Salut !

Cela fait un moment que je veux écrire une histoire traitant de traumatismes psychologiques et des impacts de ceux-ci dans la vie quotidienne. Je ne savais pas encore comment j'allais m'y prendre mais le commentaire de Hatsukoi-san (un grand merci à elle) sur mon premier texte de l'Inktober 2023 m'a donné cette idée. Certes, j'ai un peu modifié l'idée de base mais globalement, le thème reste le même.

Dans cette histoire, je vais surtout parler des traumatismes liés à un parent alcoolique. Mais je pense aussi en traiter d'autres dans cette histoire. J'ai choisi un sujet compliqué mais ce ne sera pas le seul de cette fanfic. En effet, je vais parler de romance et de réseaux sociaux également.

Le couple principal sera Camus et Milo avec toute la complexité de tenter de nouer des liens forts quand on souffre de traumatismes graves. Mais en arrière-plan vont graviter les Chevaliers d'Or, tous en stars des réseaux sociaux, avec tous leur bagage plus ou moins lourd en terme de traumatismes et de douleur.

Aussi, je dois mettre un gros avertissement sur cette histoire: elle est réservée à un public averti car elle va traiter de choses graves et pouvant potentiellement choquer un public sensible.

Sur ce, je vous laisse avec le premier chapitre.


Depuis combien de temps n'avait-il plus eu de véritables relations sociales ? Camus ne s'en souvenait pas. Longtemps, sans doute. Alors certes, il avait quelques interactions avec le monde extérieur mais la majorité du temps, il passait ses journées chez lui à suivre des études en distanciel et à rédiger divers articles pour un magazine spécialisé dans la santé mentale. Et le samedi, il préparait les commandes dans la réserve d'une épicerie. En bref, une vie de reclus mais qui ne le gênait pas tant que ça.

Sauf que Aphrodite n'était pas d'accord avec ça. C'était le meilleur ami de Camus depuis des années et il avait fini par se donner pour mission d'ouvrir davantage Camus au monde extérieur. Comme aujourd'hui où il avait ramené son ordinateur.

- Donc tu voudrais que je m'inscrive là-dessus ?

Ce disant, Camus pointa l'écran avec un air des plus sceptiques.

- Parfaitement. Ce serait une belle opportunité pour t'ouvrir en douceur au reste du monde.

- Qu'est-ce qui te fait croire que je souhaite avoir plus de contacts ?

Son ami soupira.

- Camus, je suis bien conscient que ta vie en ermite te plait. Cependant, je ne suis pas convaincu que ce soit viable sur le long terme.

- J'ai besoin de temps, Aphrodite.

Son interlocuteur le regarda, non sans une certaine tristesse dans le regard. Il savait mieux que quiconque ce qui faisait autant souffrir son ami. Combien de fois est-ce que Camus était arrivé chez lui presque en larmes ? Combien de fois avait-il vu des traces de sévices sur le corps de son ami. Beaucoup trop pour qu'il puisse compter. Et surtout, il refusait de comptabiliser.

- Tu es sûr que tu ne veux pas porter plainte ? demanda-t-il doucement.

Camus secoua la tête.

- D'accord. Si tu change d'avis, tu peux m'appeler pour qu'on y aille ensemble.

Aphrodite ne pouvait pas en vouloir à Camus de vouloir prendre du temps pour lui et mettre derrière lui ses traumatismes. Néanmoins, il ne pensait pas que rester isolé était la solution.

- Tu as le droit de soigner ta douleur et je serais le dernier à t'en empêcher. Cependant, je ne suis pas sûr que cela te soit bénéfique de rester en permanence seul. Ça te fait peut-être du bien sur le moment mais sur le long terme, cela va te ramener à ton passé. Aussi, j'ai décidé de t'apporter une solution.

- Et cette solution est un réseau social ?

Aphrodite sourit et lui montra son profil.

- Starlinks est un parfait outil pour se faire des amis. Regarde, en mentionnant tes centres d'intérêts tu peux obtenir un fil personnalisé qui te propose du contenu qui pourrait t'intéresser. Tu peux poster des vidéos de moins de cinq minutes, parler en messages privés avec des gens et j'en passe. Et si tu deviens assez populaire, tu peux même gagner un peu d'argent grâce à des partenariats ou tes vidéos.

Ses explications étaient intéressantes mais Camus n'était pas non plus emballé par l'idée. Devant son air dubitatif, Aphrodite tenta de l'amadouer.

- Tu n'es pas obligé de parler à quiconque mais au moins, cela te créera un lien avec d'autres personnes. En plus, si tu peux gagner ta vie sans sortir de chez toi, c'est tout bénef, non ?

Camus savait que son ami ne lâcherait sans doute pas l'affaire facilement. Et il n'avait pas envie d'argumenter. Autant accepter et garder ce compte dans un coin où il ne postera que deux ou trois fois par an.

- Bon, d'accord. Mais je te préviens : tu n'as pas intérêt à m'inonder de je ne sais quoi.

Au moins, il avait déjà arraché son accord. Pour ce qui était du reste, Aphrodite pourrait tenter sa chance plus tard. Il se déconnecta et alla sur la page d'inscription.

- Premièrement, comment veux-tu t'appeler ?

- Pardon ?

- Rassure-moi, tu connais le pseudonyme ?

- Je ne savais pas qu'il fallait un pseudonyme pour ce site.

Camus réfléchit un instant.

- AquariusIce.

- D'accord. Alors ton adresse mail est la même par laquelle on communique régulièrement, je suppose ?

- Oui.

- Je te laisse taper ton mot de passe.

Ce que Camus fit.

- Il ne te reste plus qu'à renseigner tes hobbies et ça devrait être bon.

- Je pense que tu les connais déjà.

- Depuis le temps que l'on se connait, ce serait honteux de ne pas le savoir.

Ce disant, Aphrodite sélectionna quelques thèmes et cliqua sur valider.

- Il ne te reste plus qu'à valider ton compte avec l'email que tu as reçu et tu vas pouvoir commencer à explorer Starlinks !

Camus appuya sur le lien reçu. Il n'avait pas envie de passer du temps sur ce site. Mais tant que Aphrodite serait là, il savait qu'il ne pourrait pas y couper.

- Pour commencer, continua son ami, il te faut une photo de profil.

- Je ne veux pas afficher ma tête.

- Une photo de pingouin, alors ?

- Va pour le pingouin.

C'était un peu stupide mais au moins c'était plus impersonnel.

- Maintenant que tu as ta photo de profil, on va passer à une petite description. Et je sais exactement ce qui te correspondrait.

Il tapa quelques mots sur le clavier.

- Les gens ne veulent pas s'embêter à lire des pavés. Aussi, il faut juste mettre les infos les plus importantes.

Ce disant, il montra ce qu'il avait écrit à Camus.

- Livres et écriture, lut-il.

- Ce sont les deux sujets dont tu pourrais parler. Après tout, tu es un amoureux des lettres.

- Qui te dit que je veux poster des vidéos ?

Aphrodite leva les yeux au ciel.

- Donc tu comptes juste laisser ce profil vide ? Camus, je suis certain que ça te plairait d'avoir une communauté partageant les mêmes centres d'intérêts que toi.

- Et si je ne veux pas ?

Décidément, il n'allait pas être facile à convaincre. Mais peut-être qu'avec un peu de temps, l'idée lui paraitrait moins horrible et qu'il se laisserait convaincre. Voir qu'il attendait qu'il soit parti pour tester par lui-même. Aussi, Aphrodite décida ne pas insister davantage.

- Et bien, ce serait dommage. Mais je ne vais pas te forcer.

Ce disant, il éteignit son ordinateur pour prouver sa bonne foi.

- Bon, assez parlé de Starlinks pour l'instant. Parlons un peu de ce que tu fais en ce moment.

Au moins, Aphrodite n'essayait pas de le mettre en difficulté. Même si parfois il pouvait être agaçant, Camus savait qu'il s'inquiétait vraiment pour lui et tentait de lui proposer des solutions avec ce qu'il avait. Bien que certaines n'étaient pas du tout au goût de Camus.

- Et bien, je suis toujours en train de suivre des études en psychologie et à parfois rédiger un article pour un magazine traitant de santé mentale tout en aidant à la préparation de commandes dans une épicerie du coin.

- D'accord. C'est plutôt bien que tu aie des activités. Mais je ne suis pas certain que ça te suffise pour vivre correctement.

- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

- Faisons un rapide calcul : tu es échelon six donc en termes de bourse, tu tournes autour des cinq cent cinquante euros. Si tu travaille le samedi pendant huit heures au montant du SMIC, alors tu es dans les trois cent soixante-huit euros si je ne dis pas de bêtises. Je ne sais pas combien tu es payé à l'article mais au vu de tom emploi du temps, tu ne peux en écrire qu'un ou deux par mois. On va dire que tu touche à peu près neuf cents euros par mois. Ton loyer te coûte facilement entre sept cents et huit cents euros sans compter les factures, ton assurance et ton abonnement téléphonique. Donc, en me fiant à tous les pots de nouilles instantanés que j'ai vu dans le placard, tu n'as même pas de quoi te nourrir convenablement.

Touché. Camus devait admettre que Aphrodite avait visé juste. Il avait parfois tendance à oublier que son ami était particulièrement observateur. Surtout le concernant. Et il n'avait rien à dire pour sa défense. A part peut-être que ça ne le gênait pas de manger que des nouilles cuites à l'eau chaude.

- En plus, ce n'est même pas de la qualité. Juste du vermicelle bourré de déchets industriels et de sel, appuya Aphrodite sans cacher son dégout.

- Si ce n'est que ça qui te dérange, alors je ferais un effort pour manger mieux.

- Avec quel argent ?

Devant le mutisme de Camus, Aphrodite soupira.

- Je ne veux pas que tu ais une vie misérable. Tu as déjà vécu l'enfer et tu mérites amplement mieux que la vie que tu mènes maintenant.

- Et tu veux que je fasse comment ? Je n'ai pas le soutien de ma famille ni même un travail aussi bien payé que le tien.

- Je te l'accorde. Mais vois-tu, je pense qu'il est possible pour toi d'avoir au moins assez d'argent pour te payer de la vraie nourriture.

- Avec Starlinks ?

- Exactement. Alors, la littérature n'a peut-être pas autant de succès que du maquillage ou de la mode mais je pense que tu peux réussir à réunir suffisamment d'abonnés pour pouvoir entrer dans ce qu'ils appellent la Tirelire du Créateur. Avec ça, tu devrais pouvoir récupérer un peu d'argent.

Il était convainquant et Camus ne doutait pas de la véracité de ses propos. Mais il n'était pas comme lui. Aphrodite était en quelque sorte fait pour les caméras. Il avait le physique et la personnalité pour. Alors que lui, il n'avait rien de tout ça. Et puis, qui voudrais prendre le temps de l'écouter parler de littérature classique ?

- Je ne suis pas sûr d'y arriver, avoua-t-il. Tourner des vidéos, ce n'est vraiment pas mon truc.

- Ce n'est si compliqué, répliqua Aphrodite. Sinon, tu as aussi la possibilité de créer un blog si une chaine ne te convient pas. Pour ma part, j'ai les deux et ça fonctionne plutôt bien.

- Pourquoi tu ne m'as pas dit plus tôt que je pouvais faire des articles ?

- Parce que j'essaie de te faire sortir de ta zone de confort. Et ne me regarde pas comme ça. Je suis convaincu que tu pourrais faire un très bon influenceur dans le thème de la littérature.

Camus soupira en se demandant dans quelle galère il était en train de s'engager.

- Une vidéo par mois.

- Par semaine.

- Toutes les deux semaines, c'est mon dernier mot.

- Va pour tous les quinze jours.

Intérieurement, Aphrodite sourit. Au moins, il était parvenu à tirer un peu Camus de sa vie de reclus.