Auteur : Setsunafr - 10/10/2023
Disclaimer : Le monde de Kuroko No Basuke et les personnages appartiennent à Tadatoshi Fujimaki
Rating : T
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Hello hello :)
J'avoue… j'ai été méchante avec Aomine… Mais il l'avait mérité, si si :D
Changement d'ambiance pour le chapitre d'aujourd'hui. J'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire. Il s'est limite écrit tout seul et je dois dire que je suis assez fière du rendu.
Shadow : C'est vrai, j'ai été vilaine avec Aomine. Mais souviens-toi, il y a deux ans… (si si, je sais que tu t'en souviens). Je suis navrée d'apprendre que tu as peur des clowns. J'espère que le malaise n'aura pas duré pendant la lecture de tout le chapitre. Celui-ci sera, je l'espère, moins exogène pour toi. Merci pour ta review :)
Bonne lecture à tous
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Chapitre 10 : Fortune (chance / destin)
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Kagami rêvasse en arpentant tranquillement les rues de Tokyo. Habillé d'un sweat léger, il ne ressent pas la fraicheur encore mordante de cette matinée de printemps. Les mains dans les poches de son jean ajusté, il déambule sans destination précise, juste pour le plaisir d'être dehors et de respirer l'air frais. Mais également celui de redécouvrir cette ville qu'il a quittée durant sa scolarité et qu'il est heureux de retrouver, maintenant qu'il entre dans l'âge adulte et qu'il débute sa carrière de pompier.
Il a longtemps hésité avant de revenir, s'interrogeant sur l'orientation qu'il voulait donner à sa vie : vivre aux Etats-Unis ou au Japon ? La carrière de basketteur professionnel qu'il envisageait durant son adolescence s'est avérée impossible. Trop de candidats, trop peu d'élus et malgré les grandes qualités de son basket, Kagami se vît refuser l'entrée en NBA. Alors à quoi bon rester là-bas, où tout lui rappelait qu'il lui fallait faire le deuil de son rêve de carrière étouffé dans l'œuf.
Il passe le portail d'entrée d'un parc aux couleurs douces et à l'odeur de rosée. A cette heure, seuls quelques joggeurs croisent son chemin. Cela lui fait penser qu'il devrait reprendre ses joggings quotidiens, mis de côté le temps de son voyage depuis Los Angeles et de son emménagement dans l'appartement qu'il loue depuis peu dans le quartier traditionnel d'Ueno. Il prend l'allée la plus à droite, appréciant les cerisiers aux branches piquetées de bourgeons, passe à côté d'un petit filet d'eau claire courant jusqu'à une marre dans laquelle il se déverse en glissant sur deux rochers de couleur ivoire, pour passer sous un pont de bois que Kagami décide d'emprunter. Cette balade le ressource et sans réellement s'en apercevoir, il sourit, laissant son regard parcourir les marches qui se présentent à lui et qui le portent jusqu'à l'entrée d'un temple à la devanture rouge.
Kagami s'arrête en haut des marches pour observer ce bâtiment majestueux. Il lui semble que l'atmosphère sereine qui règne en ce lieu s'immisce en lui par tous les pores de sa peau. Cela lui donnerait presque le tournis tant cette sérénité est palpable. Il avance doucement, passe à côté d'une statuette en forme de dragon semblant protéger le temple et s'immobilise dans l'entrée. Il ignore s'il peut aller plus loin. Cela le tente. Il fait un pas en avant.
- Vous devez enlever vos chaussures si vous souhaitez entrer.
Kagami cherche la provenance de cette voix sèche, sans succès.
- Vous trouverez des casiers sur votre droite, reprend la voix.
Kagami voit alors sortir de l'ombre du fond du temple, un homme grand, portant des lunettes rectangulaires qu'il remonte de deux doigts. Il arbore une expression sévère et un regard froid, n'invitant pas à l'échange.
L'homme croise les bras dans les manches de son kimono traditionnel blanc et attend que Kagami se déchausse pour reprendre la parole.
- Etes-vous venu consulter les astres ? demande-t-il tandis que Kagami dépose ses chaussures dans l'un des casiers vides.
- Euh… je me promenais. Je découvre le parc et le temple. C'est la première fois que je viens ici.
L'homme le toise un instant.
- Nul ne franchit la porte de ce temple sans raison, dit-il en ouvrant un bras en guise d'invitation. Veuillez entrer dans la salle du fond.
Kagami hésite. Qu'a-t-il à craindre ? Pour lui, les astres se résument aux planètes que compte le système solaire, rien de plus. Mais il n'est pas contre une nouvelle expérience, alors il se décide à entrer dans la pièce indiquée par l'homme dont il découvre la couleur de cheveux en passant à sa hauteur, assortie à celle émeraude de ses yeux. Il serait bien mal placé pour trouver cela étrange alors que lui-même a les yeux rubis et les cheveux rouges… Il ne pousse pas davantage sa réflexion et porte un regard curieux sur la pièce dans laquelle il vient d'entrer. Petite, le sol couvert d'un tatamis couleur paille, une table basse en son centre et quelques suspensions de couleur rouge. Une porte en papier washi s'ouvre à moitié sur un jardin. D'où il est, Kagami ne distingue que quelques arbustes à la forme épurée et le début d'un terreplein de cailloux d'un blanc immaculé. Son oreille perçoit le chant cristallin d'un carillon japonais caressé par la brise matinale.
- Installez-vous, invite l'homme en indiquant l'un des coussins plats servant d'assise devant la table basse.
Kagami s'exécute, s'installant sur les genoux, et regarde son vis-à-vis allumer un bâton d'encens et s'agenouiller en face de lui.
- Bien. Que souhaitez-vous savoir ? demande l'homme en le regardant droit dans les yeux.
- Heu… rien de particulier, répond Kagami, pris au dépourvu. C'est vous qui m'avez invité à entrer…
- Je vois.
Kagami se retient de lui répondre qu'il a bien de la chance car lui est dans le flou le plus total. Il préfère ne rien dire et attendre de se laisser guider dans cette expérience plutôt… inhabituelle.
- Donnez-moi votre main droite.
Après une seconde d'hésitation, il s'essuie machinalement la main sur son jean et la tend à l'homme qui s'en saisit et la pose sur la paume de sa main gauche.
- Heu… je vous préviens, je ne veux pas connaitre la date de ma mort…
L'homme ignore la remarque, se contentant de lui renvoyer un regard froid avant de se concentrer sur les dessins de sa paume droite qu'il suit d'un doigt durant un temps qui semble interminable à Kagami.
- Votre main gauche, je vous prie.
- Heu, voilà…
L'homme l'examine avec la même concentration, avant de la lâcher et reprendre la droite en fronçant les sourcils.
Kagami déglutit. Il espère que les bêtises qu'il a pu faire durant son adolescence ne sont pas inscrites dans les lignes de sa main. Son cerveau lui rappelle l'incident survenu lorsqu'à douze ans, il mit involontairement le feu à la poubelle de ses parents. Ou plus récemment, lorsqu'il s'adonna aux plaisirs de la chair dans un parc de Los Angeles avec un parfait inconnu juste avant son déménagement des Etats Unis.
L'homme lâche sa main et plante sur lui un regard inquisiteur, si perçant que Kagami a l'impression qu'il sonde son âme. Il se sent à nu devant cet homme dont il est convaincu qu'il va lui infliger une punition divine pour tous ses crimes, si minimes soient-ils. Cette plongée dans le tréfond de son lui intérieur lui semble durer une éternité et le met extrêmement mal à l'aise. Et tandis qu'il s'apprête à détourner les yeux, le son cristallin du carillon semble actionner de nouveau l'écoulement du temps et l'air lui semble plus respirable.
- Bien, dit l'homme en remontant ses lunettes de deux doigts. Avant toute chose, je tiens à vous présenter mes plus sincères condoléances pour la disparition de votre mère.
Kagami écarquille les yeux de surprise, laissant sa bouche s'ouvrir sans qu'un son n'en sorte.
Comment sait-il ?
- Durant votre enfance, vous avez vécu aux Etats-Unis et au Japon, ce qui vous a causé quelques difficultés pour vous construire. Et aujourd'hui, vous vous sentez toujours apatride.
- Je…
- L'incident avec la poubelle de vos parents n'est pas étranger à la carrière que vous avez choisie. Une carrière des plus nobles si vous voulez mon avis, qui vous apportera plus de satisfaction que celle que vous envisagiez dans un premier temps…
De plus en plus mal à l'aise, Kagami commence à se ronger l'ongle du pouce avant d'interrompre son vis-à-vis.
- Comment savez-vous tout cela ? Je ne vous ai rien dit. Je n'ai rien dit sur moi qui pourrait vous apporter ne serait-ce qu'une indication sur ces évènements...
- En effet. Chaque évènement, chaque émotion par lesquels vous passez s'inscrit dans votre corps, de manière plus ou moins marquée. Les mains, les pieds, votre corps entier reflètent qui vous êtes. Mais si cela peut vous rassurer, il faut un don inné et énormément de pratique pour parvenir à lire l'histoire d'un homme à partir de ses mains. Ma famille se transmet ce don de père en fils. Je suis la septième génération de la famille Midorima connue comme étant la spécialiste en la matière.
Kagami se passe une main dans les cheveux avant de demander :
- Vous abordez chaque visiteur pour lui lire les lignes de la main ?
- Non. Je vous l'ai dit. Nul ne franchit la porte de ce temple sans raison. Je ne viens au contact des gens que lorsqu'ils ont besoin de réponses…
- Je n'ai pas besoin de réponses…
- Vous n'en avez juste pas conscience.
- Je n'avais absolument pas prévu de venir jusqu'ici. Il y a une heure, je ne savais même pas qu'il y avait un temple ici…
- Ne sous estimez pas le destin. Même si la raison de votre venue ici est actuellement cachée à vos yeux, je peux vous assurer qu'il était écrit que vous passeriez le pas de ce temple à votre retour des Etats-Unis.
- Comment savez-vous que je reviens des Etats-Unis ?
Midorima ne prend pas la peine de répondre, dardant toujours un regard froid vers Kagami qui s'humecte les lèvres.
- J'ai la bouche sèche...
- Rien de plus normal, répond Midorima en se levant. Puis-je vous servir une tasse de thé ?
Kagami acquiesce et regarde l'homme se diriger vers une petite console qu'il n'avait pas vue, dans un coin de la pièce.
- La cérémonie du thé a eu lieu juste avant votre venue, précise Midorima en versant le liquide chaud dans une tasse en porcelaine bleue.
Il l'apporte à son invité et se réinstalle devant lui alors que Kagami, perdu dans ses pensées, regarde sans les voir les volutes de vapeur s'échapper de la tasse posée devant lui. Il prend une grande inspiration et pose ses mains autour de la tasse avant de demander :
- J'imagine que vous avez vu des choses que vous souhaitez me partager ?
- Effectivement. A vous de me dire si vous souhaitez les entendre.
Kagami hésite. A-t-il besoin de connaitre l'avenir ?
- J'ai peur que savoir m'empêche d'agir naturellement…
Midorima ne relève pas la remarque. Il connaissait déjà la pensée de Kagami avant qu'il ne l'exprime. Chaque personne ayant franchi le pas de cette pièce pour échanger avec lui la lui a opposée. Il patiente un instant, laissant à l'homme en face de lui le temps de prendre sa décision.
- En fait, j'ai envie de savoir mais… pas dans les détails…
Midorima acquiesce. Il regarde son vis-à-vis tremper ses lèvres dans le thé chaud au jasmin et fermer les yeux en avalant une gorgée. Le thé semble lui plaire.
- Ce thé est délicieux..., dit le pompier dans un sourire laissant l'autre homme de marbre.
Kagami ne s'offusque pas de la froideur de son interlocuteur. Cela semble faire partie intégrante du personnage. Etrangement, il se sent plus détendu que quelques minutes plus tôt. Et tandis que la brise fait de nouveau chanter le carillon, il reprend une gorgée puis repose sa tasse, prêt à écouter Midorima.
- Sans en dévoiler trop, sachez que vous allez faire deux rencontres prochainement qui seront décisives quant au tournant que prendra votre vie.
Kagami enregistre l'information, ne sachant trop quel crédit lui accorder. Des rencontres, il en fait tous les jours, ne serait-ce que dans l'exercice de ses fonctions, alors…
- Heu… Ces rencontres seront… plutôt professionnelles ou personnelles ? demande-t-il avant de se raviser. Non, je ne veux pas savoir !
Il se redresse, comme pour ajouter de la distance entre eux, indiquant par là qu'il clôt le sujet. Si effectivement le destin l'a mené jusqu'ici, il estime en savoir déjà suffisamment.
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Kagami descend souplement les marches du temple et reprend le chemin par lequel il est arrivé une heure plus tôt. Malgré sa décision de ne pas trop y réfléchir, la révélation de Midorima tourne dans sa tête. Il craignait que savoir chamboulerait complètement sa perception des choses mais étrangement, ce n'est pas le cas. L'annonce était suffisamment vague pour laisser à la vie le soin de se dérouler librement. D'un rapide coup d'oeil autour de lui, il constate que les lieux sont davantage fréquentés qu'à son arrivée. Les joggeurs ont laissé places aux hommes et femmes d'affaires traversant le parc pour rejoindre leur bureau et aux parents emmenant leur progéniture au jardin d'enfants ou à l'école. Il passe à proximité d'un arbre aux feuilles d'un vert tendre spécifique du début de printemps et sourit en y apercevant un écureuil gambadant sur une branche épaisse. Kagami s'arrête, suivant les mouvements du rongeur qui saute d'une branche à l'autre avec une agilité qui le rend admiratif.
Une sonnette interrompt sa contemplation, trop tardivement pour lui permettre de réagir. Il se prend de plein fouet un cycliste, se faisant projeter sur l'herbe. Il a juste le temps de rouvrir les yeux que le coupable de sa chute s'est déjà relevé et s'avance vers lui, inquiet. Les fesses dans l'herbe, il reste interdit devant l'homme lui tendant une main pour l'aider à se relever. Les cheveux d'un blond éclatant, l'homme jette sur lui un regard doré en amande à l'expression inquiète.
- Je suis désolé, dit-il. J'espère que vous n'avez rien de cassé.
- Euh… non, ça va. Merci.
- J'étais distrait. Je suis content que vous alliez bien, poursuit le blond, avant de lui adresser un sourire lumineux qui vrille immédiatement le cerveau de Kagami…
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Aaaaahh…. J'adore ce chapitre !
A demain :)
