Merci beaucoup pour vos reviews, elles m'ont touché concernant mon petit Bilbo. Je vous fais à tous de gros bisous avant de vous offrir une suite, une suite qui sera loin de vous décevoir lol


Chapitre 9.

« Mais c'est injuste ! s'exclama Ron, outré.

_ Pourquoi Ronald, tu veux prendre ma place ? demanda Hermione, concentrée sur le parchemin devant elle.

_ Sans façon. »

La jeune femme lui lança un sourire un peu amusé avant de retourner à ses études. Lorsque Minerva lui avait proposé de passer ses examens en avance, Hermione avait été véritablement enchantée. La directrice lui avait présenté cette option comme une véritable opportunité, lui permettant d'intégrer les études supérieures auxquelles elle aspirait, et ce, avec les éloges. Cette perspective l'avait fortement séduite, mais Hermione songeait au fait qu'elle avait peut-être été un peu trop ambitieuse par moment.

Elle avait les connaissances, certes, et elle était en avance sur le programme, mais de là à passer les examens en avance alors qu'il était encore bien difficile de les obtenir en ayant fini l'année ? Elle avait décidé de travailler d'arrache pied, ne s'accordant aucune pause, comment avant sa colocation avec Snape. Mais elle était si effrayée par la perspective que cela ne fonctionne pas.

D'ailleurs, c'est en parlant du loup que le maitre des potion arriva dans la bibliothèque et se figea avant de se diriger vers eux, passablement agacé.

« Qu'est-ce que vous faites encore là ? fulmina-t-il.

_ On a le droit de rester où bon nous semble, répondit le rouquin sur le même ton. Vous ne pouvez pas nous dicter où nous pouvons trainer dans Poudlard.

_ Je ne vous parle pas à vous espèce d'imbécile.

_ Je révise, répondit Hermione, laconique.

_ Je suis à peu prés sur d'être venu ici ce matin et que vous y étiez déjà. Vous êtes certaine que la chaise ne s'est pas affaissé sous votre poids entre temps ? »

Hermione leva les yeux de son encyclopédie pour lui lancer un regard noir.

« Le professeur McGonagall m'a offert de passer mes ASPIC en avance.

_ Pardon ?

_ Vous avez très bien entendu.

_ Et fatalement, vous avez accepté. »

Snape soupira, avant de se tourner vers Weasley et de lui frapper l'arrière du crâne violemment avec le manuel qu'il avait dans la main. Le mouvement lui coupa le souffle. Ses cheveux roux valdinguèrent dans les airs et le bruit de la couverture s'éclatant contre sa tête se répercuta dans tout la bibliothèque vide, avant que Madame Pince n'émette un « chut » violent.

« Hé, mais qu'est-ce que j'ai fais ?!

_ Et vous l'avez laissé faire, vous.

_ Mais qu'est-ce que vous vouliez que j'y fasse, c'est comme ça depuis toujours ! Elle ne lui a donné qu'une semaine.

_ Bon, levez-vous, dicta-t-il vers la jeune femme.

_ Quoi, pourquoi ?

_ Survivre, balança Snape en la forçant à se retirer de son assise. »

Snape la porta presque à bout de bras avant de la mener vers la sortie de la bibliothèque, sans doute pour lui donner la béquet afin qu'elle mange au moins quelque chose. Au loin, Ron les observa, complètement dépité. Au moins, quelqu'un se préoccupait d'elle.

xXx

Bien sûr, Hermione avait passé la majorité de ses examens avec succès. Il avait fallu une autorisation spéciale du ministère, mais Minerva songea qu'elle venait sans doute de prendre la meilleure décision de sa carrière. Bien sur, elle avait du jouer sur le statut de héros de guerre de la jeune femme pour faire passer sa demande en force, cela n'avait pas été une mince affaire car il avait fallu engager des examinateurs spécifiquement pour elle. Le coût avait été important, mais cela avait forcément valu la peine à ses yeux.

Les résultats étaient tombés quelques jours auparavant, et elle avait obtenu un Optimal dans presque toutes les matières. En somme, elle était la première de sa promotion a obtenir ses examens haut la main… En vérité, elle était même la première à avoir eu ses ASPIC aussi tôt de toute l'histoire de cette école.

Minerva était ravie. Elle avait eu la confirmation de l'admission de la jeune femme portant vers un apprentissage bien plus poussé. Pour une fois depuis bien longtemps, la directrice se baladait dans les couloirs vides du château avec sérénité, inspectant afin de vérifier que tous les élèves étaient bien dans leur classe.

Elle arriva jusqu'aux cachots, mais se figea en voyant justement, Hermione Granger, assise sur un banc, un air boudeur sur le visage.

« Miss Granger ? Qu'est-ce que vous faites là ?

_ Oh, professeur McGonagall ! s'exclama la jeune femme en se redressant comme un ressors. Hé bien… je… J'attends, lâcha-t-elle, comme une bombe.

_ Vous attendez ? releva Minerva, d'un air interrogateur.

_ J'attends mon prochain cours de potions, finit-elle par lâcher, en grimaçant. »

Minerva fronça les sourcils, avant de laisser échapper un léger sourire.

« Miss Granger, j'admire votre dévouement, mais… Vous avez eu vos ASPICS. Vous êtes fraîchement diplômée et vous pouvez tout à fait quitter cette école pour voler vers d'autres cieux, dit-elle d'un éclat de rire joyeux.

_ J'aimerai que ce soit si simple, soupira-t-elle en retombant sur le banc. »

Soudain, Minerva McGonagall se figea, le dos crispé.

Que voulait-elle dire par là ? Oh… Elle avait un mauvais pressentiment.

Un sillon glacial de sueur lui parcourut le dos tout entier pour mourir dans le creux de ses reins et sa respiration s'arrêta, dans l'attente terrible du couperet qui ne tarderait pas à anéantir tous ses rêves et ses espoirs.

« J'ai un contact avec le directeur de l'autre école hier, et il m'a félicité pour mes ASPICS. Néanmoins, certains de ses professeurs insistent pour que je termine mon cursus quand même, sans compter sur le fait qu'ils n'ont aucune place disponible pour une élève en plein milieu de l'année.

_ Pardon ? Mais, c'est absurde !

_ Certains des sujets abordés durant les prochains mois sont selon eux, importants, plus que d'avoir mon diplôme. Sans compter sur le fait qu'il pourrait m'être délétère d'avoir une si longue pause sans étudier. D'autres n'ont pas été aussi intransigeants, mais il demeure que je doive continuer de suivre mes cours de sortilège et de potions jusqu'au bout, je le crains. »

La tête que tira Minerva valut alors surement tous les gallions des coffres de Gringotts. Elle songea qu'elle devait être maudite, que peut-être, Severus avait fait en sorte que ses tentatives se soldent de cette façon. Ce dernier arriva d'ailleurs au même instant, juste après que la cloche n'ait donné l'interclasse. Il venait de fermer la porte de sa salle après avoir laisser ses étudiants se sauver des lieux. Il arriva ainsi droit vers elles, et leva un sourcil.

« Minerva ? demanda-t-il en s'avançant.

_ Severus ! Tu n'as pas cours ?

_ Pas le mardi après midi, souleva-t-il d'un ton pointilleux.

_ Dans ce cas, pourquoi Miss Granger est ici ?! »

Elle n'avait pas pu s'empêcher de crier sa dernière question, complètement à bout.

C'est ainsi que Severus et Hermione lui jetèrent le même regard bizarre, entre surprise et inquiétude. Voilà qu'elle passait pour une folle maintenant…

« Hé bien, le professeur Snape avait besoin de mon aide, glissa la Gryffondor avec prudence.

_ C'est-à-dire ? siffla Minerva.

_ Vous vous souvenez du strangulot qui s'était caché dans mes quartiers ? Enfin, plus précisément sous mon lit. »

La directrice grogna de mécontentement. Elle était certaine que ce qu'elle s'apprêtait à entendre n'allait vraiment pas lui plaire.

« Les elfes ont mit des heures à réparer les dégâts, mais tout n'a pas pu être récupéré. En bref, cette odeur ne veut pas partir de mes quartiers car cette créature a laissé ses substances partout, et par substance, je ne parle pas que de bave, trancha Snape.

_ On a du se contenter de brûler un tas de mobiliers et je ne vous parle même pas du matelas, des draps… énuméra Hermione.

_ C'était dégoutant, renchérit le sorcier.

_ Comme il n'y a pas de boutiques de mobiliers à Pré-Au-Lard, j'ai proposé au professeur Snape de l'accompagner dans un magasin moldu, lâcha fièrement Hermione. »

Cette fois, elle allait finir par tomber dans les pommes, pour de bon !

« Vous, vous, vous, bégaya-t-elle, vous allez chercher un lit ensemble.

_ En fait, on doit débourser pour une literie complète, un fauteuil, un tapis et même des rideaux. Estimez-vous heureuse que je ne vous demande pas de dédommagement, balança Snape d'un air sombre.

_ Et qu'on ait sauvé la majorité des choses présentes dans le salon. »

Minerva prit une inspiration, tout bonnement sans voix. Elle n'avait jamais été autant sous le choc de son existence. Elle observa la catastrophe continuer de se produire sous ses yeux, impuissante.

« Mais enfin ! Est ce que vous trouvez que c'est approprié de faire une chose pareille avec votre professeur Miss Granger ?!

_ Je ne… comprends pas professeur McGonagall. J'ai juste proposé mon aide, couina la jeune femme.

_ Et toi Severus, tu es devenu dingue pour accepter ?!

_ Minerva, est-ce que tout va bien ? »

La concernée prit une profonde inspiration dans parvenir néanmoins à se calmer.

« Vous devriez peut être vous mettre au yoga, ou au radio taisô dans les jardins.

_ Non Miss Granger, s'emporta sorcière. Comment pouvez-vous trouver normal d'aller acheter un lit avec le professeur Snape ?!

_ Comme si elle allait dormir dedans, pouffa l'homme, désabusé.

_ N'en rajoute pas, grinça Minerva entre ses dents d'un regard haineux.

_ Professeur, j'ose espérer que vous n'interprétez pas mal mes intentions…

_ Lorsque Filius et Pomona accompagnent leurs étudiants à Pré-au-Lard pour racheter des plumes et du matériel de jardinage, tu n'en fais pas tout un fromage, accusa Snape, de plus en plus irrité.

_ Mais c'est différent enfin ! Est ce que vous avez déjà remarqué comment vous vous comportez tous les deux ?! »

Snape et Hermione se jetèrent un regard l'un vers l'autre un peu surpris, mais surtout extrêmement interrogatif.

« On se comporte normalement, je ne comprends pas… finit par lâcher Snape.

_ Laissez tomber, souffla Minerva, à bout de force. »

La directrice lâcha les armes momentanément, faisant tomber ses bras le long de son corps dans une attitude lasse avant de s'en aller, semblant porter le poids de la misère sur les épaules.

Snape et Hermione la fixèrent alors qu'elle repartait d'un air abattu.

« Elle doit être surmenée, balança Hermione, préoccupée.

_ Ou paranoïaque, compléta Snape. Comme si on avait décidé d'acheter un appartement et de le réaménager avec notre compte commun. »

Hermione ne put s'empêcher de pouffer de rire. Ils s'observèrent alors d'un air un peu plus léger avant que Snape ne jette un sort sur des vêtements pour en ôter la redingote et ne garder que sa chemise blanche et son pantalon noir.

Puis, ils se mirent en route pour quitter l'enceinte de l'école afin de rejoindre un point de transplanage.

xXx

L'attitude singulière de la directrice était au cœur de leur discussion depuis leur départ. Il ne leur avait fallu que très peu de temps pour arriver jusqu'au magasin et Snape avait conclu, probablement, que la directrice aura été effrayée par la perspective qu'ils ne croisent d'autres élèves dans ce genre d'endroit et que la situation devienne embarrassante pour tout le monde.

« Mais c'est idiot, renchérit Snape, catégorique en trifouillant des bougies parfumées, qui voulez-vous qu'on croise ici ? Sans compter que cet endroit fait la taille d'un entrepôt, je doute que des élèves ne s'amusent à en faire un endroit de rêve pour leur promenade dominicale.

_ Dans ce cas, elle croit que nous sommes trop remarquable dans un lieu public, et moldu.

_ C'est encore plus vexant si vous voulez mon avis. Je suis en train de songer à l'éventualité d'agir comme un connard pour l'emmerder.

_ Ah, depuis tout ce temps vous ne faisiez qu'y songer ? »

Snape s'arrêta soudain au milieu d'une allée pour la fusiller du regard avant qu'elle ne lui lance un sourire emplit d'une certaine fierté.

« Passez devant, gronda-t-il en prenant son bras pour la balancer de force devant lui alors qu'elle riait d'un éclat idiot. »

Snape observa les étalages remplis de bibelots et d'ustensiles avant de froncer les sourcils. Il y avait beaucoup de clients, essentiellement composés de familles et de… couples.

« Oh. Je crois que je viens de comprendre, balança Snape.

_ Comprendre quoi ?

_ Minerva avait peur qu'on puisse penser que vous et moi… »

Snape fit un geste de ses mains, nerveux, avant que Hermione ne lève un sourcil. Puis, elle eut soudain la même réalisation que la jeune femme et ponctua le tout d'un « oh », avant de finir par éclater de rire.

Snape plissa les yeux vers la sorcière qui se remit à observer les choses autour d'elle, allant des miroirs aux cadres, ainsi qu'aux fleurs artificielles. Absorbée, elle ne remarquait même plus Snape qui traînait la patte derrière elle et qui levait les yeux au ciel en la voyant si distraite.

Il la suivit ainsi jusqu'à un lit, dans lequel elle s'étala sur toute la largueur. Alors, elle soupira en fixant le plafond, avant que Snape ne la rejoigne, pensif.

« Le matelas est un peu dur, non ? demanda-t-elle en se tournant vers elle.

_ Au moins, il ne pue pas.

_ Ce n'est pas un critère d'achat.

_ Vous avez vu, j'ai fais un effort sur la courtoisie, parce que croyez-moi que votre question là, portait matière à vous filer une réponse incroyable.

_ J'apprécie et salut votre dévouement pour que je ne vous coupe pas la tête. »

Hermione rit un peu avant de le voir lever les yeux au ciel.

« Bon, donnez-moi le prix, que je fasse ma crise cardiaque en avance si vous voulez tant me tuer.

_ Cinq cent euros.

_ Cinq, commença à hurler Snape, avant que Hermione ne lui fasse un « chut » réprobateur, et que sa voix ne se transforme en un murmure effrayant. Cinq cent euros, je dois faire quoi au juste ? Me prostituer ?

_ Cinq cent, sans le matelas, se permit-elle de préciser.

_ J'enverrais la facture à Minerva, trancha Snape. Oh. Attendez. Prenons le plus cher, si c'est elle qui paye.

_ Vous croyez vraiment qu'elle va financer tout ça ?

_ Ce n'est pas moi qui ait posé ce strangulot là, si ? Allez. On en teste un autre, on prends le reste et on y va. »

Hermione se leva et, d'un même mouvement, parti s'allonger dans un autre lit avant que Snape ne la suive en soupirant.

« C'est mieux, dit-elle.

_ D'accord, alors on prends celui-ci.

_ Comment ça « on » ? Ce n'est pas moi qui vais dormir dedans, c'est à vous de décider. »

Hermione haussa les épaules, et Snape fronça les sourcils dans le vide.

Quelque chose d'étrange se produisit dans son estomac. Oh ce n'était pas la première fois qu'il ressentait cela. C'était surtout plus fort de jour en jour, de semaines en semaine, en plus de demeurer de moins en moins supportable.

Il fallait dire que la dernière fois qu'ils s'étaient retrouvés dans le même lit datait de leur séjour en Italie. Néanmoins, cette sensation ne s'apparentait pas à un désir quelconque. Il y avait autre chose, un peu d'angoisse, ponctuée d'un sentiment singulier qui ne le quittait pas.

Cette chose avait commencé à se manifester durant la seconde nuit qu'il avait passé à tenter de soulager tant bien que mal ses crampes en se blottissant dans son dos. Parfois, la sensation était plus forte, mais aujourd'hui, elle était presque de l'ordre de l'insoutenable. Il se sentait véritablement terrorisé, mais ignorait pourquoi.

Alors, Snape se leva soudain du lit et emmena Hermione sans un mot vers les caisses du magasins afin de récupérer sa marchandise, choppant au passage une paire de draps, de nouveaux coussins ainsi qu'une couette au hasard histoire de s'enfuir d'ici. La jeune femme n'y prêta guère attention, car il était dans son caractère habituel de ne pas vouloir s'attarder dans ce genre d'endroits, surtout en vue du monde qui commençait à s'entasser là dedans.

Afin de récupérer leurs biens sans problème, ils s'étaient isolés une fois sortis pour les réduire pour que tout cela puisse rentrer dans le grand sac de voyage qu'Hermione avait ensorcelé. Mais à leur retour vers Poudlard, Snape avait étrangement fuis vers ses quartiers d'où il avait matérialisé ses meubles seuls, puis fuis vers n'importe quelle partie du château qui pourrait lui faire oublier ses problèmes, oublier cette sensation, et donc, loin d'Hermione Granger.

Il n'y avait qu'en sa présence qu'il ressentait une chose pareille. Il lui était impossible d'y réfléchir tant qu'elle était là, et d'ordinaire il ne faisait donc que subir en attendant que ça passe.

Maintenant qu'ils n'étaient plus contraints de partager leurs quartiers, il pouvait essayer de s'éloigner d'elle… Ce qui était difficile compte tenu du fait qu'elle ne suivait plus beaucoup de cours.

Alors, Snape se réfugia sur un banc, prés du couloir adjacent au bureau de la directrice. Il s'y pencha longuement, avant de tomber sur Minerva à peine un quart d'heure plus tard, à son plus grand damn.

« Severus ? Qu'est-ce que vous faites là ?

_ J'essaie de réfléchir, soupira-t-il. Mais je suppose que c'est raté, siffla-t-il.

_ Quel drôle d'endroit pour s'atteler à un travail de réflexion.

_ Ai-je vraiment besoin de votre avis ?

_ Non…

_ Bien, cracha l'homme, agacé. »

Snape se leva, mais Minerva fronça les sourcils. Si ses pas l'avaient amenés jusqu'ici, alors peut-être avait-il eu besoin de son avis.

Depuis son emménagement avec Granger, Snape n'avait jamais été aussi distant avec elle. Ils ne prenaient même plus le thé ensembles ! Alors, Minerva saisit l'opportunité pour son collègue, et ami de discuter, à défaut de songer à son tourment seul.

Étonnamment, le maître des potions accepta et entra dans le bureau directorial à la vitesse de l'éclair. Et Minerva le regarda faire, un peu circonspecte.

« J'ai un problème Minerva, un très gros problème, s'exclama-t-il en parcourant les lieux de long en large comme un animal en cage.

_ Vous m'inquiétez Severus, marmonna la sorcière, perplexe.

_ Est-ce que vous avez déjà eu peur ? »

La directrice ouvrit la bouche, puis fronça les sourcils. Elle s'arrêta devant son bureau, et croisa les bras sur sa poitrine, mais Snape reprit la parole avant de lui laisser le soin de répondre.

« Je vous parle de peur réelle, pas de ce genre de frousse quand vous restez enfermée dans une pièce un peu trop exiguë sans possibilité d'en réchapper, ni de celle qui vous fait sursauter lorsqu'un monstre apparait soudain à l'écran de la télévision que vous fixez depuis une heure. »

La sorcière soupira, puis finit par prendre le mug de café qui était resté sur son bureau, y laissant une vilaine tache sur le vieux bois. Elle y blottit ses mains abimées par le temps, avant d'aller s'asseoir sur un siège un peu plus loin, tout prés d'une des grandes fenêtres donnant sur les hauteurs du château.

« Oui, une fois, souffla la sorcière pensivement.

_ Parce que c'est ce que je ressens actuellement. C'est ce que je ressens tous les jours. Il y a quelque chose qui cloche, ce n'est pas normal d'avoir peur sans arrêt alors que ma vie n'est plus en danger.

_ Vous avez peur pour votre vie ? demanda Minerva, éberluée.

_ Un comble non ? Je n'ai jamais crains pour celle-ci jusqu'à maintenant, et voilà que depuis plusieurs semaines, je commence à songer au pire chaque instant, balança Snape en recommençant à marcher en rond avec nervosité. Ça n'a aucun sens, et je doute que mon subconscient me joue des tours car personne ne me suit, ni ne me veut du mal.

_ A quel moment est-ce que cela s'est manifesté ? demanda Minerva avec intérêt, les fesses au bord de son siège afin d'accorder tout son intérêt à la conversation.

_ Hé bien, à chaque fois, j'étais avec Granger, mais je doute qu'elle soit impliquée là dedans, ricana-t-il d'un éclat sans joie. »

Minerva leva les yeux au ciel. Mais cette fois, Snape le remarqua et s'arrêta net dans sa démarche, partagé entre l'agacement et l'interrogation.

« Quoi ? cracha-t-il. Vous allez dire que c'est sa faute maintenant ?

_ Mais enfin Severus, réveillez-vous bon sang ! »

Impulsivement, Minerva se leva et se mit à secouer le maître des potions comme un pommier. Ce dernier se laissa balancé dans tous les sens, un peu ahuri par cette réaction. Il fallait dire que personne ne s'était encore permis une telle chose avec lui.

« Minerva, mais qu'est-ce qui vous prends ?! s'exclama l'homme, à deux doigts de l'arrêter de force.

_ Vous êtes amoureux d'elle, bougre de crétin de niffleur shooté à l'acide ! »

Snape arrondit le regard alors que la tension de la directrice baissait suffisamment pour la faire cesser avant qu'elle ne soupire de dépit.

« Qu'est ce que vous racontez ? demanda-t-il avec sidération.

_ Vous avez peur pour votre vie parce que celle ci a pris un sens pour quelqu'un, ce quelqu'un étant Miss Granger qui, bien évidemment, est tombée tout aussi raide dingue de vous, ce qui fait que s'il vous arrive quelque chose un jour, cela se répercuterait fatalement sur elle, qu'elle chérie votre existence alors vous avez envie de le faire également pour elle et pour l'amour de dieu, parfois je me demande comment j'ai pu agir aussi bêtement alors qu'il était écrit d'avance qu'une telle chose arriverait ! récita Minerva à une vitesse surhumaine. »

Snape venait d'ouvrir la bouche, et il la referma avant de l'ouvrir de nouveau en un manège étrange.

« Oh ne faites pas comme si vous n'étiez pas au courant ! cracha la directrice avec une grimace peu engageante.

_ Pas au courant, mais enfin, bafouilla Snape pour la première fois de son existence. Et puis pour commencer, qu'est ce qui vous fait penser une telle chose ?

_ Vous vous regardez avec ce même regard niais, balança Minerva, décidément fatiguée par ces mois d'anticipations et de stress.

_ Oh vous n'allez pas vous y mettre, vous aussi, accusa l'homme d'un index pointé sur elle.

_ Severus, fulmina Minerva. Vous souriez comme un idiot, je n'aurais jamais vu autant vos dents en 30 ans de carrière que durant ces 30 derniers jours. Vous saisissez la moindre petite occasion pour lui adresser la parole d'une façon ou d'une autre, et vous vous observez longuement comme si vous ne pouviez pas croire qu'une personne comme elle existe. Si je ne vous arrête pas tout de suite, vous allez vous mettre à la guitare acoustique pour lui balancer une déclaration au bal de fin d'année. »

A cette affirmation, Snape se contenta d'éclater de rire. Comment faire autrement ? Cette sorcière avait perdu l'esprit.

« Et vous l'avez emmené en Italie avec vous parce que si vous ne l'aviez pas fait, elle allait vous manquer. Allez ! Avouez, avouez, hurla Minerva en le secouant de nouveau.

_ Merde, mais lâchez moi, détraquée ! beugla Snape alors que sa voix prenait une drôle d'allure avec le mouvement de balancement provoqué sur sa tête.

_ Je suis sure que vous avez cette chanson dans la tête qui fait que vous ne pensez qu'à elle, et vous l'écoutez en boucle tous les soirs dans vos quartiers, continua la sorcière. Et que vous avez des frissons en plus !

_ Minerva, je ne suis pas un homme violent, mais continuez et je vous balance un impardonnable.

_ Et moi je vous met une claque ! »

Soudain, quelqu'un toqua à la porte et les firent se figer tout deux, Minerva continuant de tenir Snape par les bras comme un pantin et lui, raide et aussi immobile qu'une statue avait encore le regard rond de peur rivé sur la directrice.

« Quoi ? cracha la vieille sorcière. »

C'est alors qu'une petite tête se profila entre la rainure de la porte qui venait de s'ouvrir timidement.

« Tout va bien ? demanda le professeur Flitwick d'une voix étrangement calme, mais aussi trahissant une certaine inquiétude.

_ Qu'est-ce qu'il se passe Filius ? demanda Minerva avant de se retourner afin de se masser le front, usée.

_ On a entendu des cris, on a cru que vous vous entretuiez. »

Le professeur de sortilége se fixa soudain sur Severus, son collègue, d'ordinaire si conventionnel et immuable. Ses yeux ne montrait qu'une terreur perceptible, ainsi qu'un choc important.

Le maître des cachots continua de rester silencieux, avant de partir du bureau de la directrice comme un automate.

Minerva le laissa faire, soulagée néanmoins d'avoir pu décharger ce qui lui pesait tellement. Ce ne fut pas au gout d'Hermione Granger qui, quant à elle, commençait à s'inquiéter du silence de Snape qui s'était mit à l'éviter depuis toute cette histoire sans qu'elle ne le comprenne.

La jeune femme était loin d'imaginer que sa directrice, le professeur McGonagall, avait balancé toutes ces choses au maître des potions. Pire encore, cela l'avait effrayé, vraiment terrorisé.

Lui, amoureux de Granger ? Sur le papier, l'idée était ridicule. Mais il avait bien été forcé d'y songer. Ces mots lui avaient trotté dans la tête durant des jours. Il avait tellement vécu dans une sorte de bulle tous ces mois, dans ses quartiers, en Italie, à ne rien percevoir d'autres du monde que ses chaudrons son travail et elle. Quelque part, son coeur se serrait. Il n'avait pas le droit de l'aimer… Comme de vieux démons refaisant surface, Snape songeait enfin à toute l'implication de cette histoire. Il était vieux, bien plus vieux, avec un si lourd passé. Il l'avait détesté, il l'avait raillé, bien sûr, il ne l'avait jamais perçu sous cette facette, sans compter sur le fait que sous un certain angle, elle était encore son élève. Mais bien pire encore maintenant : elle était son amie. Il ne pouvait se permettre de perdre cela, tout comme il ne pouvait décemment dire qu'ils ne pourraient jamais s'entendre, que ça ne pourrait jamais marcher car la vie venait de lui démontrer tout l'inverse. Seulement, une partie de lui s'en voulait d'avoir été si léger, si naïf, de s'être laissé berner quelque part par l'euphorie de l'instant présent. Hermione Granger avait pénétré son intimité avec facilité, et il n'avait pas réussi à anticiper l'idée qu'ils puissent d'entendre si bien, que tout finisse par devenir si fluide ni celle que Granger se mette à le poursuivre partout pour savoir pourquoi il boudait comme un gosse.

Enfin, il n'était pas bête à ce point, elle se débrouillait sans arrêt pour être dans son champ de vision, passant toujours aux mêmes heures vers sa salle de classe ainsi que devant le tableau de ses quartiers devant lequel personne d'autre ne trainait d'ordinaire. Ce n'est qu'au bout de cinq jours qu'il en eut vraiment assez.

La connaissant, elle et son côté têtu, il ne pourrait jamais s'en débarrasser en se mettant à l'ignorer du jour au lendemain. Hermione était une femme qui n'était nourrie que de mots, d'explications, ne supportant pas l'ignorance. Et, dans un sens, Snape était bien trop lucide pour ne pas se rendre compte qu'il ne faisait que repousser l'échéance.

Agacé, il avait ouvert brusquement la porte de sa salle de classe ce jour-là alors que Granger semblait tourner en rond devant, le bruit de ses pas commençant doucement à le rendre dingue.

« C'est bon ! finit-il par s'exclamer. Je cède. Entrez ! »

Hermione avait froncé les sourcils vers lui. Bien sur, son silence l'avait inquiété. Depuis l'inondation des cachots, elle n'avait pas passé une seule journée sans le voir, sans lui parler en dehors de ses heures de classe. Un instant, elle avait eu l'impression de se retrouver de nouveau devant son professeur de potions, et uniquement devant ce dernier. Cela lui avait provoqué un pincement au cœur suivi d'un frisson désagréable.

Malgré tout, Hermione avait bien du se rendre à l'évidence qu'elle avait fini par s'attacher à Severus Snape, comme un ami, avec autant d'importance que Harry et Ron. Avait-il été effrayé par cela ? Il était pourtant bien tard pour y songer, non ? Tout s'était fait si facilement, et dans le fond, Hermione ne voyait pas tant de problème que cela à l'affection qu'ils pouvaient se porter. En vérité, elle trouvait désormais que tout était plutôt… prévisible.

« Qu'est-ce qu'il se passe, soupira Hermione d'une voix calme en s'asseyant sur le siège juste en face de son bureau professoral. »

Snape lui jeta un coup d'oeil, et ses soupçons se confirmèrent soudain, comme une vilaine claque jetée à sa figure.

Car elle était belle, elle était patiente, intelligente, calme et douce, autant qu'elle pouvait s'avérer féroce lorsqu'il le fallait. Ses yeux posés sur lui ressemblaient à du velours, comment n'avait-il pas pu remarquer son coeur qui battaient un peu plus fort, ses mains devenant moites, la bouffée de chaleur que son corps lui envoyait et sa respiration s'accélérer, juste un peu. Etait-il bête à ce point ? Sa capacité à rentrer sa tête sous le sable pour ignorer ce qui lui sautait désormais aux yeux devenait de plus en plus effrayante.

« J'ai fais quelque chose de mal ? demanda-t-elle d'une petite voix. »

Elle allait le tuer.

C'était ce qu'il se répétait en boucle alors que sa bouche s'ouvrait, lui donnant l'air d'un crétin, il en était sur.

« Non, finit-il par répondre d'une voix posée.

_ Je n'ai pas vraiment envie de tourner autour du pot. Je vois bien que vous m'évitez, et vous savez que je ne suis pas idiote. Je ne comprends pas pourquoi, alors j'aimerai juste que vous me dites ce qu'il se passe. Surtout si j'ai fais ou dis quelque chose qui vous a déplu. »

Snape se pinça l'intérieur de la joue, avant d'oser affronter ses pupilles. Puis, il finit par soupirer et se leva, peut-être pour mettre un peu de distance avec elle, parce qu'il avait encore un peu peur, devait-il l'avouer. Il devait lui dire, ne serait-ce que pour qu'elle arrête de se torturer.

« J'ai eu une discussion plutôt… plutôt gênante avec Minerva, je devais m'éloigner pour réfléchir à ce qu'elle m'avait dit.

_ Qu'est-ce qu'elle vous a dit ? demanda Hermione en retenant presque sa respiration, car le ton du maître des potions n'augurait rien de bon.

_ Elle a dit… »

Snape posa sa main contre le dossier de sa chaise, se tournant dos à Hermione afin de l'éviter, rejouant encore et encore le même manège. Ses doigts pianotaient nerveusement le bois en un bruit régulier, et peu agréable.

Hermione sentait son coeur battre si fort, que sa tête entière commençait à bourdonner.

Elle avait peur qu'il lui dise qu'il ferait mieux de s'éloigner, qu'il ne voulait plus rien à faire avec elle pour une raison qu'elle ignorerait.

Snape soupira en levant les yeux vers le plafond. Et comment allait-il faire s'il lui arrivait quelque chose, à elle ? Comment allait-il s'en sortir ? Quel crétin. L'expérience lui avait pourtant appris que l'existence humaine était bien fragile.

« Je ne peux pas faire ça, murmura-t-il pour lui-même. »

Hermione resta plantée là, le fixant de ses orbes inquiètes et rondes, avant que Snape ne se tourne vers elle une nouvelle et dernière fois.

« Minerva a dit que j'étais amoureux de vous. »

Hermione aurait songé que sa respiration serait revenue, après l'avoir retenu si longtemps, mais il n'en fut rien. Elle se coupa plus encore et peut-être aurait-elle même été capable de mourir d'hypoxie si son réflexe de survie ne l'avait pas inciter à reprendre une légère inspiration.

« Amoureux… de moi, murmura-t-elle enfin. »

Cette fois, il ne l'évitait étrangement plus du regard, mais il se mordait tellement l'intérieur de la joue qu'un gout ferreux de sang venait d'envahir sa bouche, et que sa langue joua avec la blessure que ses dents venaient de lui provoquer. La douleur l'aidait à prendre contact avec la réalité, à ne pas s'imaginer qu'il rêvait cet instant.

L'éclat dans les pupilles d'Hermione changea très légèrement, et elle sembla soudain réaliser ce qu'il venait de lui dire, ce qu'il venait de lui avouer à demi-mot.

Car elle avait tue cette possibilité avant même qu'elle n'émerge dans son esprit. Depuis toujours, elle avait refusé que cela soit possible, elle avait refusé d'y songer, ne serait-ce qu'une seule seconde. La probabilité était faible, si faible, et cela aurait pu provoquer bien plus de remous, bien plus de bazar que n'importe quelle pierre magique n'aurait jamais pu en faire sur le monde.

Depuis tout ce temps, Hermione s'était persuadé que c'était impossible, que quoiqu'il puisse arriver, cette chose était totalement impensable, irréelle, inaccessible.

« Amoureux de moi, chuchota-t-elle de nouveau. »

Snape reprit une respiration normale, un peu trop même. Il se tendit, et reprit cette posture qu'elle lui avait toujours connu, sans qu'elle ne parvienne à sortir d'autre mot que cela, ce qui était déjà beaucoup pour elle qui demeurait sous le choc.

« Vous feriez mieux de partir, dit-il durement avant que les étudiants de dernière année n'entrent un par un dans la classe pour suivre leur cours de potions. »