Chapitre 1 :

Toujours en vie

Comment en était-il arrivé là, lui Harry Potter ? Seul, sous la pluie, il ne savait trop où, complètement terrorisé et perdu, épuisé et de corps perclus de douleur. Il n'en savait rien, il n'arrivait pas à comprendre ce qui lui arrivait après tout ce qu'il s'était passé. Enfin, la douleur, il savait bien d'où elle venait. Elle venait de son ultime combat contre Voldemort qui avait eu lieu la veille, un peu plus d'un mois avant ses dix sept ans, elle venait des nombreuses blessures qu'il avait reçu. Il avait vaincu, de justesse et avec beaucoup de chance, il n'avait pas honte de l'admettre, mais il avait réussi et le mage noir était de l'histoire ancienne, définitivement. La guerre était finie, enfin après tant d'années et de sacrifices. Il y avait perdu énormément, toute sa famille mais il avait réussi et la paix allait revenir.

Seulement, il ne s'était pas attendu à tout ce qui lui était tombé dessus pendant et après le combat. Enfin si, il l'avait pressenti quelque part, en partie, mais il n'avait pas eu le temps de vraiment s'en préoccuper avec la guerre qu'il avait dû gérer et qui s'était emballée depuis des années déjà. Et puis ce qui lui tombait dessus aujourd'hui était bien pire que tout ce qu'il aurait pu imaginer. Il se savait seul depuis longtemps, il avait perdu ses amis alors que la guerre s'intensifiait. Oh, ils passaient toujours du temps avec lui, quand il avait le temps d'être à Poudlard entre les raid, mais ils n'étaient plus vraiment avec lui. Ils étaient là pour le prestige d'être vu avec lui mais pas pour lui. Ses amis, Ron et Hermione les premiers, s'étaient fait plus envahissants, plus froids,... Ils voulaient connaître la moindre de ses pensées, le moindre de ses faits et gestes, écoutant et corrigeant chacune de ses paroles qui ne leur plaisaient pas. Ils essayaient de le diriger, de le formater comme eux voulaient qu'il soit, pour leur profit. Ils ne l'écoutaient pas, se fichant de son bien-être ou de ce qu'il pouvaient penser, le prenant comme un faire valoir célèbre qui les mettait en avant. Ils les avaient une ou deux fois entendu rapporter ses paroles à son très cher directeur.

Directeur qui avait d'ailleurs perdu son estime et sa confiance au fil du temps. Il n'avait jamais pris en compte son propre bien-être, il ne l'avait jamais écouté lorsqu'il avait fait part de son avis, il lui avait caché nombre de choses,... Au final, il avait fini par comprendre qu'il n'était qu'un objet et une arme pour le directeur. Il l'envoyait se battre quand Voldemort attaquait et il le remettait au placard ensuite. Il ne lui disait rien, ne l'entraînait pas, ne lui apprenait pas ce dont-il avait besoin rien que pour survivre en combat, il le tenait à l'écart des décisions et des informations importantes, le tenait à l'écart de l'Ordre et de l'organisation des aurors alors qu'il lui demandait de se battre en première ligne... Il y avait nombre de choses qu'il avait vu et qui lui avait fait perdre sa confiance en son directeur. Il se fichait des vies perdues, il se fichait de la souffrance des autres tant que tout se faisait comme lui le voulait et pour sa gloire personnelle. Il manipulait tout le monde et il s'était mis à le détester.

Il s'était rendu compte que personne ne le voyait pour lui. Non, on le voyait pour son argent et son statut, pour le prestige qu'il représentait, pour l'élu de la Prophétie. On ne l'écoutait pas, il n'y avait jamais personne lorsqu'il avait un problème ou un besoin de soutient, pour panser ses blessures lorsqu'il revenait en miette d'un combat. Par contre, ils étaient tous d'accord pour le jeter devant Voldemort et se cacher derrière lui. On voulait qu'il obéisse comme un bon petit chien chien, qu'il ne pense pas et qu'il se batte au dépend de sa vie sans se plaindre et sans faillir. Et il l'avait fait parce qu'il n'avait pas le choix, c'était son destin d'abattre Voldemort après tout. Et si ce n'était lui, personne d'autre ne l'aurait fait, personne n'en n'avait le courage et la puissance. Alors il l'avait fait parce qu'il se sentait responsable même si personne ne l'avait soutenu, beaucoup le rabrouant et l'insultant, le rabaissant et le jugeant en éternel insatisfait, jamais content de tout ses sacrifices.

Il s'était battu sans relâche, taisant ses douleurs et taisant le fait qu'il s'épuisait physiquement et surtout mentalement. De toute manière, il n'y avait personne pour l'écouter. Il avait fait de son mieux, vraiment. Et il s'était éloigné de tout le monde, s'isolant devant le comportement de son entourage pour qui il n'était qu'une arme, un objet, un faire-valoir ou une bourse. Il était seul, complètement. Mais il n'avait jamais eu le temps de s'expliquer ou d'essayer d'obtenir une justification de la part de Dumbledore ou de son entourage. Il doutait de l'avoir obtenu de toute façon, il doutait fortement d'avoir un jour eu une réelle importance en tant que personne pour eux, seulement, il ne s'en était rendu compte que bien trop tard. Le stress, les combats, les blessures, les morts,... tout cela l'avait bien trop occupé pour qu'il s'occupe d'autre chose. Il avait fallu s'entraîner, seul, sans aide pour parvenir à survivre, il avait fallu continuer les cours entre les attaques, il avait fallu travailler sans relâche sous les critiques constantes de tous et surtout du public.

Il s'était renfermé, éloigné des autres, épuisé... il avait fait de son mieux avec ce qu'il avait et ce qu'il savait. Et finalement, il y était parvenu. Mais il avait tant perdu. Ses parents, Sirius et Severus. Severus qui était mort dans ces bras juste avant la bataille finale, tué par Voldemort qui avait découvert qu'il était en faite un espion. Cherchant à tuer Nagini, il avait assisté à la scène en retrouvant le serpent avec son maître et une fois celui-ci parti, il s'était précipité sur Severus, ayant parfaitement entendus les révélations sur son double rôle. Il avait assisté aux derniers instants du maître des potions et même s'il l'avait détesté, quelque part il l'avait beaucoup apprécié parce qu'il avait été le seul à être vrai avec lui, et le voir mourir l'avait touché autant que la mort de Sirius. Severus lui avait livré quelques souvenirs sous la forme de quelques larmes, il lui avait dit qu'il avait les yeux de sa mère et il s'était éteint.

Grâce à ses souvenirs, il avait découvert que l'homme avait passé sa vie à veiller sur lui et à se sacrifier pour l'aider et le protéger. Il s'en était immédiatement beaucoup voulu d'avoir eu une mauvaise image d'un homme qui avait tout fait pour lui sans rien lui demander en retour. Parce qu'il voulait l'aider, parce qu'il était le fils de la femme qu'il avait aimé, parce qu'il savait que tout les autres se fichaient de lui et qu'il ne voulait pas qu'il soit complètement seul, parce qu'il n'acceptait pas de juste se cacher derrière lui, souhaitant même qu'il n'ait rien eu à voir avec cette guerre. En réalité, Severus avait été la seule personne à l'aider et il regrettait de ne pas avoir eu une bonne relation avec lui. Il serait certainement venu l'aider à cet instant s'il avait encore été en vie.

Il avait perdu les quatre seules personnes qui s'étaient réellement souciés de lui. Il s'était épuisé dans tout les sens du terme, il avait tout donné sans jamais se plaindre et sans jamais penser à s'enfuir. Et il avait réussi au terme d'un très long et éprouvant combat. Il en était ressorti en miette, blessé, mais il y avait eu pire. Il avait perdu deux biens extrêmement précieux dans ce combat. Sa magie. Il avait perdu tout pouvoir au moment même où Voldemort avait rendu l'âme. Sa magie l'avait quitté dans une douleur atroce et depuis, il n'y avait plus rien, plus une once de pouvoir. C'était affreux. Il se sentait faible et en danger constant, sans moyen de se défendre. Il se sentait vide et sans vie. C'était horrible. Et sa deuxième perte n'arrangeait rien bien au contraire. Il avait perdu la vue, il avait perdu ses yeux, il était dans le noir total. Dans le noir total et sans magie, lourdement blessé, terrorisé et confus. Il avait perdu ses yeux à cause d'un sort de Voldemort, un sort qu'il avait reçu quelques secondes avant de lancer le sort final qui avait détruis son ennemi. Il n'avait fallu qu'une petite minute pour qu'il devienne aveugle et il louait Merlin d'avoir réussi à terminer le combat avant de ne plus rien voir, sinon, tout aurait été perdu. Sans ses yeux, il n'arrivait plus à rien.

Il avait perdu tout ses repères avec sa vue et ses pouvoirs. Il était perdu et terrifié, se sentant plus en danger que jamais, dans une insécurité totale alors qu'il n'y avait plus personne en qui il avait confiance pour l'aider. Non, son entourage n'en voulait qu'à son argent et à sa célébrité. Il s'était attendu à en voir de toutes les couleurs une fois la guerre finie, mais il ne s'était pas attendu à être aveugle et sans magie, et il ne s'était pas attendu à l'immense trahison qu'il venait de subir.

Tout était allé très vite à la fin du combat. Il avait été prestement ramené à Poudlard dans la plus grande des discrétions et il avait été installé à l'infirmerie. Il avait reçu des soins très primaires. Il était complètement perdu et paniqué à cet instant, paniqué par la perte de ses yeux et de sa magie. Mais il avait beau avoir essayé de poser des questions à la personne qui s'était occupée de lui, et qu'il n'avait pas réussi à identifier, il n'avait eu aucune réponse. Il avait voulu savoir si son état était temporaire ou définitif mais on ne lui avait pas répondu. On l'avait simplement ignoré et il n'avait pas eu la force de faire quoi que ce soit. Son corps était parcouru d'une affreuse douleur dans chaque parcelle de lui même. La souffrance de ses blessures et de la perte de sa magie était affreuse, déchirante, ses yeux le torturaient affreusement. Il n'avait pas eu la force de lutter ou de se rebeller. Et puis il était terrorisé par le noir et l'impuissance. Il s'était efforcé de rester conscient pour essayer de suivre ce qu'il se passait autour de lui, s'appuyant sur ses oreilles, sachant qu'il n'était pas à l'abri. Il n'avait eu droit qu'à des soins très basiques et il s'était rendu compte que la personne qui s'était occupée de lui s'était davantage concentré sur des sorts de diagnostiques. Il lui en avait lancé des dizaines et à chaque fois, il avait senti une pointe de douleur atroce le secouer. Il avait beau s'en être plaint, on l'avait ignoré, se fichant visiblement de sa souffrance. Il avait eu l'impression d'être un objet qu'on analysait.

Et après de longues et très douloureuses analyses, dans le noir complet, sans une once de soulagement et aucune parole rassurante ou simplement humaine, aucune réponse à ses questions, plein de souffrance, fiévreux et au bord de l'inconscience, on l'avait laissé là sans plus d'attention. Il s'était retrouvé entièrement seul dans l'infirmerie, dans un silence des plus inquiétant, tremblant de douleur sur son lit. Terrorisé et perdu, il n'avait pu que tenter de se calmer et de juguler sa panique. Ses yeux et tout son corps le torturaient affreusement et il était épuisé. Mais il était surtout complètement déstabilisé par son nouvel état. Il était resté là longtemps, sans information, sans soulagement physique ou moral, au contraire. Personne n'était venu le voir ou l'aider et incapable du moindre mouvement, il n'avait pu que rester là et attendre, terrifié.

Au bout de longues heures pendant lesquelles il avait senti son état empirer, la souffrance grandissante alors qu'une terrible fièvre le prenait, il avait enfin de nouveau entendu la porte s'ouvrir. Il avait demandé d'une voix faible et hachée qui était là sans obtenir de réponse. Il avait entendu un pas décidé et rapide s'approcher de lui, l'effrayant au plus haut point alors qu'il n'avait aucun moyen de savoir à qui il avait à faire et plus aucun moyen de se défendre. Il avait demandé plusieurs fois qui était là et ce qu'il voulait, restant sans réponse et faisant grandement monter son anxiété. Il avait senti quelqu'un lui prendre le bras d'une poigne ferme et violente, sans aucune douceur, le relevant en le tirant brutalement. Ses jambes avaient lâché immédiatement sous la douleur et l'épuisement mais il n'avait pas eu le temps de s'écrouler qu'il avait senti la sensation du transplanage le prendre au ventre.

Une seconde plus tard, il s'écroulait bel et bien dans une flaque d'eau, hurlant à la douleur lancinante qui le parcourait alors. Il s'était effondré, la prise sur son bras avait disparu comme celui qui l'avait amené là. La souffrance était atroce et il avait mis longtemps à reprendre ses esprits. Lorsqu'il avait retrouvé un peu de lucidité, il s'était rendu compte qu'il pleuvait à torrent. Et lui, il ne portait presque rien. Juste son pantalon déchiré en tout sens, ses baskets démolies et quelques bandages autour du torse. Il était gelé, tremblant de douleur et de fièvre et la pluie n'arrangeait rien le trempant rapidement. Il avait beaucoup de mal à respirer, gémissant de souffrance et incapable de bouger.

Et maintenant, il était là depuis une bonne heure. Il était là, sous une pluie battante, dans le vent, dans le noir et incapable de bouger. Il n'avait aucune idée de l'endroit où il était et de ce qu'il se passait. Mais l'évidence s'imposa à lui : on l'avait abandonné sans remord. Il n'arrivait pas à bouger et même s'il avait pu, il n'aurait pas osé, terrorisé. Il n'y voyait plus rien ! Le noir total ! Et tout ce qui l'entouraient le terrifiait soudain à l'extrême alors qu'il avait perdu tout ses repères, se sentant à nu et sans défenses sans sa magie et dans son état de faiblesse. Il était perdu, confus, désespéré, effrayé... Il avait mal, si mal, dans son corps et dans son mental. Il n'osa pas bouger. Pour aller où de toute façon ? Il ne savait même pas où il était et il n'y voyait rien ! Et il était incapable de faire le moindre geste. Il était là, avachis sur ses genoux, recroquevillé sur lui même, frigorifié alors qu'il s'entourait de ses bras dans un vain espoir de chaleur et de protection, gémissant et peinant à respirer, perclus de douleur.

Mais soudain, le craquement caractéristique du transplanage résonna non loin de lui, le faisant violemment sursauter alors qu'il paniquait presque :

- Qui est là ? demanda-t-il la voix faible et poussive.

- Par tout les cieux monsieur Potter ! s'exclama le nouveau venu. Dans quel état êtes vous ?!

- Qui êtes vous ? redemanda le jeune homme avec panique.

- Je suis Rigak, monsieur Potter, répondit l'inconnu en s'approchant de lui ses pieds claquant dans l'eau.

Instinctivement, Harry recula dans un réflexe de peur, s'immobilisant cependant rapidement sous la douleur qui l'assaillit. Il gémit, retenant un cri avec peine alors qu'il tremblait violemment.

- N'ayez pas peur monsieur Potter. Je suis là pour vous aider, rassura Rigak. Je suis l'assistant de Ragnok monsieur, le directeur de Gringotts. Il m'a demandé de venir vous chercher. Bon sang vous saignez de partout.

- Vous êtes un gobelin ? demanda faiblement Harry.

Il y eut un instant de silence, le jeune homme angoissant encore davantage.

- En effet, je suis un gobelin, confirma-t-il avec hésitation. Ne le voyez vous pas ?

- Je n'y vois plus rien, ragea-t-il en provoquant une quinte de toux qui lui vrilla le corps et l'enflamma de douleur.

Il eut bien du mal à se calmer, se sentant au bord de l'inconscience, ne comprenant pas qu'il puisse être encore en vie avec un tel niveau de souffrance. Il avait l'impression d'étouffer, de brûler, de geler, d'exploser, d'imploser, d'être transpercé de millier de poignards... c'était horrible. Il fallut un moment pour que Rigak ne reprenne la parole :

- Les gobelins vont vous aider monsieur Potter, annonça-t-il. La première chose à faire est de voir un médicomage dans les plus bref délais. M'autorisez vous à vous faire transplaner pour Grigotts ? Cette pluie va vous tuer.

Harry ne réfléchit pas longtemps, il avait besoin d'aide maintenant. Il voulait que la douleur cesse, il voulait qu'on lui dise qu'il allait revoir la lumière et retrouver sa magie. Il voulait qu'on lui explique ce qui lui tombait dessus. Il voulait que la douleur cesse. Les gobelins s'étaient toujours montrés honnêtes avec lui

- D'accord, approuva-t-il difficilement.

Il sursauta et eut un mouvement de recul lorsqu'il sentit la main du gobelin se poser sur son épaule mais il s'immobilisa sous la souffrance, serrant les dents. Rigak le laissa reprendre ses esprits avant de transplaner. Et lorsqu'ils réapparurent, Harry hurla une fois de plus, envahi d'une douleur encore plus forte. Il se plia en deux, tentant de respirer avec mal. Il fallut plusieurs minutes pour que la douleur se calme, qu'il reprenne conscience de ce qui l'entourait et de Rigak qui l'appelait d'un air un peu paniqué :

- Monsieur Potter ? Monsieur Potter ?

- Oui, baragouina-t-il difficilement.

- Que vous arrive-t-il ? demanda le gobelin.

- J'en sais rien, murmura-t-il laborieusement. Ça fait mal, bredouilla-t-il en appuyant une main au sol.

Se faisant, il se rendit compte qu'il était maintenant à genoux sur un duveteux tapis épais, mais il n'y voyait rien alors il ne put analyser son environnement. Il savait juste qu'il ne pleuvait plus et qu'il faisait chaud. Il devait être à Gringotts maintenant. Tentant de reprendre son souffle, il sursauta en entendant le bruit d'une porte qui s'ouvre puis qui se referme. Il se tendit et sursauta une fois de plus en entendant une voix s'élever. Une voix qu'il n'avait jamais entendu mais qui avait l'accent particulier des gobelins :

- Rigak ? Nous avons entendu cri... Par tout les cieux monsieur Potter, dans quel état êtes vous ? s'horrifia la voix. Rigak ?!

- Je l'ai trouvé ainsi directeur, répondit celui-ci. Il est gravement blessé. Il lui faut des soins rapidement.

- Gripsek, appelez Ranton tout de suite, ordonna celui qui devait être le directeur.

Harry entendit de nouveau la porte s'ouvrir et se refermer et il fit un bond lorsque la voix du directeur s'éleva tout près de lui. Il gémit sous la douleur.

- Monsieur Potter ? Vous m'entendez ?

- Oui, bredouilla-t-il difficilement.

- Je suis Ragnok, directeur de Gringotts, se présenta-t-il. Nous allons vous aider. Un médicomage va arriver. Il s'agit du médicomage Ranton. Il est excellent dans son domaine. Il vous soignera à notre demande. Nous ne lui révélerons pas votre identité et comme vous avez changé d'apparence, il ne vous reconnaîtra pas.

Oui, il avait changé d'apparence. Juste avant la bataille finale. Il avait bien conscience qu'il était plus faible que Voldemort. Il avait fallu ruser pour prendre l'avantage. Alors il avait modifié son apparence juste avant le combat pour le déstabiliser, pour qu'il ne le reconnaisse pas immédiatement. Et ça avait marché. Il avait été presque ignoré par les mangemorts qui cherchaient le Survivant en priorité et il avait pu infliger une sérieuse blessure à Voldemort dés le début de l'affrontement. Parce qu'il n'avait pas fait attention à cet inconnu qu'il n'avait jamais vu nul part. Cela lui avait donné un avantage dés le début, un avantage qui n'avait pas duré, il avait vite été identifié mais cela lui avait permis de blesser le Seigneur des ténèbres le premier. Ça avait aidé et il n'avait pas regretté son geste bien au contraire. Mais seul Dumbledore, ses amis, l'Ordre, Severus et ceux qui l'avaient vu se battre étaient conscient de ce changement.

Il avait maintenant de longs cheveux noirs pendant jusqu'au bas de son dos en une cascade lisse et disciplinée. Il avait affiné ses traits en un visage élégant et fragile, un peu efféminé. Il avait gardé sa petite taille et sa silhouette menue et svelte, il l'avait même légèrement accentué en faisant en sorte que ses épaules aient l'air moins carrées et moins droites, juste un peu plus tombantes. Il avait fait en sorte de ne pas avoir de barbe, définitivement et avait gardé son teint très pâle. Il avait perdu sa fameuse cicatrice une fois le horcruxe disparu. Il n'avait rien changé d'autre mais cela lui donnait un air efféminé et fragile. Il avait choisi cette apparence pour avoir l'air encore moins menaçant et ça avait parfaitement fonctionné, leur vigilance s'endormant en voyant cet être faible et fragile. Cela lui avait donné un avantage supplémentaire sur plusieurs mangemorts qu'il avait croisé. Et cela lui avait assurément sauvé la vie et rien que pour cela, il ne regretterait jamais ce changement.

- Comment... savez vous... que c'est moi ? demanda-t-il difficilement la voix hachée.

- Il faut bien plus qu'un changement d'apparence pour que nous ne reconnaissions pas notre meilleur client monsieur Potter. Les créatures magiques sont moins faciles à berner que les sorciers. Mais au moins, cette nouvelle apparence vous aidera à vous cacher, dit-il en intriguant fortement l'adolescent.

Pourquoi devrait-il se cacher ? Mais il n'eut pas le courage de poser la question, la douleur l'étourdissant et le torturant affreusement. Il gémit, peinant à respirer.

- Je vais vous faire léviter et vous installer dans un fauteuil, vous y serez mieux, annonça le directeur.

- Non ! s'écria immédiatement Harry serrant ensuite les dents. Par pitié, plus de magie, supplia-t-il la voix faible.

- Pourquoi ça ? demanda le gobelin surprit.

- Parce que... depuis la... fin de mon... combat avec... avec Voldemort, expliqua-t-il laborieusement, à chaque fois qu'on a... utilisé la... la magie sur moi... la douleur est... atroce. Je n'en... peux plus, dit-il avec souffrance.

- Très bien, je ne ferais rien, assura le gobelin. Tachez de vous calmer, conseilla-t-il devant la panique et l'état déplorable du jeune homme.

Il portait de très lourdes blessures qui saignaient doucement, sa peau couverte de bleus et de marques. Il était terriblement pâle et transpirait à grosses gouttes à cause de la fièvre. Il tremblait affreusement, avachi sur ses genoux, recroquevillé sur lui même, enfermé dans ses bras et regardant le sol. Ragnok remarqua alors que la peau autour de ses yeux était sévèrement brûlée et ses iris étaient étrangement voilées, son regard fixe.

- Vos yeux ? demanda le directeur en ayant peur de comprendre.

- Je n'y vois... strictement... plus rien, lâcha-t-il lourdement d'une voix désemparée.

- Le médicomage va arriver rapidement, assura Ragnok. Il vous soignera sans savoir qui vous êtes. En plus votre cicatrice a disparu, remarqua-t-il. Puis lorsque vous serez mieux, je vous expliquerais ce qu'il se passe. En attendant, essayez de vous calmer. Vous êtes en sécurité avec les gobelins.

Harry se concentra alors sur sa respiration difficile, tentant de juguler la douleur sans succès. Il se sentait de plus en plus mal et ses yeux le torturaient de plus en plus atrocement. Et il était terrorisé, tendu, perdu et dévasté. Quelques secondes passèrent dans un silence pesant seulement coupé par la respiration difficile de l'adolescent, et encore une fois, il sursauta lorsque la porte s'ouvrit de nouveau. Il l'entendit se refermer et une voix qu'il n'avait pas encore entendu s'éleva :

- Bonjour directeur Ragnok, que puis-je... Par Merlin, qu'est-il arrivé à ce jeune homme ?! s'exclama-t-elle en se rapprochant rapidement.

Harry se crispa, apeuré, sursautant alors qu'il pouvait sentir quelqu'un s'agenouiller, probablement puisqu'il ne pouvait le voir, en face de lui, déplaçant de l'air qu'il sentit lui chatouiller la peau.

- Il s'agit de l'un de nos clients et amis, expliqua le directeur. Il a été pris dans une attaque de mangemort. Il a besoin de soins immédiatement. C'est pour cela que l'on vous a appelé.

- Bien sûr, répondit l'homme qui avait une voix douce et mesurée.

Il semblait sûr de lui et sa voix calme et parfaitement maîtrisée tout en étant attentionnée, inspirait confiance.

- Saleté de guerre et salopard de mangemorts, pardonnez moi ces termes, continua-t-il. Comment s'appelle ce jeune homme ?

Harry se tendit, cherchant un nom à toute vitesse alors que Ragnok lui avait fait comprendre qu'il valait mieux ne pas révéler qui il était vraiment. Il tenta de réfléchir mais sa concentration annihilée par la douleur l'empêcha de trouver quelque chose. Heureusement, le directeur le soulagea de se problème en répondant très naturellement :

- Nathaniel Douglas, dit-il le plus simplement du monde.

- Bien, répondit l'homme. Nathaniel, vous m'entendez ? demanda-t-il doucement.

- Oui, bredouilla-t-il difficilement alors qu'il peinait à respirer.

- Je m'appelle Julius Ranton, se présenta-t-il, je suis médicomage indépendant. Je vais m'occuper de vous ne vous en faîte pas, rassura-t-il. Ça va aller.

Et ces simples paroles douces lui firent du bien alors qu'il n'avait reçu aucun réconfort ces dernières heures. Immédiatement, il lui en fut extrêmement reconnaissant.

- Tout acte de magie sur lui provoque de terribles douleurs, signala Ragnok. Et il ne voit plus rien.

- On va regarder ça immédiatement, annonça Julius. Nathaniel, appela-t-il tranquillement, si la magie vous fait mal, je ne vais pas vous faire léviter mais il faut que je vous installe un peu mieux pour vous examiner, expliqua-t-il. Je vais vous porter et vous allonger sur une méridienne qui n'est pas très loin, vous y serez mieux et je pourrais travailler. D'accord ?

L'adolescent acquiesça, un peu rassuré par le ton très calme de l'homme mais il sursauta violemment lorsque celui-ci le toucha, prit d'une peur irraisonnée.

- Du calme, tempéra l'homme sans brusquerie, je ne vous ferais aucun mal. Je veux juste vous aider. Je sais que vous avez peur mais il faut essayer de vous calmer. Une crise de panique ne vous aidera pas. Essayez de respirer lentement et profondément si vous le pouvez, conseilla-t-il.

Et alors qu'il parlait, Harry sentit qu'il le soulevait précautionneusement, passant un bras dans son dos et l'autre sous ses genoux. L'homme semblait disposer d'une certaine force. L'adolescent avait l'impression qu'il avait de grands bras forts mais sans ses yeux, il ne put en être sûr. Il ne s'en préoccupa pas davantage alors que la douleur remontait avec le mouvement. Il gémit, serrant les dents et retenant ses plaintes comme il pouvait. Il avait l'impression qu'il allait étouffer alors qu'il avait de plus en plus de mal à respirer, tremblant terriblement. L'homme fit quelques pas souples et le déposa bientôt sur une surface moelleuse et confortable qu'il devina être la méridienne dont il lui avait parlé un peu plus tôt. Julius allongea tout d'abord délicatement ses jambes avant d'appuyer son dos au dossier, déposant sa tête avec attention en calant sa nuque d'un petit coussin. L'adolescent lui, se sentait au bord du gouffre, son corps le faisant atrocement souffrir alors que le fait d'être aveugle le terrorisait et l'empêchait de se concentrer sur autre chose pour se détourner de la douleur.

Il entendit vaguement les gobelins s'excuser pour leur laisser un peu d'intimité et ne pas gêner le médicomage, disant d'appeler s'il avait besoin de quoi que ce soit. Puis ils quittèrent la pièce, la porte claquant légèrement. Et le jeune homme se sentit encore plus inquiet d'être seul avec cet inconnu dans son état. Mais il se raisonna en se rappelant que le médicomage n'avait rien fait de mal jusque là et qu'il avait terriblement besoin de son aide. Cependant, il était bien placé pour savoir que les gens pouvaient avoir bien des visages et il n'était donc pas très rassuré.

- Essayez de vous détendre, conseilla Julius de sa voix calme. Et respirez doucement, vous avez visiblement plusieurs côtes cassées, remarqua-t-il alors qu'il forçait doucement l'adolescent à déplier ses bras dans lesquels il s'était enfermé pour voir sa poitrine.

Harry se laissa faire, suivant le mouvement que lui imposait l'homme en tenant ses poignets. Il tenta aussi de réguler sa respiration sans grand succès.

- Sauriez vous me dire quels sorts vous avez reçu ? demanda le médicomage en observant son patient.

- Doloris..., commença Harry d'une voix hachée et lourde, diffindo... expulso... sectumsempra..., cita-t-il.

Il énuméra lentement tout les sorts qu'il avait reçu dont-il se souvenait et qu'il connaissait, religieusement écouté par le médicomage dont-il sentait les mains sur lui. Il tâtait délicatement ses membres à la recherche de la moindre anomalie avec délicatesse.

- Et il y en a... eu plusieurs autres... de magie noire... que je ne connais pas..., termina-t-il.

- Très bien. Vous êtes vraiment dans un état alarmant, remarqua l'homme. Il faut que je sache très vite quels sont touts les dégâts. Certaines blessures pourraient être en train de vous tuer sans même que je ne le vois. Je n'ai pas le choix, il faut que j'utilise un sort de diagnostique. Il va falloir que vous le supportiez, dit-il doucement.

Harry serra les dents, se souvenant encore des pics de douleurs qu'il avait ressenti avec les derniers sorts et le transplanage. Mais il comprenait, l'homme avait besoin de ces renseignement pour l'aider et faire cesser la douleur. Il fallait qu'il supporte encore un peu.

- Allez-y, bredouilla-t-il.

- Ça ne durera pas longtemps je vous le promet, assura Julius. Je n'en lancerais qu'un seul. Il est assez puissant et précis pour me détailler entièrement votre état en une seule fois.

L'adolescent acquiesça pour montrer qu'il avait compris, serrant les dents et sentant l'angoisse et la peur monter alors qu'il se tendait d'appréhension. Le médicomage le prévint avant de lancer son sort et il ne put retenir un cri alors qu'une violente douleur remontait encore une fois. Elle mit un moment à s'estomper alors qu'il suppliait intérieurement pour que ça s'arrête. Reprenant ses esprits, il se rendit compte que Julius lui tenait la main et qu'il l'avait serré désespérément en retour.

- Nathaniel ? Nathaniel ? Vous m'entendez ? demandait le médicomage.

- Oui, répondit-il finalement difficilement.

- Je suis désolé, c'est fini maintenant. Je vais vous soulager. Restez tranquille et essayez de rester calme, conseilla-t-il.

Il acquiesça faiblement, priant pour que l'homme l'aide vraiment. Il l'entendit vaguement faire apparaître diverses choses sans savoir ce dont-il s'agissait mais supposant que cela devait être du matériel de soin.

- Je vais vous faire une injection de morphine pour commencer, expliqua calmement Julius en prenant délicatement son bras. C'est un puissant antalgique pour la douleur.

Harry se demanda un instant pourquoi un médicomage, un sorcier, annonçait soudain qu'il allait utiliser une chose parfaitement moldu mais il n'eut ni la force ni le courage de poser la moindre question, voulant seulement être soulagé. Il sentit rapidement une légère piqûre.

- Ça ira mieux rapidement, expliqua-t-il. Je vais attendre que cela fasse effet pour vous soigner. Cela serra bien moins douloureux. En attendant, je vais vous injecter plusieurs médicaments, vous commencez déjà à développer des infections et il faut lutter contre cette fièvre, expliqua-t-il en s'exécutant délicatement. Heureusement, vous n'avez pas de lésion mortelle. Mais il y a beaucoup de dégâts qui vous mettent en danger et vous avez perdu beaucoup de sang. Je vais mettre en place une transfusion. Vous êtes gravement blessé mais ça va aller. Vous allez vous en sortir.

L'adolescent sentit un soulagement sans nom l'envahir aux paroles calmes et douces de l'homme.

- Merci, bredouilla-t-il alors qu'un sanglot sans larmes lui échappait.

- Ce n'est rien, répondit l'homme, c'est mon travail et je l'aime beaucoup. Je m'occupe de vous Nathaniel, reposez vous et ne vous inquiétez de rien pour le moment. Vous devez vous calmer et vous reposer. Essayez de respirer doucement et de manière courte si vous y arriver, ça soulagera un peu vos côtes.

Le médicomage lui fit plusieurs injections et installa la transfusion, expliquant tranquillement tout ce qu'il faisait, Harry se calmant en l'écoutant. Il lui retira doucement son pantalon et ses bandages trempés par la pluie. L'adolescent se détendit un peu plus en sentant ses douleurs diminuer progressivement au fil des minutes. Ses yeux continuèrent pourtant à le torturer sans discontinuer alors qu'une douleur diffuse persistait dans sa poitrine, l'oppressant et pesant tel un énorme poids sur lui.

Finalement, Julius commença réellement les soins lorsqu'il fut sûr que la morphine agissait bien. L'adolescent en était un peu anesthésié bien plus calme et détendu, un peu vaseux. Le médicomage se mit au travail dans un silence concentré, le laissant se reposer. Il commença par soigner les brûlures autour de ses yeux avec douceur et le jeune homme sentit qu'il les couvrait ensuite de ce qu'il pensa être un bandage qui alla entourer sa tête d'un unique tour, se nouant derrière elle. Et à partir de là, il sentit la douleur de ses yeux diminuer progressivement, le soulageant beaucoup. Il eut envie de poser des questions à ce sujet mais il ne trouva pas la force de le faire, un peu confus à cause de la morphine. Il se laissa simplement faire en silence, essayant de se concentrer sur ce qu'il sentait pour suivre ce que Julius faisait, le remerciant déjà intérieurement d'avoir fait baisser ses souffrances qui étaient devenues insoutenables.

Une fois ses yeux soignés, l'homme nettoya son visage et son cou puis s'occupa d'une longue plaie qui barrait sa joue gauche, débutant de l'extérieur de sa pommette et descendant dans son cou pour s'arrêter entre ses clavicules. Profonde, il fallut la suturer et Julius fit cela avec attention et douceur, s'assurant qu'il ne faisait pas souffrir le jeune homme outre mesure avec une anesthésie locale. Il couvrit ensuite la blessure d'un pansement auto collant et encore une fois, Harry se demanda pourquoi un sorcier se servait de choses et de techniques moldues, surpris. Mais il en était plutôt rassuré, premièrement parce qu'ainsi, la douleur qu'auraient sûrement provoqué des sorts de soins n'existait pas, l'adolescent se demandant si c'était pour cela qu'il utilisait de tels procédés. Et deuxièmement, si le sorcier utilisait des procédés moldus, il y avait très peu de chances pour qu'il ait été ou soit partisan des idées de Voldemort. Et cela était confirmé par les paroles qu'il avait eu en arrivant et par la confiance que semblaient lui donner les gobelins.

Le médicomage passa ensuite à ses bras, commençant par sa main droite très abîmée alors que sa baguette y avait explosé lors de l'assaut final de son combat avec Voldemort, brûlant et blessant la peau. Il remonta sur le bras qui termina bandé jusqu'à l'épaule. Il s'occupa ensuite de son avant bras gauche, ce membre moins abîmé que le premier mais portant comme lui plusieurs plaies, égratignures et hématomes. Puis ce fut le tour de ses jambes portant plusieurs blessures semblables à celles des bras. Et tout en soignant le jeune homme, Julius nettoyait soigneusement sa peau de tout le sang, la poussière et la boue qui s'y trouvaient. Continuant, il traita une large brûlure sur son flanc droit ainsi qu'une autre sur son épaule gauche, se servant de tulle gras pour en faire les pansements. Ce fut ensuite le tour d'une plaie sur sa poitrine et son flanc gauche. Et le médicomage termina par son dos traversé de plusieurs blessures. Pour se faire, il redressa l'adolescent et s'assit derrière lui, l'aidant d'une main à rester ainsi alors qu'il était engourdi et étourdi par les médicaments.

Il fallut un très long moment pour passer en revue chaque blessure, beaucoup ayant besoin d'être recousue mais il en vint finalement à bout, réinstallant ensuite confortablement le jeune homme qui s'était beaucoup calmé au fil du temps, un peu assommé par la morphine et les divers produits injectés au cours des soins. Sa respiration s'était apaisée, se faisant plus régulière et légère même si elle sifflait encore et était visiblement gênée. Il tremblait cependant sous la fièvre, la sueur couvrant sa peau dramatiquement pâle là où elle n'était pas bleuie par les coups.

Harry entendit le médicomage sur lequel il était concentré, faire apparaître quelque chose. Ça donnait le son d'une sorte de très léger coup de vent. Il s'était rassuré quand à l'homme qui l'avait soigné avec attention et douceur, veillant à ne pas lui faire mal outre mesure. Il s'était un peu habitué à son touché, sursautant toujours à chaque contact mais avec bien moins de violence. C'était terrifiant de ne pas pouvoir voir ce qu'on vous faisait, surtout lorsqu'on était dans un état pareil et avec une personne que l'on ne connaissait pas, sans moyen de se défendre. Et une fois de plus, il sursauta en sentant Julius déposer quelque chose sur lui, se détendant en comprenant qu'il s'agissait d'une épaisse et douce couverture. Il avait l'impression d'être gelé et le feu qu'il entendait crépiter quelque part dans la pièce ne l'avait que peu réchauffé. Alors il fut heureux du geste de l'homme, appréciant grandement l'attention. Quelques instants plus tard, c'était un linge humide et frais qui était déposé sur son front brûlant. L'homme lui fit boire un peu d'eau et prit ensuite la parole avec douceur et calme :

- Essayez de dormir un peu Nathaniel, conseilla-t-il. Vous en avez grandement besoin. Nous parlerons ensuite. Je vais aller voir les gobelins quelques minutes puis je reviendrais veiller sur vous. Ne vous en faîte pas, vous êtes en sécurité dans cette pièce. Je ne sais pas si vous le savez mais vous êtes dans le salon le plus sécurisé de Gringotts. Les gobelins doivent vraiment vous tenir en haute estime pour vous abriter ici, remarqua-t-il un sourire dans la voix. Quoi qu'il en soit, vous êtes en sécurité alors reposez vous un moment sans crainte. Ça laissera le temps aux perfusions de médicament et à la transfusion de se faire tranquillement.

- Merci beaucoup monsieur Ranton, remercia faiblement l'adolescent extrêmement reconnaissant envers lui d'avoir soulagé et soigné son corps.

- Ce n'est rien, répondit Julius. Essayez de dormir un peu maintenant et nous parlerons quand vous vous réveillerez.

Le jeune homme épuisé et assommé acquiesça simplement avant de se laisser glisser dans le sommeil contre lequel il luttait depuis un moment, complètement à bout, éreinté physiquement et mentalement.

Harry ne sut combien de temps il dormit. À vrai dire, lorsqu'il commença à reprendre ses esprits, il ne se souvint même pas s'être endormis, se demandant où il était et ce qu'il se passait. Il se sentait lourd et engourdi, épuisé et faible, tremblant alors qu'une douleur sourde persistait dans sa poitrine. Il avait chaud et froid à la fois, vaseux et confus. Il était cependant confortablement installé et il entendait le son rassurant d'un feu crépitant non loin de lui. Il voulut ouvrir les yeux pour voir où il se trouvait et faire le point mais même en levant les paupières, il resta désespérément dans le noir. Il réfléchit une seconde et ce fut alors que tout lui revint en mémoire : la bataille finale, sa cécité et la perte de sa magie, les blessures, la douleur, les heures de souffrance à l'infirmerie, son abandon sous la pluie il ne savait où, Rigak venant à son secours et le ramenant à Gringotts, Ragnok, Julius Ranton qui l'avait soulagé et soigné avant qu'il ne s'endorme sous l'épuisement. Tout lui revint en tête, la réalité le rattrapant et lui tombant lourdement dessus.

Il s'évertua à garder son calme alors qu'il sentait parfaitement que sa magie n'était pas revenue. Il n'en sentait pas une miette en lui. Il n'y avait plus qu'un immense vide là où il sentait autrefois son pouvoir. C'était terrifiant, il se sentait sans force et sans vie, sans défense et désarmé. Sa vue non plus n'était pas revenue, ajoutant encore davantage à son angoisse. Il tenta de bouger, sentant de légères douleurs diffuses qui le firent légèrement grimacer d'inconfort, mais au moins, il n'avait plus aussi mal qu'à son arrivée à Gringotts. Il dégagea l'une de ses mains de la couverture qui le couvrait, la levant vers son visage pour toucher le bandeau qui protégeait ses yeux. L'étoffe était douce et très épaisse, ne faisant pourtant qu'un unique tour autour de son crâne. Il sursauta en entendant la porte s'ouvrir, se redressant un peu et se tendant.

- Qui est là ? demanda-t-il la voix rauque et craintive.

- C'est Julius Ranton Nathaniel, le médicomage, répondit l'homme la voix calme.

Harry s'interrogea une seconde sur le pourquoi il utilisait le nom de Nathaniel avant de se souvenir que c'était le nom de substitution que lui avait donné Ragnok et il ne sonnait pas si mal en faîte. Il se calma en reconnaissant sa voix.

- Est-ce que je dors depuis longtemps ? demanda-t-il la bouche pâteuse et le ton faible.

- Moins d'une dizaine d'heures, répondit-t-il en se rapprochant. Vous avez besoin de repos, de beaucoup de repos. La transfusion de sang est terminée et je vous ai retiré les perfusions une fois les médicaments passés. La morphine agit encore donc vous ne devriez pas avoir trop mal pendant encore quelques heures mais si vous avez mal, dîtes le, pria-t-il. Vos blessures sont loin d'être anodines.

- Pouvez vous me dire ce qu'il se passe avec mes yeux et ma magie ? demanda-t-il avec une angoisse palpable.

Il y eut un petit moment de silence angoissant pour le jeune homme alors que le médicomage hésitait à répondre, mais reprit d'une voix grave :

- Je n'ai pas de bonne nouvelle pour vous sur ces deux sujets, je suis désolé. Voulez vous que nous en parlions maintenant ?

L'adolescent resta silencieux un moment, comprenant aisément ce que voulait dire l'homme. Il n'était ni stupide ni aveugle, au sens figuré du terme. Il accusa le coup, se tendant mais prenant une grande inspiration pour garder son calme. Il grimaça lorsque ses côtes le lancèrent vivement et il se rappela que Julius avait dit que plusieurs d'entre elles étaient cassées. Il souffla plus doucement et lorsqu'il fut sûr d'y être prêt autant que cela était possible, il reprit la parole :

- Expliquez moi, s'il vous plaît.

- Bien, approuva l'homme. Alors vos yeux pour commencer. J'ai pu identifier le sortilège qui vous a été lancé, expliqua-t-il. Il s'agit du sortilège d'Ether, un très puissant sortilège de magie noire qui attaque les nerfs optiques. Cela rend aveugle en une minute ou deux.

- Et c'est définitif c'est ça ? demanda l'adolescent à voix basse.

- Malheureusement oui, je suis désolé, répondit doucement l'homme. Il y a un moyen de limiter voir de supprimer les dégâts de ce sortilège mais il aurait fallu que l'on vous soigne dans les trois heures après que vous ayez été attaqué. Quand je me suis occupé de vous, il était déjà bien trop tard.

Cette révélation choqua le jeune homme en colère à l'idée de savoir que l'on aurait pu sauver ses yeux s'il avait été soigné comme en avait le droit après le combat, comme il aurait fallu et comme il aurait été plus que logique qu'on le fasse. Surtout qu'il savait bien que Dumbledore et ses pseudos amis étaient autour de lui lorsqu'on l'avait conduis à l'infirmerie. C'était même le vieux fou qui lui avait dis où ils allaient et il avait entendu les autres parler autour de lui. Mais il n'avait reçu aucun soin et aucune aide de leur part, cela ne faisait que confirmer leur trahison et s'il s'y était attendu, l'encaisser était difficile et y perdre ses yeux était un vrai cauchemar.

- Est-ce que ça va ? demanda Julius avec sollicitude en le sortant de ses sombres réflexions.

- Ça va, je crois, répondit-il d'une voix incertaine. Alors je n'ai aucune solution pour essayer de retrouver la vue ?

- Non, je suis désolé. Ce sortilège est absolument irréversible une fois les dégâts fait et installés. Vos nerfs optiques et vos yeux en eux mêmes sont irrémédiablement abîmés. Il n'y a rien à faire, même avec des techniques moldus. Et malheureusement, ce n'est pas la seule conséquence de ce sort, annonça-t-il. À cause de lui, vos yeux sont devenus ultrasensibles à la lumière même si vous ne voyez rien. La moindre lueur sur eux provoquera de puissantes douleurs. J'ai donc couvert vos yeux d'un bandeau fait avec un tissus spécifique, très épais qui occulte complètement la moindre lumière. Vous devez veillez à le porter tout le temps et si vous l'enlevez, faîte le lorsque vous êtes sûr d'être dans le noir total, sinon, la douleur risque d'être insupportable. C'est un effet pervers de ce sort. Mais si vous gardez bien ce bandeau, alors ça ira. Je vous en ai préparé deux autres au cas où. Et il y a autre chose encore, continua-t-il précautionneusement. À cause du sort d'Ether, vous risquez d'être sujet aux maux de têtes voir aux migraines et vous risquez d'avoir occasionnellement mal aux yeux. Vous ne pouvez plus pleurer non plus et vous aurez peut-être des problèmes d'hydratation de vos globes oculaires, donc s'ils commencent à vous piquer ou à vous démanger, il faut mettre un peu de sérum pour les réhydrater.

- Autre chose ? Demanda difficilement le jeune homme.

- C'est tout pour vos yeux, répondit le médicomage d'une voix douce et compréhensive. Voulez vous un peu d'eau ? demanda-t-il pour faire une pause tout autant que parce qu'il savait que son patient devait avoir soif avec sa fièvre.

Le jeune homme acquiesça et le médicomage lui prépara un verre d'eau fraîche, l'aidant à boire en lui relevant la tête d'une main dans la nuque. Il remonta la couverture sur l'adolescent, replaçant ensuite le coussin derrière sa tête en veillant à ce qu'il soit bien installé.

- Ça va? demanda-t-il ensuite alors qu'Harry sentait qu'il s'asseyait au bord de la méridienne près de ses jambes.

- Oui merci, répondit l'adolescent. Et pour ma magie ? Pourquoi l'ai-je perdu ainsi ?

- On ne connaît par très bien les raisons d'un tel phénomène, c'est très rare, expliqua-t-il d'une voix tranquille et précautionneuse. La première possibilité est que l'on ait effectué un très long et complexe rituel sur vous mais si c'était le cas, vous vous en seriez rendu compte, forcément.

- Je n'ai aucun souvenir d'une telle chose, murmura-t-il.

- Et je n'en n'ai pas trouvé de trace sur vous. Je pense que ce n'est pas ça. L'autre solution est que vous ayez utilisé trop de magie d'un coup. Dans les cas extrêmes, ça provoque la perte complète de la magie. Une autre solution encore est que vous vous êtes magiquement épuisé sur une longue période sans jamais avoir le temps de récupérer. Sur le long terme, un épuisement magique avancé peu avoir ce genre de conséquence. J'opterais pour l'une de ces deux options voir pour les deux à la fois puisque j'ai constaté que vous étiez épuisé.

- Vous avez sûrement raison, répondit le jeune homme, cette guerre m'a mis dans une position délicate, expliqua-t-il vaguement. J'étais déjà fatigué avant l'attaque et je me suis défendu de toute mes forces face aux mangemorts.

- Et il est miraculeux que vous soyez toujours en vie, positiva l'homme. Rares sont ceux qui réchappent à de telles attaques. Malheureusement, vous avez subis de très lourds dégâts. C'est probablement votre fatigue liée à l'attaque qui a provoqué ce phénomène.

- Vais-je récupérer mes pouvoirs ? Avec le temps ? demanda l'adolescent avec angoisse.

- Je vais être franc, commença doucement Julius, non, il n'y a aucune chance. Une fois perdu ainsi, la magie ne revient jamais.

- Alors je suis... comme un moldu maintenant ? bredouilla le jeune homme tremblant. Je ne pourrais plus jamais faire de magie ? demanda-t-il alors que s'il avait encore pu il aurait pleuré.

- Je suis vraiment désolé, dit le médicomage en prenant sa main.

Harry la serra faiblement en retour, ayant besoin d'un peu de réconfort en cet instant. Il prit plusieurs inspirations tremblantes et courtes pour ne pas malmener ses côtes, tentant de conserver son calme. Qu'allait-il devenir sans magie, sans ses yeux et sans personne pour l'aider ? Ça le terrorisait, le terrifiait, le désespérait... Il tenta de conserver son calme et de ne pas paniquer, sachant que cela ne l'aiderait pas. Il s'accrocha à la main du médicomage qui restait d'un calme olympien, cela aidant l'adolescent à garder ses émotions sous contrôle. Et finalement, il reprit la parole :

- Est-ce que ça a d'autres conséquences ? demanda-t-il faiblement.

- Oui, répondit honnêtement l'homme en restant précautionneux et en guettant tout signe de panique ou de crise d'angoisse chez son jeune patient. Non seulement vous ne pourrez plus faire de magie mais vous y serez aussi très sensible dans le mauvais sens du terme. C'est pour ça que vous aviez terriblement mal lorsque l'on l'utilisait sur vous. Le vide laissé par votre magie disparue provoque cette réaction. Les moldus ou les cracmols n'ont pas ce problème parce qu'ils naissent sans magie et ils n'ont pas ce vide que vous avez maintenant et qui restera. C'est comme une pièce manquante dans un puzzle. C'est ce vide qui provoque la douleur puisque la magie que vous recevez y explose littéralement au lieu d'être absorbé. Alors les sorts fonctionnent sur vous mais cela est extrêmement douloureux pour vous. Il faut donc éviter toute magie, même la magie autour de vous vous mettra mal à l'aise, vous affaiblira dans une certaine mesure. Vous ne pourrez plus non plus utiliser le moindre objet magique, rien qui n'en contienne. C'est pour cela que je n'ai utilisé que des techniques et médicaments moldu pour vous soigner.

- Alors il vaut mieux que je me tienne éloigné de la magie c'est ça ? demanda-t-il d'une voix désemparée.

- Si vous voulez éviter la douleur, oui. Être simplement en présence de magie ou d'êtres magiques vous affaiblira et vous donnera peut-être de légers malaises en cas d'exposition prolongée, mais une magie directe serait extrêmement douloureuse comme vous l'avez expérimenté tout à l'heure.

- J'ai compris, acquiesça faiblement l'adolescent ébranlé en voyant sa vie ainsi bouleversée.

- Je dois vous dire aussi, la perte de votre magie a d'autres conséquences, poursuivit le médicomage admiratif devant le calme que parvenait à conserver l'adolescent. À la base vous êtes un être magique, donc votre corps à besoin de magie pour fonctionner correctement. Maintenant qu'elle n'est plus là, votre corps aura certains dysfonctionnement. Vous serez plus vite fatigué, vous vous sentirez toujours un peu faible puisqu'il vous manque une moitié de l'énergie dont vous vous serviez avant pour vivre, votre magie. Vous risquez de tomber plus facilement malade et vous serez sujet aux malaises. Il faudra bien veiller à bien manger et boire, à bien vous couvrir quand il fait froid... bref, à prendre le maximum de précautions pour éviter de tomber malade. Il faudra éviter les efforts aussi, vous ne le supporteriez pas. Et dans les mois qui viennent, il faudra beaucoup vous reposer, vous serez plus sensible le temps que votre corps s'habitue et se stabilise.

Harry acquiesça faiblement montrant qu'il avait compris alors qu'il se demandait ce qu'il allait bien pouvoir faire maintenant.

- Il y a tout de même deux bons côtés à la perte de votre magie aussi terrible cela sonne-t-il, annonça le médicomage. Le premier est que vous êtes relativement protégé des créatures magiques. Ça veut dire que par exemple, les loups garous ou les vampires n'auront pas envie de vous mordre, l'attraction des veela ne marchera pas sur vous pas plus que celle des démons. Ironiquement, comme vous n'avez plus de magie, vous ne représentez plus d'intérêt pour eux. Vous êtes, comment dire ? Fade. Même un moldu est plus attirant. Ça vous sera bien utile si vous deviez rencontrer un loup garou une nuit de pleine lune ou un vampire affamé par exemple, ils vous ignoreraient simplement au lieu de vous attaquer sans réfléchir. Et deuxièmement, en tant qu'être magique, vous aviez besoin de magie pour grandir et vieillir. Maintenant que vous ne l'avez plus, votre corps est comme figé dans le temps. Vous ne vieillirez plus et ne grandirez plus. Autrement dit, vous avez acquis une certaine forme d'immortalité face au temps, expliqua-t-il. Mais ça n'exclue pas que vous puissiez mourir de maladie ou de blessure.

L'adolescent ne sut pas trop comment prendre cela. Il était immortel mais aveugle et sans magie, faible et fragile. Qu'allait-il bien pouvoir en faire de cette immortalité ? Il resta un moment silencieux, tentant d'encaisser tout ça sans paniquer mais il était désespéré et perdu, complètement perdu et désemparé. Laissant cela sur le côté pour le moment, il décida de questionner encore le médicomage histoire de tout savoir tout de suite tant qu'à faire.

- Y-a-t-il autre chose ? demanda-t-il.

- Pour vos yeux et votre magie, c'est tout, répondit Julius qui tenait toujours sa main, mais il y a aussi votre état actuel.

- Dîtes moi, poussa doucement l'adolescent.

- Très bien. Il y a les brûlures autour de vos yeux. Elles ne sont pas graves, elles sont là à cause du sort d'Ether. Il faudra les soigner vous même puisque vous devrez enlever votre bandeau et le faire dans le noir complet pour vous éviter les douleurs. Une simple crème suffira pendant quelques jours. Vous avez d'autres brûlures un peu plus sévères et étendue au flanc droit et à l'épaule gauche. Et vous en avez encore d'autres à votre main droite. Celles-ci sont bien plus graves, votre main est dans un triste état, elle mettra du temps à guérir et je crois que votre peau sera certainement insensible à certains endroits. Ensuite vous avez pas mal de plaies plus ou moins profondes un peu partout, j'en ai recousue certaines et laissé d'autre en l'état. Quoi qu'il en soit, vous devez faire attention à ne pas faire trop d'efforts et de mouvement brusques, vous risqueriez de les rouvrir ou de faire sauter vos sutures. Certaines s'infectaient déjà, je les ai nettoyé mais il faudra surveiller. Vous avez aussi des lésions internes sans gravité heureusement. Elles guériront d'elles même mais il faut vous reposer et éviter les efforts une fois encore. Vos muscles ont pris des dégâts aussi, vous aurez de grosses courbatures pendant quelques jours. Vous avez aussi une légère commotion et plusieurs de vos os sont fêlés. Ça guérira mais encore une fois, c'est repos complet. Vous avez aussi cinq côtes cassées, vous avez eu beaucoup de chance qu'elles ne fassent pas de dégâts sur vos poumons mais vous devez faire très attention avec ça, un faux mouvement et ça pourrait empirer. Et enfin, il y a cette fièvre, vous étiez trempé quand je suis arrivé, vous avez pris froid et il y a en plus le sort d'Ether et la perte de votre magie qui l'accentue encore.

Il marqua une pause, bien conscient que ça faisait beaucoup à avaler en une fois pour l'adolescent. Mais il reprit finalement en constatant qu'il restait relativement calme.

- Dans les prochains jours, il va vous falloir des soins quotidiens. Il va falloir que vous voyez un médicomage ou un médecin moldu qui pourra vérifier vos blessures et votre état, changer les pansements et s'occuper de vous. Vous aurez aussi besoin de quelqu'un pour vous aider le temps de vous habituer à votre nouvel état, sans compter que vous ne pourrez faire grand chose dans les prochains jours hormis rester tranquillement allongé, remarqua-t-il, vous avez besoin de beaucoup de repos et vous en aurez besoin pendant un long moment. Mais j'insiste, il faut absolument que vous voyez un médecin ou un médicomage tout les jours jusqu'à être sûr que vos blessures n'ont plus besoin de soins, elles sont loin d'être anodines. Et vous devez éviter le stress aussi.

- D'accord, approuva mollement le jeune homme de manière plutôt mécanique alors qu'il était un peu dépassé par tout ce qu'il s'était produit ces dernières heures.

- J'ai fait le tour, termina Julius. J'ai préparé plusieurs choses pour vous, annonça-t-il ensuite. Comme je vous l'ai dit, j'ai prévus deux autres bandeaux au cas où vous en auriez besoin. Il y a aussi la crème pour les brûlures autour de vos yeux, des antidouleurs et des médicaments pour vous aider à vous détendre si vous êtes trop angoissé. Vous devez éviter le stress au maximum. Pour que vous puissiez vous y retrouver, j'ai mis des pastilles rondes sur chaque boite.

Il prit délicatement la main gauche de l'adolescent lui faisant poser un doigt sur une petite surface ronde et douce ressemblant à du velours, visiblement collée sur une boîte de fin carton lisse. Harry y reconnu la matière des boîtes de médicaments moldu qu'il avait croisé chez les Dursley.

- Celle-ci, ce sont les antidouleurs, expliqua le médicomage.

Il lui fit ensuite toucher une autre pastille sur une autre boîte, râpeuse comme du papier de verre, lui expliquant qu'il s'agissait de la crème pour les brûlures autour de ses yeux. Puis il lui présenta la dernière, les calmants, qui avaient une pastille lisse comme du plastique. Il lui dit qui mettait le tout dans un petit sachet en papier posé sur le guéridon juste à côté de lui, lui disant qu'il y avait aussi là un verre et une cruche d'eau s'il en avait besoin. Il lui expliqua aussi la posologie des médicaments lui faisant toute sorte de recommandations sur la conduite à adopter dans les prochaines semaines, les mots d'ordres étant : repos, soin, tranquillité, calme et encore repos.

- Il va falloir que je m'en aille à présent, annonça l'homme avec douceur. Mais si vous avez besoin de moi, demandez aux gobelins, ils savent comment me joindre. Je les ai mis au courant de votre état pendant que vous dormiez. Ils ne me l'ont pas dis clairement mais je pense qu'ils vont vous aider. Je vous souhaite bon courage monsieur Douglas, termina-t-il en se levant et en lâchant la main de l'adolescent.

- Merci pour tout monsieur Ranton, murmura faiblement l'adolescent très reconnaissant envers lui. Merci.

- Ce n'est rien, répondit l'homme un sourire dans la voix en reprenant sa main quelques secondes, c'est mon travail. J'aurais aimé rester un peu plus longtemps avec vous mais j'ai du travail, expliqua-t-il.

- Ce n'est rien, je vous remercie encore pour vos soins. Je n'en pouvais plus lorsque vous êtes arrivé.

- Je n'en doute pas, vous étiez vraiment dans un triste état. J'étais même surpris que vous soyez parvenu à rester conscient. Dans tout les cas, vous devez vous reposer et rester au calme. Je sais que votre nouvel état va être difficile à encaisser mais tachez de relativiser. Vous êtes toujours en vie, remarqua-t-il doucement.

- Oui, je suis toujours en vie, acquiesça l'adolescent perdu et peu convaincu.