Disclaimer : L'univers de Kuroko no Basket que vous reconnaitrez aisément appartient à Fujimaki Tadatoshi. L'auteur de cette fanfiction ne retire aucun profit de son utilisation si ce n'est le plaisir d'écrire et d'être lue.

Bonne lecture.


Shadow : Merci pour ton commentaire. On reverra Kuroko de temps en temps. Oui, il va y avoir une alliance de hackers pour la bonne cause. Akashi qui change, c'est dans le canon puisqu'il finit par accepter son autre personnalité. Koki va mieux, c'est une sorte de nouveau départ. Il va passer au second plan et refera de petites apparitions. Oui, Aomine est TRES déterminé. Ça ne tournera pas à l'obsession, mais il ne lâchera rien.

Merci encore pour ta review. Rendez-vous au prochain chapitre.


Le roman de notre histoire

Chapitre 10

Une fois n'est pas coutume, Aomine s'était pointé vers neuf heures à son bureau. Kagami ne viendrait qu'en début d'après-midi, mais il voulait revoir toutes ses notes et peaufiner sa stratégie de persuasion pour amener l'écrivain à prendre en compte ses idées et les faire siennes pour les développer dans son roman. Il avait rarement eu de telles certitudes, peut-être même jamais. Il ne pouvait rater une occasion pareille de faire de ce diamant brut, la plus extraordinaire des pierres taillées jamais vues. La Rome Antique revue et corrigée, doublée d'un Space Opera (1). Fallait oser quand même ! Passer derrière une œuvre magistrale comme Star Wars, LA référence dans le domaine et si les trois préquelles étaient correctes, les trois suites n'étaient vraiment pas à la hauteur ni même dans l'esprit de la création d'origine ou de très loin. Mais ça restait malgré tout un modèle. Seuls les fans irréductibles avaient applaudi. George Lucas, quant à lui, avait tiré son épingle du jeu. Il avait revendu sa licence au bon moment, ramassant au passage un confortable pactole de presque quatre milliards de dollars. Il avait dit à l'époque, dans une interview, qu'il voulait se consacrer à sa famille, surtout qu'il pensait que Disney lui demanderait son avis sur la direction que devait prendre cette trilogie finale. Mais la maison de Mickey n'en fit qu'à se tête. Et le monde entier pleura.

Ce n'était pas la seule référence dont Kagami pouvait s'inspirer. Il pouvait trouver des idées dans des romans, des séries et des films comme Star Trek, Alien, Dune, le Neuromancien et tellement d'autres pour enrichir son univers et là, découvrir une œuvre, qui ravivait le gout des grandes aventures spatiales avec le combat entre oppresseurs et oppressés dans l'espace à bord de vaisseaux, une histoire ponctuée d'un érotisme sulfureux sur fond de nouvelle civilisation humaine avec un contexte géopolitique complexe, c'était un privilège dont il ne se sentait pas encore à la hauteur. C'était sacrément culoté de la part de l'auteur et un coup de poker de génie. Ou ça passe, ou ça casse. Et Aomine ferait tout pour que ça passe et être digne de la confiance de Kagami. Il était même en train de se demander s'il ne devrait pas s'occuper exclusivement de lui. Se consacrer entièrement à cette fiction sans être déconcentré par quoi que ce soit d'autre. Il devait complètement s'immerger dans cet univers fabuleux. C'était un chantier pharaonique qui l'attendait et certainement pour plusieurs années, mais il ne renoncerait pas. Il avait l'intime conviction – comme lorsqu'un juré doit prendre sa décision de coupable ou non coupable – que ce roman, pour l'instant, mais plus probablement cette saga, ferait un effet encore plus dévastateur que la Tsar Bomba (2) dans le monde de la littérature. Il comprit qu'il avait perdu la notion du temps quand il répondit "Entrez !" en entendant frapper à sa porte et qu'il vit Kagami.

— À voir votre tête, vous n'savez même plus l'heure qu'il est. J'me trompe ? lança l'écrivain en posant son sac sur un fauteuil et s'asseyant sur le second.

— Vous ne vous trompez pas, grogna le correcteur, gêné et surpris par le bruit de son estomac qui souhaitait être rempli, et assez vite de préférence.

— Et vous n'avez pas mangé. Heureusement que j'commence à vous connaitre un peu, poursuivit l'auteur en sortant de son sac un bento qu'il lui tendit.

— Quoi ? Mais que…

— Ne faites pas l'difficile. C'est c'que j'me suis fait à déjeuner et j'en ai préparé à peine plus, c'est tout…

À peine plus… D'accord. Et c'était quoi beaucoup plus, songea le correcteur en voyant la boite pleine à ras bord ?

— Ah… eh bien… Merci… Et si j'avais déjà avalé quelque chose ?

— J'l'aurais remporté, mais j'étais sûr de moi et votre estomac n'est pas un menteur, le taquina son interlocuteur.

Un tantinet gêné d'être pris en flagrant délit de super concentration, Aomine ouvrit la boite et découvrit des gyosas, une omelette, des onigiris au thon et une petite sauce d'accompagnement. Alors qu'il s'emparait des baguettes, il se rappela qu'il avait décidé d'aller de l'avant, de regarder vers la lumière. Fort bien. Commençons donc par accepter l'aide et la gentillesse des autres qui ne réclament rien en retour.

— C'est vraiment délicieux, merci beaucoup.

— J'vous en prie.

— Il y a des corrections à faire et j'ai quelques idées à vous soumettre.

— Finissez d'manger, nous parlerons boutique après, conseilla Kagami, content de voir son plat apprécié.

— Qui vous a appris à cuisiner comme ça ? s'enquit Aomine que se régalait sans le cacher.

— J'ai passé mon enfance aux États-Unis. Ma mère est décédée j'avais deux ans et mon père m'a élevé. Il a fait d'son mieux, mais j'étais souvent seul à la maison. Lorsqu'on est revenu au Japon, il a pu rester que quelques mois avant d'repartir en Amérique alors il a bien fallu que j'me débrouille si j'voulais pas mourir de faim. Et avec le temps, la pratique et les tutos sur Internet, j'me suis un peu amélioré, expliqua Kagami le plus simplement du monde sans aucune tristesse, ni rancune, ni regret dans la voix.

Il s'était habitué à cette vie et elle lui convenait. Il l'avait inconsciemment façonnée pour qu'elle soit la moins handicapante possible en particulier pour les périodes de lycée et d'université. Il avait travaillé très dur pour obtenir ses diplômes avec mention et il en était fier.

Aomine avait écouté sans piper mot. L'homme qu'il avait en face de lui s'était fait tout seul à la force du poignet comme on dit. Il fallait une sacrée détermination et une volonté formidable pour s'obliger à une telle discipline afin de ne pas glisser dans la facilité ou l'oisiveté qui menait souvent à l'échec scolaire et parfois, à la délinquance.

— Je suis impressionné. J'sais pas si j'aurais eu le même courage que vous.

— Vous avez un rêve ? Pour lequel vous feriez tous les sacrifices ? lui demanda Kagami le plus simplement du monde.

— Je crois qu'on en a tous un, affirma le correcteur en tentant de noyer le poisson pour ne pas répondre directement à la question.

— Mon rêve était de devenir écrivain. J'ai commencé par écrire des articles sur le basket lycéen dans un journal sportif pendant deux ans puisque j'en avais fait et j'adore ce sport. Mon père m'a donné le gout de l'histoire du Japon. J'ai voulu raconter de belles histoires avec, en fond, l'Histoire du Japon avec un grand H puisque ça fait partie de mon cursus. J'ai joint ces deux disciplines qui m'ont valu des félicitations de mes professeurs après mes examens. J'me suis donné les moyens de réaliser mon rêve… Et vous, quel est le vôtre ?

Aomine resta silencieux quelques secondes comme s'il rassemblait ses souvenirs et trouve le fil conducteur de son récit.

— Moi aussi j'ai fait du basket. J'étais un très bon joueur au lycée et en fac. J'avais été approché par des recruteurs de la NBA. En dernière année, nous allions disputer la finale universitaire du pays. Le bus a eu un grave accident et trois d'mes coéquipiers ont été tués. J'ai eu la jambe fracturée en deux endroits et j'ai une prothèse à la place de la rotule. Mes ambitions ont été stoppées net. Mon cursus doit être assez semblable au vôtre et Touou m'a engagé quelques mois après que j'ai obtenu mon diplôme.

— Je… je suis navré de vous rappeler de si terribles souvenirs, fit Kagami un peu embarrassé.

— Ça fait presque douze ans maintenant. Ça reste très triste, mais ça va, mentit-il à moitié.

— Voir ses rêves brisés de manière aussi brutale, c'est moche…

— Soit j'rebondissais soit j'mourrais de faim, comme vous… Merci pour ce repas, c'était délicieux ! lança Aomine sur un ton plus enjoué et peu désireux de s'étaler plus que ça sur son passé.

— Alors ? sourit l'écrivain en se renfonçant dans son fauteuil. Que fait-on ?

— Nous pourrions revoir un peu la trame, lança Aomine en écartant les mains signifiant par ce geste qu'il fallait bien débuter quelque part de façon logique et la logique voulait que ce soit par la base, c'est-à-dire l'ossature de l'histoire.

— J'vous écoute.

— J'pense qu'il y a beaucoup à développer en histoires secondaires autour de la principale. Elles apporteraient un gros soutien au récit central et ça donnerait plus de détails et donc de clarté pour que le lecteur comprenne et surtout adhère aux raisons qui ont amené notre civilisation là où elle en est au début de ce XXVIe siècle. C'est une possibilité qui découle de certaines décisions prises en aval avec de lourdes conséquences. Quels sont les évènements qui ont mené à un tel changement ?

— Je vois… Ça risque d'augmenter le volume du livre, soupira Kagami tout en réfléchissant.

— Kagami, l'interpella Aomine, attendant que celui-ci lève la tête pour capter son attention. J'crois qu'vous devriez vous faire à l'idée que cette histoire pourrait bien comporter plusieurs tomes et que sa rédaction s'étende sur de nombreux mois, assena le correcteur. Très nombreux, insista-t-il.

L'écrivain soutient le regard intense que lui lançait son interlocuteur. Un regard franc, droit sans aucune arrière-pensée et convaincu par ce qu'il venait de dire. Et d'un bleu… Dans sa tête, c'était un vrai tremblement de terre. Un complet bouleversement de la trame qu'il avait si minutieusement établie au départ. S'il repensait aux suggestions qu'il lui avait faites et qu'il avait choisi d'intégrer à son récit, Aomine pourrait bien avoir raison. Il laissa son esprit vagabonder dans l'univers de son roman et fut surpris de voir à quelle vitesse celui-ci s'agrandissait. Son développement était exponentiel et il réalisa qu'il n'avait jamais songé que cette idée, toute simple au départ, pouvait avoir un potentiel aussi colossal. Et pourquoi pas ? S'il acceptait ce bouleversement, il allait devoir changer toute son organisation, mais ça n'était pas le plus compliqué. Le piège résidait dans l'oubli. Celui du détail qui va rendre l'histoire bancale et lui faire perdre en crédibilité.

Il devait inventer un monde que le lecteur pourrait imaginer facilement et surtout croire qu'il pourrait éventuellement exister. Ou bien qu'il existera. Un univers qui ne vivrait que le temps de lire le roman sans s'appuyer, pour la toute première fois de sa carrière, sur l'histoire du Japon qui, elle, existe déjà, et où l'on plonge dedans la tête la première pour s'évader du quotidien. Était-il capable de faire ça ? Avait-il assez de talent et de clairvoyance pour le créer ? C'est ce qu'il était en train de lire dans les deux perles cobalt qui le scrutaient avec une telle intensité qu'elles semblaient vouloir percer jusqu'à ses pensées les plus inavouables. Aomine avait-il donc tant confiance en lui ? Croyait-il si fort en sa capacité de mener à bien cette œuvre ? De toute évidence. C'était la première fois que quelqu'un l'emmenait si loin dans un développement. C'était tellement agréable, si stimulant. Il se sentit brusquement pousser des ailes, comme si son imagination grossissait et déferlait tel un tsunami dans son esprit.

— C'est d'accord, souffla-t-il sans quitter son interlocuteur des yeux.

— Pardon ?

— C'est d'accord. Montrez-moi vos notes et j'vais reprendre la trame.

— Vous êtes sûr ? C'est un boulot monstre...

— Ce s'ra peut-être l'œuvre de ma vie. J'dois tout lui consacrer pour ne rien regretter. Après, j'me reposerai...

— Très bien, capitula Aomine après quelques secondes pour permettre à l'auteur de se rétracter s'il changeait brusquement d'avis. J'vais travailler qu'avec vous ou presque. Il faudra qu'on s'voie beaucoup plus fréquemment pour qu'je puisse rectifier l'tir immédiatement si vous loupez la cible. Les détails sont souvent c'qu'un écrivain oublie facilement, car pour lui, ils sont évidents.

Kagami eut un petit rire, mais il avait bien compris. Et c'était tellement vrai. Il songea que jamais Mibuchi ne se serait engagé de la sorte et une fois encore, il remercia le destin, sa bonne étoile, la providence, la chance, ou le hasard au choix, d'avoir mis Aomine sur sa route. Pourquoi tous les correcteurs ne s'investissaient-ils pas de cette manière ? C'était si encourageant et gratifiant pour l'auteur.

— C'est parfait. J'vais travailler chez moi. L'endroit est calme pour écrire. On pourra discuter en visio ou bien vous pouvez passez à la maison quand vous voulez, jour et nuit si vous avez des idées à me soumettre. Je sens qu'avec votre aide, je vais l'écrire cette histoire.

— Vous m'en voyez ravi, confirma Aomine qui n'en revenait pas d'avoir réussi à le persuader si rapidement.

Ou alors, n'avait-il fait que mettre en lumière ce que Kagami pressentait déjà sans en être réellement convaincu. C'était un gars intelligent, peut-être fallait-il juste lui ouvrir les yeux et le pousser un peu pour qu'il prenne conscience de toutes les possibilités contenues dans son idée. Après tout, si les écrivains en étaient capables, ils n'auraient pas besoin de correcteurs. Et ces deux-là ne se seraient peut-être jamais rencontrés.

— Envoyez-moi vos notes par mail et j'vais commencer dès qu'je rentre, s'exclama Kagami excité comme une puce.

— Ho là ! Pas si vite, le tempéra Aomine avec un petit rire voyant bien qu'il avait mis le feu aux poudres.

D'ordinaire c'était lui qui s'emballait comme un cheval au galop et il ne s'attendait pas à trouver plus enthousiaste que lui. C'était une excellente chose, mais il ne fallait pas mettre la charrue avant les bœufs.

— J'vous propose d'aller à la cafétéria d'la maison et de prendre un verre, ou un thé ou c'que vous voulez. J'comprends bien votre exaltation, mais faut garder la tête froide. Qu'en dites-vous ?

— J'en dis qu'vous avez raison une fois de plus, approuva Kagami en souriant. J'vous suis…

Après qu'ils se furent séparés en fixant un nouveau rendez-vous, Aomine songea qu'il fallait qu'il prévienne son patron. Il devait transférer les trois auteurs dont il s'occupait en plus de Kagami à d'autres correcteurs et superviseurs.

C'est maintenant qu'tu t'pointes? T'as vu l'heure qu'il est? T'abuses pas un peu, là? l'enguirlanda Harasawa assez mécontent vu qu'il était presque cinq heures.

Heure à laquelle les employés commençaient à rentrer chez eux après une longue journée de labeur.

— Je tiens Kagami.

Une phrase toute simple qui souffla comme un vent de renouveau pour Touou qui attendait depuis longtemps une œuvre pareille qui hisserait la maison d'édition au niveau des plus grandes enseignes de la profession. Et surtout qui calma tout net son patron.


Depuis que Kagami avait donné le numéro de téléphone de Takao à Himuro, les deux informaticiens travaillaient ensemble pour coincer Itsmine. Haizaki n'était pas un débutant, loin de là, mais les deux hackers qu'il avait à ses trousses non plus. Il arriva un moment où, pour plus d'efficacité, les deux hommes décidèrent de se rencontrer. HawkEye et Mirage allaient enfin savoir à quoi ressemblait l'autre. La prudence était primordiale dans cette activité, mais parfois, un contact IRL (3) pouvait devenir une nécessité impérieuse pour pouvoir poursuivre le boulot. Et c'est dans un cybercafé qu'ils s'étaient donné rendez-vous, chacun avec un signe distinctif. Himuro avait une bague en acier pendu à une chaine en argent autour du cou et Takao portait un t-shirt style sport avec le numéro dix et le nom d'une université floquée dessus, ainsi une barrette à cheveux qui retenait ses mèches sur la tête pour ne pas qu'elles lui tombent dans les yeux.

C'était presque l'heure et Himuro entra dans le café. Son regard acier balaya la salle et il repéra immédiatement son rendez-vous. Il ne s'attendait pas du tout à la personne qu'il voyait. Pour une obscure raison, il l'avait imaginé bien plus vieux, grisonnant avec une paire de lunettes sur le nez. Il avait devant lui un jeune homme d'approximativement son âge et sensiblement de la même corpulence. Un peu plus petit peut-être. Il sourit et s'approcha.

— Bonjour, maitre Midorima m'envoie, fit-il à voix basse en triturant son collier.

— L'affaire de Mori Tora suit son cours, qu'il se rassure, répondit Takao sur le même ton après avoir regardé le pendentif.

Les deux phrases avaient été prévues lors de leur premier contact par téléphone et ils échangèrent un rictus. Himuro s'assit en face de son interlocuteur et leva le bras pour appeler un serveur.

— Tu prends quelque chose ?

— Comme toi.

— T'as mangé ?

— Euh… non… C'est quelle heure ?

— Un peu plus de quatorze heures.

— Déjà ? s'étonna Takao.

— Deux hamburger et deux milkshakes… vanille ? demanda-t-il en se tournant vers son compagnon.

— Oui, vanille c'est bon.

— Je vous apporte ça, messieurs.

— Alors c'est toi HawkEye. J'étais certain que tu étais en taule…

— J'ai bien failli…

— Et t'es passé de l'autre côté de la barrière ? Tu traques tes anciens potes ?

L'attaque frontale était encore le meilleur moyen de savoir s'il allait s'entendre avec lui et Himuro ne se gêna pas.

— Wow ! T'es plutôt brutal… Mais c'est pas c'que tu crois…

— Tout en bas, tu dois plus être le bienvenu, poursuivit Himuro.

— Aucune importance…

— Ça t'manque pas de fouiner pour savoir c'qu'on t'cache ?

— Je fouille toujours, mais j'suis plus discret, vu qu'je suis en conditionnelle pour encore quelques mois. Et parfois, j'ai le droit de l'faire officiellement. C'est top !

— Combien d'entre nous t'as balancé ?

L'accusation était à peine voilée. Takao laissa brutalement retomber sa main à côté de son ordinateur et plongea dans les yeux de son vis-à-vis.

— J'ai balancé personne… Tu fais la différence entre hacker et cyberterroriste, non ?

— Un hacker peut devenir un cyberterroriste.

— Oui, mais un terroriste reste un terroriste. Et c'est contre eux que je lutte dans ma brigade. Itsmine est un terroriste. Et je veux le coincer. Et pour ton info, je ne traque que des terroristes ou considérés comme tel.

— Pourquoi Itsmine en particulier ?

— C'est lui qui m'a piégé et balancé, confia Takao. Il s'est fait passer pour moi. Il a copié mon empreinte et l'a utilisé à sa manière. Et comme j'étais pas totalement innocent en tant que hacker, j'ai écopé de deux ans de prison ferme et d'une amende plutôt lourde. Mais le juge m'a proposé de travailler avec les flics pour arrêter des types comme lui. Les vrais hackers n'ont rien à craindre. De moi en tout cas.

— Je vois… Je comprends mieux les bruits qui circulent en bas, répondit Himuro qui était en train de revoir son opinion.

— Quels bruits ?

— T'as toujours des potes et certains sont près à t'aider pour traquer Itsmine, comme moi…

— Et toi ? C'est quoi ta raison ?

— Tu sais c'qui est arrivé au copain de Mori, l'écrivain…

— Celui qui s'est fait tabasser ?

— Ouais… Parce qu'Itsmine a commis une toute petite erreur. Mon ami aimerait bien qu'on l'coince et j'peux rien lui refuser ou presque. Donc je t'aide…

— Ça c'est de l'amitié, dit donc, sourit Takao en terminant son hamburger.

— On est parfois amant, on a une relation assez particulière. Mais on n'est pas ensemble.

— Friends with benefits…

— C'est ça… On est trop ami pour être en couple, mais on s'entend super bien au pieu…

— L'essentiel c'est qu'chacun y trouve son compte.

— C'est pour ça que j'veux l'aider. Je serai toujours là pour lui. Ce qui est arrivé à… Furi, on va l'appeler comme ça, c'est juste… à vomir. Ça m'écœure…

— J'suis d'accord avec toi. Des types comme Itsmine doivent pas rôder sur le Web. Y a déjà assez d'malades et d'pervers…

— Pour ça, t'as raison. Bon… Maintenant qu'on a éclairci les choses, on peut s'mettre au travail si tu veux…

— OK ! C'que j'aimerais, c'est trouver sa véritable identité, mais j'rêve tout éveiller, commença Takao.

— Hey !

— Quoi ?

— Je m'appelle Himuro Tatsuya. Ravi de t'rencontrer, sourit l'informaticien en tendant le bras par-dessus les deux écrans de leurs ordinateurs.

— On repart à zéro, ça m'va. Takao Kazunari, enchanté, fit l'enquêteur en lui rendant son sourire et sa poignée de main.

— Tu sais qu'on devra oublier nos noms quand toute cette affaire sera finie ?

— Mouais… J'ai une mémoire sélective, ça devrait pas poser de problème…

— Tiens ? Toi aussi ?

Ils échangèrent un sourire entendu et se mirent au travail. Avant toute chose, retrouver la trace d'Itsmine, puis découvrir son identité, et pour terminer, le crucifier dans les règles de l'art. Au bout d'un peu plus d'une heure, Takao remarqua que son désormais complice ne semblait pas concentré sur ce qu'il devait faire et qu'il s'agitait beaucoup. Ils étaient pourtant installés dans un coin discret ou personne en passant près d'eux n'aurait pu voir ce qu'ils faisaient.

— Quelque chose ne va pas ? finit-il par demander.

— Hein ?... Oh non… C'est juste que d'ordinaire j'fais pas ça dans un lieu public… Ça m'stresse un peu…

— C'est la meilleure planque. Avec un IP utilisable par plusieurs personnes, que tu peux changer si tu veux, t'es introuvable.

— Oui mais, c'est… Je sais pas… J'ai l'impression que tout l'monde est au courant de c'que je suis en train de faire.

— Et alors ? Crois-moi, s'ils savaient, y s'raient jaloux. Beaucoup d'gens aimeraient voir c'que nous, on voit… L'envers du décor…

— L'iceberg, murmura Himuro.

— Exactement. La partie immergée de l'iceberg. Ils ne voient que le spectacle qui s'déroule sur la scène principale sans imaginer une seconde tout c'qui peut s'passer en coulisses. Tu seras plus à l'aise si on va chez moi ? C'est pas loin, l'invita Takao.

— J'veux pas te déranger…

— J'te l'aurais pas proposé. Amène-toi…

Ils rangèrent leurs affaires tranquillement, comme n'importe quel autre client du café. Une attitude crispée les aurait fait paraitre suspect n'est-ce pas ? Restez naturel, souriant ou presque, zen, no stress. Himuro avait quand même les mains moites et le regard fuyant. Une fois dans la rue, il respira à pleins poumons.

— T'étais au bord d'la crise de panique, là. Détends-toi, le rassura Takao.

— Ça va mieux. J'sais pas c'qui m'a pris…

— C'est une activité qu'en principe on mène en secret et en solitaire, c'est vrai. C'est une première pour toi dans un cybercafé ?

— Ouais… enfin non, au début j'avais pas d'ordinateur, j'avais pas les moyens. J'allais dans des cafés connectés pour découvrir tout ça.

— Et tu t'es offert un pc en toute illégalité quand t'as vu qu'tu pouvais l'faire, n'est-ce pas ?

— J'en suis pas fier, mais c'est ça. En plus, il a fallu que je l'cache à mes parents et j'me connectais au wifi de mon voisin qu'était pas sécurisé. J'suis resté planqué chez moi pendant des semaines à sursauter au moindre bruit, persuadé qu'les flics allaient m'arrêter.

— T'avais quel âge ?

— Treize ans.

— J'ai commencé j'en avais onze. Et j'faisais ça sur l'ordinateur d'ma mère. Elle a jamais rien vu.

— Comment t'as su c'qui fallait faire ?

— J'étais chez un copain d'classe un jour et j'ai entendu son grand frère parler du navigateur Tor pour aller voir des endroits d'Internet qui étaient cachés. Ça m'a intrigué. J'ai retenu le nom et j'ai essayé sur le pc de ma mère. Ça m'a paru simple et j'ai appris tout seul. Après, en allant sur des forums dédiés, j'ai découvert plein d'choses. Et toi ?

— Je cherchais des infos sur les navigateurs, lequel était le plus rapide et le moins gourmand en ressources et j'suis tombé par hasard sur Tor aussi. La curiosité fait le reste. À moi non plus ça m'a pas paru compliqué.

Tout en parlant, ils étaient arrivés au pied d'un immeuble de neuf étages, pas très récent, mais en assez bon état. L'ascenseur était à commande vocale, parfaitement silencieux et souple. Takao habitait au septième. Il ouvrit la porte et fit entrer son invité.

Himuro fut stupéfait, d'abord par l'ordre quasi militaire qui régnait dans l'appartement, et par les quatre ordinateurs installés sur une longue table. Trois tours avec écran et un portable. Il y avait aussi deux tablettes et un smartphone. Mais le plus remarquable était l'écran plat LCD incurvé de cent-vingt centimètres de long sur cinquante-deux de haut qui devait flirter sans honte avec les cent quatre-vingt-dix mille yens et des poussières. C'était le premier qu'Himuro voyait d'aussi près.

— Installe-toi sur cette table, j'vais te donner le code de la box.

— J'ai un câble pour une connexion en direct si t'a une double entrée. C'est plus rapide.

— Y en a quatre. Vas-y, branche-toi. Le wifi, c'est pour le téléphone et les tablettes.

— On dirait qu'on a la même façon de s'organiser, sourit Himuro qui se sentait bien plus à l'aise et il commençait à apprécier son compagnon. J'ai aussi quatre serveurs de cent-cinquante téras à l'étranger dont l'un est quasiment vide.

— Et les autres ? Y a quoi dedans ? plaisanta Takao sachant pertinemment que Tatsuya ne dirait rien. Pourtant…

— Entre autres, ce qui vous a, en partie, permis de coincer Rakuzan, mais je vais l'effacer maintenant que ça ne sert plus à rien. Et d'autres choses…

— Garde tes secrets. N'oublie pas que j'travaille pour la police.

— J'l'oublie pas…

Ils pianotèrent un moment en silence et de temps à autre, Himuro regardait ce grand salon qui ressemblait à une salle de la NASA en miniature. Loin d'être désordonné, tout semblait être à sa place et le ménage était parfaitement fait. Il songea qu'il devrait peut-être prendre exemple sur HawkEye quand il pensait à la joyeuse pagaille qui régnait chez lui.

— Ah ! Je te tiens ! s'exclama le hacker non officiel.

— T'as quoi ? Fais voir ! sursauta son compère en faisant rouler sa chaise jusqu'à lui.

— Regarde ! Itsmine est toujours au Japon. Voilà son empreinte ! s'écria Himuro pendant que ses doigts couraient sur le clavier à une vitesse folle.

— Bien joué ! Transfère-moi les données ! On va le pister.

— Courtiers en bourse… Attends… Et merde ! J'l'ai perdu ! C'était trop beau.

— C'est bon, j'ai tout ! On va l'retrouver. Pense qu'il est comme nous, Himuro. Y sait comment s'protéger.

— À peine installé et c'est déjà la guerre, soupira Tatsuya, déçu.

— Et t'as encore rien vu…

— J'espère juste qu'il m'a pas repéré.

— T'inquiète, contact trop bref. Tu rentres chez toi ou pas ? Parce que si tu restes j'commande des pizzas.

— Euh… une royale pour moi, j'veux bien.

— Demain tu bosses ?

— Mouais… J'ai des jours de congés à prendre. Je vais les poser et je reviendrai chez toi, si ça te dérange pas.

— T'es le bienvenu, mais bousille pas tes vacances pour ça.

— J'allais pas faire grand-chose de toute façon… Ça, ce sera plus sympa, déclara-t-il en faisant un clin d'œil à son hôte.

— Comme tu veux… Allez ! Pizzas !


Kuroko avait le flair d'un éléphant, l'animal qui possède l'odorat le plus développé de toute la faune. Dans son bureau du cabinet d'expertise comptable Teiko Excompt dans lequel il travaillait, il avait pris l'habitude de faire des pages-écrans du compte de certains clients qu'il soupçonnait de ne pas être très honnêtes sous couvert de diriger une entreprise parfaitement respectable. Et il se trompait rarement. Il compara les deux images d'une même société à quelques jours d'intervalle et vit immédiatement la différence dans les écritures.

— Patron, je crois que j'ai trouvé quelque chose, dit-il à son interlocuteur à l'autre bout du fil.

Tu en es sûr? demanda Shirogane (5)

— Je vous transmets les documents, mais il y a peu de doutes, expliqua le jeune comptable en envoyant le mail avec les pièces jointes.

Je les ai. Effectivement, ça semble assez étrange comme mouvements, confirma le directeur. Même pour des courtiers en bourse qui brassent beaucoup d'argent, c'est plutôt suspect.

— On dirait que ça dure depuis plusieurs semaines et les sommes sont un peu plus importantes qu'au début.

Quand ils ont vu que ça fonctionnait, ils ont été plus gourmands. Rassemble tous les documents que tu peux et mets-les de côté. S'ils ont un contrôle, le fisc risque de nous les demander.

— Je vous fais ça.

La mission d'un comptable s'était bien sûr de gérer l'argent de l'entreprise dans laquelle il travaille, mais également de conseiller son patron pour lui faire payer le moins d'impôts possible sur le bénéfice en lui suggérant de réinvestir celui-ci soit en améliorant les locaux par exemple, soit en achetant du matériel plus moderne, en analysant les postes et optimiser les moins rentables, entre autres. Mais il doit aussi le mettre en garde si celui-ci décide de faire certains placements, disons, risqués. La bourse, les cryptomonnaies, les énergies renouvelables pas encore très au point et qui vous certifie un retour sur investissement mirobolant. Mais il ne peut rien accomplir si personne ne l'écoute. Certains vont même jusqu'à se servir dans l'intéressement des salariés pour tenter de réaliser "une affaire". Et quand les choses tournaient mal, Teiko se refusait à poursuivre avec l'entreprise. On vous avait prévenu, maintenant nous ne pouvons plus rien faire pour vous. Vous risquez un contrôle fiscal et nous serons dans l'obligation de fournir les documents en notre possession vous concernant. Vous avez joué, vous avez perdu. Quelque chose dans le genre. La seule chance de s'en sortir pour la société était de dire qu'elle avait été victime d'un piratage informatique, mais encore fallait-il qu'elle le prouve. Ce qui était loin d'être facile. Et plus Kuroko cherchait, plus il était convaincu que c'était le cas pour cette entreprise de courtage en bourse. En matière d'investissement, ils étaient plutôt bien informés et perdre ainsi de l'argent, ça n'était pas normal. Surtout qu'il était impossible de tracer les sommes qui avaient disparu. Il n'était pas un spécialiste, mais il n'était pas non plus un débutant et encore moins un idiot.

— Bonjour Kagami.

Salut! Comment ça va?

— Ça va. Dis-moi, j'ai un service à te demander.

Je t'écoute.

— Je crois qu'un de nos clients se fait pirater. C'est une société de courtage.

Mouais… Et alors?

— Tu peux demander à Himuro s'il peut se renseigner ? Ils risquent un contrôle fiscal et s'ils ne sont pas responsables, ce sera quand même à eux de prouver leur innocence.

Ça ne sera pas recevable, tu le sais.

— Oui, mais ça peut orienter l'enquête. Tu l'as fait avec Midorima.

C'est vrai, mais dans mon cas, il y a eu dépôt de plainte contre quelqu'un. Là si le pirate n'est pas identifié, c'est contre X et ils ne seront pas certains de retrouver leur argent qui doit déjà être dans un paradis fiscal invisible et intouchable.

— Je sais, mais ça me prouverait à moi qu'ils sont toujours honnêtes et que je peux continuer à travailler avec eux. Tu sais à quel point ça me tient à cœur. Ça n'a strictement rien d'officiel.

Je sais… Le nom c'est…

— Shinkyo PMS Traders (6)

Je lui en parle et je lui donne ton numéro comme ça tu verras directement avec lui.

— D'accord. Merci beaucoup.

Pas de souci. Bonne soirée.

Kuroko raccrocha et regarda l'heure. Il était peut-être temps de rentrer. Il rangea son bureau, éteignit son ordinateur et envoya un SMS à Ogiwara. Dans moins d'une heure, il sera dans ses bras.


Aomine venait de terminer la lecture d'une scène érotique et le moins qu'il pouvait dire c'était qu'il avait chaud. Très chaud. Était-il possible de faire l'amour en apesanteur sans se cogner contre toutes les parois de l'habitacle du petit vaisseau ? D'accord, les deux personnages dérivaient doucement, mais quand même… Il s'était laissé emporter dans le récit comme… un lecteur lambda sans même s'en rendre compte. Les nombreux détails étaient magnifiques. D'une sensualité à fleur de peau sans vulgarité aucune. Tout se déroulait dans sa tête comme un film sur grand écran. Voilà la capacité de Kagami, son talent. Il créait des films dans l'esprit de ses lecteurs. C'était magique. Et terriblement excitant. Ses livres devraient être prescrits pour faire remonter le taux de natalité du Japon.

Il ressentit un inconfort. Son sous-vêtement serait-il devenu trop étroit ? Il passa ses mains sur son visage et sourit. Il n'était plus un ado avec un taux d'hormones à crever le plafond ! Allons ! En même temps, ça faisait un moment qu'il était seul. Une image complètement incongrue ? Inattendue ? Surprenante ? Non, carrément indécente s'imposa à son esprit. Il se voyait en apesanteur avec Kagami. Il ferma les yeux et se remémora la scène qu'il venait de lire. Leurs deux corps s'enroulaient l'un autour de l'autre tels les serpents d'un caducée, leurs mains se raccrochaient à tout ce qu'elles trouvaient, un bras, une hanche ou une épaule, leurs peaux s'échauffaient au moindre frottement, un souffle tiède s'échappait de leurs bouches entrouvertes à la recherche d'air pour mieux laisser jaillir un gémissement lascif de pure concupiscence. Le désir se faisait de plus en plus incontrôlable, impérieux, changeant lentement la douceur en animalité, exacerbant leur ardeur à se fondre l'un en l'autre pour finalement…

— Eh merde ! soupira-t-il bruyamment en regardant sa main poisseuse du plaisir qu'il venait d'éprouver.

Il savait que sa ressemblance avec Haruka le troublait toujours, mais là c'était au-delà de tout ce à quoi il avait pu penser jusqu'à présent. Ce type lui plaisait-il à ce point ? C'est vrai qu'il était très séduisant. Il avait de la prestance et du charisme, il savait charmer lorsque c'était nécessaire, mais il n'en abusait pas. Il avait une belle voix grave, légèrement rauque par moment, en particulier lorsqu'il était fatigué. Il s'en était aperçu lors de leurs échanges en visio. Mais là, il venait de fantasmer sur son compte. Sa lecture l'avait forcément beaucoup aiguillonné, mais tout de même. Regarder vers l'avenir… Si ce roman voyait le jour, et il fera tout pour ça, il y avait de grandes chances pour qu'il passe plusieurs années en compagnie de cet homme…


Kagami venait de terminer un passage assez casse-gueule d'un combat dans l'espace entre deux vaisseaux. Il n'était pas mécontent du résultat, mais il savait qu'il pouvait faire mieux. Sauf que là, tout de suite, il ignorait comment. Sa tête était vide et son inspiration en mode sieste pour recharger les accus. Et c'est là qu'Aomine se révélait être providentiel. Il avait une facilité déconcertante à cerner l'essentiel d'un tableau, à l'isoler, à mettre en place un grand nombre de détails tout autour pour le réintégrer dans son contexte. Une perle dans son écrin. Il n'avait jamais songé à travailler de la sorte et il devait avouer que c'était rudement efficace.

Tout comme la scène érotique en apesanteur. L'important était le couple qui faisait l'amour, mais il devait y avoir beaucoup de précision pour que le lecteur "flotte" avec les deux hommes qui s'ébattaient dans ce petit vaisseau. Et chose inattendue, il l'avait écrite en ayant parfois à l'esprit, lors de courts instants fugaces et incontrôlés, le visage d'Aomine qui se superposait à celui de son personnage. Fallait-il comprendre que son imagination voulait lui dire que son correcteur lui plaisait ? Ça, il s'en doutait depuis un bon moment. Peut-être même depuis leur première rencontre quand il avait plongé tête première dans cobalt et lumineux de ses yeux. Et à bien y regarder, ses cheveux d'un noir d'ébène avaient également de nombreux reflets bleutés. Aomine était tout à fait son genre d'homme. Grand, athlétique, particulièrement séduisant et même sexy. Il aimait l'entendre parler lorsqu'ils discutaient du roman, il l'aurait écouté indéfiniment tant il était enthousiaste. Ses mains bougeaient avec souplesse pour accompagner ses paroles comme deux grands papillons gracieux et légers. Oui ce type lui plaisait vraiment beaucoup.

Et il n'était pas un moine, sauf qu'ici en l'occurrence, fantasmer sur celui qui devait l'aider à écrire son livre plutôt bien fourni en scènes érotiques pourrait bien s'avérer cocasse. Cela n'allait-il pas créer des quiproquos dans leur relation de travail ? D'un côté, la petite voix de la prudence, celle qui lui disait de ne rien faire qui risquerait de mettre en péril l'écriture de son roman et de l'autre, celle qui disait "Fonce, on ne vit qu'une fois et advienne que pourra !" La prudence ou le risque ? Était-il à ce point attiré pour oublier que ce n'était peut-être pas réciproque ? Après tout, Aomine était probablement un homme à femmes, séduisant comme il était. Elles devaient même tomber comme des mouches à ses pieds. Il ne devait avoir que l'embarras du choix. Il le voyait bien avec une partenaire différente tous les soirs. Et cette idée lui déplut. Beaucoup. Vraiment beaucoup. Il grimaça sous la piqure de l'aiguillon de la jalousie. Non. Il n'était pas amoureux quand même. Au point déjà de ne plus vouloir le partager ? Non, c'était juste son correcteur qui travaillait exclusivement avec lui, qui avait confié tous ses autres auteurs, sauf un à des collègues, pour ne se consacrer qu'à lui. Non, à son roman. Vraiment ? Celui à qui il avait dit de lui téléphoner ou même de passer chez lui jour et nuit si c'était nécessaire ? Ou urgent ? Impératif ?

Cet homme-là ?

À suivre…


(1) Space Opera = ouvrage de science-fiction (roman, film, bande dessinée, mangas…) qui évoque les voyages dans l'espace, les aventures et les combats entre héros et empires galactiques.

(2) Tsar Bomba = bombe H. D'une énergie d'environ 57 mégatonnes, elle est à ce jour la bombe la plus énergétique à avoir explosé. Google est votre ami si vous voulez en savoir plus. Il est évident qu'Aomine exagère. ^^

(3) IRL = In Real Life c'est-à-dire véritablement en présence physique l'un de l'autre à l'inverse de IVL = In Virtual Life qui signifie au travers d'un écran caché derrière un pseudo et un avatar ou pas, parce qu'on peut très bien se montrer tel qu'on est via la webcam. Mais ça reste du virtuel.

(4) TOR : navigateur qui permet d'accéder au Darkweb pour ce que j'en sais.

(5) Shirogane Kozo Entraineur de la KnS de Teiko en 1ère et 2ème année. Il est remplacé par Sanada Naoto lors de la 3ème année.

(6) Académie Shinkyo = équipe dont l'étudiant sénégalais Papa Mbaye Shiki est le plus grand contre lequel joue Seirin. PMS sont ses initiales.

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