Chapitre 7
Steve grogna alors qu'il traînait sa jambe blessée jusqu'à son suspect, il avait mal, mais jamais ça ne l'arrêterait. Agacé, mais pas surpris de le trouver mort, il lui fit les poches et récupéra son téléphone. Le calme était revenu sur la ferme, mais cela ne dura pas, les sirènes de police retentirent dans la nuit et Steve ricana, la cavalerie arrivait après la bataille. Il se força à tenir sur ses jambes et, tout en restant vigilant aux dangers potentiels, sortit du bâtiment pour rejoindre ses coéquipiers. Ces derniers étaient en train d'interroger leurs suspects. Steve poussa une exclamation en voyant la femme au sol.
"Steve ! Ça va ? s'inquiéta Carlos en le découvrant recouvert de sang.
- La majorité n'est pas à moi, répondit-il en fixant la femme. Elle, je l'ai déjà vue.
- Elle n'a pas de papiers et refuse de nous donner son nom." informa Carlos.
Le militaire ne s'en formalisa pas, persuadé de la connaître, il la photographia et envoya le cliché à Kono. La réponse ne se fit pas attendre.
"Olivia Victor, lut-il à voix haute. On l'a arrêtée pour meurtre et pour être à la tête d'un réseau de prostitution. Transférée hors d'Hawaï il y a trois semaines et en fuite depuis."
Steve s'accroupit face à elle à la fin de sa lecture, saisit d'une intuition, mais grimaça en le faisant. John fit signe aux urgentistes de venir les voir pendant que Steve interrogeait leur suspecte.
"Tu n'as pas agi seule, n'est-ce pas ? Les enlèvements ce n'est pas ton style… par contre la manipulation, oui. Qui travaille avec toi ?"
Carlos qui fouillait dans le téléphone de leur suspecte annonça qu'il avait quelque chose, de nombreux échanges avec une femme nommée Suzan.
"Suzan, de la prise d'otages sur le bateau ?" demanda Steve qui commençait à assembler les pièces du puzzle.
Il appela Kono et lui demanda dans quelle prison était enfermée la jeune criminelle. Il entendit son amie pianoter sur l'ordinateur du 5-0 et pousser une exclamation de surprise.
"Elle a été libérée pour bonne conduite il y a un mois, expliqua-t-elle. Mais elle était la co-détenue d'Olivia Victor !
- Je vais te donner un numéro, vérifie si c'est le sien."
Steve raccrocha et se tourna vers Olivia, alors qu'un urgentiste regardait sa jambe blessée.
"Où va Suzan ?
- Prendre sa vengeance."
Il énonça les chiffres et attendit, il grimaça alors que l'homme retirait des morceaux de porte de sa jambe, mais ne le laissa pas entendre.
"Le numéro appartient à une carte jetable, pas de nom, par contre je peux le localiser, il se dirige vers la côte. Il échange avec un autre numéro sur une île au large d'Atlantic city.
- Tu peux lire des messages ?
- Il va me falloir un peu de temps."
Steve partagea ses informations avec ses coéquipiers et leur demanda leur avis en gardant un œil sur Olivia. Unanimement, ils décidèrent de suivre le téléphone en mouvement, ce qui fit réagir l'ancienne psychiatre. Les urgentiste avaient terminé de s'occuper d'eux, ils demandèrent aux policiers venus en renfort de leur prêter une voiture.
"Tu ne veux pas savoir pourquoi on s'en est prises à lui, McGarrett ?"
Le soldat ne put s'empêcher de lui accorder son attention.
"Suzan t'en voulait d'avoir tué Tyler, et moi d'avoir ruiné ma vie alors j'ai réfléchi à la meilleure manière de nous venger. Bien sûr au départ, elle n'a pas été facile à convaincre, mais j'ai su… trouver les bons arguments. Une fois décidé, elle n'a pas manqué d'idées et s'est dédiée à ce projet une fois sortie de prison.
- Qu'est-ce qu'elle va lui faire ?
- La même chose que ce que tu as fait à Tyler et ensuite on s'occupera de l'autre.
- Elle lui fera quoi ? s'inquiéta Carlos.
- A ton avis ? Il a une belle gueule et un beau petit cul. Je suis sûre qu'il rapportera bien."
Le Texan vit rouge et n'évita de la frapper que grâce à l'intervention des deux autres hommes.
"Eh, on y va, on va les chercher." répéta Steve jusqu'à ce que le jeune homme se calme dans leurs bras.
Le plus jeune s'assit toujours en rage à l'arrière de la voiture alors que Steve prenait le volant, John à ses côtés. Ce dernier passa des coups de fils alors qu'ils roulaient plus vite qu'une Formule 1 et que Carlos tentait de calmer les battements de son cœur.
Danny fut sorti de sa torpeur par des mouvements contre son torse suivis d'une sensation de froid. Il ouvrit les yeux avec difficulté et regarda le jeune homme qui se levait.
"A va ? articula-t-il.
- Ouais, faut que j'aille pisser et je vais essayer de nous trouver de l'eau."
Le blond acquiesça et referma les yeux, il n'avait pas la force de se préoccuper de ce genre de détails, il savait qu'il n'en avait plus pour longtemps. Il était lucide sur son état : il avait de la fièvre, donc une infection et la douleur due à sa blessure avait déjà enflammé ses reins et son dos. La question était : serait-ce l'infection ou la soif qui le tuerait ?
La tristesse l'envahit, il aurait tant aimé être aux côtés de sa fille, de Steve, vieillir à leurs côtés à Hawaï…
Il fut tiré de ses regrets et de sa peine par la voix autoritaire d'un homme.
"Debout."
Danny tourna les yeux, à peine ouverts, vers lui, ou plutôt vers son arme. C'était là une autre mort possible et envisageable, au moins elle abrégerait ses souffrances, pensa-t-il, ne bougeant pas le moins du monde, mais son ravisseur ne l'entendait pas ainsi. Celui que Danny avait reconnu comme étant le conducteur de leur bateau, il ne semblait que légèrement blessé, attrapa le blond par les cheveux et le traîna hors de la coque brisée. Le policier gémit de douleur alors qu'il tentait de se mettre sur ses pieds sans succès, la douleur lui vrillait la tête, le dos, le bassin.
Sur la plage, le soleil se levait à peine, TK était face à l'ouverture de leur abri, tenu prisonnier d'un homme qu'ils n'avaient jamais vu qui lui tordait les bras dans le dos et qui avait posé son pistolet sous son menton. Le jeune secouriste était calme, mais Danny put lire la terreur au fond de son regard et dans sa posture tendue. A la droite du policier, se tenant debout entre l'océan et eux, une jeune femme brune qui tenait un pistolet dans une main, un téléphone dans l'autre. Le capitaine du bateau força Danny à se mettre à genoux, il se mit à côté de lui et continua de le tirer par les cheveux, l'obligeant à rester debout sur ses genoux.
"Parfait Williams, ça faisait longtemps, n'est-ce pas ? dit la femme. Tu ne te souviens pas de moi ? C'est pas grave."
Elle alluma son téléphone et le tourna vers Danny qui tremblait de fièvre et de douleur, elle l'approcha de lui sans rien dire et le filma pendant de longues minutes.
"Dis adieu à McGarrett." déclara-t-elle en pointant son arme sur sa tête, le téléphone filmant toujours.
Les trois policiers venaient d'arriver sur la côte et de réquisitionner des jet skis lorsque le téléphone qu'ils avaient confisqué à Olivia Victor sonna. Steve décrocha et ce fut comme si son cœur s'arrêtait, sur l'écran du téléphone venait d'apparaître Danny en boxer, à genoux dans le sable, tenu en joue et visiblement blessé. Le militaire resta sans voix alors qu'il détaillait son amant à travers le petit écran, il avait un bandage sale et tinté de sang autour de son torse, sa peau était trop pâle, il suait à grosses gouttes.
"Suzan ! Suzan !" cria Steve lorsqu'il se reprit, mais il n'y eut aucun signe montrant qu'elle l'entendait.
La peur fit un trou dans le cœur du soldat, celle de ne pas réussir à sauver l'homme qu'il aimait et de le voir mourir par sa faute.
"Steve, monte." l'appela John.
Lui et Carlos étaient déjà assis sur les jet skis, prêts à partir. Steve se précipita derrière le plus âgé, il se savait incapable de détourner les yeux de l'écran pour l'instant. A peine eut-il touché le siège que John démarra, tout de suite suivi par le second véhicule. Les deux motos des mers filaient à grande vitesse et ils aperçurent l'île en quelques minutes. Ils durent la contourner, faisant stresser plus encore Carlos et Steve, le dernier surtout qui voyait sous toutes les coutures les blessures de son homme.
La caméra recula alors que les trois policiers découvraient la plage où se déroulaient les évènements et que la voix de Suzan se faisait entendre pour la première fois à travers le combiné.
"Dis adieu à McGarrett."
