Une main secoue légèrement l'épaule d'Hermione, la tirant brusquement de son sommeil, et ses yeux, encore embrumés de ses cauchemars , se heurtent à une paire d'yeux sombres familiers.
"Je ne voulais pas te faire peur... J'ai frappé plusieurs fois, mais tu ne répondais pas... Excuse-moi, je ne voulais pas violer ton intimité, mais je m'inquiétais", chuchote Blaise.
"C'est bon, Blaise, ça va", rassure Hermione, repoussant les restes du sommeil qui l'entravaient.
Le Brun s'installe sur le rebord du lit d'Hermione, un air d'inquiétude sur le visage. Son regard scrute Hermione, attentif.
"Comment te sens-tu ? Je sais que tu t'es disputée avec Drago."
Sous sa couverture, Hermione gigote anxieuse, craignant que Malfoy n'ait révélé à Blaise ce qui s'était passé la veille. Ses doigts se tordent nerveusement, un geste qui n'échappe pas à son ami attentif.
"Qu'est-ce qu'il t'a dit ?", demande-t-elle, l'angoisse étreignant son cœur.
Blaise relate leur conversation avec le blond, et il devient clair qu'il n'a rien révélé non plus à sur son geste.
"Il m'a également dit que tu avais évoqué ses parents dans la conversation..."
"Quoi ? Quel rapport ont-ils avec tout ça ?" s'exclame-t-elle, le visage marqué par la confusion et l'incompréhension.
Blaise semble hésiter, conscient que divulguer cette information à Hermione pourrait causer des problèmes. Il savait que Drago n'apprécierait pas qu'il révèle ce genre de détails, mais la situation l'obligeait à le faire. Il avait besoin de comprendre pourquoi leur dispute avait pris une tournure aussi dramatique, bien que les détails exacts lui échappent encore.
"Ses parents... c'est un sujet extrêmement délicat. Même avec moi, il ne s'étend pas vraiment dessus," commence-t-il, prenant une inspiration profonde pour poursuivre, "Te souviens-tu de ce que je t'ai dit à propos de mes parents et de leur adhésion aux rangs du Seigneur des Ténèbres ?"
Hermione hoche la tête, toujours incertaine de la direction que prend la conversation. Elle se souvient clairement de leurs nombreuses discussions à ce sujet, du fait que des parents se son sacrifiés pour lui, pour le protéger de la colère du Seigneur des Ténèbres en ne s'impliquant pas lui-même.
"Eh bien, c'est la même chose pour Drago," explique Blaise, observant l'expression dubitative d'Hermione à cette révélation, "Lucius est un être odieux, je te l'accorde. Il est l'un des mangemorts les plus fidèle, ses idées étaient plus que discutables. Mais il reste le père de Drago, l'homme qui l'a élevé, lui a offert son premier balai, lui a enseigné à voler et à maîtriser la magie. Son mépris pour son père ne signifie pas qu'il ne l'aime pas, Drago a été forgé par cette éducation malgré lui. Comment penses-tu qu'il soit devenu aussi arrogant ? On ne devient pas ainsi du jour au lendemain. Au fond de lui, il n'est pas mauvais, du moins plus maintenant. Il essayait simplement de survivre avec l'éducation qu'il avait reçue... Mais Narcissa n'était pas comme ça."
À l'évocation du nom de Narcissa, Hermione se tend légèrement, devenant encore plus attentive.
"Elle était son rayon de lumière dans ce monde sombre qui l'entourait. Elle a toujours su le comprendre, savait exactement quoi dire ou faire pour le canaliser, pour éviter qu'il ne devienne comme son père."
Un sentiment de culpabilité envahit Hermione quand elle repense à ce qu'elle a dit à Malfoy : "Ça m'étonne que tu n'aies pas fini comme ton père..."
"Elle aurait fait n'importe quoi pour son fils, même si cela signifiait se sacrifier ou endurer la colère de son père. Je n'ai jamais vu une mère aussi dévouée qu'elle. Ils étaient vraiment très proches."
Hermione écoute Blaise avec une attention soutenue, incapable de nier la tendresse que décrit Blaise dans la relation entre Drago et sa mère. Malgré sa propre relation solide avec ses parents, elle ressent une pointe d'envie face à cette proximité.
Pourtant, quelques chose interpelle Hermione.
"Pourquoi tu parles d'elle au passé ?" demande-t-elle curieuse.
Nerveux, Blaise reprend son récit, plongeant Hermione dans l'histoire tourmentée de Drago.
"Elle a disparu quelques semaines à peine après la guerre. Drago l'a cherchée partout pendant plus de deux ans. C'était son obsession, sa seule raison de vivre. Mais il n'a jamais réussi à la retrouver. C'était une période incroyablement sombre pour lui. Son père venait d'être condamné à Azkaban, et sa mère avait disparu sans laisser de trace. Accepter qu'elle était probablement morte a été une épreuve insurmontable. Drago ne s'en est jamais remis. Ça l'a changé profondément."
Hermione, encore choquée, essaie de comprendre. "Quoi ? Attends... Malfoy pense que sa mère est morte ?"
Blaise hoche la tête. "Il a fini par l'accepter en quelque sorte. C'est pour cela qu'il est si sensible sur ce sujet. Il a perdu son seul point d'ancrage...même si quelque fois il' semble encore avoir l'espoir de la revoir un jour."
Hermione pâlit à mesure qu'elle réalise ce qu'elle n'avait jamais envisagé jusqu'à présent. Pas une seule fois cela lui avait traverser l'esprit que Drago ignorait que sa mère était encore en vie. Pire encore, elle ne pouvait rien révéler, car le serment inviolable la liait à cette information. Ce serment, c'était avec la mère de Drago qu'elle l'avait conclu.
Hermione se lève brusquement, incapable de rester assise, réalisant soudain toute l'ampleur de la situation.
La panique commence à s'emparer de la brune. Ses pas s'agitent frénétiquement entre la fenêtre et son bureau. Cacher l'identité de la personne qui l'avait aidée à échapper à son destin, c'était déjà un fardeau, mais garder le secret sur le fait qu'elle était en vie alors que tout le monde la croyait morte, y compris lui, était une épreuve insurmontable. Surtout parce que c'était lui.
S'immobilisant devant la fenêtre qu'elle ouvre en grand, elle manque d'air. Une oppression envahit sa poitrine, une douleur aiguë qui serre son cœur. Comment pourrait-elle affronter Drago à présent qu'elle avait compris la vérité ? Elle n'était pas préparée à ça, elle ne pouvait pas le faire. Il dormait à quelques pas seulement, dans la chambre voisine, partageant les mêmes appartements. Elle avait prêté serment de le protéger, et maintenant elle comprenait pourquoi Narcissa avait accepté de l'aider.
Le serment inviolable, qui la liait à cette situation complexe, prenait une tout autre dimension, et Hermione doutait de sa capacité à le respecter.
Ses pas s'arrêtent brusquement quand la douleur dans sa poitrine devient insupportable. La malédiction de la Magie Noire, combinée à cette révélation, c'était trop pour elle. La respiration devient difficile, ses poumons semblent brûler, sa main se pose sur sa poitrine pour tenter de calmer la douleur. Mais son souffle devient de plus en plus saccadé, et son cœur tambourine comme s'il voulait s'échapper de sa cage thoracique.
La chambre, autrefois familière, se distord, perdant sa réalité. Elle en oublie même la présence de son ami qui tente malgré tout de l'aider, incapable de comprendre la tempête qui se déchaîne en elle.
"Hermione, qu'est-ce qui se passe ? Hermione, calme-toi..."
Les jambes d'Hermione flageolent sous le poids de l'incertitude. Tout autour d'elle se mélange, la réalité se brouille. Elle ne ressent même pas le bras de Blaise qui tente de la rassurer, complètement dépassé par la situation.
Le souffle d'Hermione devient de plus en plus court, chaque inspiration devenant un combat pour sa survie. Blaise, en proie à la panique, crie à l'aide en direction de la porte ouverte.
"Drago! Drago, j'ai besoin d'aide!" hurle-t-il.
En quelques secondes à peine, Drago apparaît dans l'encadrement de la porte.
"Drago... je ne sais pas ce qui se passe, c'est arrivé d'un coup! Je n'y arrive pas..." dit-il, désespéré.
Drago saisit immédiatement la gravité de la situation en voyant l'état d'Hermione, le visage inondé de larmes, la respiration erratique. Sans réfléchir, il s'approche rapidement, réduisant la courte distance qui le sépare de la Gryffondor. Blaise se déplace pour lui céder la place.
"Elle fait une crise de panique, c'est déjà arrivé ?" demande Drago.
"Je ne sais pas, c'est la première fois que je la vois comme ça..."
Drago s'agenouille devant Hermione, posant doucement ses mains sur ses épaules. Mais elle ne réagit pas, semblant complètement perdue. Ailleurs.
"Granger..."
Pas de réaction
"Granger, il faut que tu respires."
Toujours rien. Hermione paraît ne pas être consciente de sa présence.
Drago saisit la main de la Gryffondor et la pose sur sa propre poitrine, la maintenant fermement. Son autre main demeure sur son épaule.
"Granger, écoute-moi, concentre-toi sur ma voix", chuchote-t-il, sa voix à peine plus qu'un murmure, "essaie de te concentrer sur les battements de mon cœur, Granger, il faut que tu essaies de te détendre."
Hermione lève les yeux vers le blond, et quand son regard croise le sien, elle tente de reculer, mais elle ne parvient pas à bouger, sa main maintenue fermement par Drago.
"Je ne vais pas te faire de mal... mais j'ai besoin que tu respires... respire, Granger, s'il te plaît, calque-toi sur les battements."
Hermione ne détourne pas son regard du sien, même quand elle devient consciente de leur proximité et de sa main dans la sienne.
"Respire, tu peux faire ça ? J'ai besoin que tu respires."
Hermione hoche la tête, fermant les yeux pendant quelques secondes. Elle prend une grande inspiration, la relâche lentement, et répète le processus plusieurs fois, en se concentrant sur le rythme cardiaque de Drago. Au bout de quelques minutes elle se calme doucement .
"C'est exactement ça, continue, respire doucement..."
Lorsque Drago voit que la respiration d'Hermione retrouve un rythme normal, il retire lentement sa main de sa poitrine et la pose délicatement sur sa cuisse. Puis, il détourne son regard vers Blaise, se lève, et quitte la pièce.
Blaise se rapproche d'Hermione et fait apparaître un verre d'eau à l'aide de sa baguette.
"Bois, ça va te faire du bien", lui dit-il en lui tendant le verre.
Hermione saisit le verre, encore un peu désorientée, et le vide d'une traite, réalisant à quel point sa gorge était sèche.
"Merci..."
"Tu te sens mieux ?" Blaise s'enquiert.
"Je crois, oui... je suis désolée pour ça..."
"Pourquoi t'excuses-tu, Hermione ? Ce n'est rien..."
"C'est juste..." Sa voix se brise, et elle sent les larmes qui menacent de revenir.
"Tu n'es pas obligée d'en parler si tu n'en as pas envie."
"Je... je ne peux rien dire. J'aimerais vraiment te le dire, mais je ne peux pas... Oh mon Dieu, je ne vais pas y arriver, c'est trop, je..."
"C'est rien. Je suis là si tu as besoin de moi. Essaie de te reposer, tu es complètement pâle. Tu as mangé quelque chose aujourd'hui ?"
"Je... non... je n'ai pas faim."
"Tu es sûre ?"
"Oui, je ne peux rien avaler."
"D'accord, alors je vais te laisser. Il faut que tu dormes un peu."
"Merci", murmure Hermione avant de le prendre dans ses bras. Elle avait tellement besoin de sentir la chaleur humaine. Oui elle en avait désespérément besoin.
Quand Blaise ferme la porte de la chambre, il se retrouve face à Drago, adossé au mur à côté de la porte, les bras croisés, le regard sévère. Il fait signe à Blaise de le suivre, et ce dernier obéit sans poser de questions.
Arrivés dans le salon, Drago ne s'arrête pas, les emmenant sur la petite terrasse qui longe le salon, malgré le froid de novembre. Il sort une cigarette de sa poche et l'allume avec sa baguette. Il tire plusieurs bouffées avant de parler.
"Comment c'est arrivé ?"
"C'est arrivé comme ça. On était en train de discuter, et soudainement, elle a commencé à paniquer..."
"De quoi vous parliez ?" demande Drago, son regard fixé sur le lac noir au loin.
"On parlait de votre dispute, et je lui ai dit que le sujet de tes parents était à éviter..."
Drago s'immobilise, la cigarette suspendue à quelques centimètres de ses lèvres. Maintenant, il se demande si c'est de sa faute, a cause de ce qu'il a fait. Il se demande si elle a peur de lui. Cependant, Blaise n'a toujours pas mentionné les mains autour de son cou, ce qui signifie qu'elle ne lui a toujours rien dit. Pourtant, elle pourrait très bien avoir peur de lui, après tout, il avait tout fait pour ça.
Il jette le mégot de sa cigarette par-dessus la balustrade et se tourne vers Blaise.
"Je t'avais dit que toute cette histoire était une mauvaise idée. On ne pourra jamais travailler ensemble sans que ça ne dégénère."
"Tu disais la même chose de Pansy quand tu l'as rencontrée."
Drago se détourne de Blaise à nouveau et allume une autre cigarette.
"Ça n'a rien à voir."
"C'est pareil. Tu ne supportais pas que Pansy te tienne tête. Et Hermione fait la même chose. Et du coup, tu la méprises... comme avec Pansy au début."
"Tu ne peux pas comparer ma relation avec Pansy à celle de Granger. Elles sont complètement différentes à tous égards."
"Je ne voit pas la différence…"
"Granger est tellement... C'est Granger, je ne peux pas l'expliquer."
"Tu vois, c'est là tout le problème. Tu n'es même pas capable de dire pourquoi tu la méprises."
"Je pourrais écrire un livre sur toutes les raisons possibles."
"Tu pourrais écrire un livre sur toutes les raisons possibles de ne pas la mépriser. On dit que la frontière entre la haine et l'amour est très mince."
"On dit que la frontière entre la vie et la mort est très mince."
Blaise comprend vite l'allusion et préfère changer de sujet, ne souhaitant pas se disputer avec Drago.
"As-tu avancé dans tes recherches sur la fille du bal ?"
"Je commence à croire qu'elle n'existe pas et que mon cerveau l'a inventée. Je n'ai rien trouvé sur elle, même si j'ai passé en revue toutes les filles de Serpentard qui étaient au bal..."
"Qu'est-ce qui te fait penser qu'elle est de notre maison ? Après tout, ça pourrait être n'importe qui."
"La robe... Je ne vois pas une fille, en dehors de celles de Serpentard, qui serait assez audacieuse pour porter une robe comme celle-là. Et la couleur ne laisse aucun doute."
"Et si ce n'était pas le cas ? Après tout, quand on accorde de l'anonymat aux gens, ils se permettent plus de choses."
"Je suis sûr de ne jamais avoir couché avec elle, je n'aurais pas oublié un corps comme le sien."
"Si tu te concentres sur les filles avec qui tu n'as pas encore couché, il ne reste pas grand-chose", taquine Blaise.
"Je n'y peux rien, elles tombent toutes sous mon charme. Ce n'est pas comme si j'allais vers elles, elles viennent à moi toutes seules."
"Presque toutes." Blaise lui lance un regard malicieux, et Drago comprend rapidement de qui il parle.
La vérité, c'est qu'il s'était déjà posé la question. Et si c'était Granger derrière ce masque ? L'idée lui avait traversé l'esprit, mais il l'avait rapidement écartée. Ça ne pouvait pas être elle. Bien qu'il avait remarqué qu'elle ne ressemblait en rien à la gamine de première année avec ses cheveux touffus et ses dents de devant proéminentes. Il s'était surpris à l'observer de loin, à détailler ses jambes quand elle portait une jupe courte, à apprécier la manière dont son uniforme laissait entrevoir légèrement la naissance de sa poitrine lorsque le col de sa chemise était déboutonné. Il apprécie particulièrement quand elle s'attache les cheveux négligemment, laissant tomber quelques mèches et exposant son cou et ses clavicules.
Il se souvenait parfaitement du jour où il l'avait trouvée simplement vêtue d'une serviette dans la salle de bain. Il ne s'était pas attendu à apprécier autant ce qu'il voyait, mais cela n'était rien comparé au moment où elle avait enfilé sa chemise à lui. Il ne l'avait jamais trouvée aussi attirante. Et il avait du se contenir pour ne pas la plaquer contre la porte de la salle bain et lui sauté dessus. Si des mangemorts n'avait pas été de l'autre côté de la porte, il ne sais pas ce qui aurait pu arriver.
Mais ça ne pouvait pas être elle. Ça ne devait pas être elle.
"Il faut que je contacte l'Ordre pour leur dire qu'on ne peut pas effectuer la mission ce soir. Dans son état, Granger ne sert à rien, ce serait une perte de temps." Dit-il pour changer de sujet.
Blaise acquiesce et suit Drago à l'intérieur. Ils sortent tous les deux et se séparent. Blaise se dirige vers la Grande Salle, espérant trouver encore de la nourriture pour son dîner. Quant à Drago, il se dirige vers le bureau de la directrice.
Hermione se réveille, envahie par un sentiment de vide. La sieste qu'elle vient de prendre ne lui a pas du tout été bénéfique, et sa gorge est encore plus sèche qu'auparavant. Dépitée, elle quitte son lit et se dirige vers les escaliers pour se rendre à la cuisine. Chaque marche est une véritable torture pour ses jambes, et elle a l'impression de ne pas pouvoir contrôler son corps. Elle avait déjà eu des crises d'angoisse par le passé, et généralement, après un peu de repos, elle retrouvait son état habituel. Cependant, cette fois-ci, c'est tout le contraire, son corps n'a pas du tout récupéré.
Arrivée devant l'évier de la petite cuisine, elle se cramponne au rebord pendant quelques secondes pour s'assurer que ses jambes ne vont pas la trahir.
Hermione ouvre le robinet et attend quelques instants pour être certaine d'avoir de l'eau bien fraîche avant de remplir son verre. Elle doit boire deux verres entiers pour apaiser sa soif. Elle se sert un troisième verre, cette fois-ci, simplement pour savourer l'eau fraîche, maintenant que la sensation de soif a disparue.
Alors qu'elle termine son dernier verre d'eau, quelque chose chatouille son cou, et elle se rend compte que son foulard vient de glisser sur le sol en marbre derrière elle. Elle se retourne, prête à se pencher pour le ramasser, mais stoppe net en voyant une main pâle saisir son foulard.
En levant les yeux, elle croise son regard gris qu'elle commence à trop bien connaître, Malfoy. Elle ne l'a pas entendu arriver. La Magie Noire aurait-elle altérer son ouï également ?
Hermione suit le regard du Serpentard qui descend légèrement, et elle se fige lorsqu'elle réalise que son regard s'est arrêté sur son cou.
Drago écarquille les yeux en prenant conscience des marques bien visibles sur le cou d'Hermione. C'était lui qui lui avait fait ça. Il avait dû serrer si fort, excessivement fort, pour que des traces comme celles-ci apparaissent. Pour la première fois, il regrette véritablement son geste. Il peut imaginer la douleur qu'elle a dû ressentir quand il a écrasé sa peau.
Hermione aimerait s'enfuir, mais ses jambes ne lui obéissent pas. Ses mains se cramponnent à nouveau au rebord de l'évier, les jointures tellement blanchies qu'elle en tremble.
"Est-ce que ça te fait mal ?" demande-t-il, incertain de lui. Le regard de Drago se lève vers les yeux d' Hermione, et elle sait qu'il attend une réponse. Mais elle n'est pas sûr de ce qu'elle a entendue. Elle n'est même pas sur d'avoir entendue quoi que ce soit d'ailleurs.
"Ton cou... il te fait mal ?" répète-t-il une deuxième fois.
Elle puise de nulle part la force de lui répondre. "N...non... hum ! Plus maintenant..."
Drago esquisse un geste pour avancer sa main ers elle, il voulait effacer ces marques avec les mêmes doigts qui les lui ont infligées. Comme si cela n'était jamais arrivé. Cependant, il se ravise en voyant la réaction de la Gryffondor. Son regard a changé.
"Je ne vais pas te faire de mal, Granger," assure-t-il en reculant d'un pas."Est-ce que je te fais peur ? ... Est-ce pour ça que tu as fait une crise d'angoisse ?" demande-t-il.
"Qu... quoi? Non ! Ça n'a rien à voir avec ce qui s'est passé !" s'étonne-t-elle en réalisant qu'il pense être responsable de sa crise. "C'était un moment de faiblesse, je suis désolée que tu aies dû assister à ça. Ça ne se reproduira plus."
"Il semble que tu n'aies pas répondu à l'autre question," insiste-t-il, déterminé à obtenir une réponse.
"Je... non... je n'ai jamais eu peur de toi jusqu'à hier..."
"Et maintenant, as-tu peur ?"
Il s'était approché d'elle à nouveau, mais étrangement, elle ne réagit pas. Bizarrement elle savait d'une manière ou d'une autre qu'il ne lui ferait aucun mal.
Alors elle répond simplement "non"
Drago se penche en avant et enroule le foulard autour du cou de la Gryffondor. Ses gestes sont délicats, et elle remarque qu'il prend soin de ne pas toucher sa peau.
Lorsqu'il termine , il la scrute pendant quelques secondes, comme s'il essayait de la décrypter, de comprendre ce qu'elle pense. Finalement, il s'éloigne et se positionne derrière le comptoir à quelques pas d'elle.
"Je n'aurais jamais dû faire ça. Quand tu as parlé de mes parents, j'ai perdu le contrôle... Ça ne se reproduira pas."
Son ton est sec, mais non méprisant. Il tente de lui faire comprendre qu'il regrette, et elle saisit que c'est sa façon à lui de s'excuser. Elle pourrait lui dire que ce ne sont pas de véritables excuses, mais elle ne le fait pas, car elle sait que c'est tout ce qu'elle obtiendra de lui.
À la place, elle lui demande : "Comment savais-tu quoi faire…je veux dire, pour faire passer la crise..."
"Ma mère... elle en faisait souvent... quand Voldemort séjournait au manoir."
Hermione est loin de s'attendre à cette réponse. Encore sa mère. Elle sent sa gorge se nouer. Son poignet la démange subitement.
"C'était la seule façon de la calmer."
"Merci..."
"Pourquoi diable me remercies-tu, Granger..." dit-il d'un ton las.
"Parce que c'est ce que font les gens pour exprimer leur gratitude quand ils en ressentent le besoin."
"Et pourquoi ressens-tu le besoin d'exprimer ta gratitude ?"
"Je ne sais pas... parce que tu m'as aidée malgré..."
"Malgré le fait que j'ai essayé de t'étrangler ? C'est une étrange façon je trouve."
C'est vrai que dit comme ça, ça paraissait étrange. Mais personne n'avais jamais réussis à calmer ses crises. Même pas Harry ou Ron. Alors oui, malgré la situation elle avait ressentie le besoin de le dire.
"Il n'y aura pas de mission ce soir, elle est annulée, Potter est au courant. "
D'une certaine façon , Hermione était soulager de ne pas à avoir à la faire ce soir, mais elle savait que ce n'était que partie remise et qu'elle le veuille ou non elle aller devoir la faire avec Malfoy.
"Est-ce qu'il t'a dit quand ?"
"Non, il nous recontactera pour ça."
Elle acquiesce en le regardant. Elle repense à tout ce qui s'est passé depuis qu'elle s'est retrouvée à cohabiter avec lui, au cours de ces trois derniers mois. S'ils échouent dans leurs missions ou se font attraper, cela signifierait la fin pour tous. Alors, Hermione comprend une dernière chose ce soir. Elle ne peut pas être capturée vivante, elle ne peut pas prendre ce risque. Et Malfoy sera probablement son compagnon dans la plupart de leurs missions, alors ça doit être lui.
"Il faut qu'on parle de quelque chose..."
Le Serpentard la regarde intrigué.
"Cela concerne les missions et les risques que nous encourons à chacune d'entre elles."
"C'est maintenant que tu t'inquiètes de cela ? Il fallait y penser avant de te fourrer dans cette situation."
"C'était avant de savoir ce que je suis devenue..." Elle détourne le regard, de moins en moins sûre que Drago soit la meilleure personne à qui demander cela. Blaise n'accepterait jamais, et Harry non plus. Il semblait être le bon choix, le meilleur. "Si je me fais attraper... tu ne peux pas laisser ça arriver…"
Drago la regarde, pas très certain de comprendre où elle veut en venir.
"Il ne tient qu'à toi de respecter les plans et de ne pas faire cavalier seul si tu veux éviter une situation comme celle du ministère."
"Tu ne m'as pas comprise... Si je me fais attraper alors que nous sommes en mission, tu ne peux pas les laisser m'avoir en vie."
Elle le fixe intensément, et enfin, il comprend ce qu'elle veut dire.
"Es-tu en train de me demander de te tuer si la situation se complique ?"
"C'est la seule façon d'éviter une catastrophe. Tu l'as dit toi-même, on ne peut prendre aucun risque."
Le Serpentard la détaille, semblant la scruter, cherchant quelque chose qui lui échappe apparemment.
"Pourquoi ne demandes-tu pas à Potter de le faire ?"
"Harry ne le fera jamais, il ne pourrait jamais sacrifier un ami, et c'est pareil pour Blaise, et tu le sais très bien. Alors que toi..."
"Je ne suis pas ton ami, " fini-t-il à sa place, " alors tu crois que je serais capable de te tuer si c'était ce qu'il fallait faire."
"Je ne le crois pas, j'en suis sûr."
"Qu'est-ce que tu ne me dis pas ?"
Elle savait qu'il ne se contenterait pas de ça, il lui fallait plus d'explications.
"J'ai découvert une partie de ce qu'ils comptaient faire de moi. Pourquoi j'ai dû avaler le sang, pourquoi ils ont utilisé autant de magie noire sur moi." Elle contourne le comptoir de la cuisine et se dirige vers les escaliers. "Je vais chercher quelque chose, je reviens."
Hermione disparaît dans les escaliers, et Drago se sert un verre de whisky pur feu en attendant son retour. Quand elle redescend, il peut voir qu'elle a un livre entre les mains. Cela ne l'étonne pas, étrangement.
"Il faut que tu me promettes de ne pas t'énerver."
"Je ne suis pas du genre à faire des promesses que je n'ai pas l'intention de tenir," lui répond Drago, presque persuadé qu'elle lui demande cela parce qu'elle sait qu'il va s'énerver.
"Malfoy!"
"Très bien, je te promets d'essayer de ne pas m'énerver."
Elle se contente de cela et lui montre le livre. Elle a eu raison de lui demander de ne pas s'énerver, car ses yeux fulminent en reconnaissant l'ouvrage.
"Je croyais t'avoir mise en garde contre ce genre de lecture, Granger."
"Souviens-toi, tu as promis," lui rappelle-t-elle.
"J'ai dit que j'essaierais, mais c'était avant de voir ceci. Je pense sérieusement que tu devrais consulter Granger. Quelque chose ne tourne pas rond chez toi. "
"Arrête de m'insulter et ouvre le livre. J'ai marquer les pages."
Hermione s'éloigne de Drago et le laisse lire sans l'interrompre. Elle s'installe sur le canapé en attendant qu'il finisse. Quand elle le voit se rapprocher, elle se repositionne sur le canapé tandis qu'il prend place sur l'un des fauteuils.
Elle sait qu'il a compris où elle voulait en venir rien qu'en le regardant.
"Comment peux-tu être sûr que c'est de cela dont il s'agit ?" lui demande Drago tout de même.
"Eh bien, on ne peut être sûr de rien dans la vie, mais je ne peux pas prendre le risque. On ne peut pas laisser la moindre chance que cela se produise."
"Tu as si peu d'estime pour ta vie que tu es prête à te sacrifier pour les autres ?"
"Il n'est pas question de moi ici, mais de ce que nous ne pouvons pas laisser arriver !"
Drago semble réfléchir à la situation. Au fond de lui, il sait qu'elle a raison. Il s'était même préparé à devoir l'affronter lorsqu'il avait vu de quoi elle était capable avec sa magie noire. Cependant, il ne s'attendait pas à ce que ce soit elle qui lui propose cela.
C'est la deuxième fois que la Gryffondor le prend par surprise, incapable de prévoir ses actions, bien qu'elle semble si prévisible. La première fois avait été quand elle s'était interposée pour lui sauver la vie.
" J'ai besoin d'y réfléchir. " il se contente de lui dire. Impossible de prendre une décision dans l'immédiat.
