Ses poumons brûlaient, elle avait l'impression qu'ils se déchiraient. Elle paniquait. Allait-elle mourir ? Non, elle n'aurait pas aussi mal si c'était le cas. Elle était belle et bien vivante. De la douleur, c'était tout ce qu'elle pouvait ressentir désormais.
Elle se réveilla en sursaut, elle plissa vivement ses paupières, des lumières aveuglantes étaient braquées droit sur elle. Elles ressemblaient trait pour trait à celles qu'on utilisait pendant les opérations chirurgicales. Mila parvint à voir brièvement l'aspect de la salle où elle était, les murs étaient blancs, le plafond et le sol également.
Son dos rencontrait une matière froide, elle était allongée sur une table métallique. Des fines aiguilles étaient plantées dans ses deux bras et même sous la peau fine de ses mains, l'empêchant de faire tout mouvement.
Elle ne sentait plus ses jambes, elles étaient anesthésiées tout comme ses bras. C'était une sensation purement horrible. Elle secoua sa tête essayant de dégager son visage, ses mèches brunes tombaient sur ses yeux.
Des courants d'air froid chatouillaient sa peau nue. Elle se rendit compte que ses jambes étaient découvertes jusqu'au-dessus de ses genoux. Elle ne portait plus qu'une fine blouse blanche tachée de sang.
- Qu'est-ce que...marmonna-t-elle en regardant le reste de son corps
Elle ne sentait plus ses membres mais pouvait clairement voir des ecchymoses, des hématomes innombrables sur ses bras et ses jambes.
Sa bouche était aussi pâteuse, sa gorge affreusement sèche, elle voulait boire n'importe quoi tant que cela soulageait sa soif. Elle ne comprenait pas ce qu'elle pouvait bien faire ici.
Aucun son convenable sortit, sa voix était rauque, ses cordes vocales étant usées de ne pas avoir été utilisé pendant un bon moment. Elle resta ainsi pendant de longues minutes à attendre que quelqu'un daigne enfin à arriver.
Il n'y avait personne, elle était complètement seule. Elle voulait se lever de cette table, bouger son corps, elle ne supportait pas d'avoir l'impression que le sang ne circulait plus dans ses jambes. Impossible, elle était clouée dessus.
Pour Mila, l'attente lui était insoutenable, son cœur cognait durement contre sa poitrine, elle n'avait aucune idée de ce qu'elle faisait là. Aucun indice, aucune explication qui justifierait sa présence ici. Elle patienta jusqu'à que sa voix revienne. Elle cria pour se faire entendre. Personne... Combien de temps était-elle restée dans cet endroit ? Elle l'ignorait complètement.
Elle avait froid, ses cuisses se recouvrirent instantanément de chair de poule. Elle tremblait, ce n'était pas cette blouse fine qui allait lui tenir chaud, unique bonne nouvelle c'était bon signe qu'elle en avait, elle recouvrait de sa sensibilité.
Mila tourna à peine la tête qu'elle se retrouva pratiquement être encerclée par ce qui semblait être des scientifiques. Le leader de cette petite équipe se mit en avant. Elle ne les avait même pas entendus arriver.
- Bienvenue Miss Alvarez. Le réveil n'a pas été trop désagréable ? s'enquit prétendument un homme en blouse blanche
- Qui êtes-vous ? Et qu'est-ce que je fais là ? questionna Mila
- Ne vous angoissez pas. Les résultats ne seront pas très concluants...dit-il
- Je veux simplement savoir où je suis. répondit Mila avec insistance
- Vous vous trouvez au siège de Tricell, l'une des plus grandes sociétés pharmaceutiques du monde. lui dévoila-t-il enfin
- Je n'en ai jamais entendu parler. Votre succès doit certainement passer inaperçu. dit Mila en retour
- Ne soyez pas impertinente ! s'énerva-t-il outré
- Je ne le suis pas. assura-t-elle
- Peu importe, vous vous demandiez aussi ce que vous faites là. C'est très simple, vous êtes à présent un sujet d'expérience qui appartient à Tricell. continua-t-il
Le visage de Mila se décomposa.
- C'est une blague ? n'en revint pas Mila
- Avons-nous l'air de plaisanter ? répondit le scientifique avec froideur
Mila regarda horrifiée celui-ci.
- Le meilleur conseil que je puisse vous donner, Miss Alvarez, c'est de ne pas résister. poursuivit l'homme
Elle ne l'écouta pas et retira précipitamment les aiguilles de ses bras et de ses mains au risque de se faire mal. Étourdie à cause de son alitement, Mila trébucha sur le sol, elle n'eut pas le temps de se relever qu'ils l'attrapèrent sans effort.
- Lâchez-moi ! hurla Mila furieusement
- Injectez-lui un sédatif. Nous n'avons pas besoin qu'elle soit consciente pour reprendre les tests. ordonna l'homme qui avait parlé avec Mila
Elle frappa sans retenue avec ses jambes ceux qui essayaient de lui injecter l'aiguille dans le cou. Elle était déjà trop faible suite à son réveil récent et ils étaient trop nombreux pour elle. Ils ne mirent pas beaucoup de temps à mettre un terme à sa lutte. Mila sentit ses bras et ses jambes retomber mollement le long de son corps. Le sédatif fit effet instantanément.
Ses paupières redevinrent lourdes et elle sombra dans un sommeil profond et non interruptible. Les ténèbres l'engloutirent. Elle ne se réveilla pas avant un bon bout de temps.
- Elle s'est réveillée et a manifesté de la résistance. Nous n'avons eu que d'autre choix que de l'endormir. rapporta le scientifique à un homme assis les jambes croisées sur un siège de bureau en cuir noir
- Parfait...Je ne vais pas tarder à lui rendre une petite visite. sourit-il froidement
- Devons-nous lui injecter le virus ? interrogea le scientifique
- Non, je m'en chargerai moi-même. Et je le ferai que quand elle sera réveillée. En attendant, vérifiez ses derniers résultats d'analyse. exigea l'homme
- Bien, monsieur. obéit-il
Le scientifique quitta la pièce et salua poliment ce qui semblait être son supérieur. L'homme ne bougea pas de son siège et observa désormais des écrans. Il regardait attentivement sur l'un d'eux Mila endormie sur la table métallique, sans se douter qu'on l'observait.
- Un peu de patience, nous serons bientôt réunis...dit dans un souffle l'homme
Mila sortit de sa torpeur, elle avait l'impression d'être revenue de loin. Elle leva sa tête, une sensation de lourdeur envahit son crâne. Elle grimaça en découvrant à nouveau des aiguilles dans ses bras et ses mains. Mila essaya de se souvenir de ce qui s'était passé avant son réveil. Le mot Tricell était le seul mot qui lui revenait en mémoire, une société pharmaceutique.
Ça avait l'air de n'avoir aucun rapport avec sa situation actuelle. Qu'est-ce qu'une société pharmaceutique aurait-elle avoir avec sa présence ici ? Elle continua à fouiller dans sa mémoire.
- Bon retour parmi nous. parla une voix doucereuse la faisant sursauter
Cette voix, elle lui était vaguement familière. Elle appartenait à un homme blond, il recouvrit entièrement sa vision. Il avait un visage imperturbable, qui l'était d'autant plus combiné à ses lunettes de soleil teintées.
Il se rapprocha progressivement d'elle jusqu'à n'être qu'à quelques centimètres, il la dominait de toute sa hauteur. Il éloigna les lampes qui la dérangeaient, si elle n'était pas aussi déconcertée, elle l'aurait sans doute remercié.
- Que m'est-il arrivé ? demanda Mila complètement déboussolée
- Tu ne te souviens vraiment de rien ? s'enquit Wesker
- Non...Est-ce que j'ai eu un grave accident et j'ai dû subir une intervention d'urgence ? s'inquiéta Mila
- Rien de tout ça n'est arrivé, rassure-toi. contredit Wesker en croisant ses mains derrière son dos
- Pourquoi je ne me souviens de rien... gémit-elle
- Tu as fait une mauvaise chute. partagea Wesker avec indifférence
- Je suis tombée...De quelle façon ? s'intéressa Mila
Il ne répondit pas à sa question et demanda à la place :
- Est-ce que tu te rappelles de moi ?
Elle l'observa plus minutieusement, son visage, ses lunettes noires, son allure. Elle mit un peu de temps à donner sa réponse, hésitant encore.
- Docteur Wesker...dit Mila dans un souffle
Son nom lui rappela aussi tout ce qu'elle savait sur lui.
- C'est rassurant. se parla Wesker à lui-même tout en remontant ses lunettes sur son nez
Mila trouva étrange de déceler une pointe d'amusement. Elle était dans un état déplorable et ne se souvenait de pas grand-chose, ce n'était pas quelque chose dont on pouvait se moquer.
- Ça ne ressemble pas à un hôpital. fit-elle observer
- Tu n'es effectivement pas dans un hôpital. confirma Wesker d'une voix toujours aussi calme
- Où suis-je, alors ? le questionna-t-elle
- Dans ton nouveau chez toi. l'informa Wesker
Sa réponse était juste effrayante et lui donna des frissons. Elle crut à une plaisanterie sauf que la voix de Wesker était très sérieuse.
- Mila Alvarez, née le 20 décembre 1984, porteuse du groupe sanguin O, meilleure élève de sa promotion et qui a mérité amplement de servir nos fins ambitieux...Tu vas être la clé qui nous mènera à l'évolution, n'est-ce pas merveilleux ? lui dit Wesker
Elle perçut toute sa folie qu'il avait si finement dissimulé pendant tout ce temps qu'elle avait passé avec lui. Jamais, elle n'aurait soupçonné Wesker être quelqu'un d'instable, il avait été pour elle si parfait, si professionnel. Un modèle pour elle, elle enviait tellement sa finesse dans son métier, il était un esprit dôté d'une immense intelligence.
- Qu'est-ce que je fais là, Docteur Wesker ? insista Mila d'une voix plus ferme
- N'ai-je pas répondu à cette question à l'instant même ? répondit Wesker froidement
- Non, vous ne m'avez pas répondu. Du moins, pas avec précision. répliqua Mila en retour
Wesker sourit à sa répartie. Elle, qui était pourtant en mauvaise posture et même désorientée par la situation, elle trouvait le courage d'être insolente.
- Je vais réitérer ma question, qu'est-ce que je fabrique là ? s'agaça-t-elle
- Tu n'as pas encore deviné, Mila ? Toi qui es tellement perspicace, tu me déçois.
Elle détourna momentanément les yeux de Wesker et inspecta son environnement. Elle reposa son regard sur celui-ci, son sourire devenait plus grand au fur à mesure.
- Nous sommes dans un laboratoire... murmura Mila
- Et sais-tu ce que nous faisons dans un laboratoire ? se moqua Wesker
- Des expériences...
- Et à ton avis quel est le sujet de l'expérience aujourd'hui même ?
Les détails qu'il avait émis sur elle tout à l'heure, sa réponse inquiétante. Ça ne faisait aucun doute. Elle prononça difficilement la réponse attendue :
- Moi...
- C'est exact. confirma-t-il
- C'est vous qui m'avez amenée ici. affirma Mila qui n'en revenait pas
Elle n'avait pas besoin qu'il le confirme.
- Dix longues années...Je suis honoré que tu ne m'as pas oublié après tout ce temps.
- C'était impossible de vous oublier...admit Mila en ne le regardant plus
Elle n'aurait jamais pensé lui avouer ça un jour, son ambition, sa technique de travail l'avaient marquée. Wesker savait bien qu'elle parlait évidemment de son génie et non d'autre chose.
- Toi aussi. reconnut Wesker à son tour
- Pourtant, je n'étais rien de plus qu'une apprentie. souligna Mila
- Oh, tu es bien plus que ça, crois-moi... murmura-t-il
Wesker prit discrètement une seringue sur la table à côté qui était déjà surmontée par une aiguille.
- Qu'entendez-vous par là ? l'interrogea Mila étonnée en le regardant à nouveau
- Poids, 55 kilos. 2/3 d'un flacon ce qui équivaut à 0,6 ml. réfléchit Wesker à haute voix en finissant de prélever le liquide avec précision
- Je vous demande pardon ? s'inquiéta Mila
Wesker l'ignora complètement, il enleva ses gants en cuir et enfila celles en latex. Il s'occupa de retirer les aiguilles dans ses bras, Mila plissa les yeux de douleur, elle ne laissa pourtant aucune plainte s'échapper d'elle.
- Fille courageuse...rit-il sombrement
Il vaporisa de l'antiseptique sur chaque endroit. Il nettoya le sang avec une compresse stérile. Wesker ne retira cependant pas les aiguilles dans ses mains.
Il choisit ce moment précis. Il saisit la seringue qu'il avait préparé tout à l'heure et la piqua dans son cou, il lui injecta un liquide qui lui fit éprouver une douleur suraiguë.
Mila gémit tiraillée par la souffrance, sans pour autant crier. Une fois toute la dose appliquée, il retira l'aiguille. Il jeta dans la corbeille la seringue, les gants en latex et remit ses gants en cuir noir.
Mila commença à sentir des sueurs froides dans sa nuque et même sur le reste de son corps. Elle avait l'impression qu'il faisait une chaleur terrible et pourtant quelques instants auparavant, elle trouvait qu'il faisait froid dans ce laboratoire. Elle avait soudainement la respiration lourde.
Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait, certainement à cause de ce que Wesker venait de lui injecter. Mais l'effet partit aussitôt qu'il était venu, en reprenant ses esprits, elle s'exclama furieuse :
- Qu'est-ce que vous venez de m'injecter ?!
Il ignora sa réponse, trop concentré sur le fait qu'elle osait se montrer aussi émotive devant lui.
- J'ai dit, qu'est-ce que vous venez de m'injecter ?! s'énerva Mila de plus bel
- Je pensais que mes leçons avaient été fructueuses, apparemment non. Les émotions ne peuvent pas faire partie de l'évolution humaine, elles sont en parfaite contradiction avec le progrès. lui reprocha Wesker d'une voix glaciale
Elle ne penserait pas qu'il lui rappellerait ça. Elle ne se laissa pas déstabiliser.
- Je vous ai écouté, je vous assure. Je n'avais jamais osé avant vous dire que je pensais le contraire...
Wesker sourit à l'évocation d'une certaine crainte qu'il avait longuement suscité chez elle. Elle n'avait jamais pu lui dire que parfois elle trouvait excessif d'avoir une pensée aussi dure que celle que Wesker avait au sujet de l'être humain.
Il avait toujours dit qu'il trouvait risible qu'on n'enseigne pas dès lors qu'un enfant vient au monde, qu'il se doit de faire disparaître ses faiblesses sentimentales.
Il n'y avait pas de place pour la peur, la tristesse, l'amour et toutes ces émotions qu'il qualifiait d'inutiles, qui nuisaient dangereusement à la recherche, au fondement scientifique.
- C'est impossible, je vais me réveiller de cet affreux cauchemar...Vous ne pouvez pas...vous ne pouvez pas...craqua Mila
- Je ne peux pas quoi ? se moqua Wesker en attendant qu'elle continue sa phrase
- Être ce monstre ! Vous ne m'avez pas fait ça. Non, je ne peux pas le croire...
Mila déglutit, elle secoua la tête, ne voulant pas l'admettre qu'il était vraiment le responsable de ses malheurs.
- Même quand tu vois la vérité en face, tu ne peux t'empêcher d'essayer de trouver du bon en moi. Pour quelle raison ? l'interrogea Wesker d'une voix insensible
- Je me souviens que vous avez toujours été patient, soucieux de m'apprendre. C'est quelque chose qui ne peut pas s'oublier. Je peux encore ressentir la chaleur que me procurait votre gentillesse, ça ne peut pas être un mensonge. On le ressent quand quelqu'un n'est pas sincère avec nous. expliqua Mila
Wesker roula les yeux face à ses niaiseries.
- Ton intelligence ne pourra pas croître au-delà de son stade si tu continues à avoir ces idées puériles. grommela Wesker
- Ce ne sont pas des idées puériles, comment pouvez-vous dire ça ? C'est l'évidence même...L'être humain est de nature émotive, c'est ainsi ! s'insurgea Mila
- C'est bien pour ça que je veux que ça change. Je veux que le monde se lève sous un nouveau jour, celui de l'avancement de l'humanité.
- Quel avancement, quelle évolution, je ne comprends absolument rien de quoi vous parler. Qu'ai-je donc à voir avec tout ceci ?! s'exaspéra Mila
- Je n'aime pas me répéter et tu le sais. grogna Wesker
- Mais vous ne me dites rien, vous me parlez comme si j'étais déjà au courant de ce que vous prévoyez pour moi ! accusa Mila
- Je t'ai amenée ici pour poursuivre mes recherches, tu avais le potentiel que je cherchais depuis bien longtemps. Tu as dépassé toutes mes espérances, ma chère petite apprentie. concrétisa Wesker avec un sourire diabolique
- Non, je ne peux pas le croire, vous connaissez mieux que personne ce que vaut la vie humaine. Je ne suis pas un cobaye ni un rat de laboratoire ! s'emporta Mila
- Effectivement, tu as tout à fait raison et je sais parfaitement qui a le droit de vivre ou non. Je séparerai le mauvais grain du bon, ainsi je créerai ce monde dénué de toute imperfection et j'en deviendrai le dieu suprême. Imagine ce que ça sera.
Elle soutint son regard fou qui était caché derrière ses lunettes. Mila rougit en se rappelant subitement que sa peau était exposée ainsi devant Wesker. Il ne semblait pas y prêter tellement attention, pour l'instant, il cherchait à ce qu'elle réagisse à ce qu'il venait de dire.
- Réponds-moi. lui ordonna-t-il fermement mais d'une voix toujours calme
- J'ai peur...tellement peur...dit Mila d'une voix larmoyante
Wesker arbora un petit sourire en coin. Il glissa sa main gantée dans ses cheveux lisses et bruns. Il les caressa d'un geste possessif qui fit frissonner Mila.
- Tu n'as aucune raison d'avoir peur. Il ne t'arrivera absolument rien parce que tu te tiendras à mes côtés, ma reine.Tu ne seras plus jamais ternie par la laideur de ce monde...Sois patiente, rien qu'un tout petit peu, nous y sommes presque. parla Wesker d'une voix teintée de folie
Le cœur de Mila rata un battement en entendant cette dernière parole franchir les lèvres de Wesker. Elle ne pouvait pas croire ce qu'elle venait d'entendre, elle avait toujours trouvé que Wesker était très proche d'elle sans que ça ne soit interprété autrement que professionnel.
Comment avait-elle pu être aveugle à ce point ? Elle ne lui était pas indifférente, il arrivait si bien à cacher ses sentiments. Elle n'éprouvait rien de particulier pour lui, uniquement que de l'admiration et maintenant elle avait été déçu, révolté par le fait qu'il n'était pas du tout celui qu'elle pensait.
Elle se revit quand parfois ils s'échangeaient des sourires, il avait vu autre chose, elle en était horrifiée rien que d'y penser.
Il posa justement ses yeux sur son visage, il avait toujours aimé sa peau café parfaite, ses yeux bleus aux reflets vert eau, son petit nez, ses beaux cheveux un peu ondulés au bout et surtout ses lèvres charnues couleur pêche...
Elle avait toujours eu ce visage innocent et même enfantin qu'il ne parvenait jamais à sortir de son esprit. Elle sursauta violemment lorsque son pouce ganté vint maintenant frotter sa lèvre inférieure, Wesker se moqua de sa réaction à son toucher.
- S'il vous plaît...couina Mila effarée
Wesker sourit méchamment, il haussa un sourcil interrogateur attendant une réponse de sa part. Mila ne dit rien de plus, fuyant son regard froid et sévère, Wesker se moqua cruellement de sa faiblesse.
Il savait très bien qu'elle n'arrivait tout simplement pas à lui dire de ne pas la toucher, il aimait particulièrement qu'elle avait toujours eu peur de lui refuser quelque chose ou de le mettre en colère. Et il en profitait pleinement.
Il finit par lui-même enlever ses mains d'elle, il pensait qu'il n'avait pas le temps d'aller plus loin, du moins pour l'instant. Elle sentit son corps recouvrait de sa sensibilité, elle ne se sentit pas pour autant mieux.
- Je me sens de plus en plus faible...lâcha-t-elle d'une voix basse
- C'est tout à fait normal, nous avons enlevé les perfusions. Il le fallait bien pour que tu puisses assimiler ce nouveau produit que je viens de t'injecter. lui dit Wesker sans aucun remord
- J'ai si soif...se plaignit-elle
- Oh, tu peux faire mieux que ça. s'amusa Wesker
- Arrêtez...Je vous en supplie...l'implora-t-elle
Encore une fois, il n'était pas du tout attendri par son déchirement. Cet homme lui inspirait la peur, encore plus maintenant qu'elle avait découvert l'étendue de sa folie.
- Pourquoi vous faites ça ? Pourquoi avez-vous dû poser les yeux sur moi ? Je n'ai rien demandé...Je n'ai pourtant rien fait qui suscitait de l'intérêt pour moi...Je ne veux pas que l'idée que je me faisais de vous change, je ne peux pas l'accepter.
Wesker resta stoïque face à ses lamentations, il ne montra pas qu'il était agacé et surtout furieux qu'elle ose dire que ce n'était pas un privilège qu'il s'intéresse à elle.
Il l'avait désignée elle et personne d'autre, elle était assez légitime pour se tenir à ses côtés, lui qui pourtant n'avait jamais ressenti auparavant le besoin de combler cette solitude. Il la désirait auprès de lui.
Son intelligence, sa beauté, son innocence et sa pureté, tout cela était en partie la raison pour laquelle Wesker la trouvait digne de lui. Il avait rencontré de nombreuses femmes au cours de sa vie et aucune n'avait été aussi parfaite que Mila.
Pour lui, elle était comme un ange parmi les immondices, ce monde était si avide et prêt pour toutes les bassesses telles que la cupidité, l'avarice, la destruction des guerres et bien d'autres choses encore.
Wesker s'était perdu dans ses pensées, il était amplement satisfait, il avait enfin obtenu ce qu'il voulait, elle...Il ne l'avait pas oubliée, pas un seul instant, exactement comme il lui avait dit. Il rompit enfin le long silence qui s'était installé entre eux.
- J'ai justement une bouteille d'eau pour toi. parla-t-il d'une voix monocorde
Mila n'arrivait pas à le croire, elle était tellement désespérée de soulager sa soif qu'elle pensait que ça n'arriverait jamais.
- Merci, même rien qu'une seule gorgée me suffirait...s'impatienta Mila doucement
Elle s'embarrassa en pensant à l'idée qu'il devrait l'assister à boire, elle ne pouvait pas bouger ses mains.
Elle fit un effort, elle voulait simplement se désaltérer, elle ne pensa à rien d'autre. Il saisit la bouteille d'eau en question. Mila releva un peu sa tête pour éviter de s'étouffer avec.
Wesker sourit intérieurement, elle n'était vraiment pas prête pour ce qui allait se passer. Il retira le bouchon de la bouteille et la rapprocha de sa bouche, elle attendit patiemment qu'il ne verse l'eau dans l'ouverture de ses lèvres.
Il attrapa une poignée de ses cheveux et tira brutalement sa tête sur le côté, il renversa le contenu de la bouteille à peine au coin de ses lèvres pour qu'elle puisse sentir légèrement l'eau sans pouvoir s'en abreuver.
- Arrêtez ! cria-t-elle en se tortillant dans tous les sens
Il ne se contenta que de ricaner cruellement de ses vaines tentatives de lui échapper. Lorsqu'il estima que c'était suffisant de la tourmenter, il éloigna la bouteille d'elle et en but lui-même le reste sous ses yeux brillant de larmes.
- Ne redis plus jamais que tu ne veux pas de moi. lui cracha-t-il d'un ton menaçant
Sur ces mots, il s'éloigna enfin et la laissa seule avec ses larmes.
