Misère misère, j'ai un jour de retard, je suis désolée ! Contente que Nec spe nec metu te plaise toujours Titou Douh hihihi, et vraiment très contente qu'elle te donne le sourire, c'était mon objectif avec cette fanfic, répandre de l'amour et de la joie partouuut ! Ambuela revient vite, promis et elle ne partira pas de si tôt ! :D

Je mets vite le chapitre avant d'aller au lit ! des bisous et bonne lecture :D

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Chapitre 5, Morceaux de sourires – Juillet embarrassé

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Son crâne était en train d'exploser. Littéralement. Comme s'il avait reçu un sortilège de découpe en pleine tête.

« Elle va me tuer », geignit-il en comprenant très bien pourquoi il avait mal au crâne.

Mademoiselle Ambuela, dont il avait rêvé toute la nuit, lui avait fait boire trois alcools différents en bien trop peu de temps : du Porto-Pur-Nuit qui l'avait très bien fait dormir, de la Bièraubeurre une minute plus tard avec le porridge et enfin ce Kirsch qui lui avait brûlé la bouche et les entrailles.

Et il avait une sainte horreur des mélanges. Il s'était fait avoir une seule fois en rentrant de ses six années d'apprentissage en Europe de l'Est – où il avait exclusivement bu de la vodka pour s'habituer dans son avenir professionnel – ce qui était très stupide car les Balkans ne se résumaient pas à la vodka. Et il s'était promis que ceci n'arriverait plus.

Et voilà qu'il suffisait que Mademoiselle Ambuela déboule dans sa vie pour lui faire oublier ses bonnes résolutions.

Il repensa aux trois baisers qu'il avait déposés sur ses phalanges, le bout de ses doigts et le creux de son poignet et porta sa main à ses lèvres. Sa peau avait le goût chaud et lumineux du soleil. Ses joues la teinte bienheureuse des pivoines. Et sa bouche… Elle lui avait posé un baiser là, sur la joue, juste avant de le pousser dans la cheminée des Trois-Balais, et il en avait oublié de fermer la bouche et les yeux pendant le trajet. Il était arrivé en crachant ses poumons et en pleurant comme un enfant. Merci Merlin, ses parents ne l'attendaient pas et il ne les avait pas réveillés non plus. Avec un peu de chance, il n'aurait même aucune remarque lorsqu'il se lèverait…

Lorsqu'il réussirait à se lever.

« Ma tête », se lamenta-t-il et Lazlo lui répondit par un hululement joyeux de l'autre côté des volets.

Il y en avait qui avaient la belle vie. Une vie de hibou. Sans chagrin d'amour, sans alcool et sans mal de crâne stupide.

Mais sans Ambuela pour illuminer cette vie non plus.

Il ouvrit douloureusement les yeux et se déplaça lentement dans son lit jusqu'à poser ses pieds au sol. Il redressa ensuite difficilement son torse et enfin sa tête. Misère, comment pourrait-il aller au Ministère ainsi ?

« Aristote ! Aristote ! s'exclama la voix de sa mère.

— Merlin, protégez-moi », gémit-il en se laissant retomber dans son lit.

La porte qui s'ouvrit à la volée la seconde d'après lui confirma que l'esprit de Merlin avait bel et bien disparu de la surface de la terre.

« Oh mon fils, je me suis fait un sang d'encre ! Je suis montée me coucher à une heure du matin et vous n'étiez toujours pas rentré ! Votre père…

— Pourquoi criez-vous, Mère ? » demanda-t-il en se redressant à nouveau.

Sa mère était venue le voir en robe de chambre ? Merlin, elle devait être véritablement inquiète. Il les avait prévenus, pourtant, de ne pas l'attendre, qu'il passerait la soirée avec Pollux et qu'il rentrerait tard. Peut-être aurait-il dû dire tôt à la réflexion.

« Aristote, nous… nous devons parler, dit-elle plus calmement en s'asseyant sur le bord de son lit à côté de lui.

Oh Merlin, non. Elle ne l'avait pas cru. Elle avait compris qu'il n'avait pas passé la soirée avec Pollux mais avec une femme – Ambuela Fortescue, divine lumière. Elle l'avait compris et elle devait vouloir savoir à présent qui était la femme, le nom de sa famille, son pedigree et j'en passe. La famille Fortescue ne faisait pas partie de ce petit cercle britannique des Vingt-Huit Sacrées que Teignous Nott avait voulu monter au nues cinq ans plus tôt à la plus grande exaspération d'Aristote. Il s'était gardé bien loin du bazar, des querelles et des diatribes racistes qui avaient été proférées à l'époque et avait eu assez à faire dans les Balkans. Peut-être même avait-il plus ou moins coupé les ponts avec l'Angleterre à ce moment-là le temps qu'ils se calment tous. Pollux avait recommencé l'année dernière à en parler, et il lui avait tapé sur le système avec sa cousine Cedrella Black qui avait décidé d'épouser un Weasley contre l'avis de toute sa famille. Merci bien, il ne voulait certainement pas des mêmes embrouilles en ce qui concernait Ambuela. Et puis…

« Aristote, relisez le mot que vous nous avez envoyé, je vous prie, lui demanda sa mère à mi-voix.

— Mère, puis-je m'habiller avant de…

— S'il vous plaît, Aristote », insista sa mère.

Comme il crut qu'elle était sur le point de se mettre à pleurer, il prit la lettre de mauvaise grâce et cligna plusieurs fois des yeux pour lire sans ses lunettes les mots qu'il avait lui-même écrit en catastrophe la veille.

Mère, Père,

Je ne dînerais pas avec vous. Je passe la soirée avec Pollux. Ne m'attendez pas, je rentrerai tard.

Bien à vous,

Aristote

« Eh bien ? insista-t-il à son tour. Ma lettre est très correcte ?

— Aristote, vous avez écrit dînerais, répéta sa mère avec inquiétude.

— Oui, parce que j'ai dîné avec…

— Dînerais avec un s, par Morgane ! Le futur à la première personne du singulier ne prend pas de s, Aristote ! Vous… vous avez fait une faute d'orthographe et vous ne vous en rendez même pas compte ce matin. Dwight, venez Dwight, votre fils est au plus mal, votre fils… »

Merlin, c'était surréaliste. Tout ce pataquès pour un s en trop ?

« Mère, je vais très bien, je…

— Alors est-ce Pollux qui a un souci ? Irma…

— Mais non, nous allons très bien tous les trois, s'exaspéra-t-il en voyant son père entrer à son tour dans sa chambre. Je n'ai simplement pas fait attention.

— Vous n'avez pas fait attention ? reprit sa mère. Oh Merlin, c'est plus grave que je ne le pensais… Je… Vous avez sans aucun doute besoin d'attention. Dwight, il faut que nous convainquions Pollux d'organiser un rendez-vous entre Aristote et sa petite sœur, tu sais, celle qui vient de sortir de Poudlard. Aristote se sent seul et…

— Mais n'importe quoi ! s'offusqua-t-il. Allez, il suffit, tout va très bien ! Vous faites tout un ce cirque pour un s en trop, non mais vous vous rendez compte ! »

Les yeux ronds de sa mère l'exaspérèrent un peu plus. Quoi, qu'avait-il fait cette fois ? Ses phrases n'avaient-elles pas été correctes ? Était-ce un problème de syntaxe ?

« Aristote s'énerve, Dwight, il y a vraiment quelque chose qui ne va pas », se désespéra sa mère.

Il passa ses mains sur ses tempes encore en vrac et chercha vraiment à se calmer.

« Nec spe, nec metu, Aristote, rappela simplement son père avec étonnement. Nec ira non plus. D'où vous vient cette colère ? Cache-t-elle quelque malheur ?

— Oui, j'ai mal dormi, mentit Aristote. Pourrais-je avoir un peu de poudre de Dictame, s'il vous plaît ? Pour calmer mon mal de crâne.

— Oh, vous avez simplement mal au crâne, accepta son père. Vous voyez, Artemisa, Aristote a seulement mal au crâne et il a simplement écrit un s en trop, tout va bien.

— Mais…

— Venez vous préparer, nous allons être en retard au Magenmagot. »

L'âme de Merlin existait peut-être encore en convint Aristote en voyant ses parents quitter sa chambre. Il le pensa un peu plus lorsqu'il ouvrit ses volets et découvrit une lettre d'Ambuela dans les serres du petit hibou d'Ambuela que Lazlo avait déjà pris sous son aile.

Damoiseau Aristote,

J'ai passé une merveilleuse soirée en votre compagnie hier soir, et j'espère qu'il en est de même pour vous… J'ai tant ri et tant aimé badiner avec vous, que je pourrais le faire pour le reste de ma vie, j'en suis certaine. Je n'attends plus qu'une chose de vous à présent : pourrait-on se revoir sans tarder ? Je refuse de devoir échanger des lettres pendant un mois entier avec vous à nouveau avant de retrouver votre main sur la mienne…

Bien à vous,

Mademoiselle Ambuela

Oh oui, Merlin existait toujours.

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« Tu souris beaucoup, commenta Pollux en s'asseyant face à lui.

— Ah ? s'étonna Aristote.

— Oui, je l'ai même vu de loin.

— Tant mieux, non ? » se réjouit Aristote.

Il fallait vraiment qu'il prévienne Pollux qu'il avait utilisé leur amitié comme alibi avant que ses parents ne posent la moindre question.

« J'ai passé une soirée très tranquille hier soir. Je suis allé dîner tout seul aux Trois-Balais, loin des commentaires de ma mère. Je leur ai dit que je passais la soirée avec toi, pourras-tu me couvrir ? » demanda Aristote l'air de rien.

Pollux arrêta malheureusement de remettre ses boutons de manchette pour le regarder avec stupeur. Il avait définitivement compris qu'il y avait là un mensonge.

« Tu es allé manger tout seul à Pré-au-Lard ? Tu te moques de moi ? demanda simplement Pollux avec une lenteur qui témoignait déjà d'un agacement prononcé.

— Non, je ne me moque pas, je…

— Tu peux me dire que tu as passé la soirée à la Cave du Détraqueur, je ne te jugerai pas, même si tu sais ce que j'en pense. Je te couvrirai même auprès de tes parents. »

… Pardon ? Il n'était pas allé au tripot sorcier de l'Allée des Embrumes passer la nuit dans les bras d'une fille !

Ses yeux écarquillés et son visage sans doute éberlué firent froncer les sourcils à Pollux.

« Tu as vraiment dîné seul à Pré-au-Lard hier soir ? demanda lentement Pollux avec perplexité. Pourquoi n'es-tu pas venu dîner au 12, Square Grimmaurd avec Irma, moi et les Black si tu ne voulais pas dîner avec tes parents ? Tu es sûr que… hésita Pollux en le regardant avec inquiétude. Tu sais, si tu as envie que nous passions plus de temps ensemble, tu peux me le dire. Et si tu as besoin de soutien depuis que tu as quitté ta maîtresse inconnue, je peux t'en apporter. Tu me connais, je ne suis pas très à l'aise avec ce genre de choses, mais si tu me le demandes, je peux t'écouter. »

… Son attitude devait vraiment être inhabituelle pour que Pollux tienne ce genre de discours. Mais c'était ce genre de surprise qui lui rappelait pourquoi, après tout ce temps et une vision du monde si différente, il était resté ami avec Pollux Black.

« Je t'assure que je vais bien par rapport à mon ancienne maîtresse. Quand je l'ai quittée, c'est comme si je m'étais délesté d'un poids. Oui, c'est cela, elle était devenue un poids, comprit-il. Ce n'est pas pour cela que j'ai dîné hors de chez mes parents hier soir, je… »

Non, il ne voulait pas parler déjà de Mademoiselle Ambuela. D'abord, Pollux désapprouverait forcément parce qu'il serait persuadé qu'elle se moquerait de lui ou qu'il finirait malheureux à nouveau. Ensuite, il voulait d'abord demander à Ambuela s'il pouvait parler d'elle et surtout de cette manière. Enfin… il n'y avait presque rien. Trois fois rien, même. Seulement un bonheur simple, trois baisers sur sa main à elle, un baiser sur sa joue à lui, une valse et quelques contacts discrets.

Et beaucoup de badinage.

« Depuis que j'ai annoncé ma nomination très future à la tête de l'Ambassade des Balkans, reprit-il, ma mère se lamente quasiment tous les jours sur le fait que je vais partir seul. Tantôt elle essaie de jouer les marieuses, tantôt elle me dit que je suis trop exigent. Quant à mon père, il me répète que je vais finir seul à cause de mon refus systématique des rencontres que ma mère me propose. Rien que ce matin, elle m'a fait tout un scandale parce que j'avais fait une minuscule faute d'orthographe sur la lettre que je leur avais envoyée hier pour les prévenir que je rentrerai tard : elle est persuadée que je suis au plus mal », rappela-t-il avec exaspération.

Le rire moqueur de Pollux donna enfin à sourire de cette histoire à Aristote. Ils touchèrent leurs assiettes qui se remplirent en même temps du menu du jour du restaurant du Ministère : ragout de mouton et légumes de saison.

« C'est la troisième fois qu'elle me dit qu'elle va te demander de m'organiser un rendez-vous avec ta petite sœur d'ailleurs, se lamenta Aristote. Je t'en prie, ne lui cède pas.

— Avec Cassiopeia ? s'étonna Pollux avant de rire encore. Cassiopeia ne veut pas quitter le 12, Square Grimmaurd. Si je la poussais à un rendez-vous avec toi, elle risquerait de t'empoisonner pour se venger de moi.

— Non, la petite, Dorea, le détrompa Aristote.

— Mais… »

Le silence et la réflexion qui se peignirent sur le visage de Pollux firent craindre le pire à Aristote. Merlin non, il ne pouvait pas perdre Pollux dans ces histoires de mariages. Pitié.

« Pollux…

— Vous pourriez vous entendre assez bien, reconnut Pollux en hochant la tête et en fronçant les sourcils. Et puis ma sœur ne se jouera pas de toi, je te le promets. Elle adore la vieille magie donc elle lit tout le temps et elle est souvent seule : elle te suivra dans les Balkans sans souci. Elle vient de sortir de Poudlard, donc elle voudra sûrement attendre un an avant de se marier, mais dès l'année prochaine…

— Mais enfin, Pollux, ta sœur a… j'ai quinze ans de plus qu'elle ! bredouilla Aristote avec effarement.

— Et alors ? » s'étonna Pollux.

Il est vrai que Mademoiselle Ambuela avait quatorze années de moins que lui. Ceci ne semblait pas choquer Pollux d'ailleurs. N'y avait-il que lui qu'une telle différence d'âge avait pu retenir ?

« Mais je ne la connais pas, ne trouva qu'à répondre Aristote avec panique.

— Évidemment que tu ne la connais pas encore, répondit Pollux en levant les yeux au plafond avec amusement. Mais quelle que soit la femme que tu épouseras, il faudra bien que tu passes par l'étape "je ne la connais pas", non ?

— Mais… »

De ce qu'il se souvenait de la sœur de Pollux, elle n'avait pas de conversation et elle ne souriait jamais. Lui, il voulait la lumière d'Ambuela ! Il…

« Nous deviendrons frères en plus, se réjouit Pollux.

— Écoute, je ne veux pas qu'on m'arrange de rendez-vous, dit-il fermement. Je veux rencontrer cette femme par hasard et tomber amoureux comme ça, sans préméditation.

— Aristote…

— Non, Pollux, s'il te plaît, pas toi », le supplia-t-il presque.

Pollux pinça les lèvres.

« Tu as trente-trois ans, Aristote, et à part cette maîtresse, tu as toujours été seul… tu es certain que tu ne veux pas un peu d'aide ? demanda Pollux du bout des lèvres. Je comprends très bien que tu ne veuilles pas d'un mariage arrangé avec une personne dont tu ne connais rien – on connaît trop bien les histoires de poison, d'Imperium et autre – mais si tu ne veux rencontrer personne… Disons que lors de ta prochaine venue au 12, Square Grimmaurd, essaie de parler un peu avec elle, d'accord ?

— Voilà, si par hasard j'ai à parler avec elle la prochaine fois, je parlerai, en convint-il prudemment. Peut-on parler d'autre chose ? demanda-t-il en attaquant enfin son assiette.

— Est-ce que tu n'aurais pas peur de laisser quelqu'un entrer dans ta vie, finalement ? » demanda tout de même Pollux.

C'était bien le problème. Il voulait… qu'Ambuela entre dans sa vie. Il mourrait d'envie de passer plus de temps avec elle et de l'embrasser. Mais il avait terriblement peur que ce badinage ne disparaisse et de ne retrouver qu'une relation de désir comme cela avait été le cas avec Melania.

Il avait aussi peut-être peur qu'elle se lasse de lui.

Quatorze ans de différence.

Départ pour les Balkans dans deux mois.

Merlin, il ne lui avait même pas dit. Il était si égoïste.

« Je ne suis peut-être pas prêt, effectivement, reconnut-il du bout des lèvres. Dis, viendras-tu me voir avec Irma lorsque je serai à Sarajevo ? » demanda-t-il.

Le hochement de tête inquiet de Pollux le rassura à peine.

Avait-il peur de l'amour ? De la lumière d'aimer ? De faire confiance ?

Avait-il peur de Mademoiselle Ambuela, finalement ?

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Il devait lui répondre, il le devait, mais depuis la révélation qu'il avait eue en parlant avec Pollux, il ne savait plus comment faire. Il ne savait pas quoi dire pour qu'elle ne le prenne pas pour un trouillard ou qu'elle s'exaspère de son hésitation. Il se mettait à craindre ses réactions… alors que tout avait été si simple la soirée de la veille !

Il était impossible.

Chère Ambuela,

Misère, il avait oublié le Mademoiselle devant son prénom. S'il se mettait à oublier ce jeu entre eux, pour sûr qu'elle s'inquiéterait ou qu'elle se poserait des questions.

Chère Mademoiselle Ambuela,

J'ai également passé une merveilleuse soirée en votre compagnie hier soir, et j'ai hâte d'en passer une autre… Votre rire est une douce musique à mes oreilles et votre personne un délice pour mes yeux avides de lumière et de beauté.

N'était-ce pas trop osé ? Et si elle le trouvait trop audacieux ? Alors qu'il lui avait demandé un peu de temps ? Et si… Oh Merlin, zut, c'était ce qu'il ressentait.

Oui, je suis déjà avide de votre présence merveilleuse, moi qui me prenais pour un misanthrope. Il est en effet hors de question d'attendre un mois entier pour retrouver la présence de l'autre. Donnons-nous rendez-vous lundi prochain, même heure, même lieu.

Oh non, c'était bien trop militaire comme formulation. Il avait vraiment un problème.

Retrouvons-nous à nouveau à Pré-au-Lard lundi prochain à dix-huit heures. À moins que vous ayez envie d'un autre lieu.

J'ai remarqué que vos robes contenaient à chaque fois un morceau de vichy… est-ce votre motif préféré ?

Bien à vous,

Damoiseau Aristote

Est-ce que c'était correct ? Est-ce que…

« Lazlo ! souffla-t-il en ouvrant la fenêtre de sa chambre. Arrête de chercher des mulots et viens, j'ai une lettre pour Mademoiselle Ambuela ! Lazlo ! »

Il regarda avec dépit son hibou l'ignorer royalement au pied de sa fenêtre. Lazlo était en train de se goinfrer du mulot qu'il avait dû attraper dans le champ à côté du manoir de ses parents, et, à présent qu'il était passé à table, refusait de délaisser son dîner. Aristote n'aurait pas insisté en temps normal, mais Mademoiselle Ambuela avait droit à une réponse au plus vite ! Il l'avait déjà fait patienter toute la journée. Elle finirait par croire qu'elle ne lui plaisait pas !

« Lazlo ! souffla-t-il avec un ton qu'il espérait menaçant. J'ai besoin de toi ! »

Le hibou releva la tête un instant pour le regarder de ses yeux ronds sous la lumière de la lune avant de retourner becqueter son repas.

C'était fini. Elle penserait qu'il ne voulait pas d'elle à présent.

« Lazlo, si tu ne viens pas… je n'achèterai plus tes friandises préférées ! » dit-il en désespoir de cause.

Le hibou ne fit même pas mine de l'entendre.

Il n'avait plus qu'à attendre le lendemain matin.

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Elle lui répondit le mercredi soir même.

Elle était merveilleuse.

Aucun reproche sur l'attente. Aucun reproche sur son retard évident. Seul un post-scriptum pour répondre à son post-scriptum.

PS : Lazlo (mon hibou) était en train de manger un mulot hier soir, je n'ai pu le décider à partir pour le Pays-de-Galles avant ce matin. J'en suis mille fois désolé.

PS : C'est moi qui suis de nature impatiente. Vous avez bien droit à une journée complète avant de me répondre, et même plus.

Et le reste faillit lui donner une crise de magie. Seul le broc de sa chambre se fissura sous le coup de l'émotion.

Cher Damoiseau Aristote,

Vous vous dites avide de ma personne – et en quels termes… me voilà rougissante de plaisir –mais vous me proposez un rendez-vous distant de sept longues journées de cette soirée de lundi ? Vous voilà trop prudent, ou même… contradictoire. Je vous en prie, dites-moi que c'est bien la timidité qui vous a fait proposer une telle date, ou bien une charge de travail monumentale, car il me serait si pénible de devoir vivre le week-end qui vient sans vous avoir revu ne serait-ce qu'une courte demi-heure. Pré-au-Lard ou ailleurs, peu me chaut. Je peux même monter à Londres pour monopoliser votre pause de l'après-midi si vous me le permettez !

Quant au motif vichy, je viens de vérifier, il y en a effectivement sur chacune de mes robes, vous êtes fin observateur… Je pense que je le recherche parce qu'il éclaire le tout et apporte un côté léger à l'ensemble !

Avez-vous un mur de libre dans votre bureau pour y accrocher la toile que je vous apporterai ?...

Bien à vous,

Mademoiselle Ambuela

Elle avait écrit rougissante de plaisir… pénible de devoir vivre le week-end qui vient sans vous avoir revu ne serait-ce qu'une courte demi-heure… monter à Londres pour monopoliser votre pause de l'après-midi… fin observateur… Et une toile pour lui ! Elle était impatiente, elle…

Qu'il était niais.

Avant de s'endormir, il pouvait lui répondre. Non, il devait. Non encore, il en avait plus que tout envie. Elle recevrait sa lettre le lendemain matin. Et ils se retrouveraient vendredi. Ils pourraient se promener à Flaquemare sinon, pour changer !

Très chère Mademoiselle Ambuela,

C'est la timidité moins que la charge de travail certes monumentale mais si peu attirante à côté de votre sourire, qui me faisait vous proposer un rendez-vous lundi. C'était peut-être aussi la peur de m'exposer à votre lassitude qui me faisait rester prudent… Retrouvons-nous vendredi à dix-huit heures à Flaquemare, pour changer, si vous le souhaitez. Peut-être y aura-t-il également moins de monde qu'à Pré-au-Lard un vendredi soir.

Tous les murs de ma vie sont libres pour vos toiles, Mademoiselle Ambuela…

N'était-ce pas un peu trop ?... Non, c'était vrai.

Bien à vous,

Damoiseau Aristote

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La réponse l'attendait lorsqu'il remonta à la suite du petit-déjeuner qu'il avait pris avec sa famille. Une lettre qui sentait encore les roses reposait dans le bec de la petite chouette rousse de Mademoiselle Ambuela. Ambuela l'avait d'ailleurs appelée Roussette lundi soir lorsqu'elle avait parlé de sa chouette.

Mon très cher Damoiseau Aristote,

Mon… Mon très cher… oh lala. Qu'est-ce qu'il était niais… mais son cœur s'était bêtement emballé en lisant le premier mot du courrier !

Cessez tout de suite de craindre ma lassitude, je vous en prie. Vous ne vous en rendez peut-être pas compte, mais vous êtes loin d'être lassant, coincé, inintéressant ou même quelconque. Je vous en dirai mille fois plus demain, mais retenez simplement ceci : vous me plaisez mille fois, et je ne pense pas avoir de mauvais goûts…

OH MERLIN.

Il lui plaisait ! C'était là ! Écrit noir sur blanc ! Mille fois même ! Il lui plaisait mille fois !

Et elle, elle lui plaisait des millions de fois…

… vous me plaisez mille fois, et je ne pense pas avoir de mauvais goûts…

Encore.

… vous me plaisez mille fois, et je ne pense pas avoir de mauvais goûts…

C'était si simple finalement. Il suffisait de le dire, comme ça.

Venez plutôt au village de Fortarôme, si cela ne vous gêne pas (mon cousin – qui est une vraie commère – habite à Flaquemare…). Nous pourrons ainsi passer la soirée en tête-à-tête lors d'un pique-nique ! Occupez-vous du dessert, et je m'occupe du reste. Vous pouvez venir par le réseau de Cheminée via l'Auberge de Llywelyn le Dernier…

Comment prononçait-on Llywelyn ?

… ou bien via le Magicobus – ce qui est peut-être plus sûr si vous ne savez pas prononcer Llywelyn correctement !

Ah. Voilà. Il n'avait dû prendre le Magicobus qu'à quelques reprises dont il ne se souvenait plus des motifs : Mademoiselle Ambuela était en train de changer sa vie.

Si tous les murs de votre vie sont à présent libres, toutes mes toiles aimeraient les essayer…

Est-ce que… Est-ce que c'était un sous-entendu… coquin ?

Je vous embrasse,

Mademoiselle Ambuela

OH MORGANE. Elle l'embrassait ! Elle…

Il prit la première plume qu'il vit et le morceau de parchemin qu'il avait prédécoupé la veille en prévision de sa réponse :

Ma très chère Mademoiselle Ambuela,

Prévenez-moi lorsque vous comptez me dévoiler ainsi vos sentiments… Mon cœur a manqué de s'arrêter car vous me plaisez des millions de fois, à moi aussi, vous, votre lumière, votre vivacité, votre joie de vivre, votre sourire, les folies que vous me faites faire, le sentiment de bonheur et de fierté dont vous abreuvez mes entrailles depuis un mois, vous toute entière… Je partirai le plus tôt possible du Ministère pour vous retrouver, mais je doute de pouvoir atteindre Fortarôme avant dix-neuf heures… m'attendriez-vous ?

Quel est votre dessert préféré ?...

Les trois petits points étaient peut-être… peut-être… oh tant pis.

Je vous embrasse,

Damoiseau Aristote

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Bonne nuiiiit, faites de beaux rêves plein de niaiserie ! :D