Disclaimer : Tout l'univers de Saint Seiya que vous reconnaîtrez aisément appartient à Masami Kuramada. Les autres personnages sont à moi et ceux de la mythologie à tout le monde.
Guest Ninanina : merci pour avoir lu et commenté. Ce fandom n'est peut-être pas si moribond en fin de compte.
Je suis contente que mes explications te plaisent. Certaines scènes devaient être émouvantes et j'ai fait de mon mieux pour émouvoir sans exagérer.
Ce nouveau sanctuaire devait être habité et en fouillant la mythologie grecque, j'ai trouvé les personnages qui pourraient parfaitement convenir à mon idée.
Il n'est pas facile d'introduite des OC mais là aussi j'ai fait au mieux. Et que tu les sentes intégrés me fait très plaisir parce qu'à l'époque où j'ai écrit c'est histoire, c'était une de mes plus grosses craintes.
Encore merci pour ta review.
Yin Yang : merci pour ta review. Tes compliments me touchent beaucoup. Le cliffhanger est fait pour donner au lecteur l'envie de lire la suite.
Tant mieux si j'y suis parvenue. Et pour l'émotion, il fallait que ces moments soient forts. Ça m'a semblé incontournable pour la suite. Tu le verras si tu poursuis ta lecture. Et j'espère que ça te plaira.
Encore merci.
Kuro Neko : ton commentaire me touche beaucoup, merci. Il n'est pas interdit de lire la V1, c'est juste qu'elle pleine de fautes et que j'en ai honte.
Ça me fait plaisir de savoir que les Amazones te plaisent. Ce n'est pas toujours évident d'intégrer des OC mais je n'avais pas le choix.
Saga est Aphro sont un couple que j'affectionne particulièrement. Quant au Shion/Dohko c'est un peu comme un couple de cygne, ils sont inséparables.
Encore merci pour ton commentaire. Et j'adore les chats noirs, j'en ai un.
Chapitre 11
Sanctuaire d'Athéna
On aurait dit que la foudre venait de s'abattre sur le Palais. Aux paroles de la Reine, tous les Chevaliers avaient enflammé leur Cosmos et s'étaient placés entre Athéna et les Amazones. Shion s'avança, auréolé de sa cosmoénergie.
— Comment osez-vous vous présenter dans ce Sanctuaire ? Vous ! Les filles d'Arès ! cria-t-il, la voix pleine de colère et de haine.
Mû comprenait maintenant pourquoi la Reine avait utilisé un vocabulaire militaire pendant leur montée des marches. Elles étaient des guerrières, des soldats et pas n'importe lesquels. Pas une Amazone ne bougea. Elles savaient qu'en dévoilant leur identité, elles provoqueraient une violente réaction. Athéna prit la parole.
— Chevaliers, calmez-vous ! Elles ne sont pas nos ennemies !
— Comment pouvez-vous en être aussi sûre ? jeta Mikael d'un ton menaçant.
— Croyez-vous que mon sceptre réagirait à la présence d'un sceptre ennemi ou alors d'un sceptre ami ? Kamryl, approche, je te prie.
L'Oracle s'avança, pas le moins du monde impressionnée par la présence des Chevaliers. Arrivée à deux mètres d'Athéna, face à un Milo à l'ongle écarlate déployé et prêt à frapper, les deux thyrses se mirent à nouveau à luire. Les deux femmes enflammèrent leurs cosmos qui se répandirent dans la salle, enveloppant tous ceux qui s'y trouvaient. Les Chevaliers reconnurent celui de leur Déesse, puissant, plein d'Amour et de bonté alors que les Amazones le découvraient. Mais ils perçurent aussi celui de Kamryl et à travers elle celui Gaïa, sa compassion, son Amour également et sa sérénité. Les deux cosmoénergies dégageaient une puissance phénoménale. Amazones et Chevaliers étaient abasourdis.
— Kamryl est la représentante terrestre de Gaïa, comme Hilda est celle d'Odin. Quelqu'un perçoit-il un danger ? s'enquit Athéna, malicieusement.
Les Chevaliers baissèrent leur cosmos, mais restèrent à leurs places, devant leur Déesse.
— Reine Lysia, poursuivit Athéna, je te propose d'aller te rafraîchir avec tes Amazones dans les appartements que j'ai fait préparer à votre intention. Mettez-vous à l'aise, nous déjeunerons tous ensemble d'ici une vingtaine de minutes. Suivez cette jeune femme. Elle se nomme Thémis et je l'ai attaché à votre service.
La Reine et ses Guerrières s'inclinèrent et suivirent celle qui n'était autre que leur espionne. Dès qu'elles furent sorties, neuf regards pleins de reproches se tournèrent vers Athéna.
— Quoi ? lança-t-elle d'un air de défi.
— Athéna, vous avez joué un jeu dangereux ! la blâma Dohko.
— Qui sait ce qui aurait pu se passer ? renchérit Milo.
— Nous aurions pu les massacrer et souiller ce Palais ! explosa Saga.
— Certainement pas ! Je vous en aurais empêché. Je vous interdis de les menacer ou de les provoquer. Vous allez bientôt avoir des réponses à vos questions. Jusque là, je veux que vous leur accordiez le bénéfice du doute si vous n'avez pas confiance en mon jugement.
Ces dernières paroles leur firent l'effet d'un papier de verre qu'on frotte sur une brûlure. Ils avaient douté de leur Déesse et elle venait de le leur rappeler amèrement. Elle était en colère, ils étaient désolés.
— Je sais que votre réaction est dictée par votre dévouement envers moi, poursuivit-elle plus calme, faites-moi confiance, Chevaliers. Pour rien au monde, je ne mettrais le Sanctuaire en danger et encore moins vos vies. Pas maintenant que je viens de vous retrouver…
Un sourire magnifique se dessina sur les lèvres de la jeune femme et à cet instant, les Chevaliers auraient conquis tout l'univers si elle le leur avait demandé.
— Ôtez vos armures et rejoignez-moi dans la salle à manger.
Penauds comme des gamins pris avec les doigts dans le pot de Nutella, ils firent exploser leur cosmos pour se débarrasser de leurs armures qui, après avoir repris leur forme totem, rejoignirent leurs Temples respectifs. Ils suivirent leur Déesse dans la salle à manger et se jetèrent sur les fauteuils du salon. Pendant ce temps, Thémis guidait sa Reine et ses amies dans les couloirs du premier étage du Palais.
— Majesté, voici la chambre que tu partageras avec Naralys. Belta et les jumelles seront ensemble et Kayla veillera sur Kamryl. Les vêtements que vous portez sous vos armures sont suffisants pour ce déjeuner. Je ferai un saut chez nous pour vous prendre quelques affaires. Mais Athéna n'est pas aussi protocolaire qu'elle en a l'air. Je vous laisse, on m'attend aux cuisines.
Belta et ses filles entrèrent dans leur chambre et retirèrent leurs armures de la même manière que les Chevaliers l'avaient fait. Un rayon lumineux se forma et il pénétra leur pendentif, la petite sphère de malachite avec l'étoile dorée, pendue à leur cou.
— Maman, fit Orlyna, tu as vu les deux Atlantes, Shion et Mû ? Et il y en a un troisième. On l'a vu quand on les a déposés devant le Sanctuaire la nuit du réveillon.
— Je crois que cette rencontre n'est pas un hasard. Nous allons certainement apprendre beaucoup de choses sur notre peuple et cela nous servira probablement contre la menace qui plane.
— T'as rien contre le fait qu'on les drague un peu ? demanda Mursia d'un air innocent.
— Bien au contraire. S'ils sont réceptifs à votre charme, ce dont je ne doute pas, il se peut que vous mettiez au monde des Atlantes de pure souche depuis bien des générations.
— C'est pas vraiment à ça que je pensais, se récria Orlyna. Je voyais juste ça comme un moyen de prendre un peu de bon temps.
— On aura pas beaucoup de temps, on est ici que pour quelques heures, rappela Mursia à sa sœur.
— Et t'as besoin de combien d'heures pour emballer un mec toi ? railla sa jumelle.
— Ça suffit les filles ! Faisons confiance à la Reine et à Gaïa. Je pense que nous aurons l'occasion d'approfondir nos… relations avec le Sanctuaire d'Athéna.
Un sourire de connivence se dessina sur les visages des trois Atlantes.
Kayla sortit de la salle de bain avec une serviette et s'essuyait le visage. Kamryl l'attendait tranquillement assise sur l'un des fauteuils.
— Ce luxe est incroyable, fit-elle à l'adresse de l'Oracle. Il n'y a que du marbre de partout.
— Kayla, qu'est-ce qui t'arrive ? lui demanda la vieille femme de but en blanc.
— Quoi ?
— Ne joue pas à ça avec moi, je te connais trop bien. Je ne t'ai jamais vu aussi taciturne. Que se passe-t-il ?
— J'ai un gros souci, finit par avouer la jeune femme.
— Tu crois qu'être amoureuse est un problème ?
— Hein ! Mais comment…
— Je te l'ai dit, je te connais. Mirtha m'a parlé de l'incident à la clinique.
— Je ne sais pas comment réagir face à ce que je ressens. Ça ne m'est encore jamais arrivé. Les hommes je m'en sers pour mon plaisir ou pour avoir des enfants. Mais comment doit-on se comporter quand on est amoureuse ?
— Ça à l'air effectivement de te déstabiliser totalement, lui sourit l'Oracle, d'un air espiègle. Tu dois avoir confiance en toi et en ton instinct. Laisse ton cœur te guider.
— Si j'avais écouté mon instinct, j'aurai sauté sur Kanon pour le violer ! rétorqua Kayla avec un petit rire désabusé.
— Et que te dit ton cœur ?
— Pas grand-chose… C'est lui qui est directement concerné et il est complètement perdu.
— Et ta raison ?
— Elle me dit de prendre mon temps que ce qui doit être sera. Mais encore faudrait-il que je sache si je lui plais ?
— Une Amazone qui se demande si elle plaît à un homme. Celle-là j'l'avais encore jamais entendu ! Depuis quand un homme peut-il te résister quand tu as décidé de l'avoir ?
— Mais ce n'est pas la même chose. Je ne veux pas utiliser le Parfum d'Aphrodite pour le séduire. J'aimerais qu'il m'apprécie pour moi-même.
— La déesse de l'Amour nous a fait don de cet avantage pour qu'on s'en serve.
— Je sais, mais j'aimerais faire sans cet artifice.
— Donne-toi le temps puisque tu sembles penser que tu marches sur des œufs. Mets cette journée à profit pour sonder ce terrain. Il n'est pas le seul homme ici.
— Mouais, t'as sûrement raison. Je vais y aller en douceur. Et s'il est gay ?
— Ça non plus, ça n'arrête pas une Amazone…
Le moment d'entrer dans la salle à manger, où elles étaient attendues, arriva. La Reine s'immobilisa un quelques secondes devant la porte à double battant et se retourna vers les trois Atlantes.
— C'est l'instant de vérité, leur dit-elle avec un sourire chaleureux. Vous n'êtes pas seules, nous sommes là.
Belta et ses filles se regardèrent, mal à l'aise, un peu tendues. Elles prirent une grande respiration et Thémis ouvrit la porte. La tête haute, dans une attitude fière, elles entrèrent dans la pièce. Tous les yeux se tournèrent et les conversations s'arrêtèrent. Shion et Mû ne purent retenir une exclamation de surprise à la vue de Belta, Mursia et Orlyna dont les origines étaient restées cachées par le casque de leur armure. Soucieuse de mettre rapidement un terme à ce silence pesant, Lysia intervint.
— Déesse Athéna, je crois que Gaïa et vous avez des choses en commun dans vos Sanctuaires.
— C'est le moins que l'on puisse dire, Majesté.
— S'il vous plaît, appelez-moi Lysia.
— Nous pourrions peut-être faire plus ample connaissance tout en passant à table, les invita Athéna d'un geste.
Lysia prit place à un bout de la table avec Kamryl, Naralys et Kayla à sa droite et Belta et ses filles à sa gauche. Athéna s'installa à l'autre bout, encadrée du Grand Pope et des chevaliers.
— Je vais laisser à Belta le soin de vous raconter l'histoire des Atlantes dont elle et ses filles descendent ainsi que votre Grand Pope, votre Chevalier du Bélier et son apprenti.
Les serviteurs entreprirent de remplir les plats des convives tandis que Belta commençait son histoire.
— Cela remonte bien loin, bien avant l'avènement des douze dieux de l'Olympe. Il y a presque toujours eu des Atlantes parmi les Amazones. Uniquement des femmes bien sûr. On ignorait pourquoi jusqu'à récemment, mais elles ne mettaient au monde que des enfants Atlantes même en s'accouplant avec des humains. Les progrès de la génétique nous ont appris que les gènes Atlantes sont dominants et lors de la conception, les gènes humains deviennent récessifs.
— Vous ne mettiez au monde que des filles ? demanda Mû
— Non… Pendant longtemps, les Amazones mettaient à mort les enfants mâles. Puis le temps passant, elles se sont… civilisées, elles sont devenues moins cruelles, plus humaines je dirais. Elles donnaient les garçons à des familles pour qu'elles les élèvent. Plus tard, elles les ont confiés à des orphelinats, mais sans que l'on comprenne pourquoi, les garçons Atlantes finissaient par disparaître au cours de leurs deux premières années de vie. Ce n'est qu'au cours des quatre cents dernières années qu'elles n'ont fini par ne mettre au monde que des filles. Un jour, Gaïa a expliqué à l'un de nos Oracles qu'elle avait donné aux Amazones le pouvoir de n'avoir que des filles pour ne plus avoir à… à abandonner les garçons. C'est un des nombreux dons de notre Déesse. Elle lui a également révélé que nous n'étions pas les dernières de notre peuple, mais sans dire où trouver les autres, et surtout qui étaient les Atlantes. Depuis ces temps reculés, il n'y a jamais eu plus de six femmes Atlantes vivant chez les Amazones. Nous avons cherché à travers le monde entier si d'autres vivaient peut-être en reclus, à l'abri des persécutions que ne manqueraient pas d'engendrer leurs différences. Nous avons trouvé des traces de leur existence, probablement sont-ils vos ancêtres à vous deux, mais nous n'avons pas découvert d'Atlantes. Jusqu'à aujourd'hui… Nous avons supposé qu'ils devaient se déplacer en permanence pour ne pas être inquiétés.
— Est-ce que par hasard, votre Déesse aurait donné une explication à la disparition de l'Atlantide ? questionna Shion, fasciné par ce qu'il apprenait.
— J'ai peur que les faits n'aient été déformés avec le temps. Pendant longtemps, la légende de l'Atlantide a fait partie de la tradition orale. Et chaque conteur narrait cette histoire à sa façon. Mais en gros, pour résumer, l'Atlantide se trouvait quelque part en Méditerranée. Les Atlantes étaient un peuple de scientifiques et de pacifistes. Alors que les hommes bâtissaient leurs premières cités, nous avions déjà fait le tour du monde et répertorié les continents. Grâce à certains cristaux qui n'existaient que chez nous, nous avions une énergie comparable à l'électricité sans les inconvénients de pollution des centrales actuelles. Nous étions vraiment très avancés et nous aurions pu gouverner le monde. Mais ce n'était pas dans notre nature de conquérir, notre île nous suffisait. Nous vivions en autarcie. Mais nous suivions de loin l'évolution de la civilisation des hommes. Un jour, un violent cataclysme engloutit notre île et les rares survivants se sont retrouvés sur le territoire des hommes. Il est probable que ce sont les Amazones qui nous trouvèrent. Elles prirent soin des femmes et tuèrent les mâles. Depuis, nous sommes des Atlantes Amazones. Par contre, nous ne savons pas réparer les armures comme vous. Les nôtres se régénèrent toutes seules. Je pense que vous êtes les descendants d'Atlantes qui ont survécu au Grand Cataclysme et qui ont trouvé refuge ailleurs que chez les Amazones, conclut Belta en fixant Shion et Mû.
— Et vous, que savez-vous de notre peuple ? demanda Mursia.
— Nous n'en savions pas autant que vous, fit Shion avec un sourire. J'en ai plus appris sur mes origines avec vous en une heure qu'en deux cent soixante-quatre ans d'existence.
— Deux cent soixante… mais comment ? sursauta Belta.
— C'est une longue histoire, déclara Athéna avec un sourire à Shion et Mû.
— Hé ! Chacun son tour ! s'exclama Naralys. À vous d'en raconter une.
Cette intervention eut pour effet de détendre l'atmosphère qui se fit beaucoup plus conviviale. Shion raconta sa destinée sans oublier d'y inclure Dohko. Le repas se termina et tous passèrent au salon pour entendre la suite de toutes ses histoires. Comme il y avait plus de personnes que de fauteuils, certains durent s'asseoir par terre. Tout naturellement, Mikael se cala entre les longues jambes de Saga, le dos appuyé contre le torse de son compagnon. Et ça n'échappa à aucune Amazone. Kayla fit de même avec Mursia et ça non plus, ça n'échappa à personne.
— Et si vous racontiez l'histoire votre Sanctuaire dont nous n'avions jamais entendu parler jusqu'à hier soir ? proposa Angelo.
— Kayla raconte s'il te plaît, ta version me fait toujours rire, lui intima sa sœur.
— Bon. Les Dieux de l'Olympe régnaient depuis peu et ils passaient leur temps à user de leurs pouvoirs sur les pauvres mortels que nous sommes. Ils s'amusaient comme des gosses, sans vouloir t'offenser Athéna.
— Oh tu ne m'offenses pas, c'est la vérité, fit la Déesse en riant de bon cœur
— Je crois que t'étais pas encore née. Mais ton demi-frère, ce cher Arès, lui, oui. Il nous remarqua, les Amazones de l'époque, je veux dire, et notre fougue au combat, notre cruauté, notre barbarie lui plut. Il décida de devenir notre protecteur et décréta que nous devions lui porter un culte et c'est à cette occasion qu'il nous offrit la fameuse Ceinture des Amazones. Comme à l'époque y s'tapait la Nymphe Harmonie, la mythologie, qui n'est pas une science exacte comme chacun le sait, fit de nous les filles d'Arès et de la Nymphe. Ceci explique votre réaction ce matin quand on vous a dit qui nous étions.
— Tu parles de la Ceinture des Amazones, l'interrompit Camus. C'est un objet réel ou un mythe ?
Kayla se leva d'un mouvement souple et félin. Elle souleva sa chemise et là, juste au-dessus de la ceinture de son jeans taille basse, un ruban en or souple finement ciselé entourait son ventre plat.
— C'est assez réel pour vous ça ? Mais si vous avez encore un doute…
Elle retira la Ceinture et la jeta en l'air, sous les regards étonnés. La Ceinture resta un instant en suspens dans l'espace avant de s'auréoler d'une lueur dorée. Puis elle redescendit vers la jeune femme et s'enroula autour de sa taille.
— Faut le voir pour le croire, déclara Saga, résumant bien ce que pensaient ses compagnons.
— C'est un objet d'une grande puissance, remarqua Athéna. Mon frère a dû le charger de pouvoirs.
— Si cette Ceinture a des pouvoirs, je ne les ai pas découverts, fit Kayla en se rasseyant.
— Et tu ne l'enlèves jamais ? demanda Kanon dont les yeux glissaient sur la peau bronzée du ventre plat où il devinait les abdominaux.
— Si quand même. Pour dormir, me laver… euh… dans des moments… plus intimes… On dirait qu'elle sait qu'elle peut être gênante dans ces instants-là.
Le franc parlé de la jeune femme fit sourire son auditoire. Elle avait remarqué l'éclat de rire de Kanon à l'évocation des frasques du Dieu de la Guerre et son cœur fit un bond dans sa poitrine. Peut-être pourrait-elle le séduire avec son humour. En attendant, la vue de cet objet entraîna d'autres questions.
— Comment es-tu devenu le propriétaire de cette Ceinture ? s'enquit Dohko.
— Elle ne m'appartient pas ! C'est elle qui a choisi son porteur. Cela fait de moi le Commandant Suprême de l'armée des Amazones et le Chef de la Garde Royale.
— Continue ton histoire, l'encouragea la Déesse.
— Léto venait de pondre les jumeaux terribles Apollon et Artémis, poursuivit-elle. Un jour que son rejeton se baladait sur terre à la recherche d'un pauvre mortel à tourmenter, il croisa l'une des nôtres. Il en tomba raide dingue amoureux et voulu la sauter. Mais les Amazones ne sont soumises à personne et encore moins à un Dieu qui n'est pas le leur. Apollon harcela la jeune femme qui l'envoya s'faire voir. Elle se défendit tant et si bien que de fou amoureux, Apollon devint fou de rage et de frustration. Et c'est là qu'nos problèmes commencèrent…
Il décida d'enfermer les Amazones dans un Sanctuaire d'où elles n'auraient le droit de sortir qu'une fois par an pour se… reproduire. Ben oui, fallait bien perpétuer l'espèce pour que l'autre abruti continu à s'amuser de notre triste sort. Heureusement que Gaïa a changé ça d'ailleurs. Apollon pensa même à nous fournir un ennemi à combattre, les Abarites, pour que nous ne perdions pas ce côté farouche et barbare qui nous caractérise. On a longtemps été un sujet de violentes disputes entre Arès et Apollon, et comme tous les gamins, ils finirent par oublier leur jouet dans un coin, nous en l'occurrence.
Mais tout ne se passa pas vraiment comme il l'avait prévu. Les Amazones de l'époque perdirent ce goût du combat. Elles ne sortaient même plus du Sanctuaire à la recherche de géniteurs pour leurs enfants. On a bien failli disparaître définitivement. C'est là que Gaïa est intervenue. Elle nous subtilisa avec notre Sanctuaire au pouvoir d'Apollon. Malheureusement, elle ne pouvait pas complètement annuler ce que cet idiot nous avez fait. En d'autres termes, les Abarites nous emmerdent toujours. Mais Gaïa nous donna quelque chose, dont je ne peux pas parler pour l'instant, pour nous redonner goût à la vie. Elle fit de nous ses Guerrières Sacrées, nous fit don de nos armures et de nos techniques de combat. C'est un peu après que tu es née Athéna.
Avec le temps, nous nous sommes civilisées. Nous sommes devenues moins cruelles, plus humaines. Nous avons exploité notre Sanctuaire et nous vivons en quasi autarcie. Nous avons également fondé un empire financier qui nous permet de nous procurer ce que nous ne pouvons pas produire. En particulier les technologies modernes. Depuis que Gaïa nous a pour ainsi dire ramenés à la vie, nous avons renié Arès pour servir la Déesse.
— Vous avez trahi votre Dieu ? s'exclama Milo, les yeux arrondis par la surprise.
— Nous ne l'avons pas trahi, c'est lui qui nous a trahis ! Il n'a pas levé le petit doigt pour nous défendre contre Apollon. Il devait être trop occupé à sauter sa Nymphe ou je ne sais qui d'autre pour nous aider. Alors nous l'avons renié et nous avons prêté serment d'allégeance à Gaïa. Et depuis ce temps notre Sanctuaire a disparu aux yeux des Dieux. Jusqu'à aujourd'hui…
Il leur fallut quelques secondes pour réaliser que Kayla avait terminé son récit. Tous la regardaient avec un sourire flottant sur leurs lèvres.
— Waouw ! Sacrée histoire ! commenta Angelo.
— Et vous n'avez jamais pris part à aucune Guerre Sainte par le passé ? interrogea Mikael qui s'amusait avec les doigts de Saga.
— Non, jamais. Mais c'est une question à laquelle Kamryl pourrait répondre si elle le veut bien.
— J'aimerais d'abord en discuter avec Athéna. Ensuite nous vous tiendrons informés.
— Et toi Kanon, l'interpella Kayla, c'est quoi ton histoire ? Comment le Dragon des Mers, Généralissime de Poséidon se retrouve au Sanctuaire d'Athéna alors que tous les deux sont ennemis de longue date ?
L'intéressé regarda l'Amazone et pendant un instant il se perdit dans la contemplation de ces deux prunelles émeraude qui scintillaient comme des étoiles.
— Avant que Kanon ne commence, intervint Athéna, rappelez-vous que j'ai conclu une paix durable avec Poséidon et Hadès.
— J'avoue ne pas trop savoir par où commencer. De plus c'est une histoire qui va faire remonter beaucoup de souvenirs très douloureux pour ceux qui ont vécu ces évènements. Saga, je compte sur toi pour m'épauler, dit-il à son frère en lui tendant la main dans laquelle celui-ci frappa.
— Pas d'problème frangin, et de toute façon, le fait qu'on sache c'que tu vas dire, les souvenirs sont déjà là !
— Ça a commencé alors que nous n'avions que treize ou quatorze ans…
Kanon fit le récit de leur vie à Saga et lui. Par moment, il s'interrompait, le regard douloureux à l'évocation de certains moments plus déchirants que d'autres. À plusieurs reprises, ses yeux brillèrent de larmes contenues et Kayla devait se faire violence pour ne pas aller vers lui et le prendre dans ses bras pour le consoler. Lorsqu'il raconta l'épreuve que lui avait fait subir Milo sous les yeux d'Athéna, le Scorpion s'accroupit derrière le Gémeau, entoura ses épaules de ses bras et lui colla un énorme baiser sur la joue. Les Amazones furent très émues par cette marque d'affection démontrant à quel point les Chevaliers d'Athéna étaient soudés par un amour fraternel fort.
— C'est une magnifique histoire, déclara Belta avec un sourire tendre et chaleureux pour le Marinas. Vous avez vraiment beaucoup souffert, tous, vous méritez bien de vivre paisiblement maintenant.
— C'est bien ce qu'on a l'intention de faire, rétorque Camus avec un signe de tête reconnaissant pour l'Atlante.
— Athéna, l'interpella Lysia, j'aimerais vous parler de choses plus sérieuses à toi et Shion avec Kamryl et Belta.
— Très bien. Messieurs, je vous confie ces quatre jeunes femmes. Peut-être qu'une visite du Sanctuaire les intéresserait. Et dites aux Chevaliers de Bronze et d'Argent de vous remplacer dans les premières Maisons.
— Oui Déesse, dirent-ils d'une seule voix.
À peine Athéna eut-elle quitté la pièce avec Lysia, Kamryl, Belta et Shion que Mikael bondit sur Saga. Assis à califourchon sur le Gémeaux, il l'embrassait à pleine bouche d'une façon qui n'avait rien, mais alors rien de chaste.
— Hé ! Jetez-leur un seau d'eau froide ! railla Naralys, provoquant l'hilarité générale.
— Si c'est si urgent, z'avez qu'a vous perdre dans le Temple des Poissons, c'est le plus proche. Promis, on vous cherchera pas ! renchérit Kayla.
Saga se dégagea des griffes de Mikael et les regarda d'un air ironique.
— Ça y est ? Vous avez fini ?
— Y sont trop choux ! insista Naralys, faisant fi du regard faussement en colère du Gémeaux.
— Viens, mon cœur ! Ils sont jaloux ! fit Mikael en l'aidant à se mettre debout en leur grimaçant un sourire provocant et ils sortirent en courant de la pièce.
— Faites pas trop d'bruit, on va passer ! Ça pourrait être gênant ! insista Orlyna.
— Allez, foutez-leur la paix ! intervint Camus avec un sourire goguenard.
— Orlyna a raison. On devrait traverser rapidement la Maison des Poissons, approuva Mû.
— Tu crains pour tes chastes oreilles ? le chambra Angelo.
— Non, c'est juste une question de respect de la vie privée, répliqua le Bélier. Et mes oreilles ne sont plus chastes depuis longtemps !
— Oh ! Mû ! Mais c'est qui se dévergonde notre Bélier ! le taquina Milo en lui pinçant gentiment la joue, récoltant un regard lourd de sous-entendus.
— OK ! Alors on y va avant qu'ils n'en soient déjà au moment critique ! fit Kanon en poussant tout le monde dehors.
Ils étaient installés dans le bureau de Shion qui avait demandé qu'on leur porte du thé et du café. Thémis entra avec une desserte qu'elle laissa à proximité. Sur un imperceptible mouvement de la tête de sa souveraine, elle resta en retrait.
— Merci, Thémis, tu peux nous laisser, la congédia Shion.
— Grand Pope, Thémis fait partie des révélations que j'ai à vous faire.
— Pardon ? sursauta Shion.
— Si tu permets, j'y reviendrai dans un instant.
Et elle entreprit de relater les faits auxquels les Amazones furent mêlées depuis le jour où elles sauvèrent Aïoros. Shion et Athéna les regardaient, complètement assommés par ce qu'ils venaient d'apprendre. Le Grand Pope se leva et marcha de long en large. Il était vexé d'avoir été si facilement trompé par Thémis. Sa fierté en avait pris un coup. De plus, il apprenait que le village de Rodorio était truffé d'espionnes et qu'il n'avait rien vu. Il se sentait honteux d'avoir failli à son devoir de protection de sa Déesse. Il était en colère contre lui-même.
— Shion, je t'en prie, arrête de tourner en rond, lui intima Athéna d'une voix apaisante.
— Grand Pope au risque d'enfoncer encore le clou, permettez-moi de vous dire que vous avez eu affaire à plus fort que vous. Nous avons des taupes de partout dans le monde depuis plus de deux cents ans, jamais elles n'ont été démasquées. Nous avons une grande expérience de l'espionnage. Nous menons une vie beaucoup plus en contact avec le monde extérieur que vous.
— Majesté, je comprends bien, mais accordez-moi quand même d'être profondément mécontent. Je me sens humilié. Si vous aviez été des ennemis, c'était pareil !
— Shion, moi non plus je n'ai rien vu. Et je suis une déesse. Et rassure-toi, si leurs intentions s'étaient révélées mauvaises, nous l'aurions su.
— Et vous n'êtes pas au bout de vos surprises, poursuivit Belta. Je vais maintenant vous parler de nos armures et de nos techniques de combat. Gaïa nous a fourni nos armures d'Or avant même qu'Athéna ne naisse et elle nous a appris nos attaques et nos défenses. Nous ignorons comment cela s'est produit, l'histoire orale n'en parle pas. Ou du moins cette information n'est pas parvenue jusqu'à nous. Toutes les Amazones ont une armure. Elles sont les équivalents de celles de tes Chevaliers de Bronze, d'Argent et d'Or. Mais contrairement à vous où les Chevaliers ne changent pas de métal, les Amazones évoluent. Kayla par exemple a commencé en portant une armure de Bronze, puis d'Argent et d'Or. Il n'y a que treize armures d'Or qui sont portées par les Gardes Royales.
— Concernant nos attaques et nos défenses, ce sont exactement les mêmes que celles de tes Chevaliers d'Or, asséna la Reine.
— Quoi ! crièrent Shion et Athéna d'une même voix.
— C'est impossible ! poursuivit le Grand Pope, les techniques ont été données à la toute première génération de Chevaliers d'Athéna. C'est elle qui les leur a apprises.
— Et qui les a enseignées à Athéna à ton avis ? intervint Kamryl d'un ton calme.
— Veux-tu que je t'énumère le nom des toutes vos attaques et défenses pour te prouver que je dis la vérité Grand Pope ? insista Belta.
— Cite-m'en quelques-unes ! la défia Shion espérant la prendre en défaut.
— Tu es l'ancien Chevalier d'Or du Bélier. Tu attaques avec la "Stardust Revolution" et tu te défends avec le "Cristal Wall". Je suis du signe de la Balance. Mes deux attaques sont "Sho Ryu Ha" et "Hyaku Ryu Ha". Je sais que tu les connais très bien. Le nom Rozan n'a été rajouté que plus tard parce que le porteur de l'armure s'entrainait au Cinq Pics. Est-ce que je dois continuer ?
Shion était tombé sur le canapé, anéanti. Il n'arrivait pas à y croire. Les techniques de combat des Chevaliers d'Athéna étaient des secrets jalousement gardés et ne se transmettaient que de maître à élève.
— Vos espionnes ont vraiment bien fait leur travail, murmura-t-il avec dédain.
— Je vois que tu ne me crois toujours pas. Il va donc falloir que je te fasse une démonstration pour te prouver que je maîtrise ces techniques.
— Comment ?
— C'est le seul moyen que j'ai de te prouver que je dis la vérité. Allons dans l'une des arènes d'entraînement.
— Shion, je veux en avoir le cœur net, fit Athéna, sortant enfin du mutisme dans lequel l'avait plongé la nouvelle. Elle abaissa la barrière d'énergie et tous les cinq se retrouvèrent dans l'arène des apprentis. Un rapide coup d'œil aux alentours leur apprit qu'ils étaient seuls.
— Je veux juste que tu te protèges avec le "Cristal Wall". Mon attaque ne sera pas assez puissante pour le détruire.
— Le détruire ? Essaie toujours !
— Les Cent Dragons peuvent le mettre en pièce et tu le sais !
Shion enflamma son cosmos et le porta à un niveau qui surprit Belta. Elle fit de même.
— Shô Ryu Ha !
— Cristal Wall !
L'attaque heurta la défense de plein fouet et Shion du déployer énormément d'énergie pour maintenir son mur en place. Immédiatement, l'Amazone atténua sa cosmoénergie et dissipa son attaque avant de la recevoir à cause l'effet boomerang du mur.
— Remontons, dit Athéna. Les autres ont dû sentir ce dégagement d'énergie. Nous devrons le leur expliquer plus tard.
De retour dans le bureau du Grand Pope, Belta tenta de capter son regard.
— Shion, regarde-moi !
Il leva enfin les yeux vers elle.
— Comment est-ce possible ?
— Athéna, ne te souviens-tu pas d'un moment où tu aurais ressenti…
— Attends, l'interrompit la Reine, Kamryl est en transe.
En effet l'Oracle était assise dans un fauteuil, le regard étrangement fixe et son corps qui tremblait légèrement. Après quelques secondes seulement, elle sortit de son état.
— Gaïa a l'air de suivre notre entretien avec un grand intérêt. Elle vient de me dire qu'elle t'a transmis ses connaissances au moment où tu es née, Athéna. Elle avait le pouvoir de lire l'avenir comme tu le sais, et elle a vu que tu allais avoir besoin de te défendre et de protéger la Terre. C'est le cadeau qu'elle t'a fait. Comme ton cosmos est uniquement défensif, tu n'as pas pu montrer à tes premiers Chevaliers ces techniques. Tu les leur as transmises par télépathie et ils se sont eux-mêmes entraînés. Avec le temps, c'est toi qui en as fait les pendants des signes du Zodiaque. Douze signes, douze armures dont les techniques de combat sont plus ou moins liées à leur signe. Ensuite, les Chevaliers les ont inculquées à leurs successeurs. Voilà comment tout a commencé.
— Et pour les techniques des Chevaliers de Bronze et d'Argent ? demanda Shion.
— Au début Athéna n'avait que des Chevaliers d'Or. Ils ont été les Maîtres de ces jeunes garçons qui se révélaient avoir un cosmos. En fonction des capacités de ces gamins, ils ont dû inventer les techniques que vous connaissez aujourd'hui. Et ensuite tu as demandé à Héphaïstos de leur forger des armures. Par contre les Amazones ne connaissent que les techniques des Chevaliers d'Or. Leur puissance est en fonction de leur statut. Mais pour le nom des attaques, je pense que ce sont les Chevaliers d'Athéna qui les ont ainsi nommées. Gaïa se les est appropriées pour nous les transmettre.
— Je m'en souviens maintenant, confirma la Déesse, je ne savais pas d'où je tenais ces connaissances, mais je savais ce que je devais en faire. Mais pourquoi Gaïa a-t-elle agi ainsi ?
— C'est une Déesse primordiale. Elle est apparue tout de suite après Chaos. Elle n'a pas de réalité physique. C'est une entité, un esprit à l'état de pure énergie. Pendant des milliers d'années, elle a donné sa puissance à la Terre et à tout ce que vit dessus. Elle a également provoqué des guerres entre les Dieux et s'est battue à leurs côtés en s'incarnant dans un humain comme toi en Saori. Aujourd'hui elle est presque complètement épuisée. Elle a donné ses dernières forces pour protéger tes Chevaliers devant le Mur des Lamentations et les maintenir en vie aux Enfers parce qu'elle n'a pas pu les y soustraire. Elle n'avait plus la capacité de les ramener elle-même ni de nous prévenir de leur existence, c'est pour cela qu'il a fallu attendre douze ans pour les ressusciter. Elle vous protégeait quand vous êtes revenus d'Élysion, elle a protégé Seiya et Shion. Leur retour à tous les deux était une priorité. Seiya, pour reformer le groupe des cinq Chevaliers Divins, Shion pour reprendre la gestion et l'organisation de ton Sanctuaire. Il lui a fallu faire un gros effort et dépenser beaucoup d'énergie pour tout cela et pour entrer en contact avec Kamryl. Maintenant elle va se fondre dans sa création, la Terre et elle va disparaître.
— De quoi parles-tu quand tu dis qu'elle nous a protégés aux Enfers ? demanda Shion qui avait brusquement recollé à la conversation.
— Nous avons sauvé Aïoros en le substituant à ses assassins alors qu'il était mourant et nous l'avons gardé pendant vingt-cinq longues années dans un sommeil artificiel, stoppant même son vieillissement lorsqu'il eut atteint l'âge qu'il aurait dû avoir en 1986. Cette année-là, elle nous a également amené Seiya, l'arrachant à tes bras pendant qu'elle vous ramenait à la surface. En 1995, elle nous a demandé d'aller chercher Shion qu'elle protégeait aux Enfers. Ce sont les quatre Guerrières qui nous accompagnent qui y sont allées. Deux jours après cela, nous vous avons ramené le Chevalier Pégase et le Grand Pope, toujours en suivant les instructions de Gaïa.
— Vos filles sont descendues vivantes dans le Royaume des Morts pour venir me chercher ?
— Oui Shion, c'est exactement ce qu'elles ont fait. Et avant que tu ne poses la question, oui elles se sont éveillées au huitième sens. Tout comme moi.
— Vous maîtrisez le huitième sens ? répéta Athéna.
— Mais il faut être au moins aussi puissant qu'un Chevalier d'Or ou que ses gamins qu'étaient à l'époque les Chevaliers Divins, observa Shion redoutant de connaître la réponse à l'avance.
— C'est tout à fait exact, intervint Lysia qui était restée en retrait jusqu'à présent. Les treize Guerrières Sacrées de la Garde Royale sont aussi puissantes que vos Chevaliers d'Or. Je dirais même qu'elles sont leur exact reflet féminin. Mais elles ne sont pas les seules à porter des armures d'Or. Belta fut une des Gardes Royales de ma mère tout comme moi. Nous pouvons encore endosser nos armures d'Or bien que nous ne fassions plus partie de la Garde Royale.
— Mais nous n'avons que douze armures et Chevaliers d'Or, fit remarquer Athéna.
— Non, treize, Déesse. Gaïa protège la treizième armure. Elle n'a jamais pu te la donner. Elle nous l'a confié. Cette armure est à l'abri, chez nous. Nous savions qu'elle existait, mais nous ne l'avons découverte qu'il y a seulement quelques jours.
— Mais qu'elle est cette treizième armure ? demanda Shion qui n'arrivait même plus à penser correctement.
— La seconde armure des Gémeaux, celle que Kanon aurait dû porter. S'il avait eu cette armure, ou si tu avais pu la lui proposer comme celle de Saga, les évènements auraient peut-être été différents. Il ne se serait sans doute pas senti exclu et il n'aurait pas réagi comme il l'a fait avec les conséquences que l'on connaît.
— Mais depuis les débuts de la Chevalerie d'Athéna, les Gémeaux n'ont toujours eu qu'une seule armure, s'écria Shion.
— Gaïa connaît l'avenir. Elle savait que jusqu'à maintenant, cette armure n'aurait pas d'utilité, répondit la Reine.
— Mais, j'ai demandé moi-même à Héphaïstos de forger les armures de mes Chevaliers. Il aurait oublié de m'en donner une ?
— Non, intervint Kamryl. Il en avait fait une première qui ne lui convenait pas alors il l'a mise de côté. Il a ensuite forgé celle dont Saga est le porteur. La première armure est restée dans un coin, n'intéressant plus personne. Gaïa a obligé Héphaïstos à la reforger, lui faisant croire que l'idée venait de lui, parce qu'elle savait qu'elle aurait son utilité dans l'avenir et elle la lui a subtilisée. Le Dieu des Forges ne s'est même pas aperçu de la disparition de cette armure. Comme je l'ai dit, nous ignorions son existence jusqu'à il y a quelques jours.
— Je trouve que mon arrière-arrière-grand-mère a des attitudes bien étranges. Pourquoi ne nous a-t-elle pas rendu Seiya immédiatement, pourquoi a-t-il fallu attendre neuf ans pour que nous le retrouvions ?
— Elle voulait que tu te détaches de lui, poursuivit l'Oracle, ou plutôt que Saori se détache de lui sans nous donner plus de détails. À l'évidence, ça n'a pas fonctionné. Mais il ne faut pas oublier une chose d'une importance capitale. Manipuler l'avenir est très, très dangereux. Gaïa savait comment les choses allaient se passer et elle n'est intervenue que par petites touches pour ne pas bouleverser le cours des évènements. Qui sait ce qui aurait pu en découler ? L'Enfer ou le Paradis ?
Athéna détourna le regard alors que le visage de Saori rougissait au rappel de ses sentiments pour Seiya.
— Et pourquoi bloquer le vieillissement d'Aïoros ? s'obstina Shion
— Si nous l'avions laissé vieillir, aujourd'hui il aurait trente-neuf ans. Au moins, il a le même âge que ces compagnons. Si Aïoros était réapparu, les choses auraient très certainement été différentes, sa présence aurait changé le cours des évènements, mais peut-être devaient-ils être ce qu'ils ont été justement. Seule Gaïa connaît la vérité. Seiya aussi, nous l'avons laissé prendre de l'âge. Comment auraient réagi les Chevaliers Divins avec un gamin de treize ans dans les pattes ? Et lui, crois-tu qu'il aurait supporté d'être rejeté du groupe ? Gaïa a pensé à leur état d'esprit aussi, à leur moral. Ils doivent tous former un groupe uni, soudé, se sentir pleinement intégrés. Seiya et Aïoros doivent certainement penser qu'on leur a volé une partie de leur vie, ce qui n'est pas loin de la vérité. Mais Gaïa a agi de la sorte dans l'optique d'un plus vaste projet.
— Quel projet ? s'enquit Athéna qui commençait à voir poindre le spectre d'une nouvelle Guerre Sainte.
— Comme vous l'a dit tout à l'heure Kamryl, reprit la Reine, Gaïa ne sera bientôt plus. Elle finira par fusionner avec sa création. Nous autres Amazones n'auront plus personne pour nous protéger et tous les Dieux connaîtront notre existence. Gaïa aimerait que tu nous accordes ta protection, Athéna, et ton aide en cas de besoin. De notre côté, nous te prêterons serment d'allégeance sur notre sang.
La déesse s'attendait à tout sauf à ça. Shion secouait la tête, incrédule. Athéna bénéficierait de deux Sanctuaires, de deux Chevaleries, pour autant que les Guerrières Sacrées soient assimilables à des Chevaliers d'Or, et elle devrait convaincre ses deux divins oncles d'inclure les Amazones dans le pacte qu'ils avaient conclu. Et il faudrait qu'elle en parle aux autres Dieux.
— Je sais que nous te mettons dans l'embarras, Athéna reprit Belta. Faire accepter notre présence, alors que tous nous croient disparues depuis des temps mythologiques, être sous ta protection et venir renforcer ta Chevalerie, ne va pas plaire à tout le monde. À commencer par Apollon et Arès. Mais lorsque Gaïa ne nous protégera plus, nous serons à la merci des Dieux qui voudront s'approprier notre puissance de combat, voir même nous détruire. C'est à toi que notre Déesse a voulu révéler notre existence. Elle veut que tu continues à défendre la Paix, l'Amour, la Liberté et la Justice sur cette planète. En un sens, elle te confie sa propre vie puisqu'elle fera partie intégrante de la Terre. Elle compte sur toi pour la préserver.
Athéna était profondément émue par les paroles de Belta. Son ancêtre lui confiait sa vie. Quelle plus belle preuve de confiance et d'Amour pouvait-il exister ? Gaïa elle-même avait épuisé ses dernières forces pour donner à sa petite-fille la possibilité d'accomplir son dernier souhait. Elle ne pouvait pas refuser. Elle considérait que maintenant, c'était son devoir de protéger le Sanctuaire de Gaïa et les Amazones.
— J'accepte, déclara-t-elle.
— Merci Athéna, fit la Reine les larmes aux yeux. Kamryl et Belta poussèrent un soupir de soulagement.
Quant à Shion, son cerveau s'était remis à fonctionner à plein rendement et il approuva sa Déesse. Avec les Amazones sous sa coupe, elle avait la Chevalerie la plus puissante de tous les sanctuaires.
— Maintenant, il faut que je te parle de la Flamme Sacrée de la Vie, ajouta l'Oracle.
— Allons bon! V'là aut'chose! ne put s'empêcher de jurer le Grand Pope dans la tête d'Athéna qui eut toutes les peines du monde à contrôler le fou rire qu'elle sentait monter en elle…
À suivre…
