Chapitre 8

Les deux hommes se regardent fixement pendant plusieurs secondes, avant que Sirius ne prenne la parole.

« Tu … tu es là depuis longtemps ? »

« Depuis assez longtemps … pour t'avoir entendu avec le loup-garou en fait. »

« Tu ne vas pas t'enfuir de nouveau ? »

« Non. Si je suis venu pour qu'on discute. »

Severus s'avançât jusqu'à la table de la cuisine pour s'assoir, espérant montrer à Sirius qu'il ne comptait pas s'échapper. Ce dernier se décontracta sans même s'en apercevoir. Il s'assied également et ne su pas trop comment commencer cette conversation.

« Alors. Ça va toi ? »

« On va dire ça. J'ai été pas mal sollicité par le Seigneur des ténèbres. »

« Albus nous l'a dit lors de la dernière réunion. Apparemment une attaque en vue et beaucoup de potions à préparer. »

« Honnêtement, j'avais pris assez d'avance pour pouvoir venir à la dernière réunion, mais … j'avais besoin d'un peu de temps… pour réfléchir »

« Réfléchir à quoi ? »

« Je pense que tu t'en doute un peu. J'ai mis du temps à m'en remettre. Au début, je ne voulais pas y penser. J'étais en colère, je me suis dit que c'était encore une de tes blagues débiles. »

« Je pensais avoir réussi à te prouver que j'avais changé, que je n'étais plus ce petit con de l'école. »

« Je me suis remémoré quand tu es venu me consoler, toutes les discussions que nous avons eues. Et j'ai réalisé que tu n'étais plus ce petit con comme tu dis. J'ai encore du mal à croire et à encaisser ce que tu m'as dit… mais j'en ai eu assez de me cacher et je me suis dit qu'il fallait affronter les choses et qu'on pouvait en parler tous les deux… »

Severus le regardai, comme s'il donnait la parole à Sirius qui pris un instant avant de répondre, cherchant lui-même ses mots

« Je comprends que cela t'ai fait un choc. J'insiste pour que l'ont deviennent amis. Je te montre que j'ai changé, que je peux être quelqu'un de sympa, on commence juste à bien s'entendre et je te balance que je suis amoureux de toi, de façon un peu trop direct j'en conviens.»

« Ce que je ne réussi toujours pas à comprendre quand je me regarde… »

«Pourquoi ça ? »

« Tu poses vraiment la question ? Je suis laid, maigre, un nez trop grand, les cheveux gras parce que je fais des potions non stop. J'ai un mauvais caractère, je suis asocial, je … »

« Stop, stop, stop, arrêtes… Pour moi non. »

« Ne dis pas n'importe quoi »

« Je te promets. Pour moi tu es magnifique. Tu as un corps fin. Tu as les yeux noirs les plus profond et beaux que j'ai vu dans ma vie. Les rares fois où je t'ai vu sourire, tu t'illumine. Tu es courageux. Tu es prévenant avec les gens à qui tu fais confiance. Tu es capable de tout pour les gens que tu aimes. Quand tu parles de potions, tu as des étoiles dans les yeux et on sent ta passion. Tu as une voix grave et suave qui me donne envie de te sauter dessus dès que tu ouvres la bouche. »

Severus avait rougi pendant la tirade de son homologue qui ne l'avait pas quitté des yeux. Il n'en revenait pas de ce que pensait Sirius de lui. Il semblait si sincère et si ouvert que Severus ne douta pas de ses paroles cette fois.

« Je ne suis tellement pas habitué à ce que l'on me voit comme ça. J'ai l'impression que ce n'est qu'une vaste plaisanterie. Que je suis encore ce garçon dont personne ne veut s'approcher et dont on veut se moquer. »

« Quelqu'un te l'a bien déjà dit ? »

« A part ma mère … non jamais. »

« Et bien, … maintenant se sera moi qui te le dirait, encore et encore, jusqu'à ce que tu sois obligé d'y croire toi-même. »

« Je ne pense pas que je finirai par te croire un jour. »

« Et accepteras-tu mes déclarations ? »

« Dois-je dire obligatoirement oui ? Si je dis non, tu ne vas pas insister ?»

« Je n'ai pas dit que je me battrait pas pour que tu accepte. Mais je ne veux pas que tu te sens obligé ou coincé. Je veux que tu veuilles de moi aussi. »

« Je … »

« Tu as aimé quand je t'ai embrassé ? »

« … oui … »

« Tu voudrais que je recommence ? » Dit Sirius en se levant de sa chaise

« Je… ne sais pas… »

Sirius avait avancé doucement et fais le tour de la table. Il était juste à côté de Severus. Il s'accouda sur la table pour se mettre à son niveau. Leurs visages proches l'un de l'autre.

Sirius avança légèrement ses lèvres vers celles de Severus mais ne les mis pas en contact. Il ne voulait pas le forcer à quoi que soit et voulait que ce baiser soit initier par Severus. Que se soit son choix.

Severus de son côté n'avait pas bougé. Il regardait alternativement les yeux et les lèvres de Sirius. Quand Sirius se stoppa non loin de ses lèvres, il comprit que l'animagus lui laissait le choix, l'opportunité de le repousser.

Severus avança lentement et finit par poser ses lèvres sur celle de Sirius, sans bouger. Ils restèrent un instant comme ça. Ce n'est que lorsque la langue de Sirius quémanda l'entrée de sa bouche qu'ils s'embrassèrent enfin.

L'animagus était au paradis. Il n'avait jamais ressenti ça en embrassant les filles qu'il séduisait à l'école. Il profitait allègrement de ce baiser, voulait se fondre en Severus, et le faire fondre par la même occasion. Il posa sa main dans le cou du serpentard pour accentuer le baiser. La position penchée n'était pas des plus confortable, mais il s'en accommodait. En cet instant, rien ne comptait plus que Severus.

Ils finirent par séparer leurs lèvres quand l'air se fit rare, mais Sirius posa son front contre celui de Severus, avant de lui murmurer :

« Je t'aime. Merci de me donner une chance. »

Severus ne répondit pas, mais attrapa la main posée sur son cou pour la serrer doucement, les rassurant tous les deux sur la réalité du moment. Leur regard plongé l'un dans l'autre, ils restèrent quelques secondes dans cette position avant que Severus ne parle.

« Je vais y aller. »

«Tu ne veux pas rester un peu plus ? »

« C'est beaucoup d'un coup pour moi. J'ai besoin de me poser un peu. »

Sirius se redressa et laissa la place à Severus de se lever. Ils se dirigèrent vers la sortie et se firent face devant la porte d'entrée. Sirius pris Severus par la taille et le serra doucement contre lui.

«On se revoit vite ? »

« Dans quelques jours je pense, j'ai encore à faire entre Dumbledore et le Seigneur des ténèbres.»

« D'accord. Passe une bonne nuit »

« Toi aussi. »

« Je t'aime. »

Sirius posa un léger baiser sur les lèvres de Severus avant de laisser partir.

Il n'en revenait pas de ce qui venait de se passer.

Severus lui donnait une chance !

Sirius savait que Severus ne lui dirait pas tout de suite qu'il l'aime, ni le laisserait aller plus loin tout de suite, mais il avait une chance de le conquérir pour de bon et il n'allait pas manquer de la saisir.

Il monta dans sa chambre et se coucha sur le dos, heureux. Il ne su pas combien de temps il resta à penser à Severus, mais il décida de se mettre en pyjama et de se coucher. Il repensa à ce moment qui avait été si parfait pour lui avant de s'endormir.

Severus arriva dans ses appartements encore troublé par ce qu'il venait de se passer.

Il enleva sa sempiternelle robe noire avant de s'assoir sur son fauteuil favori.

Il avait laissé une chance à Sirius. Il n'en revenait pas lui-même. Au moment d'y aller, il ne savait pas trop comment aller se passer la conversation, mais pas un instant il n'avait imaginé finir par embrasser Sirius Black. De lui-même en plus !

Et il devait reconnaître que ce baiser avait été plutôt bien, … même très bien.

C'était tellement nouveau pour lui. Certes il n'était pas moine, et il avait déjà connu quelques hommes, mais jamais dans une relation sérieuse ou avec de vrais sentiments. Ils n'avaient été que des coups d'un soir pour lui, et pour eux aussi sûrement. Il en avait tellement bavé dans la vie. Il reconnaissait en lui-même qu'il avait tellement peur qu'on lui fasse mal, qu'on le trahisse ou d'encore perdre quelqu'un qu'il ne s'ouvrait pas à une chose aussi triviale que l'amour. Il se remémorait l'état dans lequel il était quand sa mère était morte, puis ensuite quand il perdu son amitié avec Lily avant qu'elle ne meure aussi. Il avait passé la majeure partie de sa vie seul en perdant successivement le peu de personnes auquel il tenait. Et avec la menace du Seigneur des ténèbres, ça ne risquait pas de s'arranger.

Il était proche d'Albus certes, mais il essayait tout de même de ne pas franchir une certaine limite, de peur de le perdre aussi. Pourtant il en avait envie.

Mais il en avait assez de cette solitude qu'il s'imposait. Il avait envie d'essayer cette fois, de se laisser aller à tenir à quelqu'un et d'avoir quelqu'un qui se soucie de lui. Pour une fois dans sa vie, il voulait être égoïste. Il avait le sentiment que Sirius serait là pour lui. Et étrangement, il avait envie d'être présent pour une personne.

Severus se leva de son fauteuil avec l'intention d'aller se coucher. Il se changeât et se couchât dans son lit. Il finit par s'endormir avec un petit sourire aux lèvres en repensant à Sirius.