Petit mot de l'auteure : jj'ai plus d'internet jsuis dans la merde


Jour 7 : Sortie

Contexte : Moderne UA école primaire


Nina n'avait jamais vraiment parlé à Kaz Brekker.

Comme beaucoup d'élèves de leur classe, d'ailleurs. Nombre d'entre eux l'évitaient à cause de son infirmité. Nina n'était pas de ceux là ; après tout, il n'avait pas choisit la maladie qui lui avait rongé la jambe, rendant celle-ci presque paralysée. Non, si elle restait loin de lui, c'était tout simplement parce qu'il était toujours devant en cours, résolvant chaque problème consciencieusement, écoutant le professeur Colm avec grande attention. Sa façon d'être si sérieux lui faisait un peu peur, elle qui aimait tant bavarder ! Ainsi, elle se tenait à l'écart de lui, se contentant de l'observer de loin.

Et c'était bien parce qu'elle avait prit cette habitude qu'elle remarqua ce jour-là que quelque chose n'allait pas. Elle n'aurait pas vraiment dû se soucier de lui, pourtant ; ils étaient après tout en sortie scolaire, la pause de midi battait son plein et Alina lui racontait un ragot plus qu'intéressant sur Mal, son « crush » comme disaient les grandes personnes. Malgré cela, toute l'attention de Nina était concentrée vers Kaz, et vers Kaz seul.

Comme à son habitude, il s'était placé à l'écart. Et contrairement à tous les autres enfants, il ne mangeait pas. Ce qui était étrange ; de ce qu'elle pouvait en juger, Kaz avait toujours eu un très grand appétit. Quand un goûter était proposé à l'école, il était en effet le premier à manger, presque à se ruer sur la nourriture comme si sa vie en dépendait. Et là, rien, il ne mangeait pas. Nina songea qu'il était peut-être encore mentalement dans la visite de la matinée – il avait eu l'air fasciné par les peintures présentées – et qu'il n'avait donc pas encore faim. Mais alors que le temps passait, elle vit qu'aucun changement ne s'était manifesté dans l'attitude de Kaz.

Et là, elle fut prit d'un doute.

Kaz avait-il seulement à manger ?

Dès que cette question surgit dans son esprit, elle sut d'instinct qu'elle tenait là sa réponse. Elle songea qu'il était bien étrange que quelqu'un d'aussi minutieux comme Kaz Brekker oublie son repas. L'idée qu'il n'était peut-être pas si infaillible que ça la poussa à se diriger vers lui. Quelques regards étonnés se tournèrent vers elle, mais elle n'en tint pas compte. Elle vint s'asseoir à ses côtés, lui tendant sa gaufre.

- J'ai vu que tu avais oublié ton repas. Prend la.

Kaz devint alors cramoisi.

- Je ne peux pas.

- Bien sûr que si ! Ma mère m'en a fait deux, j'ai mangé l'autre, j'ai plus faim. Ça serait dommage de la perdre.

Ce qui était un mensonge, bien évidemment. Sa mère ne lui en avait préparée qu'une – mais Kaz n'avait pas besoin de le savoir.

Kaz accepta la gaufre au moment même où le professeur Colm vint les voir.

- Et bien alors ? Que se passe-t-il ?

Nina vit que le professeur avait l'air soucieux, comme à chaque fois que quelqu'un s'approchait d'un peu trop près de Kaz. Si elle fut un peu vexée par son comportement, elle ne pouvait pas vraiment le lui reprocher : la plupart du temps, quand quelqu'un parlait à Kaz, c'était pour se moquer de lui. Elle allait lui dire que tout allait bien lorsque le visage du professeur se fit plus inquiet.

- Mais Kaz ? Tu n'as pas ton pique-nique ?

- Il l'a oublié, répondit Nina. Alors je lui passait ma gaufre, j'ai plus faim.

- C'est très gentil, Nina. Mais garde ta nourriture. Je vais trouver de quoi faire un bon repas à Kaz, ne t'inquiète pas. Mais Kaz... tu sais que tu peux venir me voir quand tu veux pour ce genre de choses, n'est-ce pas ? Si tu as oublié ton repas... ou pour quoi que ce soit d'autre.

Kaz hocha la tête, suivant le professeur.

Nina ne saurait que seulement bien plus tard que ce jour là, Kaz avait enfin eu le courage de parler au professeur Colm des problèmes qu'il rencontrait, de la façon dont Pekka Rollins, le père de sa famille d'accueil le maltraitait, lui et son frère. Même s'il s'était toujours sentit en confiance avec son professeur, il n'avait jamais osé se confier auparavant. Ce qui avait changé la donne, c'était le fait qu'une enfant de son âge lui avait tendu la main, lui montrant de ce fait que peut-être, quelqu'un pourrait l'accepter, même si son histoire personnelle compliquée serait révélée.

Ce jour-là, tout ce que Nina sut, c'est que Kaz Brekker n'était pas aussi effrayant qu'elle ne l'avait toujours cru, et qu'elle avait bien envie de le connaître d'avantage.