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Notes de l'Auteure :

Mmmm... Je ne m'arrête plus d'écrire...

Je pars Jeudi 11 jusqu'au Lundi 22 Octobre en Road Trip, donc je n'aurais pas accès à mon ordinateur.

Mais, en attendant, je dissocie volontairement pour contrer mon dernier trauma.

Donc, cette histoire est un peu dans la continuité de l'aberration écrite il y a quelques jours :

'Let there be love'

Ou même :

'No place like London'

Et, hier, pour me détendre, j'ai regardé un film nommé :

'The Drop'

De 2014. J'ai vraiment adoré le film. Mais surtout, le personnage principal, je ne vais pas vous mentir. Je pense que vous comprendrez désormais le lien entre mes trois dernières histoires.

Non ?

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Je ne savais pas trop ce que je faisais, à errer dans les rues de New York, en me dirigeant vers Brooklyn. Je suppose que ce quartier me faisait penser à 1943, mais ce n'est pas une Ligne Temporelle que j'apprécie particulièrement. J'aurais préféré retourner en 1973, mais je n'y arrivais plus. Le Portail était clos.

Pour l'instant.

De toute façon, je devais fuir mes ennemis.

L'histoire de ma vie.

Il faisait froid, nous étions en plein hiver, quelques jours après Noël. Un bien triste Noël que j'avais passé seule au Pub : 'Le Choix de Buscarron'.

Mais ça, c'était à San Francisco et je me retrouvais désormais à l'autre bout des États-Unis.

En ce 27 Décembre, je portais mes Converse All Star blanches aux pieds, avec une robe noire, ainsi qu'un legging de la même couleur en guise de collant pour couvrir ma peau fine et pâle. Mes longs cheveux châtains, toujours noués en tresse, tombaient dans mon dos, cascadant sur mes hanches à chacun de mes pas. Comme ma robe était à manches courtes, je portais une veste grise en laine, à gros maillons, pour me couvrir du froid. Et, comme toujours, mon corps me guidait vers le Pub le plus proche. J'en ai trouvé un miraculeusement ouvert, au nom assez simple de :

'Cousin Marv's Bar'.

OK, ça fera l'affaire.

J'ai couru à l'intérieur pour me mettre au chaud, loin de la grisaille de la journée et de la neige qui menaçait de tomber depuis une heure déjà. Une fois dedans, la chaleur me fit un bien fou. Je pus enlever ma grosse veste grise pour me mettre au bar.

Le Pub n'était pas bien rempli. Nous n'étions que quelques jours après Noël et les gens attablés aux tables devaient certainement être des locaux sans famille.

Comme moi.

Sauf que je n'étais pas une locale, mais plutôt une fugitive.

J'ai grimpé sur la chaise haute du bar pour faire face à l'étagère en bois rempli de bouteilles d'alcool de toutes les couleurs. Puis, le Barman s'est placé devant et...

… mon cœur a raté un battement.

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- Hello. Qu'est-ce que je te sers ?

Vous connaissez sûrement ces films niais, neuneus à mourir, de Noël qui passent à la télé durant tout le mois de Décembre ? Ces téléfilms qui racontent toujours cette même histoire d'amour simpliste avec une belle femme et un homme super beau gosse ?

Eh bien, j'avais ce genre de garçon super beau gosse juste en face de moi.

Il devait avoir mon âge, la trentaine, très bien bâti, bien qu'il était difficile d'admirer sa musculature sous ses vêtements. Il portait un pull blanc à manches très longues avec par-dessus une chemise de bûcheron entièrement jaune. Oui, nous étions bien en 2014, pas de doute.

Il avait les cheveux châtains comme les miens, coupés courts, une barbe de trois jours qui lui rongeait un visage fin et doux, et surtout de magnifiques et profonds yeux bleus océan.

Son timbre de voix était assez particulier, je pouvais presque discerner un accent Britannique camouflé sous des années de faux accent Américain.

- Hello ? Qu'est-ce que je te sers ?

Je sursautai en le réentendant me poser sa question. Il m'observait avec un regard à la fois curieux, innocent et triste.

- Hum... Guinness. Une Pinte. Merci.

Il acquiesça et se dirigea vers la tireuse de mon poison préféré, et comme ce Barman très mignon se trouvait toujours en face de moi, il me jeta des coups d'œils pas vraiment discrets, en entamant un semblant de conversation :

- Tu es en visite à New York pour les fêtes ?

- Pas vraiment. Je ne suis même pas sûr d'aimer la ville.

- Ceux qui aiment New York n'y vivent pas.

Il parlait d'une voix calme, posée, comme si rien n'avait d'importance.

J'esquissai un sourire, en me présentant :

- Je m'appelle Alisone.

- Enchanté. Moi, c'est Bob.

Puis, une fois ma Guinness prête, il la posa devant moi, en annonçant son prix, aussi haut que l'ego des Américains :

- $7.90.

J'ai sorti un billet de la poche secrète de ma robe pour le donner au Barman.

La tempête de neige tomba enfin dehors, rendant les rues grises entièrement blanches. Le vent soufflait et malgré la fin de matinée, nous avions l'impression d'être déjà en fin de soirée.

Je suis donc restée enfermé dans le Pub, à descendre quelques Pintes, mais surtout à discuter avec le Barman dès qu'il en avait le temps. Et, comme le Bar était presque vide, il avait le temps...

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Je suis restée toute la journée au chaud dans l'antre de ce Pub plutôt cosy. Au bout de quelques heures, un autre homme a débarqué derrière le comptoir. Bien plus vieux, à la corpulence plus bedonnante, il répondait au nom de 'Marv' et je compris logiquement qu'il était le gérant de l'établissement. Et même, pour avoir discuté avec Bob, Marv était en fait son cousin. Comme l'indiquait l'enseigne du Bar.

Ça m'a fait rire.

Comme l'endroit ne servait pas à manger, et que je devais éponger mes litres de Guinness, j'ai avalé quelques chips absolument immondes. La bouffe Américaine est aussi atroce que ses prix.

Ça a fait rire Bob.

D'ailleurs, lorsqu'il a terminé son service, il m'a proposé de me ramener chez moi. J'étais à pied, en pleine tempête de neige, avec trois Pintes dans le sang. Donc, en bon Gentleman qu'il était, il m'a ramené chez moi.

Enfin, 'chez moi'... Il m'a ramené au B&B que je louais dans une ruelle sombre de Brooklyn. Moins stressée que quelques heures auparavant, j'ai demandé innocemment :

- Pour te remercier de m'avoir raccompagné, je peux te préparer à manger pour ce soir ? Je meurs de faim !

Il esquissa un sourire en enfouissant ses mains dans les poches de sa veste en jean :

- Je ne serais pas contre, mais je dois rentrer chez moi pour m'occuper de mon chien.

J'ai pu facilement sentir mon cœur fondre dans ma poitrine :

- Ohhhhhhhhhhh, tu as un chien ? Comment il s'appelle ? C'est quoi ?

- Je l'ai nommé 'Rocco' et c'est un Pitbull. Un bébé. Je l'ai trouvé abandonné dans une poubelle il y a quelques semaines.

Des larmes me montèrent aux yeux :

- Oh, non, quelle horreur... Je ne supporte pas le mal fait aux animaux. Surtout aux chiens. J'avais un chien... Un Bouledogue Français, il s'appelait 'Bidule'.

- 'Avait' ? comprit à demi-mot Bob.

- Il est décédé de maladie et de vieillesse.

Le visage de Bob se décomposa :

- Oh... Je suis désolé. Pour te consoler, je peux te montrer Rocco. Il est adorable.

Vous vous en doutez, j'ai accepté !

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Je pense sincèrement que Bob avait hérité sa maison de sa famille, c'était une vieille bâtisse, tout en bois, avec des équipements obsolètes et de la décoration d'une autre époque. Mais ce n'était pas ça qui m'intéressait chez lui, en plus de lui, je veux dire, mais bien la petite boule de poils brune qui sauta dans nos jambes lorsque nous sommes entrés dans la demeure.

Le chiot était absolument adorable, il ne devait avoir que six mois à peine et je pouvais encore voir ses plaies se cicatriser sur ses poils foncés. Heureusement que Bob avait trouvé ce petit Ange dans les poubelles avant qu'il ne meurt...

Pendant que je prenais Rocco dans mes bras pour le caresser, Bob enleva sa veste et me demanda :

- Hum... Tu veux commander à manger ? Mon frigo est pratiquement vide. Je peux appeler le livreur pour des pizzas, c'est une des rares nourritures que les Américains arrivent à ne pas rater.

J'ai souri :

- Avec plaisir.

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Je ne pense pas que j'arriverai à bien expliquer la façon d'être de Bob, il avait un petit quelque chose qui m'évoquait un faible trouble du spectre autistique chez lui. Sa façon de tout dire et de tout faire trop calmement et très proprement. Ses émotions étaient toujours posées, justes mais minimes. Son regard fuyant trahissait une espèce de timidité et de tristesse enfouies. Il faisait preuve d'une gentillesse inouïe, une que je n'avais vue de ma vie, et même s'il n'était pas très loquace, je pouvais voir qu'il enregistrait minutieusement tout ce que je lui disais et tout ce qu'il observait sur moi.

Comme moi sur lui.

Après notre pitance, Bob me proposa de dormir dans sa chambre d'amis, puisqu'il se faisait tard et que la tempête soufflait bien trop violemment pour me ramener à mon B&B.

Encore une fois, j'ai accepté.

Non, je n'avais absolument pas peur de Bob, bien que c'était en réalité un parfait inconnu. J'étais bien plus effrayé par les ombres dehors, mes ennemis qui attendaient sagement de m'attraper...

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Une semaine entière se déroula. La tempête se calma, mais la neige tombait toujours en abondance. Bob m'avait proposé de rester chez lui et d'annuler mon B&B, comme ça, je pouvais m'occuper de Rocco lorsqu'il travaillait tard au Pub, ce qui me faisait super plaisir, clairement. Je veux dire, j'avais le chiot ET le gars mignon, quoi demander de plus ?

Ah oui... Que mes ennemis ne me retrouvent pas.

Bon, nous ne sommes pas entièrement dans une histoire neuneu de Noël...

J'avais une clef qui me menait directement à la maison de Bob, ce qui était pratique pour sortir Rocco lorsque le temps se radoucissait un peu.

D'ailleurs, mes théories au sujet d'un potentiel trouble du spectre autistique concernant Bob se confirmait jour après jour. Il ne tentait rien à mon égard, jamais, même s'il me plaisait et que je semblais lui plaire aussi. Néanmoins, pour lui, tout restait platonique, c'était très bizarre et un peu frustrant par moment.

Tout changea le jour de l'an.

Outre le fait que je déteste célébrer la nouvelle année, le Bar allait être plein à craquer cette nuit-là. Bob avait embauché des extras, en plus de Marv pour bosser derrière le comptoir, je m'étais porté volontaire pour aider aussi. Pas forcément dans le service, mais plutôt en débarrassant les tables et lavant les verres au fur et à mesure pour faire des roulements.

Ce genre de petites choses.

Seulement, si Bob ET moi, nous nous trouvions ensemble toute une journée et toute une nuit au Pub, nous devions emmener le chien avec nous. Il ne pouvait pas rester autant de temps seul dans la maison sans sortir. Bien que Marv se mit à râler, il accepta quand même que Rocco reste dans la réserve. À tour de rôle, durant nos pauses, Bob et moi promenions notre petite boule de poils et jouions avec lui.

La foule arriva lentement, mais sûrement et lorsque la nuit tomba, l'endroit était plein à craquer. Malgré ma fine taille, j'avais parfois du mal à me faufiler au milieu des gens pour débarrasser les tables et ramener les verres sales. Pourtant, la nuit se déroula ainsi, jusqu'au fameux décompte insupportable :

Quatre.

Trois.

Deux.

Un.

Bonne année !

Personnellement, j'avais plutôt quatre battements de tambour qui s'excitaient dans mon crâne. Et cette migraine perdura ainsi jusqu'à 2h du matin, lorsque le Pub commença enfin à se vider.

Dieu merci !

Lorsque les buveurs quittèrent l'établissement, les extras firent de même, tout comme Marv qui, épuisé au possible, décida de courir vers son lit et de dormir deux jours d'affilés.

Il ne resta donc que Bob et moi, avec Rocco que nous pouvions désormais lâcher dans le Bar sans ne gêner personne.

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Avec toute la nonchalance dont il faisait naturellement preuve, Bob tira une Guinness pour moi et se versa un shot de Whisky pour lui. Il ne restait plus grand chose à nettoyer, nous avions déjà bien avancé au fur et à mesure. Du coup, je portais Rocco dans mes bras tout en sirotant une Pinte bien méritée. Bob compta la caisse avant de la vider puis me tendit quelques billets, en disant simplement :

- Pour ton aide de ce soir.

Je secouai la tête :

- Oh non, c'était avec plaisir.

- Tout travail mérite salaire.

- Mmmm... Paye-moi en Guinness, alors.

Il sourit puis rangea la recette de la nuit dans le coffre-fort qui se trouvait sous les tireuses de bières.

J'étais assise au bar, tenant le chien qui gigotait dans mes bras, puis je me suis lancée :

- Dis-mi, Bob... J'imagine que tu n'as pas de petite-copine, y'a une raison à ça ?

Il haussa les épaules :

- Aucune idée. Je travaille beaucoup, les femmes n'aiment pas être délaissées, il paraît. Enfin, je ne sais pas, c'est Marv qui dit ça. Mais, il est célibataire, je ne suis pas sûr que ce soit un bon exemple.

J'étouffai un rire. J'ai bu une lampée de mon poison, puis j'ai repris :

- Du coup... Je peux te proposer un rancard ?

Il se figea et m'observa un long, très long moment, sans ne rien dire, sans ne rien faire paraître sur son visage, avant de répondre simplement :

- Oui. Oui, bien sûr. J'accepterai avec plaisir. Tant que notre rendez-vous ne se passe pas dans un Pub.

Je souris.

- Accordé.

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J'ai terminé ma Guinness et je me suis levée, avec le chien dans mes bras, pendant que Bob se préparait à quitter le Bar avec moi. Sauf que, à ce moment-là, précisément, une personne entra dans le Pub. Nous n'avions pas fermé à clef parce que plus personne n'allait venir.

Avec calme, Bob répliqua :

- Désolé, l'ami, nous sommes fermés.

Malheureusement, l'inconnu s'avança vers nous et lorsque je découvris son visage, mon souffle se coupa et je sentis mon cœur rater un battement.

Ouais, c'était un de mes ennemis, qui m'avait retrouvé.

Shiiiiiiit...

Bob passa son regard de moi à l'étranger et inversement. Il comprit facilement que quelque chose n'allait pas. L'horrible personne me sourit d'une façon sadique, puis railla à l'intention de Bob :

- T'inquiètes pas, je ne compte pas picoler dans ton taudis. J'veux juste récupérer la petite Alisone et la ramener à Kendricks, en Irlande. Dr Hess a très envie de montrer l'exemple aux autres orphelins, leur prouver que personne n'a le droit de s'échapper, au risque de souffrir...

Shiiiiiiit...

Bob se renfrogna, toujours derrière le comptoir, il marmonna calmement :

- Si tu comptes faire du mal à Alisone, je ne la laisserai pas partir avec toi.

Mon ennemi se mit à rire aux éclats :

- Ah ouais ? Et t'es tout seul pour m'en empêcher ?!

Je tremblais de tout mon corps, notamment en découvrant le holster que l'homme portait à sa ceinture :

- Bob... Il est armé.

Cependant, et sans paniquer, il réitéra simplement :

- OK, tu devrais partir, maintenant. Nous ne voulons pas de problème.

L'abominable sbire de Hess rit de plus belle. Il reluqua le Barman avec dédain et amusement :

- J'crois que t'as pas bien compris qui j'étais, l'ami. Je ne compte pas repartir sans Alisone.

- Et je ne compte pas te laisser partir avec elle pour lui faire du mal, donc...

Au moment où mon adverse s'apprêtait à sortir son revolver, Bob fut plus rapide. Il glissa sa main droite sous le bar et pointa son arme devant lui.

Le premier coup partit dans un bruit sourd.

La balle frappa mon ennemi dans l'omoplate.

Aussi choqué que moi, il ne dit, ni ne fit rien.

Sans cligner des yeux, Bob releva son revolver et tira une seconde balle entre les deux yeux de l'intrus.

Il tomba à terre en quelques secondes.

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J'étais tétanisé et figé sur place. Rocco tremblait dans mes bras à cause des bruits des coups de feux. Bob posa l'arme sur le comptoir, puis fit le tour de ce dernier pour découvrir l'homme mort, allongé dans une flaque de sang. Il se tourna vers moi pour me demander sincèrement :

- Est-ce que ça va ? Tu veux t'asseoir ou boire quelque chose ?

J'ai plongé mon regard dans les yeux océans de Bob. Je ne voyais que de la gentillesse, de la tristesse et de l'inquiétude à mon encontre. Je secouai la tête pour dire 'non'. Puis, il s'approcha de moi, pour me murmurer :

- Je suis désolé, je n'aime pas les gens comme lui qui font du mal aux personnes innocentes. Je ne voulais pas qu'il te fasse du mal.

J'esquissai un sourire.

Lentement, il me prit dans ses bras pour me prouver qu'il tenait à moi. Rocco entre nous deux se mit à gigoter, ce qui eut le mérite de faire sourire Bob.

Puis, n'y tenant plus, je l'ai attrapé par sa chemise pour le tirer vers moi et l'embrasser.

Enfin.

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FIN

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10.10.2023

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