dans ces eaux-là. C'est vraiment important, ce genre de détail ?

Rhodey haussa les sourcils, les lèvres curieusement pincées.

— Un peu, quand même. Tu... tu as conscience qu'on parle d'un être humain ? Avec des besoins, des désirs, des rêves et des sentiments ?

— Techniquement, les adolescents ne sont pas vraiment humains. Je dirais plutôt que ce sont des croisement entre des bouledogues et des gremlins.

— Ce n'est pas drôle, Tony.

Tony haussa les épaules et décida d'avaler son verre d'eau, dans l'espoir que ces quelques secondes de répit calmeraient les velléité de son ami — malheureusement, celui-ci ne semblait pas en avoir fini avec lui :

— Tu as parlé de lui à Nick Fury ? Qu'est-ce qu'il en pense ?

La question eut le mérite de lui arracher un rictus :

— Si tu savais à quel point je m'en contrecarre le…

— On est quand même dans la base des Avengers. Ce n'est pas un milieu un peu dangereux pour un adolescent ?

— Il ne sera pas au même étage que les autres.

— Okay, si tu le dis…

Toutefois, Rhodey ne semblait pas en avoir fini avec lui.

— Depuis tout à l'heure, tu l'appelles "l'enfant" ou "le petit", mais est-ce que tu sais, au moins, comment il s'appelle ?

Enfin une question à laquelle Tony pouvait apporter une réponse. Il avait soigneusement retenu ces deux syllabes, s'entraînant à les prononcer dans l'espoir d'y trouver du sens — mais lorsqu'il pensait à ce nom, il n'éprouvait qu'un vide vertigineux, un abîme s'ouvrant sur des ténèbres sans début ni fin, grouillant de petits êtres ricaneurs qui le pointaient du doigt et se moquaient de lui.

Inconscient. Lâche. Incompétent. Comment pourrais-tu être un bon père, quand toi-même tu as été incapable de satisfaire le tien ?

Voilà ce qu'elles sifflaient, insufflant une sensation poisseuse de malaise dans sa poitrine. Il préférait verrouiller son cœur plutôt que de les écouter.

— Tony ?

— Peter, dit-il finalement, pressant de nouveau son visage contre ses doigts. Il s'appelle Peter Parker.