Bonjour à tous...on y est. Voici le dernier chapitre du tome 1 de l'Éclosion du lys.

Tant de chemin et pourtant on est TELLEMENT loin de la fin ! Mais je suis contente d'avoir néanmoins réussi à publier en entier un tome de ma petite saga ^^

On se retrouve en bas, bonne lecture !

Ps : Non, les stats de Fanfiction Net ne vont toujours pas mieux... Leur twitter a été mis à jour depuis quelques jours mais RIEN quant aux nombreux problèmes soulevés. J'ai même reçu une review de bot qui m'invitait à rejoindre un lien de Telegram avec des contenus...p*do. Voilà voilà...j'écris depuis des années et jamais j'ai reçu des messages aussi graves... Le site pète un câble et les modérateurs s'en FOUTENT royal.

Réponse à la review d'auroreee : Merci beaucoup pour ta review, tu commences à devenir une lectrice récurrente décidément ^^ C'est sans doute la meilleure fin de chapitre que j'ai écris pour ce tome. Pour Lily, elle a ses raisons de réagir ainsi...mais oui c'est frustrant sinon ! J'espère que ce dernier chapitre te plaira !


Chapitre 19 : You and I

- Tu y penses encore ?

Frank regarda celle qui fut un an sa capitaine. Elle réfléchissait, le regard fixé sur ses genoux. Au loin, le soleil commençait à se coucher derrière les montagnes qui longeaient Poudlard et ses alentours. Les deux adolescents, assis sur le plus haut des gradins, regardaient le ciel, sans guère parler, et pas seulement à cause de la fatigue de ces dernières semaines.

- Évidemment, soupira Lucy. J'y pense la nuit, quand il y avait les sessions de Quidditch, le matin à l'heure du courrier… Il me hante, même si…enfin j'essaye de faire avec. Ça fait quoi, deux mois qu'il est avec sa copine maintenant ? Copine dont on ne sait rien.

- Tu devines bien que ce n'est pas à toi qu'il en parlera en premier. Ça ne doit pas être facile non plus de l'annoncer aux autres.

- Fred est sans doute au courant, je m'en doute… Mais James sort dans moins de quatre semaines et quand bien même il n'aura toujours pas le droit de me voir…je finirai par être informé. Ses copines ou ses flirts, il les exposait comme des trophées à Poudlard, tu te souviens ? Sauf moi, évidemment…et elle peut-être ? Peut-être qu'il a changé, mais…j'ai peur de ne plus le reconnaître.

- Tu penses qu'il a changé en bien ou en mal ?

- Les deux peut-être. Comme on ne se parle plus et qu'il a été en prison… Seule Lily est assez gentille pour me donner les quelques nouvelles qu'elle reçoit.

- Et Roxanne, même en gaffant…souffla Frank, en croisant les bras sur ses genoux. Tu continues à lui en vouloir à elle aussi ?

- Tu sais c'est Roxy hein, c'est miss potin, miss populaire et miss « m'entends-tu, m'as-tu-vu », leva les yeux au ciel Lucy. Que veux-tu que j'y fasse au bout d'un moment ? On s'est reparlé depuis le début des examens, on n'évoque plus sa bourde, fin d'histoire.

- Au moins ça de réglé, dit Frank en levant les membres un instant pour s'étirer.

- En tout cas, reprit plus doucement Lucy, merci de ne pas m'avoir rejeté Frank…quand tu as appris pour James.

Les deux jeunes adultes s'échangèrent un regard, Frank haussa timidement les épaules.

- Je n'allais pas t'abandonner alors que tu étais dans le mal…et puis tu restes mon ami, romance avec James ou pas.

- Pourtant ce n'est pas ce qu'a fait la moitié de Poudlard quand ils ont su lors du procès.

- Tu exagères, pas autant de monde n'est au courant, ou du moins, s'en préoccupait réellement. Regarde, plus personne n'en parle maintenant.

- Oui, mais j'ai été jugé, renchérit Lucy. Pendant des semaines, des mois presque. On ne m'encourageait même plus durant les matchs de Quidditch…j'ai perdu des amies…j'aurais pu te perdre aussi, tu ne me feras pas croire que tu es d'accord avec ce type de relation entre cousins.

- Est-ce que tu m'as abandonné quand j'ai largué Meredith Dave comme une bouse de dragon, devant tout le monde ?

- Non, mais…

- Et bien on a tous les deux accomplit des choses que chacun ne valide pas, ce n'est pas pourtant qu'une amitié doit se terminer, trancha Franck avec un léger sourire. Tu es ma plus proche amie Lucy… tu as une personnalité d'enfer, tu es une super entraîneuse…

- Pff, tu parles, l'interrompit la jeune fille en ricanant. C'était ma seule année en tant que capitaine et je n'ai même pas réussi à gagner la coupe…à l'inverse de James.

- Ce n'est pas pour autant que tu n'as pas fait de ton mieux. On a quand même monté une bonne équipe avec ma sœur et Harry, finalement. James et toi êtes différents dans votre manière de procéder et moi en tout cas, je suis content de t'avoir eu comme entraîneuse et d'être ton suppléant.

- Mais de rien, sourit Lucy.

Les deux amis se turent un instant. Frank savait très bien que peu importe les conseils qu'il pourrait donner à Lucy, elle ne l'écouterait pas. Lucy n'écoutait qu'elle-même, ce qui n'était pas forcément une mauvaise chose, mais cela pouvait être bien plus compliqué de l'aider dans ses soucis quand elle pouvait être butée. Surtout lorsque le plus gros de ses problèmes actuels s'appelait James Potter.

- Et j'imagine que tu redoutes de revoir tes parents, reprit le garçon après quelques minutes, en attrapant la main de la jeune fille.

- Tu m'étonnes…mon père surtout. Ma mère au moins est juste agaçante à pleurer comme une fontaine quand le sujet est révoqué mais sans plus. Maintenant, tu as le mariage de Molly à préparer pour cet hiver, ils vont un peu m'oublier j'espère…mais tu connais mon père, dès que je mettrais un pied à la maison, il va reparler de la soirée…

Frank se mordit les lèvres et serra plus fort la main de Lucy. Les jours qui suivirent la fête d'adieu furent un véritable calvaire pour tout le monde, mais la plus grande humiliation avait été réservée à Lucy.

Le premier lundi ultérieur à la soirée, une ribambelle de beuglantes avaient été livrées. C'était non seulement très honteux de voir le sablier des Gryffondor complètement vide à cause des cinquante points perdus par participant, (les trois différentes maisons n'étaient pas en reste, mais gardaient une immense marge comparée aux Gryffondor), mais la gêne était plus importante pour ceux qui avaient eu le droit à une beuglante dès le petit-déjeuner. Albus et Lily en eurent une de la part de leur mère, mais Albus était parti de la table si vite que la missive ne put uniquement gronder que la pauvre Lily, qui s'était déjà réveillée avec un terrible mal de tête la veille qui ne l'avait pas quitté de la journée, selon la cadette de Frank. Roxanne en reçut une également, à l'inverse de Louis ou d'Hugo qui lui, eut le droit à une simple lettre écrite, de plusieurs pages, de remontrances venant d'Hermione Weasley. Lucy, obtint la pire beuglante de tous.

C'était immuablement délicat d'en recevoir une en public, ce l'était bien plus quand la beuglante en question était un interminable message moralisateur, hurlant pendant de longues minutes. La voix de Percy Weasley retentissait pendant ce qu'il paraissait être des heures, évoquant à quel point sa fille lui faisait honte depuis un an, qu'il la tenait responsable de la petite fête organisée alors que ce n'était pas elle qui avait initié l'idée à l'origine… Lucy avait finalement dû être chassée de la Grande Salle à cause de sa beuglante interminable, si bien qu'elle patienta dans la cour que son calvaire prenne fin, le visage rouge, son courrier résonnant toujours à l'intérieur du hall.

Quant à Frank, quand son père apprit qu'il faisait partie des précurseurs de la soirée, il fut convoqué dans son bureau, dès le dimanche matin. Solange et Alice eurent droit à un rendez-vous similaire, mais séparément. Solange finit même en larmes alors qu'elle n'avait rien fait à part boire un pauvre fond de vodgarou tandis qu'Alice, ayant à peine touché de la Bièraubeurre (et étant parti se coucher avant l'arrivée du directeur des Gryffondor), eut quand même l'interdiction d'aller à Pré-au-lard l'année suivante. Frank de son côté, fut sermonné comme jamais il ne l'avait été par son père. Chez eux, c'était habituellement le rôle de sa mère, Neville Londubat élevait rarement la voix contre ses enfants. En cette matinée visiblement, il avait rattrapé les dix-huit années de douceur et de calme envers eux.

Jamais Frank n'avait été un fils difficile, mais ce jour-là, il dut se retenir de ne pas devenir l'inverse et de se rebeller contre son paternel. Il le rendait responsable de cette fête bien que ce ne soit pas lui qui avait apporté l'alcool fort, les herbes pour fumer ou proposé aux autres maisons de venir… Entendre son père répéter encore et encore que ce qu'ils avaient fait était grave, l'interdiction de ce type de possession au château, les conséquences si des premières années étaient tombées dessus. Ou pire (ou plus paranoïaque selon Franck), si l'un des élèves avait fait dans un coma éthylique ou un bad trip à cause des effets secondaires de la fumette, si ses sœurs ou des filles avaient été agressées, alors que la moitié des participants étaient mineurs…

Frank avait fini par quitter son bureau en claquant la porte, lui ayant dit des mots qu'il regrettait quelque peu et surtout, avec une envie de se tirer de la maison une fois rentrée. Mais c'était impossible pour le moment, il n'avait pas de travail ni de vraie idée de métier. Il souhaitait postuler comme stagiaire dans des entreprises de commerce sorcier, mais n'avait pas de concepts clairs pour une future carrière. De plus s'il partait, ses frangines, en particulier Solange, en seraient bouleversées…

- Tu réalises, plus qu'une semaine et adieu Poudlard, renchérit Lucy en voyant la mine préoccupée de son ami. Les ASPIC sont passés si vite…

- Complètement…approuva Frank en essayant de ne plus penser à son père et à son avenir. J'ai beau connaître ce lieu depuis tout petit…ne plus y être comme élève, ça va être bizarre.

- Oui…mais dis-moi, tu ne comptes pas partir d'ici sans avoir avoué ton attirance envers Alizée Cornfoot-Entwhisle, hein ? ajouta Lucy avec un clin d'œil. Ce serait idiot de quitter Poudlard sans lui avoir parlé au moins une fois…

- La ferme, roussit Frank en baissant les yeux, pouffant du nez. Elle a deux pères et un frère, ils vont me défoncer si je m'approche d'elle de trois centimètres. Je te rappelle que j'ai une légère « popularité » malgré moi et que même si j'ai eu peu de copines, elle peut croire que je ne suis qu'un séducteur et que je me fous d'elle…

Alizée Cornfoot-Entwhisle…d'un an plus jeune que lui à Poufsouffle, elle eut aussi le droit à des brimades lors de sa première année lorsqu'elle avait révélé sans honte, avoir deux papas. Cela avait duré presque deux ans les insultes à son égard. Aujourd'hui, elle était une magnifique fille blonde dont Frank avait le béguin depuis quelques mois.

- Son frère a l'âge d'Alice, ne me dis pas que tu es terrifié par lui ? se moqua Lucy. C'est quoi ce manque de courage, mec !? Je t'interdis de laisser passer l'occasion, après ça, tu risques de ne plus jamais la revoir ! Elle est mignonne cette fille, ce n'est pas une pimbêche du genre les amies de Roxy, si tu te déclares à elle, elle te prendra au sérieux. Tu n'es pas comme Robin Marcs ou James à l'époque, tu es sincère dans tes sentiments… Ok, tu n'as pas été cool avec Meredith, mais c'était il y a longtemps, tu as grandi. Tu es quelqu'un de bien Frank et je ne veux pas que tu te prives à cause de bêtises pareilles.

Sans attendre sa réponse, Lucy lui donna une grande tape dans le dos et se releva, quittant les gradins. Frank resta encore un peu à contempler le ciel, avant de rejoindre sa meilleure amie. Elle pouvait se montrer butée, mais sur ce point-là, elle avait raison…


Les semaines avaient passé sans que Lily n'y fasse attention. Les examens, les résultats, l'anniversaire d'Hugo, tous ces évènements du mois de juin s'étaient déroulés comme si aucun d'entre eux n'avait d'importance pour Lily. Dans le train du retour pour rentrer à la maison, elle ressassait les mêmes souvenirs en boucle dans son esprit, agrémenté de quelques bribes quand une situation évoluait ou non.

Si on excluait le lundi matin où elle avait reçu la beuglante de sa mère, le lendemain de la fête chez les Gryffondor avait été un véritable calvaire : une bonne migraine jusqu'à la fin de la journée et une gorge desséchée qui avait duré toute la matinée. Des maux si ridicules pour aussi peu d'alcools ingérés, mais selon Hugo, des symptômes naturels : elle n'avait pas bu assez d'eau, ni mangé entre les verres. Lily passa son dimanche entier enroulé dans sa petite couverture violette, recroquevillée dans un fauteuil avec Hugo qui lui donnait presque la becquée tellement elle n'avait eu aucune énergie pour descendre à la grande salle pour ces deux premiers repas.

- Je te l'avais bien dit de faire attention, avait dit Roxanne à l'heure du thé pour ce qui semblait être pour Lily une centaine de fois. On te l'a répété : tu n'as jamais bu autant, tu es allé trop fort pour une débutante…

- Je crois qu'elle a compris Roxanne, l'interrompit Hugo, lui aussi saturant par ses remontrances, tandis qu'il signifiait d'un coup de tête à sa cousine qu'elle devait absolument finir un énième verre d'eau.

- De plus, de nous tous, tu es quand même une des moins bien placée pour être moralisatrice, glissa Lucy qui tenait une assiette de cookies.

Cette dernière eut peur que Lily ne tombe vraiment malade en voyant son état, mais la plus jeune regagna des couleurs et de l'énergie au fil des heures. Aucun autre de ses proches ne lui fit la moindre remarque sur sa capacité à tenir l'alcool et surtout, au grand soulagement de Lily, sur ce qu'il s'était passé avec Scorpius.

Seul son cercle d'amis fermés fut mis au courant, des raisons du pourquoi elle lui avait crié dessus devant tout le monde une semaine après l'incident, puis de quelques détails supplémentaires lors de l'anniversaire d'Hugo la veille du départ de Poudlard, bien que Lily en ait omis une bonne partie. Même aujourd'hui, d'horribles flashs lui revenaient en mémoire de ce qu'il s'était passé avant l'intervention de Neville. Sa voix un peu stridente lorsqu'elle s'était réveillée de sa transe la tête en arrière, ses pensées qui allaient à cent à l'heure, de la lenteur de ses gestes et surtout…Scorpius. Comment avait-elle pu se mettre dans un état pareil devant lui ? S'accrocher à son cou, l'avoir reniflé (et s'il l'avait entendu ?), toutes ces choses qu'elle avait pu lui dire puis lui qui se penchait vers elle…jusqu'à l'embrasser.

Elle se sentait honteuse, si honteuse et si profondément trahie par ce geste. Lui, qui se permettait "ça", avec elle ? S'il avait été dans un état plus pitoyable qu'elle, sans doute avec le temps l'aurait-elle excusé, car qui n'avait jamais fait n'importe quoi sous alcool (elle en avait des souvenirs avec ses oncles agissants comme des enfants lors de fêtes) ? Mais ni Rose ni Mary ne lui avaient annoncé qu'il avait été malade le lendemain. Était-il donc sain d'esprit quand il avait voulu…l'embrasser… ? ARGH ! QUELLE HONTE !

- Tu ne t'en remets toujours pas, Lily ? lui avait demandé avec légèreté Jason un jour, lors d'une séance de révision.

À chaque fois qu'elle repensait au baiser de Scorpius, Lily ne pouvait s'empêcher de se cogner le front, que ce soit avec la paume de sa main ou contre une table comme ce jour-là.

- La ferme, avait-elle marmonné le visage contre son livre d'histoire de la magie. Retourne à tes notes et révise…

Ce souvenir lui déclencha une séance de petits coups contre la vitre du train, mais à cause du bruit ambiant, ses amis ne l'entendirent pas, Jason n'étant pas là pour la reprendre.

Il fallait qu'elle trouve de quelle manière elle allait pouvoir éviter Scorpius Malefoy dans les prochains mois. Elle ne voulait plus jamais le voir ni le regarder dans les yeux avec cette fichue couleur bleue dans ses pupilles. Le garçon avait entrepris une ou deux fois une approche, mais Lily avait aussitôt tourné les talons pour s'éloigner de lui. Elle ne souhaitait pas obtenir des excuses, ni entendre le son de sa voix ou qu'un autre de ses sens soit mis en éveil en sa présence. Elle n'en pouvait plus non plus des ricanements de Jason à ce sujet bien que ce dernier, au vu de sa situation avec Mary, ait tout intérêt à se rendre minuscule.

Lors de la soirée, au même moment de la discussion entre Scorpius et Lily, Jason et Mary eurent une petite…altercation. Le garçon, un peu emporté par l'euphorie de l'alcool, avait eu la stupide idée de donner une claque aux fesses de Mary. Soi-disant pour rire, en tout cas il fut le seul à le croire, car son amie n'avait pas aimé du tout. Mary lui avait donc répondu par une si grande gifle qu'il en était tombé au sol. Depuis ce jour, elle faisait comme si Jason n'existait pas en sa présence et bien qu'il multipliait les excuses en évoquant sa légère ivresse et qu'il n'avait pas fait ça par mauvaise pensée, rien n'avait changé depuis un mois. Jason, par culpabilité, se forçait à moins traîner avec le groupe. Solange, Hugo et Lily, plutôt gênés par la situation, n'osaient pas intervenir entre eux. Un véritable froid régnait entre eux, mais vu que tout le monde avait été préoccupé par les examens, personne n'en avait vraiment ressenti les conséquences durant les premières semaines.

Lily en voulait quelque peu également à Hugo d'avoir fumé ce soir-là. Elle n'aimait pas l'idée du tout, mais il était fort possible que ce soit tout comme elle une expérience occasionnelle, elle n'avait pas tenté de lui en parler. Peut-être que les vacances au Canada avec leurs parents, pour les vingt ans de mariage de Ron et d'Hermione allaient le calmer à ce sujet. Du côté de Lily, elle n'avait rien programmé pendant l'été. Ginny et Harry allaient une nouvelle fois travailler, voilà bien des années qu'elle n'était pas partie avec ses frères à l'étranger tous les cinq…ou ne serait-ce plus de quelques jours dans un différent lieu que chez des membres de leurs familles. Elle aurait aimé une exception pour le retour de James milieu juillet, mais ce n'était visiblement pas à l'ordre du jour…

Du bruit se fit entendre dans le couloir et Lily remarqua Wilhem passer devant eux, tenant par la main Phoebe Prescott, une élève de Poufsouffle de leur année. Lily cligna des paupières en les apercevant, elle s'attendait à avoir le cœur brisé en les découvrant ensemble et pourtant, elle n'y ressentait pas grand-chose. Depuis combien de temps n'était-ce plus pareil dans ce qu'elle éprouvait pour lui ? L'avait-elle oublié ou tout simplement résigné ? À partir de quand avait-elle commencé à ressentir davantage un sentiment déçu de nostalgie en le regardant, au lieu des habituels scénarios romantiques qu'elle imaginait ? Ce n'était pas comme s'il la connaissait vraiment de toute façon… Leur plus grande interaction avait été lorsqu'il ramassa un des ingrédients de potions de Lily qui avait roulé jusqu'à sa chaise… Elle laissa échapper une triste expiration en le revoyant passer avec Phoebe Prescott puis retourna aux paysages de la fenêtre.

Il était dix-sept heures trente lorsque le train arriva à la voie 9 ¾. Ressentant un immense besoin de dormir dans la voiture de son père, Lily dit vaguement au revoir à ses amis sur le quai et se dirigea vers ses parents d'un pas lent, l'esprit embrumé.

- Bonjour maman, accueillit Lily en bâillant au moment de l'étreindre.

- Ma Lily ! C'est le voyage ou ton année qui t'a mis dans cet état ? s'exclama Ginny après l'avoir embrassé.

- Un peu des deux, répondit sincèrement Lily. Je me sens fatiguée…

- Dans ce cas, je suppose que tu n'as plus d'énergie pour dire « bonjour » à ta cousine, n'est-ce pas ? interrogea malicieusement Harry en récupérant la valise de sa fille et la cage de Boudy.

- Quelle cousine ?

Sa mère se décala d'un pas et pointa du menton une silhouette un peu plus loin. Entourée de la famille Weasley-Delacour, cette dernière releva la tête après avoir étreint son jeune frère. Dominique. Et elle n'était pas seule, un homme de son âge serrait la main à son oncle Bill.

Oubliant son état, Lily abandonna ses parents et se précipita vers elle. À peine Dominique remarqua sa présence que sa plus petite cousine lui sauta dans les bras. C'était la première fois que Lily eut un geste aussi affectueux envers elle si bien que Dominique tituba.

- DOMINIQUE ! s'écria Lily alors qu'elle laissa échapper un léger sanglot. Mais…comment ? Tu avais dit que tu ne reviendrais pas en Angleterre tout de suite, ajouta-t-elle à toute vitesse, en baissant la voix.

- Pour y vivre oui, mais pour des vacances...surprise ! Mme Gardiner m'a prié de prendre enfin des jours de congé, je suis arrivé hier soir avec Oscar.

- Tu vas bien ? se pressa de lui demander Lily en la lâchant. Pour combien de temps restes-tu ? Tu penses pouvoir revoir James ?

- Doucement Lily, rit nerveusement Dominique. Merlin…je réalise que tout ça, ça m'avait manqué…

Les différents membres de la famille présents pour leurs enfants s'ajoutèrent. Même Percy et sa femme, plus discrets qu'à l'ordinaire, se mêlèrent aux adultes et saluèrent sincèrement Dominique et son compagnon. Lily, se mettant en retrait, observait longuement sa cousine : elle lui semblait changée. Son visage avait gagné en éclat, ses cheveux ondulés lui arrivaient aux épaules, son regard tout comme son sourire lui paraissaient bien plus naturels que des années auparavant. Elle réalisa que bien plus qu'elle ne le pensait, Dominique lui avait manqué et la vue de la famille presque au complet, lui allégeait le cœur.

- Voici donc mon compagnon Oscar, présenta Dominique pour la énième fois, maintenant à George et Angelina.

- Ravi de faire votre connaissance, salua Oscar avec un anglais légèrement hésitant.

- Whaou, entendit Lily discrètement à côté d'elle.

Ni le mot « beau » ni « mignon » ne suffisait à décrire le copain de Dominique. Des cheveux châtains, de splendides yeux marron, un visage aux traits fins, un sourire chaleureux…même Lily en eut les joues rouges lorsqu'elle lui dit bonjour. Dans son dos, les commentaires de Lucy et Roxanne étaient à peine perceptibles.

- Merlin, elle a du goût Dominique en fait, chuchota Roxanne les pupilles encore écarquillées. Respect d'avoir dégoté un mec pareil !

- Cinq gallions que Dominique sera la prochaine à se marier, murmura Lucy à Hugo qui venait de se greffer au groupe. Je veux ce garçon chez nous !

- Vendu, ça a l'air de te motiver plus que Timeo, ricana Hugo.

- Ce n'est pas non plus archi difficile !

Et alors que toute la famille se dirigeait vers la sortie sous le soleil crépusculaire de l'été, Lily fut ravie que l'introduction d'Oscar et le retour de Dominique se soient passés sans encombre. Néanmoins, il leur restait une étape délicate : la rencontre avec Victoire, Teddy et Scott. Si elle avait bien entendu sa cousine quand cette dernière discutait avec les parents de Lily, ils séjourneraient en Angleterre pendant un mois, soit assez longtemps pour revoir James, mais il leur était impossible d'éviter ceux dont Dominique craignait le plus de retrouver. Pourtant, étrangement, Lily était confiante, la deuxième Weasley-Delacour semblait maintenant suffisamment forte pour les voir à nouveau. Oscar avait dû y jouer d'une certaine façon, en tout cas, elle en était persuadée : cette fois-ci, les vacances allaient bien se dérouler.


Une fois la tarte à la marmelade enfermée dans le four, Lily poussa une longue expiration à la fois satisfaite et exténuée.

- Ah, tu as fini ma chérie ? lui demanda sa grand-mère en revenant dans la cuisine, plus élégante, sous son tablier. Va t'habiller dans ce cas, la famille ne va pas tarder à arriver.

Lily acquiesça, se lava rapidement les mains et retourna dans la chambre qu'elle occupait avec Rose au Terrier. Cela ne faisait que quelques jours qu'elle, Hugo et Rose passaient une partie de leurs vacances chez leurs grands-parents et Lily s'était déjà remise à une de ces activités favorites. Aujourd'hui, pour son troisième dessert depuis son arrivée et à l'occasion d'un repas de famille, elle avait cuisiné la tarte préférée de son père en guise d'acte de paix.

Molly Weasley première du nom avait été claire : elle comprenait tout à fait que les Potter et les Weasley-Lunch ne voulaient plus s'inviter, en revanche, sa maison devait être un lieu neutre et elle refusait qu'à chaque réunion qu'elle organisait, un couple n'y assiste pas de peur de croiser l'autre. De plus, James ayant été libéré à la mi-juillet, elle jugeait que toute cette affaire « devait désormais être oubliée ». Malheureusement pour la matriarche, les choses ne furent pas aussi simples. Harry et Ginny acceptèrent de venir au repas de famille pour aujourd'hui, mais James avait toujours l'interdiction de s'approcher de Lucy, qui elle, sera présente avec ses parents, sa soeur et son futur beau-frère. Sans faire d'histoires, James prit la décision de passer une semaine chez Fred à ce moment-là et de séjourner chez ses grands-parents (qu'il n'avait guère vus depuis sa libération) un peu plus tard. Malgré cet accord, Lily craignait qu'une nouvelle dispute n'éclate entre ses parents, Percy, Audrey et peut-être même sa cousine Molly dans le lot. Voire pire, que Lucy s'en mêle.

Les retrouvailles avec son frère dix jours plus tôt, le quatorze juillet, avaient été chargées en émotion. Lily avait pleuré dix minutes dans les bras de James, incapable de le lâcher. Ce dernier, essayant de dédramatiser la situation, enchaînait blague sur blague jusqu'à croiser Albus. Son cadet ne le reçut que par une poignée de main et s'était forcé de rester au dîner d'accueil avant de s'éclipser dès le lendemain matin. Lily fut dégoûtée d'un tel comportement, mais elle avait comme abandonné de comprendre à nouveau les raisons des agissements de son deuxième frère.

Par la suite, ce fut comme si James n'était jamais parti. Il avait vite repris un peu de couleur, de poids et surtout de sa bonne humeur, bien qu'il ne cessait de répéter à sa sœur qu'il avait été correctement traité à Douglas. Pourtant, quelque chose avait changé en lui, dans son attitude. Quand Lily en avait parlé à Solange lors d'une des visites des Potter chez les Londubat, cette dernière lui suggéra que James, malgré certainement quelques mauvais moments à la prison pendant son incarcération, avait sans doute gagné en maturité, grâce également à sa copine. Et c'était probablement cela…néanmoins sa copine, Lily s'en serait bien passée !

James l'avait présenté la veille du départ de Lily au Terrier lors d'un nouveau repas où Ginny avait sûrement dû insister auprès d'Albus pour qu'il y participe au lieu de se réfugier chez les Malefoy. Elle découvrit avec horreur que sa mystérieuse petite amie était…Clara Kennett.

- Clara Kennett ! s'était-elle écriée à la fin du dîner à l'instant même où Clara s'en était allée. De toutes les filles au monde, tu es tombé amoureux de Clara Kennett ?!

- Lily ! Clara n'est pas un monstre, contra James, grognant face à sa réaction.

- On parle bien de la Clara Kennett ? Celle qui était préfète et s'arrangeait perpétuellement pour t'enlever des points et te mettre en retenue ? Celle dont tu avais horreur ? Cette brune insupportable avec qui tu te disputais sans cesse ?! Clara la chieuse comme tu l'appelais ?!

- Son frère aîné travaille en tant qu'auror, intervint Harry pour adoucir l'atmosphère, empêchant James de répliquer. J'ai été un de ses instructeurs au centre de formation. Très sérieux comme élève, un bon sorcier et il a l'âge de Teddy.

- De plus, nous connaissions leur mère, Katie Bell, reprit Ginny. Elle a fait du Quidditch avec nous à Poudlard.

- Qu'importe, elle ne m'inspire pas confiance ! déclara Lily, interdite.

- Elle a changé ! riposta James. Et moi aussi ! Elle m'a beaucoup épaulé dans mon parcours d'aide à la réinsertion à Douglas !

- On dirait un syndrome de l'infirmière ! Ce n'est pas du tout ton genre de fille à la base !

- Oui, son genre, c'est plutôt la consanguinité, marmonna Albus assez fort pour être entendu.

Même Lily fut outrée par ce commentaire, et alors que James s'était rapproché en un éclair de son frère encore assit dans la cuisine, Ginny intervint immédiatement :

- Albus ! Si c'est pour sortir des remarques pareilles, autant que tu quittes la pièce !

- Tant mieux, je n'en pouvais plus de cette soirée ! avait clamé Albus en poussant sa chaise. Et fais attention Jamie, restes loin de ta baguette sinon tu risques de retourner en prison si tu tentes de m'agresser…

- FERMES-LA !

- Reviens ici Albus ! appela d'une voix forte Harry alors que son fils se dirigeait vers les escaliers. Tu as dépassé les bornes !

- Et tu vas faire quoi, me punir ? narra Albus. Je suis majeur maintenant alors fichez-moi la paix.

Au lieu de repartir dans sa chambre, il prit le chemin de la porte d'entrée et ce n'est qu'après avoir fait quelques pas à l'extérieur qu'il disparut soudainement, d'un claquement de fouet. La mère de Lily eut une exclamation enragée et avait manqué de peu de taper sur la table.

Depuis ce jour, Lily ne fit plus aucune remarque à voix haute sur Clara Kennett dont elle refusait de réévaluer. C'était l'unique chose qui lui donnait l'impression qu'elle n'avait plus le même frère. Lucy était un mauvais choix évident, mais sans leur sang en commun, ils auraient pu être un sacré couple. Depuis son retour, James n'avait pas prononcé son nom une seule fois, ni révoqué leur relation ou le procès, à l'inverse de Lucy qui s'était déjà exprimée légèrement dessus avec ses cousins. Pourtant, il fallait un jour ou l'autre que cela revienne sur le tapis, James ne pouvait pas prétendre que rien n'était jamais arrivé, en particulier dans le futur quand ils devront se revoir lors des évènements familiaux une fois la limite de distance levée.

Hugo libéra la salle de bains et Lily retourna à la réalité. Elle prit une douche rapidement, s'habilla, mit une légère de couche de maquillage comme lui avait appris Roxanne (plus pour cacher ses horreurs, autrement dit son acné, que par esthétisme à l'inverse de sa cousine) et retourna en bas, au même moment qu'un grondement de flamme retentit dans le salon.

- Ah ça y est, ça arrive ! Lily, va les accueillir, j'ai les mains dans les crudités ! lui pria sa grand-mère de la cuisine.

Lily entendit Rose et Hugo dévaler les escaliers au loin tandis qu'elle se dirigea vers le séjour recevoir les premiers invités.

-…exagères Roxanne, tu ne fais aucun effort ! Quand cesseras-tu de te comporter comme une enfant, tu ne saisis pas que les BUSE sont importantes pour ton avenir !? Mais non mademoiselle se fiche de tout, il n'y a que se pavaner avec les copines et les garçons qui comptent ! Il serait temps que tu grandisses et que tu arrêtes d'agir sans réfléchir un seul instant ! Tu me fais hon…oh, bonjour Lily ma puce, excuse-nous on…Roxanne dépêche-toi de sortir, tu vas empêcher ton père de descendre.

Un peu gênée d'avoir interrompu une dispute visiblement sérieuse de tante Angelina, Lily la salua rapidement ainsi que Roxanne, qui avait le visage carminé et fixait le sol puis oncle George, qui apparut derrière elle sous une lumière verte.

- Mais oui c'est vrai…murmura Rose, juste derrière Lily. Les résultats de ses BUSE ont dû arriver ce matin.

- Pas la peine de chuchoter, cracha Roxanne en se retournant vers eux alors qu'elle allait quitter la pièce. Ce ne sont que des BUSE, pas de quoi en mourir.

- Quatre BUSE ! reprit Angelina d'une voix forte alors qu'elle embrassait sa belle-mère dans la cuisine.

- Papa en a eu que trois et aucun ASPIC ! riposta furieusement Roxanne.

- Ton père avait au moins un projet de vie, toi tu n'es intéressé par rien ! Même le professeur Londubat s'inquiète pour toi, tu n'as rien répondu sur ce sujet lors de la réunion d'orientation !

- Peut-être parce que je n'ai pas envie de travailler peut-être ?! Au lieu de m'accabler, tu avais remarqué que mes résultats s'étaient améliorés ? Bien sûr que non ! Et c'est grâce à un soutien que ni toi ni papa n'êtes capables de me donner ! Heureusement que lui était là d'ailleurs, sinon cela ferait longtemps que je me serais barré de cette école !

Roxanne traversa furieusement le salon et alla dans la cour au même moment que Lucy, ses parents, Molly et Timéo transplanèrent près du porche d'entrée.

- Oh Merlin, les voilà ! s'exclama la grand-mère de Lily en accourant. ARTHUR, DESCENDS VOYONS TES FILS ARRIVENT !

- Cela commence bien ce repas…commenta amèrement Hugo.

- Tu m'étonnes…déplora Lily en s'écroulant dans le fauteuil de son grand-père. Et elle parlait de qui Roxanne, quand elle faisait référence à quelqu'un qui donnerait du soutien ? Un petit copain ?

- Possible, je n'en sais rien…en tout cas, n'évoquons plus les BUSE, toi et moi on est les prochains à les passer et je n'ai pas envie d'y penser davantage.

- Qui cause de BUSE ?

Alors que Lily comprit avec horreur les propos d'Hugo et qu'elle non plus n'avait pas d'idées de métiers qui lui plaisaient, Lucy débarqua dans le salon.

- Roxanne a eu quatre BUSE, expliqua Rose. Tante Angelina en est malade…

- Misère…grimaça Lucy. Je ne me doutais pas que ce serait à ce point.

- Mais dis donc, si Roxy a eu ses résultats, alors tu as eu ceux de tes ASPIC ! réalisa Hugo, le visage s'illuminant.

- On en parle plus tard s'il vous plaît ? marmonna Lucy alors que Bill, Fleur, Dominique, Oscar et Louis arrivèrent à leur tour.

Le repas se déroula plus sainement au grand étonnement de Lily. Percy et Audrey ne lancèrent aucune pique aux parents de Lily, Angelina n'évoqua plus les BUSE de sa fille, Albus fut cordial avec tout le monde et Lily surprit même Dominique adresser la parole normalement à Victoire et Teddy. Discrètement, elle demanda malgré tout à Louis si les deux sœurs s'étaient revues avant cette réunion de famille et ce dernier lui répondit par l'affirmatif. Restait-il un réel malaise ou pas entre elles, en tout cas Dominique fit comme si de rien n'était. La discussion tournait autour du mariage au mois de décembre de Molly et Timéo, ce ne fut qu'au dessert que les études furent de nouveau remémorées.

- Alors, ces ASPIC ? questionna Arthur en reprenant une coupe de champagne.

- Hmm…prit la parole timidement Louis après un coup d'œil vers Lucy qui détourna aussitôt la tête. On a tous les deux réussi, j'ai eu six ASPIC et Lucy cinq.

- Très honorable ! félicita leur grand-père. Dans quoi allez-vous vous orienter après ça ?

- Et bien…continua Louis, comme certains le savent, je rêve de travailler avec les dragons, mais en Angleterre, c'est interdit. Alors j'ai postulé un peu partout, en Europe, en Australie, en Asie, en Amérique… Et finalement, après avoir longuement réfléchi, et sachant que j'ai déjà fait un stage là-bas l'année dernière…je vais partir rejoindre oncle Charlie en Roumanie.

Il y eut des réactions plus timides en comparaison des grands sourires visibles plus tôt. Tante Fleur et sa belle-mère Molly en particulier, n'étaient guère rassurées de la nouvelle.

- Tu es sûr Louis ? s'inquiéta sa mère.

- Complètement. Domi est en France, tu as quitté aussi la France pour l'Angleterre, papa a été des années en Égypte, ce n'est pas comme si j'étais le premier de la famille à déménager. Je ne serais pas seul en plus, je vivrai avec oncle Charlie.

- Oui, mais trésor, c'est loin la Roumanie, tu ne pourras pas toujours revenir… C'est un métier qui peut être dangereux, qui demande beaucoup de temps, surtout si tu travailles en contact avec les…

- Fleur, ne t'en fais pas, rassura Bill. Notre fils sait ce qu'il fait, on en a beaucoup parlé lui et moi donc j'ai confiance. C'est ce qu'il veut vraiment et Charlie est optimisme avec lui.

- Ça ira la distance avec ta petite copine, Louis ? roucoula Roxanne.

- On s'arrangera, luit répondit son cousin en lui adressant un regard noir, les joues rouges.

- Je n'étais pas au courant, chuchota Lily à Rose à sa gauche. Louis est en couple ?

- Depuis avril, je les ai vus ensemble, mais peu le savent. C'est Anaïs Pelerin, une Poufsouffle de son année. Je crois qu'elle veut étudier l'immobilier à Manchester…

- Et il ne sera pas le seul à partir, renchérit soudainement Lucy qui se redressa sur sa chaise.

- Comment ça ? interrogea la doyenne Weasley.

- Je vais suivre une formation pour être infirmière, sauf que ce ne sera pas à Saint-Mangouste, mais à Merlin-les-Trèfles.

Merlin-les-Trèfles, Lily en avait vaguement entendu parler. C'était une nouvelle clinique magique construite en Irlande au début des années deux-mille pour alléger Saint-Mangouste et réduire les distances pour les sorciers habitant parfois trop loin de Londres. Deux autres hôpitaux ont été bâtis au Pays de Galle et en Écosse, récemment.

- Mais pourquoi aussi loin ? questionna Audrey, apprenant visiblement la nouvelle tout comme son mari et sa fille aînée.

- À votre avis, grinça Lucy. Je pense que ça me ferait du bien de m'éloigner de certaines personnes…

- Parfait, parfait ! interrompit brutalement Molly Weasley première du nom. De merveilleuses choses tout ça ! Allez, qui veut une deuxième part de tarte ? C'est Lily qui l'a faite, elle l'a bien réussie !

L'attention de chacun se focalisa à nouveau sur son assiette et Lily reçut ce qu'elle jugeait être des compliments un peu trop exagérés sur son dessert. Aucun ne prit le risque d'évoquer les BUSE de Roxanne, mais Lily remarqua que sa mère parlait à voix basse avec Angelina, sans doute sa tante voulait convaincre sa belle-sœur d'intéresser Roxanne au journalisme. Pour quelqu'un aimant autant les potins que sa cousine, peut-être cela pouvait-il fonctionner.

Une heure plus tard, tous les adultes lézardaient au soleil en buvant un dernier café ou effectuant une sieste sous un saule. Victoire avait proposé une promenade avec son mari et son fils et elle fut accompagnée de Molly, Timéo, mais aussi Dominique et Oscar. Albus, de son côté, s'était isolé dans une des chambres disponibles. Alors que Lily sombrait petit à petit dans la somnolence, elle fut tirée avec un sursaut par le bruyant passage de Lucy devant eux, qui s'accroupit face à la cheminée.

- Kestufé ? demanda Hugo d'une voix mal réveillée sur le canapé, ses pieds croisés sur les genoux de sa sœur, qui elle, lisait tranquillement.

Lucy ne répondit pas et jeta de la poudre dans les flammes en marmonnant une adresse que Lily ne reconnut pas.

- Pourquoi cherches-tu à contacter Fred ? la rejoint Roxanne en s'accroupissant derrière elle.

- Parce que…hésita Lucy avant de paraître soudainement sûre de soi. Parce que James est là-bas. Je…j'ai besoin de…de lui parler une dernière fois, sans ça je ne pourrais jamais…tourner la page définitivement.

- Hein ?! Tu es folle ? sursauta Rose en lâchant son livre. Et les restrictions pénales ?

- Les restrictions mentionnent uniquement le déplacement, pas la communication, j'ai relu le rapport… Et vous pensez vraiment que James va me dénoncer ? assura Lucy. Ce ne sera que quelques minutes et ce n'est pas surveillé par mes parents ici..

- Tu es sûre qu'ils sont chez Fred actuellement ? grimaça Roxanne en observant le feu. Ils pourraient être dehors.

- Je prends au moins le risque d'essayer, lui répondit Lucy, butée. Je sais que c'est très soudain, mais…pouvez-vous partir et veiller que personne d'autre ne me surprenne ?

- Elle a raison, sortons d'ici, c'est privé, trancha Louis en se levant.

- Je ne peux même pas dire bonjour à mon frère ? rouspéta Roxanne qui tarda à déguerpir.

- Tu peux le faire quand tu souhaites Roxy ! se retourna sévèrement Lucy. Moi c'est ma seule chance, je veux me libérer avec ça, alors dehors !

Mais Roxanne n'en démordit pas. Dès que Louis referma l'accès au salon une fois tous les cousins évacués, elle s'élança d'un pas vif vers son sac à main déposée à l'entrée et en sortit des oreilles à rallonges.

- Je comprends mieux d'où tu connais les potins maintenant…secoua la tête Hugo, ne sachant pas s'il fallait s'en amuser ou non. Tu es sûre que c'est une bonne idée d'écouter aux portes ?

- Qu'importe, on mérite nous aussi de savoir la fin, lui répondit Roxanne la langue tirée, concentrée à démêler les fils. Ce n'est pas sur eux qu'on peut compter pour nous en parler après ça. Osez me dire que vous n'êtes pas un peu curieux !

- Je refuse d'être mêlée à ça, déclara Rose, d'un air outré, en grimpant les escaliers pour retourner dans sa chambre.

Roxanne jeta un coup d'œil à Louis, ce dernier, également guère consentant quant à la situation, poussa néanmoins une expiration fatiguée.

- Je ne veux rien savoir de ce qu'ils disent, je ne suis pas d'accord non plus sur ce que vous faites et vous êtes suffisamment butés donc je doute que je parvienne à vous raisonner…mais il faut quelqu'un pour surveiller au cas où les adultes reviendraient. Alors dépêchez-vous.

- Rebelle parfois le Louis, le remercia Roxanne avec un clin d'œil. Allez, venez ! s'adressa-t-elle à Lily et Hugo en leur tendant des oreilles.

Rongée à la fois par la culpabilité et l'avidité, Lily s'assit sur le sol en tailleur et glissa comme ses compagnons trop curieux, l'autre bout du fil du plancher jusqu'à la pièce où se tenait Lucy.

- On…on dirait que tu as plutôt bonne mine, fit la voix de James, légèrement lointaine.

- Toi aussi…dit Lucy, bien moins confiante que quelques minutes plus tôt. J'ai eu mes ASPIC aujourd'hui et…je pars à Merlin-les-trèfles dans deux semaines.

- Ah, Merlin-les-trèfles…ce n'est pas à côté, commenta le frère de Lily avec maladresse.

- Je…j'ai besoin de partir quelque temps…voir des gens.

- Est-ce que…tu as choisi ça à cause de moi ?

- Non… Enfin pas vraiment. Je veux dire…il y a tellement de choses qui font que… J'y pensais déjà avant, c'est un hôpital tranquille pour débuter, mais…les derniers évènements ont fait que…cela m'a convaincue d'y aller.

- Par rapport à Clara et moi ?

Lily se mordait les lèvres, nerveuse. On y était, le sujet trônait sur la table.

- Écoute James, je comprends que tu aies eu envie de retrouver quelqu'un, répondit Lucy avec cette fois plus d'assurance. Parce que je m'en douterais que ça pouvait arriver, mais…j'avoue avoir été surprise quand je l'ai su. Ça et que ça ait lieu pendant…ta probation.

- Comme tout le monde….

- Et surtout, le coupa Lucy, avec tout ce qu'on s'était dit…à l'époque, et bien…je ne pensais pas que tu ne te remettrais en couple « que » six mois après.

Il eut un silence. Du coin de l'œil, Lily vit Roxanne, la seule encore debout, Hugo étant accroupi contre l'entrée du salon entre les deux filles, se rongeait les ongles.

- Lucy, se risqua doucement, mais sûrement le frère de Lily. Être là-bas, à Douglas…ça m'a fait voir les choses différemment.

- Non arrête, tu avais déjà commencé à changer avant le procès, l'interrompit sèchement Lucy.

- Ok, oui, reprit James, mais Douglas a aussi joué un rôle. Avant, c'est parce que je n'avais pas le choix, tu étais mineur et ton père nous surveillait donc dans ma chambre, j'ai cogité... Et par la suite…évidemment que j'étais triste, en colère, que plus rien ne me motivait et que j'en voulais à la terre entière. Mais contrairement à toi, j'ai vite réalisé que…puis Clara est arrivée dans ma vie et j'ai compris qu'en réalité… Elle a déterré un aspect de moi que je ne pensais pas connaître, bien meilleure que celui que j'étais. Grâce à elle par exemple, j'ai postulé à une formation dans une société de production et fabrication de balais de course…ils m'ont accepté à ma sortie de Douglas pour un essai, avec l'aide du programme de réhabilitation. Sans elle, je ne sais pas si j'aurais pu me donner à fond pour être retenu, ni trouver dans quoi je voulais travailler une fois libéré.

Lily fronça les sourcils : depuis quand son frère raisonnait de cette manière ? On dirait Teddy quand il philosophe.

- Elle m'a calmé, continua-t-il, écouté, réussie à me motiver quant à l'avenir alors que c'était presque perdu d'avance. C'est différent, tu comprends ? Nous, notre relation, c'était surtout sexuel et tout envoyer balader. Avec toi j'avais envie de partir, fuir loin de mes parents, être libre et de ne rien avoir à en carrer des conséquences… Mais je ne peux pas, non je ne peux plus vivre comme ça. Je ne veux plus perdre ma famille, mes amis ou mes quelques repères qui me restent après ce que j'ai vécu au procès et en prison. Tout ça m'a manqué à un tel point… Nous deux, c'était fun, mais j'ai besoin…d'un plan clair pour mon avenir, de solidité…sinon je me paume complètement, tu vois ce que j'essaye de dire ?

Nouveau silence et bien plus long, Lily comprenait à peine ce que voulait dire son frère. À vrai dire, si ce n'était pas par la voix, elle ne l'aurait pas reconnue.

- Donc tu es en train de m'annoncer, James Sirius Potter, je n'étais qu'une excuse pour une romance « sauvage » comme tu le dis pour ensuite retourner dans les standards avec Clara Kennett mademoiselle parfaite ?! s'emporta Lucy dont le ton montait de plus en plus. Enfin tu t'entends James ? C'est réellement toi que j'ai en face de moi ? Tu ne vas pas me faire croire que…de nous deux, j'étais la seule à prendre réellement notre relation au sérieux jusqu'au bout ? Que tout ce que tu as balancé à mon père ce jour-là quand ils ont su entre nous, c'était une montagne de mensonges et que tu ne m'aimais pas vraiment ?!

- Non Lucy écoute-moi, dit James qui tentait de garder son calme. Je t'ai aimé, vraiment. Sur le coup, c'était toi ou rien, mais après…j'ai réalisé que notre couple…un jour ou l'autre, ça aurait pété. On est trop…trop fougueux, on peut se prendre facilement la tête et tu le sais… Je m'en suis rendu compte des mois plus tard, mais… j'ai en réalité besoin de stabilité dorénavant. Et…Lucy, j'ai compris qu'en fait… j'aimerais des enfants un jour…alors que toi, tu n'en désires pas…

- Oh bah tiens c'est nouveau maintenant ! rit froidement Lucy. C'est Clara qui t'a mis cette idée dans la tête d'une jolie petite vie bien rangée et conventionnelle ?

- Ne t'en prends pas à elle, répondit James qui perdait sa patience. Tout ce que je te dis, j'aurais pu le vouloir avec toi, mais tu n'es pas ce genre de personne, Lucy. Ne me fais pas passer pour le monstre de l'histoire juste parce que contrairement à toi, je suis devenu plus réaliste sur la situation et sur mes sentiments.

- Et traite-moi d'immature pendant qu'on y est !

- Par pitié Lucy…tu te doutes très bien que ce n'est pas ce que je veux dire et que notre relation…

- « Parce que tu es ma cousine donc c'est gênant pour l'avenir bla bla bla », c'est ça ?!

- Arrête ! Tu sais déjà que je m'en fichais de tout ça !

- Alors explique-moi James Potter, comment as-tu pu changer à ce point d'avis ? le pressa Lucy dont la voix trahissait ses pleurs. Parce que là, de ce que je comprends, c'est que manifestement, ta petite Clara la chieuse comme tu l'appelais, t'a fait une espèce d'Impero pour que tu deviennes l'inverse de ce que tu étais et voulait évoluer ! Et que finalement, ce que je croyais être une relation sérieuse entre nous, n'était qu'une sorte de flirt interdit et de plan cul pour toi ! Tu es le seul garçon auquel j'ai dit « Je t'aime » James, le seul ! Tu le répétais toi-même « c'était toi ou rien », mais visiblement, tu t'étais trompé ! Et moi encore plus ! Alors qu'avec Clara « moins dix points pour Gryffondor James Potter parce que tu as osé respirer le même air que moi » Kennett, c'est désormais le paradis avec sans doute projet de mariage, les enfants, et pourquoi pas le chien pendant qu'on y est ! Qui est cet homme en face de moi, car ce n'est clairement pas celui dont je suis tombée amoureuse !

Les sanglots de Lucy déchirèrent le cœur de Lily qui ne savait plus quoi penser de la situation. Hugo et Roxanne quant à eux, s'échangeaient un regard déconcerté. James, de son côté, attendit que Lucy se tût avant de reprendre la parole.

- Je suis désolé Lucy…j'aurais aimé…que tu comprennes bien plus tôt que ce n'était plus pareil…mais je ne pouvais pas te contacter, ni dire ça par le biais de Fred. J'ai évolué…et Clara également, elle n'est plus comme à l'école, demande à Fred, il l'a rencontrée récemment.

- Je m'en fiche de ça, balaya Lucy la voix cassée. Je ne te reconnais même plus…

- Il va bien falloir Lucy…mais peut-être que toi aussi, tu changeras par la suite…

- Et que je devienne comme ce que ma famille attende de moi ? Plutôt mourir. Je ne marierai pas, je n'aurai pas d'enfant et je vivrai selon mes envies. Je refuse de me ranger à cause du premier venu qui ait pitié de toi.

- Lucy, tu vas trop loin ! menaça James.

- Laisse tomber, je n'ai plus rien à te dire, de toute façon à quoi bon vu que je me faisais des idées depuis le départ ? J'aurais dû m'en douter dès que j'ai su que tu étais en couple que tu ne serais plus comme avant… J'en ai assez de tout ça.

- S'il te plaît, Lu…

- N'en dis pas plus, trancha la jeune fille dont Lily entendait qu'elle se relevait. Il est préférable que j'oublie tout ça maintenant, n'est-ce pas ? Si Clara te rend plus heureux que moi, que votre relation est plus saine, plus facile ou peu importe, grand bien te fasse. Alors tant mieux que je parte en Irlande, car je ne veux clairement pas voir ça pour le moment. Ni votre amour, ni ma famille et son hypocrisie.

- Les adultes sont en train de bouger, ils ne vont pas tarder à revenir, fit la voix de Louis derrière le trio, regardant par la fenêtre. C'est bientôt fini ?

- Presque, paniqua Roxanne, prête à arracher les oreilles de toutes les mains. Allez, grouillez-vous…

- Hé, reprit alors James tandis que Lucy avait commencé à se mouvoir. Tu crois qu'avec le temps…on réussira à redevenir ami ? Je ne veux pas qu'on soit fâché à vie pour ça…malgré tout, tu restes quelqu'un que j'apprécie beaucoup…

La poignée de la porte tournait très doucement. Hugo, Roxanne et Lily s'en écartèrent le plus silencieusement possible, le souffle coupé et prêt à courir alors que Louis faisait des grands gestes pour les presser.

- Je ne sais pas James, répondit finalement Lucy. Je ne sais même pas si j'en ai envie pour tout te dire….

La pêne demi-tour fut entièrement débloquée et en un éclair, Roxanne récupéra rapidement les oreilles. Ils furent rangés dans son sac à main dès le retour à l'intérieur des adultes. Les trois plus jeunes purent à peine reculer d'un pas avant que Lucy à son tour, atteigne le couloir, le visage bas.

- Tout va bien les enfants ? leur demanda avec tranquillité grand-mère Molly.

- Tout va bien ! lui répondit aussitôt Lily avec un grand sourire. Lucy vient juste de se réveiller de sa sieste, on allait se promener également !

Hugo et Roxanne Weasley acquiescèrent en signe de confirmation tandis que Lucy esquissa un semblant de frottement sur ses yeux pour justifier la couleur rouge qui y était.

- Vous avez tout entendu, n'est-ce pas ? marmonna cette dernière quand tous les adultes furent ailleurs, ne se préoccupant nullement d'eux.

- Euh…balbutia Roxanne.

- Qu'importe, soupira Lucy en balayant de la main. De toute façon, cela se saurait su d'une manière ou d'une autre…comme n'importe quel secret dans cette famille.

- On est désolé Lucy…s'excusa Louis en douceur en se glissant dans le groupe. Si tu souhaites en parler...

- Merci, mais je ne veux pas de votre pitié, se dégagea Lucy. J'ai besoin d'être seule un moment.

Elle quitta le couloir et s'éloigna dans l'immense jardin des Weasley. Aucun de ses cousins ne chercha à la rejoindre. Et tandis que chacun se sépara pour s'occuper en attendant l'heure du thé, dans le petit salon, là où personne ne prêtait attention, les flammes vertes où était précédemment la figure de James, s'éteignirent.


Et voilà, on a fini avec l'arc de James et Lucy. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé. J'espère que le chapitre vous aura plu.

On se retrouve donc la semaine prochaine pour non seulement l'épilogue mais aussi quelques infos pour le tome 2. Je préviens à l'avance : prenez le temps de TOUT lire quand il arrivera, c'est important.

Á bientôt !