Chapitre XXXVI

Lys : Merci pour ta review ! J'ai beaucoup aimé que tu m'en dises un peu plus concernant ta propre vision de Théodore (J'adore le fait que tu lui fasses lire de la littérature moldue !) J'ai toujours été intriguée par la « période des ténèbres » à Poudlard et j'ai essayé de retranscrire ce que j'imaginais au mieux. J'espère que la suite te plaira !

Le mois de juin arrivait à sa fin et Théodore se sentait de plus en plus nerveux.

-Je te dis que quelque chose va arriver très bientôt ! s'entêta-t-il un matin de très bonne heure, auprès de son ami qui essayait de rester le plus rationnel possible.

-Ce n'est pas parce que tu fais sans arrêt le même rêve qu'il va forcément se passer quelque chose…En plus ton rêve n'a aucun lien avec ce qui se passe en ce moment.

L'adolescent voyait toujours le même phénix qui devenait de plus en plus présent chaque nuit et à chaque fois il ressentait cette émotion contradictoire mêlant peur incontrôlable et intense soulagement.

-Rappelle-toi, la mort de Diggory, je l'avais rêvé !

Il vit Blaise pousser un soupir avant que celui-ci ne finisse par capituler :

-De toute façon la seule chose que l'on peut faire c'est attendre…

Cela ne suffit cependant pas à apaiser l'adolescent qui paraissait sans arrêt à fleur de peau. Théodore avait fait d'innombrables recherches à la bibliothèque concernant la signification du phénix et ce qu'il lisait l'avait plutôt rassuré. L'animal était synonyme d'espoir et de renouveau, encore plus lorsque l'on entendait son chant, ce qui était le cas pour le jeune garçon dans son rêve.

Le premier jour de mai, après une journée de cours des plus banals, alors que tous les élèves de Serpentard se trouvaient dans la salle commune, le préfet en chef pénétra en trombe et leur ordonna la voix tremblante :

-Le Professeur Slughorn m'a chargé de vous mener jusqu'à la Grande Salle, où le Professeur Rogue veut voir tous les élèves…

Des murmures et des chuchotements parcoururent la fosse aux serpents et Théodore lui-même, jeta un regard anxieux à son ami.

-Suivez-moi en rang et en silence s'il vous plait !

L'ambiance n'avait jamais été si pesante dans la Grande Salle. Le préfet les fit asseoir à leur table et ils attendirent un bon moment avant que le Professeur Rogue, dorénavant Directeur ne prenne la parole :

-Si je vous ai tous réunis ce soir, c'est parce que quelques rumeurs concernant Harry Potter, l'indésirable numéro 1, me sont parvenues. Il se pourrait que celui-ci soit de retour au château. Si certains d'entre vous savent quoique ce soit, je leur prie de m'en informer immédiatement, une guerre pourra être éviter ainsi que de nombreuses victimes…

Théodore jeta un œil à la table des Gryffondor. La plupart des élèves avaient la tête basse mais un air déterminé s'affichait sur leur visage. De longues minutes de silence passèrent, quand la porte de la Grande Salle s'ouvrit brusquement laissant apparaître le fugitif accompagné de ces deux amis. Des cris de joie se firent entendre à la table des Gryffondor, tandis qu'Harry Potter s'avançait.

Il était évident que la guerre aurait lieu dans quelques heures et l'héritier Nott n'avait absolument aucune idée de ce qu'il allait faire. Serait-il obligé de choisir un camp et se battre pour lui au risque d'y perdre la vie, ou pourrait-il échapper aux mailles du filet comme il l'avait toujours fait et s'en sortir vivant ? Alors qu'il était perdu dans ses réflexions et que la panique commençait à l'envahir, la voix stridente de Pansy Parkinson retentit :

-Potter est là ! Que quelqu'un l'attrape !

Personne n'eut le temps de faire le moindre mouvement que le Professeur Mcgonagall avait déjà ordonné à Rusard, d'une voix sèche :

-Ramenez les Serpentard à leur salle commune, à moins que certains ne veuillent se joindre à nous pour combattre…

Toute la table des Serpentard se leva d'un commun d'ensemble dont Théodore. De retour dans la salle commune, c'était la panique générale, les plus jeunes terrifiés pleuraient à chaudes larmes, tandis que leurs aînés tentaient de les rassurer avec tant bien que de mal.

-Il faut qu'on sorte d'ici le plus vite possible ! Il ne va certainement pas tarder à arriver !

Le jeune Nott observait son ami qui debout devant lui faisait les cents pas en proie à la panique.

-Tu as pris ta décision alors ? Le questionna-t-il.

Blaise s'arrêta net et le regarda un instant, ne semblant pas vraiment comprendre le sens de sa question :

-Ma décision a toujours été clair ! Je me fiche bien de savoir quel camp l'emportera, je veux simplement rester vivant et pour cela il faut sortir d'ici…et toi ? Ta position a toujours été plus délicate que la mienne au vu de ta filiation…

L'adolescent eu un rire nerveux et répondit en murmurant :

-Pour une fois je suis ton raisonnement, au risque de passer pour un lâche ou un traître tout dépendra du point de vue, ma vie est ce qui m'importe le plus, je ne combattrais pas…

-Et ton père ?

-Il a fait son choix depuis bien longtemps, libre à lui de se sacrifier…

Au même moment le Professeur Slughorn fit son apparition et assaillit par la moitié de ses élèves, il tenta de les rassurer :

-Je ne vais pas vous mentir, il approche, mes enfants…Cependant vous avez toujours le moyen de fuir pour ceux qui ne désirent pas combattre. Le Poudlard Express part dans une heure et il pourra vous ramenez chez vous…Rusard viendra vous chercher dans un quart d'heure le temps que vous rassembliez vos affaires…

Alors que son ami s'apprêtait à remonter aux dortoirs, Théodore le retint par le bras.

-Qu'est-ce que tu fais ?

-Tu as entendu Slughorn, je vais chercher mes affaires et je rentre chez moi !

-Réfléchit deux minutes ! Les mangemorts vont fouiller le train, tuer les nés-moldus et les Sang-Mêlés et forcer les Sang-Pur à les rejoindre ! Si tu montes dans ce train tu seras obligé de te soumettre ou c'est la mort assurée !

-Tu as une meilleure idée peut-être ?

Théodore réfléchit à toute vitesse, mais rien ne lui venait à l'esprit. Une image de son rêve lui revint soudain en tête. Le phénix survolait la forêt interdite au petit matin et tout semblait paisible comme si le temps s'était figé.

-Viens avec moi, j'ai une idée…déclara-t-il subitement.

Désespéré, son ami lui emboita le pas et ils se glissèrent silencieusement hors de la salle commune. Dans les couloirs, la plus grande des paniques régnait et ils eurent des difficultés à se frayer un chemin parmi la foule d'élève se préparant au combat. Alors qu'il tentait de sortir dans le parc, suivit de près par son ami, l'adolescent fut violemment bousculé contre un mur, par un élève de Serdaigle qui cherchait désespérément à s'enfuir. Une drôle de sensation parcourut son dos, comme si quelque chose venait de se déplacer. Le voyant grimacer de douleur, Blaise le questionna, inquiet :

-Tout va bien ?

Il hocha la tête, livide avant de reprendre son chemin.

Théodore parvint finalement à sortir du château toujours en compagnie de Blaise, et le mena jusqu'à la forêt interdite.

Tandis que les deux garçons s'enfonçaient dans la pénombre des bois, celui-ci lui fit remarquer avec son sarcasme habituel :

-Je te pensais plus intelligent que la moyenne ! On va se faire tuer immédiatement si on reste ici !

-La bataille se déroulera majoritairement dans le château et peut-être aussi dans le parc. Il fait nuit noire dans cette forêt et si on reste discret, on restera vivant au moins jusqu'à ce que l'un des deux meurt, on avisera ensuite…répondit sèchement Théodore, que la peur rendait désagréable.

Repérant un épais bosquet, le jeune Nott y entraîna son ami et s'assit à même le sol.

-Il n'y a plus qu'à attendre…

La forêt était silencieuse et hormis la respiration de son ami, rien n'était audible des évènements qui se déroulaient au château. Soudain, un bruit de cavalcades se fit entendre faisant sursauter les deux garçons. Instinctivement, ils se rapprochèrent l'un de l'autre. Théodore parvient à distinguer un troupeau de créatures dans l'obscurité, qui se dirigeait vers le château tandis que Blaise murmurait :

-Les centaures…

Cela faisait à peine un quart d'heure qu'ils se trouvaient derrière le bosquet, qu'une immense détonation retentit, faisant sursauter et trembler de tous ses membres l'héritier Nott.

-Tu sais, je crois que cette nuit va probablement être la plus terrifiante de notre vie, alors si tu pouvais éviter de te mettre dans des états pareils pour un rien, je suis persuadé que ça t'évitera la crise cardiaque…Le taquina son ami pour tenter de dissimuler sa nervosité.

-J'ai horreur des bruits sourds comme ça…rétorqua sèchement Théodore.

-De quoi tu as le plus peur ?

Théodore, surpris de la question de son ami, mit un moment avant de répondre :

-Je n'ai pas envie d'en parler…Plus je grandis et plus j'ai l'impression d'avoir peur de plus en plus de chose…

-C'est-à-dire ?

-Je t'ai dit que je n'avais pas envie d'en parler…

-Très bien, de quoi tu veux parler alors ? On va probablement rester des heures ici et tu sais parfaitement que je suis incapable de rester plus de deux heures sans prononcer un mot !

-Je l'avais bien remarqué…répondit-il d'un ton ironique.

Soudain une question lui vint à l'esprit :

-Pourquoi moi ? Pourquoi tu es rentré dans mon compartiment lors de notre premier voyage en train ?

-Par ce que tous les autres étaient pleins ! Plus sérieusement, le sens de ta question c'est pourquoi je suis toujours resté ton ami malgré ton caractère lunatique et tes airs franchement coincé ?

-Oui en quelques sortes mais je ne suis pas lunatique et je me suis un peu détendu depuis toutes ces années ! se défendit l'adolescent, vexé.

-Si tu le dis…Je ne sais pas, tu as ce côté bien plus mature que ton âge qui m'a intrigué et heureusement que quelquefois tu as joué les rabat-joie car influençable comme je l'étais à l'époque, qui sait ce que Malefoy et sa bande aurait pu me faire faire…

-Et après tu viens me donner des leçons sur comment je dois me comporter avec les autres ? S'amusa Théodore.

-Toi, c'était différent, on aurait dit que tu venais d'un autre monde et c'est toujours le cas d'ailleurs…Je voulais juste te mettre en garde pour éviter qu'il ne t'arrive malheur…

-Excuse-moi d'être plus intuitif et spirituel que toi…

-Ne le prend pas mal, avoue juste que plus jeune tu avais tendance à ne pas voir le monde tel qu'il l'était vraiment, tu étais toujours tellement isolé et effacé que j'avais simplement peur qu'on te considère comme plus faible et que l'on s'en prenne à toi…

-Je ne manque pas de répondant pourtant ! Même si quelque part tu as quelque peu raison…

Il était très tard, aux alentours de trois heures du matin et les deux Serpentard commençait à fatiguer. Les deux garçons avaient eu quelques grosses frayeurs en entendant les cris et les sorts qui fusaient dans le parc, s'approchant même jusqu'à l'orée de la forêt mais rien ni personne n'avait encore découvert leur cachette. Alors qu'il se tortillait pour trouver une position confortable, un bruissement dans l'herbe et des bruits de pas se fit entendre tout près, ce qui l'alerta immédiatement.

Alors que son ami qui somnolait, se redressait brusquement, pris de panique, Théodore lui fit signe de se taire. Ils restèrent immobiles quelques minutes, quant au loin plusieurs silhouettes venant dans leur direction se dessinaient, une bien plus grande que les autres. En voyant de plus près la silhouette qui marchait en tête, l'adolescent fut parcouru d'un long frisson. Il s'agissait d'un homme assez grand, mince, la peau blafarde et des yeux rouges scintillants, qui en réalité tenait plus du reptile que de l'homme. Juste après lui, venaient deux femmes, dont l'une que Théodore reconnu comme Narcissa Malefoy. La dernière silhouette, la plus haute, était enchaîné et semblait tenir quelqu'un inanimé dans ses bras. L'adolescent eu juste le temps d'apercevoir une barbe hirsute dans laquelle coulait de grosses larmes et des lunettes rondes sur les yeux de l'inconscient.

Quelque chose ondula très près d'eux et le jeune Nott eu tout juste le temps de constater avec horreur qu'il s'agissait d'un immense serpent, avant de plaquer sa main sur la bouche de son ami qui s'apprêtait à hurler.

Il resta un long moment ainsi, le cœur battant à tout rompre, Blaise se cramponnant à lui comme si sa vie en dépendait. Quand les silhouettes eurent toutes disparut et que le calme fut revenu dans la forêt, son ami le pris par les épaules et murmura la voix tremblante, au bord du désespoir :

-C'est terminé, Théodore, Potter est mort…Nous allons être obligé de nous soumettre si l'on veut rester en vie…

L'adolescent secoua la tête en disant :

-Non attendons encore un peu avant…le phénix n'est toujours pas apparu…

-Mais arrête avec cette histoire de phénix ! Tu l'as vu comme moi ! Potter mort dans les bras d'Hagrid et…

-Je suis certain que ce n'est pas terminé ! Fais-moi confiance et si c'est vraiment le cas, je considère comme valide ta proposition de fuir la Grande-Bretagne pour la France…Le coupa-t-il.

Il vit son ami pousser un long soupir. Trois heures plus tard, épuisés par la fatigue et la peur, les deux garçons s'étaient endormis blotti l'un contre l'autre. Une douce mélodie se fit soudain entendre et Théodore fut forcé d'ouvrir les yeux pour voir d'où elle provenait. Levant les yeux vers le château à moitié détruit, il aperçut un phénix au plumage doré et rouge survoler celui-ci. La même sensation de soulagement que dans son rêve l'envahit et il sut qu'était enfin venu le moment d'affronter la vérité…

Il secoua doucement son ami pour le réveiller en lui murmurant à l'oreille :

-Je t'avais bien dit d'attendre, je viens de voir un phénix passer dans le ciel, tu ne l'as pas entendu chanter ?

-Je t'ai déjà dit d'arrêter avec tes histoires à dormir debout…marmonna son ami.

Après de longues minutes de négociations, les deux garçons finirent par sortir de la forêt et se dirigèrent vers Poudlard à moitié en ruine. D'innombrables cadavres jonchaient le sol mais le regard de Théodore était attiré par autre chose. Harry Potter se tenait debout au milieu d'une foule de survivants.

-Comment c'est possible ? Le questionna Blaise.

-Je n'en sais rien…Mais tu vois que mon rêve n'était pas si irréaliste que ça ! Lui répondit le jeune Nott en se tournant vers lui.

-Tu m'as probablement sauvé la vie cette nuit…Je t'en serais éternellement reconnaissant…

-Tu devrais retourner chez toi, ta mère doit être folle d'inquiétude…

-Tu as raison mais et toi ? Qu'est-ce que tu vas faire ?

Théodore n'avait cessé d'être hanté par ce moment, toute la nuit. Toute la nuit il avait pensé à son père. Malgré le souvenir cuisant des paroles de celui-ci, l'adolescent était malade d'angoisse de penser que celui-ci avait pu succomber durant la guerre…

Refusant de fondre en larmes devant son ami, il répondit d'un ton cynique :

-Chercher mon père ou du moins ce qu'il en reste avant de rentrer au manoir…

-Tu veux que je vienne avec toi ?

-Non, ça ira, ne t'en fais pas…

-Très bien, mais promet-moi de m'envoyer un hibou quand tu seras de retour chez toi…

-Je le ferais…

Il regarda quelques instants, Blaise quitter le château, puis prenant une profonde inspiration, pénétra dans ce qui avait été la Grande Salle. Au loin, il aperçut la famille Malefoy, qui semblait profondément perdue et encore sous le choc. Ce n'est qu'à cet instant précis que Théodore mesura les conséquences tragiques de la guerre. Partout il voyait des familles ou des élèves, effondrés d'avoir perdu un être cher…

L'adolescent n'osait pas fouiller des yeux les corps de peur de reconnaître celui de son unique parent. Il resta de longues minutes, pantelant, à tenter de se raisonner. Rassemblant le peu de courage et de force qui lui restait, il se décida enfin à examiner les corps, sans cœur faisant un bond dans sa poitrine à chaque fois qu'il s'approchait du visage de l'un deux. L'odeur était insoutenable et au bout du dixième, le jeune garçon n'y tint plus et s'appuya contre un mur puis se mit à vomir. Alors qu'il tentait de reprendre ses esprits, tremblant, toujours appuyé contre le mur, une faible voix retentit :

-Théodore…

Se redressant, l'adolescent scruta la pièce du regard et faillit s'écrouler de soulagement lorsqu'il vit dans un coin, un vieillard recroquevillé sur lui-même. S'approchant doucement, le jeune garçon aida son père à se relever. Il semblait exténué et très mal en point.

Prenant son visage dans ses mains le vieillard murmura :

-Tu es sain et sauf…c'est tout ce que j'espérais…

Les yeux clairs de l'adolescent se remplirent de larmes et il éclata en sanglot enfouissant son nez dans le cou de son père.

-Tout va bien, mon garçon…C'est terminé maintenant…

-J'ai eu tellement peur…hoqueta-t-il, tandis que son père lui caressait les cheveux, ce qu'il n'avait pas fait depuis des années.

-Je sais, mais c'est fini, je suis là…Tu n'es pas blessé ?

Le jeune garçon était liquide de fatigue, tous ses muscles étaient douloureux et particulièrement son dos.

Théodore releva la tête, son visage délicat toujours inondé de larmes et geignit :

-Quelqu'un m'a bousculé tout à l'heure et j'ai violemment heurté un mur, j'espère juste que je n'ai rien de cassé…Et toi ? Tu ne sembles pas au meilleur de ta forme…renifla-t-il.

-Ne t'inquiète pas pour moi…Ce n'est rien de très grave…tenta-t-il de le rassurer en essuyant doucement les pleurs de son fils.

Après s'être un peu apaisé, Théodore marcha jusqu'au parc de Poudlard, son père appuyé sur lui. Le père et le fils Nott transplanèrent jusqu'à leur imposante demeure. Tout y était calme et le jeune garçon monta directement se coucher, bien trop bouleversé et épuisé pour penser à ce qui allait advenir d'eux par la suite…

Il s'agit du dernier chapitre avant l'épilogue de cette histoire. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !