Disclaimer : tout l'univers de Saint Seiya que vous reconnaîtrez aisément appartient à Masami Kurumada. L'auteur de cette fanfiction ne retire aucun profit de son utilisation si ce n'est le plaisir d'écrire et d'être lue.

Résumé : un Sanctuaire inconnu va se retrouver mêlé, contre son gré, aux problèmes que va rencontrer celui d'Athéna à cause d'une nouvelle menace non divine. Pour la combattre, les Chevaliers, les Spectres, les Marinas et les Guerriers Divins vont être ramenés à la vie. L'histoire se déroule après la Guerre Sainte contre Hadès.

NOTE IMPORTANTE : cette histoire a été écrite en 2007/2008. Elle n'est donc pas nouvelle. Mais lorsque je l'ai relu et que j'ai vu toutes les fautes qui m'avaient échappé, j'ai eu honte d'avoir publié un texte aussi épouvantable avec des erreurs d'école primaire. Je ne l'ai pas réécrite pour lui conserver l'esprit dans lequel je l'ai rédigé et le charme qui a plu à l'époque, mais je l'ai corrigée. Il doit certainement rester des coquilles, mais au moins, je me sens moins embarrassée de présenter ce texte. Vous y trouverez certainement de la naïveté et de la simplicité. Je n'ai pas éliminé la première version pour garder précieusement les commentaires qui m'ont tant fait plaisir.

Si vous la lisez, j'espère qu'elle vous plaira. Et si vous la relisez, peut-être apprécierez-vous de la redécouvrir. N'hésitez pas à le dire, je n'ai jamais mordu mes lecteurs. ^^

Quoi qu'il en soit, bonne lecture.


Chapitre 6

Sanctuaire d'Athéna, avril 1995. Le lendemain…

Saori avait demandé à Seiya de la rejoindre dans son bureau. Athéna l'avait retenue jusqu'à tard dans la nuit et elle n'avait pas pu aller le retrouver. Elle entendit des pas approcher dans le couloir et son cœur fit un bond dans sa poitrine.

— Bonjour, fit Seiya après qu'elle lui ait dit d'entrer.

— Bonjour, Chevalier, répondit Athéna. J'ai accaparé Saori très longtemps, mais j'ai terminé ce que je voulais faire. Je vous laisse entre vous.

— Ça me surprendra toujours ce changement de personnalité chez toi, fit le jeune homme.

— Oui, j'imagine, murmura-t-elle espérant qu'il ne remarquerait pas qu'elle le dévorait des yeux. J'ai une très bonne nouvelle à t'annoncer, poursuivit-elle pour masquer son trouble.

— Les amures d'Or sont revenues ? plaisanta-t-il avec un sourire malicieux aux lèvres.

— Non, j'aurais prévenu tout le monde, sinon ! Mon grand-père t'avait fait une promesse et moi aussi si tu t'en souviens bien.

— Comment j'aurais pu oublier ! Mais jusqu'à présent vous l'avez pas tenue, déclara-t-il froidement, un reproche dans la voix.

— J'honore toujours mes promesses, Seiya, répliqua-t-elle sur le même ton. Nous avons retrouvé ta sœur Seika.

— Quoi ! Où est-elle ? cria-t-il en bondissant de son fauteuil et plaquant ses mains sur le bureau de Saori comme s'il allait lui sauter à la gorge.

— Calme-toi, elle est à Tokyo, au manoir Kido. C'est elle qui dirige la propriété en mon absence depuis que Tatsumi est invalide. Ça va faire cinq ans maintenant.

— Tatsumi invalide ?

— Oui, un accident de voiture.

— J'l'ai jamais aimé, mais j'suis quand même désolé pour lui.

— Seika a repris son poste de régisseur.

— Je veux la voir ! Je veux partir à Tokyo !

— Si tu patientes un peu, je t'emmène avec moi. Laisse-moi finir ce que j'ai à faire ici et ensuite nous partirons. Après toutes ces années, tu peux bien attendre encore un peu, glissa-t-elle avec un léger sourire.

— D'accord, laissa-t-il tomber après quelques secondes, déçu. Il regagna son fauteuil et cala son menton dans sa main d'un air boudeur.

— Maintenant que le Domaine Sacré a de nouveau un Grand Pope, je vais pouvoir m'occuper davantage de la Fondation. Et s'il y a une urgence, nous pourrons toujours revenir avec le jet. Et puis tu pourras profiter encore quelque temps de tes amis.

— Oui, tu n'as pas tort. Que dirais-tu de passer la journée avec moi si Athéna n'a plus besoin de toi ? s'enquit-il préférant un sujet moins sérieux.

— Il faut que je montre à Shion comment se servir de l'ordinateur pour gérer le Sanctuaire en mon absence. Je dois le voir cet après-midi, mais si tu veux, on dîne ensemble.

— C'est d'accord, répondit-il d'un air résigné

Il lui décocha ce sourire qui la faisait fondre et sortit du bureau. Une fois dehors, il s'adossa à la porte et ferma les yeux tentant de calmer les battements de son cœur. Il se demandait encore comment il avait réussi à se contrôler pour ne pas tout simplement la prendre dans ses bras et lui faire l'amour directement sur le bureau, même s'il savait qu'ils auraient été maladroits tous les deux. Il lui avait fallu faire un effort surhumain. De plus il avait bien vu la façon dont elle le regardait. Savoir aussi qu'il allait retrouver sa sœur l'avait certainement aidé à focaliser son esprit sur autre chose que la magnifique et désirable jeune femme qui était devant lui. Il passa une main sur son visage pour s'éclaircir les idées. Ses frères devaient l'attendre aux arènes pour s'entraîner. Passer le moment euphorique des retrouvailles, la vie au Sanctuaire reprenait ses droits. L'entraînement et la formation des futurs Chevaliers étaient leur priorité.

Quelques jours après son retour, Shion terminait de rédiger un e-mail avant de l'envoyer, lorsqu'il ressentit le besoin impérieux de se rendre à Star Hill. Il attendit la nuit et se dirigea vers le piton rocheux où lui seul avait le droit de se rendre. Arrivé sur l'esplanade qui s'ouvrait largement sur la mer et le ciel, il ne put réprimer une violente émotion en se remémorant la dernière fois qu'il était venu. Il était mort, tué par Saga alors que le Chevalier était en proie à la possession d'un esprit démoniaque. Il sortit un fauteuil inclinable sur lequel il s'allongea et ferma les yeux. Il devait se mettre en harmonie avec l'univers avant de tenter d'en percer les secrets. Il n'avait pas fait cela depuis longtemps et doutait d'y parvenir avant un bon moment. Il inspira et expira profondément, lentement, laissant son esprit se vider de toutes ses pensées. Il se focalisa sur l'infini de l'espace, son immensité, son mystère. Il atteignit un niveau de concentration si élevé qu'il respirait à peine. Il sentait l'univers en lui, il ne faisait qu'un avec. Alors il la vit.

Une étoile rouge qui n'appartenait à aucune constellation. Elle était invisible même au plus puissant des télescopes d'aujourd'hui, Hubble. Trop lointaine, trop sombre. Pourtant, Shion la voyait bien distinctement. L'étoile scintillait d'une lumière de plus en plus vive comme si elle voulait être sûre d'être bien vue par le Grand Pope, comme si elle s'adressait directement à lui. Il en éprouva un profond malaise. Puis soudain il la vit exploser en milliard de particules. Il sursauta violemment, éprouvant une sensation d'étouffement, comme une main qui aurait enveloppé son cœur pour le broyer. Il ouvrit les yeux et se redressa sur le fauteuil, hagard, le souffle court. Le sang battait à ses temps et une peur insidieuse lui tordit le ventre.

— Non… pas encore. Ce n'est pas possible…

Son murmure se perdit sur ses lèvres et il couvrit son visage de ses mains. Il commençait à entrevoir les raisons de son retour et de celui de Seiya. Tout n'était pas terminé, une bataille les attendait, encore une. Mais comment faire face avec une Chevalerie aussi réduite ? Il avait perçu une sensation d'urgence dans son observation, mais peut-être qu'Athéna aurait le temps de trouver et former de nouveaux Chevaliers. Mlaheureusement, sans les Armures d'Or comment résister ? Les Chevaliers Divins étaient bien là, leurs Armures aussi, qu'il avait entrepris de réparer tout en formant Kiki, mais il n'était que cinq, avec six Bronze, deux d'Argent et quelques apprentis qui bientôt passeraient leur épreuve pour obtenir leur Amure. C'était dérisoire, bien insuffisant face à ce qui les attendait. Ils avaient besoin des Chevaliers d'Or. Nouveaux, anciens, peu importe, mais il leur fallait l'élite des protecteurs d'Athéna. Sans ça, ils n'auraient aucune chance…

Il regagna sa chambre, trop fatigué pour informer Athéna. Il la verrait demain. Quelques heures de plus ou de moins n'y changerait pas grand-chose de toute façon. Il enleva son blouson et retira sa chemise. Il prit une douche brûlante, avec le fol espoir que l'eau entraînerait avec elle tout ce qu'il venait de découvrir. Il laissa tomber le drap de bain au pied du lit et se coucha. Quelques minutes plus tard, il dormait profondément…

Levés à l'aube, les cinq Chevaliers Divins étaient déjà aux arènes pour s'entraîner. Shiryu affrontait Shun et ce dernier avait réussi à emprisonner le Dragon dans sa Chaîne Nébulaire. Hyoga de son côté tentait de geler les Ailes du Phénix tandis que Seiya commentait les défauts qu'il percevait. Lentement, le lieu commença à se remplir d'apprentis avec leurs Maîtres.

— Tu joues les arbitres ? fit une voix de femme derrière lui. Il se retourna et rencontra un regard d'un vert profond.

— Shaina ! sursauta-t-il abasourdi. Je commençais à croire que tu me fuyais.

Il la détailla sans vergogne et la jeune femme se troubla. Elle n'était plus l'adolescente qui avait tenté de lui reprendre l'Armure de Pégase ou encore qui s'était interposée entre lui et Poséidon lors de la bataille du Sanctuaire Sous-Marin pour lui sauver la vie. Elle était devenue très belle. Il s'avança vers elle et la prit dans ses bras.

— C'est sympa de nous rejoindre, lui dit-il avec un magnifique et sincère sourire. À chaque fois que j'vois quelqu'un que j'ai connu, j'm'aperçois que j'ignore qui il est, et que tout est à refaire.

Depuis son retour, elle était restée à l'écart, ne se sentant pas le droit de lui rappeler qu'ils avaient un contentieux tous les deux. Étant donné les circonstances, ça aurait été du plus mauvais goût. Mais depuis le temps et les épreuves endurées, n'y avait-il pas prescription ?

— Dans les grandes lignes, les gens ne changent pas tant qu'ça, répliqua-t-elle gentiment. Seuls quelques détails évoluent dans leur caractère et leur personnalité.

— Tu as sans doute raison… Allez ! Viens à côté d'moi et aide-moi à commenter... ses combats lamentables ! termina-t-il en criant ses derniers mots.

— Lamentables ? s'insurgea Ikki en stoppant net son attaque qui filait vers le Chevalier du Cygne. Approche un peu, canasson volant ! On va voir de quoi t'es capable !

— Avec plaisir !

Il sauta dans l'arène et s'inclina devant Hyoga qui d'un geste théâtral lui céda sa place en riant.

— En garde canari déplumé !

— Hoo Yoku Ten Sho ! cria Ikki alors qu'un Phénix de flammes se matérialisait derrière lui.

— Pegasus Ryusei Ken ! rugit également Seiya alors que le mythique cheval ailé apparaissait comme le Phénix.

Les deux attaques filaient l'une vers l'autre à plusieurs fois la vitesse du son et s'entrechoquèrent à mi-chemin entre les deux Chevaliers. Bien que n'ayant pas la puissance pour tuer, l'onde choc balaya toute l'arène, surprenant les apprentis et leurs maîtres qui se trouvaient à plusieurs dizaines de mètres de là. Hyoga qui ne s'était pas suffisamment éloigné se retrouva le nez dans le sable, sonné.

Ikki et Seiya qui avaient évité leurs attaques mutuelles se précipitèrent vers Hyoga avec Shun et Shiryu.

— Ça va ? demanda Shun un peu inquiet.

Le Cygne s'assit en grimaçant.

— Mouais ! J'avais jamais goûté au sable de l'arène ! Il est franchement dégueulasse ! plaisanta ce dernier avec un sourire.

— Il est presque midi, observa Shiryu. On devrait remonter au Palais pour le déjeuner. Shaina, tu t'joins à nous ?

— Avec plaisir, leur répondit-elle, trop heureuse de rester un peu plus longtemps près de Seiya.

Elle connaissait les sentiments qu'il éprouvait à l'égard de Saori et savait qu'ils avaient dîné en tête à tête quelques jours plus tôt. Mais ils n'avaient pas passé la nuit ensemble comme elle s'y attendait. Athéna n'était pas encore prête à sacrifier sa précieuse virginité. En un sens, Shaina plaignait Saori. Elle ne connaîtrait peut-être jamais le plaisir que peut donner le corps d'un homme, surtout quand les sentiments sont très forts. Seiya ne l'aimait pas, pas comme elle l'aurait voulu, mais s'il venait vers elle, une chose était sûre, elle ne le repousserait pas. À défaut d'avoir son cœur, elle aurait son corps.

L'ascension des douze Temples se fit dans le silence. Cette présence dorée qu'ils sentaient leur faisait mal à tous. Ce mutisme, c'était du respect envers les absents. À chaque fois que le Chevalier Pégase empruntait ses escaliers, il devait faire un effort colossal pour contenir ses larmes et ne pas laisser sa colère exploser. Il les avait parcourus à plusieurs reprises et c'était la même chose à chaque fois.

À la fin du repas, Shiryu, Shun, Hyoga et Ikki repartirent entraîner les novices. Shaina et Seiya restèrent à table, terminant leur café.

— Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? s'enquit la jeune femme ton léger.

— Pour l'instant j'vais retrouver Seika. Saori m'emmène avec elle à Tokyo dans quelques jours.

— Tu dois être fou d'joie de revoir ta sœur "et d'être avec… elle?" fit-elle en gardant la suite pour elle.

— Bien sûr. J'avais six ans quand on a été séparé. Et toi, t'as un apprenti ?

— Oui. Il va bientôt passer l'épreuve pour l'amure de Persée.

— Mmm… j'ai un mauvais souvenir de son précédent porteur. Il nous avait transformés en statue de pierre Shun et moi, et Shiryu s'était mutilé les yeux pour pouvoir le terrasser.

— C'était il y a longtemps Seiya, les choses ne sont plus les mêmes. Shion n'est pas Saga.

— Ce n'était pas non plus Saga…

— Non… tu as raison.

— J'ai une question qui m'trotte dans la tête, fit-il en se resservant une tasse de café après en avoir offert à la jeune femme qui refusa. Quand ils sont revenus des Enfers, Shiryu et Hyoga étaient guéris ?

— Oui. Ils ont dit qu'ils avaient senti une puissante cosmoénergie, Shun est même persuadé qu'il s'agit d'une divinité.

— Oui, on en a parlé.

— Tout l'monde s'accorde pour croire que leur guérison vient aussi de ce cosmos.

— C'est curieux quand même…

— Quoi donc ?

— J'ai parlé avec Shion le jour de notre retour un peu avant qu'on aille se coucher. On a eu les mêmes impressions. Une absence totale de sensation sauf la certitude de ne pas être mort. Et ensuite, il y a notre "résurrection", la guérison de Hyoga et Shiryu. J'ai un mauvais pressentiment. Je crois que tout ça n'arrive pas pour rien et que ça va nous tomber dessus encore une fois.

— La Guerre Sainte est terminée, qu'est-ce que tu veux qui s'passe ?

— Qu'est-ce qui nous dit qu'c'est fini ?

— Poséidon est retourné dans son urne scellée par d'Athéna et Hadès est mort. Et Arès ne se montrera pas avant un demi-siècle, je vois pas où tu veux en venir, Seiya.

Il s'était redressé et avait posé sa main sur le bras de Shaina. Interdite, elle se figea. Il la regarda dans les yeux pour être sûr qu'elle comprenne bien ses paroles.

— Y a pas qu'les Dieux principaux qui peuvent s'en prendre à la Terre et à Athéna. Y peut y en avoir d'autres. S'ils s'unissent, ils sont capables d'être très puissants !

— Mais enfin de quoi tu parles ? questionna-t-elle en fronçant les sourcils d'incompréhension.

— Je ne sais pas comment l'expliquer, commença-t-il en resserrant sa pression sur le bras du Chevalier d'Argent. C'est une impression, une sensation, un pressentiment, appelle ça comme tu veux. C'est là, dans un coin de ma tête, comme une petite alarme qui clignote en permanence.

Shaina posa à son tour sa main sur celle de Seiya, dans un geste d'apaisement.

— Change-toi les idées alors ! Ça t'évitera de trop penser à cette petite alarme clignotante.

Ils se regardèrent un long moment. Quelque chose passa entre eux. Leurs visages se rapprochèrent, lentement, encore jusqu'à ce que leurs lèvres se touchent. Doucement d'abord, puis Shaina sentit qu'il passait une main derrière sa nuque pour l'empêcher de s'éloigner. Elle ne résista pas quand elle sentit la langue douce de Seiya partir à la recherche de la sienne. Elle sourit intérieurement en sentant sa maladresse due à son inexpérience, mais c'était charmant. Leur baiser se fit plus profond, plus ardent. Il se leva de sa chaise, l'entraînant avec lui. Il passa un bras autour de sa taille et elle crut qu'elle rêvait en sentant ce corps ferme et musclé contre lequel elle se laissa aller. Mais quelque chose la stoppa net. Elle posa ses mains sur sa poitrine et le repoussa doucement.

— Shaina, je… je suis désolé…

— C'est rien… c'est juste que… je veux pas me faire des souvenirs au-delà de mes moyens…

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

— Depuis ce jour où tu m'as vu sans masque, je t'ai aimé Seiya. Malgré les années où tu n'étais plus là, j'éprouve toujours des sentiments très forts, mais je sais que tu n'les partages pas. Tu es amoureux de Saori. Si j'peux pas avoir ton cœur alors j'préfère renoncer à toi.

Ils baissèrent tous les deux la tête, remettant de l'ordre dans leurs idées. Shaina avait été à deux doigts de se laisser aller au désir qu'elle ressentait, pourtant, elle y avait pensé pas plus tard qu'à midi lorsqu'ils montaient les marches tous ensembles, mais le corps sans le cœur, ce n'était pas pour elle. Elle voulait tout ou rien.

— Je… je sais pas quoi te dire…

— C'est rien… j'vais m'faire une raison.

Elle le laissa seul, les mains appuyées sur la table, tremblant de frustration. Curieusement, elle ne se sentait pas aussi affectée qu'elle l'aurait cru. Ça avait été presque facile de dire stop. Lui, il aimait une femme qu'il ne pouvait avoir et celle qui était amoureuse de lui renonçait à l'aimer parce qu'elle était fière et digne. Et il ne pouvait en vouloir ni à l'une, ni à l'autre, mais uniquement à lui-même. Il avait eu envie d'embrasser Shaina, mais ce n'était qu'une attirance physique. S'ils avaient été jusqu'au bout, il aurait sans cesse pensé à Saori et ça n'aurait pas été honnête envers aucune des deux. Il ébouriffa ses cheveux d'un geste rageur et sentit poindre une migraine.

Shion se réveilla de bonne humeur malgré ce qu'il avait vu dans les étoiles la veille. Il décida d'envoyer son rapport à Athéna par l'entremise d'un e-mail. Il commanda son petit-déjeuner et s'attela à la tâche encore en robe de chambre. Quelques minutes plus tard, Thémis entra en poussant une desserte. Le sang de Shion ne fit qu'un tour lorsqu'il aperçut la jeune femme. Il avait remarqué qu'à chaque fois qu'il demandait quelque chose aux cuisines, c'était elle qui le lui apportait. Était-ce une coïncidence ou un fait exprès ? Ne pouvant détacher les yeux de ce corps si tentant, il se laissa envahir par le désir qu'il éprouvait.

— Voulez-vous que je commence à faire la chambre Monseigneur ? demanda la jeune femme.

Et si on défaisait le lit plutôt ! Bien sûr, fais ce que tu as à faire, répondit-il un sourire carnassier aux lèvres. Ah que la chair est faible! songea-t-il. Chassez le naturel, il revient au galop! Libertin j'ai été, libertin, je reste.

Il avala rapidement son café et ses croissants pour enfin se mettre en chasse. Tandis qu'elle posait les vêtements du Grand Pope sur une chaise pour débarrasser le lit, il s'approcha de sa proie à pas de loup.

— Veux-tu que je t'aide ?

Elle se retourna, surprise de l'entendre si près, et en perdit l'équilibre pour se retrouver assise sur lit.

— Non, voyons ! Ce n'est pas à vous de faire ça, s'offusqua-t-elle en se remettant debout.

— Ça ne me gêne pas tu sais, lui confia-t-il avec une expression gourmande sur le visage, ainsi tu auras fini plus vite.

— C'est inutile, mais je vous remercie.

Bien. Le chasseur avait approché sa proie, mais elle était intelligente, il allait avoir besoin d'un piège pour la mettre à sa merci. Tandis qu'elle commençait à refaire le lit, il plaça une de ses chaussures derrière le pied de Thémis par télékinésie. La jeune femme trébucha et se retrouva par terre avec un petit cri de douleur.

— Eh ben alors, fit-il faussement navré, tu ne tiens plus debout. Tu ne t'es pas fait mal ? Fais-moi voir ta cheville.

Il la prit dans ses bras pour l'asseoir sur lit. C'était presque trop facile, mais Shion s'amusait comme un gosse. Thémis frissonna à ce contact. Elle pouvait sentir le corps dur et ferme du Grand Pope et en fut troublée. Elle se sentait bien dans ses bras. Il ôta la sandale qu'elle portait et examina la cheville. Il se félicita que Thémis porte une jupe aujourd'hui. Il passa doucement ses doigts sur la peau fraîche, appuyant à certains endroits.

— Tu as mal quand j'appuie ? demanda-t-il en plongea son regard améthyste dans les prunelles grises de la jeune servante.

— Non, murmura-t-elle.

Il poursuivit son examen en remontant sur le bas du mollet, puis la regarda à nouveau.

— Et là ?

— Non plus…

Ils ne se quittaient plus des yeux. Shion remonta sa main jusqu'au genou caressant le creux qu'il savait très sensible. Il vit le regard de Thémis s'assombrir et une lueur de désir le traverser. Il se releva et s'approcha de son visage. Il regarda ses lèvres bien ourlées légèrement entrouvertes. Elle était prête à se faire dévorer. Il s'approcha encore, il pouvait sentir son souffle à chaque fois qu'elle respirait. Enfin, il l'embrassa tout doucement. Elle répondit à peine, mais cela lui confirma que le piège était en train de se refermer. Il accentua son baiser la poussant en arrière pour l'allonger sur lit. Elle n'opposa aucune résistance. Il prit appui sur les bras pour ne pas l'écraser de son poids… pas encore. Mais qu'elle ne fut pas sa surprise lorsqu'il sentit deux mains se glisser dans ses cheveux et l'attirer. Tel était pris qui croyait prendre. Le chasseur devenait la proie. Il commençait à ressentir une certaine tension au niveau de l'aine. Entrouvrant ses lèvres, sa langue partit à la recherche d'une compagne de jeu qu'elle trouva sans difficulté. S'appuyant sur un coude, il libéra son autre main pour une exploration plus intime. Il glissa cette main sous le t-shirt et caressa la peau douce et chaude du ventre. Dans le même temps, il avait quitté sa bouche pour s'occuper du cou et de la gorge de la jeune femme. Elle avait passé ses bras autour de son cou et lui caressait le haut du dos tout en rejetant sa tête en arrière pour s'offrir aux baisers brûlants qui allumaient un incendie dans son ventre.

— Tu n'es pas farouche toi, lui murmura-t-il à l'oreille d'une voix chargée de désir.

— Pourquoi le serais-je ?

Il la débarrassa de son t-shirt et de son soutien-gorge en un éclair et entreprit d'explorer cette peau si douce et parfumée. Thémis gémissait à chaque caresse. Elle dégagea les épaules de Shion de sa robe de chambre, dessinant de ses doigts le contour des muscles durs de son dos. Contre sa hanche, elle sentait le désir se dresser et cela l'excita davantage. Shion avait de plus en plus de mal à se contrôler. Sa bouche suçait un sein, l'aspirant, le tétant tandis que sa main torturait délicieusement l'autre. Il fit glisser la jupe et le slip de Thémis et se redressa pour s'emplir les yeux de sa beauté. Lorsqu'il croisa son regard brûlant de désir et de sensualité, il comprit que la jeune femme n'était pas si innocente qu'il l'avait cru au départ. Et comme si elle avait lu dans ses pensées, elle le repoussa lentement pour le faire rouler sur le dos. Elle s'allongea sur lui. Shion frissonna à ce contact entier. Elle l'embrassa, un baiser profond, puis elle suivit la courbe de la mâchoire, de la langue, elle agaça le lobe de l'oreille, lui arrachant un soupir de plaisir, elle descendit sur le cou, la poitrine, traçant des lèvres et de langue des sillons de feu. Elle s'arrêta sur une pointe de chair pour la martyriser. Tout son corps ondulait sur celui du Grand Pope, le rendant fou de désir. Elle glissait toujours plus bas, et Shion sentit son sexe se lover entre les seins de la jeune femme. Elle descendit encore, sa joue contre la colonne de chair palpitante, déposant ses lèvres dans le creux de l'aine.

La respiration de Shion était saccadée, son cœur battait dans sa poitrine comme s'il voulait s'en échapper. Thémis embrassa la peau sensible et fine puis elle effleura de sa langue toute la longueur. L'Atlante fut parcouru par une décharge électrique et cambra son corps. Si elle continuait, il ne répondait plus de rien. C'est à cet instant qu'elle ouvrit la bouche pour l'avaler. Shion pensa qu'il allait mourir de plaisir et cria. Elle commença des mouvements horriblement lents et d'une exquise cruauté sur cette lance de chair. Il dut faire appel à toute sa maîtrise pour ne pas se laisser aller dans le chaud fourreau. Mais au bout de quelques minutes, il préféra mettre un terme à cette caresse pour pouvoir reprendre le contrôle de la situation. Il l'attira à lui et la renversa.

C'était à son tour de la faire délicieusement souffrir. Il commença sa descente au paradis parsemant chaque centimètre carré de peau d'un baiser. Lorsqu'il arriva en haut des cuisses de la jeune femme, il les écarta pour enfin découvrir le trésor caché. Il embrassa avec avidité cette intimité douce et rose. Sa langue plongea à la recherche du petit bouton de chair, centre de toutes les voluptés. Thémis se cambra dans un cri, maintenant sa tête pour l'obliger à continuer. Du coin de l'œil, il observait les réactions de sa partenaire. Elle semblait complètement éperdue de désir. Ses mains griffaient les draps quand elles ne se perdaient pas dans les cheveux de Shion. Il insinua un doigt, puis un second dans la cavité chaude et humide pour la caresser de l'intérieur tout en prolongeant le supplice de sa langue. Elle arriva au paroxysme du plaisir en criant sous la torture de Shion. Sans plus attendre, il se glissa entre ses jambes et entra en elle d'un mouvement lent et puissant à la fois. Son feulement d'extase fit écho à celui de Thémis.

Il en avait rêvé et savoura, immobile, la vague de plaisir qui montait en lui inexorablement. Il commença à bouger en elle, se retirant pour mieux replonger dans cet antre paradisiaque. À chacun de ses retours, Thémis gémissait. Elle croisa ses jambes sur les reins de l'Atlante lui imprimant un rythme plus rapide. Il ne fit pas prier et accéléra la cadence. Le délice des sens était vraiment un don des Dieux. Jamais il ne comprendrait, ceux qui pratiquaient l'abstinence. Si seulement ils savaient de quoi ils se privent…

Il remonta les jambes de la jeune femme sur ses épaules, changeant l'angle de pénétration. Il reprit ses va-et-vient diaboliquement efficaces. Thémis n'était plus qu'un gémissement continu. Elle haletait comme un poisson hors de l'eau, roulant la tête de droite et de gauche complètement offerte à son amant. Rien ne comptait plus que les sensations qui parcouraient son corps entier en vagues de feu. Shion accéléra, il rejeta la tête en arrière et un râle monta dans sa gorge. Elle arrivait au point de non-retour, ses halètements prirent de l'ampleur et ce fut un cri qui franchit ses lèvres quand elle atteignit la jouissance. Elle se cambra, Shion n'avait jamais rien vu de plus érotique en cet instant. Il fut emporté par son propre plaisir et poussa un cri semblable, son corps se tendit comme un arc tandis qu'il se libérait dans le ventre chaud de Thémis. Il s'écroula sur le corps doux et luisant de sueur de la jeune femme, complètement épuisé. Elle l'enlaça, enfouissant son visage dans son cou. Ils restèrent ainsi de longues minutes, savourant ce calme après la tempête qui venait de balayer leurs corps.

Thémis finit par bouger, craignant que Shion ne se soit endormi. Il leva la tête et la regarda.

— On ne peut pas rester comme ça indéfiniment, fit-elle d'une voix douce. Je dois continuer mon travail.

— Et moi le mien. Tu as raison, on ne peut pas rester comme ça.

Il se leva, presque à regret, et lui tendit la main pour l'attirer à lui. Il prit ses lèvres dans un baiser brûlant, le contact de leurs corps nus ravivant le désir.

Se libérant de son étreinte, Thémis ramassa ses habits et les remit rapidement. Shion se dirigea vers la salle de bain pour prendre une douche. Lorsqu'il ressortit avec une serviette autour des reins, il était seul. La chambre était rangée, le lit fait, les vêtements soigneusement pliés sur le dossier d'une chaise et Thémis avait disparu.

Ce n'est pas plus mal, songea Shion, j'ai du boulot et cette beauté a des atouts pour me déconcentrer.

Il termina de se s'habiller et alla rejoindre Athéna pour discuter avec elle de ce que les étoiles lui avaient révélé la veille…

À suivre…