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Vous avez pu constater quelques désordres dans le fonctionnement du site, plus d'alertes, les chapitres apparaissent et disparaissent. Nous continuons à poster les chapitres comme d'habitude un de chaque fic par semaine. Nous ne savons pas vraiment ce qu'il se passe non plus. Bonne lecture !


_ 5 _

"Vous serez seule à partir de demain," me dit Mme Goff alors que je préparais tout pour l'habituel débriefing du matin.

"Quoi ?" demandai-je, horrifiée. "Vous partez si tôt ? Vous ne pouvez pas partir !"

Elle secoua la tête. "Je ne pars pas… en fait, on m'a persuadée de rester un peu plus longtemps. L'assistante de M. Dwyer est tombée malade et risque de ne pas revenir avant un certain temps, alors on m'a demandé de la remplacer temporairement. Je ne serai plus qu'à un coup de fil, Bella."

Je soupirai de soulagement. "Je pensais que vous vouliez dire que vous partiez, j'ai failli avoir un infarctus."

Mme Goff me congédia d'un geste de la main. "Bella, vous vous débrouillez très bien toute seule. Je passe plus de temps à lire qu'à vous montrer les ficelles du métier. Honnêtement, si cet autre poste ne s'était pas présenté, je pense que j'aurais vécu mes derniers jours."

Cela faisait presque trois semaines que j'étais sous l'aile de cette charmante dame et je pensais toujours que le fait d'être livrée à moi-même était une perspective assez terrifiante bien que je connaisse le travail.

Edward Cullen était toujours... eh bien, il était toujours Edward Cullen. Complètement perplexe, frustrant et hypnotisant à tous points de vue, il me faisait comprendre qu'il n'avait pas de temps à me consacrer. J'avais gardé la tête baissée, j'avais travaillé dur et efficacement et je ne lui avais donné aucune raison d'être autre chose que professionnelle.

Bien sûr c'était toujours un gros connard.

Alice, Jessica et le reste du bureau ne cachaient pas qu'ils n'avaient rien de bon à dire à mon sujet. Ils faisaient de leur mieux pour me rendre la vie difficile et aujourd'hui ne faisait pas exception à la règle. La réunion quotidienne était sur le point de se terminer lorsque Mme Goff décida de leur annoncer qu'elle avait changé de service pour travailler pour Phil. Jessica vit clairement là l'occasion parfaite de me rabaisser publiquement et de manière très évidente.

"Vous devez rester, Mme Goff," la supplia-t-elle. "Avec tout le respect que je dois à M. Dwyer et à ce qu'il a réussi à faire avec D.D.H., employer sa fille pour assumer un rôle aussi fondamental n'était pas sa décision la plus sage. N'êtes-vous pas d'accord, M. Cullen ?"

Les autres firent des bruits d'approbation et hochèrent la tête en signe d'assentiment, et Mme Goff eut l'air mortifié. Je secouai la tête, ma confiance envolée comme ça. Edward se tenait dos à moi et ne disait rien pour me soutenir, préférant fixer la fenêtre.

Merci pour ton aide, Mec.

"Je ne pense vraiment pas qu'il y ait eu besoin de..." Mme Goff commença à intervenir, mais elle fut interrompue.

"Mlle Swan, Mme Goff," dit Edward sans se retourner. "Voulez-vous nous laisser une minute ?"

Je sortis du bureau sans un mot et faillis passer devant mon bureau avec l'intention de quitter directement le bâtiment. Mme Goff le remarqua et m'ordonna de m'asseoir pendant qu'elle me préparait un café.

"Pouvez-vous croire qu'elle ait eu l'audace de dire une telle chose ?" Mme Goff secoua la tête. "Comment ose-t-elle dire cela après que vous ayez couvert son gros cul ?

L'histoire de cul dont parlait Mme Goff était une grosse erreur de la part de Jessica. Je suppose qu'en fait, pour n'importe quel patron normal, la faute ne serait pas si grave mais nous ne travaillions pas pour un patron normal... nous travaillions pour M. Edward Cullen et avec ce type même le fait d'oublier son stylo est une faute monumentale.

Il y avait un manuscrit particulier qu'il voulait lire et il avait dit à Jessica de le lui apporter avant la fin de la journée. Jessica étant Jessica s'était laissée distraire par autre chose et avait complètement oublié. Je l'avais trouvée en train de pleurer dans les toilettes quelques minutes avant l'heure limite.

Je lui avais demandé ce qui n'allait pas et, au milieu de sanglots dégoûtants, elle m'avait dit qu'elle avait oublié de prendre des notes sur le manuscrit et que si elle ne le donnait pas à Edward aujourd'hui, elle était foutue, mais que si elle le lui donnait sans ses notes, elle était foutue aussi.

Je n'avais aucune idée de la raison pour laquelle j'avais fait cela, étant donné qu'elle n'avait été qu'une garce avec moi mais j'avais pris le blâme pour elle. Je lui avais dit de rentrer chez elle et de le faire pour le lendemain matin et elle s'était précipitée hors des toilettes sans même dire merci.

Lorsque M. Cullen m'avait demandé où se trouvait le manuscrit alors que je m'apprêtais à partir, je lui laissais entendre que je l'avais égaré après que Jessica me l'ait remis. Je m'attendais à une attaque verbale, à un torrent d'insultes pour réaffirmer que je n'avais rien à faire ici mais à ma grande surprise, je n'eus rien eu. Il avait bien claqué la porte, faisant trembler la cloison mais je n'eus pas à m'en préoccuper.

Jessica avait déposé le manuscrit sur mon bureau tôt le lendemain matin, toujours sans un mot de remerciement et je dis à M. Cullen que je l'avais simplement mal classé. Après cela, elle avait continué à être aussi impolie qu'avant, et je regrettais vraiment de l'avoir couverte.

Mme Goff et moi avons essayé d'écouter discrètement ce qu'il se disait dans le bureau. Je voyais bien qu'il y avait des éclats de voix... une s'échauffait... celle d'Edward, mais nous n'arrivions pas à comprendre ce qu'il disait. Au bout de cinq minutes environ, tout le monde, à part Jessica, sortit, l'air particulièrement penaud.

"Mlle Swan," aboya Edward qui se tenait dans l'embrasure de la porte.

"Oui, M. Cullen ?" demandai-je nerveusement.

"Entrez et asseyez-vous, Mlle. Stanley a quelque chose à vous dire."

Jessica était rouge vif et à en juger par son expression furieuse, je doutais que ce qu'elle était forcée de dire était vraiment ce qu'elle voulait dire.

"Mlle Stanley ?" Edward la regarda avec impatience quand elle ne dit rien.

"Je suis désolée," marmonna-t-elle.

"Je n'ai pas entendu ce que vous venez de dire, pourriez-vous le répéter ?" demandai-je innocemment et je vis Edward sourire, bien qu'il le déguisa rapidement.

"J'ai dit que j'étais désolée," dit-elle, plus fort cette fois. "J'ai eu tort de dire ce que j'ai fait, surtout devant tout le monde. Cela ne se reproduira plus."

"D'accord," lui dis-je. "Oublions tout ça."

Je me levai pour partir mais Edward secoua la tête. "Mlle Stanley, vous pouvez partir maintenant mais dites à Mrs. Goff de retenir tous mes appels pendant quelques minutes."

"Oui, M. Cullen," dit Jessica comme une écolière grondée et elle se précipita hors de son bureau en faisant très attention de ne pas claquer la porte.

J'attendais qu'il dise quelque chose, mais pendant ce qui me sembla être des heures, il ne dit pas dit un mot. Chaque fois que je regardais dans sa direction, il se tenait dans la même position, les mains dans les poches, une jambe croisée sur l'autre, appuyé contre la fenêtre, les yeux fixés sur moi.

"Vous vouliez me parler de quelque chose ? " finis-je par demander, ne supportant plus le silence.

Je le regardai se redresser et traverser lentement le bureau pour s'asseoir à côté de moi à la table - toujours ses yeux sur moi, étudiant attentivement mon visage.

"Pourquoi avez-vous fait ça ?" demanda-t-il, sa voix était plus douce que je ne l'avais jamais entendue.

"Faire quoi ?" Je n'avais aucune idée de ce à quoi il faisait référence. "Je ne suis pas sûre de comprendre."

Il rit une fois et se pencha en avant en posant ses bras sur la table. "Je ne suis pas aveugle à ce qu'il se passe ici, Mlle Swan. C'est mon travail de savoir tout ce qu'il se passe et je sais que vous n'avez pas accidentellement ou temporairement égaré ce manuscrit, je sais que vous avez couvert Jessica et je veux savoir pourquoi."

"Oh, pourquoi ai-je fait ça ?" Je baissai les yeux, mes ongles grattant le tissu de ma jupe, et je vis que nos jambes se touchaient presque. "J'ai peut-être pensé que faire quelque chose de gentil pour quelqu'un pourrait amener les gens à voir qu'il y a plus en moi que l'enfant gâtée de Phillip Dwyer. Vos attentes à mon égard sont déjà bien basses, alors si je me trompais encore une fois, j'ai pensé que cela ne vous surprendrait pas. J'ai également pensé que si, après l'avoir fait, je trouvais une personne dans ce bureau qui puisse réellement me tolérer, peut-être, juste peut-être, les dix heures que je passe ici chaque jour pourraient être un peu plus supportables. Bien sûr, cela n'a pas changé grand-chose car elle n'a pas pris la peine de me remercier et je suis toujours méprisé par à peu près tout le monde." Je n'osais pas lever les yeux car je sentais qu'il me fixait toujours.

"Ne recommencez pas," dit-il. "Si des gens font des conneries, je veux le savoir."

"D'accord." Ma voix était rauque et je me sentais ridicule de lui laisser voir que je me sentais mal à l'aise au bureau.

"Et si quelqu'un dans ce bureau... ou dans n'importe quel bureau d'ailleurs n'est pas respectueux envers vous, je veux le savoir… tout de suite."

Je relevai la tête, le regardant droit dans les yeux. "Vous vous moquez de moi ?"

"Quoi ?"

"Vous êtes vraiment un hypocrite ! " sifflai-je, il avait toujours l'air perplexe.

"Je ne vous suis pas ?"

"Vous êtes en train de me dire que c'est parfaitement normal que vous me jugiez et que vous me manquiez de respect mais pas les autres ? " Je gonflai mes joues. "Je peux mener mes propres combats, monsieur Cullen. Je n'ai pas besoin d'un preux chevalier pour venir me sauver et surtout pas d'un chevalier qui préférerait que je n'existe pas."

"Bella, je ne voulais pas vous offenser. Je voulais juste..."

"Gardez ça pour quelqu'un qui en a quelque chose à foutre. " Je me levai, résistant à l'envie de le frapper. "A moins qu'il n'y ait autre chose ?"

Il secoua la tête une fois. "Non."

"Alors j'ai du travail."


"Hé, Bella !" Emily fit un large sourire en s'approchant de mon bureau.

Je m'attendais à ce qu'elle arrive, elle avait une réunion avec Edward, une réunion qu'il m'avait fait avancer et reculer plus de fois que je ne pourrais le compter.

"Comment ça se passe sans Mme Goff ?"

"Ça va." Je haussai les épaules. "Je suis toujours occupée, donc les journées passent vite mais c'est un peu trop calme. Je pense que je vais bientôt commencer à parler toute seule."

Sur le plan professionnel, je m'acquittais parfaitement de mon rôle. Je veillais à ce que tout soit fait à temps et comme il l'entendait. Je continuais à être traitée comme une paria par tout le monde à cet étage, y compris Edward. La conversation la plus proche que nous ayons eue avait été quelques aboiements de sa part au téléphone.

"C'est dommage," dit Emily avec un sourire compatissant. "Si tu veux, on peut aller déjeuner ensemble ? Je prends le mien vers midi, si ça te convient ?"

"Oui, c'est bien. Merci, Emily." Je souris puis je grognai immédiatement quand Edward ouvrit la porte de son bureau avec un air renfrogné.

"Notre réunion a commencé il y a trois minutes, Mlle Young," dit-il en attendant impatiemment qu'Emily le suive. "Ou bien votre conversation avec Mlle Swan est plus importante ?"

"Désolé, M. Cullen, j'étais en train d'organiser un déjeuner avec Bella." Emily n'était pas aussi intimidée par lui que d'autres. Tant qu'elle savait quel café il buvait, elle savait exactement comment se comporter avec lui - je détestais ça. "Allez, on s'y met."

Je m'esclaffai en voyant qu'il lui jetait un regard étrange et qu'il refermait la porte. Le téléphone sonna presque immédiatement. "Allô, le bureau de M. Cullen ?"

"C'est Bree, passez-moi le."

Je tirai la langue au téléphone. "Je suis vraiment désolée, Mlle Tanner mais M. Cullen est en réunion en ce moment. Puis-je lui demander de vous appeler dès qu'il sera disponible ?"

"Non, ce n'est pas la peine, j'ai son numéro de portable. Je ne sais pas pourquoi il insiste pour que je passe par son assistante…" marmonna-t-elle et je souris pour moi-même.

Je le savais !

"Bien, je lui dirai que vous avez appelé, " je gardai ma voix douce et polie mais la ligne s'était éteinte.

J'avais peut-être, ou peut-être pas, oublié de transmettre le message concernant l'appel de Bree... Que puis-je dire, cela m'était sorti de l'esprit.

J'étais en retard de quelques minutes pour le déjeuner et lorsque j'arrivai à la cafétéria, Emily était assise seule, la table devant elle étant couverte de brochures de voyage.

"Tu prépares un voyage ?" demandai-je en essayant de faire de la place pour mon déjeuner.

"Plusieurs en fait." Elle me fit un clin d'œil. "Je pars en Europe avec mon sac à dos."

"C'est vrai ? Waouh, Emily, c'est incroyable," dis-je sincèrement intéressée. "Où et avec qui ?"

"Seule et je n'ai pas encore décidé où." Elle montra la masse de brochures et soupira. "Comment pourrais-je me décider ? Il y a tellement de choses que je veux voir. Où irais-tu ?"

Avec un sourire, je répondis : "Pour commencer, il faudrait que j'aille à Stratford, en Angleterre, pour voir où Shakespeare a vécu et ce qui l'a inspiré pour créer des histoires classiques qui semblent toujours d'actualité après tant d'années. Après cela, je ne sais pas... Je suppose que je choisirai des endroits où il y a quelque chose qui m'intéresse."

"Comme ?" insista Emily.

"Comme... l'Italie - j'aimerais voir le Vatican et le Colisée, les ruines de Pompéi. Il y a tellement d'Histoire là-bas, tellement de choses à voir et à faire."

"Je ne t'ai jamais prise pour une fille qui admire les lieux historiques et lit Shakespeare," elle me regarda avec un sourire et je roulai des yeux.

"Ce n'est pas parce que j'ai grandi avec de l'argent et que j'aime les belles choses que je suis une poupée Barbie." Etrangement, le point de vue des gens sur moi n'avait jamais eu d'importance. Je ne m'étais jamais souciée de savoir s'ils pensaient que j'étais une enfant gâtée qui ne savait ni lire ni écrire... mais maintenant, ce n'était plus du tout le cas. Pour la première fois, je voulais me débarrasser du stigmate de l'enfant de Phil Dwyer, je voulais laisser ma propre marque. "Ce n'est pas parce que j'aime boire du champagne et m'acheter de beaux vêtements que je suis la personne que tout le monde pense que je suis."

"Je vois," dit-elle gentiment. "Je pense que tu es cool, Bella. Je me fiche de savoir si tu portes des Jimmy Choo's ou une paire trouvée dans les bacs à soldes de Walmart mais j'adore certaines des chaussures que tu as portées !"

"C'est mon point faible," admis-je. "Je pense que je pourrais financer ton voyage autour du monde à moi toute seule si j'en vendais la moitié. Tu peux venir les porter quand tu veux, je suis peut-être une vraie droguée de la chaussure mais je partage !"

Elle éclata de rire et notre conversation revint sur son voyage. Alors qu'Emily et moi parlions de tous les endroits qu'elle pourrait visiter, je découvrais une autre facette de ma personnalité. J'adorais Amber et Carmen, et je ferais absolument n'importe quoi pour elles, mais si je commençais à parler de Shakespeare, Austen, Bronte, ou de quoi que ce soit qui n'ait rien à voir avec le shopping ou le sexe, elles me disaient de me taire. Le plus proche de la littérature serait d'évoquer les contes de Hans Christian Andersen, et même là, elles n'auraient aucune idée de qui il était ou d'où il venait. C'est un autre endroit que j'aimerais voir... il doit y avoir quelque chose de spécial pour inspirer toutes ces histoires magiques...

"Bella ?" Emily agita sa main devant mon visage et sourit. "Où étais-tu partie ?"

"Danemark," dis-je en souriant, puis je regardai ma montre. "Il faut que j'y aille. Je ne suis déjà pas la personne préférée de M. Cullen, alors je ne peux qu'imaginer sa réaction si je suis en retard."

"Il doit avoir une bonne opinion de toi," dit Emily à voix basse, en m'accompagnant vers les ascenseurs. "Tout le monde parle de la façon dont il a engueulé Jessica pour t'avoir dénigré lors de la réunion. Apparemment, il s'en est pris à elle devant tout le service."

"Qu'a-t-il dit ?" demandai-je.

"Jake et Seth sont de grands amis de Colin et il a dit que M. Cullen lui avait dit qu'elle devrait avoir honte de faire des suppositions sur une personne alors qu'elle n'avait même pas pris le temps de la connaître."

"C'est un putain d'hypocrite," grognai-je. "Il m'exaspère. Je jure devant Dieu que je pourrais lui faire du mal parfois."

Emily rit. "Est-ce que je détecte une tension de type sexuel ?"

"Absolument pas !" mentis-je. "M. Cullen a clairement exprimé ses sentiments à mon égard et il n'a certainement pas pris le temps d'apprendre à me connaître."

"Mais tu serais quand même prête à te mettre nue avec lui sur son bureau ?" me demanda-t-elle avec un clin d'œil malicieux.

Ça, c'est quelque chose...

"Fais-moi confiance, Emily. Cela n'arrivera jamais." De nouveau.

"Tu n'as jamais pensé qu'il était peut-être un peu con avec toi parce qu'il t'aime bien ?" demanda-t-elle.

"Si c'est le cas, je suppose qu'il aime aussi Jess, Alice, Seth, Jake et Colin, pour ne citer que quelques autres personnes avec lesquelles il est aussi un connard. C'est juste moi qui subis le plus sa connerie parce que je suis assise juste à côté de son bureau."

Elle réfléchit à ce que j'avais dit puis rit. "Oui, j'étais peut-être un peu à côté de la plaque."

Mais j'aimerais que tu aies raison.

Nous convîmmes de nous revoir le lendemain, et cela m'avait du bien d'avoir quelqu'un à qui parler en plus de Mme Goff.

Pendant que je travaillais cet après-midi-là, je n'arrêtais pas de penser au déjeuner avec Emily. Même si je savais qu'il n'y avait aucune chance que je le fasse un jour, je me demandais à quoi cela pourrait ressembler. Pas d'hôtels de luxe, pas de destinations touristiques typiques et aucune idée du pays dans lequel on pourrait se retrouver ensuite.

Je me reprochai de ne pas avoir fait quelque chose comme ça quand j'en avais l'occasion. Je me disais : "C'est une opportunité ratée" et je me demandais si un jour j'aurais l'occasion de le faire à nouveau.

La fin de la journée approchait et je continuais à rêvasser tandis que je m'attelais à mes tâches et qu'Edward travaillait dans son bureau. Je n'avais pas de réunion prévue avec Edward, aussi lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrirent, je n'avais aucune idée de qui il pouvait s'agir.

"Bonjour, Isabella," dit Royce King d'un ton charmant en s'approchant de mon bureau.

"Bonjour, M. King," répondis-je poliment. "Je suis désolée, avez-vous un rendez-vous avec M. Cullen ?"

"Non, je suis là à l'improviste et je vous prie de m'appeler Royce," me dit-il en me souriant. "J'ai juste pensé venir voir comment les choses se passaient ici, au quinzième étage."

"Oh !" Je regardai dans le bureau d'Edward mais il n'avait pas remarqué l'arrivée de Royce. "Les choses vont bien. Occupée mais bien."

Je me levai pour aller chercher un dossier d'auteur qu'Edward m'avait demandé et Royce me suivit jusqu'au classeur. Je sentais qu'il me fixait, ses yeux parcourant mon corps de haut en bas tandis que je fouillais, essayant de trouver le bon.

"Je sais qu'il est difficile pour vous de vous intégrer. J'ai vécu exactement la même chose lorsque Rosalie m'a trouvé un emploi ici mais n'y faites pas attention, Isabella. C'est de la jalousie, ils veulent ce que vous avez et plus vite vous comprendrez que vous ne pourrez jamais côtoyer ce genre de personnes, plus vite cela cessera de vous déranger." Il posa sa main sur le bas de mon dos - ses doigts s'étalèrent juste au-dessus de mes fesses et je me raidis.

"Je n'y crois pas." Je secouai la tête et me détournai, rompant le contact. "Je ne pense pas qu'ils soient jaloux du tout, ils se méfient juste du fait que je puisse utiliser ma relation avec Phil pour faire avancer les choses."

"Il n'y a rien de mal à utiliser ses relations pour faire avancer les choses," dit-il avec désinvolture. "Faites attention à la personne la plus importante, Isabella. C'est ce que je fais et au diable tous les autres."

"Alors je suppose que vous et moi sommes très différents." Je souris et essayai de le contourner mais il me barra la route. "Excusez-moi, je dois retourner au travail."

"Vous êtes vraiment quelqu'un, n'est-ce pas ? Cullen a de la chance d'avoir une assistante comme vous." Il écarta une mèche de cheveux de mon visage, ses doigts frôlèrent mon cou - s'attardant bien trop longtemps - et je me penchai le plus loin possible de lui. "Ce que je ne donnerais pas pour que vous travailliez pour moi. On s'amuserait beaucoup plus."

"Alors c'est probablement une bonne chose que je ne sois pas votre assistante. S'il vous plaît, laissez-moi passer."

"Seulement si vous me laissez vous inviter à sortir ce soir ?" Il tendit le bras pour m'arrêter.

Je secouai la tête. "Non merci."

"Pourquoi ? Nous sommes parfaitement assortis."

"Je crois que votre fiancée ne serait pas d'accord," dis-je d'un ton ferme. "Je ne suis vraiment pas intéressée, M. King. Veuillez m'excuser."

Il ne bougea pas et je ne savais pas quoi faire d'autre sans provoquer un esclandre. J'étais sur le point de lui reposer la question quand la porte d'Edward s'ouvrit.

"Il y a un problème, Mlle Swan ?" demanda-t-il avec colère,qui n'était pas comme ses colères habituelles. La façon dont il regardait Royce et moi... était-il jaloux ?

"Pas de problème, M. Cullen," dis-je, profitant de l'occasion pour contourner Royce et retourner rapidement à mon bureau.

"Royce, tu avais besoin de me voir pour quelque chose ou tu es juste venu ici pour harceler Mlle Swan ?"

"Nous étions en train de parler, Cullen, détends-toi." Royce fit un geste dédaigneux de la main.

"Garde tes mondanités pour d'autres. Mlle Swan a du travail."

"Tu as un vrai bâton dans le cul, Cullen. Elle ne t'appartient pas," lança Royce avant de se tourner vers moi. "Au revoir, Isabella, c'était sympa de parler avec vous."

"Au revoir M. King." J'acquiesçai, faisant mine de me concentrer sur mon ordinateur. Encourager Royce n'était probablement pas une chose judicieuse à faire mais Edward semblait irrité à l'idée que je lui parle. Ce seul fait suffisait à me rendre heureuse de lui donner l'impression que j'étais plus proche de M. King que je n'aurais jamais voulu l'être, parce que franchement il me donnait la chair de poule.

Edward attendit qu'il parte et se tourna vers moi. "Soyez prudente, Mlle Swan. Royce fait rarement quelque chose à moins qu'il ait quelque chose à y gagner."

"La personne avec qui je passe mon temps ne vous regarde pas, Monsieur Cullen, vous vous en êtes assuré dès mon premier jour," dis-je froidement. "Et comme je l'ai déjà dit, je peux mener mes propres combats."

Il s'attarda dans l'embrasure de la porte pendant quelques secondes puis tourna les talons et s'éloigna sans un mot de plus.

Je passai les heures suivantes à me demander pourquoi il se souciait de savoir si je passais du temps avec Royce King. Ce n'était pas de la jalousie, il m'avait clairement fait comprendre qu'il ne s'intéressait pas du tout à moi. Je soupirai de soulagement lorsque l'horloge approcha de six heures, j'avais besoin de rentrer chez moi et de me vider la tête.


"Pourquoi ne nous laisses-tu pas t'inviter à dîner ?"

Carmen et Amber étaient en train d'essayer de me dissuader de cuisiner à la maison et d'espérer que nous puissions sortir quelque part. Je secouai la tête en lisant la recette sur mon téléphone.

"Est-ce qu'on peut au moins sortir pour dîner ?" Amber jeta un coup d'œil dans la casserole qui bouillonnait sur notre cuisinière. "Ça a l'air bizarre."

"Hé !" Je lui lançai un regard mauvais. "Vous ne me soutenez plus maintenant ?"

"B, nous sommes d'accord pour te soutenir... mais pas pour manger... qu'est-ce que c'est ?" Carmen fit la grimace.

Je devais admettre que ma tentative de dîner n'avait pas l'air géniale et, compte tenu de ma situation financière, certains ingrédients de meilleure qualité avaient dû être remplacés par d'autres, moins chers, et d'autres encore avaient été carrément supprimés. Mon argent de poche avait déjà été mis à rude épreuve, mais à cause d'une erreur de paye, je devais le faire durer six semaines au lieu des quatre prévues au départ.

Mes suppositions sur la blonde à la réception s'étaient avérées exactes après tout - elle n'avait pas corrigé mon nom sur le fichier du personnel et elle avait réussi à confondre deux chiffres de mon numéro de compte en banque.

J'aurais pu aller voir Phil dès que j'avais compris qu'il y avait une erreur et profiter de mon lien avec lui pour la corriger sur-le-champ mais non. J'ai suivi la procédure habituelle et suis passée par les voies appropriées. Bien sûr, cela a pris du temps et dix jours plus tard, je n'avais toujours pas d'argen, mais ma fierté refusait de me permettre de demander de l'aide à qui que ce soit.

"Sommes-nous vraiment obligés de le manger... quoi que ce soit ?" Carmen n'avait pas l'air impressionnée.

J'ignorai leurs protestations et leur ordonnai d'aller s'asseoir pendant que je mettais la touche finale.

"Ta da !" Je dansai dans la salle à manger et soulevai le couvercle du plat de service avant d'en déposer une cuillerée dans chacune de nos assiettes.

"Et qu'est-ce que c'est ?" demanda Amber avec prudence. "Ça sent le curry."

"C'est un curry de haricots au four et de poulet," souris-je fièrement

Mes amies feignirent l'enthousiasme et le mangèrent en m'adressant de nombreux commentaires encourageants. Ce plat ne remporterait aucun prix culinaire, mais le fait de savoir que je l'avais préparé d me faisait un bien fou. Lorsque nous eûmes terminé, je demandai ce qu'elles en pensaient vraiment.

"C'était étonnamment bon, B," me dit Amber en levant le pouce. "Bien meilleur que je ne le pensais."

"Oui, j'ai vraiment aimé," acquiesça Carmen en se resservant. "Mais j'avais l'impression qu'il manquait le poulet dans cette première portion."

"Hé, moi aussi... Je suppose que tu as eu tout le poulet," me dit Amber en riant. "Et nous, on a juste les haricots."

"Euh... en fait..." avouai-je d'un air penaud. "Je n'avais pas assez d'argent pour acheter le poulet, alors j'ai mis une boîte de haricots en plus."

"B, je jure devant Dieu que si tu me donnes de l'essence, je vais te tuer !" s'écria Carmen avec la bouche pleine de nourriture et Amber et moi éclatâmes de rire.

"Ça n'a pas d'importance," dis-je triomphalement. "Parce que c'est moi qui l'ai fait."

"Tu es différente." Amber me sera la main. "Ça ne fait qu'un mois et je vois à quel point tu as changé, Bella."

Je dus lui lancer un regard inquiet parce qu'elle fit vite marche arrière. "Je veux dire d'une façon géniale, Bella, d'une façon vraiment géniale, putain."

Edward...

Il la touchait. Aimait-elle ça ? Bella et Royce ? Pas la moindre chance. Bella et moi ? Aucune chance non plus. Putain.