Oups, je suis un peu sur le gong niveau timing, mais au final j'ai réussi à vite écrire encore un texte pour cette Nuit du FoF, donc... Voici le thème Entraves ! Retour sur mon OTP de ce fandom, une valeur sûre mdr xD Merci de m'avoir supportée jusqu'ici, je reviendrai sans doute :D

Personnages/Pairings : Seishirô Nagi/Reo Mikage
Rating : K


09 : Rien à faire

Mais en fait, Reo, il te laisse rien faire, ou bien… ? C'est pas un peu grave, à force ?

C'est entre le rayon des pâtes instantanées et celui des chips de la supérette du coin que Seishirô repense, tout à coup, à ces mots de cette fille de sa classe cet après-midi.

Il ne sait pas pourquoi ça lui revient maintenant, à vrai dire. C'était il y a des heures, et sur le coup, il n'a fait que hausser les sourcils, bâiller et refermer les yeux, ou peut-être refermer les yeux d'abord et bâiller ensuite ; jusqu'ici, la question lui était complètement sortie de la tête.
Est-ce que Reo ne le laisse rien faire… ?

Accroupi à côté des paquets multicolores aux petits dessins rigolos de la sélection goût barbecue, il redresse la tête et s'interroge intensément. Enfin, pas trop intensément non plus – c'est important de conserver son énergie, surtout en fin de journée. Mais c'est vrai que, de l'extérieur, c'est l'impression qu'on pourrait avoir, il suppose. Quand il débarque chez lui pour le lever le matin, Reo ne le laisse jamais dormir encore cinq minutes, même pas cinq vraies minutes, et il ne le laisse pas se recoucher ou sécher le lycée non plus. Quand ils sont assis côte à côte en classe, s'il le voit, et il le voit à chaque fois, il ne le laisse pas se cacher derrière son cahier pour taper un petit somme pourtant bien mérité. Et quand les cours se terminent, c'est le pire, parce qu'il y a l'entraînement de foot, et ça – impossible que Reo le laisse juste ne pas y aller, c'est sûr…

Mais de là à dire que Reo ne le laisse rien faire…

« Ah, Nagi ! C'est là que tu étais ! »

À la voix de Reo, toujours aussi pleine d'énergie, Seishirô rouvre les yeux qu'il n'avait pas réalisé avoir fermés et lui jette un regard interrogateur. Enfin, la plupart des gens disent plutôt vide – mais Reo sait que c'est interrogateur. Alors il poursuit.

« Qu'est-ce que tu veux manger ce soir ? J'ai un peu regardé, j'ai eu quelques idées… »

Ce soir, Reo avait envie de venir passer la nuit chez lui, donc il vient passer la nuit chez lui. Cette fois encore, ils seront seuls, alors Reo avait envie de leur cuisiner quelque chose – et donc il va leur cuisiner quelque chose. Comme il connaît plein de recettes, en parcourant les étals de la supérette, Reo a eu des tas d'idées, pas juste quelques ; et donc, même si Seishirô a la flemme d'en choisir une, il se décidera bien pour la meilleure d'entre elles.

« Haha, Nagi, tu dors déjà ? » S'il garde les paupières closes encore un peu, il y aura bientôt sa main dans ses cheveux, parce que Reo ne le laissera pas s'endormir là pour de vrai – bingo. « Allez, viens, je vais nous faire une omelette, du coup. »

Un peu à contrecœur, parce que ça reste relou de se lever, Seishirô finit par se redresser.
Hm. C'est encore plus relou que les doigts de Reo ne soient plus entre ses mèches ; mais le sourire qu'il lui adresse ne le laisse pas s'en plaindre trop longtemps. Ah. C'est si aveuglant qu'il en a mal aux yeux. Mais c'est l'heure de passer en caisse, à en juger par le panier plein au bras de Reo, alors Reo ne le laissera pas non plus s'appuyer sur son épaule pour se reposer, c'est mort…

… Tandis que Reo parcourt une dernière fois du regard sa longue liste de courses et d'idées de repas, Seishirô laisse échapper un bref soupir. Peut-être bien que Reo ne le laisse rien faire, en fin de compte. Et peut-être bien que des fois, à défaut d'être vraiment grave, c'est un peu pénible.

Mais si ça peut lui permettre d'être à l'heure en cours, et de passer tous les jours en classe à côté de Reo… Si ça peut donner lieu à ces buts suite aux passes de Reo sur le terrain, à ces omelettes préparées par Reo le soir venu… Si ça peut lui valoir ce genre de sourire…

C'est relou, de faire les choses par soi-même, en plus. Ça demande un temps fou et beaucoup trop d'énergie, de réfléchir, de décider tout seul.
À tout ça, entre le rayon des pâtes instantanées et celui des chips de la supérette du coin, Seishirô préfère largement tendre un peu la main, juste ce qu'il faut pour attraper celle de Reo – et après l'avoir senti tressaillir, hésiter, resserrer timidement les doigts autour des siens…
Le laisser lui faire faire ce qu'il voudra. L'emmener, comme il voudra, exactement là où il voudra.

Si vraiment c'est un collier qu'il a au cou et des chaînes qu'il porte aux poignets – le plus important, c'est son consentement, pas vrai ?