14) Bleeding through the bandage

Carlos, Ethan et Alex avançaient en silence dans le grand parking adjacent à la salle où étaient restés Danny, TK et Steve. Ils entendaient des bruits étouffés, des chuchotements, et se dirigeaient vers eux. Alors qu'ils se rapprochaient, le policier se rendait compte de la fragilité de leur plan : ils n'étaient pas armés, ne savaient pas au devant de combien de personnes ils allaient et étaient blessés. Lui-même avait des côtes cassées et sans qu'ils n'en aient parlé ensemble, il savait que ses partenaires du moment n'avaient pas été épargnés non plus.

Un halo de lumière et des ombres se dessinèrent devant eux et ils s'immobilisèrent, cachés derrière les colonnes qui rythmaient le parking. Les terroristes étaient quatre autour d'une table constituée d'une porte posée sur des tréteaux, ils rangeaient leurs affaires à toute vitesse. Le groupe était constitué d'une femme et trois hommes. La femme ressemblait trait pour trait à celle qui était ligotée dans l'autre pièce. Un homme blond de taille moyenne, qui leur ressemblait, s'activait à sa droite alors qu'un grand noir très musclé se tenait à sa gauche. Le dernier homme, face à eux, ressemblait à monsieur tout le monde : brun, corpulence moyenne, taille moyenne, aucun signe distinctif. Ils portaient tous des costumes de Halloween et leurs masques étaient toujours posés sur la table.

Carlos se demanda quoi faire, les attaquer était dangereux, il ne voyait pas d'armes mais ça ne voulait pas dire qu'ils n'en avaient pas. Cependant, il n'était pas sûr qu'ils auraient une meilleure opportunité plus tard. Il pesa les pours et les contres pendant un moment, mais n'eut pas le temps de trancher, les criminels mirent leurs masques sur leurs visages et s'éloignèrent dans la direction opposée à la salle où étaient les blessés.

Carlos et ses acolytes leur emboitèrent le pas tout en gardant une distance raisonnable avec eux. Ils continuaient de se dissimuler derrière les colonnes et les perdaient de vue par moments mais les retrouvaient après, jusqu'au moment où ils furent aveuglés par la lumière du jour. Après avoir monté une volée de marches, ils arrivèrent à l'extérieur, sur le tarmac, sous le soleil couchant. L'astre face à eux les empêcha d'anticiper les coups qui les cueillirent. Carlos se trouva envoyé au sol par un violent coup de poing, le choc résonna dans ses côtes brisées et il laissa échapper un plainte.

Le géant noir fut sur lui en quelques secondes, un couteau dans la main, à tenter de le tuer. Carlos rua, bloqua encore et encore les attaques qui venaient sur lui. La lame entailla sa peau à plusieurs reprises de manière superficielle et redoubla la rage qu'il ressentait. Ce fut ce qui lui donna l'adrénaline nécessaire pour se libérer et se relever.

Les deux hommes se firent face une seconde avant que les coups soient à nouveau échangés. Carlos avait beau être très musclé et savoir se battre, il eut l'impression de ne faire que la moitié du gabarit de son adversaire et d'à peine le chatouiller lorsqu'il le frappait. Trop vite, il fut à nouveau au sol, le souffle coupé, la poitrine douloureuse et un goût de sang dans la bouche. L'homme fut à nouveau sur lui, le couteau contre sa gorge. Carlos bloqua son poignet et tenta de repousser la lame, sans succès. Celle-ci entra en contact avec sa peau, la déchira, le liquide chaud s'écoula de la plaie et soudain la pression sur sa gorge s'allégea alors que celle sur son corps augmenta.

Carlos se mit à avoir des difficultés à respirer et un liquide chaud mouilla son flanc. Le poids fut déplacé sur le côté, écrasant les côtes brisées du policier au passage, sa vue se brouilla, mais il put enfin respirer. Il dut prendre de petites inspirations, les grandes lui faisaient trop mal, et mit plusieurs minutes avant de reconnaître Ethan au-dessus de lui.

"Bouge pas, t'as une plaie un peu plus profonde sous la gorge, déclara l'agent de sécurité en approchant un tissu de lui.

- Il est ?

- Mort oui, le brun et Alex aussi. Les deux autres n'ont jamais été là."

La peine dans la voix de son coéquipier du jour serra le cœur à Carlos ainsi que la nouvelle de la mort de la jeune femme. Tous deux tombèrent dans le silence, il n'y avait rien à dire, ils devaient réfléchir à ce qu'ils devaient faire à présent. Ils pouvaient essayer d'aller trouver des secours, mais ceux-ci étaient-ils toujours bloqués à l'extérieur ? Ils avaient beau regarder autour d'eux, ils ne savaient pas dans quelle direction ils pourraient les trouver.

Leurs réflexions furent interrompues par le bruit de six explosions et le tremblement du sol sous eux. Ils se regardèrent horrifiés, et les pensées de Carlos se tournèrent tout de suite vers TK, il devait le retrouver, s'assurer qu'il allait bien. Il pressa Ethan pour qu'il termine de le soigner et tous deux retournèrent dans le parking. Le policier sentait le sang qui s'échappait du bandage de fortune, mais c'était le cadet de ses soucis : le parking avait été abîmé par les explosions. Les deux hommes se retrouvèrent alors face à un monticule de gravats qu'ils durent escalader, les roches roulaient sous leurs pieds et le Texan eut vite du mal à respirer. La douleur dans sa poitrine se fit vite intense, mais il ne voulait pas s'arrêter, retrouver son mari était plus important pour lui que sa souffrance. Il dut cependant s'arrêter à mi-hauteur, prit de vertiges à cause de sa douleur trop intense et serait tombé d'un bon mètre cinquante si Ethan ne l'avait pas rattrapé.

"Tu le sauveras pas si tu tournes de l'œil, blagua l'agent de sécurité.

- Je, sais." haleta-t-il en réponse.

Parler lui demanda trop d'effort et il se contenta de serrer l'épaule d'Ethan pour lui montrer sa gratitude. Celui-ci lui fit un sourire et attendit le temps qu'il fallut pour que Carlos se sente prêt à repartir. Quand ce fut le cas, ils adoptèrent un rythme plus lent et restèrent au même niveau. La fin de l'ascension se fit sans nouvel incident, mais ils s'inquiétèrent tous deux de trouver plusieurs centimètres d'eau au sol quand ils passèrent de l'autre côté. Celle-ci pesa vite très lourd dans leurs chaussures et les ralentit, rendant les derniers mètres très demandeurs en énergie. Ils en retrouvèrent cependant quand un coup de feu déchira le silence.