Chapitre 6
Danny sortit de sa torpeur en se demandant ce qui l'avait réveillé, il avait mal comme ça ne lui était jamais arrivé dans sa vie, il savait qu'il avait de la fièvre, il brûlait, mais c'était autre chose. Avec difficulté, il ouvrit les yeux et son regard tomba sur la silhouette roulée en boule et tremblante de froid de TK. Celui-ci claquait des dents et frottait ses mains sur ses avant-bras pour essayer de se réchauffer.
"TK." souffla Danny.
L'interpellé releva la tête vers lui et le regarda un instant, se demandant s'il avait rêvé ou non.
"Viens-là."
TK le regarda surpris, mais Danny n'était pas en état d'argumenter, il souleva de quelques centimètres le coin de la couverture. Le secouriste réagit tout de suite, il ne voulait pas que l'autre homme utilise le peu de forces qu'il avait pour rien, il se glissa sous la couverture et colla son dos contre le torse bandé. Tous deux soupirèrent de plaisir alors que Danny laissait retomber son bras autour du torse du plus jeune, lui parce que le corps froid contre lui calmait un peu la brûlure intérieur qu'il ressentait, TK parce qu'il était soulagé d'être enveloppé de chaleur après avoir eu aussi froid. Ils s'endormirent en quelques minutes, le policier emporté par la fièvre, le secouriste par l'épuisement.
Les trois policiers avaient trouvé une maison vide de tout occupant, mais pas d'indices à l'adresse donnée par Kono. Ils avaient passé deux heures avec la scientifique à chercher les nombreuses pièces et avaient trouvé des preuves de l'implication du propriétaire dans l'enlèvement de Danny et les multiples tentatives d'agression sur Steve. Ce dernier reconnaissait que leur plan de départ était celui qui avait eu le plus de chances de succès et que sans la tempête, il se serait rendu pour sauver Danny, il aurait foncé tête baissée. Le commanditaire de ce plan le connaissait-il au point de pouvoir anticiper ses réactions ?
A force de persévérance, ils avaient trouvé une autre adresse et y étaient partis sans attendre, leur destination étant à plus d'une heure de leur position. Ils s'approchèrent, tous feux éteints de la ferme isolée, tout était noir et calme, jusqu'à ce qu'un choc énorme ne fasse voler leur voiture sur plusieurs mètres vers la gauche. Ils atterrirent au beau milieu d'un champ et firent de nombreux tonneaux, arrêtés seulement par un nouveau choc. Les trois hommes étaient secoués, à demi-conscients et égratignés, mais le danger qui planait sur eux les ramena à leurs sens. La voiture était couchée sur le côté et derrière eux venait une énorme machine agricole.
Steve fut le premier à reprendre ses esprits, presque tout de suite suivi par John et tous deux, animés par un réflexe de survie, se coordonnèrent pour fuir le véhicule. Le militaire brisa le pare-brise déjà abîmé pendant que le policier secouait Carlos. Steve s'extrait de la voiture et tendit une main au Latino toujours confus, qui était suspendu par sa ceinture de sécurité. John se faufila sous Carlos pour le réceptionner en cas de besoin et pour déboucler sa ceinture, ils n'avaient pas de temps à perdre, l'engin arrivait à sa plus grande vitesse. Le plus jeune comprit qu'il devait reprendre le contrôle de son corps et se saisit de la main tendue et de la poignée de la portière. Son corps se fit lourd dès qu'il fut libre et il passa à travers le verre brisé, non sans récolter quelques égratignures supplémentaires.
"Merde, merde, merde…" jura John alors que l'engin agricole était presque sur la voiture accidentée.
Il se jeta à travers le pare-brise et roula sur le côté juste à temps pour éviter le monstre métallique qui transforma la voiture en galette en l'écrasant contre le mur qui avait stoppé sa trajectoire. L'engin s'immobilisa quelques secondes avant de se mettre à trembler et de reculer. John tenta sa chance et passa devant l'énorme pelle pour rejoindre ses coéquipiers. Steve avait tiré Carlos hors de la voiture et les deux hommes avaient ensuite bondi hors de la trajectoire du véhicule.
"Je m'occupe de lui, ordonna Steve de son ton qui ne souffrait pas de réponse. Appelez du renfort et occupez-vous de la maison."
Il prit son élan et sauta avec habileté sur la marche permettant l'accès à la cabine, avant de monter, d'ouvrir la portière et mettre un coup de poing au conducteur.
"On l'admire ou on y va ?" chambra John sans méchanceté alors que Carlos regardait le militaire avec des étoiles dans les yeux.
Steve n'était pas un petit gabarit et sa musculature était tout à fait visible, mais il restait plus fin que le Texan et celui-ci était impressionné par le mélange de force brute, d'agilité et de charisme qu'il dégageait à ce moment précis. Il remercia la nuit de cacher la rougeur qui empourpra ses joues à la remarque de John et ouvrit la voie vers le corps de ferme.
Le coup de fusil qui les accueillit manqua le jeune homme de peu qui s'abrita derrière un puit. John se mit à ses côtés et appela une équipe en renfort.
"On les attend ?" demanda Carlos qui n'était pas sûr de l'attitude à tenir.
Un bruit de moteur résonna entre les murs de la ferme et John bondit.
"Non, sinon ils vont se faire la malle !"
Deux motos avec deux passagers chacune sortirent, McClane se saisit du seau qui reposait sur le rebord du puits, le lança de toutes ses forces sur les deux-roues et toucha le premier conducteur. La moto se coucha, ses passagers expulsés, alors que la seconde fit un écart, mais continua sa route. Les deux policiers se précipitèrent vers les personnes à terre pour les arrêter avant qu'elles ne se relèvent, mais des coups de feu retentirent à nouveau et ils furent obligés de s'abriter derrière une brouette. Carlos, décidé de ne pas voir leurs suspects se faire la malle, sortit son arme et tira sur les pneus de la moto. Une femme cria de rage lorsqu'ils explosèrent et sortit un pistolet pour leur tirer dessus elle aussi.
"Tu nous l'as énervée, s'amusa John.
- Je ne compte pas m'excuser.
- Tu fais bien, un jour un gars m'a dit "la prochaine fois que t'as l'opportunité de buter un gars n'hésite pas".
- Et tu as fait quoi ?
- Je l'ai buté. C'était lui ou moi."
Carlos acquiesça, mais hésita, il ne voulait pas tuer leurs suspects s'ils pouvaient l'aider à retrouver TK. La deuxième personne sortit aussi une arme et fit feu sur eux, Carlos répliqua pour les garder à distance. John regarda autour d'eux, ils ne pouvaient pas rester comme ça, et découvrit des plaques de taule à côté d'eux.
"Carlos ! Prends les plaques et mets-toi dans la brouette !"
Le plus jeune comprit l'idée et fit comme demandé, se servant des plaques comme de boucliers, un devant lui, un sur le côté, alors que John se saisissait des poignées de la brouette et fonçait tête baissée sur les deux motards.
Dès qu'il fut assez près, Carlos sauta de la brouette et lâcha une des plaques pour mettre un coup de poing à son adversaire qui l'assomma, John mit un coup de brouette à l'autre.
Steve entra dans la cabine et mit un coup de poing au conducteur, mais celui-ci ne se laissa pas faire. Il lâcha les commandes et répondit au coup. Un combat acharné s'engagea entre les deux hommes malgré le peu de place dans la cabine. L'engin agricole percuta le mur et secoua les combattants, les projetant au sol. Steve se retrouva coincé sous l'autre homme qui en profita pour l'étrangler, il eut beau ruer dans tous les sens, l'autre ne faisait que resserrer sa prise. Le soldat tapa le sol autour de lui à la recherche de quelque chose pour l'aider lorsqu'il réalisa qu'il n'arriverait pas à se défaire de la prise et tomba sur un morceau de métal à la forme pointue. Sans réfléchir à ce qu'il faisait, à deux doigts de s'évanouir dû au manque d'oxygène, il se saisit de l'objet et l'enfonça avec force dans le flan de son adversaire avant de le retirer et de recommencer son geste. Il n'arrêta que lorsque la pression se fit moins forte sur son cou et que le corps se fit lourd sur le sien. Steve rassembla ses forces et fit basculer le poids mort à côté de lui, il prit plusieurs grandes inspirations avant de s'asseoir. Il entendit alors des coups de feu venir de la ferme et se leva à toute vitesse. Il repéra que les tirs venaient de l'intérieur du bâtiment à s'y faufila en toute discrétion. Il chercha plusieurs pièces, sur la défensive, avant de trouver l'homme qui faisait feu sur ses coéquipiers. Il ne prit pas la peine de se signaler ou d'essayer de le neutraliser, il lui tira dans l'épaule, mais ce n'eut pas l'effet escompté. L'homme se tourna vers lui, l'épaule en sang, son fusil en main et ouvrit le feu sur lui. Le chambranle de la porte explosa juste à côté de lui et plusieurs morceaux de bois lui perforèrent la jambe. Steve grogna de douleur et tira, pour tuer cette fois.
