Après plusieurs jours de recherches intenses, Drago n'était pas plus avancé. Il avait mis de côté l'espoir que Potter soit vivant pour se concentrer sur la potion qu'il devait brasser, mais il se surprenait de plus en plus souvent à se demander si le Gryffondor avait réellement survécu et ce qu'il était devenu.

À bout de nerfs, Drago avait fini par quitter son appartement. Il avait besoin de prendre l'air, de faire une pause et d'oublier les obligations qui pesaient sur ses épaules.

Au début, il avait marché sans but dans le monde moldu, son bonnet soigneusement enfoncé sur sa tête, mains dans les poches. Presque machinalement, il était entré dans une papeterie et y avait acheté un bloc-notes et un crayon, puis il avait rejoint son bar habituel.

Comme toujours, il s'installa en silence et en attendant d'être servi, il commença à griffonner, perdu dans ses pensées. Drago sursauta lorsque le serveur posa son verre un peu violemment sur sa table, le regard fixé sur ses notes. Bien qu'il soit dans le monde moldu, le jeune homme ne put s'empêcher de rougir en voyant qu'il avait dessiné grossièrement un éclair similaire à la cicatrice si célèbre sur le front de Potter.

Il commençait à boire sa chope lorsqu'il prit conscience que ce n'était pas le serveur qui l'avait intrigué la fois précédente, et il parcourut la salle du regard, avec une pointe de curiosité. Il y avait peu de clients et le jeune homme de la dernière fois était absent. Décidant que c'était probablement son jour de repos, Drago finit par changer de page sur son bloc-notes avec un léger haussement d'épaules, et il se mit au travail. Le font plissé, il lista la liste des ingrédients qui pourraient avoir une utilité dans la potion qu'il devait brasser, rayant immédiatement ceux qui pourraient avoir des interactions imprévues avec d'autres éléments.

S'il parvenait à brasser une base, il pourrait probablement se servir des notes de Rogue pour affiner la recette… cependant, il lui restait encore un long chemin à parcourir avant d'arriver à cette étape.

Lorsque Drago termina de vider sa chope, il prit une nouvelle page de son bloc pour y inscrire les cinq ingrédients qu'il avait sélectionnés, et il pinça les lèvres en se rendant compte qu'il n'avait plus assez de crins de licorne à sa disposition. Il devrait se dépêcher de renouveler son stock, conscient que Voldemort ne retiendrait pas le manque d'ingrédient comme excuse suffisante de son manque de résultats.

Il examinait la feuille qu'il avait détachée de son bloc les sourcils froncés, lorsque la marque sur son bras commença à le brûler.

Horrifié, Drago sursauta et il laissa une poignée de pièces sur la table pour payer sa consommation, avant de partir aussi rapidement que possible, ignorant les appels du barman. Il s'excuserait à sa prochaine visite — s'il était encore en vie — et prétexterait avoir eu une urgence.

Drago se dissimula dans une allée et il ôta son bonnet, puis il métamorphosa ses vêtements moldus en une robe sorcière, espérant que son sort tiendrait assez longtemps pour faire illusion. Puis, avec un soupir résigné, il transplana.

Lorsque Drago entra dans la pièce où siégeait Voldemort, il nota qu'il était le seul appelé, une fois encore. En se rendant compte qu'il tenait encore la feuille griffonnée dans sa main, il la fourra précipitamment dans sa poche et il se dépêcha de s'agenouiller.

Pour une fois, Voldemort ne le fit pas attendre trop longtemps. Il avait à peine incliné la tête que le mage noir prenait la parole.

— La potion est-elle prête ?

Drago hésita et Voldemort le nota, puisque le doloris le faucha presque immédiatement. Il réprima un hurlement en tombant en avant, mais il n'eut pas le réflexe d'amortir le choc avec ses mains, et il se cogna la tête avec violence. Cependant, la douleur du doloris était si intense qu'il ne le sentit pas, se mordant la langue jusqu'au sang pour ne pas hurler.

Lorsque le maléfice prit fin, Drago haletait, indifférent au sang qui tachait son menton. Voldemort grogna, furieux.

— Ton manque de réponse signifie-t-il que tu n'as pas commencé à travailler ?

Drago secoua la tête aussi vite qu'il le pouvait, ignorant le vertige qui le saisit.

— Non maître. J'ai commencé. J'ai identifié une liste d'éléments de base, mais je dois me procurer du crin de licorne pour commencer à brasser.

Voldemort plissa les yeux en le dévisageant et il murmura, visiblement soupçonneux.

— Une liste ?

Les mains tremblantes, Drago extirpa de sa poche la feuille froissée sur laquelle il avait griffonné et il la tendit au mage noir. Ce dernier l'examina longuement, puis il hocha la tête, sans faire le moindre commentaire.

Après avoir récupéré le morceau de papier, Drago s'agenouilla de nouveau, attendant patiemment d'avoir l'autorisation de partir. Ses muscles le faisaient souffrir le martyr et son crâne commençait à pulser sourdement, le laissant presque étourdi.

Voldemort renifla et annonça, d'une façon qui lui fit comprendre qu'il lui faisait une grande faveur.

— Amycius te fournira du crin de licorne. Il est en charge de Poudlard et il s'occupera de le prélever sur les licornes.

Drago hocha la tête, masquant de son mieux son dégoût à l'idée que les licornes soient profanées par Carrow en personne.

— Merci, Maître.

Voldemort agita le bras avec agacement.

— Tu peux y aller. Ne t'avise pas de me faire attendre, Mangemort, où ma colère sera terrible.

Drago inclina la tête et répondit aussitôt, pleinement sincère.

— J'ai passé tout mon temps à travailler sur cette potion, maître. Je dois m'assurer qu'elle ne causera aucun effet indésirable sur vous, c'est pourquoi il m'a fallu du temps pour trouver une base de travail.

Voldemort le fixa pensivement quelques instants, puis il hocha la tête.

— Très bien. Voyons donc de quoi tu es capable. Je veux un rapport de tes progrès chaque semaine et j'ose espérer que tu auras rapidement des résultats prometteurs à me présenter.

Drago ne put s'empêcher de frissonner à la menace implicite dans les mots du mage noir, et il acquiesça rapidement, aggravant son mal de tête et la sensation de vertige qu'il ressentait. Lorsqu'il put enfin s'éloigner, il dut réprimer un sanglot de soulagement et il lui fallut toute sa concentration pour pouvoir marcher normalement, pour ignorer les spasmes musculaires et la douleur résiduelle due au doloris.

Il transplana chez lui et il décida que c'était un miracle qu'il ne se soit pas désartibulé dans la manœuvre, compte tenu de son état. Sans se soucier du désordre, il se déshabilla en se rendant dans la salle de bains, ne remarquant même pas que ses vêtements reprenaient leur aspect initial en touchant le sol, et il se précipita sous la douche sans oser se regarder dans le miroir, avant de tourner le robinet d'eau chaude au maximum.