Je ne possède aucun des personnages des films ou des comics.
Un recueil de textes courts sur l'univers Marvel nous plongeant dans un instant ou une pensée des protagonistes de l'histoire, avec une prédilection marquée pour Loki et Thor qui ne surprendra personne me connaissant un peu ;)
THOR 1
Un nom, un seul nom et toute une vie qui bascule
Ce texte a été écrit dans le cadre des 24 h du FoF 2019 sur le prompt "La peur d'un nom ne fait qu'accroître la peur de la chose elle-même".
(Rappel des règles : 1 thème pour une 1 heure entre 21h et 4h du matin)
En espérant que cela vous plaise
Bonne lecture
PS : Au fait j'ai commencé à faire du tri et à remettre de l'ordre dans mes publications en faisant une sorte de table des matières dans mon profil alors n'hésitez pas à y faire un tour ;)
Ce que je suis
Jotun… Le mot m'avait frappé plus brutalement que la plus violente des gifles, plus mortellement que la lame d'un poignard acéré s'enfonçant entre mes côtes pour déchirer mon cœur… Jotun… Ce n'était pas possible. Il devait y avoir une erreur. Je ne pouvais pas être ce genre de monstre. Oh, je savais bien que je devais être différent, mais de là à être l'un de ces monstres, l'un de ces jotnar dont la simple mention terrifie tous les enfants d'Asgard sans pourtant en avoir vu un seul de leur vie.
C'est peut-être ça le pire. C'est un nom terrifiant, haï, maudit… Le nom d'une chose abjecte et sans âme abhorrer par tout un chacun dans une logique que je ne peux qu'approuver.
Ils sont barbares, sanguinaires, brutaux et je suis l'un d'entre eux. Moi qui me voyait instruit et civilisé, je ne suis qu'un des monstres qui peuplaient les histoires racontées par ma mère quand j'avais du mal à m'endormir. Des montres qui m'effrayaient au point de me cacher sous mes couvertures…
Ce n'est pas possible. C'est un cauchemar. C'est irréel ! Je ne peux pas être un monstre ! Je me sens différent, je me suis toujours senti différent, mais je ne me sens pas monstrueux et pourtant, je ne peux nier la vérité.
Ma peau qui devient bleue à leur contact et les mots de cet homme que j'ai toujours pris pour mon père sont en train de remettre les choses en place. Je ne suis pas un humain, je suis une bête.
Si cela vient à se savoir, je sais comment vont réagir les gens autour de moi. Ils vont fuir. Ils vont me montrer du doigt, se moquer de moi ou plutôt en être effrayé. Parce qu'en fait ce n'est pas le dégoût qui prime lorsqu'on parle de Jotnar, c'est la peur.
Une peur viscérale qu'on inculque à chaque enfant d'Asgard. Depuis l'enfance on nous répète que les Jotnar sont des monstres, qu'il faut en avoir peur alors j'en ai peur… et c'est bien ça le pire. Je me retrouve à avoir peur de moi-même.
Je me demande même pourquoi on m'a donné cette peur. Est-ce qu'ils avaient oublié ce que j'étais ou est-ce que c'était pour jouer avec moi ? Je ne le saurais sans doute jamais. Tout ce que je sais, c'est que je souffre. J'ai tellement mal et… j'ai peur…
Quand ma peau devient bleue, j'ai peur et j'ai une terrible envie de mourir. Je sens que je me mets à trembler, que je pleure, que je hurle. Je ne peux plus me retenir. Il faut que toute ma détresse sorte de mes tripes et elle sort de manière violente, viscérale.
Et cet homme, cet homme qui a voulu jouer maladroitement le rôle de mon père, il tremble, il faiblit, il s'écroule… Est-ce qu'il comprend enfin qu'il a élevé un monstre ? Est-ce qu'il le regrette ? Est-ce que c'est autre chose ? Je ne sais pas, mais il s'écroule et j'ai peur… J'ai paradoxalement peur de le perdre, lui qui m'a menti toute ma vie, mais j'ai aussi peur de le toucher, peur que mes doigts effleurent sa joue… Parce que je suis un monstre, un vrai monstre et que je pourrais lui faire du mal sans même le vouloir.
Alors je hurle. Je hurle pour appeler la Garde et j'ai peur. Peur pour lui, mais peur aussi qu'ils comprennent ce que je suis… un croquemitaine, un monstre de cauchemar, un jotnar…
Le nom m'écorche la bouche, il me fait mal. Il me fait peur. Non il me terrifie et il me paralyse. Regardez-moi ! Je n'ose même plus toucher mon père. Et si mes doigts devenaient bleus ? Et si mon côté monstrueux ressortait ? Et si je les tuais tous comme le monstre que je suis.
Je ne sais plus où j'en suis. Je suis hagard, perdu et terrifié, mais la porte s'ouvre et les garde déboule dans la salle.
Je me fige une fraction de seconde. Est-ce qu'ils voient que je suis ce monstre eux aussi ? Apparemment non… Il n'y a que moi pour le moment, parce que je suis le seul à comprendre que ce nom me définie et je tremble.
Est-ce que c'est ça mon destin ? Faire naître peur et méfiance chez les autres ? Je ne sais, Je ne sais plus… Je suis perdu.
Je suis un monstre. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est le nom qui détrime ma race. C'est comme ça.
Jotun…
Monstre…
Jotun…
Monstre…
Cette ritournelle tourne dans ma tête à me rendre fou, mais je ne peux aller contre les faits, contre ce mot et sa définition.
Monstre je suis né…
Monstre j'ai grandi…
Monstre je veux mourir…
