– Tu les veux fines, tes tranches ? demanda Marcel depuis l'arrière-boutique.

Hermione jeta un deuxième coup d'œil à la liste de courses faite par Drago et grimaça lorsqu'elle vit qu'il n'avait fait aucun commentaire à ce propos.

– Non, pas trop fines, répondit-elle donc.

Il valait mieux faire un entre-deux. Elle demanderait à son colocataire de bien préciser la prochaine fois.

– Et voilà, fit Marcel en revenant dans la boutique. Il te faut autre chose ?

Hermione vérifia une dernière fois sa liste, puis leva les yeux vers la vitrine. Elle eut l'eau à la bouche en y voyant une grande salade de gambas aux agrumes. Son estomac gronda pour se faire remarquer, ce qui balaya tous ses doutes d'un coup.

– Tu peux me mettre une barquette de cent grammes de salade de gambas ? demanda-t-elle en pointant celle-ci du doigt à travers la vitrine.

– Très bon choix, Yvonne l'a préparée ce matin et je peux t'assurer qu'elle est délicieuse !

Hermione n'en fut que plus affamée. Elle avait pratiquement terminé ses courses, il ne lui restait plus qu'à passer à la boulangerie et elle pourrait rentrer dévorer cette exquise salade.

Elle paya et salua chaleureusement Marcel avant de quitter la boucherie en direction de sa prochaine et dernière destination. Drago voulait plusieurs baguettes et si possible du levain. Hermione savait que Joachim, le boulanger, vendait celui qu'il faisait lui-même, il lui en avait parlé lorsqu'elle avait émis l'envie de fabriquer son propre pain.

Elle rajouta des viennoiseries à ses achats, ainsi que quelques bonbons qu'elle eut envie de faire goûter à Drago.

Hermione quitta le village une vingtaine de minutes plus tard, un morceau de baguette dans la bouche, Albert sur ses talons et son caddie rempli à ras bord des courses listées par Drago. Elle s'accordait bien avec ce fonctionnement. Elle était ravie de ne plus avoir à s'occuper des repas et de ne plus devoir choisir les différents aliments à acheter. Elle détestait faire des choix.

De plus, elle avait remarqué être bien plus détendue lorsqu'il s'agissait de manger maintenant qu'elle n'était pas seule juge de ce qui composait son assiette. Si auparavant elle prêtait une grande attention à ce que ses repas soient équilibrés et que les quantités ne soient pas excessives, il lui était désormais impossible de le faire. Drago s'en occupait, il préparait tout et il suffisait à Hermione de mettre la table et déguster ce qu'il avait cuisiné. C'était parfait ainsi. Elle ne réfléchissait plus, elle mangeait jusqu'à ce que son assiette soit vide.

Il avait récemment proposé de s'occuper aussi des repas d'Albert. C'était bien la seule fois où Hermione avait hésité. Elle avait mis plusieurs jours à accepter, trop angoissée à l'idée qu'il s'immisce à ce point entre son chien et elle.

C'était son chien, son meilleur ami. Sa relation avec lui était unique, elle ne voulait pas la partager. Elle était terrifiée à l'idée de le perdre, à l'idée de perdre ce pilier dans sa vie. Elle ne voulait pas qu'il la remplace, qu'Albert se désolidarise d'elle. Ce serait destructeur. Elle n'était rien sans lui. Elle en était persuadée. Elle sombrerait.

Puis elle avait réalisé que Drago proposait simplement de lui donner un coup de main, qu'il était loin de vouloir lui voler son chien ou quoi que ce soit de tel. Après tout, il s'était contenté de suggérer de préparer les gamelles tout en ajoutant qu'il se plierait au régime qu'Hermione choisirait pour Albert. Rien de plus, rien de moins. Une simple tâche déléguée.

Alors elle avait accepté. Elle lui listait avec précision le contenu de tous les repas d'Albert et Drago s'y pliait. C'était simple, c'était naturel.

Bientôt, sa maison se dessina à l'horizon et Hermione accéléra le pas. Elle avait allumé une cigarette sur le chemin, qu'elle écrasa avant d'ouvrir le portail. Elle avait hâte de montrer tout ce qu'elle avait acheté à Drago et, surtout, elle était impatiente de découvrir ce qu'il aurait préparé à manger pour le goûter. Elle croisa les doigts pour qu'il ait fait des crêpes. Elle ne s'en lassait pas.

Elle garderait sa salade pour le dîner. Les crêpes étaient bien plus alléchantes.

Ses espoirs furent anéantis lorsqu'elle avisa le manteau de Pansy accroché dans l'entrée. Et ses chaussures. Et son foulard. Et son sac à main. Elle se stoppa net dans ses mouvements et ne remarqua même pas qu'Albert était entré à l'intérieur en laissant des traces de terre sur son passage.

Elle avait complètement oublié que la meilleure amie de Drago était censée venir prendre le thé. Ce dernier le lui avait pourtant bien répété au moment du petit-déjeuner, il s'était même assuré pour la énième fois qu'elle n'y voyait aucun inconvénient.

Elle s'était tellement monté la tête avec les courses, le goûter et sa maudite salade qu'elle en avait oublié l'événement si important de cette semaine.

Elle déglutit et posa lentement son caddie contre la porte d'entrée. Ses plans pour le reste de la journée tombaient à l'eau. Elle allait devoir jouer à la maîtresse de maison et paraître civilisée avec Parkinson. Elle allait devoir être polie, sourire, faire semblant que tout allait bien. Elle l'avait promis à Drago, bien qu'il lui ait assuré qu'il y ait peu de chances qu'elle la croise. Il lui avait même répété qu'elle n'avait nullement l'obligation de rester avec eux si elle préférait ne pas voir Pansy, qu'elle ne devait rien à personne.

Pourtant, Hermione ne pouvait pas s'y résoudre. Elle aurait l'impression d'être une enfant boudeuse incapable de sociabiliser avec ses invités. L'impression d'être fautive, d'être celle qui posait problème. Elle devait garder la tête haute, faire comme si tout allait bien et ne pas se laisser mener par le bout du nez par Parkinson.

C'était ce que Drago lui avait dit, n'est-ce pas ? Qu'elle avait le droit de leur en vouloir et qu'elle n'était pas obligée de les pardonner ?

Et cela ne voulait pas dire qu'elle devait se cacher pour autant. Elle était prête à faire un effort, pour Drago, pour elle-même, pour se montrer qu'elle était de nouveau capable de s'occuper d'elle, de prendre les choses en main et d'affronter une quelconque situation stressante. Elle en était capable.

Elle retira son manteau et ses chaussures, puis attrapa son caddie pour se rendre dans la cuisine. Elle ouvrit la porte sans aucune hésitation et se figea en découvrant la scène qui lui faisait face. Son élan de courage s'amenuisait bien vite.

Drago souriait. Il souriait. L'un de ces sourires qu'elle avait mis du temps à enfin découvrir, l'un de ceux qu'il ne lui offrait que rarement. Ces sourires-là qu'elle imaginait lorsqu'elle faisait quelque chose pour lui, pour lui faire plaisir. Ces sourires qu'elle espérait.

Le kit de couture qu'elle lui avait donné était ouvert sur la table et il était appliqué à coudre les ourlets du dernier pantalon qu'elle lui avait déniché en rangeant la cave. Pansy le regardait faire d'un œil curieux tout en buvant son thé.

L'arrivée d'Hermione les sortit de leur petite bulle à deux et ils levèrent la tête lorsqu'elle referma la porte derrière elle.

Elle se sentit soudainement de trop, elle eut l'impression de les déranger, d'entrer dans leur intimité. Ils semblaient si bien l'un avec l'autre qu'elle se sentit mal de les avoir interrompus. Elle avait même le sentiment d'avoir été de trop ces dernières semaines, d'avoir volé Drago à Pansy, de l'avoir remplacée. Cette même impression qu'elle avait eue quand Drago avait voulu nourrir Albert. Elle l'avait volé à sa meilleure amie. Elle s'était imposée, l'avait influencé.

Elle se sentait mal, elle voulait fuir et s'excuser un million de fois pour le dérangement.

Pourtant, elle n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche que Pansy était déjà debout, un pas derrière sa chaise, et avait reposé sa tasse de thé. Son visage trahissait son inquiétude et elle tenait fermement le bord de l'ilot de la cuisine au point où ses doigts en étaient devenus blancs.

– J'allais rentrer, se justifia-t-elle en braquant son regard dans celui d'Hermione.

Cette dernière y vit tant de stress qu'elle se sentit coupable. Encore plus coupable. Elle ne voulait pas faire ressentir une telle chose à qui que ce soit. Elle avait l'impression d'avoir l'ascendant sur elle, d'avoir un pouvoir auquel Pansy devrait se soumettre. Elle aurait pu lui demander de s'en aller sur le champ et Pansy l'aurait fait. Elle en était certaine.

Hermione déglutit et tourna les yeux vers Drago.

Il les observait avec attention, toujours assis sur son tabouret. Lorsqu'elle croisa son regard, Hermione y vit de l'espoir, mais aussi de la bienveillance. D'un seul coup d'œil, il lui faisait comprendre que la décision lui revenait.

Hermione sut alors que les choses s'étaient réglées entre Pansy et lui. Ils avaient l'air d'avoir discuté et il l'avait pardonnée. Elle comprit que tout allait bien, que personne ne lui en voulait. C'était simple, c'était calme.

Elle se tourna vers Pansy à nouveau et hocha la tête. Elle faisait confiance au jugement de Drago, bien qu'intimidée par la situation. Il n'était plus question de son seul jugement, mais aussi du leur, à tous les deux. Il la rassurait par sa présence, par son regard.

– J'ai fait les courses, murmura-t-elle en ouvrant son caddie pour se soustraire de leurs regards.

Drago la rejoignit aussitôt, alors que Pansy se réinstallait sur sa chaise.

– Tu veux que je m'en aille pour vous laisser discuter ? lui suggéra Drago à voix basse en récupérant la viande qu'il fallait mettre au frais.

Elle lui attrapa le poignet lorsqu'il se redressa, le regard effrayé.

– Reste, l'implora-t-elle en braquant son regard dans le sien.

Elle le vit déglutir et se figer, et réalisa qu'elle serrait son bras trop fort. Elle le lâcha et lui lança un regard désolé. Il ne sembla pas le remarquer et se contenta de hocher la tête, les yeux dans le vide, avant de se rendre dans le garde-manger avec les sacs de la boucherie.

Elle le suivit du regard, le cœur serré. Elle craignait de tourner les yeux vers Pansy et de devoir affronter une discussion qu'elle ne s'était pas préparée à avoir.

Alors elle ne le fit pas. Elle baissa la tête vers le reste des courses et entreprit de les ranger à leur place. Elle vida le caddie de tous les sacs en papiers qu'elle avait amassés et les déposa près de l'évier. Ainsi, elle se trouvait dos à Pansy et n'avait pas à subir son regard.

– Hermione, je…

Celle-ci ferma les yeux et lâcha les deux pommes qu'elle avait commencé à sortir de leur sachet. Elle inspira longuement alors que Pansy se raclait la gorge.

– Je n'ai pas assez de mots pour te dire à quel point je suis désolée.

Elle l'entendit expirer puis reprendre sa respiration. Soudain, Hermione ne sut laquelle d'entre elles était la plus angoissée à l'idée d'avoir cette conversation.

– Drago est mon meilleur ami, reprit Pansy. Avec Blaise et Théo, ils sont ma seule famille, les seules personnes que j'ai dans ma vie et qui me sont proches. Je sais que ça n'excuse rien de te le dire, mais je veux que tu comprennes à quel point ils sont importants pour moi, comme Potter peut l'être pour toi.

Hermione grinça des dents en entendant parler d'Harry. Elle était en colère contre lui, bien plus que contre quiconque d'autre.

– Je me suis concentrée sur eux parce que j'étais terrifiée à l'idée de me retrouver seule. Je voulais tout faire pour qu'ils aillent mieux et que les choses reviennent à la normale. J'étais aveuglée par cet objectif là et je ne voyais même pas tout le mal que je vous faisais, à toi, à Drago, et même à Blaise. J'ai essayé de t'aider et de… et de te soutenir, mais j'avais peur de les délaisser, j'avais peur que les choses changent. Je faisais comme si tout allait bien.

Hermione déglutit. Elle avait du mal à encaisser ces paroles, elle se sentait encore plus seule de les entendre. N'avait-elle donc jamais mérité qu'on se préoccupe d'elle plutôt que des autres ?

Drago se glissa soudainement à ses côtés et lui retira les pommes des mains, sans s'éloigner pour autant. Elle remarqua alors qu'elle avait enfoncé ses doigts dans leur peau. Elle leva des yeux humides vers lui et sourit. Il le lui rendit. Il était là.

– J'ai eu tort, Granger, j'ai eu tort de te laisser de côté et d'avoir pensé que tu t'en sortirais seule. C'était égoïste et je m'en veux terriblement.

Drago la regardait toujours, elle le sentait. Sa présence à ses côtés était rassurante, il lui apportait son soutien. Un soutien dont elle n'aurait jamais cru avoir besoin. Elle leva une seconde fois la tête vers lui.

Ses yeux étaient emplis de patience, de bienveillance, il lui laissait le choix, il lui faisait comprendre silencieusement qu'elle était seule décisionnaire de ce qu'il se passerait ensuite.

Elle se remémora la colère qu'elle avait vu dans son regard lorsque Drago avait expliqué à quel point leurs amis s'étaient joués d'elle. Elle se souvint de ses paroles, de ses promesses.

Comment aurait-il pu pardonner et accepter que Pansy reste si elle n'était pas sincère ? Après tout, il la connaissait bien mieux qu'Hermione, elle devait faire confiance à son jugement.

– Que dirais-tu de re-regarder Mary Poppins ? lança-t-elle alors sans quitter Drago des yeux.

Elle vit les lèvres de ce dernier s'étirer en un sourire en coin qu'elle n'avait pas vu depuis des années. Derrière eux, Pansy acquiesçait avec excitation.

oOo

La journée se terminait, le soleil déclinait dans le ciel et Drago avait les mains bien prises.

Du coin de l'œil, il surveillait la cuisson des champignons dans une poêle, tandis qu'il s'appliquait à la broderie de petites fleurs colorées sur le tissu du caddie d'Hermione. Elle le lui avait demandé, les joues rougies par le stress, la veille, après avoir découvert qu'il avait brodé quelques motifs sur l'un de ses jeans.

En effet, Drago avait découvert, parmi d'autres ouvrages sur la couture ayant appartenus à la grand-mère d'Hermione, un magnifique livre de broderie qui contenait tout un tas de paternes à reproduire. Il s'y était donc essayé plusieurs fois sur des morceaux de tissus retirés des vêtements trop grands de la cave, avant de se lancer sur ceux qu'il portait au quotidien.

Il avait commencé par coudre ses initiales à l'intérieur du col de sa chemise préférée, une bleue à manches longues. Satisfait de cette première réalisation, il avait poursuivi cet art, pour lequel il était encore bien maladroit, avec des petites étoiles et planètes sur les poches arrière de ses pantalons.

Ainsi se retrouvait-il assis au bord de l'ilot de la cuisine, sa lèvre inférieure coincée entre ses dents et le caddie d'Hermione posé devant lui pour qu'il puisse s'exercer plus facilement. Hermione et Pansy étaient encore dans le séjour, occupées à regarder leur film, tandis qu'il préparait le repas. Il avait préféré les laisser seules.

Il avait déjà brodé trois fleurs différentes : une rose rouge, une marguerite et un lilas. Hermione lui avait fait une liste de ses fleurs préférées après qu'il lui ait suggéré de jeter un œil au livre de broderie qu'il avait trouvé pour qu'elle fasse son choix.

Il ne lui restait plus qu'à faire du gui, une pivoine orange et un edelweiss.

Lui qui n'avait jamais été très doué en dessin était ravi de voir que ses deux mains gauches s'en sortaient plutôt bien. Il avait appris dès son plus jeune âge à prendre soin de son écriture pour que ses lettres soient belles et calligraphiques, mais il ne s'était pas penché sur le dessin pour autant. Il avait assez souffert du fait de ne pas être droitier comme son père pour exprimer l'envie de s'y essayer. Il savait que ses parents auraient risqué de le pousser à devenir le meilleur dans ce domaine, comme ils l'avaient fait pour l'équitation ou le vol.

Ses fleurs n'étaient ni trop grosses ni trop petites. Les couleurs étaient bien choisies – après tout, il avait suivi celles du livre – et elles ressemblaient plutôt bien au modèle. Il ne s'était pas piqué le doigt une seule fois, contrairement à ses autres tentatives de couture, et n'avait pas non plus froissé le tissu, bien que vieux, du caddie. Il était fier de son travail.

Un rayon de soleil traversa la baie vitrée de la cuisine et vint s'échouer devant ses mains. Il se retourna et découvrit avec splendeur que les montagnes et forêts alentour étaient toutes décorées par des halo de lumières de fin de journée.

Il reposa son aiguille et son fil sur la table et se leva pour s'approcher de la grande fenêtre. La vue était magnifique. C'était son moment préféré de la journée.

Ses yeux se remplirent de larmes, sans raison apparente. Il était ému d'assister à cela et si ses parents avaient été là, ils lui auraient probablement expliqué qu'il s'agissait d'un signe des divinités. Peut-être était-ce le cas. Il préférait imaginer que sa mère communiquait avec lui.

Il la voyait dans son esprit lui sourire, lui dire qu'elle l'aimait. C'était un signe, il en était certain. Elle lui disait quelque chose, elle l'appelait. C'était bien là la seule chose qu'il aimait encore de la magie, la seule facette de cet art qu'il côtoyait encore.

Il eut soudainement envie de la rejoindre, là, dehors. Il eut envie de sentir les rayons qu'elle lui envoyait sur son visage. Il ferma les yeux après avoir réalisé qu'il en était incapable. Un sourire étira ses lèvres, ironique, triste. Il n'avait toujours pas osé demander à Hermione de l'y accompagner, comme elle lui avait proposé, il se sentait bien trop honteux d'en arriver là.

Pourtant, l'horizon était si beau et le ciel commençait à se dégrader entre orange et rose. C'était splendide.

Il serra les poings de chaque côté de ses hanches, le souffle haché par l'agacement. Il se sentait si bête d'angoisser autant. Cela faisait des semaines qu'il n'avait pas eu à affronter une telle étape seul. Chaque fois, Hermione avait été là.

La porte de la cuisine s'ouvrit et il sursauta. Il cligna plusieurs fois des yeux pour chasser ses larmes et se retourna vers Hermione, qui entrait en tenant le service à thé qu'elles avaient utilisées.

– Pansy a reçu un patronus, elle est rentrée en urgence, expliqua-t-elle en s'approchant de lui.

Elle déposa la vaisselle dans l'évier et commença à la laver. Ce n'était pas la première fois qu'elle le rejoignait ainsi, bien qu'il s'occupe généralement lui-même de la vaisselle. Elle disait apprécier la sensation de l'eau sur ses mains. Lui aussi. Ces moments étaient calmes, paisibles. Ils parlaient rarement, ils étaient tous les deux friands de ces instants silencieux.

Il hocha vaguement la tête, il avait à peine enregistré cette nouvelle information. Son regard s'était de nouveau épris du ciel et son cœur battait fort dans sa poitrine. Était-ce le bon moment ? En était-il capable ? Accepterait-elle ?

Comment pourrait-il le savoir s'il ne se lançait pas ?

Il quitta le ciel des yeux après quelques secondes supplémentaires de réflexion et l'observa. Elle portait l'une de ses salopettes habituelles, elle avait noué ses cheveux dans une longue natte qui tombait au milieu de son dos et avait enfilé une paire de bottes en caoutchouc pour affronter l'averse qui était tombée dans la matinée. Il se demandait parfois comment elle pouvait porter des chaussures si inconfortables à longueur de journée.

Elle semblait concentrée sur sa tâche, comme inconsciente de ce qui pouvait se passer autour d'elle.

Si Drago réagit lorsqu'Albert entra dans la cuisine et s'allongea au pied de l'un des tabourets, Hermione resta impassible. Il se décida alors à tenter sa chance. Elle était calme, elle ne pouvait qu'accepter.

– Hermione ?

Son ton avait été hésitant et il s'en voulut. Il n'était pas faible à ce point !

Elle se tourna vers lui sans cesser d'essuyer le plat en verre qu'il venait de nettoyer et lui lança un regard interrogatif. Drago sentit ses joues chauffer et tripota inconsciemment l'alliance à son annulaire.

– J'aimerais sortir, lâcha-t-il sans réfléchir.

Quelle phrase idiote ! Il aurait pu demander plus gentiment, il aurait pu suggérer quelque chose de moins direct !

Et alors qu'il s'apprêtait à bafouiller des excuses et se reprendre, Hermione sourit et reposa le plat qu'elle nettoyait.

– Bien sûr, dit-elle avec hochement de tête. Je vais chercher mon manteau.

Elle quitta la pièce et Drago resta bouche bée. Alors c'était aussi simple que ça ? Elle n'avait même pas hésité ? Elle avait directement accepté et semblait prête à l'accompagner pour chaque pas qu'il ferait vers l'extérieur. Il avait du mal à y croire. C'était presque trop beau pour être vrai.

Son ventre se serra étrangement. De la reconnaissance, oui, c'était ça.

Lorsqu'elle revint, Drago était déjà debout devant les baies vitrées qui menaient au jardin. Albert l'y avait rejoint et s'était assis à sa droite. Il était prêt.

Hermione se posta à sa gauche et tourna la tête vers lui. Du coin de l'œil, il la vit sourire.

– Prêt ?

Il hocha la tête. Elle actionna la poignée et l'air frais de février chatouilla les joues pâles de Drago. Il cligna plusieurs fois des yeux pour empêcher l'émotion qui lui chatouillait les paupières de déborder. Le ciel se teintait de plus en plus de rose. Le soleil disparaissait peu à peu derrière les montagnes.

Hermione ne l'avait pas lâché du regard. Elle attendait qu'il initie le mouvement. Cela calma quelque peu Drago.

L'infini semblait moins grand à ses côtés. Il se sentait plus apte à l'affronter. Il n'était pas seul.

Albert aboya. Non, il n'était pas seul.

Il attrapa la main d'Hermione et la serra dans la sienne. Il en avait besoin. Elle ne dit rien. Si le contact la surprit, elle n'en fit pas la remarque.

Puis il avança. Les derniers rayons du soleil frôlèrent son visage et le vent secoua les mèches blondes tombées sur son front.

Drago prit une longue inspiration et ferma les yeux. Il continua d'avancer. Il n'était pas seul. Lorsqu'il les rouvrit, la porte était bien loin derrière eux.

Il tourna la tête et croisa le regard d'Hermione. Elle souriait. Il sourit à son tour.


Et voilà pour aujourd'hui ! Merci à Lyra et Damelith pour leur aide et soutien ! On se retrouve dans dix jours pour la suite ! Le chapitre sera d'ailleurs illustré ;) N'oubliez pas de laisser un commentaire et de suivre l'histoire pour me soutenir !