Hellooooo ! On arrive enfin dans le dernier acte de l'histoire ! Bientôt une discussion entre les deux idiots, on l'espère ? Mais en attendant, déjà la suite de cette soirée des enfers pour nos deux héros...
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Ochako et Tenya s'inquiètent pour moi et ils n'arrêtent pas de me demander ce que j'ai ; pourquoi je bois plus que d'habitude ; pourquoi je ne souris pas ; pourquoi je donne l'impression de vouloir me planquer au fond de mon verre.
Katchan et Eijirô n'en pensent pas moins. À la différence qu'Eijirô semble incapable d'intervenir et que Katchan l'exprime en me donnant la sensation qu'il va me tuer pour de bon.
Mais « l'étrange » absence de Shôto à cette soirée a du bon : je ne sais pas si j'aurais supporté la présence de deux personnes connaissant mon secret en même temps. Et je n'aurais sûrement pas supporté non plus de vous avoir tous les deux dans la même pièce.
Je m'évertue déjà à tenter de calmer mon rythme cardiaque qui me fait me demander si je ne suis pas en train de perdre des années d'espérance de vie tant il est intense. D'oublier votre présence au maximum. Et surtout de faire fi des regards de tous mes anciens camarades qui se demandent sûrement - et à juste titre -, pourquoi nous n'avons pas échangé un mot depuis le début de la soirée.
Pire que ça : pourquoi nous nous ignorons.
Hagakure a pourtant bien essayé en mettant les deux pieds dans le plat et en demandant si nous nous étions déjà revus depuis votre retour pour ne rien trouver à nous dire. Si je me suis contenté de faire comme si je ne l'avais pas entendue en m'enfonçant un peu plus dans ma chaise, vous avez tenté de répondre comme vous pouviez, mais je pense ne jamais vous avoir entendu autant bégayer de votre vie.
C'est terrible, l'influence que j'ai sur vous. Quelque part, de manière horriblement sadique, je m'en réjouis un peu. Au moins, je ne suis pas le seul dont la présence parasite l'existence de l'autre.
Même si j'imagine bien que de votre côté, ça doit être tellement moindre.
J'ai envie de partir. De fuir comme vous m'avez fui hier. Mais le regard constant de Katchan sur moi me brûle la peau comme à l'époque du collège et je me sens incapable de bouger. Je sais très bien ce qui arrivera si je le tente : il me rattrapera, me flanquera au pied du mur et me forcera à avouer. Il ne me lâchera pas tant qu'il n'aura pas la vérité. D'autant qu'il doit sentir que c'est la même vérité que je m'acharne à lui cacher depuis bien trop longtemps, ce qui ne fait qu'accentuer son amertume et sa volonté de savoir.
Je n'ai donc qu'à subir. Qu'à me réconforter dans les verres que j'enchaîne encore dangereusement et dans la satisfaction de me dire qu'au moins, vu que vous êtes là, clairement bien enfoncé dans votre propre malaise car comme moi vous êtes incapable de masquer vos émotions, je ne suis pas seul à subir.
Cette soirée est une torture. Mais comparé aux trois longues années que je viens de passer loin de vous, c'est du gâteau.
Au moins, l'alcool me calme un minimum et aussi masochiste que ce soit, j'ai le plaisir de pouvoir admirer de temps à autre ce que je ne pourrais jamais avoir.
