Disclaimer : tout l'univers de Saint Seiya que vous reconnaîtrez aisément appartient à Masami Kurumada. L'auteur de cette fanfiction ne retire aucun profit de son utilisation si ce n'est le plaisir d'écrire et d'être lue.

Résumé : un Sanctuaire inconnu va se retrouver mêlé, contre son gré, aux problèmes que va rencontrer celui d'Athéna à cause d'une nouvelle menace non divine. Pour la combattre, les Chevaliers, les Spectres, les Marinas et les Guerriers Divins vont être ramenés à la vie. L'histoire se déroule après la Guerre Sainte contre Hadès.

NOTE IMPORTANTE : cette histoire a été écrite en 2007/2008. Elle n'est donc pas nouvelle. Mais lorsque je l'ai relu et que j'ai vu toutes les fautes qui m'avaient échappé, j'ai eu honte d'avoir publié un texte aussi épouvantable avec des erreurs d'école primaire. Je ne l'ai pas réécrite pour lui conserver l'esprit dans lequel je l'ai rédigé et le charme qui a plu à l'époque, mais je l'ai corrigée. Il doit certainement rester des coquilles, mais au moins, je me sens moins embarrassée de présenter ce texte. Vous y trouverez certainement de la naïveté et de la simplicité. Je n'ai pas éliminé la première version pour garder précieusement les commentaires qui m'ont tant fait plaisir.

Si vous la lisez, j'espère qu'elle vous plaira. Et si vous la relisez, peut-être apprécierez-vous de la redécouvrir. N'hésitez pas à le dire, je n'ai jamais mordu mes lecteurs. ^^

Quoi qu'il en soit, bonne lecture.

Chapitre 4

Sanctuaire de Gaïa, avril 1995

À l'intérieur de la petite grotte, Kamryl se tenait assise en tailleur devant la Flamme comme son maître Zinya le faisait bien des années auparavant. Elle avait entendu l'appel de Gaïa si fort qu'elle avait couru tout le long du sentier pierreux. Elle fixait la lumière sans bouger, respirant à peine depuis de longues minutes. Sa vue se voila, prélude à une vision. Elle vit nettement la porte des Enfers. Elle lut la phrase inscrite sur le fronton "Vous qui entrez ici, abandonnez tout espoir" ce que jamais les Chevaliers d'Athéna n'avaient fait. Jamais… Elle vit ensuite le corps d'un homme, assez grand, sans armure, vêtu d'une chemise et d'un pantalon de toile blancs. Il avait de longs cheveux vert pâle. Mais lorsqu'elle vit son visage, l'Oracle ne put retenir un cri de stupeur. Sur son front, elle distinguait nettement deux points violets. C'était un Atlante. Il y avait, à l'heure actuelle, trois guerrières d'origine Atlante dans le Sanctuaire et elles étaient persuadées d'être les dernières représentantes de leur peuple avec le jeune apprenti du Domaine d'Athéna. Et voilà que Kamryl découvrait que ce n'était pas le cas. Elle devra les prévenir…

Oui Kamryl, tu le feras et elles seront très heureuses de l'apprendre, murmura une voix dans sa tête.

— Qu'est-ce que… mais… qui parle ? sursauta-t-elle, inquiète.

C'est vrai que tu entends ma voix pour la première fois, je suis ta Déesse, Gaïa.

— Ma Dé… Par les Dieux !

J'ai beaucoup de choses à te dire et peu de temps pour le faire alors laisse-moi parler. Si j'en ai la force, j'essaierai de répondre à tes questions. Cet homme que tu viens de voir, mes guerrières doivent aller le chercher dans les Enfers. Je ne peux pas le ramener, je n'en ai plus la force. Vous le garderez deux jours dans mon Sanctuaire et vous le déposerez à l'entrée du Domaine Sacré d'Athéna avec le Chevalier Divin de Pégase. L'ultime bataille approche et ma petite fille aura bien besoin d'aide. As-tu des questions?

Kamryl était encore sous le choc. Jamais Zinya ne lui avait dit qu'elle entendait la voix de la Déesse.

Parce que ce n'était pas le cas tout simplement. Ton pouvoir dépasse le sien et elle le savait, expliqua Gaïa. Si je te parle, c'est parce que les mots valent mieux dans certaines situations que des images.

— Pourquoi dis-tu que tu as peu de temps ? s'enquit l'Oracle.

Parce que bientôt je ne serais plus. Je ne ferais plus qu'un avec ma Création, la Terre. Cette planète, que j'ai créée, a absorbé toute mon énergie et tous mes pouvoirs. Avant la fin de ce siècle, j'aurai disparu. Vous devrez alors demander à Athéna de vous protéger et de défendre la Flamme Sacrée de la Vie que je vous ai confiée. Vous lui prêterez allégeance et ferez le serment de préserver ses valeurs, qui sont aussi les miennes, jusqu'à la mort.

— Qu'adviendra-t-il de ton Sanctuaire lorsque tu ne…

Il sera toujours là, et vous le garderez avec Athéna. Il est votre demeure, il représente toute votre vie. Il vous accueillera toujours. Mais la menace qui pèse sur l'Humanité est bien réelle. La Flamme sera en danger et vous devrez la protéger.

— Pourquoi est-ce que…

Non, plus de questions, je suis épuisée. Il y a une dernière tâche dont je dois m'acquitter et il faut que j'économise le peu de force qu'il me reste.

— Cet homme, quand doit-on aller le chercher ? demanda encore Kamryl.

Le plus tôt possible. J'essaierai de revenir te parler. Maintenant va, accompli ton devoir avec courage et honneur. J'ai confiance en vous…, mes filles…

Kamryl sentit Gaïa se retirer de son esprit et s'évanouir complètement. Elle battit des paupières pour retrouver son environnement. Curieusement, elle n'était pas aussi fatiguée qu'elle l'aurait cru. Elle but à la gourde qu'elle avait amenée avec elle et mangea une grosse pêche jaune juteuse. Sans plus attendre, elle sortit de la grotte et se rendit au Palais pour rencontrer la reine.

— Et tu dis que c'est Gaïa qui t'a parlé ? répéta Lysia, incrédule.

— Nous devons aller chercher cet Atlante. Il semble qu'Athéna ait grand besoin de lui.

— Et comment on fait pour descendre dans les Enfers ? demanda Kayla. On s'tranche la gorge et on s'éveille au huitième sens comme Athéna l'a fait ou plutôt comme Saori ? railla-t-elle, s'attirant des regards de reproches de la reine et de l'Oracle.

— Les cinq Bronze ne sont pas morts et pourtant ils l'ont fait. Vous devrez vous rendre dans les ruines du château d'Hadès. L'entrée est toujours là

— Très bien, poursuivit la sœur cadette de la reine. On descend aux Enfers, et après ? On le trouve comment ce type, cet Atlante ? Parce qu'à mon avis les Enfers c'est un peu plus grand que notre Sanctuaire !

— Je pense que tu dois emmener Mursia et Orlyna avec toi. Naralys aussi. Les jumelles le trouveront j'en suis certaine, affirma Kamryl.

— Tu veux que mes quatre meilleures guerrières se rendent au Royaume des Morts ? s'offusqua Lysia. Et si les Abarites attaquent entre-temps qui mènera l'armée ?

— Tyrin me remplacera. Elle a été Commandant Suprême et les filles la suivront.

— Majesté, que décides-tu ? fit Kamryl, un peu inquiète par l'air dubitatif de sa souveraine.

— J'ai confiance en Gaïa, elle ne nous a jamais tourné le dos et j'ai confiance en toi Kam. Kayla prévient tes guerrières, vous partez dans l'heure.

L'Oracle et le Commandant Suprême de l'armée s'inclinèrent devant leur Reine et se mirent à la recherche des trois autres Amazones. Tout le long du chemin qui les mena aux arènes, elles ne prononcèrent pas un mot. Kamryl savait ce qui inquiétait la jeune femme. L'Arayashiki… Parviendraient-elles à s'éveiller au huitième sens pour aller vivantes aux Enfers et en revenir ?

Elles trouvèrent les trois jeunes femmes en plein entraînement. Kayla les invita à les suivre jusqu'à la villa de l'Oracle où, après leur avoir servi des rafraîchissements, Kamryl leur dévoila leur mission. Elles se téléportèrent au château d'Hadès, vêtues de leurs armures d'Or. Les quatre guerrières pénétrèrent dans la sinistre bâtisse en ruine derrière Kamryl. Celle-ci s'arrêta en haut de l'escalier en colimaçon qui s'enfonçait dans les entrailles de la Terre.

— Vous devez trouver en vous la foi pour accomplir votre objectif. Ou bien vous n'atteindrez pas le huitième sens.

— Comment on sait qu'on l'a atteint ? demanda Naralys.

— Si vous êtes vivantes une fois arriver, vous le saurez.

— Super ! Ça, ça m'rassure ! ironisa Mursia.

— En d'autres termes, si on crève, c'est qu'on l'a pas trouvé, renchérit Kayla.

— Soyez sérieuses un instant ! s'emporta l'Oracle. Il ne s'agit plus de cogner sur les Abarites à tour de bras ! Cette mission c'est Gaïa qui vous la confie. Elle a confiance en vous.

— Comment peux-tu en être aussi sûre ? insista Orlyna.

— Parce que je le sais. Lorsque nous sommes entrées ici, j'ai ressenti l'approbation de la Déesse. Et vous aussi !

Les quatre guerrières avaient effectivement perçu un éclat de cosmos bienveillant et protecteur.

— Alors vous allez me faire le plaisir de faire votre devoir avec courage et honneur. C'est votre Déesse qui vous le demande !

Kamryl avait presque crié les derniers mots. Les jeunes filles ne doutèrent plus. Elles avaient foi en leur Déesse, en leur Oracle, en leur force. Elles iraient dans les Enfers et en ressortiraient avec cet Atlante. Elles le ramèneraient puisque Gaïa l'avait ordonné. Lisant l'acceptation dans leurs yeux, Kamryl se retourna vers le précipice.

— Je vous attendrai ici le temps qu'il faudra. Maintenant, allez, et que la Déesse vous protège.

Les quatre jeunes femmes s'engagèrent dans les escaliers au bas desquels elles se retrouvèrent dans un lieu bien étrange. Une lumière sombre et rougeâtre baignait l'endroit. Tout autour d'elles il n'y avait que des rochers, des canyons étroits et profonds. Il n'y avait pas un bruit. Un silence pesant les enveloppait, menaçant. Elles percevaient par intermittence des éclats de cosmos résiduels pleins de haine, de colère ou de terreur. La souffrance était palpable.

— C'est lugubre, dit Mursia

— Le mot est faible, murmura sa sœur, en la poussant pour passer.

— Bon ! On n'est pas là pour faire du tourisme, ironisa Kayla pour détendre un peu l'atmosphère, alors on y va, on prend l'colis et on rentre !

— Et on va où ? railla Naralys.

— C'est vous qui devez nous l'dire, fit leur Commandant en se tournant vers les jumelles Atlantes.

— On devrait grimper sur cette falaise, on aura peut-être une meilleure vue du terrain, suggéra Mursia.

En quelques bons puissants, elles atteignirent le haut de l'immense mur de pierre. Sous leurs yeux, un paysage identique. De la roche, des parois rocheuses abruptes, des gorges et des canyons. D'un même mouvement, les jumelles se tournèrent vers un point lointain.

— Là-bas, dit Mursia.

— Je sens quelque chose de familier, poursuivit Orlyna.

— En route ! ordonna Kayla en s'élançant à quatre ou cinq fois la vitesse du son vers l'endroit indiqué par les deux sœurs.

Elles coururent longtemps, près d'une heure. Rien n'était venu entraver leur progression. Les spectres avaient été tués par les Chevaliers d'Athéna et les Enfers semblaient en proie à une certaine désorganisation. Mais nul doute que Zeus allait y mettre bon ordre en l'absence d'Hadès. Après tout, les morts devaient bien aller quelque part.

Elles arrivèrent à la frontière d'une vaste étendue blanche et gelée. À perte de vue, il n'y avait que de la glace. De la surface émergeaient par endroit, des bras, des têtes, des jambes. Elles avancèrent dans ce décor sépulcral, observant de tous les côtés. Comment faire pour trouver cet homme ?

— Le Cocyte, souffla Naralys, ne pouvant retenir un frisson qui la parcourut de la tête aux pieds.

— De ce côté, leur indiqua Orlyna du doigt. Il y a une zone protégée par une cosmoénergie très puissante.

— Ce cosmos nous l'avons senti dans le château…, se rappela le Commandant Suprême.

— C'est celui de…, commença Naralys.

— Gaïa ! termina Kayla.

— C'est notre objectif, confirma Mursia.

Elles arrivèrent à la limite de la zone étrange. Il n'y avait rien. De la glace, de la glace et encore de la glace !

— Bon, vous êtes sûres que c'est là ? Parce que, fait pas chaud ici ! bougonna Naralys, de mauvais poil.

— Aucun doute, c'est là…

— Mais y a rien là ! s'emporta Kayla.

— Attendez… regardez, souffla Orlyna les yeux braqués sur un point précis.

Comme si une nappe de brouillard s'était déchirée, un corps apparut sous leurs regards ébahis. Un homme. Il était vêtu d'un pantalon et d'une chemise d'un blanc immaculé. Il avait de longs cheveux vert clair et comble de la surprise, deux points violets ornaient son front. Les quatre guerrières s'approchèrent lentement de lui, presque avec déférence, craignant de le voir disparaître. Kamryl avait averti les jumelles, mais le voir, là, en chair et en os sous leurs yeux, c'était une sensation incroyable. Naralys s'agenouilla et posa ses doigts à la base du cou.

— Il est vivant, déclara-t-elle, mais à peine.

— Alors on s'active. Mursia, Orlyna va falloir le téléporter, il est…

Kayla s'interrompit en voyant l'expression des jumelles. Elles regardaient cet homme, d'un air incrédule. Complètement sous le choc, elles ne réagissaient pas. Un Atlante, comme elles. C'était le deuxième dont elles découvraient l'existence. Elles avaient toujours cru être les dernières de leur race avec leur mère Belta, et voilà qu'elles avaient sous les yeux un second représentant mâle de leur peuple, bien qu'elles n'aient jamais vu celui qui vivait dans le Sanctuaire d'Athéna.

— Oh ! Hé ! Les filles ! On s'remue ! les engueula Kayla. J'comprends c'que vous ressentez, mais si vous voulez avoir une chance de l'connaître un jour, on doit repartir. Et tous vivants de préférence ! Réveillez-vous, bordel !

L'éclat de voix de leur Commandant Suprême les ramena à la réalité de leur situation. Elles ne savaient plus trop ce qu'elles éprouvaient. De la joie frisant l'euphorie, de la crainte, de la curiosité, mais leur devoir les appelait.

— Mursia est-ce qu'on peut se téléporter jusqu'au passage ?

— Je sais pas, mais on peut essayer.

— Attend, la coupa sa sœur, je perçois des fluctuations dans ce monde. J'ai peur que l'on ne se retrouve pas à notre point de départ.

— D'accord, approuva Kayla. Et en faisant des bonds à vue, pas trop longs ?

— Ça c'est jouable, confirma Orlyna.

— Bon alors on y va. L'objectif c'est de sentir le cosmos de Kamryl.

Mursia se concentra et le corps de l'homme se souleva du sol soumis à la télékinésie de la jeune femme. Elles posèrent leurs mains sur lui et Orlyna entreprit de les téléporter par petits sauts jusqu'à ce qu'elles pensent être à l'endroit où elles avaient pénétré dans les Enfers.

— En tout cas, fit Naralys entre deux bonds, y a quelque chose de positif dans tout ça, à part le fait d'avoir peut-être sauvé cet homme.

— Ah oui ? Et quoi donc ? demanda Kayla, le visage fermé.

— On s'est éveillé à l'Arayashiki.

Les deux jeunes femmes se regardèrent, un large sourire éclairant leurs visages. Ne pensant qu'à leur mission, elles en avaient oublié ce foutu huitième sens. Elles avaient la foi, elles croyaient en la justesse de leur cause, elles avaient une confiance aveugle les unes envers les autres et ça faisait toute la différence.

— Je sens le cosmos de Kamryl, fit la voix fatiguée de Mursia.

— Moi aussi, augmentez les vôtres pour qu'elle sache qu'on est de retour.

Une lueur dorée enveloppa les quatre jeunes femmes et l'Atlante. Une distorsion apparue leur indiquant l'emplacement du passage. Orlyna les téléporta une dernière fois au sommet des escaliers et Mursia posa doucement l'homme sur le sol.

Kamryl les attendait, mais aussi Physia la reine mère, Lysia la reine et Belta la mère des jumelles. Cette dernière posa les yeux sur l'homme que ses filles venaient de ramener et des larmes inondèrent son regard. Mirtha, le chirurgien en chef, se pencha sur le corps et vérifia les signes vitaux.

— Il va bien, Belta peux-tu nous téléporter jusqu'à la clinique ? Je dois le garder endormi pendant quarante-huit heures avant de le ramener à Athéna.

La mère des jumelles s'exécuta. Les autres se matérialisèrent devant la porte de l'établissement médical. Kayla et Naralys respirèrent à pleins poumons l'air frais et pur de leur Sanctuaire. Lysia regarda les deux jeunes femmes avec une fierté non dissimulée. Depuis de très nombreuses années, les protégées de Gaïa vivaient paisiblement, ne se préoccupant que des attaques des Abarites. Mais là, cette mission venait de les plonger définitivement dans cette Guerre Sainte. Elles venaient d'aider, anonymement pour l'instant, la Déesse Athéna. Et c'est sa petite sœur qui avait d'accompli cette tâche avec ses amies. Les quatre jeunes guerrières s'étaient éveillées au huitième sens, elles étaient descendues aux Enfers et en étaient revenues en vie, avec celui à qui Gaïa accordait une grande importance. Et, cerise sur le gâteau, il s'agissait d'un autre Atlante. Physia, sa mère s'approcha de sa fille cadette et lui posa les mains sur les épaules, plongeant son regard dans celui de Kayla.

— Je pensais que ta vie et celle de ta sœur s'écouleraient paisiblement, un peu comme la mienne, mais je crois que toutes les deux, vous allez être appelées à accomplir de grandes choses.

— Maman, tu délires un peu là, fit Kayla, gênée. On n'a rien fait de spécial, on n'a rencontré personne, pas une seule seconde, on n'a été en danger. C'était pas si difficile, tu sais.

— Descendre vivantes dans les Enfers, subtiliser un corps avec son âme et en revenir toujours en vie, tu trouves que ce n'est rien ? dit Lysia, se mêlant de la conversation. Elle prit la main de sa sœur avant de poursuivre.

— Tu n'as pas l'air de réaliser que vous venez de nous faire entrer de plain-pied dans cette guerre aux côtés d'Athéna. Nous risquons de nous heurter à des Guerriers ou des Chevaliers du camp adverse et ils n'ont rien en commun avec les Abarites. On ne pourra pas les balayer d'un simple revers de la main. Nous devrons faire appel à tout notre savoir de l'art de la guerre.

— On sait qui sera l'ennemi ? questionna Kayla.

— Non, toujours pas, lui répondit sa mère, mais ce sera forcément un Dieu et ses serviteurs.

— Alors, c'est comment les Enfers, s'enquit la reine en attrapant Kayla et Naralis par le bras et les entraînant vers la ville.

Physia et Kamryl les regardèrent s'éloigner, les couvant des yeux.

— Dans quoi sommes-nous embarquées ? murmura la Reine mère, comme pour elle-même avec un soupir d'inquiétude.

— Fais confiance à la Déesse, elle nous protégera. Ce qu'elle nous a demandé de faire jusqu'à présent, en prenant soin de ces Chevaliers, je suis certaine que c'est parce qu'ils auront un rôle à jouer très important. Je suis persuadée qu'ils sont aussi très puissants et qu'Athéna aura besoin de leur force.

— Athéna aurait pu reformer sa chevalerie.

— Majesté, tu oublies que les armures d'Or n'ont pas réintégré le Sanctuaire. Nos espionnes nous l'ont confirmé. Des Chevaliers sans armures ne pourraient pas tenir bien longtemps face à l'ennemi.

— Oui, j'avais oublié. As-tu une idée de l'adversaire que devra affronter Athéna ?

— Non. Mais ce que je sais, c'est que les techniques traditionnelles de combat ne seront pas suffisantes. Il y avait trop de morts dans mes visions. Cette guerre sera… apocalyptique.

Les deux femmes prirent le même chemin pour rentrer en ville, chacune plongée dans ses pensées.

Belta et ses filles étaient au chevet du rescapé quand Kayla et Naralys les rejoignirent. Les trois Atlantes ne quittaient pas des yeux cet homme qui leur ressemblait tant. Elles craignaient de le perdre vue, qu'il disparaisse si elles ne le regardaient plus. Si elles savaient qu'il y en avait un autre au service d'Athéna, elles ne l'avaient jamais approché. Alors que là… Les deux jeunes femmes se glissèrent silencieusement auprès des jumelles.

— Alors, ça va ? chuchota Kayla à leur intention.

— Ça va, lui répondit Mursia sur le même ton en glissant sa main dans celle de son amie. Je n'en reviens toujours pas.

— Ouais, j'imagine ! Et après quelques secondes : "En plus il est trop mignon !" pouffa-t-elle, espérant ainsi détendre un peu l'atmosphère.

— Il pourrait être notre frère, glissa Orlyna.

— Ça ce serait dommage ! sourit Naralys avec un regard entendu.

— Les filles, vous devriez sortir pour discuter, les interrompit Belta.

— Mais maman…, protesta Mursia.

— J'ai dit dehors ! Allez, filez !

Une fois sorties de la clinique, elles marchèrent sans un mot jusqu'à un petit parc et s'assirent sur des bancs à l'ombre d'un vénérable chêne plusieurs fois centenaire.

— On doit les ramener au Sanctuaire d'Athéna après-demain, leur rappela Kayla. Ma sœur veut qu'on s'en charge.

— La mission jusqu'au bout hein, railla Naralys.

Kayla s'allongea sur le banc la tête sur les genoux de Mursia qui lui caressa le front machinalement. Leurs yeux se rencontrèrent, l'Atlante rapprocha son visage de celui de son amie et lui murmura :

— Promets-moi qu'on va le revoir !

— Tu sais bien que je ne peux pas, lui répondit la jeune femme, mais je peux te promettre de faire tout mon possible pour t'aider à supporter son absence.

Elle passa sa main derrière la nuque de Mursia et l'attira pour l'embrasser. Leurs lèvres se touchèrent avec la douceur des ailes d'un papillon, mais Kayla serra son amie et leurs langues se trouvèrent.

— Hé ! Allez faire vos cochonneries ailleurs ! les chambra Naralys en se tournant vers Orlyna qu'elle embrassa à pleine bouche. Elles éclatèrent de rire et se levèrent.

— Faut qu'on aille faire notre rapport sinon ta sœur va nous écharper ! plaisanta Mursia d'un ton plus léger. On se retrouve ce soir, dit-elle à Kayla.

Leurs pas les avaient menés jusqu'au Palais où elles se séparèrent pour vaquer à leurs devoirs. Kayla avait immédiatement compris que Mursia était tombée sous le charme du jeune homme inconscient, couché dans ce lit, et qui ignorait tout de son existence. Elle l'avait lu dans les yeux de son amie à l'instant où elle était entrée dans la chambre de la clinique. Si Orlyna le détaillait avec curiosité, Mursia avait un voile dans le regard qu'elle connaissait bien. Elle était fascinée par cet homme. Elle donnerait cher pour savoir qui il était et pourquoi il avait une si grande importance pour Athéna, d'après les dire de Gaïa. Elle tapa son rapport sur son ordinateur et l'envoya à sa sœur par e-mail. Ensuite elle contacta Mursia par télépathie et l'invita à dîner avec elle. Elles passèrent la nuit à faire l'amour avec tendresse et passion sur des musiques de Marvin Gaye…

Sanctuaire d'Athéna, avril 1995. Deux jours plus tard…

Les gardes du Domaine Sacré faisaient des rondes à l'intérieur et à l'extérieur de la barrière de cosmos qui protégeait le Sanctuaire. C'est lors d'une de ces patrouilles qu'ils les trouvèrent. Deux corps étendus devant l'entrée tout à côté du poste de garde. Ce n'était pas la première fois que des ivrognes s'écroulaient ivres morts aux abords du Domaine, mais quand les gardes virent que l'un des deux hommes était un Atlante, ils contactèrent le Chevalier de garde. Ce soir-là, c'était Shiryu. Il avait senti des cosmos tout proche quelques minutes auparavant, mais le phénomène n'était pas nouveau. Il sortit rapidement de sa chambre dans l'appartement réservé à l'officier de quart et partit en courant vers le poste de garde.

Lorsqu'il arriva sur les lieux et découvrit pourquoi on l'avait appelé, il tomba à genoux, incapable de tenir sur ses jambes tant elles tremblaient. Il avait du mal à respirer, ses larmes brouillaient sa vue. Soudain il fit exploser son cosmos avec une telle puissance qu'il réveilla tout le Domaine. Quelques minutes plus tard, Shun, Hyoga, Marine, Shaina et Kiki l'entouraient, lui et les deux corps tandis que les gardes se tenaient un peu à l'écart. Le jeune apprenti de Mû n'avait jamais vu Shion, mais d'instinct il sut qui il était. Son maître lui en avait si souvent parlé.

Entre-temps, le Dragon avait transporté les deux hommes à l'abri de la barrière de cosmos. Devant leurs yeux écarquillés, encore sous le choc de cette extraordinaire vision, Seiya et Shion reprenaient lentement connaissance. Voyant qu'ils n'étaient pas en train d'halluciner collectivement, tous entourèrent les deux revenants. Des revenants, certes, mais pas des fantômes. Ils étaient bel et bien vivants. S'asseyant sur le sol sec et caillouteux, Seiya croisa le regard de Shiryu, puis il vit Hyoga, Shun et tous les autres.

Marine s'approcha et s'accroupit devant lui. Il la scruta avec les yeux de quelqu'un qui fouille dans sa mémoire. Il ne se souvenait pas de ce visage, mais la tenue de la jeune femme remua quelque chose en lui et toute sa vie déferla dans son esprit. Elle lui tendit la main et l'aida à se relever.

— Ton… masque ? chuchota-t-il d'une voix rauque qu'il ne reconnut pas.

Elle lui fit son plus beau sourire, empreint d'une immense tendresse.

— Ce n'est plus obligatoire. Athéna a aboli cette règle.

— Seiya ? l'interpella doucement Shun.

— Shun ? C'est bien toi ?

— Oui, bien sûr.

— Mais… tu as changé. Tu es… plus vieux…

— Tu risques d'être choqué par ce que je vais te dire, poursuivit Marine. Tu es, toi aussi, plus âgé que lors de ton dernier affrontement contre Hadès.

— Comment ça ? Combien ?

— En bien… de plusieurs années, commença Shun préparant doucement le terrain.

— Combien ? répéta Seiya le regard plus dur.

— Euh… neuf… neuf ans, murmura Marine dans un souffle

— Hein ? Neuf… tu veux dire que… j'ai… vingt-deux ans ?

— C'est exact, comme moi, s'empressa d'enchaîner Shun pour ne pas lui laisser le temps de réfléchir. Tu as aussi changé physiquement, tu es devenu un homme.

— Où est Saori ? demanda-t-il de but en blanc sautant du coq à l'âne.

— Ne t'inquiète pas, Athéna va bien, elle est à Tokyo. Elle partage sa vie entre le Sanctuaire et la Fondation Graad, lui expliqua rapidement Marine.

Pendant ce temps auprès de Shion que personne ne connaissait hormis les Chevaliers Divins, Shiryu et Hyoga l'informaient également de la situation. Il fut moins étonné que Seiya, après tout, il était revenu d'entre les morts pour se battre encore une fois pour Athéna, et il avait quelque chose comme deux cent soixante et un ans. Rien ne pouvait plus le surprendre. Il se posait surtout des questions. Qui que soit la divinité qui l'avait ressuscité – parce que ça ne pouvait être qu'un Dieu pour avoir un tel pouvoir – en lui conservant le corps qu'il avait à dix-huit ans, il lui en était reconnaissant. Mais surtout, il se demandait pourquoi. Pourquoi était-il jeune ? Pourquoi était-il vivant ? Pourquoi les femmes chevaliers ne portaient-elles plus leurs masques ? Où était Athéna ? Quelle était la date d'aujourd'hui ?

Il se tourna vers Seiya et lut la confusion sur son visage. Shiryu et Hyoga s'approchèrent de leurs frères d'armes, leur ami et le prirent dans leur bras. Seule Shaina restait en retrait, attendant un moment plus calme pour l'aborder à son tour. Elle réalisa qu'elle ne le connaissait plus. Elle se souvenait d'un gamin de treize ans, un peu fou, avec un baratin pas possible, horripilant à certains moments, craquant à d'autres, tête de mule aussi, mais d'une loyauté indéfectible envers sa Déesse. Là, elle avait un homme sous les yeux. Beau, séduisant, avec un corps d'homme, des mains d'homme… Elle secoua la tête et chasse toutes ses idées érotiques de son esprit. Pour l'instant il fallait s'occuper d'eux. Les jours à venir promettaient d'être riches en émotions.

— Écoutez-moi tous, fit Shiryu d'une voix puissante. Que tout le monde regagne ses quartiers, et que les gardes reprennent leurs patrouilles.

Malgré quelques murmures de protestation, chacun obéi.

— Nous allons vous emmener au Palais, poursuivit Shun en posant sa main sur l'avant-bras de Shion. Celui-ci le regarda et lui décocha un sourire malicieux.

— Je sais que j'ai l'air en pleine forme, mais j'ai pas l'intention de grimper tous les escaliers à pieds. On va se téléporter.

— On ne peut pas dans l'enceinte du Sanctuaire, lui rappela Shiryu avec un regret dans la voix, vous devriez le savoir.

— Et toi tu devrais savoir que rien n'est impossible pour un Grand Pope, le taquina-t-il. Même si c'est un ex-Grand Pope.

En un clin d'œil, ils avaient gagné le Palais. Shion fut plus ému qu'il ne l'aurait cru en revoyant cette salle. Il pensa à Star Hill, le Mont Étoilé où seul les représentants de la Déesse avaient le droit de se rendre pour lire dans le mouvement céleste les destins et les évènements à venir. C'est également là que, après avoir escaladé le piton rocheux, Saga, Chevalier d'Or des Gémeaux, sous l'emprise d'un esprit maléfique, l'avait assassiné. Une vague de souvenirs, aussi nombreux que les étoiles dans le ciel, le submergea et il dut faire un effort pour se reprendre. Il se sentait en pleine forme, il n'avait pas faim, il n'avait pas soif, mais son esprit était embouteillé par un foisonnement de questions sans réponses.

— Saori était en réunion, elle sera là demain dans la matinée, mais elle sait ce qui s'est passé, déclara Shun qui venait d'avoir Tatsumi au téléphone.

— Déjà ? Mais on lui a rien dit ! s'étonna Hyoga.

— Il paraît qu'Athéna a perçu l'explosion du cosmos de Shiryu quand il les a trouvés. Faut dire qu'il a fait fort sur c'coup-là ! sourit le Chevalier d'Andromède.

— Shun, où est ton frère, s'enquit Seiya tout en redoutant un peu la réponse.

— Je suis ici mon ami.

Tous se retournèrent au son de cette voix rocailleuse et profonde pour voir un Ikki radieux avec un sourire qui lui faisait trois fois le tour de la tête. Seiya se leva de sa chaise et courut presque vers le Phénix, des larmes pleins les yeux. Ikki ouvrit les bras et serra son frère contre lui. La joie et le bonheur de cette étreinte étaient si intenses que les autres Chevaliers s'approchèrent d'eux pour les embrasser à leur tour. Shion et Kiki les observaient, un sourire bienveillant aux lèvres. Les cinq Chevaliers Divins sont à nouveau réunis, pensa l'ancien Grand Pope. Il perçut la profonde affection qu'ils se portaient, l'amour fraternel qui les unissait. La puissance de ces sentiments était telle, que même les Dieux n'y avaient pas résisté. Effondrer les grands Hadès et Poséidon, écroulés, balayés, devant cet amour qui les liait les uns aux autres et qui les liaient à leur Déesse.

Marine et Shaina s'étaient tenues à l'écart, laissant les hommes entre eux. Elles en avaient profité pour faire rapidement préparer deux chambres supplémentaires dans le Palais.

Ils étaient assis sur les canapés du salon. Shion se sentait un peu comme un intrus. Il ne les avait vus que quelques minutes lorsqu'il leur avait ordonné d'amener son armure à Athéna pour qu'elle puisse affronter Hadès à armes égales et à ce moment-là, lui-même portait un surplis. Mais à la vue du résultat, il ne doutait pas une seconde qu'ils fussent des hommes hors du commun.

— Vous avez accompli un miracle. Vous êtes les dignes Chevaliers d'Athéna. C'est la force de vos convictions qui vous a permis une fois encore de vaincre.

Ce qui l'amena tout naturellement à penser aux Chevaliers d'Or. Qu'avaient-ils fait pour que ces cinq-là soient victorieux ?

— Ils se sont sacrifiés, s'entendit-il répondre par Seiya comme s'il avait lu dans son esprit.

L'ex-Grand Pope, perdu dans ses pensées, n'avait pas remarqué que les cinq hommes le regardaient, et suivaient le fil de ses réflexions comme s'ils lisaient un livre ouvert.

— Toutes les armures d'Or se sont réunies devant le Mur des Lamentations, commença Shun.

— Elles sont entrées en résonance et les âmes de Chevaliers d'Or morts sont apparues. Ils ont tous revêtu leur armure, poursuivit Hyoga. Même l'âme de Kanon s'est unie à celle de Saga dans l'armure des Gémeaux.

— L'âme de Kanon… jointe à celle de Saga ? s'étonna Shion, qui écoutait, fasciné.

— Oui. Le vieux maître nous a expliqué que pour détruire ce Mur, ils devaient reproduire la lumière du Soleil, qu'ils n'y parviendraient qu'en faisant exploser leur cosmos poussé au-delà du possible, continua Shiryu.

— Ils se sont tous unis dans la flèche d'Or d'Aïoros et il la décocha vers le Mur. Nous sommes sortis avant ça parce que nous n'aurions pas résisté à la concentration d'une telle puissance de destruction. Lorsque nous sommes revenus, il y avait un énorme trou dans le Mur des Lamentations, mais les Chevaliers d'Or n'étaient plus là, termina Seiya.

Shion les regarda, les uns après les autres. Ainsi donc, voilà comment avait fini la plus puissante génération de Chevaliers d'Or qu'Athéna n'avait jamais eu, dans une explosion de cosmos, de dévouement et d'Amour pour leur Déesse. Même les Gémeaux, ces deux frères ennemis s'étaient finalement retrouvés et unis dans le combat. Treize Chevaliers d'Or, magnifiques de puissance, d'Amour et d'abnégation dont certains, comme lui, étaient revenus du Royaume des Morts pour offrir leur vie encore une fois.

Et lui était en vie, à nouveau, mais pas eux. Il laissa ses larmes couler, il n'en avait pas honte. Elles étaient un hommage, une offrande à ces treize hommes d'exception qui se sacrifièrent pour que la Paix, l'Amour, la Justice et Liberté règnent sur la Terre.

Alors il laissa ses larmes couler…

À suivre…

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