13. Lieu Commun : Les Potter Alertés

Ginny fit un pas en arrière pour admirer son œuvre. Pour l'œil profane cela semblait être un bac à fleur vide, bien qu'impeccablement désherbé. Un jardinier expérimenté remarquerait que l'étroit rectangle de terreau noir sous la fenêtre du salon n'était pas seulement débarrassé des mauvaises herbes, il était rempli de bulbes. Confiante que son travail résulterait en une belle présentation de tulipes, de jonquilles et d'aulx ornementaux au printemps, elle se tourna pour jeter un regard critique vers la porte d'entrée.

La tâche finale que Ginny s'était réservée était de rafraîchir la clématite échevelée infestée d'escargots qui courait sans conviction vers le haut du treillis à droite de la porte de leur maison. Attrapant son sécateur et se préparant à lutter contre l'écheveau désordonné de branches, elle posa les yeux sur leur nouvelle maison et son esprit s'égara.

La maison, Lieu Commun, Sutton under Hill, Derbyshire, était idéale. Elle était isolée et le long chemin étroit, Allée du Lieu Commun, était le seul accès à la propriété. Le pavé de briques rouges dont elle mettait activement le jardin de devant en forme était, elle le savait, parfait pour eux. Elle avait déjà eu affaire à un jardin à l'abandon auparavant et, d'ici au printemps, le jardin de derrière serait libéré des pissenlits, des bardanes et des ronces qui l'infestaient actuellement. Elle aurait de nouveau un potager. Quatre chambres suffisaient pour les enfants dans l'éventualité improbable qu'ils viennent tous en même temps.

La maison et son terrain étaient bien plus petits que Drakeshaugh. C'était une bonne chose : les enfants n'étaient désormais plus des enfants et les petits-enfants n'étaient que de lointains projets. Les poussins Potter avaient volé hors du nid et faisaient leur chemin dans le monde, certains avec plus de réussite que d'autres. Chassant ses inquiétudes à propos de son aîné, Ginny s'assura intérieurement que déménager hors du Square Grimmaurd pour la seconde fois avait été une décision raisonnable.

L'insistance de Harry à ne vendre aucune des maisons dans lesquelles ils avaient vécus, aimés et élevés leurs enfants faisait qu'ils étaient désormais propriétaires de trois propriétés. Si leurs calculs étaient corrects, cette quatrième serait leur quelques années avant que Harry ne prenne sa retraite. Ils vivaient confortablement – ils vivaient plus que confortablement – bien qu'une partie plus grande que nécessaire de leur patrimoine soit investi dans leurs propriétés. En achetant, mais en ne vendant pas, ils étaient devenus par défaut des magnats immobiliers à petite échelle. S'ils vendaient leurs autres maisons, ils seraient riches. Mais Harry ne voulait vendre aucune d'entre elle, pas même Drakeshaugh. Les lieux, ou les souvenirs d'eux, étaient importants pour Harry.

Ne blâme pas Harry, se rappela Ginny. Cela avait été une décision commune, comme toutes les décisions qu'ils avaient prises. Si elle avait sérieusement été contre, elle aurait lutté. L'espoir insensé qu'ils retourneraient un jour à Drakeshaugh ne mourrait pas c'était une braise à peine rougissante que ni elle ni son mari ne pouvait étouffer.

Un nuage passa devant le soleil. Sous son ombre rafraichissante, Ginny fut ramenée à son nouveau jardin et cela lui rappela que c'était le début de l'automne, pas la fin de l'été. Il y avait beaucoup à faire avant l'arrivée de l'hiver, et elle était censée travailler sur la clématite, mais se noyer dans les souvenirs doux amers. Avançant rapidement vers la porte, elle se rappela fermement l'objectif qu'elle s'était fixé. Elle aurait terminé le travail avant que son mari n'arrive à la maison. L'alarme l'avait doublement retardé. D'abord en sonnant, ensuite en faisant remonter des souvenirs distrayants.

Ginny n'atteint pas tout à fait son objectif. Elle coupait et attachait toujours la clématite quand une vive lueur bleue dans l'allée derrière elle signala l'arrivée de la voiture de Harry. Il était un peu plus en avance que d'ordinaire, mais c'était vendredi, et il essayait de terminer tôt le vendredi. Posant son sécateur et retirant ses gants de jardinage, Ginny se leva et se tourna vers l'étroite allée qui se terminait au portail. S'avançant sur les dalles de pierre qui étaient parsemées sur la pelouse comme des pas à sauter, elle atteignit la basse barrière de bois en même temps que son mari. Après avoir échangé des bonjours, il se pencha au-dessus du portail et ils s'embrassèrent.

"Bonne journée au bureau ?" demanda joyeusement Ginny.

"Ça aurait pu être pire," dit Harry à sa femme.

"Mais pas de beaucoup, à ton expression", observa-t-elle.

"La politique !" Son haussement d'épaules fut la seule explication dont elle avait besoin. "Qu'es-ce que tu voulais me dire ?"

"Qu'es-ce qui te fais penser que j'ai quelque chose à te dire ?" demanda-t-elle.

"Plus de vingt-quatre ans de mariage," lui rappela-t-il, les yeux brillants.

Soulevant le loquet, Ginny ouvrit le portail. Harry entra dans le jardin, regarda vers la bâtisse de briques rouges et examina la pelouse et les parterres de fleurs.

"Le jardin a l'air bien plus propre," observa-t-il. "Tu as été très occupée. Je suppose que tu as déjà terminé le jardin de derrière."

"Crétin insolent ! Il n'est même pas commencé, comme tu le sais très bien." Tout en parlant, elle plaça les mains de Harry sur sa taille et le regarda dans les yeux.

"Qu'est-ce qui s'est passé ?" demanda-t-il.

"L'alarme a sonné, aujourd'hui," dit-elle vaguement, ne lui disant délibérément pas où.

"L'alarme ? Tu as eu un intrus ?" demanda-t-il. "Ici ? Impossible ! Qui ? Comment est-ce qu'ils t'ont trouvé ? Pourquoi tu ne m'as pas appelé ?"

"Je ne voulais pas t'embêter," dit-elle. "Et, en plus, il m'a fallu un moment pour comprendre de quelle alarme il s'agissait."

"Pas ici, donc ?" demanda Harry, soulagé. Alors que sa femme secouait la tête, ses cheveux roux teintés d'argent étincelèrent au soleil du début de soirée.

"Ça devait être à Beaumaris," conclut-il. "Lily – ou une des autres Harpies – a fait quelque chose qu'elle n'aurait pas dû au cinq West Terrace."

Une fois de plus, Ginny secoua la tête.

"Craig n'a pas essayé d'entrer, quand même ?" Harry eut un regard furieux.

"Après ce qui s'est passé quand Lily l'a largué ? Il n'oserait pas," dit Ginny à son mari."

"On aurait dû…"

"Non, on ne doit pas !" lui dit fermement Ginny. "Je t'avais dit qu'elle finirait par réaliser à quel point c'était un jeune homme égoïste tant que nous ne tentions pas de le lui dire. Rien ne fait ressortir le côté borné de Lily plus vite que des parents qui interfèrent, tu le sais ! Si on lui avait dit quoi que ce soit, elle serait probablement toujours avec lui."

"Je suppose…" approuva pensivement Harry il offrit un sourire plein d'espoir à sa femme. "Elle va bien, maintenant, hein ? C'était bon de la voir aussi joyeuse chez ta mère dimanche dernier. Je ne me souviens pas de la dernière fois que je l'ai vue d'aussi bonne humeur."

"Tu l'as dit sur le moment et ça m'a fait réfléchir. Je me suis renseignée. Il y a une rumeur qui tourne chez les Harpies comme quoi Lily aurait un nouvel homme," confia Ginny. "Il semble qu'ils soient ensemble depuis un moment, mais ils sont si discrets que les journaux n'ont toujours rien découvert."

"Lily ? Discrète ? Quel est son nom ?" demanda Harry.

"Je ne sais pas, pas encore," lui dit Ginny. "Mais maintenant que je sais qu'il existe, je le découvrirai bien assez tôt." Elle croisa les bras. "Je veux que tu me promettes de ne pas faire d'étude complète de son passé quand je le saurais."

"Mais…"

"Promets !" exigea Ginny.

Balançant la tête, Harry marmonna son approbation réticente. "Alors, ce qui s'est passé à Beaumaris n'a rien à voir avec ce nouveau copain qu'elle aurait ?"

"Je te l'ai dit, l'alarme n'était pas au numéro cinq, Harry."

"Square Grimmaurd ? Ça aurait dû être vide. Hugo et Al étaient de service du matin. Quand ils ont quitté le bureau à midi, Al m'a dit qu'ils ne rentraient pas à la maison ils allaient directement à Sheffield pour voir comment Rose et James s'entendent," dit Harry.

"C'est ce qu'ils t'ont dit ?" demanda Ginny. "Intéressant. Ils n'ont pas mentionné rencontrer quelqu'un d'autre ?"

"Non, mais qu'est-ce ça a à voir avec l'alarme du Square Grimmaurd ?"

"Ce n'était pas non plus l'alarme du Square Grimmaurd, Harry."

"Pas ici, ou…" Il lui fallut un moment pour comprendre. "Qui est allé à Drakeshaugh ?" demanda-t-il.

"Les enfants," lui dit Ginny.

"Je me demande pourquoi." La question de Harry s'adressait plus à lui-même qu'à sa femme. "Pourquoi est-ce qu'ils iraient à Drakeshaugh, et pourquoi ils ne me l'ont pas dit ?" En regardant dans les yeux de Ginny, il sut on ne sait comment qu'il y avait plus. "Tu as dit 'les enfants'. J'ai pensé que tu voulais dire Al, Hugo, Rose et James. Est-ce que Lily était avec eux ?"

"Pas que Lily," lui dit-elle. "Quand j'ai dit 'les enfants', je le pensais."

"Violette est à l'école et Flossie est à l'entraînement elle était toujours au Bureau des Aurors quand je suis parti…" La vérité apparut enfin à Harry sa bouche se changea en un O stupéfait. "Les enfants ! Tu ne veux pas dire 'les enfants et leurs copines', tu parles de 'La Bande', c'est ça ?"

"Tous les sept," confirma Ginny. "Quand j'ai enfin retrouvé la carte de Drakeshaugh au fond du tiroir du bas de mon bureau, ils marchaient déjà vers le portail. Henry, James et Annie étaient devant. Je pense qu'ils allaient probablement monter jusqu'à la Drakestone."

"Je ne suis toujours pas certain qu'on puisse faire confiance à James autour de Moldus," dit avec inquiétude. "Je ne veux pas avoir à l'arrêter une nouvelle fois, Ginny. Il n'en est qu'à deux ans de ses quatre de probation. Peut-être que je devrais aller lui parler."

"On ne va pas interférer, Harry," lui dit fermement Ginny. "Il est adulte, dans une semaine il fêtera son vingt-troisième anniversaire. En plus, tu sais qu'intervenir ne fonctionnera pas ! Je commence à regretter de t'avoir parlé de l'alarme. On a aucune idée de ce qui se passe, et on n'a pas besoin de savoir."

"James…"

"James peut être entêté et il a fait de grosses erreurs par le passé," assura Ginny à son mari. "Mais tout est derrière lui désormais, et en plus il est avec Al, Hugo et Rosie eux ce sont des enfants raisonnables. Et Annie aussi, tu te rappelles ? On devrait simplement être heureux qu'ils soient tous ensemble."

"Oui, mais James et Henry !" lui rappela Harry. "Et Lily et Annie, quand elles sont ensemble…" Son visage se marqua d'un sourire nostalgique. "Les plus infernaux des petits anges. Je me demande comment et où James et Henry se sont recroisés."

"On le saura quand ils nous le diront," dit fermement Ginny.

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Leur repas du soir terminé, les Potter étaient assis dans le canapé et écoutaient les informations. Ginny était penchée en avant, ronronnant avec satisfaction, et Harry lui grattait gentiment le dos. Lorsque l'alarme sonna, Harry fit glisser son bras hors du haut de sa femme. La laissant rattacher son soutien-gorge, il se précipita vers le bureau. Quand elle arriva, quelques instants plus tard, il scrutait déjà la carte.

"James se tient très près d'Annie," dit avec inquiétude Harry. "Ils sont si proches que leurs noms se chevauchent. Peut-être qu'elle est blessée, peut-être qu'il la porte !"

"Peut-être qu'ils s'embrassent," suggéra Ginny, ses joues se creusant de malice.

Harry ignora la suggestion d'un roulement d'yeux dédaigneux. "Les autres ont juste l'air de s'agiter autour de la cour. Non, ils se rapprochent tous, et ils se serrent tous les uns les autres."

"On espionne nos enfants, Harry," lui rappela Ginny. "On s'est promis qu'on ne les espionnerait pas. C'est pour ça que les cartes sont dans le tiroir. Ils doivent faire leurs propres erreurs, et on doit être là pour les aider à se relever quand ils le font."

"Mais…"

"J'avais raison pour Craig, n'est-ce pas ? Et pour Amelia."

"Vrai, mais tu avais tort pour Kristen."

"Je n'avais pas réalisé qu'elle utilisait un philtre d'amour," admit Ginny. "Mais toi non plus, Harry, et tu es généralement assez doué pour les repérer. Il y a dû y avoir une petite étincelle de quelque chose entre James et Kristen, du moins pendant un temps. S'il n'y en avait pas eu, on l'aurait remarqué. J'en parlais à Lavande, ce matin. Elle pense que Kristen a dû commencer à utiliser un philtre d'amour quand elle s'est rendu compte que James commençait à ne plus être amoureux d'elle."

"Lavande ? Pourquoi tu parlais de James avec Lavande ?"

"Je ne le faisais pas – pas au début, du moins. Elle a débarqué ici vers onze heures. À l'improviste, comme toujours tu sais comment elle est ! Son excuse était qu'elle avait 'vraiment besoin de discuter de la relation entre Albus et Violette.' Mais ce n'était qu'une excuse. Ce qu'elle voulait vraiment c'était de pouvoir fouiner correctement autour de notre nouvelle maison." Pendant qu'elle citait Lavande, Ginny avait utilisé le murmure lent et voluptueux que la mère de Vi avait toujours préféré. "À part le fait que sa 'tendre Violette' ait passé la nuit avant de retourner à Poudlard Square Grimmaurd avec Al – ce que nous savions – elle n'avait à discuter de rien. La discussion a en quelque sorte dérivé."

Harry hochait la tête, tout en fixant toujours la carte. "Ils sont vraiment tous très serrés et ils ont arrêté de bouger. Et maintenant… oh, j'aurais du le comprendre... ils doivent être assis dans l'une des voitures."

"Tu vois, ils se sont retrouvés pour je ne sais quelle raison et ils sont partis rendre visite à leur ancien terrain de jeu," dit Ginny. "Rien qui ne justifie de s'inquiéter."

"Comment est-ce qu'ils se sont rencontrés, et pourquoi aller à Drakeshaugh ?" demanda Harry.

"C'est nos enfants et leurs amis, pas une affaire pour le Bureau des Aurors !" lui rappela fortement Ginny. "Peut-être qu'ils revenaient sur leurs souvenirs, James a décidé de recontacter Henry et ils ont décidé de se retrouver à la pierre. Ils allaient toujours se balader là-haut quand ils étaient plus jeunes."

"Possible, mais après… après le dernier incident… après qu'on ait appelé cet Oublietteur pour altérer les souvenirs des Charlton, James a à peine parlé de Henry à nouveau. C'était comme si James avait été Oublietté lui aussi, ou du moins qu'il avait eu sa mémoire modifiée."

"Après la leçon de morale que tu as fait à James et aux autres à propos des problèmes que leur amitié causait, je ne suis pas surprise qu'il ait arrêté de parler de Henry. Jusqu'à ce qu'on fasse appel aux professionnels, tu devais Oublietter son meilleur ami au moins une fois par an." Ginny regarda dans les yeux de Harry et vit resurgir la culpabilité qu'elle n'avait pas revue depuis de nombreuses années. "Ce n'est pas ta faute, Harry. Il fallait le faire !" lui assura-t-elle.

"C'est vrai." Bien qu'il acquiesce, Harry ne semblait pas en être heureux. "Mais… je viens juste de le réaliser… cet Oublietteur… le dernier qu'on a utilisé ce n'était pas n'importe quel Oublietteur, c'était Raymond Patterson, le père de Craig."

"Vraiment ?" Les poils de Ginny se hérissèrent. De nombreuses suspicions et inquiétudes alimentèrent les folles pensées paranoïaques qui brulaient dans son esprit. Elle ouvrit la bouche, vit l'inquiétude de Harry et réévalua sa réponse. "Est-ce que ça a vraiment de l'importance ?" demanda-t-elle pensivement, essayant de rester rationnelle. "Il y a sept ans, Lily n'avait que douze ans, Raymond Patterson n'était qu'un Oublietteur parmi d'autres et, après une quatrième année où ils ne se parlaient plus – exactement comme toi et Ron – James et Craig étaient enfin redevenus amis. C'était bien longtemps avant qu'Hermione ne devienne Ministre. Et Craig et Lily n'ont pas été ensemble avant l'année dernière, à peu..."

"À peu près au même moment où Raymond Patterson a décidé d'entrer en politique," nota Harry.

"Vrai, mais il ne pouvait raisonnablement pas préparer un quelconque grand plan il y a toutes ces années. Et, comme je l'ai dit, à ce moment-là, James et Craig étaient amis. À cette période, on avait l'habitude de l'appeler Henry deux, tu te souviens ?" Ginny s'interrompit.

"Mais maintenant Patterson essaye de persuader tout le monde qu'il ferait un meilleur Ministre qu'Hermione," marmonna Harry.

"Tu n'aimes pas ce socle 'Les Nés-Moldus ont trop de pouvoir' qu'il utilise pour s'attirer des soutiens," dit fermement Ginny. "Et moi non plus, c'est un appel à la nostalgie d'un 'temps meilleur' qui n'a jamais vraiment existé. Mais il y a sept ans, Patterson était un simple professionnel du Ministère qui faisait son travail. Et tu dois admettre qu'il le faisait bien. Après qu'il se soit chargé d'eux, Henry et Annie n'ont jamais retrouvé leurs souvenirs, contrairement aux fois où toi ou moi les avons Oublietté."

"Vrai," admit Harry. "Des fois, tu sais, je me demande si James n'a pas raison à propos du code international. J'ai toujours détesté devoir altérer les souvenirs des Charlton."

"Et moi aussi." Ginny offrit à son mari une étreinte consolatrice avant de poursuivre. "On n'était pas très doué pour ça, tu ne penses pas ?"

"L'intention !" Harry hocha la tête, la culpabilité creusant ses traits. "On n'en a jamais eu, et c'est pour ça qu'il a fallu à Patterson si longtemps pour régler ça."

"La magie se résume toujours à l'intention," approuva Ginny, tendant la main pour caresser sa joue. "Ton cœur n'était jamais dans le Sortilège Mémoriel que tu leur lançais." Elle regarda dans les yeux verts vifs de son mari. "Tout au fond, là-dedans…" elle plaça sa main contre son cœur battant régulièrement, "… tu ne voulais pas faire quoi que ce soit qui mette la précieuse amitié de nos enfants… non, pas juste de nos enfants… notre précieuse amitié à risque. Tu ne voulais pas que les Charlton oublient. Et moi non plus ! C'est une bonne chose que nous n'ayons pas pu – ne puissions pas – nous forcer à les Oublietter constamment les enfants des autres. Tu te souviens des dégâts qui ont été causés à ces enfants Hume il y a toutes ces années ?"

"Patterson n'a eu aucun problème à altérer les souvenirs des Charlton, parents et enfants," dit sombrement Harry. "C'est une autre raison pour laquelle j'espère qu'Hermione gagnera et restera Ministre."

~~~oooOOOooo~~~

"Ginny."

Sortant son Miroiphone de sa poche, Ginny baissa les yeux sur l'écran. "Quelque chose ne va pas, Harry ?"

"À quelle heure les enfants ont quitté Drakeshaugh vendredi soir ?" demanda-t-il.

"Je ne sais pas, je n'ai pas regardé la pendule."

"Moi non plus, mais…" il attendit. Comprenant qu'il voulait une confirmation indépendante, elle repensa aux événements de la soirée.

"C'était le crépuscule," dit-elle. "Il ne faisait pas complètement noir et on écoutait les informations sur la RITM. La majeure partie du programme était terminée et cet imbécile d' 'expert' qu'ils ont – Larry MacNamara – faisait ses habituelles prévisions ridicules sur les transferts de joueurs d'intersaison. Ça veut dire que ça devait être vers la fin de l'émission. En estimation, ça devait faire entre sept heures moins le quart et moins cinq."

"C'est ce que j'ai pensé aussi," dit Harry. Il semblait soucieux.

"Pourquoi est-ce que tu veux le savoir, Harry ?"

"J'ai vérifié avec le Bureau des Portoloins. Al a activé le Portoloin de sa voiture à dix-huit heures cinquante-deux. Henry et Annie devaient être dans la voiture quand il l'a fait.

"Tu ne peux pas en être certain, Harry. Peut-être qu'ils les ont déposés en bas du chemin," suggéra Ginny. "Et on les a vu partir. Et ils étaient tous dans la voiture, tous les sept. On doit leur faire confiance."

"Il y a des chances qu'un Auror et un Élève-Auror, accompagnés de deux autres sorcières et un sorcier, aient enfreint le Code International du Secret," dit sombrement Harry. "Je ne peux pas ignorer ça !"

"Bon sang, Harry," dit furieusement Ginny. "Je t'ai dit de ne pas fouiner ! Pourquoi, au nom de Merlin, est-ce que tu as contacté le Bureau des Portoloins ? On n'avait pas à le savoir ! Rose et Hugo étaient avec eux si les enfants de la Ministre ont enfreint le Code et que la presse le découvre, ça va pénaliser la campagne de réélection d'Hermione !"

"Je sais," admit Harry.

"On est les seuls à savoir qui était dans la voiture," observa Ginny. "Est-ce qu'il y a des possibilités que le bureau des Portoloins le découvre ?"

"Je ne pense pas," admit Harry. "Mais pourquoi Al ou Hugo ne nous ont rien dit au Terrier, hier ?"

"Je ne sais pas, Harry, et toi non plus, mais ça n'a pas d'importance !" craqua Ginny. "Ils nous le diront quand ils seront prêts. Laisse tomber. Arrête d'enquêter avant de faire plus de dégâts, d'accord ?" Sur ce, elle rompit la connexion.