Okay, il y avait décidément trop de football pour ce recueil dans les deux OS précédents (pas pour rien que ça s'appelle À la mi-temps... /bam/), donc promis : cette fois-ci revoilà un truc à peu près normal xD

Cet OS a été écrit sur le thème Sérendipité, au sens d'une découverte bénéfique faite sans le vouloir, un heureux hasard. Merci d'être passé.e y jeter un coup d'oeil !

Personnages/Pairings : Meguru Bachira/Rin Itoshi/Yoichi Isagi
Rating : K+


08 : La découverte

En seize ans de vie, Rin Itoshi était presque certain qu'il n'avait jamais, pas une seule fois, souhaité avoir un petit ami.
Ni une petite amie, par ailleurs – même si ça, c'était vite allé de soi. D'une Saint-Valentin à l'autre, il en avait eu l'occasion plusieurs fois, après tout, et il avait toujours tout refusé, parce que- Parce que ça ne l'intéressait juste pas. D'avoir une relation amoureuse, s'était-il longtemps dit. De gaspiller son temps à faire autre chose que du foot. Et puis, au final- De sortir avec une fille, avait-il réalisé. Les filles en général. Peu importe leur tenue, leur silhouette ou leur coiffure, il ne…
… Mais ce n'était pas pour autant qu'il avait un jour ne serait-ce qu'envisagé d'avoir un petit ami. Il n'avait pas le temps pour ça, de toute manière. Pas même de temps à perdre à en avoir envie, ou à se poser la question de savoir s'il en avait envie, alors-

Alors il n'était pas sûr de comprendre comment il avait pu en arriver là – à en avoir. S'il avait bien suivi. Non pas un, mais deux.

… C'était leur faute, bien sûr. Toujours les mêmes, et leur faute à tous les deux – Meguru Bachira. Yoichi Isagi. Depuis qu'il avait eu le malheur de croiser leur chemin dans Blue Lock, ces deux-là n'avaient fait que de lui compliquer inutilement la vie, tantôt séparément, tantôt en s'alliant et en agissant de concert. Toujours à le défier à tort et à travers sur le terrain… À s'incruster dans ses entraînements persos… À lui adresser la parole le reste du temps, à lui poser toutes ces questions, à faire comme si- comme s'il les intéressait, comme s'ils le comprenaient
C'était ridicule.

Évidemment que c'était ridicule. Ce n'était pas, ça n'avait jamais été ce qu'il voulait, encore moins quelque chose dont il avait besoin, comme ces deux-là avaient un peu trop l'air de le croire, merci bien, alors-
Il n'y avait pas de raison que les grands sourires amusés de Bachira l'échauffent à ce point. Vraiment aucun sens à ce que les mots d'Isagi, ses gestes si naturels, se répercutent comme ça jusque dans sa poitrine et dans son ventre. Et- Et de toute façon, personne n'était attiré par deux garçons à la fois, ce n'était juste pas possible-

Et pourquoi pas ?

… C'était la question que lui avait posée Bachira. Avec ses yeux clairs et brillants rivés sur lui, les pointes de ses cheveux frisant de sueur et le souffle encore un peu court après l'entraînement. Juste après- Juste après l'avoir embrassé.

J'en ai parlé avec Isagi, tu sais ! Toujours ce fichu sourire. Il n'avait pas le droit d'empêcher le cœur de Rin de ralentir après l'effort, pas si facilement, et pourtant- Si tu veux sortir avec lui en même temps qu'avec moi, tu peux, héhé. Ça ne nous dérange pas du tout. Ce serait même super fun !

Rin n'avait pas dit oui.
Sur le moment, Rin n'avait rien dit du tout, en fait. Ni oui, ni non, ni que c'était ridicule, et encore moins que la sensation qui s'était mise à peser sur son estomac n'était pareille à aucune autre, à mi-chemin de l'adrénaline d'avant un match et de l'appréhension lorsque la créature d'un bon film d'horreur apparaîtrait à coup sûr au plan suivant – mais le fait était que. Dans les jours qui avaient suivi. Les semaines, aussi. Les sorties au parc d'attractions ou au café du coin avec Bachira, celles au magasin de sport ou à la librairie avec Isagi… Toutes les heures passées sur le terrain tantôt avec l'un, tantôt avec l'autre… Les soirées au cinéma avec la main d'Isagi dans ses cheveux ou sur sa cuisse ; les promenades au bord de l'eau avec les doigts de Bachira autour des siens…

Rin n'avait pas dit oui – mais il n'avait pas dit non non plus.
Et en un peu plus d'un mois, à son grand dam, en dépit de tout bon sens, il… avait fini par s'y habituer. À l'aura si différente de leur présence autour de lui, à la sensation si différente de leur peau sous ses doigts. (Au goût si différent, et pourtant tout aussi plaisant de leurs lèvres sur les siennes.)

Il avait beau s'y être habitué, ceci dit, ce n'était pas souvent que ses- kof- deux petits amis et lui se retrouvaient ensemble. Tous les trois.
… Ça aussi, en soi, c'était ridicule – tout le temps qu'il avait passé à y penser ce matin, en faisant son jogging. Et hier soir, aussi, parce que les parents d'Isagi n'étaient pas là et- Duquel des deux est-ce qu'il était censé prendre la main devant le film ? Est-ce qu'il pouvait seulement se permettre d'en embrasser un devant l'autre ? Et comment est-ce qu'il était censé faire, si l'un des deux décidait qu'il voulait dormir blotti contre lui, au juste ?!
C'était ridicule, ridicule, complètement idiot d'en arriver à se poser des questions pareilles ; et malgré ça en passant à nouveau la porte de la maison d'Isagi, dont les parents n'étaient pas encore rentrés, Rin n'eut d'autre choix de constater que ses sourcils étaient toujours froncés. Le jogging n'avait rien pu y faire. Il n'arrivait juste pas à se les sortir de la tête-

« Isagiii~ C'est pas de la triche, si c'est toi qui te déconcentres tout seul ! »

La voix de Bachira, depuis le salon. Sur fond sonore de ce jeu de foot auquel ils perdaient décidément trop de temps à jouer.

« Tout seul, tout seul… Tu parles, ouais ! »

Celle d'Isagi, juste à côté. Un peu bougonne, comme pour se plaindre, mais en même temps, sur le ton d'un sourire mi-exaspéré, mi-attendri.

Et puis- Au moment où Rin s'avançait dans leur direction, ses baskets retirées dans l'entrée-

Je vais te montrer, si c'est pas de la triche, moi. Pff.
Haha, Yoichi… Fallait le dire, si tu pouvais pas supporter de perdre…

Leurs lèvres qui se rencontrent. Une fois. Deux fois. Entre deux éclats de rire. Puis trois, plus lentement, avec plus d'insistance ; les mains d'Isagi contre la taille de Bachira. Celles de Bachira dans les cheveux d'Isagi.

C'est ainsi que, bien malgré lui, Rin Itoshi découvrit que si, c'était bien possible d'être attiré par deux garçons à la fois, ou pire, de souhaiter avoir deux petits amis – car c'était son cas. Tout autant que, visiblement, c'était celui des deux crétins qui avaient d'eux-mêmes décidé de partager sa vie.