Disclaimer : Les personnages de Largo Winch et de Baywatch ne m'appartiennent pas. Je ne tire aucun bénéfice si ce n'est de faire plaisir aux autres fans de la série
Style : Gen
Résumé : Jessica est la seule à pouvoir aider Simon mais va-t-elle vouloir le faire ?
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Note de l'auteur : Cette suite alternative à Daniel 1 et 2 traînait dans mes tiroirs depuis plus de 15 ans. L'inspiration est revenue comme ça sans m'y attendre et je suis contente d'avoir pu la finir et enfin mettre un terme à cette histoire. J'espère qu'elle vous plaira. Accrochez vos ceintures et enjoy the ride.
Largo jeta un coup d'œil exaspéré à Joy qui haussa les épaules. Depuis que Simon était revenu de Los Angeles, il y avait près de deux mois, il n'était plus que l'ombre de lui même. Il était devenu renfermé, silencieux, un rien le mettait dans une colère noire. Il passait le plus clair de son temps enfermé dans son appartement et quand il daignait enfin en sortir c'était seulement pour se mettre au travail d'une manière acharnée. Ni Largo, ni Joy n'avaient réussi à savoir ce qui avait bien pu se passer entre le Suisse et Jessica. La seule chose qu'ils savaient c'était que leur ami dépérissait à vue d'œil. Il fallait qu'ils trouvent une solution rapidement ou alors… Alors…
- Largo, on ne peut pas le laisser faire, fit Joy consterné par le dernier éclat de Simon, il est entrain de se détruire à petit feu.
- Je sais mais que veux-tu que j'y fasse ? Tu peux me le dire ? Il refuse obstinément de me parler, c'est un comble pour un baratineur comme lui.
- Je ne sais pas moi, mais il faut trouver quelque chose sinon je sens que je vais faire un malheur.
Le silence retomba, Joy sortit et alla rejoindre Kerensky au bunker. Largo se servit une tasse de café et sortit sur la terrasse, l'air frais du matin lui faisait du bien. Joy avait raison mais il ne savait pas quoi faire pour aider son ami. Tout était arrivé si vite, la paternité de Simon, le décès de Daniel. Il entra à nouveau l'intérieur et s'assit à son bureau, une pile de dossier demandait son attention. Son regard tomba sur la photo de Simon et lui portant Joy. Il y avait alors une telle joie sur le visage et le regard de son ami. C'était le temps du bonheur. Le temps où leur petite famille était unie. Il soupira. Il se demandait ce que cette Jessica avait bien pu dire ou faire à Simon pour le mettre dans un état pareil.
Le reste de la journée se passa plutôt calmement, Largo étudiait les dossiers sans pour autant cesser de penser à Simon. En fin d'après-midi, il posa son stylo et prit sa décision. Il décrocha le téléphone et informa l'aéroport qu'il voulait que le jet soit prêt à décoller le plus vite possible. Si la montagne n'allait pas à Mahomet, Mahomet irait à la montagne. Quelques minutes plus tard Joy entra avec un plateau emplit de victuailles. Elle était allée faire un tour à la cafétéria et ramenait de quoi soutenir un siège.
- Il est temps de dîner, fit-elle avec un enthousiasme qu'elle était loin de ressentir.
- Ça tombe bien j'ai très faim.
Ils s'attablèrent en silence. Largo ne savait pas comment aborder la question. Il opta pour la manière directe.
- Joy, je vais aller à Los Angeles je veux parler à Jessica, je veux comprendre.
- OK je passe par mon appartement et je te rejoins à l'aéroport.
- Non tu ne comprends pas je vais y aller seul, j'ai besoin de toi ici.
- Mais Largo je…
- Je sais ce que tu vas me dire. Mais j'ai besoin de toi ici. Je veux que tu gardes un œil sur Simon pendant mon absence. J'ai peur qu'il ne fasse une bêtise.
- Et qu'est-ce que je lui dis s'il remarque ton absence ? fit Joy en retenant à peine sa colère.
- Dans l'état où il est, il ne remarquera rien. Je fais juste un aller retour.
- Ce n'est pas raisonnable et tu le sais.
- Oui je le sais, mais c'est de Simon dont il est question. Il est hors de question que je le laisse dans un état pareil plus longtemps.
Joy soupira et ne dit plus rien. Largo avait raison, si quelqu'un pouvait ramener Simon à la raison c'était celle qui l'avait blessé. Elle n'aimait pas l'idée. Elle était désolée pour la jeune femme, perdre un enfant était une douleur qu'elle ne pouvait même pas imaginer, mais cela ne lui donnait pas le droit de détruire une personne qu'elle avait soi-disant aimée.
Le vol jusqu'à Los Angeles se passa sans encombre. Sullivan n'avait pas été ravi par ce voyage impromptu mais il comprenait les raisons qui l'avaient amené à prendre cette décision. Il arriva au milieu de la nuit dans la ville des anges et s'installa dans un hôtel à coté de l'aéroport. Malgré la fatigue du voyage, et les tensions des dernières semaines, il eut un mal de chien à trouver le sommeil, il finit par s'endormir devant un documentaire animalier sur la savane africaine et les ravages provoqués par le braconnage sauvage sur la faune.
Le lendemain matin après un solide petit déjeuner, il prit sa voiture de location et tout en conduisant le long de la côte, Largo se demandait ce qu'il allait bien pouvoir dire à la femme qui avait mis la vie de Simon sens dessus dessous. Il n'avait pas vraiment réfléchi à la question. La situation était complexe mais il ne pouvait pas laisser son ami se détruire, car c'était ce qu'il était en train de faire et dans le milieu dans lequel il évoluait cela pouvait lui coûter la vie. Discrètement il avait demandé à Kerensky de faire des recherches sur la jeune femme et ce qu'il avait appris l'avait convaincu que dans le fond ce n'était pas une mauvaise personne. Elle n'avait pas eu une vie facile mais elle avait visiblement toujours fait face à l'adversité avec beaucoup de courage et de ténacité. Ce qu'il avait lu dans le dossier avait fini de le convaincre que si elle avait blessé son ami ce n'était que parce qu'elle-même était à fleur de peau. Il s'arrêta devant une petite maisonnette face à la mer. Il hésita un instant, remettant en cause son jugement. Finalement il descendit de voiture et alla frapper à la porte.
Dans la petite maison, Jessica avait remarqué le gros SUV qui s'était garé en face de chez elle. Elle reconnut sans peine son occupant. Elle ne l'avait que deux fois mais elle ne l'avait pas oublié. C'était le meilleur ami de l'homme qu'elle continuait d'aimer et qu'elle avait brisé par ses paroles inhumaines. Elle savait qu'un jour ou l'autre quelqu'un viendrait lui demander des comptes mais elle aurait pensé que ce serait Simon et non son meilleur qui s'en chargerait. Elle se demanda ce qu'elle allait faire. Devait-elle ouvrir la porte à cet étranger ou faire comme s'il n'était pas là et évader sa responsabilité ? La réponse s'imposa d'elle-même. Elle n'avait jamais reculé devant une épreuve et celle-ci ne faisait pas exception. Et pourtant dieu sait si elle détestait les confrontations, elle les avait en horreur et essayait par tous les moyens de les éviter. Quand elle entendit les coups frappés à sa porte, elle respira à fond et alla ouvrir.
- M. Winch ? Que me vaut l'honneur de votre visite ? demanda-t-elle sur un ton qu'elle voulait calme.
Largo pouvait sentir une pointe d'agressivité. Cette conversation n'allait pas être une partie de plaisir, et il avait dans l'idée qu'elle n'allait pas lui faciliter la tâche.
- Bonjour, vous permettez que j'entre ? demanda-t-il poliment.
- Je vous en prie. Prenez place, répondit-elle en désignant un canapé qui avait connu des jours meilleurs.
Un silence gênant s'installa. Largo ne savait pas vraiment comment aborder la conversation. A sa grande surprise ce fut Jess qui aborda le sujet.
- Je suppose que vous êtes ici au sujet de Simon ? Vous vous demandez comment j'ai eu le cœur de le briser alors qu'il venait tout juste de perdre un enfant dont il ne connaissait même pas l'existence ?
- En effet j'aimerai comprendre. Vous vous êtes aimés ? Alors pourquoi tant de violence ?
- Qu'est-ce que Simon vous a dit sur notre histoire ?
- Rien, il refuse obstinément d'en parler. La seule chose qu'il ait dite c'est que vous aviez été la plus grande erreur de sa vie. Mais je ne suis pas sûr de ce qu'il faut vraiment comprendre. Il peut être très énigmatique quand il le veut. Je ne sais que ce que vous m'avez dit à l'hôtel ce soir-là.
Elle soupira. Ce qu'elle avait vécu avec Simon était quelque chose de privé. Elle n'en avait jamais parlé à personne. Personne n'avait jamais su qui était le père de son enfant, ni les circonstances de sa conception et personne n'avait cherché à savoir. Devait-elle remuer tous ces souvenirs qui avaient un goût doux-amer ? Elle examina le milliardaire et son inquiétude était sincère. Mais même si elle lui racontait tout, cela ne réglerait sûrement les problèmes de son meilleur ami.
- D'accord mais rien de ce que je vais vous dire ne doit sortir d'ici. J'ai votre parole ?
- Vous l'avez, promit Largo.
- Vous croyez au coup de foudre M. Winch ?
- Non pas vraiment, admit-il.
- J'ai rencontré Simon sur la plage il y a huit ans maintenant. J'étais jeune secouriste. Il était assis non loin de ma tour, il m'a intrigué dès que je l'ai vu. Il avait l'air si triste. Quelque chose que je ne saurais expliquer m'a attiré en lui. J'ai passé une partie de l'après-midi à le surveiller, je ne sais pas pourquoi mais il avait l'air de quelqu'un sur le point de faire une bêtise, vous voyez ce que je veux dire…
Largo hocha la tête. Depuis qu'il connaissait le Suisse, il l'avait vu passer par plusieurs phases de dépressions où il avait souvent été sur le fil du rasoir. Il avait pourtant toujours réussi à remonter la pente
- A la fin de ma garde, après avoir fermé ma tour, je suis allée le voir. Je ne sais pas ce qui m'a poussé à aller lui parler, ce n'était pas du tout dans mes habitudes de faire ce genre de chose. Pour preuve, on m'avait surnommé « la reine des glaces » parce qu'avec un seul regard je faisais fuir la gent masculine. Je me suis assise près de lui et je lui ai demandé si ça allait. Il a secoué la tête mais il ne m'a rien dit. Je suis restée là un moment et puis je me suis dit que je n'arriverai à rien, alors je me suis levée pour partir, c'est alors qu'il a attrapé ma main et m'a demandé de rester. Si vous aviez vu son regard. Il m'a transpercé l'âme. Je ne saurais décrire ce que j'ai ressenti à ce moment-là. Même encore aujourd'hui, je n'arrive pas à trouver les mots. Je dirai que c'était de l'amour à l'état pur et c'est encore en dessous de ce que j'ai éprouvé. Je me suis rassise et cette fois il a commencé à me parler. Il m'a raconté sa vie, son passé, ce qu'il espérait pour l'avenir. Une fois lancé, c'était comme s'il ne pouvait plus s'arrêter. S'il était triste c'était parce qu'il s'était disputé avec son meilleur ami et qu'il pensait qu'il l'avait définitivement perdu. Visiblement il s'est trompé puisque vous êtes là. On a discuté une partie de la soirée et une chose en entraînant une autre, je l'ai invité à dîner chez moi. Comme vous pouvez l'imaginer, on n'a pas fait que manger. Il a réveillé en moi des sentiments que je n'avais jamais ressenti et que plus jamais je ne ressentirai avec un autre homme. J'étais chez moi entre ses bras. Nos corps étaient en parfaite harmonie. C'était magique. Et puis on s'est endormi et quand je me suis réveillée, il avait disparu. J'ai pensé que j'avais peut-être rêvé mais j'ai trouvé un petit mot sur la table de chevet disant « Je suis désolé. Je t'aime », il ne l'avait même pas signé. Je ne savais même pas comment il s'appelait. Il était juste « mon inconnu de la plage ». Quelques temps plus tard, je me suis aperçue que j'étais enceinte, j'étais à la fois heureuse et terrifiée.
Largo n'osait pas l'interrompre de peur qu'elle ne finisse pas son récit mais il commençait à mieux comprendre la situation. Il reconnaissait bien là l'un des travers de celui qu'il considérait comme son frère, il n'était pas vraiment doué pour assumer ses sentiments et dès qu'il sentait que cela était sérieux, il prenait la poudre d'escampette. Il préférait se contenter d'aventures sans lendemains pour ne pas avoir à s'engager.
- Après beaucoup de tergiversations, j'ai décidé de garder l'enfant et c'est une décision que je n'ai jamais regretté. Daniel a été ma force et ma lumière.
- Pourquoi ne pas avoir cherché Simon ?
- Parce que comme je vous l'ai dit, je ne connaissais pas son nom. Il était et est resté pendant un long moment mon inconnu de la plage. Et puis il y a trois ans, je l'ai reconnu dans un magazine people dont vous faisiez la couverture, il était marqué qu'il était devenu chef de la sécurité dans l'un des plus grand groupe mondiaux. J'ai été tentée de le contacter à ce moment-là mais j'y ai renoncé. J'ai eu peur, je me suis montrée égoïste, je ne voulais pas partager mon enfant avec un coureur de jupons, parce qu'à chaque fois qu'il était pris en photo, il était au bras d'une femme différente. Même quand Daniel est tombé malade, je n'ai pas voulu prendre contact. J'avais toujours cette peur viscérale qu'il ne veuille m'enlever sa garde. Il avait de l'argent, du pouvoir et des relations et moi je ne suis qu'une simple sauveteuse en mer.
- Voyons, Simon n'est pas comme cela.
- Rappelez vous M. Winch, nous n'avons eu qu'une seule nuit ensemble, c'est beaucoup mais très peu pour apprendre à se connaître. Et puis les gens changent avec les années.
- Alors pourquoi être venu le chercher quand Daniel…
- Parce que mon petit homme voulait à tout prix connaître son père. C'était son dernier souhait et qui peut s'opposer à la dernière volonté de son enfant ? La suite vous la connaissez.
- Non pas tout. Il s'est passé quelque chose après la cérémonie, quelque chose qui l'a transformé.
- Nous nous sommes disputés et je lui ai dit des choses horribles. J'étais blessée et je voulais le faire souffrir comme je souffrais. Il espérait une autre chance, il voulait en quelque sorte réparer le mal qu'il m'avait fait. Mais je ne voulais rien entendre. M. Winch, je l'ai mis plus bas que terre. Je l'ai brisé. J'étais tellement en colère contre la vie, contre lui, contre le monde entier. Vous comprenez maintenant ? Je lui ai enlevé tout espoir d'être un jour heureux. Et maintenant même si je regrette mes paroles, je ne peux plus faire marche arrière et je pense que jamais je ne serai prête à revivre une histoire d'amour avec l'homme dont j'ai rêvé toute ma vie, ni avec aucun autre homme d'ailleurs.
- Je comprends. Mais il faut pourtant faire quelque chose parce que sinon cela va mal se finir. J'ai peur qu'il ne soit sur le fil du rasoir et qu'à un moment ou à un autre, ce fil ne se casse.
- Je suis sûrement la dernière personne qu'il a envie de voir. Et puis je ne suis pas sûre d'être capable de me retrouver face à lui et maîtriser mes sentiments. C'est encore trop récent. Il y a encore trop de colère et de rancœur en moi. Je ne veux plus lui faire de mal, je regrette profondément ce que je lui ai dit. Ce n'était vraiment pas ce que je voulais. Mais il m'a poussée dans mes derniers retranchements et j'ai riposté et pas de la meilleure manière qui soit.
Largo comprenait le raisonnement de la jeune femme. Simon lui avait fait du mal même si cela n'avait pas été intentionnel. Il l'avait en quelque sorte condamnée à ne plus jamais aimer. Visiblement ni l'un, ni l'autre n'avait réussi à tourner la page et maintenant que leur enfant était décédé, son ombre planerait toujours entre eux.
- Je vois, dit le milliardaire. Merci de m'avoir fait confiance, je comprends mieux. J'espère seulement trouver un moyen de l'empêcher de se détruire.
Jessica réfléchit puis se leva et ouvrit le grand placard qui prenait une grande partie du mur derrière le canapé. Elle en sortit un coffre en bois finement décorée.
- Tenez, dit Jess en le lui tendant.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Quand Simon est parti, j'ai eu beaucoup de mal à m'en remettre, j'ai toujours continué à espérer qu'il me reviendrait. Quand je suis tombée enceinte, je me suis dit que ce serait bien de garder tous ces souvenirs, ma grossesse, la naissance de Daniel… Tous ces événements qu'il allait manquer, alors j'ai décidé de tout mettre dans une boîte que j'ai fait faire spécialement à cet effet. Il y a là des photos, des compte rendus médicaux, les premiers chaussons de mon petit ange, sa première grenouillère, la première dent qu'il a perdu, des dessins, son premier cahier d'école… Il y a aussi des lettres que je lui ai écrites où je lui parle de mon quotidiens, de mes mésaventures, de mes joies et de mes peines. J'ai gardé jalousement tous ces souvenirs dans l'espoir qu'un jour je pourrais les lui donner. Je pense que ce moment est arrivé. J'espère que cela l'aidera à faire son deuil et à comprendre pourquoi je ne peux pas être avec lui, du moins pas pour le moment. Dites-lui que je suis désolée, que je ne voulais pas lui faire du mal et qu'un jour j'espère nous pourrons nous parler sans colère, ni rancœur.
- Je… Merci semble un mot si vain mais merci pour lui, merci de continuer à l'aimer malgré le fait que ce soit le plus grand imbécile que la terre ait porté.
- Alors permettez-moi un conseil, ne faites pas la même erreur que lui. Il y a près de vous une personne qui vous aime et qui serait capable de donner sa vie pour vous. Donnez-vous une chance.
Il sourit et secoua la tête. Il pensait qu'il réussissait à cacher ses sentiments pour Joy et que personne n'avait remarqué leur attirance mutuelle mais visiblement ce n'était pas le cas. Il se leva posa le coffret sur la table basse et prit la jeune femme dans ses bras, elle ne le repoussa pas. Elle avait besoin de sentir qu'elle comptait pour quelqu'un.
- Merci Jessica, je vous promets que je ferai tout mon possible pour aider Simon à sortir de cette détresse de laquelle il semble prisonnier. N'hésitez pas à me contacter si jamais vous avez besoin de quoi que ce soit. N'importe quoi. Même si nous ne nous connaissons pas vraiment, je vous considère comme un membre de ma famille.
- C'est gentil M. Winch…
- Largo, l'interrompit-il, appelez moi Largo.
- C'est gentil Largo. Tenez-moi au courant de la situation. Je vous en prie.
- C'est promis.
Il reprit le précieux coffret et retourna à sa voiture. L'espoir était revenu en son cœur. Le vol de retour se passa sans encombre malgré un retard au décollage à cause d'un atterrissage en urgence d'un gros porteur qui avait des difficultés de moteur. Quand il arriva enfin au penthouse la nuit était tombée, cependant il était attendu de pied ferme par son garde du corps et un Russe qui creusait un sillon sur le parquet de son salon.
- Alors ? demanda Joy.
- Alors, disons que tout ne s'est pas vraiment passé comme je l'avais prévu.
- Ça j'aurais pu le deviner puisque Jessica n'est pas venue avec toi.
- J'ai eu une conversation très intéressante, un jour peut-être pourrons nous réunir ces deux têtes de mules mais pour l'instant c'est trop tôt, les blessures sont encore à vif et cela pourrait faire plus de mal que de bien. Cependant Jessica m'a donné quelque chose pour Simon. Elle pense que cela l'aidera à faire son deuil et à comprendre pourquoi elle ne veut pas de lui dans sa vie pour le moment
- Je croyais qu'elle l'aimait, fit Kerensky qui trouvait les affaires de cœur compliquées.
- Et elle l'aime c'est un fait. Elle ne l'a pas nié mais il y la mort d'un enfant qui pèse beaucoup dans la balance. Il faut laisser du temps au temps. Vous savez bien que chaque personne fait son deuil différemment.
- En tout cas j'espère qu'elle a raison parce qu'ici la situation devient intenable, la moitié du service de sécurité est sur le point de donner sa démission tellement Simon leur mène la vie dure, fit Joy en soupirant.
- En parlant de Simon, où est-il ?
- Je l'ai laissé dans le bunker, il y a une heure. Il préparait le plan de sécurité du prochain chargement de puces qui doit partir pour Londres. Il a même parlé d'y aller lui-même. A mon avis il y est toujours.
- D'accord… répondit Largo en se levant et en prenant le coffret qu'il avait posé sur son bureau.
- Attend, tu ne vas nous dire ce qu'il y a dans la boîte ?
- Je suis désolé Joy mais ceci est quelque chose de personnel qui ne concerne que Simon et Jessica. Et il vaudrait mieux que j'ai cette conversation avec Simon en tête à tête.
- Ok d'accord comme tu veux, répliqua Joy avec une mine boudeuse. Mais j'espère pour toi que cela va résoudre cette situation intenable parce que tout son service est à bout de nerf.
- Je pense que ça va le faire.
Sans rajouter un mot, il sortit du penthouse et alla rejoindre son ami dans le bunker. Il le trouva qui tapait furieusement sur le clavier. Il avait du mal à trouver les informations qu'il cherchait vu qu'il avait refusé l'aide que le Russe lui avait proposée.
- Salut, dit Largo en entrant dans la pièce.
- Salut, marmonna Simon sans détourner la tête de son écran.
- Simon… Je crois qu'il faut qu'on parle.
- Je n'ai pas le temps, j'ai trop de travail, répliqua le Suisse toujours les yeux rivés sur son écran.
- Eh bien tu vas le prendre.
- Largo, je…
- C'est simple soit tu montes avec moi au penthouse, soit je te mets aux arrêts de rigueur. Je suis sûr que Kerensky se fera une joie de superviser les prochaines opérations. A toi de choisir !
- D'accord, d'accord… maugréa le suisse en se levant et en suivant son ami.
Ils montèrent au dernier étage de la tour sans dire un mot. Simon se contentait d'examiner attentivement ses chaussures. A vrai dire, il n'avait absolument pas envie de parler avec Largo mais si celui-ci mettait sa menace à exécution, il ne lui resterait rien pour occuper son cerveau qui s'obstinait à rejouer en boucle la mort de son enfant et sa mise à mort par la femme qu'il aimait. Il avait cependant remarqué le coffret en bois que son ami avait dans les mains et il se demandait ce qu'il pouvait contenir de si important pour que celui-ci l'emmène avec lui comme ça.
Une fois installés dans le salon du penthouse, Largo se demanda comment il allait aborder le sujet. Pour se donner une contenance, il se servit une tasse de café que Joy avait laissé sur la table basse. Simon la refusa et continuait de se murer dans le silence. Le milliardaire avait déposé le coffret sur la table basse. D'une main, il effleura le bois poli et sculpté pour se donner du courage.
- Bon tu voulais qu'on parle, alors parles ! s'écria Simon à bout de patience.
- Simon je sais que ces deux derniers mois ont été difficiles pour toi, tu as perdu un enfant et je n'ose même pas imaginer ce que tu peux ressentir mais il faut que tu comprennes que tu ne peux pas reporter ta colère et ton ressentiment sur les gens avec qui tu travailles.
- Tu oses insinuer que je ne fais pas bien mon travail ! s'exclama le Suisse avec une colère à peine contenue.
- Ce n'est pas ton travail le problème et tu le sais, c'est ton attitude envers tes collaborateurs.
- Ils sont venus se plaindre c'est ça ? J'aurais dû m'en douter, ce sont tous une bande de bras cassés.
- Tu exagères Simon. Mais reconnais que tu n'es pas la personne la plus facile à vivre en ce moment. Ecoute si je voulais te parler c'est aussi parce que je m'inquiète pour toi. Tu ne dors plus, c'est à peine si tu manges un morceau ou même si tu prends une pause. Tu ne peux pas continuer à ce rythme plus longtemps ça va te tuer.
- Et alors, je n'ai plus rien qui me rattache à la vie, mon gamin est mort et la femme que j'aime me hait tellement qu'elle a brisé mon cœur en mille morceaux.
- En parlant de Jessica, je suis allé la voir aujourd'hui.
- Pourquoi tu as fait ça ! Ce ne sont pas tes affaires !
- Si parce que tu es mon meilleur ami, mon frère et que ça me fait mal de te voir te détruire à petit feu. Il fallait que je comprenne Simon.
- Que tu comprennes quoi ? Que je suis le mec le plus minable de l'univers !
- Je voulais comprendre ce qui s'était passé et ce qu'elle avait pu te dire ou faire pour que tu te sentes aussi mal. Alors je suis allée la voir. C'est vrai qu'au début, j'ai voulu lui dire ses quatre vérités mais ensuite je me suis ravisé. Pour faire court, elle a accepté de me raconter sa version de votre histoire et je dois dire qu'elle m'a touchée. Elle s'en veut de ce qu'elle t'a dit sur la jetée mais elle était tellement en colère contre le monde entier que tu étais la cible idéale. Elle m'a donné quelque chose pour toi. Elle pense que cela pourra t'aider à faire ton deuil et comprendre pourquoi elle n'est pas prête à poursuivre une relation avec toi. Mais je peux t'assurer d'une chose, elle t'aime malgré tout.
- Ça je n'en suis pas sûr du tout.
- Je peux te poser une question sans que tu montes sur tes grands chevaux ?
- Vas-y ?
- Pourquoi tu es parti si tu l'aimais et pourquoi tu n'es pas retourné la chercher ? Elle n'attendait que cela tu sais.
- Je suis parti parce que je suis le plus grand crétin de l'univers, répondit-il en soupirant. Ce que j'ai ressenti avec elle, je ne l'avais ressenti avec personne. C'était intense, indescriptible, même encore aujourd'hui je ne trouve pas les mots.
Largo ne put s'empêcher de sourire. Jessica avait utilisé exactement les mêmes mots pour décrire leur nuit de passion.
- Quand je me suis réveillé ce matin-là de ce qui avait été une nuit merveilleuse, j'ai été pris de panique, j'étouffais, il fallait que je parte, je ne pouvais pas rester. Moi-même, je ne comprenais pas cette réaction. C'était comme si je me sentais prisonnier. Je me voyais déjà marié avec un gosse, une maison, un chien et une barrière blanche. Alors j'ai décampé le plus vite possible et le plus loin possible. Si j'avais su… Tu sais je l'ai revu trois ans après. On était de passage à Los Angeles et je suis allé sur la plage. Je l'ai vu jouer avec un petit garçon. Elle était magnifique, si épanouie. J'en ai conclu qu'elle avait refait sa vie, alors je suis de nouveau parti comme un voleur, sans rien lui dire. J'étais même soulagé. Je n'aurai jamais imaginé que ce gosse était mon fils. Tu te rends compte, si je n'avais pas été aussi lâche, j'aurais pu être un super papa. Et tu sais ce qui me fait encore plus de mal ? C'est que je ne sais rien de mon gosse. La seule chose que je sais c'est qu'il a été aimé et cela me console un peu.
- Je crois que j'ai la solution à ce dernier problème. Tu vois Jessica a toujours espéré que tu reviendrais. Alors elle a conservé tous pleins de petites choses concernant sa grossesse, la naissance et la vie de Daniel, des photos, des dessins, des jouets et même des lettres qu'elle t'écrivait. Tout est là, dans cette boîte.
- Elle a fait ça ? Pour moi ?
- Elle n'a jamais perdu espoir.
- Mais je ne comprends pas. Quand elle a su où me trouver pourquoi ne m'a-t-elle contacté ?
- Tout simplement elle a eu peur que tu ne veuilles lui enlever la garde de Daniel parce qu'elle n'était qu'une simple sauveteuse et que toi tu avais de l'argent, une position et des relations.
- Mais jamais je n'aurais fait ça, à la limite j'aurais négocié avec elle un droit de visite mais je ne le lui aurais jamais enlevé ! Je sais à quel point la présence d'une mère est importante vu que j'ai grandi sans la mienne.
- Oui mais ça elle ne pouvait pas le savoir, comme elle l'a dit justement une nuit c'est beaucoup mais très peu pour apprendre à se connaître.
- Je ne te contredirais pas là-dessus.
- Tiens prends ce coffret, il est à toi. Et qui sait un jour peut-être vous vous retrouverez et vous pourrez avoir cette discussion dont vous avez tant besoin tous les deux, mais pour l'instant ce n'est pas le bon moment. Trop de choses vous séparent. Tu devrais prendre quelques jours pour examiner tout cela à ton aise et si tu as besoin de parler, de pleurer… Ne me regarde pas comme ça, les hommes ont le droit de pleurer, ce n'est pas une faiblesse comme on nous l'a inculqué. Enfin bref, je suis là en cas de besoin.
Simon prit le coffret en bois avec précaution, il caressa le bois finement travaillé. Le couvercle portait la mention « A mon inconnu de la plage ». Cela le fit sourire. C'est vrai que cette nuit-là jamais il ne lui avait dit son nom. Après avoir remercié Largo, il alla rejoindre son appartement. Il posa la boîte sur son lit et aller se servir un verre, puis après avoir passé des vêtements plus confortables, il s'installa en tailleur sur le grand lit et ouvrit ce coffre au trésor pour en découvrir le contenu. Largo avait raison, il y avait là toute la vie de son petit garçon. Photos, dessins, lettres étaient éparpillés sur le lit. Il lut les lettres et autres documents et contempla longuement les photos de son petit homme. Il le regarda grandir à travers de ces images. Il reconnut Mitch, le sauveteur qui était venu lui parler sur la plage ainsi que le fils de celui-ci. Ils avaient l'air de bien s'entendre. Sans vraiment s'en rendre compte des larmes coulaient sur son visage. Il s'arrêta sur une photo de Daniel s'essayant au surf et cela le fit rire, un rire qui tourna soudainement en de gros sanglots. Il pensait avoir pleuré son fils en privé pendant son séjour à Los Angeles, mais ce n'était que quelques larmes qu'il avait essayé de cacher. Ici dans l'intimité de sa chambre, il pouvait laisser libre court à sa douleur. Il reprit la dernière lettre que Jess lui avait écrite, elle datait d'à peine une semaine avant la mort de son enfant. Elle y exprimait l'espoir qu'il soit réceptif à sa demande pour que son petit ange puisse partir heureux. Quand il repensa à sa réaction ses sanglots redoublèrent. Pris d'un accès de colère, il lança avec force le verre vide contre le mur. Il avait vraiment été le dernier des salauds et il comprenait beaucoup mieux pourquoi Jess n'était pas disposée à lui parler et pourquoi elle l'avait repoussé de la manière dont elle l'avait fait. Largo avait raison, il allait falloir du temps pour guérir les blessures mais il était convaincu que le jour viendrait où Jess et lui pourraient être enfin sinon des amants au moins des amis.
Les jours qui suivirent, Simon les passa en compagnie de ces souvenirs. Il relut plusieurs fois les lettres de Jessica, il était admiratif du combat qu'elle avait mené pour que leur enfant ne manque de rien. Elle décrivait la situation avec une telle précision qu'il pouvait presque voir les scènes se jouer dans sa tête. Il pouvait enfin dormir sans être hanté par la mort de son enfant. Souvent il rêvait qu'il n'avait pas pris la fuite la fois où il l'avait revue sur la plage. Et c'était merveilleux parce qu'ils se retrouvaient et ne se quittaient plus. Il se voyait jouer avec Daniel, l'aider à faire ses devoirs, ou même faire l'amour à Jessica.
Largo faisait des incursions dans l'appartement au moins deux fois par jour pour lui apporter de la nourriture et même s'il n'avait pas un appétit extraordinaire, il recommençait à manger. Il voulait que son fils, où qu'il soit, soit fier de lui.
Il réfléchit longtemps à ce qu'il pouvait faire, cela lui apparut comme une évidence, il devait mettre sa vie en ordre. Il commença par les aventures d'une nuit qui ne menaient à rien. Certes il continuait à jouer le charmeur mais ses conquêtes ne finissaient plus forcément dans son lit. Et puis aussi il réunit son équipe et leur présenta des excuses tout en promettant de faire de son mieux pour que la bonne ambiance et la cohésion du groupe soient la première des priorités s'il voulait que le travail soit fait correctement.
Il écrivit aussi une courte lettre à Jessica pour la remercier du cadeau qu'elle lui avait fait. Sans même le vouloir, elle lui avait redonné un but dans la vie. Il ne mentionna à aucun moment l'incident de la jetée, ni ses sentiments, il voulait respecter le désir de la jeune femme qui ne souhaitait pas entendre parler d'amour. Il comprenait même si cela le blessait.
Les mois passèrent et petit à petit Simon redevint le Simon que tout le monde aimait. Et pour ne pas oublier ses objectifs, le Suisse avait glissé dans son portefeuille la photo de Daniel sur la planche de surf. Ce n'était pas la meilleure mais cela lui montrait que son fils savait ce qu'il voulait et qu'il faisait tout pour y parvenir.
Cinq ans avaient passé et comme tous les ans à la date anniversaire de la mort du petit Daniel, Simon faisait le déplacement à Los Angeles pour jeter un bouquet de fleurs à la mer en hommage à son enfant parti si jeune. Il avait toujours fait attention à ne pas croiser Jessica. Il avait de ses nouvelles par Largo qui était resté en contact avec elle. Elle, aussi, petit à petit, avait repris le cours de sa vie. Elle était toujours sauveteuse en mer mais elle était monté en grade et était devenue lieutenant. Elle travaillait maintenant au central et avait une équipe sous ses ordres. Simon était fier d'elle. Elle avait fait la une des journaux avec Mitch lors d'un sauvetage spectaculaire. Il avait gardé tous les articles qu'il avait pu trouvés. Là au bout de cette même jetée où sa vie avait été brisée cinq ans auparavant, il était accoudé à la rambarde et regardait la mer. La brise sur son visage ressemblait à la caresse douce d'une main d'enfant. Il pouvait le sentir si près de lui quand il fermait les yeux. Il entendit des pas derrière lui.
- Salut, dit une voix qu'il ne s'attendait pas à entendre.
- Jess, murmura-t-il en se retournant.
Elle était aussi belle que dans son souvenir. Ses longs cheveux volaient au vent, elle était habillée d'un simple pantalon en toile grise et d'un chemisier blanc.
- Je ne voulais pas te déranger, c'est Largo qui m'a dit que tu étais là. Mais si tu veux rester seul, je comprendrais.
- Non ça va t'inquiète pas. Je suis venu parler à mon bonhomme. C'est ici que je me sens le plus près de lui. Etonnant non ? Quand on sait ce qui s'est passé ici il y a cinq ans.
- Simon je suis désolée. Je ne voulais pas…
- Tu n'as pas à l'être. Tu as dit que ce tu avais à dire.
- Oui mais pas de la bonne manière, j'étais tellement en colère et tu étais une cible facile. Tu as essayé de m'expliquer ce que tu espérais mais je n'étais pas prête à l'entendre.
- Et maintenant ? demanda Simon avec une inquiétude non dissimulée, il ne voulait pas d'un nouvel affrontement.
- Je ne sais pas mais rien ne nous empêche d'essayer d'en parler. Même si je préfère écrire que parler. Tout comme toi, je ne suis pas douée pour exprimer mes sentiments, avoua-t-elle avec un demi-sourire.
Cela faisait des mois qu'elle réfléchissait à ce qu'elle allait bien pouvoir dire à Simon si jamais elle le rencontrait. Elle avait décidé qu'il était temps d'avoir cette discussion qu'ils auraient dû avoir depuis longtemps. Elle se sentait enfin prête et d'après ce que Largo lui avait dit, Simon l'était lui aussi.
- Et si nous allions sur la plage là où tout à commencé ? dit Jessica. Nous y seront tranquilles et à l'abri des oreilles indiscrètes.
- Dis plutôt que c'est pouvoir m'assommer avec ta bouée de sauvetage si jamais je dis un mot de travers, répondit Simon en souriant.
- Y a de ça aussi, une femme doit savoir se défendre, dit Jess en riant.
Une demi-heure plus tard, ils étaient assis sur le sable. Ni l'un, ni l'autre ne savait très bien par où commencer.
- J'ai su que tu étais passée lieutenant, félicitation.
- Merci, j'ai travaillé dur pour y arriver et malgré mon amitié avec Mitch, je n'ai pas eu de passe-droit. Et toi toujours dans la sécurité ?
- Plus que jamais, notre activité s'est considérablement développée ce qui me laisse peu de temps pour des activités annexes. Et puis Largo ayant fait sa grande déclaration d'amour à Joy, cela me laisse encore plus de temps à consacrer à mon travail.
- On dirait que tu es jaloux ?
- Non ! Enfin si, parce que ce qu'ils vivent, j'aurais pu l'avoir si je n'avais pas été le plus grand crétin de l'univers.
- Je n'ai jamais vraiment compris ce qui c'était passé, je sais juste que tu es parti en me laissant un mot et que tu n'es jamais revenu.
- La peur voilà ce qui s'est passé. La nuit avait été trop parfaite et quand je me suis réveillé, j'ai paniqué et j'ai fui. C'est le plus grand regret de ma vie.
- Tu as eu peur de quoi ?
- De m'attacher, parce que toutes les personnes que j'ai aimées m'ont abandonné. Et même si maintenant j'ai une famille de cœur, cette peur ne me quitte jamais. Elle est là, encrée au plus profond de moi.
- C'est pour ça toutes ces conquêtes ?
- Comment tu sais ?
- La presse people, tu y apparais souvent en compagnie de très belles femmes mais jamais deux fois la même.
- Oui mais faut pas croire, la majorité du temps elles repartent seules. Oh ne me regarde pas comme ça, je ne suis pas entré dans les ordres mais j'ai drastiquement diminué mes aventures d'un soir. Et toi ?
- Quoi moi ?
- Tu as trouvé quelqu'un ?
- Non, on ne m'a pas surnommée « la reine des glaces » pour rien. Certes de temps à temps, il peut m'arriver de flirter mais cela va rarement plus loin. Je ne me sens pas à l'aise quand je vais à un rendez-vous parce que ce n'est pas vraiment moi, je joue un rôle et malheureusement je suis une piètre comédienne alors ça se finit généralement en eau de boudin. Non j'ai perdu la capacité d'aimer, la nuit où un inconnu sur la plage m'a volé mon cœur.
- Je suis désolé je ne voulais pas te faire souffrir. Je sais que j'ai été égoïste, mais je ne peux rien changer au passé malheureusement.
- Je ne le suis pas, parce que de cette nuit là est né le plus beau cadeau qu'une mère puisse demander : un enfant fait par amour. Il a été aimé et chéri. Il a eu des tatas, des tontons, et même un grand frère. Mitch sans le vouloir a endossé le rôle de figure paternelle. Il avait une grande famille et il n'a jamais été seul et cela s'est renforcé quand il est tombé malade.
- Si tu savais comme je m'en veux de ne pas avoir été à tes cotés. Si tu savais comme je regrette mon attitude quand tu es venu me trouver.
- Nous commettons tous des erreurs moi la première. J'aurais dû te mettre au courant dès que j'ai découvert qui tu étais. Mais j'ai eu peur que tu ne veuilles me le prendre.
- Jamais je n'aurais fait cela, Jess. Je t'aurais demandé un droit de visite mais rien de plus. J'aurais juste voulu faire parti de sa vie.
- Et tu en as fait parti d'une certaine manière, il me suffisait de le regarder pour penser à toi, c'était tout ton portrait craché.
- Alors il a du t'en faire voir de toutes les couleurs, dit Simon en riant.
- Oh ça il avait un caractère bien trempé. Il savait ce qu'il voulait et mettait tout en œuvre pour y parvenir. C'était une sacrée tête de mule.
Sur le bord de la route, Largo regardait le couple parler, rire et plaisanter. Il poussa un soupir de satisfaction. Enfin son ami pouvait clore un chapitre de sa vie et en ouvrir un nouveau et qui sait la belle pourrait dompter la bête. Il remonta en voiture et alla rejoindre Joy, ce n'était pas si souvent qu'ils pouvaient passer quelques jours en tête à tête. Et qui pouvait savoir ce que l'avenir avait en réserve pour eux. Mais en tout cas il savait une chose, ils seraient prêts à affronter tous les bonheurs et les ennuis à venir tous ensemble.
Fin
