Chapitre 19 :
Transformation
Dés les premiers cris de Nathaniel, on comprit qu'il souffrait bien plus que n'importe quel vampire avait pu souffrir dans sa transformation. Jasper s'était effondré en hurlant sur le champs, menaçant de s'arracher littéralement la tête. C'était Severus qui l'avait sauvé en venant immédiatement lui passer une amulette autour du cou. Une amulette qu'il avait enchanté pour inhiber son empathie le temps de la transformation de Nathaniel. Il lui avait proposé pendant le voyage, devinant qu'il aurait du mal mais le major avait refusé, argumentant qu'il voulait accompagner Nathaniel dans l'épreuve. Mais à cet instant, il fut évident qu'il ne pouvait pas. L'amulette protégée pour ne pas porter préjudice à l'aveugle fit immédiatement son effet et Jasper tomba au sol tremblant comme une feuille et l'air choqué, inquiétant largement tout les autres alors que Nathaniel hurlait de souffrance, se contorsionnant dans l'étreinte d'un Carlisle se maîtrisant avec mal. Jasper eut du mal à s'en remettre et on saisit un peu plus l'ampleur de la douleur de Nathaniel lorsque Caïus expliqua que même sous les pires tortures, il n'avait pas lâché un son. Si les Denali se demandèrent de quoi il parlait au juste en évoquant des tortures subies par l'adolescent, personne ne s'y attarda, se concentrant plutôt sur Nathaniel qui souffrait atrocement. Et ce n'était pas fini.
L'adolescent passa quasiment trois jours dans cet état de souffrance abominable, amenant tout le monde au bord de la panique, certains se demandant s'il ne souffrait pas pour rien. Carlisle ne le lâcha pas une seconde et personne ne quitta la pièce, comme promit. Esmée vint prendre une main du jeune homme pour ne plus la lâcher. Nevonne avait surpris tout le monde en annonçant qu'il sentait une forte énergie ténébreuse autour de Nathaniel. Il expliqua que si ce n'était pas commun et même jamais vu pour une transformation vampirique, cela pouvait s'expliquer par le fait que les vampires étaient des êtres des ténèbres. Mais il ne comprenait pas pourquoi il sentait cette énergie, cette magie sauvage très loin de celle des sorciers, venir entourer l'adolescent. Ce fut Lyniam qui fit remarquer qu'on était en plein Samain, pile dans les jours où la magie noire, les ténèbres naturelles et sauvages se manifestaient partout dans le monde avec puissance. Severus appuya ce raisonnement et on pria pour que cela ne porte pas préjudice à Nathaniel. Le démon supposa que cela ne lui ferait pas de mal, une magie si naturelle tellement éloignée de celle qu'il avait eu qu'elle ne devrait pas lui provoquer de malaise, comme les pouvoirs de créatures magiques. Il espérait simplement que ça n'interférerait pas avec la transformation.
Tous s'inquiétèrent néanmoins de ne pas voir la transformation avancer, le jeune homme souffrant horriblement, plus que n'importe quel humain en transformation. Encore une fois, Nevonne avait tempéré, disant que dans son état, la transformation de Nathaniel serait obligatoirement particulière. On ne pouvait qu'attendre. Et cette attente était aussi atroce que les hurlements déchirants du jeune homme. Mais comme promis, personne ne bougea de son chevet, l'entourant étroitement sans savoir s'il pouvait seulement encore avoir une pensée pour ça dans un tel calvaire. Rapidement, l'aveugle avait été pris d'une fièvre monumentale telle qu'elle aurait dû tuer un humain et son cœur avait un rythme effréné. Mais cela mis à part, Nathaniel gardait tout d'un humain.
Après trois jours de cette torture, la voix du jeune homme brisée depuis longtemps, sa douleur avait semblé diminuer un peu. Jasper avait retiré un instant son amulette pour sentir sa souffrance et il l'avait bien vite remise, annonçant qu'il semblait désormais être dans une douleur classique de transformation. Il y resta encore quatre longues journées avant que la douleur ne le laisse enfin tranquille. Nathaniel sembla alors tomber dans un profond coma, devenant inerte. Si cela soulagea un peu tout le monde, on n'en n'avait pas terminé pour autant. Hedwige était arrivée peu après et on expliqua aux Denali qui elle était. La chouette était venue se percher sur la tête du lit de son maître toujours dans les bras de son père d'adoption, jouant parfois avec une mèche de cheveux ou grattouillant sa joue de son bec.
Deux semaines durant, Nathaniel resta totalement inerte avec néanmoins des changements progressifs. Cela commença avec le ralentissement et l'arrêt de son cœur qui tendit un peu tout le monde. On se demandait si c'était la transformation qui se poursuivait ou si elle avait échoué. Ce fut Nevonne qui apporta la réponse en disant qu'il sentait toujours l'aura de l'aveugle, son esprit, sa présence. Il était donc toujours là et cela soulagea tout le monde, les rassurant un peu sur les possibilités de réussites. Jasper qui s'était débarrassé de son amulette assura lui aussi qu'il sentait encore la présence de son petit frère bien qu'il ne perçoive pas d'émotion ou quoi que ce soit d'autre. Avec son cœur, ce fut aussi sa respiration qui s'arrêta. Étonnamment, il fallut attendre deux jours avant que sa monstrueuse fièvre ne tombe soudainement. En quelques minutes, il passa d'une température de près de quarante cinq degrés à la froideur cadavérique d'un vampire. Son teint s'éclaircit en quelques jours en même temps que sa peau prenait la dureté du marbre.
Si cela se fit bien plus lentement que pour une transformation ordinaire, on le vit progressivement prendre les caractéristiques d'un vampire, tous de plus en plus rassurés de voir cela. Nevonne disait que c'était vraiment très bien, l'air très confiant et cela tranquillisa un peu plus tout le monde veillant l'aveugle, l'ambiance s'allégeant avec l'avancée de la métamorphose. Carlisle tenait toujours son cadet désormais détendu dans ses bras, Esmée à leur côté, tout le monde autour d'eux attendant avec impatience que le jeune homme se réveille enfin, espérant que la transformation aurait tout les effets escomptés. L'étape suivante fut de voir Nathaniel prendre du muscle, son corps se sculptant admirablement, sa maigreur disparaissant. Une musculature fine vint lui donner une merveilleuse silhouette. On vit ses traits déjà agréables se bonifier encore et on regretta de ne pas pouvoir lui retirer son bandeau pour voir la nouvelle beauté parfaite de son visage. Il avait l'air d'avoir une beauté encore plus diabolique que celle de Rosalie ou de Heidi chez les Volturi. Ses cheveux qui s'étaient clairsemés, abîmés et qui avaient ternis avec son état de santé redevinrent bien plus abondants, soyeux et brillants, aussi doux que de la soie. Une partie de ses cicatrices s'effacèrent mais pas toutes, Severus expliquant que même la transformation ne pouvait effacer les cicatrices laissées par une puissante magie. Il garda notamment celle traversant sa joue gauche, son cou et sa clavicule ainsi que les marques de brûlures sur la main et le bras droit, comme autour de ses yeux parmi, d'autres marques tenaces. Mais elles s'estompèrent pourtant beaucoup, s'éclaircissant nettement et se faisant bien moins visibles.
Et puis son odeur changea pour se faire vampirique mais d'une manière encore plus envoûtante et hypnotisante qu'aucun d'entre eux ne l'avait jamais senti. Elle se fit infiniment divine et douce, envoûtante et il n'y avait nul doute que pour une proie, elle serait presque addictive. Seulement, les changements ne s'arrêtèrent pas là. Nathaniel se mit progressivement à dégager une aura particulière, puissante, marquante, charismatique. C'était la même impression que l'on pouvait vaguement ressentir face à un très vieux vampire puissant mais là, c'était multiplié par dix dés sa transformation. Nevonne supposait que cela venait de la place supposément plus grande et plus libre que le vampire pouvait prendre en lui. Seulement, personne, que ce soit Edward, Jasper, Nevonne ou Eleazar qui avait le don de deviner les pouvoirs des autres, ne purent dire quoi que ce soit sur lui, ne sentant plus rien. Tout les changement prirent une semaine et demi mais Nathaniel resta complètement inerte encore un moment.
Il fallut au final trois semaines après la morsure avant qu'enfin, celui qui avait désormais tout d'un vampire, ne commence à se réveiller. Toujours calé dans les bras de son père et étroitement entouré de toute sa famille et de ses amis, Nathaniel donna enfin signe de vie à la tombée du vingt et unième jour. Il remua d'abord les doigts, tous suivant avec émerveillement et soulagement ce qui était le début d'une toute nouvelle vie pour lui. Rapidement, il leva les mains pour venir les accrocher à la chemise de Carlisle qui sourit en sentant nettement sa nouvelle force. Nathaniel vint se tasser contre lui, cachant son visage dans ses vêtements.
- Tu ne m'as pas lâché, constata-t-il d'une voix absolument divine.
- Pas une seconde, répondit-il doucement en l'étreignant avec tendresse et soulagement.
- Ça a marché, remarqua-t-il l'air infiniment heureux.
- On dirait bien, s'amusa le médecin alors que tous souriaient largement.
- Carlisle, il y a de la lumière ? Mes yeux brûlent comme quand je n'ai pas mon bandeau, dit-il en lâchant un gémissement entre ses dents serrées tout en touchant son bandeau pour vérifier qu'il était bien en place.
Le blond en fit de même comme tout le monde mais le bandeau n'avait pas bougé de ses yeux. Tous s'inquiétèrent rapidement quand il vint plaquer ses mains par dessus son bandeau, tendu sous la douleur. Ce fut Severus qui comprit :
- C'est un vampire maintenant, ses yeux sont mille fois plus sensibles même s'il reste aveugle. Le bandeau de tissus ne suffit peut-être plus à arrêter toute les lumières que ses yeux peuvent percevoir. Couvrez le, ordonna-t-il, diminuez au maximum la lumière, je reviens, dit-il en filant de sa vitesse prodigieuse.
- Fermez les volets, les rideaux et toutes les lumières, commanda Carlisle.
Tous bondirent pour s'exécuter alors que le blond tirait une grosse couverture du lit pour en couvrir Nathaniel qui gémissait de souffrance. De son côté, Severus s'éloigna du chalet pour pouvoir utiliser sa magie sans faire de mal à son protéger. Il fit alors apparaître un nouveau bandeau de tissu occultant cette fois-ci doublé d'une coque rigide en cuir très épais qu'il moula à la bonne forme et qu'il fit assez large pour être sûr de bien couvrir les yeux de Nathaniel sans que plus aucune particule de lumière ne puisse passer. Il fit cela en quelques secondes avant de retourner au chalet à la vitesse de l'éclair, serrant les dents en entendant Nathaniel gémir douloureusement malgré qu'on ait tenté de le soustraire à la lumière.
- On va changer de bandeau Nathaniel, dit-il en s'approchant.
L'adolescent acquiesça et malgré la rapidité à laquelle ils firent cela, Nathaniel lâcha un cri perçant, faisant dangereusement vibrer les vitres à la fraction de seconde où ses yeux furent exposés aux miettes de lumières présentes dans la pièce. Mais le bandeau doublé de cuir fut vite en place et il ne fallut alors que quelques minutes pour que la douleur retombe.
- Merci Severus, dit-il alors avec soulagement.
- Je vous en ferais d'autres, assura-t-il. Vos yeux sont encore plus sensibles maintenant, il faudra faire encore plus attention à la lumière.
- Et sinon à part ça, intervint plus joyeusement Nevonne en venant s'accroupir à côté du lit près de lui. Le vide, c'est mieux non ? dit-il en le sentant parfaitement lui même.
- Oui, sourit le nouveau né en posant une main sur sa poitrine. C'est beaucoup mieux. C'est toujours là, le manque est toujours là mais ça s'est assourdis et allégé. Ça fait du bien, dit-il la voix tremblante de bonheur.
- Et tout le reste ? demanda Carlisle.
- Beaucoup mieux, j'ai l'impression de revivre, dit-il l'air très ému. C'est incroyable. J'entends tellement bien et les odeurs, le touché, c'est fantastique, dit-il en faisant sourire tout le monde devant son bonheur plus qu'évident. Je... j'ai..., hésita-t-il en touchant sa gorge.
- Soif, termina Jasper. C'est la soif que tu sens, dit-il alors qu'il percevait de nouveau ses sensations comme avant. Et tu t'en sors merveilleusement pour la tenir au vu du fait que tu viens d'être transformé et qu'elle est particulièrement forte, remarqua-t-il gravement en inquiétant les autres. Il ne faudrait pas tarder à aller chasser. On ne peut pas le laisser avec une torture pareille même s'il contrôle bien.
- On va aller chasser alors, tu en as besoin au plus vite, posa Carlisle. Il faut juste qu'on voit comment on va s'y prendre pour que tu puisses venir. Ou on te ramène des proies, proposa-t-il.
- Inutile Carlisle, sourit Eleazar qui arrivait lui aussi à se servir de son don sur lui maintenant. Il restera aveugle mais il a hérité de dons qui vont l'aider à palier à ça, annonça-t-il en réjouissant tout le monde.
- Oui, c'est génial, s'extasia le nouveau né. Vous savez comment ça s'appelle ? demanda-t-il au Denali.
- Tu peux me tutoyer tu sais, s'amusa l'aîné. Oui, tu as un don d'écholocalisation, comme un sonar avec les ultrasons, un autre d'électrolocalisation, comme un radar avec les champs magnétiques et tu as aussi une très belle perception des infrarouges, une perception thermique. Au milieu de bien d'autres dons d'ailleurs. Je n'avais jamais vu une telle concentration de pouvoir en un seul vampire. Je crois que vous aviez raison Nevonne en disant que le vampire profiterait de toute cette place en lui pour se développer davantage. Ce n'est peut-être pas aussi bien que de voir mais il pourra largement se déplacer seul sans problème maintenant, avança-t-il en réjouissant tout le monde. C'est inné, il n'a pas besoin d'apprendre à s'en servir même s'il pourra affiner l'utilisation de ces trois nouveaux sens. Mais il devrait pouvoir chasser sans problème.
- Nathaniel ? interrogea Carlisle.
- C'est vrai, acquiesça-t-il. Je... je perçois plein de choses même dehors du chalet maintenant, dit-il avec excitation.
- Alors allons chasser pour soulager ta soif et on reparle après, décréta-t-il. Ça te va ?
- Oui, approuva-t-il.
- On y va alors.
Ce fut sans même avoir à se concerter que tous décidèrent de venir avec joie, prêt aussi à gérer si le nouveau né venait à tomber sur un humain et qu'il perdait le contrôle. Par habitude, Carlisle voulut aider Nathaniel à se lever mais il n'en n'eut guère besoin, l'aveugle plus souple et fort maintenant qu'il était un vampire. Il semblait d'ailleurs aller parfaitement bien, de nombreux problèmes effacés par la transformation. Si tout s'était passé comme prévu, Nathaniel ne devrait plus avoir de problèmes de santé si ce n'était ceux liés à ses yeux et à la perte d'énergie de sa magie. Mais il n'aurait plus de problèmes cardiaques, de respirations, de malaises de toutes sortes... et il ne risquait plus de mourir. En se levant comme un félin, il fit sourire tout le monde heureux de le voir ainsi. Il sourit d'ailleurs largement lui même, l'air excité comme une puce et cela, tous le comprirent. Malgré la soif fulgurante qu'il devait ressentir à cet instant, il vint d'abord étreindre Carlisle qui lui rendit avec joie, comprenant son émotion.
- Allons-y, poussa ensuite le père, il faut que tu te nourrisses.
Nathaniel acquiesça et tous se dirigèrent vers la sortie, Lyniam et Nevonne parfaitement capables de les suivre décidant de ne pas s'en priver. Sortant à l'air libre, tous laissèrent Nathaniel respirer à pleins poumons, découvrant les odeurs de la nature comme probablement jamais. Il eut pourtant un sourire plein de nostalgie.
- Ça me rappelle des souvenirs, murmura-t-il.
Parce qu'en effet, il avait déjà eu odorat semblable autrefois en poussant ses sens de sa magie. Mais celui qu'il avait maintenant été encore plus perfectionné, comme son ouïe, comme son toucher et il ne doutait pas qu'il en fut de même pour son goût. Il sourit de joie rapidement, ayant réellement l'impression de revivre. Soudain, il sentait de nouveau une force et une puissance semblables à celle qu'il avait eu autrefois. Semblable, mais aussi complètement divergentes. Il sentait nettement la différence en lui, le vampire ayant pris la majeure partie de la place. L'humain s'effaçait et l'immense vide laissé par son pouvoir s'était en partie empli, allégeant la douleur constante de son être, allégeant le froid et la noirceur. C'était comme si on avait enfin stoppé sa chute et qu'on l'avait reposé sur terre, non sans séquelles mais il se sentait de nouveau capable de regarder devant, de regarder vers le haut et non plus vers le bas où il avait cru certain qu'il s'écrasait. Il n'était plus question de s'écraser maintenant. Il se sentait tellement heureux et euphorique, presque en transe qu'il se demanda à quel point la perte de sa magie l'avait poussé dans la dépression. Mais peut-être n'était-ce dû qu'à la transformation récente. Il sentait pourtant toujours l'atroce absence de sa magie, il sentait toujours une douleur sourde et il sentait toujours cette blessure inguérissable. Cependant, il sentait aussi cette nouvelle force en lui, ce nouvel ancrage à la vie, ce nouveau moteur, une nouvelle puissance. Il se fichait bien de redevenir aussi puissant qu'autrefois, il se fichait de redevenir fort, il voulait juste l'énergie pour se lever, pour marcher, pour vivre simplement. Il ne l'avait plus avant la transformation, il l'avait désormais, comme il avait sa famille et ses amis. Dorénavant, il avait tout ce dont-il avait besoin pour se battre pour lui même.
Ce fut une odeur alléchante qui le tira de ses pensées dans lesquelles tous l'avaient respectueusement laissé, attendant qu'il donne le top départ de la chasse. Il sentit nettement ses crocs s'allonger dans sa bouche alors que l'odeur de cette proie réveillait pour la première fois tout ses instincts de chasseur. Sa soif se rappela alors à lui et malgré le fait qu'elle tenta de le submerger, pas une fraction de seconde il ne lui céda, la tenant à distance respectueuse de sa raison. Après tout ce qu'il avait traversé, la soif semblait être une chose dérisoire à contrôler. Naturellement, ses nouveaux sens s'étendirent loin autour de lui et il sourit en percevant les arbres, les pierres, les plantes, la terre, les insectes, les animaux... Il ne voyait pas mais il sentait la présence de chaque chose, en devinant instinctivement la matière, le genre. Il sentait la chaleurs et les impulsions électriques des corps de tout ce qui vivait grâce à ses dons. Il entendait les cœurs, les respirations, les bruissement d'ailes, les pattes se posant au sol... Il percevait tout. Ses sens ne lui donnaient pas d'idées précises de la forme exacte des choses, pas de couleur ou quelque élément visuel que ce soit mais il savait que tout était là et c'était plus qu'il n'aurait jamais osé l'espérer depuis qu'il avait appris à quoi l'avait condamné le sort d'Ether. C'était amplement suffisant pour retrouver son indépendance et ne plus être un fardeau pour les autres.
Un cri bien connu déchira l'air et il sourit en sentant un oiseau planer vers lui. Ce fut avec surprise que tous virent Hedwige venir se poser sur l'épaule de son maître sans la moindre peur ou hésitation. On craint un instant que le nouveau né ne puisse se retenir de la tuer mais ce fut très loin d'être le cas. Nathaniel sourit avec douceur en tournant la tête vers elle, la laissant jouer avec une mèche de cheveux. Il vint la caresser avec la délicatesse d'une plume, semblant maîtriser sa nouvelle force sans problème. Et Nathaniel savait que cela ne lui poserait pas de problème. Il s'était tellement servis de sa magie pour pousser toutes ses capacités autrefois qu'il était familier d'une force plus grande, comme d'une vitesse plus grande. Il savait comment gérer et s'adapter.
- Alors ma belle, dit-il en la cajolant, voyons si je peux chasser aussi bien que toi, proposa-t-il en faisant sourire tout le monde.
Il donna un petit coup d'épaule et la chouette comprit le message, poussant un cri avant de s'envoler et de partir au dessus de la forêt enneigée devant eux. Nathaniel sourit un peu plus puis il bondit, partant en courant, vite suivis de tous. Et tous purent admirer l'efficacité des nouveaux sens de l'aveugle qui slalomait aisément entre les arbres et les obstacles sans mal apparent, souple et félin, silencieux et gracieux. Cette vision fit du bien à tout le monde et en particulier aux Cullen qui avaient vécu avec lui ce coup de massue qu'avait été la cécité. Nathaniel souriait comme jamais ils ne l'avaient vu et son excitation débordait partout autour de lui. Rapidement, tous se plongèrent dans l'euphorie de la chasse, entourant le nouveau né qui avait visiblement jeté son dévolu sur ce qui avait tout d'un troupeau de caribou au vue de l'odeur qu'il suivait. On laissa Nathaniel mener la chasse mais tout les vampires s'y mirent également, suivis d'un démon et d'un elfe noir heureux de revoir leur jeune ami plus joyeux, espérant que cela durerait. Il ne fallut pas longtemps pour qu'ils atteignent le sommet d'une petite crête donnant sur la plaine où le troupeau qu'ils avaient pris en chasse cherchait de quoi manger sous la neige.
On vit Nathaniel se pencher légèrement en avant pour s'élancer quand le vent tournant leur apporta de nouvelles odeurs et tout se figea lorsqu'on y reconnu l'odeur d'un humain. C'était à se demander s'ils n'étaient pas maudit de croiser un humain, certainement un randonneur ou un chasseur, en cette saison, aussi loin de tout. Tout les regards se tournèrent immédiatement vers Nathaniel, attendant sa réaction, tous prêt à l'empêcher de commettre un acte qu'il ne se pardonnerait jamais. Le nouveau né s'était redressé, droit comme un piquet, humant le vent. Il semblait détendu mais tous savaient qu'à cet instant, et s'il n'était pas déjà parti en chasse de cette proie idéale, c'était parce qu'il devait se battre contre lui même. Il força l'admiration générale et surtout celles des vampires végétariens déjà passés par là, lorsqu'il fit demi tour comme si de rien n'était, partant à toute vitesse dans la direction opposée à celle de l'humain, délaissant les caribous. On saisit rapidement qu'il voulait certainement s'éloigner le plus possible de là alors qu'il ne semblait plus suivre quoi que ce soit. Ce fut seulement lorsqu'ils ne sentirent plus rien d'humain dans les parages qu'il stoppa de nouveau, huma l'air une seconde et repartit de plus belle avec un sourire prédateur. Et ce fut un autre troupeau de caribou qui offrit son premier repas au nouveau né.
Ils chassèrent toute la nuit, laissant Nathaniel diriger la manœuvre et l'on ne put qu'admirer sa maîtrise de lui même. Il était très loin de la frénésie que tout les nouveaux nés dans la même situation. Il montrait autant de sang froid que Carlisle. Il ne semblait pas avoir cédé une miette de son contrôle de lui même à ses instincts et à sa soif de sang, loin de là et cela ne fit que prouver à quel point il avait l'esprit fort. Vers quatre heure du matin, on avait vu des heures de chasses et de courses, de nombreuses proies tuées pour satisfaire la soif du nouveau né semblant autant se délecter du sang que de sa nouvelle liberté de mouvement. Entre deux proies, tous voyaient aisément qu'avant de se remettre en chasse, Nathaniel prenait un moment pour courir de tout son saoul entre les arbres, humant l'air, les oreilles grandes ouvertes, touchant tout ce qui passait à portée de ses doigts, savourant avec une indiscutable évidence cette indépendance et cette liberté d'aller retrouvée. Ce que tous comprirent aisément. Il n'avait pas retrouvé la vue mais il avait obtenu de quoi palier au moins en partie à cela. Seulement, comme les effets du sort d'Ether, ceux de la perte de sa magie étaient toujours présents et on le vit finalement ralentir et s'arrêter, s'appuyant contre un arbre. Il avait alors une posture plus lâche, comme fatigué, chose qu'un vampire n'était pas censé ressentir.
- Est-ce que ça va ? demanda aussitôt Carlisle en venant poser une main sur son épaule.
- Nevonne, tu avais raison jusque là et il semble que cela continue, dit-il. Je... je n'ai plus de force, dit-il l'air gêné.
- Est-ce que tu as mal quelques part ou autre chose ? demanda le médecin inquiet alors que tous s'étaient regroupés autour de lui.
- Non, c'est comme si mon corps pesait de plus en plus lourd et que je manquais de force pour bouger. C'est comme si en tant qu'humain... je n'avais pas dormis depuis des jours tout en courant un marathon sans m'arrêter. J'ai l'impression d'être en train de me figer comme une statue.
- Et la soif ? demanda Nevonne. Revient-elle avec ta fatigue ?
- Non, ça va, dit-il en rassurant les autres. J'ai juste... envie de me mettre dans un bon fauteuil et de de plus bouger pendant des heures, dit-il la voix plus basse.
- Alors rentrons, proposa Esmée. Ton état va être particulier, il vaut mieux être prudent le temps de bien comprendre comment tu vas fonctionner, dit-elle en venant caresser sa tête.
- Esmée a raison, appuya Severus. Il vaut mieux être prudent, étudier votre état et voir comment vous réagissez à chaque chose. Comme pour vos yeux, votre état continuera à vous rendre plus faible qu'un autre vampire. Il faut faire attention jusqu'à ce que vous ayez bien saisi vos limites.
- Je vais te porter pour rentrer crevette, décréta Emmet. Il vaut mieux arrêter les efforts pour cette nuit si tu te sens fatigué.
Nathaniel lui adressa un pauvre sourire contrit, l'air un peu gêné quand le brun vint le charger sur son dos.
- Je ne sais pas pourquoi mais j'ai envie d'un bon feu, bredouilla-t-il une fois accroché à son frère.
- Et bien cela tombe bien parce qu'on a une immense cheminée au chalet, sourit Tanya. Rentrons, ça fait déjà beaucoup de choses pour une nuit après une transformation et je dois avouer que tu m'impressionnes par ton contrôle, fit-elle remarquer.
Le nouveau né la remercia et on reprit le chemin du chalet duquel ils s'étaient bien éloignés. Tous gardèrent un œil sur Nathaniel, un peu inquiets de savoir quels effets particuliers la transformation pouvait avoir sur lui. Jusque là, les supposition de Nevonne se confirmaient les unes après les autres et celle sur le fait qu'il serait un vampire sujet à la fatigue et à la faiblesse était en train de se confirmer également. Tous espérèrent cependant que cela se limiterait à de la fatigue et à rien de plus. Tous avaient été très attentifs durant la chasse pour voir quelles pouvaient être les différences entre Nathaniel et les autres vampires. Il y avait son incroyable maîtrise pour un nouveau né, sa retenue dans la chasse, chose très inhabituelle lorsqu'on venait à peine d'être transformé. Une particularité qui avait surpris tout le monde avait été de lui voir des crocs plus longs que la normale et semblant fait d'argent. Ils n'étaient visibles que lorsqu'il s'apprêtait à mordre, des dents parfaites ayant un aspect humain normal le reste du temps. Cela mis à part, il n'était pour le moment pas différent d'un vampire ordinaire. Du moins pas jusqu'à s'arrêter de fatigue. S'il n'avait pas été un vampire, on aurait pu croire qu'il s'était endormis accroché à Emmet sur le chemin du retour.
Ils furent bientôt rentrés, tous très intrigués d'entendre Nathaniel réclamer un feu plusieurs fois, l'air de plus en plus endormis. Edward lui demanda s'il avait froid bien que cela semble impossible pour un vampire mais avec le cas particulier de Nathaniel, personne ne trouva la question malvenue. Le nouveau né dénia pourtant, disant juste qu'il voulait un bon feu devant lequel se reposer. Tous restèrent surpris par ce désir pressant, les vampires n'étant pas particulièrement amis avec le feu. Pourtant, on suivit la demande de l'aveugle. Emmet vint le déposer dans un fauteuil du grand salon du chalet et Carmen entreprit d'allumer la grande cheminée qui ne servait normalement que très occasionnellement lorsqu'on en voulait l'ambiance qu'elle donnait. Rapidement, de grandes flammes brûlèrent devant Nathaniel et Severus suggéra que l'on s'écarte un peu pour observer ce que Nathaniel ferait. Lyniam approuva et renchérit en disant qu'il valait mieux laisser l'instinct du nouveau vampire agir pour découvrir ce dont-il pouvait avoir besoin, comment il pouvait fonctionner ou quels étaient ses particularités. Tous suivirent l'idée avec l'intention cependant de ne pas être loin et de veiller étroitement. On observa donc Nathaniel devant le feu et celui-ci ne tarda pas à se lever lourdement, comme extrêmement raide et presque bloqué dans ses mouvements. Il tira son fauteuil plus près de l'âtre, au plus près possible d'ailleurs tant et si bien qu'un humain n'aurait probablement pas supporté la chaleur. Il se remit ensuite dans son fauteuil, s'y roulant en boule pour ne plus bouger d'un cil, se figeant comme une statue de marbre.
Les vampires étant relativement sensibles au feu, quelques uns commencèrent à s'inquiéter de voir le jeune blessé si près des flammes mais Nevonne semblait loin de cette angoisse, l'air captivé :
- C'est fascinant, remarqua-t-il alors que comme tous il observait Nathaniel d'un peu plus loin depuis qu'on l'avait installé dans le fauteuil.
- Qu'est ce que vous percevez ? demanda Caïus.
- Il est en train de capter la magie naturelle du feu, dit-il en surprenant tout le monde.
- Quoi ? Mais la magie le blesse normalement non ? posa Severus.
- La magie d'origine sorcière oui, approuva le démon. Les magies du même genre que celle qu'il avait. Seulement, ce n'est pas le cas de celle des créatures magiques par exemple et c'est pour ça que nos présences et nos dons ne le gênent pas tant que l'on use pas de magie sorcière, sort et autres, juste nos natures et dons de créatures. Hedwige ne lui est d'aucun préjudice non plus, pourtant, elle est magique aussi. Je pense que les magies des animaux magiques ne lui feront pas de mal non plus. Et un autre genre de magie pourrait aussi non seulement être tolérée mais utile. Je ne l'aurais pas cru ni imaginé mais puisque j'y assiste... La magie naturelle, la magie sauvage, celle qui existe depuis la naissance du monde. Normalement, elle est incontrôlable, indomptable, personne n'a jamais pu la maîtriser ou s'en servir. Jusqu'ici, je croyais fermement que c'était impossible. Certains ont essayé, cela s'est mal fini. Quelques uns ont tenté de l'absorber mais cette magie libre et ultra puissante les a tué par sa force trop grande et brute. Et malgré ça, à cet instant, Altraz est en train d'absorber l'énergie naturelle du feu, tout en douceur et il semble l'assimiler sans problème. Je vois les flux d'énergies, je n'ai jamais rien observé de semblable. Il faut savoir qu'il existe multitude de formes de magies sauvages mais peu produisent de la magie qu'elles libèrent dans l'environnement, alimentant la nature elle même. Les éléments se chargent de cela et plus largement, les phénomènes naturels en tout genre. Tout ce qui produit de l'énergie : l'eau, le feu, la foudre, le vent, les mouvements de la terre, la tectonique, la lumière, tempêtes, courants marins... toutes ces forces que même les moldus reconnaissent source d'énergie.
Il marqua une pause, se concentrant un instant sur Nathaniel comme s'il voyait quelque chose, avant de reprendre finalement :
- Extraordinaire, murmura-t-il pour lui même. Je disais, les phénomènes naturels producteurs d'énergies et de magie sauvage qui alimentent le monde. L'absorber, s'en servir, était jusqu'ici reconnu impossible et mortel. Et il le fait en ce moment.
- Est-ce que c'est dangereux pour lui ? s'angoissa Esmée.
- Je ne pense pas. Il serait déjà mort dans le cas contraire. Tout ceux qui ont tenté de faire quelque chose du genre ont été blessé ou tué immédiatement, dans la seconde où ils ont commencé. Et ça fait déjà plusieurs minutes pour Altraz. Et d'après ma perception, cela se fait tout en douceur et il l'assimile naturellement.
- Est-ce qu'il est possible qu'il ait développé un pouvoir spécial pour faire cela ? demanda Lyniam.
- Je ne détecte aucun don particuliers qui ressemble à ça, intervint Eleazar.
- Je ne pense pas que ce soit un pouvoir au sens où on l'entend, répondit le démon. Ça ressemble plus à une caractéristique innée, comme un sens ordinaire, la capacité à manger, à respirer, à bouger... ça ressemble à ça. Je ne sais même pas s'il est vraiment conscient de ce qu'il est en train de faire. Et ça expliquerait qu'il réussisse.
- Pourquoi ? demanda Alice.
- Parce que toute les précédentes tentatives du genre étaient volontaires et calculées, expliqua-t-il. Le fait qu'elle devienne naturelle et involontaire est peut-être la clef. On dit que la nature nous contrôle mais qu'on ne peut jamais valider la réciproque. C'est particulièrement vrai en matière de magie sauvage. Voilà mon hypothèse : lorsqu'il s'est transformé, le vampire a non seulement pris l'ascendant mais il s'est adapté à son état pour palier aux problèmes. D'ordinaire, la transformation permet de régler tout les problèmes physiques d'un être pour le perfectionner pour ainsi dire. Avec Nathaniel, elle n'a pas pu le faire à cause de ce qu'il a subi mais peut-être s'est-elle adaptée pour améliorer au mieux son état et remédier à ses problèmes. Cela expliquerait qu'il ait développé ces nouveaux sens d'écholocalisation, d'électrolocalisation et de perception thermique pour compenser la cécité. Et pour compenser le manque d'énergie vitale qu'il endure, sa faiblesse, sa fatigue, elle aura développé cette capacité d'absorption de magie naturelle. La seule qui est accessible vraiment. La transformation vampirique est un phénomène dit naturel comme les naissances de tout être, c'est la naissance d'un vampire. Si c'est une caractéristique qu'il a développé dans la transformation, cela en fait une capacité magique innée, naturelle qui expliquerait que cela fonctionne.
- Alors il a instinctivement réclamé un feu pour refaire ses forces ? posa Carlisle.
- Certainement, acquiesça Nevonne. Cela deviendrait un besoin instinctif comme celle de boire du sang ou de manger, de respirer pour un humain. Là, il absorbe la magie du feu mais peut-être pourrait-il en faire autant avec d'autres éléments ? Peut-être une intensité particulière parce que certaines magies naturelles sont d'une puissance si grande qu'il est difficile de penser qu'il pourrait les absorber ou servir si à l'inverse, elles étaient de puissance trop faible ? Là le feu est doux pour ainsi dire, l'énergie qu'il libère n'est pas trop puissante alors peut-être lui faut-il des sources avec une certaine quantité d'énergie produite pour que ça marche ? Il faudra étudier ça c'est absolument formidable et qui sait quels effets cela pourrait avoir. En attendant, je crois que cette capacité va l'aider à refaire ses forces lorsqu'il en manquera. Cela l'aidera probablement à se reposer en lieu et place du sommeil par exemple. On verra bien.
Longuement, ils observèrent Nathaniel blotti dans son fauteuil, Nevonne disant qu'il avait comme l'impression qu'il était dans une sorte d'état second, de transe peut-être destinée à aider au repos et à l'absorption d'énergie dont-il avait besoin pour palier au moins en partie à sa magie absente. Le nouveau né avait alors tout d'une statue de marbre, complètement immobile, ne respirant pas, n'émettant pas un son. Si certains d'entre eux n'avaient pu sentir son esprit, on aurait pu croire qu'il était mort. Longuement, tous restèrent à distance pour observer, Nevonne semblant littéralement fasciné par ce qu'il observait, restant le seul à pouvoir détecter le phénomène. Il ne lâcha d'ailleurs pas le nouveau né des yeux, renseignant de temps en temps les autres lorsqu'ils demandaient si tout se passait toujours calmement. Il fallut plusieurs heures avant que Nathaniel ne bouge de nouveau. Le feu dans la cheminée avait perdu de son intensité, ne laissant plus que de grosses braises rougeoyantes. Le démon commença par dire que l'absorption de magie naturelle faiblissait puis qu'elle s'arrêtait. Quelques instants plus tard l'adolescent se mit à remuer un peu, comme un humain se réveillant paresseusement d'une longue nuit méritée. Carlisle jugea alors qu'il pouvait s'approcher, voulant s'assurer que son cadet allait bien et personne ne l'en empêcha, suivant même le mouvement pour le rejoindre. Il s'accroupit devant Nathaniel qui remuait légèrement, comme un enfant n'ayant pas envie de se réveiller. Il posa ses mains sur ses jambes chaudes encore repliées contre lui, doux :
- Nathaniel ? appela-t-il tranquillement.
- Carlisle ? bredouilla-t-il en les faisant sourire.
- Comment tu te sens ? demanda le médecin alors que tous écoutaient attentivement.
- Bien, répondit-il encore visiblement embrumé. Très bien même, soupira-t-il en détendant tout le monde. Je peux rester là encore un peu ?
- Bien sûr, sourit le blond. Tu veux qu'on ravive le feu ?
- Non ça va maintenant.
- Alors prend ton temps et dis moi s'il y a la moindre chose d'accord ?
Le nouveau né approuva et on le laissa sortir tranquillement de son état de transe. Rosalie vint s'asseoir sur son accoudoir, se mettant à caresser ses cheveux avec douceur. Ce fut avec attendrissement que tous virent Nathaniel remuer pour venir se blottir près d'elle et poser sa tête sur ses jambes, comme voulant un peu plus de câlin que la blonde lui donna d'ailleurs avec joie. On comprit alors que le nouveau né devait être dans le même état qu'un humain se réveillant difficilement alors que, parfaitement conscient et en dehors de crise, jamais Nathaniel n'osait venir chercher de la tendresse ainsi ouvertement, surtout devant tout le monde. Il fallut un peu plus d'une demi heure pour qu'il « se réveille » vraiment. Lorsqu'il se rendit compte de sa position complètement affalé sur Rosalie, il se redressa en s'excusant l'air incroyablement gêné. La blonde lui assura que ce n'était rien, déposant un baiser dans ses cheveux pour le détendre et lui disant que s'il avait envie d'un câlin, il n'y avait rien de mal à venir le chercher. Elle ajouta d'ailleurs qu'elle était tout à fait disposée à lui donner, le faisant sourire alors qu'il la remerciait doucement. Il s'assit finalement correctement dans son fauteuil, bien droit et bien alerte maintenant :
- J'ai été longtemps dans... un état second ? demanda-t-il en hésitant sur le terme à employer.
- Quelques heures, répondit Esmée.
- Vous étiez conscient de ce qu'il se passait ? demanda Nevonne visiblement très curieux.
- Oui mais... c'était bizarre. J'étais comme... comme...
- En transe ? proposa Lyniam.
- Je crois que c'est le bon mot, acquiesça-t-il. En transe. C'était comme si mon instinct prenait le dessus pour commander et me dire ce dont j'avais besoin. C'était comme s'il n'y avait plus que ça qui comptait et qui était vraiment urgent. Je pouvais pas m'en empêcher et je n'ai même pas eu une seule pensée contre ça et pour faire autre chose et arrêter. C'était...étrange et en même temps, très calme et apaisant. Comme si j'étais drogué à partir du moment où j'ai commencé à... à absorber la... magie du feu, dit-il l'air hésitant. C'est ce que j'ai fais n'est-ce pas ? questionna-t-il peu sûr de lui.
- Oui, approuva Nevonne.
- Je croyais que ce n'était pas possible et dans mon état..., dit-il avec confusion.
Le démon lui expliqua alors sa théorie, Nathaniel suivant son raisonnement et ayant toute confiance en ses connaissances. Après tout, Nevonne n'était pas seulement extrêmement vieux et expérimenté mais aussi très savant. Pour passer l'éternité, lui avait décidé de s'occuper en apprenant tout ce qu'il pouvait en matière de magie et en menant des recherches sur divers sujets. Et cela n'avait fait qu'enrichir encore plus ses connaissances.
- Alors je vais sûrement être capable de tirer de l'énergie, de la magie, des éléments pour combler mon manque et ma fatigue ?
- On dirait bien, approuva Nevonne. Il faudra voir si vous pouvez le faire avec d'autres éléments et tester les intensités mais je vous fais confiance pour ça. La magie élémentaire, vous connaissez par cœur, remarqua-t-il avec un sourire sans joie.
Nathaniel eut une expression triste et nostalgique que seul Lyniam, Caïus et Severus purent comprendre. Il y eut un instant de silence avant que le démon ne reprenne doucement :
- Comment vous êtes vous senti quand vous absorbiez cette magie ?
- Bien, très bien. Je pensais à rien, j'étais détendu, j'étais... comme drogué. Je vous entendais parler mais je ne pouvais pas me concentrer sur vous pour saisir ce que vous disiez. Et en même temps, je ne pouvais pas lutter contre ce besoin d'être là près du feu et de ne plus bouger. J'étais comme un automate pour m'installer et après mon corps s'est figé comme la pierre comme pour m'empêcher de partir de là.
- Il faudra que l'on vérifie si vous pouvez avoir un contrôle sur ces transes avec le temps ou si on peut les interrompre sans risque pour vous, posa le démon. Dans le cas contraire, il faudra veiller pendant ces transes, remarqua-t-il pour tous. Parce que s'il ne peut pas contrôler et si on ne peut pas les interrompre, il sera vulnérable pendant ces périodes, remarqua-t-il alors que tous comprenaient. Mais c'est plutôt bien si vous pouvez y trouver un moment d'apaisement dans ces transes, posa-t-il plus légèrement. La magie élémentaire vous fera du bien je pense, dit-il en faisant naître un nouveau sourire triste sur son visage. On verra plus tard si vous avez besoin de ces transes souvent ou non mais il faudra attendre pour ça parce qu'entre la transformation et votre état antérieur, vous allez peut-être avoir besoin de plus de récupération le temps de bien vous stabiliser.
- Ok, dit-il l'air las.
- Je vous laisse tranquille avec tout ça, s'amusa alors le démon qui comprit qu'il n'avait pas vraiment envie de parler pour l'instant. J'imagine que vous avez envie de faire autre chose maintenant.
- Oui, sourit-il. On a le temps maintenant pour le reste et pour découvrir chaque détail de moi, dit-il en amusant tout le monde. Est-ce qu'on peut juste oublier un peu tout ça quelques jours ? demanda-t-il d'une petite voix.
- Bien sûr mon chéri, assura immédiatement Esmée.
Tous comprenaient largement que maintenant qu'il était sauf, que la transformation s'était faîte entièrement, qu'il n'était plus en danger de mort imminent et qu'il avait récupéré plus d'indépendance et d'énergie, il avait envie de relâcher la pression et de laisser tout ça sur le côté, de profiter un peu.
- Est-ce qu'il y a quelque chose que tu aimerais faire crevette ? demanda Emmet.
- J'aimerais... aller me promener, hésita-t-il.
Sa famille sourit, sachant qu'il adorait aller se balader dans les bois. Seulement, il n'avait pas pu le faire plus de quelques minutes d'affiler et dans de bien mauvaises conditions ces derniers temps.
- On y va alors, acquiesça son frère.
Un immense sourire s'étala sur le visage de l'aveugle et se répercuta immédiatement sur ceux des autres, sa joie communicative. Il se leva d'un bond souple et tous décidèrent de l'accompagner pour cette promenade, sa famille et ses amis rechignant à le laisser hors de leur vue. Ils sortirent donc sous la neige pour une promenade tranquille à une allure parfaitement humaine. Les couples profitèrent de ce moment de paix pour marcher bras dessus bras dessous, souriant. On laissa Nathaniel prendre la tête et aller où il le désirait, s'arrêter quand il le désirait. Il ne fallut pas une minute pour voir Hedwige descendant du ciel, venir se poser sur l'épaule de son maître, savourant une caresse délicate de sa part. Elle se blottit ensuite dans son plumage et resta là, bienheureuse. Ce fut en silence que Nathaniel avança dans la neige, tranquillement, semblant profiter de tout et semblant cette fois-ci se concentrer davantage ses nouveaux sens, testant, analysant ses nouvelles perceptions. Il semblait se faire doucement à son nouvel état en dehors de l'euphorie de la première chasse. Ce ne fut qu'en fin d'après-midi qu'ils prirent le chemin du retour tranquillement.
- Partez devant, ordonna soudainement Caïus en se postant près de Nathaniel. Je dois parler à Altraz en privé.
Les Cullen et les Denali hésitèrent visiblement quand Severus, Nevonne et Lyniam acquiesçaient simplement en se remettant en route. Les autres ne bougèrent pas, réticent à laisser le jeune vampire avec ce roi si cruel et froid, profiteur à leurs yeux et sans scrupule. Un silence tendu s'installa alors et Caïus s'agaça rapidement de ne pas être obéit sur le champs. Il allait reprendre la parole mais Nathaniel le devança, calme en comprenant l'hésitation de sa famille et de leurs amis :
- Je ne risque rien avec Caïus, s'amusa-t-il. Il n'est pas là en tant que roi ou Volturi. C'est juste Caïus.
- Juste Caïus, murmura Tanya avec ironie.
- Allez y, on vous suit, sourit Nathaniel. Moi aussi je dois lui parler de toute manière.
Ce fut à contre cœur mais les deux clans suivirent finalement le démon, l'elfe noir et le vampire sorcier. Caïus et Nathaniel prirent une autre direction pour faire un détour, marchant l'un près de l'autre en silence un moment jusqu'à être sûr de ne plus être à portée d'oreille des autres.
- Vous allez rentrer à Volterra n'est-ce pas ? constata simplement le nouveau né.
- Oui, je ne peux rester éloigné trop longtemps et cela fait déjà près de quatre semaines. J'aimerais rester avec vous plus longtemps, comme toujours mais cela n'est pas possible. J'ai des obligations.
- Oui. Caïus, êtes vous conscient que vous êtes relié à Aro par un pouvoir extérieur ? Je le sens maintenant.
- Vous pouvez sentir cela ? s'étonna-t-il. Cultivez et développez vos dons Altraz, cela pourrait vous être très utile, surtout si vous pouvez voir ce genre de choses. Je suis parfaitement conscient de ce lien. Je n'ai pas de pouvoir particulier. Autrefois, Aro m'a demandé de fonder les Volturi avec lui parce qu'il a reconnu ma force, ma détermination, mon ambition et le fait que je sois impitoyable sans remords aucun, que je n'accorde mon attention et plus encore mon affection qu'à un nombre très restreint et dont je suis entièrement certain. Il savait que je serai un pilier et un roi solide. C'est pour cela qu'il m'a demandé de former le clan avec lui et Marcus. Mais il avait aussi peur que mon ambition et ma soif de pouvoir me poussent à les évincer pour prendre place en haut seul. Je dois avouer que je l'aurais certainement fait sans le lien. Mais aujourd'hui, cela me convient. Marcus et Aro sont désormais mes frères à tout égards pour moi. Partager le pouvoir n'est pas si terrible que je le croyais à une époque. Cela me permet de rejeter la faute sur Aro lorsqu'il se trompe et cela me permet d'avoir du temps libre comme en ce moment. Et j'ai réalisé aussi, que je ne ferais pas un bon roi seul, je suis trop dur semble-t-il, s'amusa-t-il en faisant sourire Nathaniel. Les choses sont bien comme elles sont maintenant et j'en suis plus que satisfait. Ce lien ne me dérange pas, je ne pense pas que j'agirais autrement sans lui. Je l'aurais fait il y a longtemps mais j'ai appris et j'ai mûris depuis.
- Tant mieux alors. Je craignais que cela soit contre votre volonté.
- M'auriez vous secouru alors ? s'amusa le roi.
- Vous connaissez la réponse, sourit-il. Merci d'avoir été là pour moi, dit-il plus sérieusement.
- Je le serais encore si vous en avez besoin. Je regrette de ne pas avoir été à vos côtés pour la grande bataille.
- Qui aurait pu prévoir qu'elle viendrait si vite et que tout ça arriverait ? Ne regrettez pas une chose que vous n'avez pas faites volontairement, vous n'y pouviez rien. Cela devait être ainsi. Et dans un sens, ce n'est peut-être pas si mal que tout ça soit arrivé sans quoi je n'aurais peut-être pas ma famille maintenant, dit-il tendrement. Alors je crois que je peux cesser d'en vouloir au destin. J'ai tout ce dont j'ai rêvé aujourd'hui. Merci de m'avoir réveillé à votre arrivée.
- Je ne vous ai pas réveillé, je n'ai fait que vous dire ce que vous auriez pensé vous même si vous n'aviez pas eu à subir cette perte et cette torture qui a plongé votre esprit dans les ténèbres. Je vous préfère comme vous êtes vraiment. J'espère que la transformation vous permettra de vivre vraiment cette nouvelle vie.
- Je le crois. J'ai comme l'impression qu'un voile s'est levé et que j'ai cessé de chuter. Le vide, dit-il en posant une main sur sa poitrine, a cessé de grandir et s'est même un peu empli. Mes nouvelles perceptions comblent en grande partie la cécité. Cela fait du bien. J'avais la sensation d'être enfermé dans mon corps depuis... Plus de magie, plus de vue, plus de sens, plus de force... J'ai été trop habitué à la puissance je crois.
- En effet et c'est bien parce que vous savez aussi vous en servir avec tempérance et discernement. Mais ce n'est pas votre habitude de la puissance qui vous a porté préjudice dans cette épreuve. C'est votre habitude de la solitude, de la méfiance, de la trahison et de la douleur. Votre puissance n'était que ce qui vous permettait d'équilibrer la balance. Puis tout ça vous a plongé dans une dépression que vous ne pouviez vaincre. Avec la transformation, le vide sera freiné et endigué même s'il ne disparaîtra pas, vous aurez de nouveau plus de forces et si je ne m'abuse, vous avez désormais ce qu'il vous faut pour lutter.
- Ma famille, sourit-il doucement. J'irai bien, affirma-t-il.
- Je le sais et c'est pour ça que je m'autorise à repartir maintenant. Prenez votre temps pour vous remettre et vous faire à cette nouvelle vie. Ne laissez plus rien ni personne vous dicter quoi faire et n'ayez pas peur de dire ce que vous pensez sans égard pour ce qu'en pense les autres. Vous avez plus que mérité une vie à faire ce que vous voulez même si cela ne consiste qu'à paresser entre les arbres en marchant dans la neige. Vous n'avez que trop été privé des choses futiles de la vie.
- Oui, je veux juste profiter maintenant. Ce n'est pas la dernière fois que l'on se rencontre n'est-ce pas ? s'inquiéta-t-il.
- Bien sûr que non. Vous êtes mon ami Altraz et je serai là si vous avez besoin de moi. Pour l'éternité qui nous est offerte désormais. J'ai mis mon numéro personnel dans votre portable. Appelez si vous en avez besoin ou simplement si vous en avez envie, je veux de vos nouvelles.
- Je le ferai. Merci encore Caïus. Pour tout. Pas seulement pour ces derniers jours mais pour tout depuis notre rencontre. Vous avez été là, vous m'avez soutenu, vous m'avez beaucoup appris et jamais vous ne m'avez pris en pitié ou en faiblesse quoi qu'il se passe, même dernièrement. Vous m'avez toujours vu en égal et vous n'avez jamais douté de moi. Vous n'imaginez pas à quel point tout cela est précieux pour moi. Alors merci.
Caïus ne répondit pas et Nathaniel n'attendait pas de réponse de sa part. Ils marchèrent un moment en silence, l'un près de l'autre.
- Je regrette que nous n'ayons jamais eu le temps de parler ainsi autrefois, remarqua finalement Nathaniel.
- Nous l'avons désormais. Bien entendu, j'attendrais toujours votre visite à Volterra, rappela-t-il. Venez quand bon vous semblera et bien sûr, votre famille sera la bienvenue avec vous. Mais prenez d'abord le temps de profiter de cette vie.
- Je viendrais avec plaisir, sourit-il. Dois-je... me méfier de vos frères ? Les Volturi me réclameront-ils allégeance ? demanda-t-il anxieusement.
- Non, je ne le permettrai pas, assura-t-il fermement. Mon clan et mes frères vous laisseront en paix et si jamais ils devaient tenter quoi que ce soit, je serai avec vous contre eux. Mais nous n'en n'arriverons pas là. Vous intéresserez Aro c'est certain mais je ne laisserai pas venir vous enquiquiner et de toute façon cela finirait par entraîner sa perte et celle des Volturi. Nous sommes amis mais vous ne serez jamais l'ami des Volturi de cette même façon. Les idées des Volturi sont bien trop opposées aux vôtres. Cela ne vous irez pas.
- Mais nous restons amis n'est-ce pas ?
- Cela va de soit. Vous êtes mon ami, l'ami de Caïus comme vous avez dit tout à l'heure et non d'un roi des vampires ou d'un Volturi. Et cela est très bien ainsi. Ne vous en faîte pas, Aro vous laissera tranquille et gardera vos secrets, vous avez ma parole.
- Encore merci Caïus. Puis-je vous poser une autre question qui n'a rien à voir ?
- Il n'y a pas de question que vous ne puissiez me poser. Nous n'en sommes plus là depuis longtemps.
- Isabella, que s'est-il passé avec elle ? Du point de vu des Volturi ?
- Elle est venue en annonçant que les Cullen avaient trahis leur parole, qu'ils avaient révélé notre secret à un autre humain, qu'ils mettaient en danger les vampires. J'ai voulu la faire abattre avant de venir tirer cette affaire au clair. Elle a supplié qu'on la transforme et Aro y a consenti. Son immunité face aux pouvoirs des autres l'intriguait énormément et il voulait, je crois, s'en servir pour s'allouer les services des Cullen possédant des pouvoirs. Ils ne sont pas négligeables. Nous l'avons transformé et il s'avère qu'elle est dotée d'un don utile : un bouclier mental qui la protège et qui pourra en protéger d'autres lorsqu'elle aura appris à le projeter. Elle s'y entraîne. Aro est plus que satisfait de son nouveau jouet, ironisa-t-il.
- Qu'a-t-elle dit à propos des Cullen ?
- Si la question est de savoir si elle a jamais eu d'affection pour eux, la réponse est non Altraz. Elle ne voulait que l'immortalité. Elle aimait cela chez Edward. Cela et sa beauté, sa richesse. Elle aimait la protection et l'attention que la famille lui donnait. Elle aimait se sentir être le centre du clan. Elle croyait l'être en tout cas. Lorsque vous êtes arrivé et qu'elle s'est sentie perdre tout cela, elle n'a pas réfléchit bien longtemps avant de changer ses plans pour avoir l'immortalité. Servir les Volturi ne lui plaît pas plus que cela mais vieillir et mourir la rebutait bien plus encore que n'importe quoi d'autre. Elle veut la beauté, l'immortalité, la richesse, l'importance... En comprenant que les Cullen ne lui donneraient pas cela, elle est venue nous voir. Elle ne les aimait pas et encore moins Edward. Elle a une relation avec Dimitri, un autre garde et ça n'a pas tardé. Il n'y a que dédain et dénigrement qui sort de sa bouche à leur propos. Tout ce temps, elle s'est jouée d'eux.
- A-t-elle contacté son père ? C'est un ami, j'ai peur de ce qu'elle va lui infliger.
- Pas à ma connaissance mais si vous le désirez, je lui ordonnerai de le faire et de faire en sorte de ne pas le blesser.
- Merci Caïus, j'apprécierai.
- Dans ce cas, je le ferai si cela peux vous tranquilliser.
- Notre amitié m'est précieuse Caïus. Vous, Nevonne et Lyniam avaient été mes piliers depuis notre rencontre et pendant toute cette guerre. Je ne serai plus là sans vous, j'aurais cédé à la folie ou à la mort, dit-il lourdement. Alors merci. Je ne veux plus me battre ni avoir d'ennuis mais si un jour, vous avez besoin de moi, pour quoi que ce soit que je puisse encore faire, je serais là.
- Je prends note de cela mais soyez assuré que si un jour je devais venir vous voir pour avoir votre aide, cela ne serait qu'en dernier recours si vraiment je n'avais plus d'autre choix et que l'affaire serait sérieuse.
- Je le sais, j'ai confiance en vous.
Ce fut en silence qu'ils continuèrent ensuite leur route dans un silence léger et ce ne fut qu'à la tombée de la nuit qu'ils atteignirent la plaine où se trouvait le chalet des Denali. Ils stoppèrent en bordure de forêt, se faisant face alors que le blond scrutait son jeune ami :
- Je suis sincèrement heureux de vous avoir retrouvé et de savoir que votre survie est assurée au sein d'une famille que vous aimez et qui, je le sais pour l'avoir constaté, vous aime aussi.
- Et je suis heureux de vous avoir eu à mes côtés ces derniers temps. Encore merci pour tout mon ami, dit-il en lui tendant une main.
Caïus la serra sans hésiter.
- Percevez vous le chalet d'ici ? questionna le roi.
- Oui et bien plus loin encore. Je trouverais mon chemin, vous n'avez pas besoin de m'accompagner plus loin. Et merci d'avoir accepté d'être en présence de ma famille si longtemps. Je sais bien que vous ne les appréciez guère, je le sens, mais vous êtes resté sans protester.
- Je ne les aime pas du tout il est vrai mais je tiens à vous. Vous avez accepté ce que vous désapprouvez chez moi sans protester et j'en fais de même. Nous avons des idées divergentes sur bien des points, sur presque tout les points mais cela ne nous empêche pas d'être amis. J'aime a croire que cela nous donne un équilibre et une complémentarité que beaucoup devraient enviés s'ils avaient un peu de bon sens.
- Peut-être bien, sourit-il. Au revoir Caïus.
- Au revoir Altraz, répondit-il. Et n'oubliez pas d'écouter vos désirs. Uniquement vos désirs. Il est plus que temps.
Nathaniel acquiesça et Caïus s'en alla par la forêt, disparaissant en un instant. Nathaniel le suivit de ses perceptions mais il sortit bien vite de son champs de détection qu'il évaluait à environ deux kilomètres. Une fois le roi partit, il reprit le chemin du chalet dont sa famille ne tarda pas à sortir pour venir à sa rencontre, soulagée de le voir revenir sans soucis.
