Auteur : Kitsu34

Fandom : Saint Seiya (manga originel)

Couple : Milo x Camus

Disclaimers : L'univers de Saint Seiya appartient à M. Kurumada.

Page blanche – Chapitre 8

« Tiens, ton verre.

- Merci beaucoup, James.

- De rien. Alors, tu m'expliques, si tu sais. Que s'est-il passé au juste ?

- Je… Je ne sais pas… Je ne comprends rien de rien, je te jure ! »

James le considéra avec attention et sérieux, puis saisit son propre verre en poussant un long soupir.

« Je te crois, JJ. Mais tu avoueras que c'était surprenant comme… réaction.

- Oui… J'imagine.

- Tu imagines ?

- Tout m'a semblé si… facile. Je n'ai eu aucun mal à aligner ces gars. C'était évident et d'une simplicité enfantine… Et c'est bien ce qui me terrifie… »

Dans le regard profond de James, posé sur lui, JJ lut de la compréhension et la même crainte qu'il ressentait puissamment depuis l'agression. Il serra les bras sur lui et détourna la tête, inspectant le Blue et sa clientèle branchée et cosmopolite. Mais il ne ressentit aucun bienfait du bruit et de la légèreté ambiante. Il reporta son regard troublé sur ses mains, qui serraient le verre d'alcool. Ses mains. Les mêmes qui avaient frappé avec tant de précision et de puissance. Les mêmes qui venaient de révéler des capacités hors-normes, inexistantes chez un humain normal… Une autre main apparut dans son champ de vision et se posa sur l'une des siennes. La chaleur qu'elle dégageait lui fit un bien fou. Il releva la tête et croisa la regard concerné de James. Un regard d'une douceur et d'une bienveillance absolue. JJ expira lentement et un fragile sourire apparut sur ses lèvres. Un de ces sourires brisés et hésitant, qui oscille entre le rire et les larmes.

« Que suis-je, James ?

- Tu es toi et c'est tout ce qui compte.

- Oui, mais avant l'accident, qu'étais-je ?

- Une autre personne. Cela n'a aucune importance. Ce qui compte, c'est qui tu es maintenant. Et tu es un homme formidable, exceptionnel de par sa bonté et sa gentillesse. L'homme dont je suis tombé éperdument amoureux... »

JJ s'agita sur son siège, cherchant à retirer sa main. La chaleur qui émanait de celle de James devenait trop forte. Il lui semblait se brûler à son contact. Mais James refusa de lâcher prise. Au contraire. Il porta lentement la main de JJ à ses lèvres. Le jeune homme sursauta en sentant la brûlure fraîche de la bouche de James sur sa paume. Un gouffre s'ouvrit dans son ventre avec urgence. Soudain l'air autour d'eux sembla se charger d'électricité et JJ se noya dans le regard gris attentif posé sur lui. Ses hésitations et atermoiements semblèrent se dissoudre dans un lointain flou et sans importance.

James sentit ce qu'il se passait en lui car ses yeux s'étrécir et leur pupille se dilata. Il posa sur lui un regard affamé et exigeant, tandis que JJ sentait la moindre fibre de son corps réagir. Les injonctions muettes formulées uniquement par l'intensité de ces yeux gris posé sur lui sans concession le faisaient frémir. Et les réactions de son corps devenaient de plus en plus dévastatrices. Sa pression sanguine montait, faisant battre les veines sous la peau, rendant réactives et douloureuses certaines parties de son corps. Sa gorge s'asséchait à mesure que sa température interne montait et son coeur comme sa respiration s'emballaient. Il ne parvenait plus à détourner son regard des yeux de James, comme il ne parvenait plus à même tenter de lui retirer sa main. Une faiblesse incongrue et exquise se répandait en lui, le soumettant totalement à l'instinct charnel qui le dévastait progressivement.

James se leva soudain, repoussant brusquement sa chaise et le tirant fortement par la main pour le mettre de bout. Puis il contourna la table et vint le prendre par la taille, comme s'il avait compris que ses jambes se dérobaient sous lui.

« On va chez moi ? Ou tu préfères ailleurs ? »

Le coeur de JJ manqua quelques battements sous le sous-entendu de la question. Avant de se remettre à battre avec une violence insoupçonnée. Le souffle du jeune homme s'affola tandis que ses yeux s'agrandissaient et s'obscurcissaient en même temps. En bon médecin, au diagnostic prompt et sûr, qui déchiffrait le langage du corps aussi bien que les mots prononcés par la bouche, James prit sa décision et entraîna JJ, le tenant solidement par la taille.

« Oui, allons chez toi, James. Vite. »

La voix de JJ le secoua jusqu'au fondement de son être. Elle était devenue rauque et urgente, plus grave de plusieurs tons. C'était une voix nouvelle, chargée de désir assumé. Une voix de consentement et d'acceptation.

James se retourna vers JJ et le plaqua contre le mur du Blue avant de fondre sur sa bouche et de l'embrasser avidement. A l'instant où le jeune homme ouvrait la bouche et l'accueillait avec enthousiasme, James songea vaguement que cela ne se faisait pas, qu'ils étaient deux hommes, en pleine rue, qu'on pouvait les voir, peut-être le reconnaître… Puis tout s'envola et il ne fut plus que sensations étourdissantes et plénitude.

Il aimait JJ. JJ lui rendait son baiser. JJ l'aimait quelque part, ou l'aimerait dans un futur proche.

Plus rien d'autre ne comptait.

oOoOo

« Comment tu m'as capté ?

- Pas facilement, je te l'avoue. Mais j'étais sur mes gardes parce que je savais que Saga me ferait suivre.

- Ouais, je pige. C'était couru, connaissant l'engin.

- Moui, on va dire ça. La première fois que je t'ai ressenti, c'était avant-hier, lorsque je me suis rendu sur le site de la bataille.

- Ah, je m'en doutais. J'ai merdé aussi. J'ai dissimulé mon énergie un poil trop tard.

- C'est ça. Mais ne te fustiges pas trop : je n'ai plus pu te détecter après cela. Avant non plus d'ailleurs.

- J'étais sûr que tu irais sur place. C'était forcé.

- Bonjour messieurs, qu'est-ce que je vous sers ? »

Les deux chevaliers se turent et se tournèrent vers le serveur souriant qui venait de s'arrêter à leur table en tenant son plateau couvert de verres vides avec aisance, d'une main.

« Alors une bière pour moi. Et toi Camus ? Un lait chaud ? »

Le regard sombre rougeoya un instant avant de s'éteindre à nouveau, comme une braise mal éteinte qui se ravive sous le courant d'air qui l'effleure.

« Une Vodka pour moi, s'il vous plaît.

- Oh oh ! Je n'ai rien dit, on dirait !

- Bien monsieur. Avez-vous une marque de prédilection ?

- Avez-vous de la Grey Goose ? Ou une Chopin Rye ?

- Nous avons de la Chopin.

- Parfait. Une Chopin alors, merci. »

Le serveur s'éloigna et Deathmask émit un léger sifflement appréciateur et amusé. Le regard de Camus rougeoya à nouveau et un léger sourire effleura ses lèvres.

« Bon, maintenant que les alcools sont commandés, si tu me disais ce que tu allais foutre dans ce bouge ? »

Camus hésita. Devait-il parler de sa découverte et partager ses intentions avec Deathmask ? Celui-ci ne le surveillait-il pas pour le compte de Saga, persuadé qu'il se lançait dans une croisade inutile vu que tous étaient persuadés de la mort de Milo ? Sans répondre, il sonda longuement le regard bleu-nuit face à lui. Deathmask soutint vaillamment son inquisition, puis lui aussi sourit légèrement.

« Bon, je me lance le premier, sinon on dirait qu'on va y passer la nuit. Tu t'es rendu sur le site où Milo s'est battu et a disparu pour tenter de comprendre ce qu'il s'est passé il y a quatre ans et pour retrouver ton mec vu que tu crois dur comme fer qu'il est toujours en vie. Tu comptes mener l'enquête et le retrouver. J'ai bon ?

- Ce n'est pas un jeu.

- Je sais.

- Et toi ? Tu penses comme tous les autres que Milo est mort.

- Je ne sais pas. Disons qu'il était loin d'être mauvais, cet idiot, quand il s'y mettait. Plus d'une fois, en mission, ses ressources insoupçonnées m'ont surpris. Alors… Et puis, y a son armure aussi. Bref, tout ça n'est pas très clair, et j'aime pas les choses pas claires.

- Euh… Dois-je comprendre ce que je crois comprendre.

- J'sais pas. Tu comprends quoi ?

- Qu'au lieu de me mettre des bâtons dans les roues et de me ramener au Sanctuaire, tu comptes m'aider ?

- T'as bien capté le truc, alors.

- Mais… N'as-tu pas reçu des ordres ?

- Ben ouais, mais j'aime pas Aiolos. Alors ses ordres, il peut se les foutre au cul. Je fais ce que je veux.

- Et Saga ?

- Il t'a à la bonne, alors je te confie mes miches. Tu le convaincras de ne pas trop me les galaxianiser.

- Hum, je ne promets rien !

- Bref, qu'est-ce que t'allait foutre là-bas ?

- J'ai trouvé un bracelet ancien.

- Quoi ?

- Au beau milieu des traces de combat, j'ai trouvé un bracelet ancien.

- Je vois. Tu penses qu'il a un lien avec l'attaquant de nos gars ?

- Je ne sais pas, mais la coïncidence est trop grosse.

- Ouais, je trouve aussi. Et ? Que t'a dit la bonne femme ?

- Qu'elle allait se renseigner et qu'elle me recontacterait.

- Et tu la crois ?

- Pourquoi ne la croirais-je pas ?

- Je sais pas, parce que rien ne colle dans cette histoire ? Que, comme tu dis, la coïncidence est trop énorme et que cette bonne femme était bizarre.

- Alors toi aussi, tu as ressenti cela ?

- Ouais, et on va y retourner tous les deux, mais cette fois, tu me laisses faire. Et tu détournes le regard ou tu sors si mes méthodes ne te vont pas.

- Alors là, n'y compte pas trop ! Je ne te laisserai pas faire du mal à une civile, même pour retrouver Milo !

- Si c'est une civile…

- Pour l'instant, en l'absence d'indices probants du contraire, c'en est une.

- Je savais que t'allais être chiant… Allez, bouge ton cul ! On y retourne.

- Maintenant ?

- Crois-moi, il faut battre le fer quand il est chaud dans ce genre de cas. J'ai l'habitude. »

Sans relever la sinistre métaphore de Deathmask, d'un mouvement fluide, Camus se leva à la suite de l'autre chevalier et lui emboîta le pas. Il n'aimait pas voire confirmer sa première intuition, quand la femme de l'échoppe lui avait paru dangereuse et anormale. Il aurait dû se montrer plus méfiant. Si, à cause de sa naïveté, ils passaient à côté d'une piste, il ne pourrait pas se le pardonner !

Tout à ses pensées, il ne surveillait pas l'itinéraire, confiant dans Deathmask qui le précédait. Mais à l'exclamation de ce dernier, Camus le va les yeux, immédiatement sur le qui-vive. Et immédiatement consterné. La boutique borgne était claquemurée et un écriteau indiquait une fermeture sans date de retour.

« Diavolo ! L'oiseau a quitté le nid ! »

Camus se mordit les lèvres jusqu'au sang de contrariété. Son regard s'alluma puissamment et devint brusquement incandescent. Le plafond de nuages bas et bris vira au ciel d'ardoise et un vent cinglant et glacial se leva, parcourant les étendues gelées en sifflant.

Quel imbécile il avait été ! Quel incapable ! Quel naïf ridicule ! Il n'avait pas assez de qualificatifs pour fustiger l'étendue de sa bêtise ! Une main calleuse s'abattit comme une tenaille sur son épaule, calmant légèrement l'émanation de son énergie.

« Calme-toi. Ce qui est fait est fait. Au moins à présent, grâce à toi, on est sûrs d'une chose.

- Quoi ? Que je suis le plus grand idiot du Sanctuaire ?

- Aussi. Mais je pensais plutôt au fait qu'on est décidément sur une piste. Pour la première fois depuis quatre ans. »

oOoOo