Bonjour, bonsoir, bonne nuit! Me voici de retour avec une recueil pas prise de tête de textes plus ou moins longs qui consistera de tentatives d'humour, d'un peu de romance et de beaucoup de n'importe quoi! Les mises à jours ne seront pas régulière, c'est plutôt des textes pour m'amuser quand j'en ai envie.
Bonne lecture!

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« Au pain d'or » Albert Pichon regarda avec une certaine fierté l'enseigne toute neuve de sa nouvelle boulangerie. Une belle façade toute en pierre blanche et en bois bleue qu'il avait fait refaire pour l'occasion de l'ouverture de son établissement dans cette ville, parfait pour commencer sa nouvelle vie. Le bientôt sexagénaire bedonnant au crâne dégarni avait claquer toute ses économies pour ce nouveau départ. Il avait été un peu hésitant en arrivant, les habitants l'avaient longuement observé sans rien lui dire et avaient même semblé méfiants quand ils s'étaient rendu compte qu'il ne parlait qu'un grec très approximatif. Mais finalement le soleil de Rodorio et la mer l'avaient convaincu de s'installer dans l'endroit, il finirait bien amadouer les locaux avec son pain.
Pourquoi s'était-il posé dans ce petit village perdu de Grèce ? Le boulanger avait voulu finir sa carrière dans un endroit chaud et tranquille, loin du ciel gris et des touristes de Paris. Il avait donc simplement pris une carte et posé une punaise au hasard dessus. Albert avait ensuite fait quelques recherches sur les villes des environs et s'était rendu compte qu'il n'y avait pas grand-chose à part le lieu où il s'était finalement installé. Son choix s'était fait dès que la nouvelle que Rodorio ne possédait pas de boulangerie était tombée, donc pas de concurrence et une clientèle assurée. A part une épicerie et un marché, il n'y avait d'ailleurs pas grand-chose. Le français avait presque eu l'impression de revenir dans le temps en emménageant, comme si la commune avait oublié d'avancer dans la technologie en même temps que le reste du pays. Mais Albert n'était pas un de ces petits jeunes accros à leur téléphone et serait bien capable de se débrouiller en attendant de se faire installer l'électricité. Son four à bois ferait bien l'affaire pour l'instant, après quelques tentatives brulées, sa cuisson de pain et de viennoiseries était maintenant presque parfaite. Ne manquait plus que sa grande ouverture, les premiers clients et il serait lancé sur sa voie qui se finirait d'ici quelques années par une retraite bien tranquille à la plage. Il pourrait peut-être même transmettre son amour du bon pain à un jeune du coin qui reprendrait la boutique après lui. Vraiment, le français avait confiance en ses projets !

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Deuxième jour d'ouverture du pain d'or. La première journée avait hélas été mitigée pour Albert, pas qu'elle ait été mauvaise, mais pas le succès retentissant qu'il aurait espéré pour ses baguettes, pains de campagne et croissants. Plusieurs personnes avaient tout de même franchi le seuil de sa porte et la plupart avait acheté la marchandise, quelques-uns avaient bien tenté de lui poser des questions sur lui et les raisons de sa venue mais il n'avait pas vraiment été capable de leur répondre. Son mélange aléatoire de français, grec et anglais avait un peu de mal avec les habitants qui n'étaient pas bien plus bilingue que lui. Le boulanger avait pourtant pris quelques cours de grec par correspondance avant de partir et avait même fait l'acquisition d'un dictionnaire franco-grec. Des efforts hélas insuffisants, il lui faudrait apprendre les ficelles de la langue sur le tas. La motivation n'avait cependant pas disparu pour autant.

Monsieur Pichon coupa joyeusement de petits morceaux dans une tradition tout juste sortie du four et les disposa dans une coupelle qu'il plaça près de la caisse. Il prit ensuite un morceau de papier et y inscrivit de sa plus belle écriture « servez-vous » en grec, espérant n'avoir fait aucune faute. Les dégustations gratuites, en voila un moyen de fidéliser la clientèle qui avait fait ses preuves ! Avec ça il finirait bien par amadouer les gens du coin par leur estomac !
Le joyeux tintement de la clochette de la porte l'avertit de l'arriver d'un nouveau client dans l'établissement. Et quel client était-ce ! Albert ouvrit de grands yeux ronds devant ce grand gars aux longs cheveux bleus-verts et avec des guêtres en fourrure alors qu'il devait faire 28°c dehors. En voilà un drôle de style, même pour ce qu'il avait vu de ce village ! Et le client n'était pas seul, entrée après lui, une autre asperge avec une tignasse plutôt violette qui lui descendait dans le dos et avec une veste en cuir. Est-ce que ces deux-là avaient peur d'attraper froid alors qu'il faisait grand soleil ? Peut-être qu'ils étaient simplement des touristes excentriques, un drôle de duo formé d'un créateur de mode et d'un biker ? Le premier arrivé jeta regard circonspect à ses produits tandis que le second le salua, le faisant sortir de son observation.

« -Bonjour, répondit alors Albert, embarrassé d'avoir était pris en flagrant délit de dévisagement. Qu'est-ce que je peux vous servir de bon ? »

Le rocker tourna la tête vers le porteur de fourrure comme pour lui demander son avis, ou bien pour savoir s'il avait compris ce que venait de dire le vendeur, l'un des deux. Toujours en était-il que l'autre n'avait pas fini son inspection et que s'il avait eu une loupe pour inspecter ses miches de pain, il s'en serait servi.

« - Je regarde, annonça-t-il de manière glacée dans un français impeccable. »

Super… Si le boulanger avait déménagé à plusieurs milliers de kilomètres de la France, ce n'était pas pour tomber si un compatriote désagréable qui se prenait pour un professionnel de la baguette. Ceux-là, il en avait assez vu pour toute une vie. Celui au style de punk lui offrit un sourire désolé en guise d'excuse, puis il se servit un échantillon de pain gratuit qu'il mangea d'une traite.

« -C'est plutôt bon votre machin ! Déclara-t-il dans un français plus hésitant mais tout de même claire. Par contre vous ferez attention, il y a une faute à votre pancarte, vous avez oubliez de conjuguer ''servir'' »

Devant l'air dépité d'Albert, le biker lui proposa de corriger la faute et lui offrit même une micro-leçon sur les conjugaisons. Pour le remercier, le vendeur saisit un sachet qu'il remplit avec deux beaux croissants, il tendit ensuite le pochon à celui à la veste en cuir.

« -Pour vous remercier. »

L'autre français n'avait pas l'air décidé à lui acheter quoi que ce soit donc peut-être que gouter un de ses produits lui ferait changer d'avis. Cependant, comme pour le contredire, celui-ci ouvrit la bouche pour commander.

« Nous vous prendrons aussi une baguette s'il vous plaît. »

Bon, peut-être avait-il mal juger le jeune homme, il avait l'air aimable comme une porte de prison mais au moins il était poli. Et en plus il lui achetait quelque chose ce qui rendit immédiatement son esprit marketing à Albert.

« -Il vous faudra autre chose avec ça ?

-Non ça sera tout. »

Toujours aussi froid, il faudrait l'apprivoiser celui-là s'il voulait s'en faire un client régulier.

« Dans ce cas, ça vous fera un euro tout rond ! »

Ce pauvre monsieur Pichon n'était pas encore trop sûr du prix de la vie dans le coin, il tentait donc des prix un peu au hasard pour l'instant et verrait après quelques semaines pour les réguler. L'acheteur lui tendit donc une pièce qu'il rangea dans sa caisse sans trop la vérifier, confiant dans l'honnêteté des locaux.

« -J'espère que ça vous plaira, déclara Albert, n'hésitez pas à revenir si c'est le cas, je compte rester ici un bon moment !

-Je suis sûr que ça sera très bon, confirma le rocker, pas vrai Camus ? »

Avec un nom pareil il devait bien être français. Le boulanger ne se permit pas une blague sur l'auteur du même nom, peut-être quand l'autre se serait réchauffer à lui remarque…

« -Nous verrons, répondit simplement Camus. »

L'homme à la veste en cuir saisit ensuite la main de son comparse et se mit à l'entrainer à sa suite hors de la boutique, laissant à peine le temps à l'autre de récupérer son pain. Les deux énergumènes partir finalement de sa boutique en le saluant à la volée.
Il fallut quelques instants à Albert pour se remettre de cette étrange rencontre avant qu'il ne sourît simplement en secouant la tête. Lui aussi avait été jeune et avait des choix vestimentaires douteux, une collection de sacs bananes oubliées dans un carton du grenier de ses parents le prouvaient bien. Puis au fond ces deux-là formaient un duo étrangement bien assorti qu'il serait ravi d'avoir parmi ses habitués si l'autre français se montrait un peu plus conversationnel.

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Le lendemain à 7h30 tapantes pour l'ouverture de sa boutique, il vit Camus franchir en premier le seuil de sa boulangerie pour acheter des viennoiseries. Apparemment le pain et les croissants avaient plu, soit à lui, soit à l'autre.

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Voilà ce premier chapitre de très grande qualité est fini, j'espère qu'il vous aura plu!