Bonjour, bonsoir, voici le retour des aventures d'Albert Pichon avec un délais un peu plus long que je ne l'aurais voulu
Merci beaucoup à InuTheGlouton, ViMiKI, ShainaCobra et Adaline's Blue pour leurs reviews, c'est toujours un plaisir de les lire !
Bonne lecture !
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Monsieur Pichon avait réussi à se rendre dans une ville voisine en négociant avec quelqu'un de Rodorio, qui y allait pour voir un proche, de l'y emmener avec lui. Le trajet avait été fait en charrette mais le boulanger ne s'en était même pas étonné. Le village qu'il avait choisi n'aimait pas la technologie, très bien, il irait recharger son téléphone et se connecter à internet là où il le pourrait. Albert se lança dans sa quête avec bon espoir.
…
« -Serait-il possible de venir installer une box internet chez moi ? Je suis de Rodorio, vous voyez, je viens d'emménager. D'ailleurs y aurait-il aussi la possibilité d'y faire mettre l'électricité en même temps ? Vous devez bien avoir des contacts dans le métier. »
Troisième magasin qui entendait les demandes d'Albert et troisième refus désolé qu'il essuyait de leur part. Apparemment le consensus qui voulait que Rodorio reste au stade antique était connu des alentours. Il semblait pouvoir dire adieu à son four électrique, à ses emails et à ses séries télévisées pour encore un temps… Au moins il avait pu recharger son téléphone et accéder au wifi dans un café. Lui qui à l'époque se serait bien permis de railler les jeunes ''acros à leur technologie'', il avait l'air malin maintenant. C'est lui qui pleurerait de joie quand il retrouverait une ville assez grande pour avoir un cybercafé et un cinéma.
Après avoir flâné quelques temps encore et fait le deuil de son électronique, monsieur Pichon se dit qu'il était temps pour lui de rentrer. Il n'avait qu'à retrouver la personne qui l'avait emmené ce matin pour qu'ils fassent le retour ensemble. Simple comme bonjour ! Penaud, Albert marcha jusqu'à l'endroit où son chauffeur d'un jour l'avait déposé plus tôt puis il réalisa. Il n'avait aucun moyen de le contacter, ne savait absolument pas où il se trouvait voir même s'il n'avait pas déjà quitté la ville.
« -Mais qu'est-ce que tu peux être idiot Albert, marmonna-t-il pour lui-même. »
Il fut bon à refaire un tour des rues pour tenter en vain de retrouver l'autre.
…
Pas de train, de bus, de covoiturage, de location de vélo, rien ne pouvait le ramener au bercail. Monsieur Pichon en fut réduit à une solution alternative : lever le pouce en l'air sur le bord de la route en plein cagnard en espérant que quelqu'un le prendra en stop pour l'emmener vaguement vers sa destination. Et autant dire que les voitures qui allaient à Rodorio, ça ne courait pas vraiment les rues. Le boulanger avançait désespérément le long de la route, essuyant quelques refus des rares automobilistes qui passaient. Le baromètre avait dépassé les trente degrés et lui n'avait évidemment pas pensé à prendre de casquette pour se protéger du soleil. Au moins avait-il eu la présence d'esprit d'emmener une gourde d'eau avec lui, sinon il n'aurait pas donné cher de sa peau. Pour son prochain voyage, il investirait dans un vélo, il se ne faisait absolument pas confiance pour conduire une voiture, sa seule tentative s'était soldée par une rencontre avec un arbre en marche arrière.
Une bonne demi-heure plus tard, ce pauvre monsieur Pichon s'était résolu à avancer le long de la route en tentant toujours de faire du stop, les voitures se faisaient rares. Il avait vu un vautour au loin et ne comptait pas lui servir de diner. Le boulanger entendit une voiture au loin et se retourna pour vaguement tenter de l'alpaguer. En la voyant, il crut halluciner. Une limousine blanche faisait tranquillement son petit bonhomme de chemin vers lui. Quel hurluberlu était venu se perdre dans le fin fond de la campagne grecque avec un bolide pareil ?
« -Qui ne tente rien n'a rien après tout… »
Avec son plus grand sourire et un regain d'énergie, il étendit du mieux qu'il put son bras et surtout son pouce pour montrer sa recherche de taxi gratuit. Avec un peu de chance il s'agirait d'un grand philanthrope qui le prendrait en pitié et le ramènerait en bas de chez lui pour se faire un karma positif. Il se voyait déjà confortablement installé dans un fauteuil en cuir en train de discuter avec le roi d'Angleterre ou de Stéphanie de Monaco. La voiture s'approcha rapidement et lui passa devant sans s'arrêter.
« -Pff, ça ne devait même pas être quelqu'un de si célèbre que ça de toute façon… »
Il l'observa s'éloigner en grimaçant, puis il constata qu'elle ralentissait jusqu'à s'arrêter totalement. Évidemment que le propriétaire lui donnait tort maintenant tiens ! Monsieur Pichon se pressa tout de même en direction du véhicule avant d'hésiter un instant. Devant-il s'adresser au conducteur ou aux potentielles personnes installées à l'arrière ? Décidant qu'il ne voulait pas avoir affaire à une célébrité pas forcément aimable, Albert préféra s'avancer vers le chauffeur. Il s'avança donc vers la fenêtre avant gauche qui se descendit pour laisser voir le visage d'un homme chauve et sans sourcils. Albert fut presque choqué par cette vue. Pauvre homme, à quel point sa calvitie avait dû être sévère pour aussi toucher ses sourcils ?
« -Bonjour monsieur, se reprit-il finalement, je vais vers Rodorio, vous n'iriez pas dans cette direction à tout hasard ? »
Faudrait-il déjà que l'homme connaisse ce minuscule village, ce qui relèverait du miracle.
« -C'est là où nous nous rendons, vous êtes le nouveau boulanger c'est ça ? Vous pouvez monter. »
Passé le choc de savoir qu'une limousine se rendait pile dans son nouveau patelin, le boulanger ne se fit pas prier pour faire le tour par l'avant, par l'arrière aurait été contre-productif, et il s'installa sur le siège passager à droite du conducteur. La voiture se mit directement en route, l'autre appuyant un peu trop vite sur l'accélérateur à son goût. Constatant le costard que portait l'autre ajouté à son visage peu sympathique, monsieur Pichon se posa enfin ma question de sur qui il était tombé.
« -Je ne crois pas avoir eu le plaisir de vous avoir déjà vu dans ma boulangerie, tenta-t-il poliment.
-Je ne suis pas venu de moi-même, mais vous avez déjà fait la connaissance de certains de mes-… collègues. »
Ce pauvre Albert n'aima pas du tout la pause avant la prononciation du mot. Peut-être que ce type avait eu du mal à trouver ses mots, il avait l'air d'avoir une maîtrise du grec presque aussi hasardeuse que la sienne, mais en tout cas cela ne lui était pas venu naturellement.
« -Vous travaillez où exactement ? Interrogea-t-il en connaissant d'avance la réponse.
-Au sanctuaire d'Athéna.
-Au oui je vois. »
Encore un des fous, sauf que contrairement aux drôles d'oiseaux avec des cheveux colorés qui venaient lui acheter ou voler son pain, celui-là avait un visage bien moins avenant. Lui, Albert voulait bien croire qu'il faisait partie d'une organisation illicite, il en avait bien l'air. Et qu'on l'accuse de juger trop vite mais l'homme lui avait bien avoué qu'il appartenait bien à cette bande d'énergumènes. Décidant tout de même de faire bonne figure, ce pauvre monsieur Pichon décida tout de même de chercher à le connaître un peu.
« -Et donc vous êtes un chevalier vous aussi ?
-En fait, c'est plus compliqué que ça… »
…
Une heure de trajet, soixante longues minutes où le boulanger avait dû écouter les élucubrations de ce type, Tatsumi avait-il finalement appris. Des histoires grandiloquentes de quatre adolescents, ou cinq en fonction la météo, qui avait du sauver le monde une bonne dizaine de fois grâce à leur cosmos magique en affrontant les terribles dieux et leurs guerriers. Albert applaudissait, leur délire était bien plus travaillé dans son histoire qu'il ne l'aurait cru. Ses clients favoris Camus et Milo aurait même été des antagonistes de cette histoire. D'accord son compatriote n'avait pas les meilleurs capacités conversationnelles, ni de grande sympathie en général, mais tout de même ! Et ce Tatsumi dans tout ça ? Il était kendoka et l'homme à tout faire de la déesse. Peut-être bien qu'il grossissait le trait pour Camus et Milo parce qu'il était même pas chevalier, tiens !
Sans s'en rendre compte, monsieur Pichon commençait doucement à croire à toute cette histoire qui l'éloignait bien de son quotidien de boulanger francilien. Les histoires de chevaliers, c'est celles qu'il lisait le plus quand il était jeune au fond.
« -Nous sommes arrivés. »
La remarque tira le boulanger de ses réflexions, il pût constater qu'ils étaient en effet sur la route devant l'entrée du village. Autant dire que la limousine n'irait pas plus loin à l'intérieur si elle voulait rester en état. Albert remercia chaudement son chauffeur, qui l'avait tout même pris très longtemps en stop et ne lui avait même pas demandé de participer pour l'essence, et après avoir quitté la voiture, il s'inclina tout de même devant l'un des portières arrière de la façon la plus exagérée possible. Il fallait qu'il témoigne de sa gratitude à Athéna voyons ! La boulangère qui lui avait tout appris lui aurait dit ''Ce genre de comportement, ça va se retourner contre toi un jour Albert.'' Mais quarante ans plus tard, il ne s'était jamais pris de retour de bâton pour ce genre de comportement puéril.
Le français reprit la route de chez lui, ravi de pouvoir se reposer après ce jour de congé mouvementé. Il salua quelques clients sur le chemin qu'il serait content de voir le lendemain, mais pour la fin de journée il voulait simplement être tranquille avec un thé glacé et une fournée de cookies qui l'attendait chez lui. Albert constata cependant qu'on l'attendait de pied ferme en bas de sa boutique : Un grand aux longs cheveux bleus avec un grand sourire qui lui fit pourtant froid dans le dos.
« -Monsieur Pichon, je vous attendais justement ! »
Ce pauvre monsieur Pichon n'entendait que son instinct qui lui criait de s'enfuir.
« Saga, qu'est-ce que je peux faire pour vous ? »
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En espérant que ce chapitre vous a plu ! Bonne fin de weekend à tout.e.s !
