Son - Sleeping At Last
Remus était partout.
Sous ses doigts, dans la soie des boucles qui s'enroulaient entre ses phalanges et la chaleur de la peau de son amant qui le plaquait contre le mur. Entre ses jambes, dans la largeur de sa taille, dans la sensation familière de ses hanches osseuses qui s'enfonçaient dans ses muscles. Dans la façon dont ses paumes, accrochées à la jonction entre la cuisse et le muscle fessier, l'arrimaient à la réalité d'une simple pression. Contre son torse, dans le rythme éperdu du palpitant adoré qui s'agitait avec la même énergie qu'un oiseau aux ailes affolées.
Show me who I am and who I could be
Initiate the heart within me
'Til it opens properly
Sirius avait l'impression de se noyer. Il se savait instable. Un reste des gênes incestueux de sa famille qui poussait son esprit à tanguer comme un bateau ivre. Remus avait toujours été une part intégrale de l'échafaudage complexe qui le maintenait à flot, qui l'empêchait de s'effondrer comme un château de carte mal équilibré. Mais dans ces moments…
Quand la lune était haute et s'arrondissait, quand le loup rôdait derrière l'or de ses prunelles et que la peau de son amant se faisait trop fine pour le contenir complètement, Sirius se laissait tomber. Il abandonnait chacun des filins qui le rattachait à l'image qu'il renvoyait, à celui qu'il était, pour se laisser dévorer par la Bête.
Remus était sa perdition tout autant que sa rédemption. Sirius se perdait entre les doigts experts de son amant, se laissait modeler en une créature affamée qui quémandait sans honte et recevait sans restriction. Sous les mains de Remus, il n'avait rien à cacher. Il exhibait ses désirs les plus secrets, ses imperfections les plus hideuses et admirait avec élation le loup-garou qui s'en repaissait. Nu de la plus pure des façons, il offrait son corps, son cœur et son âme à l'œil avide du prédateur.
Slow down, start again from the beginning
I can't keep my head from spinning out of control
Is this what being vulnerable feels like?
Le regard de Remus, dans ces moments d'abandon, était d'une beauté à couper le souffle. Il posait sur Sirius ses yeux, oscillant entre l'homme et l'animal, et se gorgeait de ce qu'il voyait avec une acceptation, une fierté et une adoration qui menaçaientt de lui faire sortir le cœur par la bouche. Il n'y avait que dans l'espace clos des bras de son ami, de son amant, de l'amour de sa vie, que Sirius pouvait être lui sans craindre la moindre répercussion. Il n'était lui que quand Remus le protégeait d'eux. Il n'était lui qu'au sein de ce nous qu'ils formaient ensemble.
Remus s'abandonnait, lui aussi. Il perdait pour un temps la peur de la flamme, l'angoisse de la rage, la fournaise qui détruisait tout, à tout instant. Il oubliait quelques minutes, ou quelques heures, que le loup était son ennemi, qu'il devait s'en méfier. Ici et maintenant, sa peau mate contre l'épiderme laiteux de l'Héritier des Black, Remus John Lupin n'était rien que lui-même. Dans toute sa gloire et son horreur, toute sa lumière et ses ténèbres dévorantes. Il n'y avait rien à cacher dans le sanctuaire argenté de son regard et Sirius l'idolâtrait pour cela.
And I will try, try, try to breathe
'Til it turns to muscle memory
I'm only steady on my knees
One day I'll stand on my own two feet
Il inspira profondément quand la langue de Remus s'aplatit contre sa pomme d'Adam avant que ses dents viennent martyriser la peau sensible. Le parfum familier de son amant envahit ses narines. Si Sirius sentait le cuir, la vanille et le safran, Remus avait une odeur sauvage et naturelle. Un mélange des parfums des sous-bois, de la laine de ses pulls chauffée par sa peau et du soleil qui venait vous cuire à la pleine saison. Sirius enfouit son nez dans le cou de Remus et inspira à pleins poumons. Il lava ses sinus de toute autre fragrance pour ne laisser que la sienne, l'odeur qu'il associerait pour toujours à son foyer. Il regretta, quelques millisecondes, de ne pas avoir l'odorat de sa forme animale en cet instant. Padfoot percevait tellement plus de nuances quand il s'agissait de Remus, tellement de choses qui n'appartenaient qu'à lui et qui seraient pour toujours gravées jusque dans l'ADN de Sirius.
Remus laissa échapper un son qui ressemblait étrangement à un ronronnement et frotta sa joue contre le dessus de la tête de Sirius qui ne put retenir le petit rire qui s'échappa de sa gorge. Il enfouit à nouveau ses deux mains dans les cheveux du loup-garou et l'invita à reculer la tête.
— Tu me marques avec tes phéromones, Moony ? demanda-t-il d'un ton taquin.
Les yeux de Remus, aux pupilles tellement dilatées qu'il ne restait presque rien de l'or qu'il avait l'habitude d'y croiser, étaient complètement perdues. Il déglutit et secoua la tête, pour se remettre les idées en place, avant que ses joues se parent d'une belle teinte de rose.
— Ah… Désolé… s'excusa-t-il en relâchant un peu sa prise sur Sirius.
— Nan, tu sais que j'adore ça, susurra-t-il en mordillant l'angle de sa mâchoire.
Le grondement qui s'échappa de la gorge de Remus remua les entrailles de Sirius qui ne chercha pas à cacher l'effet qu'il avait sur lui. Aussi dangereux et stupide que ça puisse être, il adorait asticoter Remus à cette période. Il aimait le voir s'abandonner, lâcher prise et ne plus chercher à se restreindre. Il aimait les traces de doigts qui s'étalaient sur ses cuisses et ses hanches le lendemain, les morsures qui ornaient son cou pendant au moins une semaine en un collier violacé qu'il portait avec fierté. Tout comme il aimait marquer sa peau à l'encre, il aimait voir sur lui les preuves de l'affection de Remus.
I'll run the risk of being intimate with brokenness
Through this magnifying glass
I see a thousand finger prints
On the surfaces of who I am
— À moi, souffla Remus en enfonçant son nez dans le creux du cou de Sirius.
— T'es sûr ? demanda-t-il d'un ton narquois en tirant doucement sur les mèches châtaines dans sa paume.
— À moi.
La voix avait claqué et avant qu'il ne puisse répondre, Remus l'avait déposé au sol. Il enfonça deux doigts dans le col du t-shirt de Sirius et tira jusqu'à ce que la couture craque. Sa langue traça avec ferveur les pourtours de la pleine Lune, dessinée à l'encre noire sur le poitrail de son compagnon, juste sous sa clavicule, contre laquelle il laissa reposer ses dents. Son souffle brûlant s'écrasa sans pitié contre la peau sensible.
— Merde…
Sa tête cogna plusieurs fois contre le battant de la porte. Le désespoir de Sirius tira un rire grave à son amant avant que ses mains s'enfouissent profondément sous le coton du t-shirt de Remus. Il dessina du bout des doigts les contours de la cicatrice qui dépassait à peine de la ceinture de son pantalon, l'eau à la bouche. Il avait envie d'en suivre le tracé de la pointe de sa langue comme il le faisait souvent. Il pouvait presque sentir la saveur de la peau de Remus sur ses papilles. Le sel du voile de transpiration qui la recouvrait, le grain soyeux, la texture trop lisse de la chair recousue par magie. Sirius gémit et inclina son bassin vers l'avant, cherchant une once de contact pour apaiser son désir.
— J'ai envie de te sentir sur ma langue, haleta-t-il en priant pour que son amant accepte.
Il n'était jamais plus heureux que lorsqu'il était à genoux devant Remus, que lorsque ses longs doigts se refermaient dans ses mèches ébènes et qu'il jetait sur lui un regard scintillant d'envie. Il ne se sentait parfaitement en phase avec lui-même que dans ces moments où son monde se rétractait pour n'être plus que sensations. Celles des doigts qui s'emmêlaient dans ses cheveux, des ongles qui éraflaient son crâne, du poids qui reposait sur sa langue, de la saveur familière du désir de son amant, de la fragrance indéfinissable qui résultait de leurs ébats.
Show me where to find the silver lining
As the mercury keeps rising
'Til the glass or my fever breaks
Ces instants suspendus où son esprit hyperactif acceptait enfin de prendre du repos, où il laissait les rennes aux mains de Remus qui le guidait sur un chemin tortueux afin de l'amener jusqu'à l'abandon le plus total. Sirius était capable de rester ainsi de longues minutes, parfaitement immobile, la bouche pleine et le cerveau vidé de toutes pensées ne se résumant pas à "Moony".
— Continue de parler… N'arrête pas de parler, Pads, marmonna le loup-garou contre sa peau.
La voix de Remus n'était rien d'autre qu'un grognement sourd, le grondement qui précède l'avalanche, et Sirius sentit les poils de ses bras, de ses jambes et de sa nuque se hérisser en réponse à l'intonation. Il y avait une autorité indéniable dans le timbre de son amant à laquelle son corps avait appris à répondre automatiquement. Sa bouche se remplit de salive en pensant à ce qui allait se passer et pourtant… Remus ne pressa pas sur ses épaules. Non. Il releva la tête, avec une lenteur insoutenable, et effleura la carotide de Sirius qui palpita précipitamment sous la pointe de sa langue, jusqu'à ce que ses lèvres viennent trouver l'épiderme d'une douceur indécente, dans l'angle de sa mâchoire. Cette zone où la rugosité de sa barbe naissante laissait la place à la soie du lobe de son oreille. Remus y frotta le bout de son nez et inspira profondément avant de murmurer.
— Hmm… Tu sens comme moi… Je t'ai demandé quelque chose, Padfoot.
Un frisson secoua l'intégralité de la carcasse de Sirius, qui sentit sa volonté se fissurer encore davantage. Des morceaux s'en détachèrent pour s'écraser avec fracas au pied de son amant, offrande dérisoire pour un dieu miséricordieux. Remus referma ses dents, avec cette canine un peu tordue, un peu trop pointue, sur la peau délicate de son lobe d'oreille et mordit. Sirius laissa échapper un gémissement lamentable et ses genoux tremblèrent sous la sensation.
— Oh merde, merde, merde… Touche-moi, geignit-il d'une voix tremblante.
Les paumes calleuses de Remus vinrent trouver ses hanches et ses doigts s'enfoncèrent suffisamment fort dans la chair pour s'assurer d'y laisser des marques. Il se pencha en avant et épingla Sirius contre le mur d'un pression ferme de son bassin. Sirius ferma les yeux et ouvrit la bouche. Il s'abandonna, quelques secondes, à l'onde de plaisir qui traversa son ventre et remonta comme une flèche le long de son dos.
And I will try, try, try to breathe
'Til it turns to muscle memory
I feel the pressure in my blood
Building up and liberating me
Les mains de Remus s'étalèrent, ses doigts couvrant la majeure partie des abdominaux contre lesquels ils reposaient, et ses pouces dessinèrent des cercles concentriques qui s'élargirent avec une lenteur insoutenable en direction de la ceinture qui reposait encore sur les hanches de Sirius.
— Tes mains… Tes mains sont si chaudes, gémit Sirius, entre deux déglutitions peu efficaces.
La tête penchée en arrière, les paupières closes, il frémit sous les lèvres qui parcouraient sa gorge, les mains sur son ventre et la chaleur enveloppante de son amant. Il essayait, vainement, d'obéir à l'ordre qui lui avait été donné. Son esprit de contradiction naturel et son état débilitant d'excitation l'empêchait de formuler autre chose que des demi-phrases, des bouts d'idées qui volaient hors de ses lèvres. Remus était une fournaise, un incendie qui ravageait sur son chemin les restants de la stabilité mentale de Sirius. Rien ne restait après son passage, rien si ce n'était une sensation de paix complète. La certitude d'être aimé, entièrement, complètement, pour ce qu'il était et rien de plus.
— Tellement envie de toi… haleta-t-il vers le plafond.
Le rire de Remus se teinta d'un quelque chose de sombre, de bestial, qui lui rappela l'état de la lune dans le ciel et un frisson hérissa les poils des bras et des cuisses de Sirius qui vinrent frotter contre le coton et le jean. Il gémit, une fois de plus, quand les lèvres de Remus abandonnèrent sa gorge pour mieux venir s'attaquer à l'angle de sa mâchoire avant de migrer jusqu'aux siennes.
Remus ne l'embrassa pas et s'arrêta là, bouche contre bouche. Leurs souffles se mêlèrent, leurs langues s'effleurèrent avant qu'il referme ses dents sur la lèvre inférieure de Sirius. Il pressa juste assez pour tirer un nouveau gémissement à Sirius dont les genoux manquèrent de lâcher, seule la prise de Remus autour de sa taille le maintenait encore debout.
Show me how to struggle gracefully
Let the scaffolding inside of me be strong enough
To hold this tired body up once more
— Raconte-moi, Sirius. De quoi t'as envie ? ronronna la voix du loup-garou contre ses lèvres.
Ses mains descendirent de quelques millimètres, juste assez pour enfoncer le bout de ses doigts sous le bord de la ceinture de son jean. Sirius crut qu'il allait mourir à l'instant. La peau de son abdomen sembla vibrer sous la chaleur des paumes de Remus, son souffle lui échappa en une longue exhalation et il s'abandonna dans les bras de son amant.
Puis, Sirius inspira profondément, tenta de réaligner ses pensées éparpillées, de retrouver un peu de cet égo qui le rendait parfois insupportable aux yeux des autres, mais jamais à ceux de l'homme qui s'amusait à le torturer en cet instant. Il se mordit la lèvre inférieure et hésita quelques secondes avant de lâcher.
— J'te veux dans ma bouche, j'veux que tu me fasses oublier qui je suis, que tu me rappelles à qui j'appartiens, demanda-t-il d'une voix faiblarde.
Il était si faible, si facilement malléable entre les mains brûlantes de Remus.
— Je veux que tu me prennes et que tu me fasses oublier que je suis supposé être l'Héritier des Black, gémit-il la tête penchée vers l'oreille de Remus, son souffle en effleurant la pointe.
Sous les mains de Sirius, contre son corps, le frisson qui secoua la silhouette longiligne du loup-garou manqua de le faire chavirer. L'effet tangible qu'il avait sur Remus le ravit au plus haut point et l'enorgueillit suffisamment pour continuer sur sa lancée.
— Tes mains sont tellement plus chaudes que les miennes. Plus grandes aussi. Touche-moi… S'il te plait, plaida Sirius à mi-voix, dans une supplique qui se termina par une petite plainte.
Remus lui arracha, sans douceur, sa veste qu'il jeta un peu plus loin et Sirius fronça les sourcils en la voyant atterrir sur le carrelage avant que son t-shirt la rejoigne quelques secondes plus tard.
— Eh ! s'écria-t-il en lissant ses cheveux épars d'une main.
— Chut, ordonna Remus avec un sourire narquois.
Sirius ronchonna dans sa barbe, mais ses récriminations moururent rapidement. Les mains de Moony étaient de retour sur lui.
— N'arrête pas de parler, ordonna la voix caverneuse près de son pouls.
Alors il n'arrêta pas. Sirius raconta entre deux gémissements, les heures passées dans leur chambre, ses mains pour seules compagnes, le prénom de son compagnon de dortoir comme une prière sur ses lèvres quand ses hanches se cabraient entre ses draps à l'abri des rideaux écarlates. Il raconta les inspirations ferventes contre le col d'un pull oublié sur un canapé dans la Salle Commune. Les halètements précipités entre ses dents serrées, dans les toilettes avant un cours, incapable de rejoindre le reste de sa classe à l'heure à cause d'un simple regard. Son récit était entrecoupé de baisers fiévreux et de gémissements désespérés quand les mains de son amant s'arrêtaient un instant dans leur exploration. Un cri étranglé lui échappa quand les dents de Remus se refermèrent avec fermeté sur un téton trop longtemps délaissé.
— Fais quelque chose, par pitié, je t'en supplie, Remus. Remus, Remus…
Une main, plus chaude qu'un Feudeymon, s'engouffra dans la braguette qu'il n'avait même pas senti s'ouvrir et empauma fermement son sexe érigé et douloureux. Sirius sentit sa colonne vertébrale se tendre sous l'assaut trop longtemps refusé. La rugosité de la paume, abîmée par des années à se transformer ou à tenir le manche de sa baguette, la chaleur débilitante de son poing autour de la peau veloutée, le pouce qui passa sur son gland et récolta les gouttelettes amassées là, c'était trop. Il crispa les paupières en expulsant d'un coup tout l'air de ses poumons, la sensation était si violente qu'elle lui tira un spasme, absorbé par le corps de Remus derrière lui.
— Merde ! cria-t-il, sa tête cognant violemment contre le bois quand ses hanches s'arquèrent vers l'avant.
Le rire de Remus laissa un filet d'air frais effleurer la peau humide de son cou. Sirius babilla une suite de sons sans réel sens, mélange de suppliques, d'injures et de déclarations pleines de tendresse. Il était au bord de l'évanouissement quand sa bouche s'ouvrit en grand sous la surprise. La chaleur dévorante de Remus disparut quand il s'agenouilla. Sirius referma lentement la bouche et serra les mâchoires avec violence pour endiguer le flot de paroles qui semblait vouloir lui échapper.
Remus ne s'agenouillait pour ainsi dire jamais. En partie, parce que le loup – surtout à cette période du mois – détestait se sentir en situation d'infériorité, mais aussi parce que ses articulations, prématurément épuisées par des années de transformations, supportaient mal la position. Sirius baissa les yeux et enfouit une main dans les boucles dorées en lançant d'un informulé un sort de Coussinage sur le carrelage. Les prunelles ambrées de Remus se braquèrent sur lui, pleine d'un désir brutal et d'une reconnaissance totale. Sirius déglutit. Le loup et l'homme le contemplaient d'un même regard. Proie dans les yeux du prédateur, il se tortilla et haleta en tremblotant.
So I will try, try, try to breathe
'Til it turns to muscle memory
I'm only steady on my knees
But one day, I'll stand on my own two feet
Remus lui coupait le souffle une fois de plus. Il était magnifique ainsi et Sirius laissa le bout de son index courir le long de ses traits puis sur la cicatrice qui traversait son sourcil. Il la suivit jusque sur l'arête de son nez et sur sa pommette qu'il caressa avec révérence. Il aurait pu faire ça pour l'éternité, se perdre dans les yeux de Remus, dans les pleins et les déliés de son visage, dans la souplesse de sa peau, la dureté de ses os. Il aurait pu s'oublier ainsi, perdu dans les émotions qui tourbillonnaient en lui. Il aurait pu rester des éons à simplement le regarder et ça aurait pu être suffisant. Peut-être. Dans une autre réalité où Sirius n'aurait pas été aussi avide, aussi égoïste. Remus lui appartenait. Il avait réussi, par un miracle dont il ignorait encore la source, à faire en sorte que l'amour dévastateur – terrifiant en réalité – qu'il lui portait, lui soit retourné. Il n'abandonnerait ça pour rien au monde.
Les amants qui se disent capables de vivre heureux en sachant que la personne qu'ils aiment l'est loin d'eux ne sont qu'un ramassis d'hypocrites. Sirius aurait préféré crever plutôt que de devoir abandonner ce qu'il effleurait du bout des doigts en cet instant. Il aurait préféré crever que de laisser Remus lui échapper.
— Putain ce que t'es beau… souffla-t-il quand il réussit enfin à rattraper le fil de ses pensées.
Remus laissa échapper un rire désabusé et secoua la tête avant d'enfoncer ses mains de chaque côté des jambes de Sirius, repoussant d'un mouvement brusque son jean et son boxer sous ses genoux. Ses paumes remontèrent sur ses cuisses, malaxant les muscles tendus avec un grognement de contentement avant qu'il lève, enfin, les yeux. La vision que Sirius offrait dans la pénombre était obscène, il le savait. Il ferma les yeux et visualisa ce que Remus devait voir.
Les joues écarlates, le cou parsemé de marques roses, rouges et violacées, laissées là par ses dents. Ses lèvres devaient être gonflées et luisantes de leurs salives mélangées, ses yeux n'étaient probablement qu'à peine visibles sous les mèches qui étaient retombées sur son front, mais il devait percevoir sans mal le feu qui y brûlait. Sa poitrine se soulevait et s'abaissait avec précipitation, son souffle lui échappait en une série de petits halètements. Ses mains étaient crispées contre le bois de la porte, ses phalanges blanchies par l'effort qu'il s'imposait. Et sous les mains de Remus ses quadriceps semblaient vibrer sous la force de la tension qui les habitaient.
Les yeux de Remus suivirent avidement les courbes marquées de sa musculature avant de s'arrêter sur la ligne de poils noirs qui s'évasait de son nombril jusqu'à son entrejambe. Son regard descendit de quelques centimètres et s'arrêta finalement sur la chair érigée. Il humecta rapidement ses lèvres en observant le filet de liquide qui reliait l'extrémité du sexe de Sirius à son boxer plus bas sur sa jambe. Sirius était l'image même de la luxure contrariée et il le savait.
— Pitié… réussit-il à ahaner à bout de souffle.
Les lèvres de Remus s'entrouvrirent, son souffle effleura la chair palpitante et Sirius ne chercha même pas à retenir le couinement étranglé qui jaillit hors de sa gorge quand elles se refermèrent enfin sur lui. Remus possédait un talent dévastateur qu'il n'hésitait jamais à utiliser sur son amant. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire narquois – malgré la façon dont elle s'arrondissaient autour de lui – quand les deux mains de Sirius s'enfouirent dans ses cheveux. Il l'avait avalé d'une traite, le pressant contre le fond de sa gorge avant de déglutir pour l'accueillir encore plus profondément.
Le crâne de Sirius frappa, une fois de plus, contre le bois de la porte quand il rejeta la tête en arrière, silencieux et la bouche grande ouverte sur une inhalation laborieuse. La sensation était familière maintenant, mais n'avait en rien perdu de sa splendeur. Enserré dans l'étau brûlant de la gorge de son amant, il ne savait plus distinguer le Nord du Sud, plus rien n'avait de sens. Sa tête tournait et il ne put rien faire contre le balancier de ses hanches. Il se pressa encore plus profondément entre les lèvres de Remus qui gronda son acceptation.
Remus recula pour reprendre son souffle, un filet de salive le ratachant encore au sexe qu'il venait de relâcher. Il le brisa en appliquant ses lèvres contre l'os saillant de la hanche de Sirius. Il aspira violemment, enfonça les dents et recula pour observer la marque qui s'assombrit sur la peau pâle.
— Tu marques tellement bien, soupira-t-il d'une voix rauque en enfonçant son pouce dans la peau violacée.
Sirius trembla sous la force de ce qu'il ressentit face à l'approbation de son amant. Rien n'aurait jamais plus d'impact que les encouragements, les compliments et les éloges de Remus Lupin. Il était à chaque fois dévasté, de la même façon, par l'amour qu'il recevait de sa part. Comment leur relation aurait-elle pu être contre-nature quand tout semblait si juste avec lui ? Comment pouvait-on croire que cet homme, à genoux devant lui, le regard débordant de bienveillance, puisse être autre chose que la créature la plus aimable de l'univers ? Sirius laissa son pouce glisser le long de la joue et de la mâchoire de Remus avec un soupir.
— Je t'aime, souffla-t-il.
Le sourire qu'il reçut en échange aurait tout aussi bien pu être un coup de poing en plein ventre tant il le frappa fort. Un des rares sourires exempt de toutes fioritures qu'offrait Remus. Un sourire que seul Sirius avait le droit de voir. De ceux qui faisaient disparaître les rides de contrariété sur son front, qui effaçaient la fatigue qui se lisait toujours sur son visage et qui creusaient des fossettes dans ses joues.
— À moi, soupira Remus en mordillant une dernière fois la zone qu'il venait de marquer.
Sirius, cherchant à s'extraire du maelstrom émotionnel qui menaçait de ruiner ce qui se profilait à l'horizon, ne retint pas le petit ricanement qui lui échappa.
— J'ai déjà entendu ça, mais en attendant j'ai toujours mon fute et personne n'a joui, moqua-t-il gentiment.
Il regretta amèrement sa pique quand les yeux de Remus s'assombrirent et qu'il se redressa avec une souplesse étonnante pour quelqu'un dont les articulations craquaient autant en temps normal.
Oh, oh… eut-il le temps de penser avant de se retrouver plaqué face au mur qui jouxtait la porte. Il haleta quand sa joue rencontra le carrelage glacé et couina quand les mains, brûlantes et immenses, de Remus recommencèrent à parcourir son corps.
Il fallait comprendre quelque chose quand on en venait à Sirius Black. Il était obsédé par les mains de Remus. Il l'était depuis qu'il avait, pour la première fois, remarqué à quel point elles étaient chaudes, à quel point ses doigts étaient longs, et à quel point ils étaient habiles. Sirius avait constamment froid, il était une sorte de cratère béant, gelé jusque dans ses profondeurs, une bouche affamée de chaleur. Le soleil qu'était James avait pendant un temps réussi à calmer la faim qui l'habitait constamment, mais il avait eu besoin de plus. Le feu qui brûlait sous la peau de Remus avait été la seule chose capable d'apaiser la morsure du froid qui tordait ses entrailles.
I ran the risk of being intimate with my brokenness
I was given a gift of hope
In a thousand finger prints
On the surface of who I am
L'une des paumes de Remus remonta le long de son torse et vient englober sa gorge. Il laissa son pouce, son annulaire et son auriculaire reposer sur les côtés de sa gorge tandis que son index et son majeur poussaient sous son menton pour le forcer à incliner la tête en arrière. Il geignit quand un petit rire s'échappa de la gorge de Remus qui se plaqua plus fermement contre son dos. Il souffla contre l'oreille de Sirius qui se tortilla.
— Je sens ton pouls qui bat la chamade, t'as peur Pads ?
Oui. Non. Jamais avec toi. Jamais de toi.
— T'aimerais bien, répondit-t-il, d'un ton faussement détaché, à la place
— Mmh…
Les dents du loup-garou se refermèrent sur son lobe d'oreille tandis que sa seconde main s'emparait de l'intérieur de sa cuisse. Il tira vers le haut et Sirius siffla entre ses dents quand la pression le força à se jucher sur la pointe des pieds. Contre sa chute de rein, la pression de l'érection de Remus était semblable à un tison chauffé à blanc. Sirius trembla quand il roula des hanches pour le presser plus durement contre l'arrondi de ses fesses.
Sirius se liquéfia entre les paumes de son amant. Comme de la glaise entre les mains d'un sculpteur, il laissa Remus le manipuler, malaxer sa peau, le briser en minuscules particules pour mieux le reformer juste après. Son corps s'alanguit contre le sien quand Remus enroula enfin sa main contre son érection délaissée.
— Putain…
— T'es tellement dur pour moi, Pads…
Il laissa son pouce recueillir l'humidité qui s'était agglutinée à l'extrémité de son sexe et Sirius ne put lutter contre le halètement qui s'échappa de ses lèvres. Son corps s'arqua face à la violence de la sensation.
— Et complètement trempé.
La paume brûlante le relâcha et Sirius couina comme un chiot abandonné en la voyant passer près de son visage. La langue de Remus s'enroula autour de son pouce et il soupira de contentement en lapant la preuve de l'excitation de Sirius.
— Délicieux.
— Oh merde…
Les yeux écarquillés, Sirius se demanda comment il était encore possible que Remus le surprenne après des années à coucher ensemble. Ils avaient tout découvert ensemble, leurs préférences, les pratiques qu'ils appréciaient et celles qu'ils détestaient. Il y avait eu des rires, des maladresses, des orgasmes trop rapides et des nuits sans fin où ni l'un ni l'autre n'avait atteint l'apogée. Il y avait eu des moments gênants, quelques accidents malencontreux et des moments de grâce où l'univers semblait se mettre en pause pour observer, avec admiration, la façon dont leurs peaux contrastaient l'une contre l'autre lors de leurs ébats. Remus réussissait toujours à le surprendre, à trouver quelque chose de nouveau pour faire frire ses connexions neuronales et le faire trembler de désir.
— Qu'est-ce que tu veux, Pads ? demanda Remus en ramenant sa main là où elle se trouvait précédemment.
— Toi…
— Mais encore ?
— Merde, Moony… Pitié…
Un rire de gorge résonna derrière lui, accompagné du bruit familier d'un jean qu'on ouvrait et Sirius se débattit désespérément dans l'espoir de faire tomber le sien plus bas afin de pouvoir écarter davantage les jambes. En vain.
— Arrête de t'agiter comme ça, grogna Remus contre son oreille. Putain, t'es vraiment accro, on dirait une chatte en chaleur. T'as aucune patience.
Sirius ne répondit pas et se contenta de geindre une fois de plus. Contre le bas de ses reins, il percevait la chaleur du sexe de son amant et il se cambra en cherchant un contact plus conséquent. La main qui jusqu'alors avait été, lâchement, enroulée autour de son érection se referma avec plus de force avant de le relâcher pour venir s'abattre sur l'arrondi de sa fesse droite.
Il jappa. Il n'y avait pas d'autre mot pour le bruit qui s'échappa de sa gorge, un cri aigu et surpris qui se termina en un long gémissement indécent.
— Rem'... Moony, Moonshine, Moonbeam… S'il te plaît… supplia-t-il les joues écarlates et le souffle court.
Il n'était jamais long à supplier avec Remus. La simple présence du sorcier, sa voix, son odeur, suffisait souvent à le faire plier. Il était incapable de résister à Remus et Remus le savait. Le claquement de doigts qui résonna dans la pièce relaxa légèrement les épaules de Sirius.
Ils avaient inventé le concept presque un an plus tôt quand ils en avaient eu assez de devoir trimbaler un flacon de lubrifiant dans leurs poches. Un pot sans fond et une modification basique du sortilège d'attraction avait fait l'affaire. Le flacon reposait dans un tiroir de leur table de chevet et ils avaient accès à une quantité illimitée du meilleur lubrifiant disponible sur le marché peu importe l'endroit où ils se trouvaient.
Les doigts de Remus effleurèrent sa hanche, puis sa fesse et se glissèrent plus bas afin de caresser avec une agilité déconcertante la peau fragile. À l'instant où Sirius commença à donner le premier signe d'impatience, Remus enfonça son majeur en lui d'une longue pression et Sirius se liquéfia à nouveau.
Il poussa un long gémissement et laissa son bassin onduler sans réfléchir. Il n'avait pas besoin de préparation, pas avec la fréquence de leurs ébats. Son corps était parfaitement acclimaté à celui de son amant. Mais Remus aimait le préparer. Il aimait plonger ses doigts en lui et sentir, sous ses phalanges, la conscience de son amant se déliter jusqu'à ce qu'il ne soit plus d'un désastre suppliant.
Ses merveilleux doigts, si longs, si habiles, se faisaient un malin plaisir de le transformer en une flaque informe de désir. Ses doigts qui le connaissaient mieux qu'il se connaissait lui-même, qui arrivait toujours à presser parfaitement contre ce point si particulier en lui que Sirius peinait souvent à stimuler correctement. Il ne trouvait jamais le bon angle, son poignet n'était jamais assez souple, la position le fatiguait toujours trop rapidement pour qu'il puisse y trouver son compte seul.
— C'est ça… Prépare-toi pour moi, que j'aie rien à faire, soupira Remus derrière lui.
Sirius n'avait pas besoin de se retourner pour savoir que son amant s'était penché en arrière pour pouvoir observer la scène. Rapidement, un second doigt rejoignit le premier et vint appuyer contre sa prostate. Sirius laissa échapper un long gémissement quand il ne s'arrêta pas. Remus avait choisi, en lieu et place d'un va et vient, de maintenir une pression constante qui menaçait déjà de le rendre fou et la main contre sa gorge se resserra à peine. Juste assez pour lui faire monter le sang à la tête. Entre ses jambes, son érection se balançait douloureusement. C'était une torture familière et Sirius perçut, contre sa peau, le sourire sardonique qui étirait les lèvres de Remus.
— Remus, s'il te plaît, supplia-t-il une fois de plus dans un filet d'air.
— Utilise tes mots Pads, qu'est-ce que tu veux ? ordonna Remus en relâchant sa pression.
— Toi, j'te veux toi… J'veux ta queue… J'veux que tu me défonces, se plaignit Sirius en poussant ses hanches en arrière. Arrête de jouer avec moi et prends-moi, putain !
Un grondement animal échappa à Remus qui se plaqua contre Sirius sans pour autant relâcher ses caresses.
— T'essaies de me donner des ordres, Sirius ? demanda-t-il d'une voix sourde.
Il avança encore d'un pas et força Sirius contre le mur. Le froid du carelage contre son sexe brûlant lui tira un cri étranglé et il se débatit contre l'étreinte.
— Remus… J'ai besoin de toi en moi, supplia-t-il une fois de plus d'une voix tremblante.
Un souffle léger caressa sa joue et les doigts qui pressaient contre son menton le forcèrent à tourner la tête vers Remus dont les phalanges claquèrent à nouveau après s'être extraites de son corps. Sirius perçut les bruits humides de la main de Remus qui se préparait avant de lui donner ce qu'il demandait et il laissa échapper une petite plainte impatiente.
— Il suffisait de demander, mon coeur, soupira-t-il avec un sourire plein de tendresse avant de l'embrasser à pleine bouche.
D'une pression pleine de langueur, Remus s'enfonça en lui et grogna quand ses hanches rencontrèrent la peau de son amant.
— Bordel, j'ai toujours autant l'impression que t'as été moulé pour moi, haleta-t-il en ondulant à peine son bassin, juste assez pour que Sirius puisse le sentir profondément en lui. Des années que je te baise, que je t'utilise comme bon me chante et t'es toujours aussi serré…
— C'est parce que c'est le CAS !
La phrase de Sirius se termina sur un petit cri quand Remus recula et s'enfonça d'un coup sec en lui.
— Mon Padfoot, façonné par… qui d'autre qu'Aphrodite aurait pu créer une aussi belle créature ? soupira Remus en accélérant son va-et-vient. Aussi belle et aussi vaniteuse qu'elle.
Sirius aurait voulu lâcher un rire suffisant face à la moquerie de son amant, mais les coups de reins de Remus frottaient parfaitement contre sa prostate et sa paume s'était refermée autour de sa hanche. Ses doigts qui s'enfonçaient dans la peau allaient laisser une marque et la simple idée catapulta Sirius plus proche de son orgasme qu'il l'aurait cru possible. Il poussa un cri, son corps s'arquant au creux des bras de Remus alors qu'il luttait pour ne pas exploser.
— T'es déjà en bout de course ? demanda Remus d'une voix où se mélangeaient une curiosité sincère et une forme d'admiration teintée de surprise.
— Tes doigts… haleta Sirius en fronçant les sourcils.
— Quoi ?
— Les marques… Tes doigts, gémit-t-il en tremblant quand Remus s'arrêta de bouger pour lui laisser quelques secondes de répit.
— Oh…
Le petit rire qui échappa à Remus manqua de lui couper le souffle. Il y avait tant d'assurance et de fierté dans le son qu'il fit tourner la tête de Sirius. Il était rare que Remus soit, honnêtement, fier de lui-même. Savoir qu'il était capable de produire ce genre de réaction chez lui, rendait Sirius complètement barge. Remus relâcha sa gorge et porta sa main à hauteur des yeux de Sirius. Il agita, avec lenteur, les doigts en un geste gracieux et Sirius se contracta inconsciemment à plusieurs reprises autour de lui. Remus jura à mi-voix, ses hanches pressant pour s'enfoncer encore plus profondément en lui.
— Tes putains de doigts… gémit Sirius le regard captivé par les ondulations.
— Merlin, Pads…
Le peu de poigne qu'il restait à Remus sur son propre désir sembla s'effriter à cet instant et il claqua des doigts à nouveau. Sirius déglutit en les regardant se couvrir du liquide translucide avant que la main ne disparaisse pour s'emparer de son érection.
— Non, non, Rem'... geignit-il.
— Shh… Je te tiens, marmonna son amant en embrassant sa nuque puis le creux de sa gorge contre lequel il apposa ses dents. Laisse-toi aller, Pads.
Les coups de rein reprirent de plus belle, plus forts, plus profonds. Ils perdirent de leur précision et Sirius implosa. La langue de plaisir, brûlante comme un coup de fouet, remonta le long de son échine et explosa en lui. Sa vision se couvrit de blanc, sa mâchoire se relâcha d'un coup et il ouvrit grand la bouche. En un cri silencieux, il se déversa sur les doigts de Remus, qui gronda contre sa gorge avant d'y enfoncer les dents avec violence. Il mordit dans la peau, étouffant sa propre jouissance contre la chair de Sirius. Incapable d'arrêter les frissons qui le secouait, Sirius lança une main en arrière et l'enroula autour de la nuque de Remus qui finit par relâcher sa prise. Le loup-garou laissa sa tête retomber contre l'épaule de son amant, le souffle court et le corps trempé de sueur. Sirius se contracta une dernière fois et tira un sifflement surpris des lèvres de Remus. Hypersensibles tous les deux, ils laissèrent fuser un petit rire.
— Eh bah merde… souffla Sirius en pressant son front contre le carrelage sur lequel dégoulinait les restes de son orgasme.
— Ça va ? demanda Remus d'une voix rauque dès qu'il eut repris son souffle.
— Putain ouais… J'vais pas marcher droit demain, mais Merlin, ça valait le coup, répondit Sirius dans un rire.
Remus renifla en riant et secoua la tête avant d'embrasser doucement l'épaule de Sirius. Sa langue effleura la zone qu'il venait de marquer avec un petit son d'approbation et un frisson secoua à nouveau l'échine de Sirius.
— T'aimes vraiment ça que je te marque, hein ? demanda Remus d'un ton surpris teinté de tendresse et arrogance.
— Autant que t'aimes le faire, je pense, avoua Sirius, sans honte.
Il effleura du bout des doigts la trace de la dentition de son amant contre le creux de sa gorge et laissa échapper un petit grognement quand la douleur se diffusa jusqu'à son entrejambe.
— Hmm… meilleure sensation, soupira-t-il en fermant les yeux.
Il grimaça face à celle, familière mais néanmoins profondément désagréable, du retrait de Remus suivit d'un sortilège de nettoyage qui fit disparaître les traces de leurs ébats. Il se sentait toujours un peu à l'étroit dans sa peau après ce genre de sort. Comme si, en nettoyant le lubrifiant, le sperme et la salive, la magie avait desséché sa peau.
— Pire sensation, chouina-t-il d'une voix dramatiquement déçue.
— Si je t'écoutais tu vivrais assis sur ma queue, se moqua gentiment Remus tandis qu'il remontait l'élastique de son boxer et boutonnait son jean.
— Hmm… Le pied, soupira Sirius d'une voix rêveuse toujours avachi contre le mur.
— T'es insupportable ! Allez, viens-là… rit Remus en l'attirant contre lui pour l'aider à se rhabiller.
Il resortit sa baguette de la poche arrière de son jean, attira la veste en cuir et le t-shirt blanc d'un sortilège d'attraction, attendit qu'il les enfile et lui tendit la main.
— Maison ou tu veux retourner avec les autres ?
— Je rentrerais bien, j'ai vraiment envie de prendre une douche et de remettre ça, mais Jamie va nous tuer si on les abandonne.
— Certes.
Remus tira d'un coup sec sur la main qu'il tenait et Sirius trébucha jusqu'à atterrir entre ses bras. Il leva le nez vers son amant aux joues encore rouges, à la voix encore rauque et aux prunelles encore dilatées. Son expression, satisfaite et tendre, lui serra le cœur de la meilleure des façon et il enfouit son nez contre la peau si douce de son cou. Il y inspira l'odeur de Remus, mêlée à la sienne. Parfait.
— T'es parfait, Lupin.
— Pas plus que toi, Black.
— Mensonge que ceci !
— Je t'aime, sale clebs.
— Moi aussi, je t'aime.
Ils échangèrent un dernier baiser avant d'ouvrir la porte des toilettes… pour trouver Andromeda debout dans le couloir, les mains sur les hanches.
— Vous venez de souiller les chiottes de mon établissement tous les deux ?
Sirius afficha son expression la plus innocente quand il répondit.
— Absolument pas.
Le ricanement de Remus réduisit à néant tout effort de sa part et il lui jeta un regard outré.
— Désolé, Andie, mais… Est-ce que t'as regardé ton cousin ? Je ne suis qu'un homme après tout, dit-il en levant les mains.
— Je te déteste, Lupin, j'espère que vous avez nettoyé derrière vous au moins ‽
— Oui, oui, promis, lui assura Remus avant de traîner Sirius à sa suite vers la porte de la salle qu'ils avaient réservée. Ça se reproduira plus, c'est promis !
— Tu m'as déjà dit ça la fois précédente et celle d'encore avant, Lupin ! s'écria la sorcière, un rire dans la voix. Amusez-vous bien !
La porte se referma sur le baiser que Sirius envoya à sa cousine préférée.
