Disclaimer : Tout l'univers de Saint Seiya que vous reconnaîtrez aisément appartient à Masami Kuramada. Les autres personnages sont à moi et ceux de la mythologie à tout le monde.


Vous aurez peut-être remarqué que j'ai laissé un commentaire sur cette histoire alors qu'il était destiné à une autre. Je ne sais pas comment je m'y suis prise, mais n'en tenez pas compte ou vous allez penser que je deviens folle. ^^


Chapitre 10

Sanctuaire d'Athéna, début avril 1998.

Les anniversaires de Mû, Shion et Shaina étant proches, ils furent fêtés en même temps. Ils croulèrent sous cadeaux. Mû reçut de la part des Gémeaux une petite toile d'araignée en or avec une améthyste au centre, symbolisant son "Cristal Net". Quant à Shaina c'était un cobra dressé, capuchon déployé, avec deux petites émeraudes à la place des yeux. Et Shion se vit offrir une chevalière avec une tourmaline d'un jaune un peu vert, comme sa chevelure, taillée en cabochon qui ne devait plus quitter son annulaire droit.

Saga et Mikael affichaient leur relation sans gêne. Kanon avait été un peu jaloux au début de devoir partager son frère, mais d'un autre côté, il devait convenir qu'il en avait gagné un second. Il s'entendait tellement bien avec Mikael qu'ils faisaient parfois tourner Saga en bourrique. La vie se déroulait paisiblement entre entraînements, formations des apprentis, sorties nocturnes et histoires d'Amour.

Le lundi 6 avril, Saori revint au Sanctuaire comme elle l'avait promis à Athéna. Elle arriva en fin de journée et avait prévenu le Palais qu'elle voulait organiser un petit dîner avec tous les Chevaliers. Elle en profita pour donner leurs cadeaux à ceux qui avaient fêté leurs anniversaires. Le repas tirait à sa fin lorsqu'un garde se présenta à l'entrée du Palais, porteur d'une bien étrange requête.

— Le visiteur a un cosmos, princesse, et elle a demandé à vous voir en personne, fit le garde.

— Athéna, vous ne devez pas y aller seule, opposa Saga. D'ici on ne perçoit même pas sa cosmoénergie.

— Je suis sûr qu'elle en a une, Chevalier ! se défendit le garde.

— Elle ? Saga, Camus et Mû vous m'accompagnez ! ordonna la Déesse.

En un éclair, ils se retrouvèrent au pied du premier Temple avec le garde, un peu étourdi par la téléportation, et marchèrent vers l'entrée du Sanctuaire. Une jeune femme de tout juste une vingtaine d'années se tenait devant eux, vêtue simplement d'un jeans, d'un t-shirt et d'une veste. Les voyant approcher, elle s'agenouilla.

— Relève-toi, je te prie, et dis-nous qui tu es, fit Athéna d'une voix douce, mais ferme.

— Je me nomme Djénia et ma mission est de vous remettre ceci, répondit la jeune femme en tendant un petit objet vers la Déesse.

Athéna le prit dans sa main et un O muet de surprise se forma sur ses lèvres.

— Je me porte garante de cette jeune femme. Viens avec moi, tu es en sécurité, Djénia.

De la même façon, ils regagnèrent le Palais avec leur invité. Athéna signifia que le repas était terminé et s'en excusa, mais cette affaire ne pouvait souffrir le moindre retard. Elle s'enferma dans le bureau de Shion avec Djénia.

— Quel est cet objet que Djénia vous a remis, Déesse ? demanda Shion piqué par la curiosité.

— Il s'agit d'un sceau. Regarde.

Le Grand Pope prit l'objet et retint un sursaut de stupéfaction. C'était une grosse bague en or pur, comme une chevalière, usée par le temps. Une feuille et une flamme étaient stylisées.

— Vous connaissez ce symbole Déesse ? demanda Shion.

— Oui, et ça explique beaucoup de choses. Quel est le message que tu dois me remettre Djénia ?

— Déesse, ma souveraine sollicite une audience de votre part le plus rapidement possible. Elle a des révélations à vous faire. Elle souhaite venir en compagnie de sa conseillère, de notre Oracle et de quatre des Gardes Royales comme l'exige notre protocole.

— Où se trouve votre… royaume ?

— Pardonnez-moi Monseigneur, mais je ne suis pas autorisée à répondre à votre question. Ma reine vous expliquera tout.

— Comment peux-tu espérer que l'on puisse avoir confiance si tu ne nous en dis pas un peu plus ! s'énerva Shion.

Djénia enflamma son cosmos.

— Lisez dans ma cosmoénergie, je sais que vous en êtes capable. Vous verrez que vous n'avez rien à craindre de moi ni de ma souveraine.

Shion et Athéna sondèrent le cosmos de Djénia qui du faire un violent effort pour repousser les tentatives de Shion pour entrer dans son esprit.

— Tu es puissante Djénia, mais je n'ai pas voulu te faire mal, lui expliqua Shion comme elle portait sa main à son front.

— Peux-tu au moins nous dire comment elle s'appelle ?

— Notre Reine se nomme Lysia, Déesse.

— Pourquoi veut-elle me voir rapidement ?

— Je l'ignore, Déesse.

— Tu ne m'aides pas beaucoup dans ma prise de décision. Mais j'ai bien senti que tu ne nous es pas hostile. Aussi, je vais te faire confiance. Tu diras à ta souveraine que je veux la rencontrer demain aux environs de neuf heures avec les personnes dont elle a requis la présence. Ensuite nous déjeunerons ensemble.

— Merci Déesse ! Merci infiniment ! s'exclama la jeune femme, les gratifiant d'un sourire éblouissant.

— Maintenant tu devrais rentrer la prévenir. Shion, veux-tu bien la téléporter jusqu'en bas du Sanctuaire ?

— À vos ordr…

— C'est inutile, le coupa Djénia, je peux rentrer seule, je ne veux pas vous déranger davantage.

— Tu ne me déranges pas. Seulement pour descendre tu dois traverser les Douze Temples du Zodiaque et les Chevaliers d'Or ne te laisseront pas passer si facilement. Mieux vaut que tu sois accompagnée.

— Je vous assure que ce n'est pas nécessaire...

Djénia porta la main à son pendentif et tendit l'autre devant elle. Une distorsion fit vaciller l'air un peu comme un mirage et un passage dimensionnel s'ouvrit.

— Je peux rentrer chez moi et informer ma Reine de votre décision. Elle sera là demain à l'heure dite.

Elle s'engouffra dans la brèche et disparut. Athéna et Shion se regardèrent bouche bée. Ce qui venait de se produire était tout bonnement impossible.

— Mais comment a-t-elle fait pour contourner la barrière de ton cosmos ? questionna Shion repassant au tutoiement comme Athéna le lui avait demandé lorsqu'ils étaient seuls.

— Je l'ignore, mais si le sceau est un vrai alors c'est normal.

— Peux-tu éclairer ma lanterne ?

— C'est celui de la Déesse Gaïa, mon arrière-arrière-grand-mère. Si cette jeune femme appartient à son Sanctuaire, elle a le pouvoir de se déplacer dans n'importe quel autre Sanctuaire, faisant fi des barrières de cosmoénergie.

— Le Sanctuaire de Gaïa ?

— Oui. Et si je ne me trompe pas, c'est à elle que nous devons tous d'être en vie.

— Si mes souvenirs en histoire de la mythologie ne me font pas défaut, Gaïa est une déesse primordiale. Elle a provoqué des guerres entre différents Dieux, elle a combattu à leurs côtés et a donné naissance à pas mal de monstres. Je crois qu'elle avait aussi le pouvoir de lire l'avenir.

— Tes souvenirs sont encore bons, mon ami. Mais ce n'est pas tout. Elle a créé la Terre ou plutôt tout ce qui vit sur Terre. Elle défend la Liberté, l'Amour et la Paix comme moi pour protéger ses créatures.

— Tu es sa digne descendante.

— Flatteur ! Mais plus j'y pense et plus je suis persuadée que le cosmos que nous avons ressenti en revenant des Enfers était le sien. Je savais que je l'avais déjà rencontré.

— J'ai hâte d'être à demain.

— Moi aussi. Je crois que nous ferions bien d'aller dormir un peu.

— Bonne nuit, Athéna.

— Bonne nuit.

La déesse sortit du bureau du Grand Pope, le laissant seul avec ses interrogations. D'un geste las, il passa une main sur son visage dans l'espoir de faire disparaître toutes ses questions. Peine perdue. Une inquiétude sourde le taraudait dont il n'arrivait pas à faire abstraction. Mais d'où sortait ce Sanctuaire de la Déesse Gaïa ? Il ne se souvenait pas d'avoir lu quoique ce soit à ce sujet dans les archives du Palais, aucune allusion, pas la moindre ligne. Et juste au moment où il avait vu le danger dans les étoiles, ce Sanctuaire faisait son apparition… Il abaissa la barrière et se téléporta jusqu'au temple de la Balance. Il enflamma son cosmos pour prévenir de sa présence. Dohko apparut.

— Ben qu'est-ce tu fais là ? Viens, entre !

— Je viens d'avoir un étrange entretien avec une étrange jeune femme.

Et il lui résuma la situation.

— Et j'ai pas envie de dormir seul.

— Pourquoi t'appelles pas Thémis ? Au moins tu serais resté au Palais.

— C'est d'un ami dont j'ai besoin, pas d'une maîtresse.

— D'accord. Allez, viens, il est tard. J'te servirai de doudou…

Ils se mirent au lit et Shion se calla contre le dos de Dohko. Cet homme le rassurait, il aimait sa force tranquille, son calme… son corps. Machinalement, il se mit à le caresser. Au bout d'un moment Dohko se retourna et le regarda.

— Dohko, fais-moi l'amour, murmura-t-il dans un souffle.

— Je croyais qu'tu voulais juste un ami…

— J'ai changé d'avis…

Le Chevalier de la Balance le prit dans ses bras et leurs bouches se trouvèrent…


Sanctuaire de Gaïa, la même nuit.

Le passage dimensionnel s'ouvrit dans le bureau même de la Reine. Djénia apparut et s'agenouilla immédiatement.

— Enfin te voilà, fit la Reine d'une voix où perçait une certaine tension. Relève-toi et fais ton rapport.

— Majesté, je pense que ma mission est un succès. Athéna vous attend demain matin à neuf heures avec votre suite. Vous déjeunerez avec elle.

— Les Dieux soient loués, soupira Kamryl sentant un poids libérer sa poitrine. A-t-elle posé des questions ?

— Ils ont posé pas de mal de question, mais je n'ai rien dit. Ça n'a fait qu'attiser leur curiosité. C'est pour cela, je pense, qu'Athéna veut vous rencontrer si vite.

— Ils ? Qui était avec la Déesse ? s'enquit Kayla, intervenant à son tour dans la conversation.

— Le Grand Pope était là, Shion, l'Atlante. C'est tout.

— Merci, Djénia, tu peux te retirer, lui ordonna la Reine.

La jeune femme s'inclina et sortit de la pièce. Les trois autres restèrent un instant sans rien dire, se demandant qui romprait le silence la première.

— Allons dormir, conseilla Kamryl, la nuit porte conseil. Demain nous aurons bien le temps de nous préparer à notre entrevue avec Athéna.

— Tu as raison, ça sert à rien d'rester ici à essayer d'réfléchir. Kayla, je veux tu préviennes Naralys et les jumelles, vous m'accompagnerez toutes les quatre. J'me charge de Belta.

— Très bien. Tyrin me remplacera à la tête de l'armée pendant notre absence.

Kayla courut jusqu'à son appartement tout en joignant ses deux capitaines et son lieutenant par télépathie. Elle arrivait tout juste chez elle quand les trois jeunes femmes se matérialisèrent dans le salon.

— J'espère que t'as une bonne raison pour m'avoir réveillé, bougonna Naralys d'un air endormi.

— La meilleure des raisons !

— Vas-y, fit Orlyna en étouffant un bâillement.

— Tenez-vous bien les filles, demain on déjeune avec Athéna dans son Sanctuaire !

— Hein !

— Tu rigoles !

— Tu déconnes !

— Non, non, non ! Djénia vient de rev'nir de là-bas. Elle a vu la Déesse et elle a répondu favorablement à la demande d'audience de ma sœur ! leur expliqua-t-elle tout excitée.

Elle entraîna ses amies dans une pièce insonorisée de son appartement et s'assit derrière une batterie. Elle attrapa les baguettes et commença à frapper sur les tomes. La grosse caisse marqua un rythme profond et régulier qui se répercutait dans leur poitrine, la Charley se mit à chuinter et la jeune femme entama le début de "Alive and kicking" du groupe Simple Minds. Même sachant que cela allait les mener au bout de la nuit, chacune prit son instrument. La basse pour Naralys, Orlyna passa derrière les claviers et Mursia glissa la sangle de la guitare sur son épaule. La voix grave et puissante de Naralys s'éleva. Lentement, le rythme et le son pénétrèrent leur esprit, leur cœur, leur corps. Elles se laissèrent complètement envahir, porter, guider. Elles devinrent la musique.

Elles étaient complètement possédées par la chanson. Elles adoraient Simple Minds. Lorsqu'elles commencèrent à bien jouer de leurs instruments, ce furent les premiers morceaux qu'elles tentèrent d'interpréter. Elles avaient aussi des morceaux de Police, U2, Queen, Phil Collins et bien d'autres, à leur répertoire. Elles s'étaient essayées à la composition de leur propre musique, mais les résultats n'avaient pas vraiment été concluants. Elles enchaînèrent avec "In the air tonight" de Phil Collins pour reprendre un peu leur souffle et terminèrent sur "Bring on the Night" de Police, un de leurs morceaux préférés.

Elles finirent par abandonner leurs instruments. Elles se sentaient fatiguées, mais étrangement sereines et calmes. Elles n'étaient jamais aussi proches et unies que lorsqu'elles jouaient ou quand elles se battaient. Elles étaient complémentaires comme les quatre points cardinaux. Et au combat, les Guerrières les surnommaient les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse. Rien ne leur résistait. Affalées sur des fauteuils, elles sirotaient un jus de fruits pris dans le frigo du minibar. Il était plus de trois heures du matin.

— Bonne idée Kayla, un bœuf ! fit Naralys d'une voix rauque. J'suis vidée !

— J'espère quand même que j'vais pouvoir dormir, poursuivit Orlyna.

— Moi, j'prends une douche et j'me couche.

Kayla les regarda toutes les trois et sourit. Elle crevait d'impatience et savait que les jumelles aussi. Elles allaient revoir les Atlantes et elles étaient excitées comme des puces.

— Je sais que j'vais avoir du mal à dormir, fit Mursia. C'est tellement incroyable, j'envie Thémis, vous savez…

— Pourquoi ?

— Naralys, tu t'rends pas compte ? Elle les voit tous les jours, les Chevaliers et la Déesse. Elle vit à leurs côtés.

— Faut vous calmer les filles. Z'aurez pas le temps de leur conter fleurette ! On va là-bas en mission… comment dire… diplomatique. Ça va pas durer vingt ans !

— T'es la reine pour nous casser notre délire, Naralys ! ragea Orlyna en lui balançant un coussin dans la figure qui repartit aussi sec à l'envoyeur.

— Le meilleur moyen de pas être déçue, c'est de pas s'faire d'illusion, argumenta la jeune femme. Maintenant si ça se passe bien, c'est que du bonus !

— Bon, les filles, j'vous aime, mais j'suis crevée, les coupa Kayla espérant que le sommeil lui ferait oublier son impatience.

— À demain, ma belle, chuchota Mursia en déposant un léger baiser sur ses lèvres.

— À demain ? Tu rêves ! À tout à l'heure plutôt !

— Naralys, tais-toi et sors ! la poussa Orlyna.

Kayla referma la porte de son appartement et fila sous la douche. Pendant que l'eau coulait sur sa peau ambrée, elle imagina de mille manières le déroulement de la rencontre avec Athéna. Elle était nerveuse comme une gamine lors de son premier rendez-vous. Enfin c'est ce qu'elle pensait parce qu'elle n'avait jamais été intimidée par les hommes. Ce n'était pas dans leur éducation. À peine sa tête toucha-t-elle l'oreiller qu'elle sombra dans un profond sommeil. Il serait court, mais l'évènement du lendemain lui ferait oublier sa fatigue…

La Reine Lysia était en grande tenue d'apparat. Elle portait un péplos jaune pastel brodé de fil d'or avec tous les attributs de sa charge. La fine couronne ornée d'une feuille à droite et d'une flamme à gauche ceignait sa tête, la finesse de sa taille était soulignée par une ceinture en maillons dorés. Ses poignets étaient entourés de bracelets serpentiformes et elle avait chaussé des sandales dorées. Elle avait laissé ses longs cheveux châtains bouclés libres. Elle terminait de les bosser quand Kamryl entra dans la pièce. La vielle femme aussi était sur son trente et un, elle voulait faire bonne impression à la Déesse. Dans sa main, elle tenait le sceptre de Gaïa. Un bâton en acajou surmonté d'une sphère en or symbolisant la Terre, gravé d'une feuille et d'une flamme. Elle aida la Reine à fixer la cape blanche qui faisait partie de sa tenue avec les fibules des épaules.

— C'est l'heure Majesté, dit simplement l'Oracle en lui tendant une petite boîte.

— Allons-y. Je suis juste un peu inquiète pour toi. Il va falloir monter toutes ses marches et traverser les douze Temples. Pourras-tu y arriver ?

— En rampant s'il le faut…

La Reine lui sourit affectueusement et sortit de sa chambre, entraînant l'Oracle derrière elle. Belta, qui avait revêtu son armure et sa cape, les retrouva en haut de l'escalier au fond du grand hall où étaient réunies les quatre Gardes Royales habillées comme Belta. La délégation se forma. La Reine était encadrée de Kayla et Mursia, venait ensuite Belta et Kamryl suivit de Naralys et d'Orlyna.

— Kayla, tu nous mènes devant le premier Temple ?

Le Commandant Suprême de l'armée pris dans sa main le pendentif qu'elle avait au cou. Elle serra la petite sphère en malachite incrusté d'une étoile dorée et tendit son autre main devant elle. L'air ambiant tremblota comme un mirage et le passage s'ouvrit. Elles débouchèrent directement au pied du Temple du Bélier, il était neuf heures tapantes. Alea jacta est… (Le sort en est jeté)


Sanctuaire d'Athéna, mardi 7 avril 1998, 9 h 00…

Mû sentit sept cosmoénergies inconnues pénétrer dans le Sanctuaire et il les localisa devant son Temple. Sachant qu'Athéna attendait de la visite, il devina que les invités de la Déesse venaient d'arriver. Ce qu'il s'expliquait moins, c'est comment ils avaient franchi la barrière de cosmos qui protège tout le Domaine Sacré. Athéna avait oublié de l'informer de ce détail. Il ajusta sa cape sous la spallière (1) de son armure et sortit de son Temple devant lequel il vit sept femmes, toutes plus belles les unes que les autres. Il les détailla rapidement et fut pour le moins interloqué de voir que cinq d'entre elles portaient, à n'en pas douter, des armures d'Or avec un casque très couvrant et une cape verte à reflets moirés. Il descendit quelques marches et capta le regard de la Reine devant laquelle il s'inclina d'une flexion du torse.

— Bienvenues au Sanctuaire de la Déesse Athéna, Reine Lysia. Elle vous attend. Je suis Mû, Chevalier d'Or du Bélier, gardien du premier Temple du Zodiaque. Je serais votre guide jusqu'au Palais.

— Merci de ton accueil Chevalier, nous te suivons.

Alors commença la longue montée des marches en silence. Le seul bruit que l'on entendait était celui métallique des plaques des armures qui frottaient les unes sur les autres à chaque mouvement.

— Nous allons traverser chaque Temple, Majesté, dit Mû pour rompre le silence pesant qui s'était installé, et il nous faudra demander l'autorisation au Chevalier qui le garde.

— Se peut-il que cette autorisation nous soit refusée ? questionna la Reine.

— Disons que si le Chevalier perçoit une menace émanant du visiteur, il interdira l'accès à sa Maison et en défendra l'entrée jusqu'à la mort s'il le faut.

— C'est donc impossible de parvenir au Palais avec de mauvaises intentions.

— C'est le but, Majesté. Tous les Temples ne sont pas occupés, nous approchons de celui du Taureau et son Gardien est actuellement en mission. Nous pourrons le traverser sans problème.

— Est-ce bien raisonnable de dégarnir une telle ligne de défense ?

Mû nota que les termes employés par la Reine étaient empruntés au vocabulaire militaire. Tiens donc ?

— Nous sommes en paix actuellement.

Et se retournant vers les femmes, il précisa :

— Personne, hommes ou Dieux ne nous menacent.

Toutes comprirent l'allusion. Ils traversèrent le Temple du Taureau et poursuivirent leur ascension.

— Voici la troisième Maison.

La silhouette d'un homme se détacha devant l'entrée. Le visage fermé, limite hostile, il détailla le groupe en prenant son temps, s'arrêtant sur chaque visage.

— Voici Saga, reprit le Bélier, Chevalier d'Or des Gémeaux, gardien de la troisième Maison. Saga, je te présente la Reine Lysia et sa délégation qui sont attendues par Athéna.

Kayla crut que son cœur allait s'arrêter. Sa respiration s'accéléra et ses mains devinrent moites. Il était là, debout, respirant, marchant, parlant. Elle n'arrivait pas à y croire. Pourtant quelque chose lui sembla différent, mais elle n'aurait su dire quoi.

— Soyez les bienvenues, je vous autorise à traverser mon Temple.

— N'oublie pas le labyrinthe, mon ami.

Saga enflamma son cosmos.

— Il est désactivé. Je vais vous accompagner.

— Je te remercie, Chevalier, fit la Reine. Elle commençait à se demander combien de temps allait leur prendre leur montée, elle sentait que Kamryl était déjà fatiguée. Ils repartaient quand Saga s'arrêta.

— Un instant, dit-il en posant les yeux sur l'Oracle. Cette personne est trop fatiguée pour continuer.

— Athéna acceptera peut-être que l'on se téléporte jusqu'en haut, pensa Mû tout haut.

— Pas tous, lui répondit Saga, mais on ne risque rien à lui demander.

Mû enflamma son cosmos et contacta la Déesse.

— Elle veut bien que tu la téléportes. Elle envoie ton frère pour te remplacer.

Saga s'approcha de Kamryl pour la prendre dans ses bras.

— Mets tes bras autour de mon cou, murmura-t-il à l'Oracle qu'il souleva sans le moindre effort.

— Chevalier, je te la confie. C'est comme une mère pour nous toutes, lui dit la Reine en posant une main sur son bras.

Contre toute attente l'armure accepta ce contact tout comme celui de Kamryl, tout comme la fois où les Amazones avaient été récupérer les Chevaliers dans le Cocyte et qu'elles les avaient portés sur leur dos. Quelqu'un de mal intentionné se serait gravement brûlé les doigts. Il sut que la Reine n'était pas leur ennemie. Il jeta un rapide regard à Mû à qui le geste de Lysia n'avait pas échappé non plus. Alors que Saga disparaissait avec son précieux fardeau, un nouvel arrivant se matérialisa devant eux. Mû lui présenta les jeunes femmes. Kayla comprit alors ce qui lui avait semblait étrange chez Saga. C'était la couleur des cheveux. En voyant son frère, elle sut que la mèche qu'elle avait coupée était à celui qui se tenait devant elle.

Arrête de baver! fit la voix moqueuse de Naralys dans sa tête.

Elle se retourna et fusilla son capitaine du regard.

— Voici Kanon, Marinas de Poséidon, Général du Dragon des Mers et frère jumeau de Saga.

— À part la couleur des cheveux, il est impossible de vous différencier l'un de l'autre, observa la Reine avec un sourire bienveillant.

— C'est un atout que nous avons largement exploité lorsque nous étions enfants, lui rétorqua-t-il avec un sourire à faire craquer la Déesse Aphrodite en personne.

Kayla, dont le cœur avait failli s'arrêter à la vue de Saga, s'emballa à la vitesse d'un cheval au galop au son de la voix et à la vue du sourire de Kanon.

— Continuons, proposa Mu.

Ils traversèrent le Temple du Cancer qui se joignit également à eux. Les quatre Gardes Royales les reconnaissaient pour les avoir vus dans leur clinique.

— Les deux prochaines Maisons sont vides, leurs gardiens sont également en mission, expliqua Angelo.

— Comment se fait-il qu'un Général de Poséidon soit au Sanctuaire d'Athéna ? s'enquit la Reine.

— Athéna et Poséidon ont fait la Paix. Même si je reste un Marinas au service du Dieu des Océans, il a accepté de me laisser vivre auprès de mon frère. Nous avons été séparés de nombreuses années et maintenant que nous nous sommes retrouvés, nous apprenons à nous connaître.

— Ceci m'a l'air d'être le résumé d'une histoire que je soupçonne être plus longue et fort intéressante, fit malicieusement Lysia.

— Plus longue, oui.

— Si nous en avons le temps, me feras-tu l'honneur de nous la raconter ?

— Si nous en avons le temps…

Kayla avançait dans du coton. Elle ne comprenait pas sa réaction. Elle avait du mal à se concentrer, elle devait un effort pour penser à la mission. Pourtant elle se souvenait de la douceur de ses lèvres lorsqu'elle l'avait embrassé après l'avoir déposé, inconscient, devant le Sanctuaire. Un frisson incontrôlable la parcourut.

Faut qu'tu t'calmes là, tu vas nous faire une syncope, raisonna encore la voix de Naralys dans son esprit.

Dohko les accueillit chaleureusement et les invita à traverser son Temple.

— Ne peut-on faire une halte pour nous reposer un peu ? demanda la Reine qui sentait ses forces s'amenuiser.

— Le protocole veut qu'un visiteur traverse les douze Maisons sans s'arrêter après avoir obtenu l'autorisation de passer à travers chaque Temple, leur expliqua le Chevalier de la Balance. C'est un test pour voir si ce visiteur est digne de rencontrer la Déesse ou le Grand Pope. J'estime que c'est valable quand on ne connaît rien de cette personne ou lorsque l'on est en état d'alerte. Or Athéna a l'air de savoir qui vous êtes. J'avoue que son attitude m'étonne un peu.

— Tu désapprouves ta Déesse ? sursauta Mursia, incrédule devant de telles paroles.

— Ça nous arrive à tous et nous ne nous gênons pas pour le lui dire. Et je vois bien que cela te surprend.

— C'est surtout une coutume qu'Athéna tient à respecter, intervint le Cancer. Ça nous arrive de demander la neutralisation de la barrière quand on a eu un entraînement trop fatigant et nous nous téléportons jusqu'à nos Temples.

— Mais c'est rare, reprit Dhoko. Je pense que je peux quand même vous offrir un rafraîchissement. Kanon, vient m'aider.

Il disparut dans son appartement, suivi du Marinas.

— Elles sont canon ses filles ! s'exclama le Dragon des Mers, une fois à l'intérieur.

— Méfie-toi ! Elles m'inspirent pas confiance !

— Qu'est-ce tu veux dire ?

— J'en sais trop rien ! C'est un pressentiment j'te dis !

Ils réapparurent avec des verres et deux carafes d'eau. Seul Mû ne parlait pas. Il était en communication télépathique permanente avec Athéna pour lui permettre de suivre la conversation. Celle-ci fut un peu vexée par la remarque de Dohko qui la désapprouvait parfois. Un sourire étira les lèvres du Bélier qui depuis un moment sentait un picotement dans sa nuque. On l'observait avec insistance, mais il ne poussa pas plus loin ses réflexions, Athéna venait de lui donner un ordre.

— Athéna a baissé la barrière pour que l'on puisse se téléporter jusqu'au Palais. Les autres Chevaliers nous y attendent.

Mû, Kanon, Angelo et Dohko enflammèrent leur cosmos et enveloppèrent les femmes. Une seconde plus tard, ils se retrouvèrent tous devant les immenses portes du Palais. Les gardes les ouvrirent et elles entrèrent suivies des Chevaliers d'Or. D'un pas parfaitement synchronisé, elles s'avancèrent dans la salle du trône sur lequel Athéna était assise, Shion à ses côtés, deux marches plus bas. La déesse se leva, tenant son sceptre de la main droite bien en évidence. Mikael, Camus, Saga et Milo se tenaient à la droite du trône. Angelo, Mû, Kanon et Dohko se placèrent à gauche. Dans un parfait ensemble, la délégation de Gaïa mit un genou à terre pour saluer Athéna.

— C'est quand même sexy une femme en armure ! chuchota Angelo à Kanon qui se retint de ne pas éclater de rire.

— Et celles-là sont super mignonnes en plus ! lui rétorqua-t-il sur le même ton.

— Bienvenue dans mon Sanctuaire Reine Lysia, déclara la Déesse d'une voix solennelle. Relevez-vous, je vous prie.

Toujours synchrones, les six jeunes femmes se redressèrent. Kamryl avança pour reprendre sa place auprès de Belta, mais ce faisant, elle passa à proximité d'Athéna. C'est alors qu'un phénomène aussi inattendu que surprenant se produisit. Les deux sceptres entrèrent en résonance et pulsèrent d'une douce lumière dorée. Des murmures de surprises parcoururent la salle. Kamryl se tourna vers Athéna avec un regard doux et bienveillant.

— Encore une question sans réponse, fit l'Oracle.

— Oui ma chère Kamryl, mais je suis sûre que nous trouverons ces réponses. Vous avez rencontré certain de mes Chevaliers, permettez-moi de vous présenter les autres. Voici Milo, Chevalier d'Or du Scorpion, Camus, Chevalier d'Or du Verseau et Mikael, Chevalier d'Or des Poissons. Et mon Grand Pope, Shion qui dirige le Domaine Sacré et tous les Chevaliers lorsque je ne suis pas là.

— C'est un honneur de faire vote connaissance, Chevaliers, Grand Pope. Puis se tournant vers ses Guerrières, voici Belta, ma conseillère. Mursia et Naralis, capitaines de la Garde Royale et Orlyna qui est lieutenant. Et voici Kayla, ma jeune sœur. Elle est le Commandant Suprême de notre armée et Commandant en chef de la Garde Royale. Déesse Athéna, Grand Pope, Chevaliers, nous sommes les Guerrières Sacrées de Gaïa, les Amazones…

À suivre…


Spallière : partie de l'amure qui recouvre l'épaule et le haut du bras, souvent articulée pour permettre les mouvements lors du combat.

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