Disclaimer : tout l'univers de Saint Seiya que vous reconnaîtrez aisément appartient à Masami Kurumada. Les autres personnages sont à moi et ceux de la mythologie à tout le monde. Je n'ai pas d'informations précises concernant certains personnages de Saint Seiya, j'ai donc mis ce que m'arrangeait.
Résumé : Un Sanctuaire inconnu va se retrouver mêlé, contre son gré, aux problèmes que va rencontrer celui d'Athéna à cause d'une nouvelle menace non divine. Pour la combattre, les Chevaliers, les Spectres, les Marinas et les Guerriers Divins vont être ramenés à la vie. L'histoire se déroule après la Guerre Sainte contre Hadès.
NOTE IMPORTANTE :cette histoire a été écrite en 2007/2008. Elle n'est donc pas nouvelle. Mais lorsque je l'ai relu et que j'ai vu toutes les fautes qui m'avaient échappé, j'ai eu honte d'avoir publié un texte aussi épouvantable avec des erreurs d'école primaire. Je ne l'ai pas réécrite pour lui conserver l'esprit dans lequel je l'ai rédigé et le charme qui a plu à l'époque, mais je l'ai corrigée. Il doit certainement rester des coquilles, mais au moins, je me sens moins embarrassée de présenter ce texte. Vous y trouverez certainement de la naïveté et de la simplicité. Je n'ai pas éliminé la première version pour conserver les commentaires qui m'ont tant fait plaisir à l'époque.
Si vous la lisez, j'espère qu'elle vous plaira. Et si vous la relisez, vous apprécierez peut-être de la redécouvrir. N'hésitez pas à le dire, je n'ai jamais mordu mes lecteurs. ^^
Quoi qu'il en soit, bonne lecture.
Le Sanctuaire oublié
Chapitre I
Sanctuaire de la Déesse Gaïa, octobre 1973…
La vieille femme était assise en lotus. Un vieux châle en laine recouvrait ses épaules. Elle se tenait bien droite malgré son âge et son regard ancien fixait la petite lueur qui dansait devant ses yeux. Il n'y avait aucune autre source de lumière dans la grotte. Sa concentration était si intense qu'elle n'entendait plus rien des bruits qui l'entouraient. Le "ploc" doux et frais d'une goutte d'eau tombant d'une des innombrables stalactites qui parsemaient le plafond, le roulement du tonnerre au loin qui annonçait un orage, ces bruits ne lui parvenaient plus. Seuls ses yeux brillants témoignaient qu'elle était encore en vie tant son immobilité était parfaite. À ce niveau de méditation, elle savait qu'elle allait avoir une vision. La Flamme l'avait appelée, et Zinya avait compris que le moment était venu. De grands bouleversements allaient se produire et sa Déesse voulait les lui montrer.
Depuis qu'elle avait appris que la Déesse Athéna s'était réincarnée, la vieille femme n'avait pu se départir d'un sentiment de danger qui oppressait son cœur et son âme et aujourd'hui, elle allait peut-être enfin savoir ce que les Dieux préparaient. Elle sentit son esprit s'élever et aller à la rencontre de la Flamme pour se mêler à elle. Un étourdissement fugace la prit, mais Zinya le contrôla. Elle sut que la vision allait être puissante et qu'elle en sortirait épuisée.
Cela commença par un tournoiement de fumée gris anthracite, presque noire. "Le mal". Une dague dorée tenue par la main d'un homme. "La mort". La silhouette d'un homme d'où émanait une profonde douleur et derrière lui une ombre qui transpirait la malfaisance. "La possession". Le corps d'un homme qui tombe. "La victime". La nuée noire revint et se dissipa de nouveau. La vision fut plus nette. Des ruines antiques, grecques d'après leur apparence, un jeune homme, non plutôt un jeune garçon, un bébé, un homme plus âgé, un étranger, peut-être un touriste, une grosse boîte avec un dessin dont elle ne parvient pas à en deviner le motif. Puis elle vit le garçon allongé, endormi, mais ce n'était plus un adolescent comme au début de sa vision. Il était plus vieux, c'était un homme.
Soudain un sentiment d'urgence pénétra son esprit. Le jeune homme était très gravement blessé, mais elle avait la certitude qu'il ne devait pas mourir. Il aurait un rôle important à jouer à l'avenir, il devait vivre. Elle devait tout faire pour qu'il vive. Elle savait qu'elle venait de voir l'avenir, un avenir proche, quelques jours pas plus. La vision s'estompa et l'esprit de Zinya réintégra son corps. Complètement vidée de ses forces, l'Oracle bascula sur le côté, le souffle court. Ses grands yeux noisette étaient vides de toute expression et elle put à peine enflammer son cosmos pour joindre Kamryl, son apprentie. Elle devait l'aider, il ne fallait pas perdre de temps, ce jeune homme devait être retrouvé au plus vite, un Chevalier du Sanctuaire d'Athéna, elle en était persuadée. Bientôt, elle entendit les pas précipités de Kamryl qui s'engouffra dans la petite grotte.
— Par les Dieux ! jura-t-elle. "Zinya, tiens, bois un peu" ajouta-t-elle mentalement en portant le goulot d'une gourde aux lèvres de la vieille femme.
— Nous… vons peu… temps…, chuchota l'Oracle, incapable de parler plus fort.
— Chut… Calme-toi, je vais t'emmener chez toi, tu pourras te reposer.
Zinya savait que la jeune femme avait raison. Tant qu'elle n'aurait pas retrouvé ses forces, il ne servirait à rien de dire quoique se soit. De plus elle devait en informer la Reine et la convaincre d'agir. Oui, elle devait récupérer. Elle ne sentit même pas que Kamryl l'avait prise dans ses bras pour la sortir de la grotte. Dehors, le ciel était plombé. Le tonnerre roulait furieusement et l'écho se répercutait contre les flancs des montagnes. L'orage allait être terriblement violent. Mais ce n'était rien en comparaison de ce qui menaçait l'humanité tout entière. Kamryl allongea l'Oracle sur son lit et l'observa tendrement. Comme si elle l'avait senti, Zinya ouvrit les yeux à cet instant et leurs regards se croisèrent. L'apprenti ne lui avait jamais vu une telle expression d'inquiétude et fronça légèrement les sourcils.
— Va chercher… la Reine, hoqueta la vieille femme en se soulevant sur un coude.
— Je m'occupe de toi d'abord. Je l'ai contacté, elle arrive.
Zinya retomba sur le matelas et ferma à nouveau les yeux. Jamais elle n'avait eu de vision aussi puissante ni aussi claire. Elle entendait Kamryl s'affairer dans la cuisine et celle-ci revint avec un bol rempli de morceau de fruits coupés en dé.
— Manges, tu te sentiras mieux, lui intima la jeune femme d'une voix douce, mais ferme en s'asseyant sur lit et repoussant d'un geste inconscient une mèche de cheveux auburn qui lui tombait dans les yeux…
— Je t'ai bien formé ma belle, tu sais ce qu'il faut faire et tu le fais rapidement, songea l'Oracle. Tu ne te laisses pas émouvoir par mon état de faiblesse, tu sais ce que c'est toi aussi, tu l'as déjà expérimenté. Mais j'ai peur de ce que je vais te léguer, tu es encore si jeune. Bientôt je ne serais plus là et c'est toi qui devras affronter les voiles du temps. Tu en seras capable, tu es bien plus puissante que moi, mais tu ne le sais pas encore. Oui, je t'ai bien formé…
Une bonne vingtaine de minutes plus tard, un galop de chevaux se fit entendre, venant vers la maison de l'Oracle. La Reine Physia et deux de ses gardes, qui étaient parties inspecter quelques fermes, arrivaient. Rien ne pouvait distinguer la souveraine de celles qui l'accompagnaient. Elles portaient toutes des jeans, des sweat-shirts et des bottes. Elles sautèrent de cheval et s'engouffrèrent dans la demeure quand l'orage éclata. Un éclair éblouissant craqua et la foudre s'abattit sur un arbre à quelques dizaines de mètres de la maison. Aussitôt l'air s'emplit d'une odeur d'ozone. Immédiatement, la Reine se précipita au chevet de la vieille femme qui avait repris des forces et se tenait assise contre la tête du lit. Elle prit ses mains dans les siennes et plongea son regard d'un bleu délavé dans celui calme et serein de Zinya.
— Qu'est-ce que tu as encore fait ? murmura la Reine sur un faux ton de reproche.
— Rien qui ne soit dangereux ni inutile, Majesté. La Flamme m'a appelé et elle m'a montré l'avenir.
— Si j'en crois Kamryl, il y a une certaine urgence, poursuivit Physia.
— Tu dois envoyer trois ou quatre de tes meilleures guerrières à la recherche d'un jeune garçon. Elles le trouveront dans les ruines des temples qui sont à l'entrée du Sanctuaire d'Athéna. Il sera très gravement blessé, mais nous ne devons pas le laisser mourir. Il faut qu'il vive ! C'est impératif !
— Quand cela doit-il avoir lieu ?
— Je n'ai rien de précis, mais c'est dans moins d'une semaine de cela je suis sûre. Et ce sera en plein jour. Le soleil brillait dans ma vision. Je t'en pris ma Reine, tu dois retrouver cet enfant. Il aura un rôle très important à jouer à l'avenir. Je n'ai jamais eu de vision si puissante, je sais qu'il faut nous dépêcher. Tu dois agir très vite. Envoie tes guerrières à sa recherche…
Zinya se calma et retomba sur les coussins, les yeux clos. Raconter ce qu'elle avait vu lui faisait revivre intensément ce moment. La Reine l'observa un instant et reposa les mains anciennes qu'elle n'avait pas lâchées sur le ventre de l'Oracle. Elle connaissait la vieille femme depuis toujours et l'avait entendu à plusieurs reprises faire le récit de ses visions à sa propre mère, mais jamais elle ne l'avait vue aussi agitée.
Les ruines à l'entrée du Sanctuaire d'Athéna… Voilà bien longtemps qu'elles ne s'en étaient pas approchées. La Déesse s'était réincarnée quelques semaines plutôt ce qui voulait dire que dans les années à venir, les Guerres Saintes allaient de nouveau faire rage entre les Dieux et leurs protecteurs. Athéna protégeait l'Humanité et défendait des valeurs comme l'Amour, la Liberté, la Paix et la Justice. Et pour la première fois, le Sanctuaire que la Reine Physia et ses soldats préservaient, allait avoir un rôle à jouer. Jamais, depuis la nuit des temps, leurs ancêtres n'avaient pris part à une Guerre Sainte. Peut-être que cette fois-ci elles pourraient y participer. Après tout, leur Déesse prônait les mêmes valeurs qu'Athéna et elle était son arrière-arrière-grand-mère, si tant est que cela ait une importance pour les Dieux. Et puis Gaïa n'aurait pas envoyé une telle vision à son Oracle si elle n'avait pas voulu que ses guerrières interviennent d'une quelconque manière.
— Très bien, je vais envoyer quatre de mes filles pour surveiller ces ruines et trouver ce jeune garçon, déclara la jeune Reine. Zinya, sais-tu où nous devons l'emmener ?
— Ici, majesté. Il devra rester ici endormi jusqu'à ce que le moment de son réveil arrive.
— Quoi ! ? s'écrièrent les quatre jeunes femmes.
— Tu sais bien qu'aucun homme ne peut entrer dans notre Sanctuaire sous peine de mort, rappela Tyrin, l'une des gardes de la Reine.
— Je l'ai vu dans notre clinique. La déesse a aboli cet interdit… définitivement. Il devra rester ici, insista la vieille femme en regardant chacune des autres dans les yeux pour être certaine qu'elles avaient bien saisi le sens de ses paroles. Et il est possible qu'il soit le premier d'un groupe plus vaste. J'ai vu d'autres formes masculines allongées à ses côtés.
Jamais aucune Reine n'avait discuté les visions des Oracles et Physia ne serait pas la première.
— Tyrin, choisis trois de tes filles et explique-leur la situation, ordonna la souveraine en se tournant vers l'une de ses guerrières. Elles devront être très discrètes et très rapides. Elles seront aux portes du Domaine d'Athéna et elles ne doivent pas attirer l'attention sur nous tant que nous n'en saurons pas plus. S'il s'agit bien d'un Chevalier d'Athéna et s'il est aussi gravement blessé que le dit Zinya, elles pourront sentir sa cosmoénergie. Il n'aura plus la force de la camoufler, elle devrait donc brûler faiblement. Je sais que l'orage se déchaîne dehors, mais je te demande de partir immédiatement. Tu les accompagneras.
— À tes ordres, Majesté, répondit la jeune femme.
Elle sortit de la maison, sauta sur son cheval et partit à bride abattue vers le palais…
Le Palais Royal était une bâtisse de style antique entièrement construite en marbre blanc avec un fronton triangulaire soutenu par de nombreuses colonnes. L'entrée principale pouvait laisser passer dix personnes marchant de front. Elle était fermée par deux énormes panneaux en bois recouverts de bronze sculpté. Dans l'un des panneaux était aménagée une petite porte qu'empruntait le personnel du Palais. C'est par là que Tyrin entra et se dirigea vers le mess des officiers. L'immense hall d'accueil hypostyle, réservé aux cérémonies officielles, était longé de deux rangées de colonnes jusqu'à un escalier en haut duquel trônait une gigantesque sphère de marbre vert dans laquelle était incrustée une étoile dorée. Devant chaque pilier et au plafond brillaient des lampes électriques qui avaient remplacé depuis longtemps les torches. La jeune femme bifurqua entre deux fûts et pénétra dans le mess des officiers. Aussitôt les femmes présentes se levèrent pour saluer leur Commandant Suprême.
— Surial, Koris, Belta, suivez-moi, ordonna-t-elle.
Sans plus attendre, les trois jeunes femmes lui emboîtèrent le pas jusqu'à son bureau. Contrairement à l'extérieur, l'intérieur du Palais était meublé dans un style moderne et équipé de toutes les technologies hi-tech que le XXe siècle offrait à profusion.
Tyrin contourna son bureau et se laissa tomber dans un fauteuil au dossier haut qui s'inclina vers l'arrière tandis que les jeunes femmes occupèrent les canapés joufflus et moelleux qui leur tendaient les bras, sur un geste d'invite de leur Commandant.
— J'ai une mission à vous confier, fit-elle sans autre préambule. Belta, nous aurons besoin de tes dons de téléportation, ça ne fait pas appel au cosmos. Voilà ce que j'attends de vous…
Une demi-heure plus tard, elles sortirent du bureau.
Pendant trois jours, les quatre jeunes femmes jouèrent les touristes dans les ruines que l'Oracle avait décrites. Elles percevaient sans difficulté les cosmoénergies des Chevaliers qui s'entraînaient dans le Sanctuaire d'Athéna tout proche. Dans la soirée du quatrième jour, elles ressentirent une violente explosion de cosmos. Un combat devait avoir lieu, mais pas un combat d'entraînement. Une telle puissance ne pouvait provenir que d'un véritable affrontement. Elles se dispersèrent et attendirent. Au bout d'un moment, les cosmoénergies disparurent. Elles savaient qu'elles devaient patienter encore, attendre de sentir un cosmos à peine décelable, sur le point de s'éteindre. Lentement, elles tournaient dans le site, tous leurs sens en alerte. Au détour d'une colonne, Tyrin vit un homme de dos qui emportait une grosse boîte et entendit les pleurs d'un nourrisson.
— C'est une Pandora Box qu'il emporte, l'armure du Chevalier certainement. Alors Chevalier, où es-tu? pensa-t-elle.
Soudain la voix de Koris éclata dans leur tête.
— Il est là, venez!
En quelques secondes, elles se retrouvèrent auprès du jeune garçon.
— Il est en train de se vider de son sang, constata Belta.
— Je vais stopper l'hémorragie, dit Koris en se préparant à frapper le mourant.
— Attends, intervint Surial, si tu utilises ton cosmos, ils le sentiront et on les aura sur le dos.
— Nous n'avons pas le choix. Il va…
— Je vais nous téléporter plus loin et là tu pourras le stabiliser, fit Belta. Ensuite, on rentrera chez nous avec lui !
— Fais-le, décida Tyrin. Allez ! On dégage !
Elles se rapprochèrent les unes des autres et posèrent leurs mains sur le Chevalier. Une fois ceci fait, elles arrivèrent directement dans l'une des chambres de la clinique de leur Sanctuaire. Aussitôt, un médecin et deux infirmières s'affairèrent au chevet du blessé. Elles commencèrent par vérifier ses signes vitaux, pansèrent les blessures et le relièrent à plusieurs moniteurs de surveillance. L'hémorragie avait cessé, mais il était loin d'être tiré d'affaire.
— Pour l'instant il est dans le coma, il a perdu beaucoup de sang. Certaines entailles ont nécessité de nombreux points de suture, leur expliqua le médecin, après de longues minutes d'attente, mais il est stabilisé. La Reine m'a dit qu'il ne devait pas se réveiller. Lorsqu'il sera sur le point de sortir du coma, s'il a cette chance, nous le plongerons dans un sommeil artificiel le temps qu'il faudra.
— Y a-t-il des risques de le laisser comme ça, je veux dire, si son organisme décide de sortir du coma, nous on le maintient endormi de force ? demanda Tyrin
— Avec le coma, il y a toujours des risques, on ne sait pas comment le cerveau va réagir. Mais grâce à la Flamme, nous réussirons, nous devons réussir, les rassura la femme en blanc.
Elles quittèrent la clinique pour aller faire leur rapport à leur souveraine. Elles marchèrent en silence pendant quelques minutes quand Belta exprima ce qu'elles ressentaient toutes.
— Il est si jeune, murmura-t-elle.
— Il ne doit pas avoir plus de quatorze ou quinze ans, poursuivit Koris.
— J'ai du mal à croire ce que nous a dit l'Oracle quand on le regarde, fit Surial en s'écartant de la route pour laisser passer une charrette.
— Elle a dit aussi qu'elle l'a vu plus vieux, leur rappela Tyrin, et toujours endormi. Possible qu'on doive le garder ainsi plusieurs années.
— Athéna vient à peine de se réincarner. Les Guerres Saintes ne débuteront pas avant douze ou quinze ans, pas avant qu'elle ne soit en pleine possession de ses pouvoirs, observa Koris.
— Douze ou quinze ans ? Ça fait long pour un coma ou pour un sommeil artificiel, dit Belta comme pour elle-même.
La Reine les reçut immédiatement dans son bureau. Tyrin lui confirma qu'elles avaient mené leur mission à bien. Et quand elle lui dit qu'elle avait vu un homme avec une Pandora Box sur le dos et qu'elle avait entendu un bébé pleurer, la Reine fut soulagée. Le nourrisson était vivant est c'est tout ce qui comptait. L'oracle avait eu une autre vision dont elle fit part à ses guerrières. Le bébé était aussi important sinon plus que le Chevalier. Les cinq jeunes femmes s'entre-regardèrent. Elles pensaient toutes la même chose. Était-il possible que ce bébé soit la réincarnation de la Déesse Athéna ? Mais alors dans ce cas, pourquoi le Chevalier s'enfuyait-il de son Sanctuaire avec son armure et l'enfant ? Et s'il avait réussi à l'approcher, c'est qu'il appartenait à l'élite de la Chevalerie. Ce jeune garçon pourrait donc être un des Chevaliers d'Or ! Si jeune, et pourtant…
— Tyrin, fais surveiller le Sanctuaire d'Athéna, ordonna Physia. Les visions de Zinya sont une source d'informations insuffisantes. Je veux des faits précis. Vois si parmi nos jeunes novices, certaines ne pourraient pas être engagées pour travailler au village de Rodorio, ou se lier avec des gardes et en prenant bien soin de camoufler leur cosmos.
— Oui Altesse.
— Si nous devons intervenir dans une Guerre Sainte dans les années qui viennent, je dois savoir ce que nous risquons de rencontrer.
— Nous n'avons rien à craindre des Chevaliers d'Or, observa Belta, nous sommes aussi puissantes qu'eux.
— C'est pour ça qu'il vaudrait mieux éviter de les affronter. Un combat de mille jours entre eux et nous, non merci ! railla Koris.
— Raison pour laquelle nous devons essayer de savoir ce qui se passe au Sanctuaire d'Athéna. La moindre information, la moindre rumeur, même insignifiante, peut être riche d'enseignement pour nous, rétorqua la souveraine.
— Altesse, penses-tu que nous prendrons part à cette guerre ? se risqua à demander Surial.
— Oui, répondit Physia après un moment de silence.
Elle se leva et se dirigea vers la fenêtre. Au-dehors, la vie s'écoulait comme d'habitude. Chacun vaquait à ses occupations.
— Nos successeurs y seront plongés jusqu'au cou, reprit-elle les yeux perdus par delà les terres de son vaste royaume. Nous ne serons là que pour les conseiller. Elles prendront les décisions qui s'imposent. Je ne suis pas sûre d'aimer l'héritage que nous allons léguer à nos filles…
Quelques jours plus tard au Japon…
Mitsumasa Kido était plongé dans l'un des innombrables livres qui parsemaient la surface de son bureau, les mains perdues dans ses cheveux striés de fils d'argent. Tous les ouvrages parlaient de la mythologie grecque. Il dévorait tout ce qu'il trouvait sur le sujet depuis qu'il avait rencontré ce jeune homme gravement blessé dans les ruines d'un temple grec. Avant de périr – du moins c'était ce qu'il avait cru – il lui avait confié un nouveau-né, une petite fille absolument adorable et une boîte renfermant son armure. L'armure d'or du Sagittaire. Le jeune Aïoros lui avait expliqué que le bébé était la réincarnation de la Déesse Athéna et qu'elle était en danger de mort. Il devait en prendre soin et l'éloigner du Sanctuaire jusqu'à ce qu'elle soit en pleine possession de ses pouvoirs pour affronter ses ennemis. Et cela n'arriverait pas avant plusieurs années. Depuis, il cherchait toutes les informations pouvant l'éclairer sur cette Déesse et ses protecteurs. Et ce qu'il découvrit le surprit au-delà des mots.
Il était à la tête d'une multinationale prospère et l'argent ne lui manquait pas. Il décida de créer des orphelinats à travers le monde entier dans le secret et improbable espoir de trouver des enfants qui seraient peut-être susceptibles, un jour, de reformer la Chevalerie d'Athéna. Il ne comprenait pas pourquoi il y croyait, ça paraissait si absurde ce genre de convictions au XXe siècle. Pourtant cet Aïoros avait donné sa vie pour ce bébé et quoi ? Il avait quatorze ans, quinze ans, peut-être ? Quel jeune homme de cet âge et à notre époque serait capable d'un geste d'une telle abnégation s'il n'était guidé par une foi qui avait donné des preuves de sa réalité ? Des éclats de voix le sortirent de ses pensées, provenant de la chambre voisine de la sienne, là où il avait installé le bébé.
— Allons, Tatsumi, que se passe-t-il ? demanda-t-il à son majordome en entrant dans la chambre.
— Monsieur, regardez la petite Saori ! répondit celui-ci sans quitter le berceau des yeux.
Et là Mitsumasa Kido vit quelque chose d'incroyable. Une chose qui acheva de le convaincre qu'Aïoros disait la vérité. Il s'approcha de la petite fille qui riait aux éclats. Elle était nimbée d'une aura dorée. Lorsque cette aura le toucha, il ressentit une telle puissance qu'il en fut d'abord effrayé, mais tout de suite, il sentit également un sentiment de sérénité. Puis il fut ému aux larmes en recevant de plein fouet une vague d'Amour d'une intensité phénoménale. Il sut au fond de lui qu'il avait devant les yeux la réincarnation de la Déesse Athéna, il n'avait plus aucun doute. La Gardienne de l'Humanité, de l'Amour, de la Paix, de la Liberté et de la Justice vivait dans ce petit corps. Il comprit à cet instant que lui aussi, il serait capable de mourir pour la protéger. Il prit la petite fille dans ses bras et se tourna vers son majordome qui observait, effrayé et fasciné à la fois.
— Tiens, prends-la Tatsumi. Ce sera mieux que toutes les explications que je pourrais te donner.
Le serviteur hésita, mais devant l'insistance de son employeur et ami – il aimait à le considérer ainsi – il prit le bébé et l'allongea dans son bras. Le même phénomène se produisit. À son tour, il fut conquis par la petite Déesse. Il regarda Kido. Aucun mot ne fut nécessaire, ils s'étaient tous les deux compris d'un simple regard. De ce jour, les deux hommes œuvrèrent ensemble à l'avenir de ce divin bébé…
À suivre…
