Ce texte a été écrit pour la 166ème Nuit du FoF autour des thèmes « candeur » et« réfractaire ». Le FoF est un forum ouvert à tous les francophones de ffnet où l'on peut discuter, demander de l'aide ou participer à des jeux. Le lien est dans mes favoris !
Katymyny : C'est vrai, je serais curieuse de voir la carte de Chocogrenouille de Sirius ! / Ouch, je préfère ne pas imaginer ce mélange... / Ça oui, dona Sol aime bien son nouveau client :) / Oui, le retour square Grimmaurd a dû être vraiment difficile pour Sirius ;( / Mais non, ce sont les problèmes qui le poursuivent ! / Mais si, il faut croire en Remus !
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« Cher Sirius,
Merci pour ta dernière lettre. Cet oiseau était énorme, il a eu du mal à se glisser à travers ma fenêtre. Ici, c'est comme d'habitude. Le régime de Dudley se passe assez mal… »
Sirius émit un rire grondant en relisant le courrier envoyé par Harry. Il ne connaissait pas les Dursley mais ils avaient l'air de former une drôle de famille… Une famille pas très agréable, d'après ce que son filleul lui avait laissé entrevoir, et même franchement désagréable : qui aurait cru qu'à part Harry lui-même, il s'agissait des derniers parents vivants de la charmante Lily Potter ? Il n'aurait pas été contre leur donner une petite leçon de bonne conduite, à l'occasion, songea-t-il alors que son sourire se changeait en grimace.
« Il s'est quand même passé quelque chose de bizarre ce matin. Ma cicatrice a recommencé à me faire mal. La dernière fois que ça s'est produit, c'était parce que Voldemort était à Poudlard. Mais je ne pense pas qu'il puisse se trouver près de chez moi en ce moment… »
Sirius relut ce passage avec une attention particulière, sourcils froncés et lèvres serrées. Non, il ne pensait pas que Voldemort se trouvait près de chez Harry : s'il y avait eu le moindre risque à ce sujet, Dumbledore aurait mis le garçon en sécurité. Mais Sirius ne pensait pas non plus que cette douleur était anodine, pas plus que ne le pensait Dumbledore. Surtout avec tout ce qui se passait ces temps-ci.
La candeur de son filleul lui rendit le sourire : croyait-il vraiment qu'en noyant ce fait au milieu d'autres informations bien moins importantes, il empêcherait Sirius de lui prêter toute l'attention qu'il méritait ?
« Il ne veut pas avoir l'air d'un froussard, expliqua-t-il à Buck qui se tenait prêt au pied du perron, des sacoches jetées en travers de son dos. Et il ne veut pas que je m'inquiète. Il tient ça de son père. »
James aussi avait tendance à minimiser ses douleurs après un match de quidditch ou un mauvais sort, et à taire ses inquiétudes – surtout à Lily. Remus également, d'ailleurs, bien qu'il ait passé nombre de nuits blanches à se ronger les sangs à propos de l'avenir. Il n'y avait que Peter pour couiner comme un goret au plus petit pépin, au moindre bobo. Sale vermine. Ils auraient dû laisser Rogue et ses amis de Serpentard l'exterminer à force de persécutions. Si c'était à refaire, Sirius ne s'interposerait plus, cette fois, et laisserait très volontiers cette victoire au vieux Servilus.
Il se retourna une dernière fois vers la maison et soupira avec nostalgie, puis il ferma la porte et la verrouilla d'un coup de baguette. Il avait été bien, ici. Heureux. Peut-être, si la chance le permettait, y reviendrait-il un jour avec Harry ? Le garçon aimerait cet endroit, il en était certain, surtout si ses amis venaient avec lui ; Sirius serait trop content d'en accueillir toute une bande, avide qu'il était de rires et de compagnie après toutes ces années affreuses… Toute sa jeunesse, perdue, détruite. Avalée par les Détraqueurs.
Buck poussa un petit cri d'impatience et Sirius se détourna de la porte pour descendre les quelques marches qui le séparaient de l'hippogriffe.
« Tu as raison, assez traîné comme ça », dit-il d'un ton résolu.
Il se hissa sur le dos de Buck, entre les sacoches remplies de vêtements, de nourriture et de quelques souvenirs, attrapa les rênes qu'il avait fabriquées afin de le diriger plus aisément et lui donna un petit coup de talon.
« Allez, mon vieux, retour au bercail », annonça Sirius sans enthousiasme.
L'hippogriffe déploya ses vastes ailes et partit au galop. Tressautant sur sa selle en cuir toute neuve, le sorcier sentit son estomac se contracter lorsque Buck s'éleva dans les airs, ses ailes battant puissamment de part et d'autre de son corps hybride. La contraction ne se relâcha pas lorsque l'hippogriffe eut atteint son altitude de croisière, et Sirius ne s'attendait pas à ce qu'elle disparaisse avant qu'ils arrivent en vue de la côte britannique. En fait, elle risquait même de s'accroître quand ils l'apercevraient à l'horizon.
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« Cette grotte est isolée, c'est certain, reconnut Dumbledore, mais tout de même…
– Je serai près de Harry en cas de besoin, s'obstina Sirius.
– Alastor Maugrey et moi-même sommes encore plus près, répliqua Dumbledore. Je croyais que nous étions d'accord : même pour Harry, vous ne sortirez pas de votre cachette à moins d'une absolue nécessité. Il serait beaucoup trop dangereux d'organiser une rencontre…
– Je sais, je sais ! le coupa Sirius avec mauvaise humeur. Mais il serait encore plus dangereux pour moi de m'installer à Londres, vous ne croyez pas ? »
Le vieux sorcier ouvrit la bouche mais un bruit sec l'interrompit : blotti au fond de la caverne, Buck l'hippogriffe croquait quelques musaraignes chassées un peu plus tôt. Sirius s'était aménagé un nid aussi douillet que possible compte tenu de ses maigres ressources, avec sac de couchage dans un coin, feu de camp et réserve de boîtes de conserve. Dumbledore soupira.
« Nous veillerons à vous ravitailler, promit-il. Je persiste à croire que vivre à Londres sera toujours moins dangereux que de vous rendre régulièrement à Pré-au-Lard sous votre forme animale. »
Sirius secoua la tête, les dents serrées, le regard dur.
« Ne me parlez pas de vivre, dit-il d'une voix si basse qu'elle ressemblait à un grondement. Vous voudriez que j'aille m'enfermer dans ce… cet endroit… sans jamais mettre le nez dehors. Vous ne vous rendez pas compte… Autant retourner à Azkaban. »
À travers ses lunettes en demi-lunes, Dumbledore le scruta de ses yeux bleus perçants. Après un instant, il soupira à nouveau.
« Il est possible, en effet, que je ne me rende pas compte, admit-il à mi-voix. Pourtant, cette maison est la vôtre, à présent. Je ne peux, bien sûr, pas vous contraindre à aller y habiter, mais il est possible qu'un jour les circonstances ne nous laissent plus le choix. Ne vous laissent plus le choix. »
Le regard que le vieux sorcier posait sur Sirius s'était fait soucieux.
« Si les choses s'aggravent encore, nous aurons besoin d'un refuge sûr, et pas seulement pour vous, poursuivit-il. Peut-être devriez-vous y réfléchir dès à présent. »
L'air buté, Sirius croisait les bras, avec sur le visage une moue obstinée qui le faisait presque ressembler à un adolescent.
« C'est tout réfléchi, déclara-t-il d'un ton ferme. Si vous voulez utiliser cette maison, je vous la laisse avec plaisir. Mais moi, je n'y mettrai pas les pieds. »
Dumbledore ferma les yeux une seconde, puis les rouvrit en écartant les bras en signe de reddition.
« Dans ce cas, n'en parlons plus, dit-il avec un sourire. Pour le moment. »
THE END
Pour d'autres aventures de Sirius, je vous invite à (re)lire le recueil Tableau de chasse, qui se déroule une fois que notre réfractaire a fini par se faire une raison et emménager Square Grimmaurd ;)
