Salut ! Décidément, le vendredi soir risque de devenir une habitude... A vrai dire, ça me va bien pour l'instant.
Shadow : Tu as tout à fait raison. Oui, cette histoire est tragique par bien des aspects mais je n'ai jamais cherché à le cacher ;) Après c'est peut-être plus sombre que ce à quoi tu t'attendais. Bye !
Bee-gets : Thanks ! Tu ne sais pas à quel point tu as raison concernant l'empereur ! Et bien, pendant un instant, oui, ils ont renoués. Enfin, Muarasakibara n'a jamais renié Akashi. C'est lui qui a retrouvé son frère pendant quelques secondes. Moi ? Moi, sadique ? Pouah, je ne vois pas de quoi tu parles. Merci pour ton retour !
Bonne lecture !
L'instrument d'une vengeance
« Je crève de haine, Seijuro. »
Seijuro allait voir Shirogane, Shûzo sur ses talons, quand un garde vint à sa rencontre, l'informant que l'empereur souhaitait le voir.
Le prince se rendit dans la petite pièce où le plateau de shogi attendait. Les pièces n'étaient pas en place, l'empereur l'attendait près de la fenêtre, dos à la porte. Il se retourna à son entrée.
-Votre Majesté.
L'empereur avait le visage fermé.
-Atsushi a été empoisonné.
-On m'en a informé.
Le souverain le dévisagea quelques secondes. Seijuro avait le plus grand mal à garder un visage neutre. Chaque fois que ses yeux se fermaient, il voyait le visage d'Atsushi et la nuit, ses derniers mots raisonnaient entre les murs du château. Chaque seconde passée dans le noir était une torture.
-C'est dommage que tu te sois privé d'un allié alors qu'il te reste Shintarô à affronter.
-Aurait-il été envisageable de…
La question de Seijuro mourut dans sa bouche. Il n'avait pas envie de connaître la réponse. Atsushi étant son allié, et s'il n'avait pas été contraint de le tuer ? Aurait-il pu garder au moins un de ses frères à ses côtés ?
-De quoi ?
-Rien…
L'empereur se plaça face à lui.
-De quoi ? répétât-il.
-Ce n'est rien.
Le ton de Seijuro était ferme. C'était la première fois qu'il s'opposait à l'empereur.
-Pourquoi vous n'avez pas épousé ma mère ? Pourquoi vous m'avez laissé rester un bâtard ?
-Je voulais. C'est là mon plus grand regret.
Seijuro sentait cette colère familière refaire surface.
-Pourquoi vous n'avez pas eu d'enfant avec l'impératrice ? Avait-elle une déformation ? Vous n'avez pas eu de mal à avoir une ribambelle de bâtards.
-Je n'aime pas ce mot, Seijuro.
-C'est ce que je suis.
-Tu es un prince de l'empire.
-Illégitime.
Les deux hommes se firent face. Seijuro réalisa qu'il faisait presque la taille de l'empereur. Il ne lui manquait que quelques petits de centimètre qu'il acquerra probablement avant ses vingt ans. Il pourrait bientôt se tenir à sa hauteur.
-As-tu déjà partagé le lit d'une femme, Seijuro ?
-… oui.
-Tu sais donc comment cela se passe. Il se trouve que je n'ai jamais réussi avec l'impératrice.
-Vous l'aimiez ?
-Non. Je la trouvais repoussante.
-Mais vous aimiez ma mère.
-Oui.
Seijuro vit pendant une seconde l'émotion encore vive dans le regard de l'empereur. Ils avaient une blessure commune et le prince regretta de ne s'en rendre compte que maintenant.
-Que sommes-nous pour vous ? Pourquoi tant de concubines ?
-Il fallait bien des femmes à mes côtés compte tenu de mon aversion pour l'impératrice. Tu épouseras Satsuki donc tu n'auras pas ce problème. Je ne te souhaite pas d'avoir une descendance illégitime.
-Ce n'était pas mon intention…
Seijuro se demandait même s'il aurait une descendance un jour.
-Comment pouvez-vous ne pas crever de haine… comment pouvez-vous garder les concubines à vos côtés ? Comment... comment avez-vous fait pour endiguer cette haine ?
-Je crève de haine, Seijuro.
Le jeune homme retint sa respiration. Il serra les poings. L'empereur le dévisagea avec intensité.
-Vous…
Seijuro avait du mal à verbaliser ce qu'il était en train de réaliser.
-Vous m'avez utilisé pour vous venger.
-Tu n'as pas eu besoin qu'on te pousse pour agir, Seijuro. Ta rancœur était bien suffisante.
Sans un mot de plus, Seijuro quitta la salle. Il en avait assez entendu. L'empereur avait tord. Sans lui, sans ses mots, jamais Atsushi ne serait mort, se perssuada-t-il.
Dehors, dans le couloir, Shûzo l'attendait, la mine sombre.
