Disclaimer : Tout l'univers de Saint Seiya que vous reconnaîtrez aisément appartient à Masami Kuramada. Les autres personnages sont à moi et ceux de la mythologie à tout le monde.
Chapitre 8
Sanctuaire de Gaïa, fin décembre 1997
Kamryl se hâtait vers le Palais. La vision qu'elle venait d'avoir l'avait laissée plusieurs heures sans énergie. Il fallait qu'elle informe la Reine au plus vite afin qu'elle prenne une décision. Elle était encore trop faible pour contacter son cosmos et ses forces s'amenuisaient à mesure qu'elle parcourait la route. C'est en titubant de fatigue qu'elle poussa la porte du Palais et qu'elle s'effondra dans les bras de Naralys qui avait reconnu la cosmoénergie amoindrie de l'Oracle, et qui allait à sa rencontre.
— Je dois voir… la Reine, haleta Kamryl tendit que la Guerrière la portait au mess des officiers pour qu'elle se repose.
— Mange cette pomme pendant que je te fais un chocolat chaud, je m'occupe de la contacter.
Kamryl obéit sans se faire prier. Naralis prépara le breuvage énergétique et informa sa souveraine de la présence de l'Oracle. Quelques secondes plus tard, celle-ci se téléportait au mess.
— Tu as encore eu une vision, c'est ça, s'enquit Lysia en s'approchant de Kamryl et prenant sa main dans les siennes.
— Oui. Le moment est venu. Il faut aller chercher ces hommes dans les Enfers, comme il y a trois ans.
— Très bien, j'enverrais Kayla, Mursia, Orlyna et Naralis. Elles connaissent déjà le chemin.
— Il en faudra plus, il y a douze corps à récupérer.
— Douze ? sursauta la Reine.
Puis une lueur de compréhension passa dans ses yeux. Leurs espionnes avaient toujours mentionné dans leurs rapports qu'aucun des Chevaliers d'Or d'Athéna n'était revenu à ce jour. Ni leurs armures. Il s'agissait de ces hommes, ce sont eux qu'elles devaient ramener, elle en était certaine.
— Les Enfers ont été repris en main par Hadès depuis que Zeus l'a ressuscité, fit Lysia. Ça risque d'être un peu plus mouvementé que la première fois si Kayla et ses filles croisent des Spectres.
— Il faut faire confiance à Gaïa, elle les protégera.
— Il faut qu'on retourne en Allemagne dans les ruines de cette forteresse lugubre. Si ça se trouve, le Dieu des Enfers l'a aussi reconstruit et elle est occupée.
— Je ne le pense pas Majesté. Aucun rapport ne nous est parvenu dans ce sens, dit Naralys qui suivait la conversation avec grand intérêt.
— Combien de temps avons-nous pour accomplir cette mission ?
— Comme d'habitude, le minimum. J'ai ressenti l'urgence dans ma vision.
— Très bien. Naralys ? fit la Reine en s'adressant au Capitaine de la Garde Royale, je veux que tu confies Kamryl au médecin du Palais. Ensuite tu me rejoindras dans mon bureau. Je contacte ma sœur ainsi que Mursia, Orlyna et Naël puisqu'elle a été promue capitaine. Commence à réfléchir aux Guerrières qui vont vous accompagner, ça nous fera gagner du temps pendant la réunion.
— Bien, Majesté.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Moins de dix minutes plus tard, la Reine et ses cinq Guerrières se retrouvaient dans le bureau royal. Lysia les mit rapidement au courant. Sans perdre plus de temps, elles se consultèrent pour choisir les autres Amazones qui les accompagneraient. Nombreuses étaient celles qui avaient tenté de descendre aux Enfers, aussi bien des Bronze que des Argent, en s'éveillant au huitième sens parce que Lysia l'avait ordonné, sentant qu'il s'agissait là d'une nécessité absolue, et Kayla n'avait que l'embarras du choix.
— Nous allons avoir besoin de Belta pour la téléportation, conseilla Kayla à sa sœur. Ce sera beaucoup plus précis. L'équipe médicale devra nous attendre à notre retour. Naralys ?
— Nous serons quinze en tout. Une guerrière par Chevalier, et trois pour escorter notre convoi. Si tout se déroule comme la dernière fois, nous en aurons pour moins de deux heures.
— Kamryl doit aussi venir pour ouvrir le passage en bas de l'escalier, poursuivit Kayla. Elle est la seule à pouvoir le faire.
Elles avaient tout mis au point en une trentaine de minutes. Lorsqu'elles regagnèrent le hall, dix autres Guerrières les attendaient. Belta regarda ses filles avec fierté et les encouragea d'un clin d'œil. Après que la Reine leur eut souhaité bonne chance, les quinze jeunes femmes disparurent du hall dans un nuage doré, suivit de Belta, Kamryl et des quatre médecins sollicités pour la mission.
Pour la seconde fois, elles se pénétrèrent dans le château d'Hadès en Allemagne. Les rapports ne mentaient pas, il était toujours en ruine. En file indienne, elles descendirent l'escalier en colimaçon jusqu'à se retrouver dans ce paysage qui n'avait pas changé d'un pouce. De la roche, des falaises, des canyons sinistres à perte de vue.
— Par ici, fit Mursia, il y a quelque chose comme quand on a trouvé l'Atlante.
— On y va, ordonna Kayla, et restez sur vos gardes. Il y a beaucoup de cosmoénergies dans le coin.
— La dernière fois, c'était désert, observa Naralys.
— La dernière fois, Hadès était mort, fit Orlyna d'un ton inquiet.
Elles avancèrent prudemment pendant presque une demi-heure lorsque Mursia leur fit signe de s'arrêter.
— C'est ici. La première fois, c'était beaucoup plus loin.
— Mais y a rien, murmura une des filles.
— Ça va venir, lui répondit son Commandant.
Effectivement, un voile de brume sembla se déchirer et onze corps revêtus d'armures d'or apparurent sous leurs yeux ébahis. Le douzième portait un pantalon de toile crème et une tunique bleue, lacérée par endroits.
— Allez, un chacune et vérifiez les signes vitaux.
Elles constatèrent que tous étaient vivants. Tout à leurs observations, elles ne virent pas arriver, une dizaine de Spectres, Radamanthe du Wyvern en tête, habillé de son Surplis. C'est Naralys qui les aperçut la première.
— Kayla, on a un problème, l'avertit-elle par télépathie.
— Pas d'affolement, on va parlementer. Maintenant qu'on est tous en paix, ils nous laisseront peut-être partir sans faire d'histoire.
— Tu crois vraiment c'que tu viens de dire là? la railla Orlyna en lui jetant un regard noir.
— N'oublie pas qu'on n'est pas censé exister, lui rappela Naël
— Ça vient de cette zone, Seigneur Rhadamanthe, disait un spectre. On sent une puissante cosmoénergie, mais il n'y a rien.
— Imbécile ! siffla le redoutable Juge. S'il y a un cosmos, il y a forcément quelqu'un. Restez sur vos gardes.
— Y nous voit pas ou quoi ? s'étonna une Amazone.
— On dirait qu'non ! confirma Mursia.
Rhadamanthe s'approchait de leur petit groupe d'un pas lent et précautionneux, prêt à parer à toute menace.
— Bon si y nous voit pas, on s'active et on dégage, ordonna Kayla sur un ton qui ne souffrait aucun commentaire.
— Commandant, celui-là doit faire dans les cent vingt kilos, protesta une Amazone. Est-ce que Mursia ou Orlyna ne pourrait pas le faire léviter?
— Je m'en occupe, fit Orlyna.
La lévitation ne faisant pas appel au cosmos, il n'y avait aucun risque que le Juge s'en aperçoive. Chargées de leurs précieux fardeaux, elles commencèrent à s'écarter des Spectres en direction de la sortie. Radamanthe sentit la cosmoénergie diminuer comme si celui à qui elle appartenait s'éloignait. Il marcha dans la même direction suivant sans le savoir le petit groupe.
Le retour fut long. Elles portaient chacune un Chevalier sur leur dos et bien qu'elles possèdent une force hors du commun, un gars en armure n'était pas un poids plume. De plus, le Spectre les talonnaient toujours. Ce qu'il ressentait en réalité n'était pas le cosmos des Guerrières, mais celui de Gaïa qu'elle déployait pour tenir les filles invisibles dans les Enfers. Elles parvinrent enfin devant le mur de roche, percevant la présence de Kamryl de l'autre côté. L'Oracle avait compris le danger et implora sa Déesse de rendre le Juge aveugle, le temps qu'elle ouvre le corridor et fasse sortir tout le monde. Mais même sans savoir si sa prière avait été entendue, elle prit le risque. Les Guerrières traversèrent le passage et remontèrent les escaliers. Radamanthe perdit toute trace de la cosmoénergie. Furieux, il fit demi-tour et repartit vers les Spectres. Qu'un seul parle et il terminerait dans le Cocyte. Et sans espoir de résurrection cette fois. En haut des marches, les jeunes femmes posèrent les chevaliers au sol pendant que les médecins faisaient un rapide examen. Belta et ses filles les téléportèrent en deux voyages directement à la clinque. Puis ce fut au tour des Guerrières de rentrer.
De retour au Sanctuaire, elles suivirent une infirmière jusqu'à une immense salle commune. Seules Kamryl, la Reine, Kayla, Naralys, Mursia, Orlyna et Belta y restèrent. Les trois Atlantes furent surprises de voir qu'il y avait encore un autre homme de leur peuple parmi eux. Alors qu'elles allaient de l'un à l'autre en essayant de ne pas gêner les docteurs, elles furent témoins d'un incroyable et magnifique phénomène. Les onze armures se mirent à briller comme le soleil, se détachèrent du corps de leur porteur et se reconstituèrent sous leur forme totem au pied des lits. Et pour couronner le tout, celle du Sagittaire vint les rejoindre. Les douze armures d'Or étaient de nouveau réunies, ensemble comme devant le Mur des Lamentations. Elles entrèrent en résonance et la lueur pulsa doucement, comme pour célébrer ces retrouvailles. Kamryl posa sa main sur le bras du médecin.
— Fais transférer le Chevalier du Sagittaire ici, murmura-t-elle. C'est sa place, auprès de ses compagnons. Ils ont été séparés trop longtemps.
Encore sous le choc, les jeunes femmes regardaient ce qui se produisait sous leurs yeux sans parvenir à y croire. La formidable puissance qu'elles sentaient émaner des armures était telle que cela en était presque effrayant. Kayla enflamma son cosmos et put percevoir le lien étroit qui unissait chaque Chevalier à son armure. Sauf une qui avait un lien avec deux d'entre eux.
Les aides-soignantes entrèrent en poussant le lit d'Aïoros. À peine fut-il à proximité de ses frères d'armes, que les femmes présentes dans la pièce eurent toutes un cri de surprise. Une aura doré enveloppait tous les Chevaliers. Chaque cosmoénergie se mêlait aux autres dans une communion muette et fraternelle. Kayla ressentait la force qui unissait ces hommes.
— Les Chevaliers d'Or d'Athéna sont vraiment des êtres d'exception, chuchota la Reine. Un lien indestructible les unit même par-delà la mort.
— Nous venons d'assister à quelque chose d'unique et de rare, je crois, poursuivit Kamryl. Je commence à comprendre pourquoi Gaïa les a protégés de toutes ses forces.
— En tout cas, c'qu'on a sous les yeux défit les statistiques, ironisa Naralys pour détendre un peu l'atmosphère mystique que le phénomène avait engendrée.
— De quoi tu parles ? se retourna Mursia, les sourcils froncés se demandant quelle bêtise allait encore sortir son amie et elle ne fut pas déçue.
— J'ai jamais vu autant d'beaux mecs au mètre carré !
Elles pouffèrent de rire, même la Reine qui s'avoua que sa Guerrière n'avait pas tort.
— C'est vrai qui sont canons ! renchérit Orlyna. Dommage qu'ils soient endormis, j'leur aurais bien parlé du pays moi !
Kayla et Mursia tentaient de retenir un fou rire qui menaçait d'exploser et sortirent de la pièce par reflex, craignant de réveiller les Belles aux Bois dormants. Elles finirent par laisser les docteurs s'occuper des Chevaliers et toutes regagnèrent le Palais. En chemin, il fut question de couleur d'yeux, de stature, de carrure. Les paris allaient bon train. Bien sûr, Mursia, Orlyna et leur mère Belta ne parlaient que de l'Atlante. Elles en avaient découvert un par le plus grand des hasards et voilà qu'un second faisait son apparition. Belta ne pouvait s'empêcher de penser qu'il ne pouvait s'agir d'une coïncidence. Pour le premier, peut-être, mais avec le deuxième… sans parler de celui du Sanctuaire. Elle ne pouvait s'enlever de l'idée que cette "rencontre" avait un sens. Elle ignorait lequel pour l'instant, mais elle avait confiance en l'avenir, elle savait qu'elle aurait des réponses. Les quatre jeunes Guerrières laissèrent leurs aînées entre-elles et gagnèrent la chambre de Kayla.
— En tout cas, disait Orlyna, j'vais aller les voir aussi souvent qu'possible. On doit les rendre à Athéna dans deux jours, autant en profiter.
— T'es tombée amoureuse ma parole ! la chambra sa sœur, affalée sur le grand lit.
— Et alors ? J'vois pas où est le problème ! se défendit celle-ci.
— Y a peu d'chances qu'on les r'voit, alors faudrait pas qu't'ais l'cœur brisé à cause d'un mec dont t'as même pas vu la couleur des yeux, poursuivit Naralys décidée à sauver la jeune Atlante d'un chagrin d'amour.
Aucune n'avait envie de ramasser le cœur d'Orlyna à la petite cuillère. Elles continuèrent à plaisanter et à fantasmer jusqu'à tard dans la nuit. Kayla se coucha avec un sourire rêveur sur les lèvres. C'est vrai qu'elle n'était pas du tout insensible au charme et au charisme que dégageaient ces treize hommes, même endormis. Qui le serait ? Elle ne trouva pas le sommeil. Elle n'arrêtait de tourner dans son lit sans parvenir à se glisser dans les bras de Morphée. En désespoir de cause, elle se leva et s'habilla chaudement pour aller se promener. Ses pas la menèrent à la clinique, dans la chambre des Chevaliers. Une douce lumière éclairait chacun des lits. Des moniteurs surveillaient les constantes vitales des corps allongés. La jeune femme marcha lentement, regardant chaque visage. Ils avaient l'air endormi, paisibles. Pas un muscle ne bougeait, comme s'ils ne rêvaient pas. Pourtant ils n'étaient pas dans le coma, c'est ce que le docteur avait dit. Seules leurs poitrines se soulevaient légèrement au rythme de leur respiration.
Elle s'approcha de celui qui avait retenu son attention. Il avait un visage dur, mais détendu. Ces traits étaient virils et doux à la fois. Elle toucha d'une main timide les cheveux bleus. Ils étaient doux et soyeux. Elle écarta une mèche du front d'un geste inconscient, puis du revers de la main, elle caressa la joue. Une barbe naissante, ça la fit sourire. Elle aimait les hommes qui avaient une barbe de deux ou trois jours. Elle trouvait que ça leur donnait un air rebelle, elle avait un faible pour les bad boys. Elle se pencha pour respirer son parfum. Elle sentit une légère odeur de transpiration, pas désagréable, très masculine. Elle prit la main du Chevalier dans les siennes. Elles paraissaient puissantes et délicates à la fois. Les ongles étaient parfaitement manucurés et de petites cicatrices prouvaient qu'elles avaient souvent donné des coups. Savaient-elles aussi caresser ? Les caresses ne laissent pas de marques. Soudain elle sursauta.
L'homme avait crispé sa main sur la sienne, broyant ses doigts comme un étau. Elle voulut s'en détacher, mais elle n'y parvint pas. La poigne puissante ne se desserrait pas. Kayla sentait l'affolement la gagner. Elle craignait qu'il ne se réveille, ce qui aurait des conséquences auxquelles elle ne voulait même pas penser. De l'autre main, elle appuya sur le bouton d'alarme. Quelques secondes plus tard, le médecin de garde entra dans la chambre. Elle comprit immédiatement la situation et lança un regard lourd de reproches à la jeune Guerrière qui aurait voulu disparaître dans un trou de souris. Sans prononcer un mot, elles finirent par réussir à écarter les doigts de l'homme sans le blesser et Kayla put récupérer sa main. Le docteur la poussa hors de la pièce après avoir vérifié qu'il ne risquait pas de s'éveiller.
— Mais à quoi tu pensais ? l'incendia-t-elle d'une voix étouffée pleine de colère.
— Mirtha… pardon, je…
— "Tu" quoi ? Sa réaction te prouve à quel point leur sommeil est léger. Qu'est-ce que t'aurais fait s'il s'était réveillé ? Tu t'rends compte d'la puissance de ses hommes ? Il aurait pu te tuer dans un reflex pour se protéger !
— J'voulais pas… C'est lui qui m'a attrapé la main… J'arrivais plus à m'en défaire…
— Tu devrais dormir à l'heure qu'il est. Qu'est-ce tu fais ici ?
— Justement, j'arrivais pas à dormir et j'suis arrivée là en marchant au hasard…
— Au hasard mon œil ! Dis-moi que t'avais envie d'les voir, j'te croirais plus facilement. Bon sang ! T'es le Commandant Suprême de l'Armée ! Mais qu'est-ce que t'as dans la tête ?
— Je suis désolée…
Devant la mine véritablement abattue de Kayla, Mirtha se radoucit. Elle prit la main de la jeune femme et l'entraîna derrière elle jusqu'au bureau des infirmières. Là, elle ouvrit un placard et prit un flacon d'où elle sortit une petite pilule jaune.
— Tiens, fit-elle en tendant le cachet à Kayla, ça t'aidera à dormir.
— Non, j'veux pas d'somnifère, protesta la jeune femme.
— C'est un décontractant, ça va t'aider à te détendre et à t'endormir. C'est pas un somnifère. Avale et retourne te coucher !
À contrecœur, Kayla avala le comprimé avec une gorgée d'eau. Elle se retourna vers Mirtha.
— Tu diras rien à personne ?
— Y a pas eu de conséquence et je pense que t'as eu suffisamment peur comme ça. Inutile d'en rajouter, répliqua le médecin d'un ton froid.
— Merci, souffla la fautive.
Kayla regagna sa chambre comme dans un rêve. Elle avait encore dans le nez le parfum de cet homme, elle ressentait la douceur de sa peau sur sa main et la force de ses doigts. Elle venait de se faire des souvenirs qui allaient alimenter ses fantasmes. Elle sentait une onde chaleur dans son ventre qu'elle connaissait bien et regretta que Mursia soit retourné dormir chez elle. Elle finit par regagner sa chambre. Elle se jeta sur le lit, entoura ses épaules de ses bras et s'endormit d'un sommeil peuplé de rêves érotiques…
Sanctuaire d'Athéna, quarante-huit heures plus tard…
— Ta sœur aurait pu choisir une autre nuit que celle du jour de l'an, ralla Naralys.
— Pourquoi, t'avais rencard ? demanda Orlyna à mi-voix.
— J'devais passer le réveillon à New York avec très beau basketteur. Un Portoricain avec un corps de rêve.
— Oh ! Fermez-la ! Vous allez nous faire repérer ! les coupa Kayla d'une voix sèche. On y va !
Les treize Guerrières chargèrent les corps des Chevaliers sur leurs dos, sauf pour le plus grand qu'Orlyna faisait léviter, et se rapprochèrent du poste de garde du Sanctuaire. Kayla transportait celui qui lui avait attrapé la main. Elle voulait sentir le contact de cet homme contre son corps, son poids, son odeur. Lorsqu'elle le déposa sur le sol, elle se pencha sur lui et l'embrassa dans un geste irréfléchi. Faisant volontairement du bruit pour attirer les patrouilles, les Guerrières se replièrent, hors de vue. Kayla enflamma violemment son cosmos une seconde, pour avertir ceux qui pouvaient le percevoir qu'il se passait quelque chose qui méritait toute leur attention.
Les gardes s'approchèrent de l'endroit où ils avaient entendu un bruit, lorsque Seiya, Marine, Shaina, Hyoga et Ikki se matérialisèrent à leurs côtés avec Shion et Athéna qui avaient perçu un puissant éclat de cosmoénergie. Devant eux, les Chevaliers d'Or commençaient à reprendre connaissance. Des cris de surprise et de joie éclatèrent de tous côtés. Seiya se mit à pleurer comme un gosse et se jeta dans les bras d'Aldébaran. Marine se précipita vers Aïolia qui étouffait son frère Aïoros en larmes. Kiki serrait Mû dans ses bras. Hyoga était avec Camus, Shun avec Aphrodite qui était tombé à genoux le visage dans ses mains. Shura et Death Mask se regardaient, n'osant croire ce qui leur arrivait, Dohko et Shion pleuraient dans les bras l'un de l'autre. Shaina s'approcha de Shaka et le prit dans ses bras. Même s'il fut surpris par ce contact, il serra la jeune femme contre lui et ouvrit les yeux pour graver ce moment dans sa mémoire. Milo pleurait sur l'épaule d'Ikki. Saga et Kanon se regardaient, ne sachant pas comment réagir. Kanon fit le premier pas, Saga, le second. Ils se tombèrent dans les bras, sanglotant, riant, pleurant.
— Pardon Kanon… pardon…
— Pardonne-moi Saga !
— Par les Dieux ! Si tu savais comme je regrette !
— Moi aussi… je m'en veux !
Incapable de tenir plus longtemps sur leurs jambes, ils s'écroulèrent à genoux, se soutenant l'un l'autre. La violence des sentiments qui se bousculaient dans leurs têtes leur arrachait des larmes brûlantes. La douleur leur vrilla le cœur et le ventre. Saga avait du mal à respirer, Kanon le berça pour tenter de le calmer, mais lui-même était ravagé par cette épine de souffrance. Soudain, Saga poussa un hurlement libérateur qui figea tout le monde autour de lui. Kanon attrapa son visage et plongea son regard dans celui de son frère. Leurs cosmos s'enflammèrent, se rejoignirent, se touchèrent avec hésitation et maladresse. Ils retrouvèrent ce lien qui les unissait avant…, oui avant. Ce lien qu'ils s'étaient évertués de toutes leurs forces à détruire, mais aujourd'hui, ils constataient que non seulement ils avaient échoué, mais qu'il était encore plus puissant, plus indestructible, plus beau que jamais.
Chacun sentit les barrières mentales de l'autre s'affaisser et ils reçurent de plein fouet la puissance et la force de leurs sentiments. Curieusement, c'est quelque chose qu'ils avaient entraperçu dans leur Temple lorsqu'ils s'étaient retrouvés face à face, l'un "vêtu" d'une armure d'Or qu'il contrôlait à distance, l'autre d'un Surplis. Et même si Saga avait lancé une attaque jusqu'au Temple d'Athéna, il devait s'avouer, et l'avouer à son frère, que jamais il ne l'aurait tué. Jamais il n'aurait pu. Avoir perçu la présence de l'autre, après de si longues et trop nombreuses années, avait fait remonter tant de souvenirs… C'était juste pour obliger Kanon à abandonner puisqu'il ne pouvait lui dire les raisons véritables de sa mission. Devant cet aveu, ils se serrèrent encore plus fort, ivres de joie de se retrouver et de douleur pour ce qu'ils avaient fait. Au bout d'un moment, ils parvinrent à se calmer et leurs larmes cessèrent peu à peu.
Les autres les regardèrent, émus, mais un peu inquiet pour ces deux frères ennemis qui avaient fini par se retrouver et par s'unir pour combattre ensemble. Shion s'approcha et posa une main sur l'épaule de Saga. Celui-ci sursauta et le dévisagea comme hypnotisé. Le Grand Pope put lire une telle détresse, un tel déchirement dans les yeux du Gémeaux qu'il l'enveloppa de son cosmos pour l'apaiser, pour lui faire comprendre que tout était oublié, qu'il ne lui en voulait pas de l'avoir tué. Saga reçut, pareille à une déferlante, la vague de pardon, de tendresse de Shion. Il s'agrippa à ses épaules comme à une bouée de sauvetage. Kanon les regardait en souriant entre ses larmes lorsqu'il sentit une présence à ses côtés. Il tourna la tête et croisa un regard bleu empreint d'Amour et de douceur. Il eut un hoquet de stupeur lorsque Athéna l'enveloppa à son tour de sa puissante cosmoénergie. Il s'était repenti de ses actes, Milo lui avait fait subir sa "Scarlett Needle" pour éprouver son dévouement et il en avait été heureux. Mais ce n'était rien comparé à ce qu'il ressentait en cet instant. Athéna s'approcha, le serra dans contre elle et l'embrassa sur la joue. Il resta figé de stupeur par une telle familiarité, mais sans qu'il en soit conscient, ses bras se refermèrent sur sa Déesse et il enfouit son visage dans les longs cheveux mauves.
— Merci, lui murmura-t-il à l'oreille d'une voix tremblante d'émotion.
Elle s'écarta de lui et fit la même chose avec Saga. Le Chevalier d'Or des Gémeaux pleura dans le cou de la jeune femme. Elle attrapa son visage et plongea son regard dans celui rempli de larmes du Gémeaux. Elle posa ses lèvres sur sa joue, longtemps. Il ferma les yeux, n'arrivant pas à croire ce qui lui arrivait.
— Je suis là, murmura-t-elle à l'oreille de son Chevalier. Saga, je vais bien. Regarde-moi. Saga, regarde-moi !
Il leva les yeux vers elle, incapable de croire qu'elle était là devant lui, vivante. Il la serra contre lui, faisant fi des convenances. Il avait besoin de la sentir respirer et bouger pour ne plus douter de ce qu'il avait devant lui. Elle le laissa faire jusqu'à ce qu'il se calme et reprenne contenance. Les jumeaux étaient certainement ceux qui avaient le plus de torts à se faire pardonner et Athéna voulait tout faire pour qu'ils se pardonnent à eux-mêmes. Car, contre toute attente, elle savait que les autres Chevaliers d'Or avaient passé l'éponge. Ses hommes n'avaient jamais été aussi unis, aussi soudés les uns aux autres. C'était quelque chose qu'elle ressentait de façon instinctive au plus profond de son être. Elle éprouva alors un sentiment de plénitude, de sérénité et de bonheur indicible. Elle n'avait pas ressenti cela depuis bien longtemps. Elle pleura de joie puis elle augmenta son cosmos, enveloppant tous les Chevaliers, et avec l'aide de Shion, Mû et Kiki, elle les téléporta tous au Palais. Il allait falloir maintenant expliquer aux derniers arrivés, les douze années qui venaient de s'écouler… sans eux…
À l'instant où ils allaient entrer, douze lumières vives survolèrent les Temples et disparurent dans chacun d'eux. Tous avaient les yeux levés, observant le phénomène magnifique. Les armures d'Or venaient de revenir au Sanctuaire auprès de leurs Chevaliers…
Kayla était restée bien cachée, camouflant sa cosmoénergie. Elle voulait voir ses hommes s'éveiller, elle voulait les voir vivants, elle voulait les voir bouger. Mursia la surprit. Elle aussi avait fait demi-tour en ne voyant pas son Commandant.
— Mursia, ils sont magnifiques ! souffla la jeune femme à son amie, l'émotion brisant sa voix.
— Par les Dieux ! Regarde ! Voilà l'troisième Atlante ! faillit crier la Guerrière.
— L'une de ses femmes doit être Athéna. Tu sens sa puissance ?
— Oui ! On a d'la chance d'assister à ça ! On peut sentir jusqu'ici l'Amour qui les unit. C'est fort, très fort.
— Si j'm'écoutais, j'irais les r'joindre ! plaisanta Kayla, mais l'idée l'avait fortement tentée.
— Et dans les bras duquel tu te s'rais jetée ?
— Celui qui tient la femme. J'crois bien qu'j'ai un faible pour lui.
— Lequel ? Y sont trois à avoir une femme dans les bras !
L'Amazone regarda l'Atlante avec un regard amusé, ravie de sa plaisanterie.
— Devine ! lui lança-t-elle avec un sourire mutin.
— Raaah ! C'est malin ! Bon allez, on rentre sinon ta sœur va rameuter toute l'armée pour nous r'trouver.
À contrecœur les deux jeunes femmes quittèrent leur poste d'observation pour retourner dans leur propre Sanctuaire…
Au Palais du Grand Pope, les treize Chevaliers d'Or regardaient avec une stupeur non dissimulée Athéna, les Chevaliers Divins et les Chevaliers d'Argent. Ils avaient quitté des gamins, tout juste des adolescents, ils retrouvaient des hommes et des femmes adultes. Douze longues années s'étaient écoulées pendant lesquelles ils avaient dérivé quelque part dans une dimension parallèle, ne ressentant rien avec juste la certitude de ne pas être morts. Ils avaient ensuite ressenti les cosmos de leurs compagnons et jusqu'à ce qu'ils se retrouvent au Sanctuaire, ils étaient restés ensemble, ou plutôt leurs esprits, ils avaient communiqué les uns avec les autres et avaient appris à se connaître, à s'aimer et surtout ils avaient excusé ceux qui les avaient trahis. Maintenant il fallait que "les traîtres" se pardonnent à eux-mêmes et tous savaient qu'ils feraient tout leur possible pour qu'ils y parviennent.
— S'il vous plaît, fit Athéna d'une voix plus forte pour surmonter le bruit des conversations qui allaient bon train. Le silence se fit et elle fut le point de mire de tous les regards.
— Dire que je suis heureuse de vous retrouver serait très en dessous de la vérité. Lorsque nous avons retrouvé Shion et Seiya il y a trois ans, nous avons toujours gardé l'espoir de vous voir revenir également. Aujourd'hui vous êtes là et même si j'ignore pourquoi vous nous avez été rendu, je remercie du fond du cœur celui ou celle qui l'a fait. Je voudrais juste dire que des chambres ont été préparées au Palais à votre intention. Une dernière chose, nous sommes le 1er janvier de l'année 1998 alors, je vous souhaite à tous et toutes une très bonne et très heureuse année. Et je crois qu'elle le sera…
Les vœux fusèrent de partout, l'occasion pour s'embrasser encore et encore verser des larmes. Avant que tout cela n'arrive, Athéna et ses Chevaliers étaient en train de réveillonner. La joie et le bonheur qui enveloppaient le Sanctuaire ce soir-là transcendaient tout le reste… Il devait être dans les cinq heures du matin quand finalement ils décidèrent d'aller dormir quelques heures. Demain serait un autre jour, le premier jour d'une nouvelle vie…
Dans sa chambre, la Déesse ne comprenait toujours pas comment les Chevaliers d'Or avaient pu revenir de là où ils étaient. Zeus lui-même l'ignorait. Alors où avaient-ils passé ces douze dernières années ? Quelle divinité avait veillé sur eux ? Pourquoi ? Oh ! Bien sûr elle était heureuse de les avoir enfin retrouvés. Elle n'aurait jamais imaginé qu'elle avait autant d'affection pour eux. Depuis le retour de Shion et Seiya, elle avait espéré, mais ça faisait trois ans, ou presque, et même si elle y croyait toujours, son espoir s'était amenuisé. Elle ne comprenait pas et ça ne lui plaisait pas. Pourquoi n'étaient-ils pas revenus plus tôt ? Et est-ce que leur retour ne cachait pas quelque chose de plus grave, en rapport avec ce que Shion avait vu à Star Hill ? Poussant un soupir de lassitude, elle se coucha et s'endormit d'un sommeil agité…
Sanctuaire de Gaïa…
Leur mission accomplie, les Guerrières rejoignirent leurs amies pour fêter la nouvelle année. Naralys avait renoncé à son voyage à New York avec son basketteur. Le retard de Kayla et Mursia passa inaperçu et elles dansèrent jusqu'au bout la nuit.
Le lendemain matin, ou plutôt quelques heures plus tard, Kayla fut réveillée par quelqu'un qui tapait doucement à sa porte. Elle se leva, tituba sur une de ses chaussures, avec une gueule de bois carabinée et de fort mauvaise humeur.
— Thémis ? fit-elle surprise de voir la jeune rouquine aux yeux gris qui travaillait au Palais du Grand Pope.
— Bonne année, ma chérie ! claironna la nouvelle venue en pénétrant dans la chambre en l'embrassant sur les deux joues. J'ai un cadeau pour toi, enfin pour ta sœur, mais j'vais te l'montrer d'abord.
— Bonne année à toi aussi. De quoi tu parles ?
— Oh là là ! La nuit a été courte, on dirait. J'te prépare une aspirine.
Kayla s'assit au bord de son lit sans faire attention au carton que son amie avait posé. Celle-ci revint avec un verre et un comprimé qu'elle tendit à son Commandant Suprême qui l'avala sans protester.
— Regarde c'que j'ai là ! minauda-t-elle en soulevant le couvercle du carton d'un air de conspirateur.
— Thémis, j'suis pas d'humeur là. C'est quoi ton truc, fais voir ?
— Il m'a fallu plusieurs mois pour réunir tous ces documents.
— Quoi ? Quels documents ?
— Tu as sous les yeux les photocopies couleur des dossiers de tous les Chevaliers d'Athéna.
— Quoi ?
Kayla vira d'un geste brusque le couvercle et plongea les mains dans le carton.
— Ah les voilà !
Elle trouva enfin ce qu'elle cherchait. Tout était noté. Date et lieu de naissance, groupe sanguin, lieux d'entraînements. Mais surtout ce que Kayla cherchait, c'était les photos et les noms. Elle mit enfin la main sur celui du Chevalier qui lui avait tenu la main et avec lequel elle dormait toutes les nuits dans ses rêves, une mèche de cheveux qu'elle lui avait coupée et soigneusement tressée, enroulée dans ses doigts. Elle regarda la photo sur laquelle il avait les yeux ouverts et souriait légèrement. Il était jeune sur le polaroïd, mais elle savait que c'était bien lui. La couleur de cheveux était la même, unique. Elle allait remettre le dossier en place et dire à Thémis d'aller le remettre à la Reine quand elle s'arrêta net. Ce qu'elle lisait la surprit au-delà des mots.
— Thémis, t'as jeté un œil sur les dossiers ?
— Rapide. J'ai pas vraiment eu l'temps d'les éplucher, pourquoi ?
— Regarde les techniques de combat, fit Kayla en reprenant le dossier qu'elle avait posé.
— Incroyable ! souffla-t-elle en examinant les feuilles. Ça alors ! Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ?
— D'après la mythologie, commença la jeune femme après quelques secondes de réflexion, Gaïa est l'arrière-arrière-grand-mère d'Athéna. Il est possible qu'elle ait transmis ses connaissances à sa petite fille et qu'Athéna les ait inculquées à ses Chevaliers.
— Ce qui voudrait dire que ce sont eux qui nous ont copiés. Oh les vilains ! ironisa Thémis.
— Je sais pas, c'est juste une hypothèse.
— Je ne vois pas Gaïa en Déesse Guerrière.
— Elle a été la première à lire l'avenir. Elle a provoqué des guerres entre les Dieux et s'est battue à leur côté. T'as séché les cours de mythologie ou quoi !
— Elle a peut-être vu que sa petite fille serait amenée à prendre part à des conflits et comme elles défendent presque les mêmes valeurs, elle a voulu lui donner une chance de vaincre ses ennemis d'où les techniques de combats identiques.
— Viens, on va voir ma sœur. C'est trop bizarre pour être une coïncidence. J'contacte aussi Kamryl, peut-être qu'elle pourra nous en dire plus.
La Reine Lysia et Kamryl étudiaient avec un intérêt croissant les dossiers que Thémis avait photocopiés. La sœur de Kayla devait bien admettre que cette découverte était pour le moins surprenante et assez déstabilisante.
— D'après l'histoire orale qui se transmet d'oracle à oracle, commença Kamryl, Gaïa n'a inculqué ces techniques de combats à nos ancêtres qu'après nous avoir prises sous sa protection. Mais c'était avant la naissance d'Athéna. Gaïa est une déesse primordiale, elle a créé la Terre et tout ce qui y vit. Elle a voulu que ces créations, la faune et la flore soient libres d'évoluer, de créer leur monde, leur civilisation dans l'Amour, la Paix et l'Harmonie avec la nature. Elle les a voulues libres de faire leurs choix. Athéna défend l'Amour, la Paix, la Liberté et la Justice. On peut effectivement penser que la théorie de Kayla est exacte.
— Mais concernant les Chevaliers d'Or, interrogea Kayla, pour quelle raison nous mettre en contact avec eux maintenant ?
— Je pense que cela a un rapport avec la prochaine Guerre Sainte qui aura lieu à l'aube du nouveau millénaire, présuma l'Oracle. Jusqu'à présent, nous n'avons jamais été impliquées dans ces conflits. Il est possible que nous prenions part à celui-là, que nous combattions aux côtés des Chevaliers d'Or d'Athéna parce que l'ennemi sera le plus puissant de tous ceux que la jeune Déesse a affrontés jusque-là. Et plus j'y réfléchis, plus je pense que c'est ce que veut nous dire Gaïa.
— Les Dieux ont oublié jusqu'à notre existence, intervint Lysia, et c'est très bien ainsi. D'avoir vécu, dans l'ombre, nous a permis d'édifier un empire qui nous camoufle et nous fournit ce que nous ne pouvons fabriquer nous-mêmes. S'engager dans cette Guerre serait mettre en péril tout ce que nos ancêtres ont bâti depuis les âges mythologiques.
— Majesté, s'immisça Thémis, la Guerre, on est en plein dedans. Depuis le jour où Zinya a dit à votre mère de récupérer le jeune Chevalier du Sagittaire, on a plongé la tête première dans le conflit. Vous avez des espionnes tout autour et dans le Sanctuaire d'Athéna. Même si pour l'instant personne n'est au courant de nos différentes interventions, les faits sont là. Nous avons choisi notre camp et nous devons considérer que nous avons des ennemis même si nous ignorons encore qui ils sont.
— Thémis a raison, renchérit Kayla. Je ne pense pas que Gaïa nous aurait demandé de descendre aux Enfers, de garder un homme pendant vingt-cinq ans, de bloquer son vieillissement, de rendre ses Chevaliers à Athéna si ce n'était pas pour une bonne raison. La seule chose que je me demande, c'est pourquoi nous n'avons jamais pu participer aux autres guerres ?
— Parce qu'elle a fait de nous les Gardiennes de la Flamme Sacrée de la Vie, dit Kamryl d'une voix solennelle. C'est notre priorité. Si cette fois, elle veut que nous intervenions, c'est parce que la Flamme est en danger.
Les trois jeunes femmes la regardèrent avec une lueur d'effroi dans les yeux. Gaïa allait disparaître en se fondant dans sa création pour ne plus faire qu'une avec elle, la Flamme était menacée, ça expliquait beaucoup de choses. Ce n'était peut-être pas Athéna qui allait avoir besoin de ses Chevaliers pour combattre, mais les Guerrières qui auraient besoin d'Athéna pour protéger la Flamme Sacrée de la Vie… Si quelqu'un avec de mauvaises intentions s'en emparait ou si la Flamme s'éteignait, c'en serait fini de la belle planète bleue et de toutes les formes de vie qu'elle abrite. Les Dieux y compris… Fini…
— Nous allons devoir demander une audience à Athéna, déclara la Reine. Nous devons lui révéler notre existence et lui dire quel a été notre rôle dans cette affaire. Si nous devons nous allier, autant que notre collaboration ne commence pas par un mensonge…
À suivre…
