Après un mois assez compliqué (KO par Covid pendant plus de deux semaines puis ensuite coupure internet (sinon c'est pas drôle)) je vous partage la suite de cette histoire.

J'en profite aussi pour vous annoncer que, même s'il ne me reste pas beaucoup à réécrire, j'ai décidé que je préférais prendre une petite pause dans la publication (qui est, on va pas se mentir, catastrophique) afin de finir complètement l'histoire avant de finir de vous la partagerez. J'espère que vous comprendrez et pour les soucieux, aucune inquiétude à avoir, la suite et la fin SERONT publiées. N'oubliez pas qu'il s'agit d'une réécriture.

Bonne lecture.


Le jour J, Draco s'enfonça avec impatience dans les différents couloirs jusqu'à arriver devant la bonne porte et entra sans même prendre la peine de frapper. Trop concentré sur son coloriage, Harry ne vit pas son ami s'approcher. Draco se glissa derrière lui et se pencha au-dessus du petit garçon.

- C'est très beau, lui souffla-t-il.

Sursautant sur sa chaise, Harry en laissa tomber son crayon de couleur, mais il n'eut pas le temps de relever la tête que les mains de Draco la bloquèrent et que ses lèvres sur posèrent sur ses cheveux. Une fois qu'il reçu son bisou, le petit garçon pencha la tête en arrière autant qu'il le pouvait.

- D'aco ! S'exclama-t-il, tout heureux.

Harry lui fit un grand sourire.

- On va manger ? Demanda-t-il.

- Non, pas encore. J'ai école avec tonton Severus et après on ira manger.

- Dis-moi que cet ignoble surnom disparaîtra quand Potter redeviendra lui-même, gronda Severus en sortant de son bureau.

- Je le trouve bien, moi, se moqua Draco.

D'un regard noir, Severus le dissuada de pousser la plaisanterie trop loin. Il serait capable de lui envoyer n'importe quoi à la figure. Draco dévoila toutes ses dents blanches dans un grand sourire moqueur. Oh, si Harry avait raison et qu'il se passait quelque chose entre Rogue et Neville Londubat, son parrain n'était pas au bout de ses peines. Appréciant les caresses distraites de Draco dans ses cheveux, Harry reprit son dessin en battant des pieds.

- Au fait, lança Draco. As-tu réfléchi à la conversation que nous avons eu au sujet du professeur McGonagall ?

- Dehors ! Hurla aussitôt Severus en pointant la porte.

À l'extérieur de la salle, les élèves sursautèrent de concert. Retenant son rire, Draco se pencha pour claquer un bisou sur la joue d'Harry afin de le rassurer.

- Je crois que tonton Severus est encore fâché contre moi, lui chuchota-t-il à l'oreille avant de partir.

Soulagé, Harry gloussa. Il releva le nez vers Severus, alors que Draco passait devant lui le plus innocemment du monde, et le vit fermer les yeux. Il faisait de son mieux pour canaliser sa colère. Draco était aussi horripilant que son père ! Toujours à le titiller là il fallait pour le mettre hors de lui.

- T'es fâché tonton Sevus ? Fit la petite voix d'Harry.

- Silence, grogna Severus entre ses lèvres.

Même Harry, qui n'avait que quatre ans, se moquait ouvertement de lui. Harry devait bien avouer que, contrairement à son oncle Vernon qui lui fichait une peur bleue, son oncle Severus l'amusait. Il n'avait pas peur quand il se mettait en colère, même s'il était toujours surpris de l'entendre crier. Mais pourquoi aurait-il peur alors qu'à chaque fois, Draco éclatait de rire ?

À l'extérieur de la salle, Neville, Dean et Seamus observèrent Draco sortir de la salle et s'adosser au mur en les ignorant tous. Plus loin, Hermione et Ron se tenaient aussi en retrait de leurs propres camarades. Les trois garçons évitaient de s'approcher d'eux au maximum. Ils avaient peur que, si jamais quelqu'un les entendait proférer des hypothèses toujours plus tordues sur ce qui était arrivé à Harry, les gens pensent qu'ils étaient du côté de Ron et Hermione. Pourtant, tout ce que Dean, Neville et Seamus souhaitaient, c'était qu'Harry aille bien. D'accord, ils n'étaient pas enchantés qu'il soit sous la responsabilité de Draco Malfoy mais il fallait bien admettre qu'Harry avait l'air parfaitement heureux. Chaque fois qu'ils avaient l'occasion de l'apercevoir, Harry souriait et riait.

Las de sentir les regards de Ron et Hermione qui le regardait de la tête aux pieds, Draco soupira et leur jeta un regard glacial.

- Quoi ? Cracha-t-il.

- Tu es vraiment…, commença Ron avec une mine dégoûtée.

- Oh pitié, apprend d'abord à aligner deux mots. On verra pour les insultes après.

Des rires s'élevèrent du rang des Serpentard. Alors qu'Hermione s'apprêtait à répliquer, voulant faire passer l'envie à ce cafard de se moquer d'eux, le professeur Rogue ouvrit la porte de sa classe. Il ordonna sèchement à tout ces adolescents boutonneux d'entrer. Pour être sûr d'avoir un bon poste d'observation en ce qui concernait Neville et son parrain, Draco se plaça au fond de la salle. Sachant que Rogue ne laisserait rien transparaître – dans l'hypothèse où il y avait quoi que ce soit à voir le concernant – Draco focalisa son attention sur Neville. Le Gryffondor était beaucoup plus intéressant. Il ne cessait de gigoter sur sa chaise, le rouge lui montant jusqu'aux oreilles chaque fois que leur professeur passait à côté. Il avait même surpris quelques regards fuyants.

Oh, Londubat, pensa Draco en gloussant.

Il n'allait pas les rater ces deux-là. Draco dû également reconnaître qu'il était peut-être possible qu'un petit garçon de quatre ans ait eu plus d'intuition que lui. Même si ça lui faisait mal à l'égo.

Ron et Hermione, quant à eux, étaient tournés vers Draco, ignorant complètement les paroles de leur professeur.

- Il prépare quoi à ton avis ? Chuchota Hermione à son voisin.

- Un mauvais coup.

- Évidemment, un mauvais coup, soupira la jeune femme en levant les yeux au ciel. Mais quoi ?

Ron haussa les épaules. Il ne saurait pas dire. À part que ça concernait probablement Harry, il était incapable de déterminer ce que Draco avait derrière la tête.

- Les vacances approchent, souffla Ron. Peut-être qu'il a l'intention de quitter l'école en emmenant Harry.

- Tu as raison ! S'exclama Hermione à voix basse. Il doit vouloir le livrer à Voldemort.

C'était tellement ignoble que c'était sans doute le plus probable. Ils devaient à tout prix prévenir Dumbledore. Même si ce vieil imbécile risquait sûrement de ne pas les croire, à cause de la stupide confiance aveugle qu'il avait en Malfoy. Comment pouvait-il lui faire confiance ? En étant parfaitement objectif, c'était un criminel qui mériterait d'être directement envoyé à Azkaban.

La fin de l'heure sonna sur une dernière explosion de colère de Rogue.

- Finnigan ! Votre incapacité à utiliser votre baguette frôle le danger public ! Hurlait-il. En six ans vous n'avez strictement rien appris ! Même Monsieur Potter pourrait faire mieux que vous dans son état ! Sortez immédiatement de ma classe avant que je ne cède à l'envie irrépressible de vous arracher la tête !

Dans une hilarité masquée, Draco resta assis à sa place. Seamus l'avait cherché. Il avait à nouveau provoqué une explosion et Rogue se retrouvait avec le visage maculé de suie.

- Ne riez pas Monsieur Goyle, vous n'êtes pas mieux ! Cracha Rogue.

- Waouh, souffla Draco pour lui-même.

Il n'en revenait pas. Même lui n'avait jamais énervé son parrain à ce point. La salle maintenant vide, Draco échangea un regard avec Harry. Le petit garçon était, lui aussi, tellement stupéfait qu'il n'avait pas eu le temps de rire.

- C'est Rogue qui a hurlé comme ça ? Demanda une voix en entrant.

Draco se tourna vers Cho et la laissa venir à lui. Rogue s'était déjà enfermé dans son bureau. Il avait claqué la porte si fort que des bocaux en tout genre étaient tombés des étagères et s'étaient brisées au sol.

- J'hésite à aller lui parler, maintenant, répondit Draco tout en ramassant ses affaires.

- Mais si, vas-y ! L'encouragea Cho. Tu m'as promis de tout me dire et je veux savoir !

Levant les yeux au ciel, Draco s'approcha d'Harry avec Cho.

- Coucou Cho ! S'exclama le petit avec un sourire.

- Coucou toi, répondit-elle en embrassant le bout de son nez.

- Hey, bonhomme, souffla Draco en attirant son attention. Je dois aller parler avec tonton Severus. Tu vas manger avec Cho ce midi ?

Surpris et un peu déçu, au fond de lui, Harry les regarda l'un après l'autre.

- C'est juste pour cette fois, le rassura Cho.

Comprenant qu'il n'avait pas trop le choix, et étant un peu curieux de passer un repas avec quelqu'un d'autre que son ami, Harry accepta et se laissa emmener par Cho puisque, de toute façon, ce serait elle qui le garderait après le repas. Quand Harry ne fut plus à porter de vue, Draco alla toquer au bureau de Severus. Il n'attendit cependant pas l'aval de ce dernier pour entrer, refermant la porte derrière lui, et aller s'asseoir dans l'un des fauteuils.

- J'aimerai te parler de quelque chose, déclara Draco en le regardant ranger.

Lorsqu'il était en colère, Severus se transformait en véritable fée du logis. Il rangeait, astiquait et triait jusqu'à être calmé.

- Avec quoi viens-tu m'ennuyer cette fois ?

- Eh bien, souffla Draco en faisait rouler une bille de métal sous son doigt. Mon petit doigt m'a dit que tu en pinçais pour Neville Londubat.

Ménager le suspens était l'un des arts préférés de Draco. Il avait fait traîner sa phrase, relevant les yeux sur l'adulte, de plus en plus intéressé à chaque mot. À l'entente du nom de Neville, il en fit tomber le livre qu'il tenait entre ses mains.

- Et puis quoi encore ?! S'énerva Severus en criant. Où es-tu encore allez chercher ça ?

- Pourtant, de ce que j'ai pu voir juste avant, on dirait bien que les choses ont changé entre vous.

- Cesse tes âneries veux-tu ! Je n'ai pas de temps à perdre avec tes élucubrations.

Draco observa longuement son parrain, la tête posée sur son bras.

- Tu sais, je suis bien tombé amoureux d'Harry. Ce ne serait pas si surréaliste que tu t'intéresse à Neville.

- Je ne m'intéresse pas à Londubat !

- Mais oui, s'amusa Draco. En tout cas, moi, je vous imagine très bien en couple.

Quand Severus jeta un livre dans sa direction, que Draco évita de justesse, il sut qu'il ferait mieux de partir s'il tenait à la vie. Il quitta donc le bureau de son parrain, hilare, et rejoignit la grande salle pour le déjeuner.

Les vacances étaient arrivées plus rapidement que ce que Draco aurait cru. Hermione et Ron s'étaient retrouvés obligés de quitter le château. Autant dire que Draco s'en réjouissait grandement et sans même se cacher. Les quelques jours restants avant Noël, Cho et Dobby – qui s'était auto-proclamé en charge du repas – avaient minutieusement préparé la fête surprise d'Harry. Draco s'était tenu loin de tout ça, parce qu'il n'avait aucune envie de passer ses journées à décorer une salle, mais aussi parce qu'il fallait bien que quelqu'un surveille Harry.

Allongé sur le canapé, Draco avait les yeux fixés sur le petit garçon, trop occupé à jouer avec ses figurines et ses voitures pour faire attention à lui.

- Harry ? Appela-t-il.

Le garçonnet releva le nez vers lui et attendit que son ami se remette à parler.

- On va voir Cho ce soir ?

- Oui.

Depuis le début des vacances, ils avaient pris l'habitude de manger tous les trois. Et si Draco était content de voir que ça réjouissait Harry, il appréhendait le jour où ils devraient à nouveau faire table à part.

- Il va falloir mettre de jolis habits.

- Pou'quoi ? Demanda Harry.

- Tu verras, répondit Draco avec un sourire en coin.

Harry l'observa longuement, ses petits sourcils froncés. Se relevant en position assise, Draco soutint son regard.

- Tu veux qu'on lise un livre avant d'aller voir Cho ?

Aussitôt la proposition faite, Harry se leva et courut en chercher un dans sa table de nuit. Il ramena le plus gros : celui qui contait ses aventures.

- Encore celui-là ? Fit Draco, dépité.

- Oui !

- Bon, d'accord…

Il attrapa le petit garçon sous les bras pour le hisser sur le canapé, à côté de lui.

- Tu veux lire quelle histoire ? Demanda-t-il en prenant l'ouvrage.

- Le d'agon ! S'exclama Harry.

Draco se garda de soupirer « encore ». Harry le lui demandait si souvent qu'il allait finir par la connaître par cœur. Ouvrant le livre, Draco le posa à plat sur ses jambes.

- Après l'histoire, on s'habille et on va voir Cho.

- Oui, répondit Harry avant de venir se coller tout contre lui.

Cachant son petit sourire, Draco fit une caresse dans les cheveux d'Harry et passa son bras autour de lui en commençant à lire.

Deux heures plus tard, Draco avait revêtu une chemise cintrée et un pantalon à pince. Puisqu'il n'y avait que Cho qui le verrait, il s'épargnerait le port d'une cravate, d'un nœud papillon ou encore d'un gilet. Pour Harry, il avait choisi un simple pull et un pantalon assorti.

- Tu prends ton doudou ? Fit Draco, à la porte.

- Pou'quoi ?

Pourquoi Harry devait-il prendre sa peluche ? Ils allaient manger et Draco avait toujours refusé qu'il l'emmène hors de la chambre, encore moins aux repas.

- Parce que je suis d'accord, répondit Draco. Mais si tu veux le laisser ici, tu as le droit.

Secouant vigoureusement la tête, Harry fit demi-tour et couru dans la chambre pour récupérer son doudou, qui attendait toujours patiemment l'heure du coucher dans son lit. Draco regarda Harry revenir, la peluche fermement serrée dans ses bras.

- Tu es prêt ? Demanda-t-il.

- Oui !

- Alors oust !

Draco ouvrit la porte et Harry sortit en gloussant. Dehors, il lui prit la main pour lui faire traverser le château, mais, voyant qu'il ne prenait pas le même chemin que d'habitude, Harry leva le nez vers son ami.

- D'aco ?

- Oui ?

- On va où ?

- C'est une surprise.

Bon. Il n'en saurait pas plus. À la moitié du chemin, avec tous ces escaliers à gravir, Harry fini par se fatiguer et apprécia grandement les bras de Draco.

- On arrive quand ? Demanda Harry en posant sa tête contre l'épaule de Draco.

- Bientôt.

Fasciné par les escaliers qui changeaient de directions et tous ces tableaux vivants, Harry n'écouta pas la réponse de son ami. Il faisait un coucou de la main à chaque peinture représentant un être humain. La plupart le lui rendait, le faisant sourire.

Draco s'arrêta sur un palier et soupira doucement. Ils leur restaient un étage. Resserrant sa prise sur Harry, il prit son courage à deux mains pour continuer sur sa lancée, et posa le pied sur la première marche. Quand il reposa finalement Harry sur le sol, il était essoufflé.

- Désolé bonhomme, je suis fatigué. Est-ce que tu veux bien marcher ?

Harry acquiesça. D'habitude, on ne lui laissait jamais le choix, alors ça ne l'embêtait pas trop. Il tendit sa main à Draco et celui-ci la prit en souriant doucement. Harry s'était mis en route avec appréhension, mais lorsqu'il se rendit compte qu'il n'y avait plus aucune marche à grimper, il marcha avec plus d'enthousiasme, découvrant cette partie du château qu'il n'avait jamais visité avant. Cependant, plus ils s'enfonçaient dans les couloirs, et plus la joie d'Harry céda place à de l'angoisse. Il resserra ses doigts sur la main de Draco et se rapprocha de lui. Où est-ce qu'ils allaient ? Il s'apprêta à poser la question quand Draco s'arrêta face à un mur. Doucement, quelque chose se dessina sur celui-ci. Sursautant, Harry se cacha à moitié derrière Draco.

- Tout va bien, le rassura Draco en posant sa main sur sa petite tête. C'est une porte magique.

- Une porte magique ? Répéta Harry, les mains agrippées sur le pantalon de Draco.

- Oui. Parce qu'elle apparaît et ensuite, pouf ! Elle s'en va.

- Et on reste coincé ?

- Mais non, s'amusa Draco. Quand on est dedans, la porte ne s'en va pas.

Intrigué, même s'il n'avait rien compris, Harry regarda la porte. Elle se figea dans le mur et Draco y toqua quelques coups.

- Elle est où Cho ? Voulut savoir Harry.

- Là-dedans, répondit Draco en montrant la porte.

Du moins, il l'espérait. Parce que Cho était censée être là, avec Dobby, à tout préparer. La porte fut tirée dans un grincement mais pas complètement ouverte.

- Harry, appela doucement Draco, tu veux bien me faire plaisir ?

Il baissa le nez vers Harry qui le fixait de ses grands yeux, curieux.

- Je fais quoi ?

- Tu fermes les yeux. Quand on sera dedans, tu pourras les rouvrir.

Resserrant d'abord sa prise avec une grimace, il fallut que Draco lui caresse les cheveux et lui rappelle qu'il s'agissait d'une surprise pour qu'il consente à fermer les yeux. D'habitude, quand on lui demandait de faire ça, son cousin Dudley et ses copains en profitaient pour le taper et lui faire mal. Mais Draco était son ami, pas comme Dudley. Pour le guider, Draco prit les mains du petit garçon et l'aida à passer la lourde porte. Se doutant que la curiosité d'un enfant – et surtout celle d'Harry – le pousserait probablement à ouvrir les yeux avant que Draco lui en ait donné l'autorisation, l'adolescent posa ses paumes sur les yeux d'Harry.

- Hé ! S'exclama tout de suite Harry en essayant de faire bouger les doigts.

- C'est pour que tu ne triches pas, répondit Draco.

Il releva les yeux pour adresse un sourire à Cho avant de la laisser refermer la porte derrière lui. La salle sur demande offrait une pièce unique, mais chaleureuse. En sommes, tout ce dont ils avaient besoin pour la soirée tranquille qu'ils avaient voulut offrir à Harry. Près d'une cheminée où brûlait un feu, un immense sapin, aussi haut que celui qui décorait la grande salle était décoré de guirlandes lumineuses, de boules flottantes et d'un Père Noël, avec ses reines et son traineau, enchanté. Il faisait le tour du sapin en laissant une trainée scintillante derrière lui et répétait inlassablement son insupportable « ho ho ho ». Draco allait devoir prendre sur lui pour ne pas le faire exploser. En face de la cheminée, une petite table était posée sur un tapis qui courrait jusqu'en dessous du sofa et des fauteuils. Un vrai petit nid, presque identique à ce que Draco avait sa chambre. De l'autre côté de la pièce, Dobby avait dressé une longue table, sur laquelle attendait sagement un dîner qui promettait d'être un festif.

- Tu as fait de l'excellent travail, complimenta Draco, sans regarder la jeune fille.

- Merci. Mais c'est la salle qui a presque tout fait, en vérité. Je n'ai fait qu'apporter quelques décorations.

Remarquant que le sol au pied du sapin était étrangement dégagé et visible, Draco fronça les sourcils et fit un mouvement de tête pour poser sa question silencieuse à Cho. Celle-ci lui répondit d'un sourire et d'un clin d'œil. Au fond, peu importait, du moment que les cadeaux d'Harry étaient ici, quelques part.

- Tu es prêt ? Demanda Draco en se baissant au niveau d'Harry, sans retirer ses mains.

- Oui ! Répondit-il impatiemment.

- Alors tu peux ouvrir les yeux.

Draco retira ses mains des lunettes d'Harry et l'observa. Tout heureux, Harry s'empressa d'ouvrir les yeux mais resta perplexe face à la vision qui s'offrait à lui. Oh, il n'était pas assez bête, et bien assez grand, pour comprendre qu'ils fêtaient Noël, mais ça ne le ravissait pas pour autant. D'un reflexe qui ne lui était plus venu depuis longtemps, Harry tourna la tête dans tous les sens, s'attendant à voir son cousin surgir de quelque part pour se moquer de lui avant de le taper.

S'agenouillant près de lui, Cho posa ses mains sur les petits bras d'Harry et lui fit un sourire qu'elle voulait bienveillant.

- Joyeux Noël, Harry.

Harry répondit d'un petit son, tripotant son pull.

- Qu'est-ce que tu as envie de faire en premier ? Manger ou ouvrir tes cadeaux ?

Écarquillant les yeux, le petit garçon fixa la jeune fille avait de regarder Draco.

- Mes cadeaux ? Répéta-t-il en revenant à Cho.

D'un geste de baguette en direction du pied du sapin, Cho fit apparaître tous les paquets qu'elle avait dissimulé. Harry ouvrit les yeux plus grands encore, jusqu'à en faire disparaître ses paupières, ainsi que sa bouche.

- C'est pour moi ? Demanda-t-il, pour être sûr.

- Ils sont tous pour toi, affirma Draco.

Passant son regard de l'un à l'autre, les deux adolescents encouragèrent Harry à y aller.

- Dobby peut aider Monsieur Harry Potter à ouvrir ses cadeaux, si Monsieur Harry Potter le veut, proposa l'elfe, tout près de lui.

- Nommy ! S'exclama le petit garçon.

- Joyeux Noël, Monsieur Harry Potter, répondit-il, ses grandes oreilles gigotant d'enthousiasme.

- Allez file, ordonna Draco.

Ne se le faisant pas dire deux fois, Harry attrapa la main de Dobby et l'entraîna avec lui vers le sapin. Il n'avait jamais trouvé d'intérêt à Noël, ça le rendait triste de voir son cousin ouvrir paquet après paquet et se goinfrer de gâteaux, pendant que lui avait à peine le droit d'être là. Un peu comme pour les anniversaires, en fait.

Se redressant, Cho et Draco restèrent en retrait pour observer Harry s'asseoir sur le sol, posant sa peluche à ses côtés.

- Tu crois qu'il aimera Noël maintenant ? Demanda la jeune femme à Draco.

- Je crois que ça pourrait devenir sa fête préférée.

- J'aimerais bien.

Draco glissa un coup d'œil dans sa direction. Un petit sourire décorait ses lèvres et elle pouffa quand Dobby posa le nœud de l'un des paquets sur sa tête, pour faire rire Harry.

- Au fait, se reprit-elle. Tu es très beau.

- Je suis toujours beau.

- Et modeste !

Cho leva les yeux au ciel. Parfois, quand il se comportait comme le sale gosse qu'il était, Draco était vraiment insupportable. Un parfait crétin.

- Cette robe te va bien, fini-t-il tout de même par dire.

- Tu ne le penses pas. Tu le dis seulement pour ne pas passer pour un sale type.

- Je suis un sale type quoi qu'il arrive. Et, je le pense. Ce n'est pas donné à tout le monde de pouvoir porter de l'argenté.

- Alors j'ai vraiment reçu un compliment de la part de Draco Malfoy ?! S'exclama Cho, une main sur le cœur dans une posture dramatique.

Lâchant un grognement, Draco prit la direction du sofa et se laissa tomber dessus, le menton tourné vers Harry qui venait tout juste de sortir un ballon de l'une des boites. Son visage rayonnait, alors qu'il n'en avait ouvert que quelques-unes. Ils avaient réussi leur pari. Cho et lui avaient dépensé une petite fortune pour tous les cadeaux. Ils avaient d'ailleurs longtemps bataillé quant à savoir quoi acheter. Puis, ils avaient fait un compromis. Acheter un maximum de choses qu'Harry pourrait utiliser même en étant adolescent, comme le ballon, et quelques bricoles qui ne pourraient plaire qu'à un jeune enfant.

- Draco ? Appela Cho en venant s'asseoir près de lui.

- Hm ?

- Le professeur Rogue et le professeur Chourave en ont encore pour longtemps, tu crois ?

- Rogue m'a dit que la potion devrait être prête mi-janvier.

- Alors il ne reste plus beaucoup de temps.

- Non. Mais rien n'est sûr, surtout avec Slughorn, et je dois bien admettre que ce n'est pas pour me rassurer.

- Tu as peur qu'il ne revienne jamais ? Demanda-t-elle en se penchant vers lui, ses cheveux lâchés frôlant ses genoux recouverts d'un collant.

- Tu n'as pas peur, toi ?

Cho prit quelques secondes pour y réfléchir.

- Si, un peu. Je crois. J'aime bien m'occuper de lui, mais ça me manque de ne plus parler à mon ami.

- Au moins, tout ça aura eu une bonne conséquence. J'ai pu réfléchir à notre situation et prendre conscience de tout ce qui n'allait pas.

- Moi aussi. Même s'il faut bien avouer qu'on aurait pu le faire avant, si seulement Harry ne gardait pas tout pour lui.

Draco s'enfonça un peu plus dans l'assisse, laissant sa nuque tombée sur le bord du dossier.

- Il l'aurait peut-être fait, s'il y avait eu une personne qui l'écoutait réellement. C'est dur à admettre, pour tout ceux qui tiennent à lui, mais on a été vraiment pathétique.

- Il faut croiser les doigts pour qu'on ne recommence pas, déclara Cho en accompagnant ses paroles d'un geste.

Fonçant vers eux, Harry déposa une grande boite de puzzle sur les jambes de Cho.

- Cho, tu fais avec moi ? Demanda-t-il, les yeux pétillants.

- J'espère bien ! Tu comptais le faire tout seul ? Répondit-elle en lui pinçant gentiment le nez, faisant rire le garçonnet.

- J'ai le droit de participer, moi aussi ? Fit Draco.

Harry hocha vivement la tête, ravi de pouvoir faire ça avec les deux personnes qu'il aimait le plus.

- On le fera tout à l'heure, si tu veux. Pose-le sur la table, pour ne pas qu'on oublie.

Harry obéit à Draco et posa la boite sur la table basse avant de retourner auprès de Dobby et de continuer son déballage.

- Avec tout ça, on a au moins compensé ses quatre années sans cadeaux, murmura Cho, l'air un peu triste. Tu crois qu'il fêtait son anniversaire ?

- Non. Et je n'ai pas eu besoin de fouiller dans ses souvenirs pour le savoir.

- Il t'en a parlé ? S'étonna-t-elle.

- Oui, un jour. Il m'a dit qu'il n'avait jamais fêté un seul de ses anniversaires avant de se faire des amis à Poudlard.

- Pourquoi est-ce qu'ils ont été si horribles avec lui ? Souffla Cho, les doigts serrés sur le bas de sa robe. Son oncle et sa tante. C'était juste un enfant.

- Il y a beaucoup de sorciers qui traitent les moldus comme des êtres inférieurs, et je ne prétends pas ne pas en faire partie. Mais il y a aussi beaucoup de moldus qui savent et qui nous considèrent comme des monstres. C'était le cas pour Harry.

- Ils savaient ? S'étonna Cho, qui ignorait encore beaucoup de choses sur le passé d'Harry.

- Sa tante a su quand sa sœur, la mère d'Harry, a découvert ses pouvoirs.

Cho sembla alors se rappeler qu'il lui avait dit que sa mère était une née-moldue. Pour elle, considérer les sorciers comme des « monstres », comme l'avait dit Draco, n'était tout de même pas une raison valable pour si mal s'occuper d'un enfant qui ignorait tout.